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Madame Dupont souhaite organiser une fête d'anniversaire mémorable pour ses 30 ans qui aura lieu
le 20 novembre 2021. Pour cela, elle est en pourparlers avec Madame Spears, une chanteuse, depuis 8
mois. Les deux femmes se sont rencontrées plusieurs fois, mais Madame Spears est étonnée de ne plus
avoir de nouvelles de Madame Dupont 1 mois avant la date de son anniversaire. Finalement, 5 jours
avant son anniversaire, Madame Dupont indique à Madame Spears qu'elle ne souhaite plus que celle-
ci vienne chanter à son anniversaire puisqu'elle a trouvé un autre chanteur, Monsieur Bieber, qui
effectue sa prestation pour un coût moindre.
Madame Spears est très déçue puisqu'elle avait bloqué, en prévision de l'anniversaire, cette date dans
son agenda. Or, puisque Madame Dupont ne l'a prévenu que 5 jours avant cette date, elle ne pourra
pas se rendre à un autre événement. Madame Spears ne pourra donc pas travailler ce 20 novembre et
cela risque de se répercuter sur ses finances. Elle est d'autant plus déçue depuis qu'elle a appris que
Madame Dupont avait rédigé un post Facebook qui dénigrait sa voix et indiquait le montant qu'elle
réclamait pour sa prestation.
La rupture des pourparlers est-elle constitutive d'une faute ouvrant droit à des dommages-intérêts ?
Il convient de vérifier si la rupture des négociations précontractuelles constitue une faute (I). Si tel est
le cas, il conviendra de s'interroger sur le fait de savoir si cette faute ouvre droit à dommages-intérêts
(II).
Résolution
I) La faute dans la rupture des pourparlers
Il convient de se demander si une faute a été commise par Madame Dupont (A) ou par Monsieur Bieber
(B) lors des pourparlers.
Par ailleurs, l'article 1112-2 du Code civil dispose que « celui qui utilise ou divulgue sans autorisation
une information confidentielle obtenue à l'occasion des négociations engage sa responsabilité dans les
conditions du droit commun ».
Or, Madame Dupont a révélé le montant réclamé par Madame Spears pour sa prestation de chanteuse.
Toutefois, cette information ne semble pas pouvoir être qualifiée de confidentielle en l'absence
d'indications contraires.
La responsabilité de Madame Dupont ne pourra donc pas être engagée sur le fondement de l'article
1112-2 du Code civil.
En l'espèce, aucun élément ne permet de considérer que Monsieur Bieber avait l'intention de nuire à
Madame Spears ou a usé de manoeuvres frauduleuses. En l'absence de manoeuvres ou d'intention de
nuire, Monsieur Bieber était en droit de négocier librement avec Madame Dupont, même s'il avait
connaissance des négociations que celle-ci avait entreprises avec Madame Spears.
Par conséquent, Monsieur Bieber n'a commis aucune faute et sa responsabilité délictuelle ne peut pas
être engagée.
Lorsque vous vous engagez dans des négociations précontractuelles, vous êtes en principe libre d’y
mettre terme à tout moment. Cependant, cette liberté n’est pas absolue et comporte une limite : la faute
ou l’abus dans la rupture des pourparlers.
Vous vous demandez si vous êtes en droit de mettre fin à des discussions précontractuelles sans risquer
d’engager votre responsabilité ? Au contraire, vous estimez avoir été victime d’une rupture abusive des
pourparlers ? Que vous souhaitiez mettre fin à des pourparlers entamés ou que vous soyez victimes
d’une telle rupture, cet article est fait pour vous.
Maître Matthieu Chauveau, avocat spécialisé en droit des affaires et contentieux des
affaires, décrypte pour vous le sujet de la rupture abusive des pourparlers.
✍️En résumé
SOMMAIRE :
L’étape des pourparlers a une valeur juridique et n’est pas une simple formalité. En effet, cette phase
précontractuelle est de la plus haute importance, notamment parce que c’est le moment où vont être
satisfaits les devoirs d’information prévus à l’article 1112-1 du code civil : la partie qui connait une
information importante doit en informer l’autre partie qui l’ignore ou qui lui fait confiance.
L’article 1112 alinéa 1er code civil prévoit que « L’initiative, le déroulement et la rupture des
négociations précontractuelles sont libres ».
Le principe est celui de la liberté de rupture des pourparlers. Décider de mettre fin aux discussions,
de rompre les pourparlers n’est pas en soi constitutif d’une faute. De manière générale, la rupture des
pourparlers est donc parfaitement valable et ne fait courir aucun risque à celui qui la décide. Cette
liberté découle directement du grand principe de liberté contractuelle qui régit les relations entre les
parties à un contrat. La liberté contractuelle implique en effet celle de ne pas conclure de contrat, et
donc de mettre fin aux pourparlers, comme cela a été rappelé récemment par les juges de la Cour
d’appel de Paris (CA Paris, 14 mars 2018, n°15-09.551).
En principe, la rupture des pourparlers est donc libre et ne constitue pas une faute, même si elle a
causé un préjudice -parfois important- à l’autre partie.
À ce titre, ne constitue pas une faute susceptible d’engager la responsabilité de son auteur :
La rupture des pourparlers lorsqu’il existe un aléa important sur la conclusion du contrat et que les
négociations ne sont que peu avancées ;
La rupture des pourparlers en cas de blocage des discussions, si les négociations ne mènent plus à rien
et que les parties refusent systématiquement les propositions de l’autre par exemple ;
La rupture des pourparlers lorsqu’intervient une modification importante des prévisions initiales de la
négociation (par exemple, quand la situation financière de l’autre partie se dégrade au cours des
discussions).
La limite : la rupture abusive des pourparlers
La liberté de rupture des pourparlers n’est cependant pas absolue et comporte une certaine limite : elle
ne doit pas être abusive ou fautive.
En effet, si le principe est celui de la liberté de mettre un terme aux négociations précontractuelles,
l’initiative, le déroulement et la rupture de ces échanges « doivent impérativement satisfaire aux
exigences de la bonne foi. » (art. 1112 du code civil). Les discussions entre les parties doivent donc
être marquées par la loyauté et la bonne foi, comme cela a été rappelé de longue date par de
nombreuses décisions de justice (Cass. com., 20 mars 1972, n° 70-14154 ; Cass. com., 7 mars 2018, n°
16-18060).
Pour déterminer si la rupture de pourparlers est fautive ou non, plusieurs éléments sont pris en
compte par les juges, notamment :
Mais alors, qu’est-ce qui est constitutif d’une faute ? La rupture des négociations précontractuelles va,
par exemple, être fautive :
Lorsqu’il existe chez celui qui rompt les pourparlers une intention de nuire ou une mauvaise foi : par
exemple si les négociations ont été entamées afin d’obtenir certaines informations confidentielles ou
d’empêcher une partie de négocier avec un tiers (Cass. com., 3 octobre 1978, n°77-10.915) ;
Lorsque deux personnes sont engagées dans des pourparlers bien avancés, depuis plusieurs mois, et que
l’une d’entre elles conclut finalement le contrat avec un tiers (Cass. com., 26 novembre 2003, Arrêt
Manoukian) ;
Lorsque la rupture intervient sans explication ni motif légitime (Cass. Com. 7 janvier 1997 ; Cass.
Com. 7 avril 1998) ;
Lorsqu’une personne physique mène des négociations pendant plusieurs mois en son nom, en
dissimulant le fait qu’elle agissait au nom et pour le compte d’une personne morale (CA Versailles, 21
décembre 2001, n°99-6470, n°11550).
En effet, la faute ou l’abus commis par l’une des parties durant la phase de négociations
précontractuelles engage la responsabilité délictuelle (puisqu’il n’y a pas encore de contrat) de son
auteur. Conformément au régime juridique de l’article 1240, il va alors falloir que vous prouviez
l’existence d’une faute (comme vu plus haut), d’un préjudice et d’un lien de causalité entre la faute et
le préjudice.
Le préjudice réparable
Comme l’a rappelé récemment la Cour d’appel de Paris, la victime d’une rupture abusive de
pourparlers ne pourra pas être indemnisée pour le gain manqué en raison de l’arrêt des
négociations des avantages attendus du contrat (CA Paris, 14 mars 2018, n°15-09.551). En effet,
l’article 1112 alinéa 2 du code civil précise qu’« En cas de faute commise dans les négociations, la
réparation du préjudice qui en résulte ne peut avoir pour objet de compenser la perte des avantages
attendus du contrat non conclu ».
Les préjudices qui peuvent être réparés en cas de rupture abusive des pourparlers sont :
Les pertes subies par la victime en raison des diverses dépenses nécessaires à la négociation (frais
de voyage, frais d’avocats, experts…) ;
La perte de chance de conclure un contrat de même nature ;
L’atteinte à la réputation ou à l’image de la victime de la rupture abusive.
Lorsque vous engagez des négociations, il existe quelques réflexes simples à adopter afin d’éviter
d’être confronté à une rupture abusive des pourparlers :
Se faire aider par un avocat : évidemment, l’aide d’un professionnel permet toujours d’anticiper
certains risques et d’éviter leur réalisation ;
Contractualiser les points déjà acquis pour simplifier les discussions : si vous êtes tombés d’accord
sur certains points, il est important de les contractualiser sans attendre ;
Autre point important pour éviter les abus, chaque étape des pourparlers doit être balisée par écrit :
cela évite les risques de malentendu entre les parties ;
Il convient également de s’assurer que les engagements contractuels sont correctement rédigés -ce
conseil vaut autant pour les obligations de votre partenaire commercial que pour les vôtres : assurez-
vous d’être sur la même longueur d’onde que votre partenaire, n’hésitez pas à reformuler certains
points qui vous paraissent moins clairs ;
Rédiger une lettre d’intention : il s’agit d’une protection supplémentaire, puisque la lettre d’intention
est un document juridique qui vient définir le cadre et les limites de la négociation et qui permet aux
parties d’exprimer clairement leurs intentions de parvenir à la conclusion d’un contrat.
Au vu de ces éléments, il est fortement conseillé de vous faire accompagner par un avocat
spécialisé. En effet, un expert saura vous guider et vous conseiller sur la manière de rompre les
pourparlers sans risquer d’engager votre responsabilité. Dans le cas où vous seriez la victime d’une
rupture abusive, il pourra vous aider à obtenir réparation de votre préjudice et vous accompagner lors
de la procédure devant les tribunaux. Quelle que soit votre situation, son aide vous sera précieuse.
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À titre de remarque liminaire il peut être rappelé que le nouvel article 1101 du Code civil
définit le contrat comme « un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
destinées à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. »
Pour mémoire, l’ancien article 1101 le définissait comme la « convention par laquelle une ou
plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas
faire quelque chose. »
Deux éléments essentiels ressortent de la nouvelle définition du contrat :
Ainsi, le contrat repose-t-il sur la rencontre des volontés en ce sens qu’il est le produit d’un
échange des consentements entre les parties.
Cette composante du contrat n’a pas été modifiée par l’ordonnance n° 2016-131 du 10 février
2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des obligations.
L’entrée en négociation
Le déroulement des négociations
La rupture des négociations
I) L’entrée en négociation
Si, par principe, la participation à des négociations en vue de la conclusion d’un contrat est
libre, elle peut constituer une obligation en cas de rédaction d’une lettre d’intention.
Immédiatement une question alors se pose : que doit-on entendre par « négociations » ?
🡺Définition
François Terré définit la négociation contractuelle comme « la période exploratoire durant
laquelle les futurs contractants échangent leurs points de vue, formulent et discutent les
propositions qu’ils font mutuellement afin de déterminer le contenu du contrat, sans être pour
autant assurés de le conclure »[1].
Il s’agit, en d’autres termes, de la phase au cours de laquelle les agents vont chercher à
trouver un accord quant à la détermination des termes du contrat.
À défaut d’accord, la rencontre des volontés ne se réalisera pas, de sorte que le contrat ne
pourra pas former. Aucune obligation ne sera donc créée.
La lettre d’intention se caractérise par son contenu en ce sens qu’elle ne porte pas sur les
éléments essentiels du contrat, ni sur ses modalités.
Aussi, selon la précision de la lettre d’intention, la jurisprudence considère qu’elle pourra
obliger son auteur, soit à engager ou poursuivre les négociations, soit purement et
simplement à contracter.
Ainsi, nonobstant la liberté de négociations dont jouissent les parties n’est-elle pas absolue.
Elle trouve sa limite dans l’observation de deux obligations générales qui président à la
formation du contrat :
L’obligation de bonne foi
L’obligation d’information
A) Sur l’obligation de bonne foi
Il peut être observé qu’il est désormais fait référence à l’obligation de bonne foi à deux
reprises dans le sous-titre du Code civil consacré au contrat
L’article 1104 du code civil prévoit dans le chapitre consacré aux principes cardinaux qui régissent le
droit des contrats que « les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi. »
L’article 1112, situé, quant à lui, dans la section relative à la conclusion du contrat que « l’initiative, le
déroulement et la rupture des négociations précontractuelles […] doivent impérativement satisfaire
aux exigences de la bonne foi. »
Cette double référence à l’obligation de bonne foi révèle la place que le législateur a entendu
donner à l’obligation de bonne foi en droit des contrats : centrale.
Ainsi, tout autant les parties doivent observer l’obligation de bonne foi au moment de
l’exécution du contrat, ils devront s’y plier en amont, soit durant toute la phase de négociation.
Dans un arrêt du 20 mars 1972 la Cour de cassation considère en ce sens qu’une partie a
manqué « aux règles de la bonne foi dans les relations commerciales » en maintenant « dans
une incertitude prolongée » son cocontractant alors qu’elle n’avait nullement l’intention de
contracter (Cass. com. 20 mars 1972, n°70-14.154).
La même solution a été retenue dans un arrêt du 18 juin 2002 (Cass. com. 18 juin 2002,
n°99-16.488)
🡺Limites à l’obligation de bonne foi
Bien que l’obligation de bonne foi commande aux parties d’être sincères lors du déroulement
des pourparlers, elle n’implique pas, malgré tout, une transparence totale.
La question s’est, de sorte, posée en jurisprudence de savoir si l’obligation de bonne foi fait
obstacle à ce que les futurs contractants mènent des négociations parallèles avec un
concurrent ?
« Celle des parties qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour le
consentement de l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette
information ou fait confiance à son cocontractant.
« Néanmoins, ce devoir d’information ne porte pas sur l’estimation de la valeur de la prestation.
« Ont une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le
contenu du contrat ou la qualité des parties.
« Il incombe à celui qui prétend qu’une information lui était due de prouver que l’autre partie la lui
devait, à charge pour cette autre partie de prouver qu’elle l’a fournie.
« Les parties ne peuvent ni limiter, ni exclure ce devoir.
« Outre la responsabilité de celui qui en était tenu, le manquement à ce devoir d’information peut
entraîner l’annulation du contrat dans les conditions prévues aux articles 1130 et suivants. »
Plusieurs enseignements peuvent être retirés de cette disposition :
Aussi, c’est à la jurisprudence qu’est revenue la tâche, non seulement de la consacrer, mais
encore de lui trouver une assise juridique.
Première étape
La jurisprudence a d’abord cherché à appréhender l’obligation d’information comme
l’accessoire d’une obligation préexistante
o Exemple : en matière de vente, l’obligation d’information a pu être rattachée à :
o l’obligation de garantie des vices cachés
o l’obligation de délivrance
o l’obligation de sécurité.
Seconde étape
La jurisprudence a ensuite cherché à rattacher l’obligation générale d’information aux principes
cardinaux qui régissent le droit des contrats :
Deux hypothèses doivent être distinguées :
o Le défaut d’information a eu une incidence sur le consentement d’une partie lors
de la formation du contrat
o L’obligation générale d’information a été rattachée par la jurisprudence :
o Soit aux principes qui gouvernent le dol (ancien art. 1116 C. civ)
o Soit aux principes qui gouvernent la responsabilité civile (ancien art. 1382 C.
civ)
o Le défaut d’information a eu une incidence sur la bonne exécution du contrat
o L’obligation générale d’information a pu être rattachée par la jurisprudence :
o Soit au principe de bonne foi (ancien art. 1134, al. 3 C. civ)
o Soit au principe d’équité (ancien art. 1135 C. civ)
o Soit directement au principe de responsabilité contractuelle (ancien art. 1147
C. civ).
🡺Depuis la réforme introduite par l’ordonnance du 10 février 2016
L’obligation générale d’information a été consacrée par le législateur à l’article 1112-1 du
Code civil, de sorte qu’elle dispose d’un fondement textuel qui lui est propre.
Aussi, est-elle désormais totalement déconnectée des autres fondements juridiques auxquels
elle était traditionnellement rattachée.
Il en résulte qu’il n’y a plus lieu de s’interroger sur l’opportunité de reconnaître une obligation
d’information lors de la formation du contrat ou à l’occasion de son exécution.
Elle ne peut donc plus être regardée comme une obligation d’appoint de la théorie des vices
du consentement.
Ainsi, cette jurisprudence est-elle désormais inscrite dans le marbre de la loi. L’obligation
d’information a vocation à s’appliquer à tous les contrats, sans distinctions.
Est-ce à dire que l’article 1112-1 rend obsolètes les dispositions particulières qui, avant la
réforme de 2016, avaient déjà consacré l’obligation d’information ?
Tel serait le cas si l’objet de l’obligation d’information ou ses modalités d’exécution étaient
similaires d’un texte à l’autre. Toutefois, il n’en est rien.
L’obligation d’information est envisagée différemment selon le domaine dans lequel elle a
vocation à s’imposer aux agents.
Aussi, l’article 1112-1 du Code n’est nullement dépourvu de toute utilité. Il a vocation à
s’appliquer à défaut de texte spécial prévoyant une obligation d’information.
Il en résulte que la rupture unilatérale des pourparlers ne saurait constituer, en soi, un fait
générateur de responsabilité. La rupture ne peut, en elle-même, être fautive, quand bien
même elle causerait un préjudice au partenaire.
C’est la raison pour laquelle la Cour de cassation aime à rappeler dans certains arrêts
l’existence d’un « droit de rupture unilatérale des pourparlers précontractuels » (Cass. 3e civ.,
28 juin 2006, n°04-20.040).
Une question immédiatement se pose : le droit de rupture des pourparlers constitue-t-il un
droit discrétionnaire, en ce sens que son exercice dommageable ne donnera jamais lieu à
réparation ou s’agit-il d’un droit relatif, soit d’un droit dont l’exercice abusif est sanctionné ?
Aussi, dans un arrêt du 3 octobre 1972, la Cour de cassation a-t-elle eu l’occasion de préciser
qu’en cas de rupture abusive des négociations « la responsabilité délictuelle prévue aux
articles susvisés du code civil peut être retenue en l’absence d’intention de nuire » (Cass.
3e civ. 3 oct. 1972, n°71-12.993).
Ainsi, le droit de rompre unilatéralement les pourparlers n’est-il pas sans limite. Il s’agit d’un
droit, non pas discrétionnaire, mais relatif dont l’exercice abusif est sanctionné.
Cette solution s’explique par le fait, en cas de rupture des négociations par définition, le
contrat n’a pas pu se former.
Par conséquent, l’action en réparation ne saurait être diligentée que sur le fondement de la
responsabilité extracontractuelle.
Dans un arrêt du 11 janvier 1984, la Cour de cassation a jugé en ce sens que « la victime
d’une faute commise au cours de la période qui a précédé la conclusion d’un contrat est en
droit de poursuivre la réparation du préjudice qu’elle estime avoir subi sur le
fondement de la responsabilité délictuelle » (Cass. com. 11 janv. 1984, n°82-13.259).
La haute juridiction réitère de façon récurrente cette solution en visant systématiquement les
articles qui régissent la responsabilité extractontractuelle (V. notamment en ce sens Cass.
com. 11 juill. 2000, n°97-18.275 ; Cass. com. 18 sept. 2012, n°11-19.629).
2. Quid des conditions de mise en œuvre de la responsabilité ?
a. La faute
Pour engager la responsabilité de l’auteur de la rupture des pourparlers la victime devra
établir l’existence d’une faute, étant précisé que la rupture en elle-même ne saurait être
constitutive d’une fautive, conformément au principe de libre rupture des pourparlers.
Le fait générateur de la responsabilité ne pourra donc résider que dans des circonstances
extérieures à la rupture (Cass. com. 26 nov. 2003, n°00-10.243 et 00-10.949).
Quelles sont ces circonstances ?
L’ordonnance du 10 février 2016 ne le précise pas. L’article 1112, al. 2 du Code civil pose
seulement l’exigence de la faute. Par conséquent, c’est vers la jurisprudence qu’il convient de
se tourner.
En raison de l’absence de rencontre des volontés, cette dernière ne sera jamais fondée à
revendiquer l’exécution forcée du contrat
L’article 1112, al. 2 vise d’ailleurs bien le contrat « non-conclu », ce qui d’emblée exclut la
possibilité d’agir en exécution forcée.
🡺Sur la détermination du préjudice réparable
En cas de rupture abusive des pourparlers la question se posera de savoir en quoi consiste le
préjudice de la victime
Deux postes de préjudices sont susceptibles d’être envisagées : l’un est admis, l’autre est
écarté :
Arrêt Manoukian
(Cass. com., 26 nov. 2003)
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 29 octobre 1999), que la société Alain Manoukian a engagé avec les consorts X… e
société Stuck, des négociations en vue de la cession des actions composant le capital de cette société ; que les pourparlers
l’issue de plusieurs rencontres et de divers échanges de courriers, conduit à l’établissement, le 24 septembre 1997, d’un p
conditions suspensives qui devaient être réalisées avant le 10 octobre de la même année, date ultérieurement reportée au 31
la société Alain Manoukian a, le 16 octobre 1997, accepté les demandes de modification formulées par les cédants et pro
des conditions au 15 novembre 1997 ; que les consorts X… n’ayant formulé aucune observation, un nouveau projet de ces
que le 24 novembre, la société Alain Manoukian a appris que les consorts X… avaient, le 10 novembre, consenti à la soc
des actions de la société Stuck ; que la société Alain Manoukian a demandé que les consorts X… et la société Les comp
résultant de la rupture fautive des pourparlers ;
Sur le premier moyen du pourvoi formé par la société Alain Manoukian :
Attendu que la société Alain Manoukian fait grief à l’arrêt d’avoir limité à 400 000 francs la condamnation à dommages
X… alors, selon le moyen, que celui qui rompt brutalement des pourparlers relatifs à la cession des actions d’une so
indemniser la victime de cette rupture de la perte de la chance qu’avait cette dernière d’obtenir les gains espérés tirés de l’
de conclusion du contrat ; qu’il importe peu que les parties ne soient parvenues à aucun accord ferme et définitif ; qu’en
consorts X… avaient engagé leur responsabilité délictuelle envers la société Alain Manoukian en rompant unilatérale
pourparlers qui avaient eu lieu entre eux au sujet de la cession des actions de la société Stuck exploitant un fonds de comm
qu’en estimant néanmoins que le préjudice subi par la société Alain Manoukian ne pouvait correspondre, du seul fait de l’
de la chance qu’avait cette société d’obtenir les gains qu’elle pouvait espérer tirer de l’exploitation du fonds de commerce
par la société Alain Manoukian aux frais occasionnés par la négociation et aux études préalables qu’elle avait engagées, l
civil ;
Mais attendu que les circonstances constitutives d’une faute commise dans l’exercice du droit de rupture unilatérale des po
du préjudice consistant dans la perte d’une chance de réaliser les gains que permettait d’espérer la conclusion du contrat ;
Attendu que la cour d’appel a décidé à bon droit qu’en l’absence d’accord ferme et définitif, le préjudice subi par la soc
occasionnés par la négociation et les études préalables auxquelles elle avait fait procéder et non les gains qu’elle pouvait,
de l’exploitation du fonds de commerce ni même la perte d’une chance d’obtenir ces gains ; que le moyen n’est pas fondé
Bonsoir à tous,
j'ai un devoir à rendre pour le premier concernant un cas et il faut que je donne une solution
aux problèmes juridiques.
C'est la manière de mon raisonnement qui sera en partie examiné et non la bonne solution.
Pour chacun des problèmes je doit faire un petit plan (ex: les victimes, les responsables ou
les deux) et pour chacune de celle-ci je doit donner plusieurs hypoyhèses.
Etant donné que je vient de commencer à faire du droit, je ne suis pas du tout doué et je suis
complètement perdus...
Je ne voit pas comment faire ce travail..
S'il vous plait aidez-moi..
Voic le sujet :
CAS PRATIQUE
Anna rentre furieuse dans son bureau, elle est depuis plusieurs mois en négociation avec le
dirigeant d’une chaîne de magasins qui envisage de faire appel à elle pour « relooker » ses
boutiques.
Des pourparlers ont été engagés pour déterminer les aménagements à apporter, le dirigeant
s’avérant particulièrement exigeant, demandant sans cesse des modifications et adaptations
du projet proposé par Anna.
Ce dernier vient rompre brutalement les pourparlers, alors même qu’il n’avait jamais fait
douter de sa volonté de contracter avec Anna et qu’il a toujours laissé entendre que la
négociation serait conduite à son terme.
Anna a beaucoup travaillé pour se plier à ses exigences, elle a engagé des frais de
déplacement et d’hébergement pour les visites des boutiques.
Anna pense qu’elle a droit à quelque chose pour compenser le travail fait et surtout le temps
perdu alors qu’elle aurait pu se positionner sur d’autres marchés.
En tant que manager économique et ami d’Anna qu’en pensez-vous ? Elle vient vous voir
pour en parler et trouver une solution ?
De même cette pauvre Anna n’est pas au bout de ses surprises !
La société EXTRACOM avait postulé pour un appel d’offres très important et qu’elle était sûr
d’emporter, la secrétaire d’Anna avait tout prévu et avait envoyé le pli comportant les contrats
par Chronopost pour être certaine de tenir les délais.
Anna apprend aujourd’hui qu’elle n’a pas eu le marché, elle s’en prend à la secrétaire, la
croyant fautive, puis appelle le responsable en charge du dossier.
Ce dernier l’informe que sa proposition d’offre n’est pas arrivée à temps et qu’étant hors délai
elle avait été refusée.
Le ton monte, Anna n’en croit pas un mot, le responsable lui scan la première page et le
récépissé Chronopost qui montre que l’envoi est arrivé hors délai.
Anna vérifie de son côté l’accusé de réception ! Oui c’est vrai…le pli est arrivé trop tard !!!
Anna furieuse appelle Chronopost qui la renvoie aux CGV qui précise que le contrat de
transport prévoit une clause limitative de responsabilité du transporteur au remboursement du
prix du transport en cas de manquement à son obligation de célérité.
Argh…Anna est prise au dépourvu, elle ne sait pas quoi répondre !
Elle raccroche au nez de son interlocuteur et fonce dans le bureau de Fred, le manager
import/export, qui a généralement toujours réponse à tout !
Après lui avoir soumis le problème elle attend de Fred qu’il lui trouve une solution…après tout
le transport c’est son métier, si vous étiez Fred que pourriez-vous lui répondre ?
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