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DROIT DES CONTRATS

André Lhospice
AEC 1

Partie 1 La négociation du contrat

I/ Introduction

Beaucoup l'ignorent, mais cette phase dite « précontractuelle » est réglementée


depuis 2016.

L'ordonnance du 10 février 2016 qui réforme le droit des contrats et des


obligations impose désormais 3 obligations principales dans le cadre des
négociations :

• Une obligation de bonne foi,


• Une obligation d'information,
• Une obligation de confidentialité.

II/ L'obligation de bonne foi


1/ La notion de bonne foi

Dans le langage courant, la notion de bonne foi recouvre les idées de probité, de
sincérité, de droiture, de franchise et de loyauté.

Ainsi, le dictionnaire Larousse définit la bonne foi comme « l'état d'esprit d'une
personne sincère et loyale », opposée à l'attitude de « celui qui, affirmant qu'il est
sincère, sait qu'il dit une chose fausse, qu'il viole une règle ».

Selon une autre définition empruntée au dictionnaire Le Robert il s'agit de la « qualité


d'une personne qui parle, agit avec une intention droite, avec la conviction d'obéir à
sa conscience, d'être fidèle à ses obligations ».

En matière juridique, la bonne foi peut se définir comme la conviction d'agir d'une
manière conforme aux règles légales et sans porter atteinte aux droits des tiers.
Ainsi, on parle de possession de bonne foi lorsque le possesseur a la certitude d'être
bien titulaire du droit qu'il exerce.

2/ Le principe

Avec l'ordonnance du 10 février 2016, l'obligation de bonne foi dans les relations
contractuelles devient générale et impérative.

Jusqu'alors limitée à l'exécution des contrats, cette obligation est élargie par le
nouvel article 1104 du Code civil selon lequel « les contrats doivent être négociés,
formés et exécutés de bonne foi. »

Exemple

Au stade de la négociation du contrat, la bonne foi oblige chaque partie à fournir à


l'autre toutes les informations nécessaires à sa décision.

Ainsi :

Une partie n'est pas fautive d'avoir rompu des pourparlers qui ne pouvaient pas
aboutir, en raison d'un problème juridique majeur. En revanche, il peut être fait grief
à l'une des parties d'avoir fait traîner des pourparlers qu'elle savait ne pas pouvoir
aboutir.

En outre, il n'est pas interdit de mener, même en secret, des négociations parallèles,
sauf engagement d'exclusivité.

L'article précise ensuite que ce principe est d'ordre public, ce qui signifie qu'il ne peut
en aucun cas être écarté ou limité par des clauses contraires.

Remarque

Dans sa jurisprudence antérieure à la réforme, la Cour de cassation avait déjà eu


l'occasion de déclarer que les négociations précontractuelles doivent être menées
de bonne foi et que la rupture brutale de pourparlers avancés, sans motif particulier,
constitue une faute qui engage la responsabilité de son auteur.

3/La mise en œuvre du principe

La jurisprudence offre de nombreuses illustrations de cette exigence de bonne foi


dans l'exécution des contrats.

Exemple
Les compagnies aériennes qui utilisent la pratique du « surbooking » ou
surréservation, ne sont pas de bonne foi, car elles se mettent sciemment dans une
situation qui rend impossible l'exécution de leurs obligations.

De même, est de mauvaise foi le banquier qui attend six ans pour engager une
procédure de saisie, pour le seul montant des intérêts et pénalités de retard, alors
qu'il a obtenu auparavant le remboursement du capital par l'emprunteur.

Les juges ont également considéré que l'assureur qui garde un « silence malicieux »
pour échapper au paiement d'un capital grâce à la prescription n'est pas de bonne
foi, tout comme l'employeur qui fait un usage abusif de la clause de mobilité figurant
dans un contrat ou le salarié qui, alors qu'il est en cours de formation, sollicite un
stage auprès d'un concurrent de son employeur.

Dans certains cas, les tribunaux vont encore plus loin dans leur interprétation de la
notion de bonne foi et exigent que les parties coopèrent pour permettre la réalisation
du contrat.

Exemple

Pour l'installation d'un système informatique, l'acheteur est tenu de collaborer avec
le vendeur.

L'entreprise qui conclut un contrat avec un prestataire pour la création d'un site
Internet doit collaborer avec lui pour permettre la réalisation du site (voir infra « Le
développement de l'entreprise, 1ère partie », chapitre 3, section 3, B).

L'employeur qui n'assure pas l'adaptation des salariés à l'évolution de leur emploi
n'est pas de bonne foi.

4/La sanction de l'obligation

L'obligation de bonne foi n'est pas une condition de validité du contrat, et ne peut
donc être sanctionnée par la nullité de celui-ci.

En revanche, celui qui ne respecte pas son obligation de bonne foi engage sa
responsabilité civile en cas de préjudice et peut donc être condamné à réparer le
dommage causé par ce manquement à son obligation de bonne foi.

Encore faut-il qu'il soit en mesure de prouver la mauvaise foi du cocontractant.

En effet, la bonne foi se présume, et c'est donc à celui qui invoque la mauvaise foi
d'en apporter la preuve.
Remarque

Par exception à cette règle et pour protéger le consommateur en cas d'achat d'un
produit défectueux, le vendeur professionnel est présumé connaître le vice qui
affecte la chose vendue.

Cette présomption étant irréfragable, il n'est pas autorisé à apporter la preuve de sa


bonne foi.

L'obligation de bonne foi étant d'ordre public, les clauses écartant ou limitant la
responsabilité des parties en cas de non-respect de cette règle sont non écrites et
ne peuvent produire aucun effet juridique.

En conclusion de cette section, conformément à la jurisprudence dite « Manoukian


», le préjudice subi par une société n'inclut que « les frais occasionnés par la
négociation et les études préalables et non les gains qu'elle pouvait, en cas de
conclusion du contrat, espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce ni même
la perte de chance d'obtenir ses gains ».

III/ Le devoir d’information

L'obligation d'information
Il résulte de l'article 1112-1 du Code civil que celle des parties qui connaît une
information dont l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit
l'en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou
fait confiance à son cocontractant.

Néanmoins, ce devoir d'information ne porte pas sur l'estimation de la valeur


de la prestation ou du bien.

Texte légal
Selon le Code civil « Celle des parties qui connaît une information dont
l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit l'en informer dès
lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son
cocontractant. »
L'obligation porte sur les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec
le contrat ou la qualité des cocontractants, à l'exclusion toutefois de celles qui
concernent l'estimation de la prestation, expressément écartées par le Code civil.

Celui qui connaît la valeur réelle de la prestation fournie ou de la chose vendue


n'est donc pas tenu d'en informer l'autre partie. Cela signifie par exemple que le
professionnel n'a pas l'obligation de préciser la marge bénéficiaire qu'il pense réaliser
lors de la conclusion du contrat.

L'information est notamment due à celui qui est légitimement ignorant, c'est-à-
dire aux personnes que la jurisprudence qualifie de « non averties », caractéristique
qui se déduit à la fois de la nature du contrat envisagé et de la situation de la
personne concernée, par référence notamment à un niveau d'instruction ou à une
expérience professionnelle.

Les parties ne pouvant « ni limiter ni exclure ce devoir », il s'agit donc d'une


obligation d'ordre public.

Celui qui invoque le non-respect de l'obligation d'information doit apporter la


preuve que celle-ci lui était due, à charge pour l'autre partie de prouver qu'elle l'a bien
fournie.

En cas de non-respect de l'obligation, par exemple en cas d'absence


d'information, d'information incomplète ou d'information inexacte, la responsabilité
de celui qui a méconnu son obligation peut être engagée.

Le contrat n'étant pas encore conclu, il s'agit nécessairement d'une


responsabilité délictuelle.

La victime du manquement peut obtenir l'indemnisation du préjudice qu'elle a


subi, à savoir la perte d'une chance de ne pas conclure le contrat ou de le conclure à
des conditions différentes.

De plus, lorsque du fait de ce manquement il est possible d'invoquer et de


prouver un vice du consentement, l'annulation du contrat peut être obtenue, par
exemple si le défaut d'information précontractuelle est à l'origine d'une erreur ou s'il
constitue un dol.

Remarque
Bien que proche de l'exigence d'un consentement non vicié par un dol, cette
obligation d'information s'en distingue cependant sur deux points :

Le manquement à l'obligation est sanctionné même s'il n'est pas intentionnel.

Le dol peut porter sur la valeur de la prestation ce qui est expressément exclu
par le Code civil pour l'obligation d'information précontractuelle

PARTIE 2 LA FORMATION DU CONTRAT

I / L'offre et l'acceptation
Tout contrat résulte d'un accord de volontés réalisé par la rencontre d'une offre
et d'une acceptation.

A/L'offre

Définition

L'offre est une proposition de conclure un contrat, qui peut être faite à une
personne déterminée ou au public, et qui répond aux conditions suivantes :

La proposition doit être non équivoque, c'est-à-dire claire et sans ambiguïté.


Peu importe en revanche qu'elle soit expresse ou tacite puisque selon le Code
civil la volonté de s'engager « peut résulter d'une déclaration ou d'un
comportement non équivoque ».

L'offre expresse résulte d'une déclaration, elle est donc exprimée oralement ou
par écrit.

Exemple
• Offre écrite → petite annonce, menu d'un restaurant.
• Offre orale → démarcheur à domicile venant proposer ses produits ou
services.
L'offre tacite ou implicite résulte d'un comportement non équivoque qui peut
prendre la forme d'une attitude, d'un signe ou d'une situation.

Exemple
Le taxi devant une station, ou des produits exposés en vitrine.
La proposition doit être ferme et manifester la volonté de l'offrant d'être lié en cas
d'acceptation de sa proposition.
Dans le cas contraire, si l'offre est assortie de réserves, il y a simplement
« invitation à entrer à négociations ».
Par exception, dans les contrats conclus intuitu personae, on admet que l'offrant
conditionne la conclusion du contrat à « l'agrément » de l'acceptant.

Exemple
L'employeur qui fait paraître une offre d'emploi n'est pas tenu de conclure le
contrat avec le premier acceptant et garde la possibilité de choisir parmi les
différents candidats.

De même, le propriétaire qui propose la location d'un appartement n'est pas


engagé par la première acceptation qui lui est faite.
La proposition doit également être précise et contenir les éléments essentiels du
contrat proposé, c'est-à-dire les caractéristiques de l'obligation créée par le
contrat.

Si l'offre n'est pas suffisamment précise, une personne qui manifeste son intérêt
pour la proposition ne sera pas considérée comme ayant accepté l'offre et
conclu le contrat. On peut parler dans ce cas de simples négociations ou
pourparlers.

La rétractation de l'offre

• Lorsque l'offre est faite à une personne déterminée, elle peut être retirée tant
qu'elle n'est pas parvenue à son destinataire, et l'offrant peut donc changer
d'avis.
En cas de litige sur ce point, la date de réception de l'offre par le destinataire
doit donc pouvoir être établie, par exemple par un avis de réception d'un
courrier ou d'un courriel.
• Lorsque l'offre est parvenue à son destinataire ou lorsqu'elle est faite à une
personne indéterminée, elle ne peut être retirée « avant l'expiration du délai
fixé par son auteur, ou, à défaut, à l'issue d'un délai raisonnable ».
En cas de rétractation anticipée de l'offre, le contrat ne peut être conclu, mais
l'offrant qui s'est rétracté de manière irrégulière engage sa responsabilité civile
délictuelle envers le destinataire qui a subi un préjudice.

Complément
Le retrait anticipé d'une offre peut également être sanctionné sur une autre base
juridique.

Ainsi, la grande surface qui annonce des prix promotionnels lors d'une quinzaine
commerciale ne peut retirer son offre avant la date prévue sous peine d'être
poursuivie pour pratique commerciale trompeuse, un tel comportement étant
considéré comme une publicité mensongère.

Dans certaines hypothèses, c'est la loi qui fixe le délai pendant lequel l'offre ne
peut être retirée, notamment en matière de crédit.

Le banquier qui fait une proposition de prêt à un consommateur a ainsi


l'obligation légale de maintenir son offre pendant un délai minimum fixé à
15 jours en cas de crédit à la consommation.

Pour un prêt immobilier, l'offre de la banque doit être maintenue pendant au


moins 30 jours (et l'emprunteur ne peut l'accepter avant un délai de 10 jours qui
lui est imposé par la loi pour l'obliger à réfléchir avant de s'engager).

La caducité de l'offre

L'offre est caduque dans plusieurs hypothèses :

• À l'expiration du délai raisonnable ou du délai fixé par l'auteur de l'offre,


• En cas d'incapacité ou du décès de l'auteur, et ce, même si le délai précité
n'est pas arrivé à expiration.

Bien que le Code civil ne le précise pas, on peut cependant penser que l'offre est
également caduque en cas de décès du destinataire avant que celui-ci ait
manifesté son acceptation.

B /L'acceptation

Définition

Le Code civil définit l'acceptation comme « la manifestation de volonté de son


auteur d'être lié dans les termes de l'offre ».
C'est donc la réponse affirmative faite à l'offre, réponse qui réalise l'échange des
consentements, donc la formation du contrat dès lors qu'elle est pure et simple,
c'est-à-dire sans réserves ni conditions, l'acceptant acceptant de conclure le
contrat aux conditions de l'offre.
Dans le cas contraire, l'acceptation est dépourvue d'effet et s'analyse comme
une nouvelle offre ; on parle alors de contre-proposition ou de contre-offre.

L'acceptation peut être expresse ou tacite.

Le plus souvent, il s'agit d'une acceptation expresse qui peut être exprimée
oralement ou par écrit.

Exemple
• Le client entre dans le magasin et demande le produit → acceptation
expresse exprimée oralement.
• Le client signe le contrat établi par le fournisseur → acceptation expresse
exprimée par écrit.

Mais l'acceptation peut aussi être tacite, implicite, bien que cela soit plus rare.

Exemple
Le fournisseur livre les produits commandés.

En revanche, en principe, le silence ne vaut pas acceptation.

Remarque
Il existe cependant quelques exceptions au principe selon lequel le silence vaut
pas acceptation, notamment :

• Si les personnes concernées étaient déjà en relations d'affaires suivies, par


exemple si un client commande des produits à son fournisseur habituel
avec lequel il entretient des relations suivies, le silence du fournisseur vaut
acceptation ; donc le défaut de livraison à la date demandée s'analyse
comme une inexécution du contrat pouvant justifier le versement de
dommages et intérêts.
• En cas de contrat successif renouvelable par tacite reconduction, le silence
équivaut à l'acceptation du renouvellement.
Un contrat de bail, un contrat d'assurance, un contrat d'abonnement sont
renouvelés automatiquement dès lors que le souscripteur ne manifeste pas
son intention d'y mettre fin.
• De même, certains usages commerciaux admettent également que le
silence vaut acceptation.
Ainsi, pour un commissionnaire en bourse, le fait de ne pas répondre à une
commande écrite équivaut à une acceptation.
• Enfin, lorsque l'offre a été faite dans l'intérêt exclusif de son destinataire, par
exemple une offre de remise de dettes, on admet que le silence de celui-ci
vaut acceptation.
Le délai de réflexion

Dans certaines hypothèses, la loi impose aux parties un délai de réflexion


pendant lequel le destinataire de l'offre ne peut pas manifester son acceptation.

Exemple
Pour un prêt immobilier, l'emprunteur ne peut accepter l'offre de la banque avant
l'expiration d'un délai de 10 jours qui lui est imposé par la loi pour l'obliger à
réfléchir avant de s'engager.

Le Code civil permet également aux parties de prévoir un tel délai de réflexion.
Dans cette hypothèse, l'acceptation qui intervient avant l'expiration du délai étant
sans effet, le contrat n'est pas conclu.

La rétractation de l'acception

Le Code civil admet que l'acceptation soit retirée tant qu'elle n'est pas parvenue à
l'offrant, mais à condition que cette rétractation parvienne à l'offrant avant
l'acceptation.

2 / La date et le lieu de formation du contrat

L'intérêt de la question

• Le moment de la formation du contrat est une information essentielle à


plusieurs égards :
o La capacité des parties s'apprécie à cette date.
o La loi applicable est la loi en vigueur au jour de la formation du
contrat.
o Le principe de la force obligatoire du contrat joue dès sa formation,
c'est-à-dire que la rétractation n'est plus possible : ainsi l'offre ne peut
plus être retirée.
o Dans certains contrats translatifs de propriété, par exemple la vente,
c'est le moment où s'opère le transfert de la propriété et des risques.
• Quant au lieu de formation, il conditionne la loi applicable pour les contrats
internationaux.
La règle applicable

Les contrats entre personnes présentes

Dans la majorité des cas, les parties étant en présence l'une de l'autre, le contrat
se forme instantanément dès que l'acceptation est exprimée en présence de
l'offrant. Le moment de la formation du contrat est alors très facile à déterminer.

Exemple
Le contrat de vente est conclu lorsque le client se déclare acquéreur d'un produit
proposé par le commerçant.

Il existe cependant quelques cas particuliers.

Les contrats solennels


La formation d'un contrat solennel suppose l'accomplissement de la formalité
imposée par la loi (voir supra chapitre 1, section 1).

Il y a donc généralement un décalage entre l'acceptation de l'offre et la formation


du contrat.

Exemple
Même si un acheteur a accepté l'offre de vente du propriétaire d'une maison, le
contrat ne sera formé qu'après la rédaction et la signature d'un acte authentique
devant notaire.

Les contrats réels


La formation d'un contrat réel est subordonnée à la remise de la chose objet du
contrat (voir supra chapitre 1, section 1).

Exemple
Tant que le déposant n'a pas remis le bien au dépositaire, le contrat n'est pas
formé ; il peut donc être remis en cause même s'il y a eu accord (y compris
accord écrit).
Les contrats assortis d'un délai de rétractation
Dans le but de protéger les consommateurs, le législateur a prévu pour certains
contrats une faculté de rétractation qui permet à celui qui a accepté l'offre de
revenir sur son engagement, ce qui remet en cause la formation du contrat.

C'est le cas notamment des contrats hors établissement (vente à distance, vente
à domicile), du crédit à la consommation ou du crédit immobilier, ou encore de la
vente d'un bien immobilier.

Si le consommateur exerce son droit de rétractation, le contrat disparaît.

Quand le délai est écoulé sans qu'il y ait rétractation, le contrat est formé, mais la
date de formation est la date à laquelle le consommateur a accepté l'offre et non
pas la date de fin du délai de rétractation.

Cette réglementation ne remet donc pas en cause le principe de la formation


immédiate du contrat dès l'échange des consentements, le délai de rétractation
pouvant être analysé comme une condition résolutoire.

Complément
Le Code civil reconnaît dorénavant la possibilité pour les parties de prévoir elles-
mêmes un délai de rétractation alors qu'aucun texte ne l'exige.

Les contrats entre absents

La question de la date de formation du contrat est beaucoup plus délicate


lorsqu'il y a un décalage dans le temps entre l'offre et l'acceptation, les parties ne
se rencontrant pas physiquement pour conclure le contrat.

C'est ce que l'on appelle les contrats entre absents.

L'acceptation se fait alors à distance, par courrier, par téléphone et de plus en


plus souvent par transmission électronique, d'où une difficulté pour fixer la date
et le lieu de formation du contrat.

Où et quand le contrat est-il formé quand l'acceptation se fait par lettre ? Où est-il
formé quand l'acceptation se fait par téléphone ou sur Internet ?
Les théories en présence
Plusieurs solutions peuvent en effet être envisagées, notamment :

• La théorie de l'émission selon laquelle le contrat est formé lorsque


l'acceptant manifeste sa décision, par exemple lorsqu'il poste sa lettre.
• La théorie de la réception qui privilégie le moment où l'offrant reçoit
l'acceptation même s'il n'en prend pas connaissance immédiatement : la
lettre d'acceptation a été remise à l'offrant.

La solution
L'ordonnance du 10 février 2016 applicable pour les contrats conclus à partir du
1er octobre 2016 a mis un terme à l'incertitude qui régnait jusqu'alors en la
matière.
Abandonnant la théorie de l'émission qui semblait privilégiée par la Cour de
cassation, elle retient à l'inverse la théorie de la réception puisque le Code civil
précise désormais que « le contrat est conclu dès que l'acceptation parvient à
l'offrant ».

Quant au lieu de formation du contrat, c'est celui où l'acceptation est parvenue.

Remarque
Cette nouvelle disposition du Code civil est conforme à la Convention de Vienne
sur la vente internationale de marchandises qui avait opté pour la théorie de la
réception ; en effet selon ce texte « l'acceptation d'une offre prend effet au
moment où l'indication de l'acquiescement parvient à l'auteur de l'offre ».
3 / Les avant-contrats
Les avant-contrats sont des accords précis dont la valeur juridique est reconnue. Le non-
respect des engagements pris peut être sanctionné sur la base de la responsabilité contractuelle.

a : La promesse unilatérale
Le Code civil définit la promesse unilatérale comme un véritable contrat par lequel une
personne appelée le promettant s'engage à conclure avec le bénéficiaire de la promesse, un contrat
dont les éléments essentiels sont déterminés, et ce, pendant un certain délai.

Il suffit donc que le bénéficiaire lève l'option qui lui est offerte pour que le contrat soit formé.

L'engagement du promettant n'est pas révocable, ce qui signifie que s'il revient sur sa
promesse avant l'expiration du délai laissé au bénéficiaire, celui-ci peut malgré tout lever l'option, ce
qui forme le contrat dont il peut alors demander l'exécution forcée.

La promesse unilatérale doit donc être bien distinguée d'une simple offre dont la révocation
empêche la conclusion du contrat.

Lorsque le promettant n'a pas respecté sa promesse et qu'il a conclu le contrat avec un tiers,
la nullité de ce contrat peut être obtenue dès lors qu'il est établi que le tiers connaissait l'existence
de la promesse.

Par ailleurs, le bénéficiaire peut engager la responsabilité du promettant.

Exemple

Promesse unilatérale de vente d'une maison prévoyant par exemple que le bénéficiaire a six
mois pour décider d'acheter le bien. Si le promettant vend la maison à une autre personne pendant
ce délai, le bénéficiaire peut obtenir le versement de dommages et intérêts.

S'il est en mesure de prouver que l'acquéreur avait connaissance de la promesse, il pourra
également demander l'annulation du contrat de vente.
b/ La promesse synallagmatique
En cas de promesse synallagmatique, les deux parties s'engagent à conclure le contrat prévu.
Une telle promesse s'apparente à un véritable contrat.

Elle permet généralement d'accorder un délai à l'une des parties lui permettant d'accomplir
certaines formalités nécessaires à la réalisation de l'opération.

Exemple

Promesse de vente d'une maison sous la condition suspensive de l'obtention d'un prêt par
l'acheteur ; celui-ci dispose ainsi d'un délai de quelques mois pour obtenir le financement de son
achat et préparer le dossier de prêt avec l'établissement de crédit.

S'il n'obtient pas le prêt, le contrat disparaît sans pénalité pour l'acheteur ; en revanche, s'il
renonce à l'achat pour une autre raison, il perd l'acompte versé lors de la signature de la promesse.

De même, le vendeur qui revient sur son engagement sera sanctionné par le versement
d'une somme d'argent dont le montant figure dans l'avant-contrat. On parle également de
compromis de vente.

c/ Le pacte de préférence
Le pacte de préférence est désormais défini par le Code civil comme le contrat par lequel une
personne « s'engage à proposer prioritairement au bénéficiaire de traiter avec lui, pour le cas où elle
se déciderait de contracter ».

C'est donc une priorité que le promettant accorde au bénéficiaire. Si celui-ci refuse le
contrat, le promettant retrouve la liberté de s'engager avec une autre personne.

Exemple

Pacte de préférence figurant parfois dans les statuts de société et obligeant celui qui vend
ses parts à les proposer aux autres associés.

En cas de non-respect d'un pacte de préférence, c'est-à-dire lorsque le promettant conclut


avec un tiers sans avoir accordé la priorité promise au bénéficiaire, celui-ci peut demander la
réparation du préjudice qu'il a subi.
Et s'il apparaît que le tiers connaissait l'existence du pacte et savait que le bénéficiaire avait
l'intention de s'en prévaloir, celui-ci peut agir en justice pour obtenir :

Soit la nullité du contrat conclu en méconnaissance de ses droits,

Soit que le juge le substitue au tiers dans ce contrat.


PARTIE 3 LES CONDITIONS DE VALIDITE DU CONTRAT
I /La capacité des parties

Pour pouvoir conclure un contrat, il faut être capable juridiquement et cette capacité
s'apprécie au jour de la conclusion du contrat.

La capacité se définit comme l'aptitude à être titulaire de droits et à les exercer.

En principe tout individu a la capacité juridique et peut donc conclure des contrats,
mais il existe cependant des situations dans lesquelles une personne est privée de sa pleine
capacité juridique par la loi et on parle alors d'incapacité.

Si l'incapacité concerne uniquement certains droits de la personne, on parle


d'incapacité spéciale ; si au contraire elle frappe l'ensemble des droits d'une personne, on
parle d'incapacité générale.

Quant aux personnes morales, leur capacité est limitée « aux actes utiles à la
réalisation de leur objet tel que défini par leurs statuts et aux actes qui leur sont accessoires,
dans le respect des règles applicables à chacune d'entre elles ».

C'est ce que l'on appelle le principe de spécialité selon lequel on ne reconnaît à une
société que les droits qui lui sont nécessaires pour réaliser ce pour quoi elle a été créée.

Rappels
Il existe deux catégories d'incapacités qu'il convient de distinguer clairement.

1/ La capacité de jouissance
La capacité de jouissance est l'aptitude à être titulaire de droits.
Tout individu possède une pleine capacité de jouissance, mais il existe quelques
incapacités de jouissance qui privent de certains droits. L'incapacité de jouissance est
toujours spéciale, c'est-à-dire qu'une personne ne peut être privée de l'ensemble de ses
droits.

Les incapacités de jouissance sont limitativement prévues par la loi.

Exemple
Un mineur non émancipé n'a pas le droit d'être commerçant et son représentant
légal (père, mère, tuteur) ne peut pas exercer le commerce à sa place.

Donc, lorsqu'un mineur hérite d'un fonds de commerce, il ne peut pas l'exploiter lui-
même et son tuteur ne peut pas exploiter le fonds à sa place et pour son compte ; il faut
donc soit vendre, soit mettre le fonds en gérance.

De même, un mineur ne peut pas être associé au sein d'une société dans laquelle la
qualité d'associé requiert la capacité commerciale, par exemple associé dans une société en
nom collectif ou associé commandité dans une société en commandite.

Dans un autre domaine, celui qui a reçu mandat de vendre un bien ne peut l'acquérir
personnellement.

De même, les tuteurs n'ont pas le droit d'acquérir les biens des personnes dont ils ont
la tutelle.

2/ La capacité d'exercice
La capacité d'exercice est l'aptitude à exercer soi-même ses droits.

La capacité d'exercice d'une personne physique peut être limitée en raison de son
âge, c'est le cas du mineur non émancipé, ou en raison de l'altération de ses facultés
physiques ou mentales, c'est le cas du majeur protégé.

On parle alors d'incapacité d'exercice. Il s'agit d'une incapacité de protection qui ne


prive pas l'individu de ses droits, mais l'empêche de les exercer lui-même afin qu'il ne
porte pas atteinte à ses propres intérêts.
Remarque
On distingue 2 catégories d'actes susceptibles d'être accomplis par une personne :

Les actes d'administration qui tendent à la gestion courante d'un bien, par exemple la
mise en location d'un appartement, des travaux d'entretien dans un bien immobilier.

Les actes de disposition qui sont susceptibles de compromettre de façon significative


la composition du patrimoine d'une personne, par exemple la vente ou la donation d'un bien
immobilier, la constitution d'une hypothèque.

Selon le besoin de protection, tous ces actes ou certains seulement peuvent être
interdits et l'incapacité d'exercice peut donc être générale ou spéciale, selon les cas.

Selon les cas, la personne protégée est représentée par quelqu'un qui exerce ses
droits en son nom, ou simplement assistée dans l'accomplissement des actes de la vie
juridique.

II/ L'incapacité de contracter


Selon le Code civil, l'incapacité de contracter concerne les mineurs non émancipés et
les majeurs protégés. Il s'agit d'une cause de nullité relative du contrat.

A/ Les mineurs non émancipés


Le mineur non émancipé est incapable ; il est donc représenté par ses parents ou un
tuteur lorsque les parents sont disparus, absents ou déchus de leurs droits parentaux.
Il peut cependant accomplir seul des actes de la vie courante autorisés par la loi ou
l'usage, à condition toutefois que ces actes soient conclus à des conditions normales.

Afin d'éviter qu'un mineur soit lésé par les actes de la vie courante qu'il a accomplis,
ceux-ci peuvent être annulés pour lésion.

Les tribunaux ont été amenés à préciser cette notion d'acte de la vie courante qui se
caractérise notamment par une faible importance pécuniaire et correspond aux menus
achats du quotidien.

Exemple
L'achat de vêtements, de livres est ainsi considéré comme un acte de la vie courante
qu'un mineur peut effectuer seul.

En revanche, les tribunaux ont considéré que l'achat d'un scooter par un mineur ne
relève pas de la catégorie des actes de la vie courante ; un tel achat doit donc être accompli
par le représentant légal, faute de quoi il peut être annulé.

Les autres actes doivent être effectués par le représentant légal, c'est à dire :

Le père ou la mère exerçant l'autorité parentale avec, pour les actes de disposition,
l'autorisation du juge des tutelles.

Le tuteur avec, pour les actes de disposition, l'autorisation du conseil de famille.

Rappel
À partir de 16 ans, un mineur peut être émancipé par décision du juge des tutelles à
la demande de ses parents, ou de plein droit par le mariage.
Il a alors la pleine capacité civile, à l'égal d'un majeur.
De plus, le juge peut l'autoriser à exercer le commerce s'il en fait la demande, soit au
moment de son émancipation, soit ultérieurement.
B/ Les majeurs protégés
Selon l'altération de ses facultés et pour assurer sa protection, un majeur peut être
placé par le juge des tutelles sous sauvegarde de justice (faible altération), sous curatelle,
voire même sous tutelle pour les altérations les plus graves.

1/ La sauvegarde de la justice
C'est un régime temporaire, facile à mettre en place sur simple déclaration médicale.

Le majeur placé sous sauvegarde de justice continue en principe à exercer tous ses
droits, mais il pourra, le cas échéant, se prévaloir d'une lésion.

Donc, s'il subit un préjudice lors de la conclusion d'un contrat, celui-ci pourra
éventuellement être annulé ou rescindé à sa demande.

Sur la question de la lésion, voir sous-partie « Le contenu du contrat », paragraphe «


Le problème du déséquilibre dans les contrats ».

2/La curatelle
Le majeur placé sous curatelle peut, en principe, effectuer seul les actes de
conservation et d'administration de ses biens, actes pour lesquels il pourra, le cas échéant,
se prévaloir de la lésion pour en demander l'annulation ou la rescision. Sur la question de la
lésion, voir sous-partie « Le contenu du contrat », paragraphe « Le problème du déséquilibre
dans les contrats ».

L'autorisation du curateur est en revanche requise pour la validité des actes de


disposition.

Le curateur n'agissant pas à la place du majeur protégé, mais à ses côtés, il s'agit
donc d'un régime d'assistance et non pas de représentation comme la tutelle.
3/ La tutelle
La tutelle est le régime de protection applicable dans les cas les plus graves.

Le majeur protégé ne peut plus agir seul, sauf pour les menus achats de la vie
courante pour lesquels il est protégé par la lésion. Sur la question de la lésion, voir sous-
partie « Le contenu du contrat », paragraphe « Le problème du déséquilibre dans les
contrats ».

Les actes d'un majeur sous tutelle doivent être accomplis par son tuteur avec, pour
les actes de disposition, l'autorisation du conseil de famille. Il s'agit donc d'un régime de
représentation du majeur protégé.

II/ LE CONSENTEMENT DES PARTIES

Dans le droit français des contrats qui repose sur le principe de la liberté contractuelle, le
consentement est l'élément essentiel puisqu'il est à l'origine de l'engagement de chacun.

Le Code civil rappelle d'abord qu'il faut être sain d'esprit pour consentir à un contrat, ce qui
signifie que dans le cas contraire, le consentement n'existe pas.

De plus, pour exprimer la volonté réelle des parties, le consentement doit être donné
librement et en toute connaissance de cause. Celui qui se trompe ou qui est trompé n'est
donc pas valablement engagé, de même que celui qui s'engage sous la contrainte.

Le consentement des parties ne doit donc pas être faussé par des défauts, l'erreur, le dol ou
la violence, qui constituent des vices du consentement « lorsqu'ils sont de telle nature que,
sans eux, l'une des parties n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions
substantiellement différentes. »

En d'autres termes, si l'erreur, le dol ou la violence ont été déterminants dans la décision de
celui qui s'est engagé, son consentement n'est pas réel et le contrat peut être annulé.
Selon le Code civil, le caractère déterminant de l'erreur, du dol ou de la violence relève de
l'appréciation des juges du fond qui en décident par référence « aux personnes et aux
circonstances dans lesquelles le consentement a été donné ».

Les vices du consentement sont une cause de nullité relative du contrat. Sur cette question
de la nullité, voir infra, partie « La sanction des conditions de validité », « La nullité du
contrat ».

A / L'erreur
L'erreur, c'est l'appréciation fausse de la réalité par celui qui s'engage.

En cas d'erreur le consentement est vicié, car il n'est pas donné en toute connaissance de
cause.

L'erreur qui entache la formation du contrat est une cause de nullité lorsqu'elle porte sur les
qualités essentielles de la prestation due ou sur celles du cocontractant.

Il peut s'agir d'une erreur de droit ou d'une erreur de fait.

Cependant, afin de maintenir une certaine sécurité juridique, on ne peut remettre en cause
la conclusion d'un contrat dès qu'un des contractants a commis une erreur.

L'erreur n'est donc un vice du consentement et une cause de nullité du contrat que dans
certains cas.

1/ L'erreur vice du consentement


L'erreur obstacle
C'est l'erreur qui est d'une gravité telle qu'elle empêche la formation du contrat. C'est le cas
par exemple lorsque l'erreur porte sur la nature même de la prestation.
Exemple
Une personne croit recevoir une donation alors qu'il s'agit d'une vente.

Un associé s'engage dans une société en nom collectif en croyant qu'il s'agit d'une société à
responsabilité limitée.

L'acheteur d'un terrain croyait à tort qu'il était constructible.

Les tribunaux sont hésitants quant à la sanction de l'erreur obstacle.

Certains y voient une cause de nullité absolue du contrat et d'autres vont jusqu'à considérer
que le contrat est inexistant.

2/ L'erreur sur les qualités essentielles de la prestation due


Selon le Code civil, « les qualités essentielles de la prestation sont celles qui ont été
expressément ou tacitement convenues et en considération desquelles les parties ont
contracté ».
Les qualités essentielles de la prestation sont donc celles que les parties auront elles-mêmes
désignées comme déterminantes de leur engagement dans les clauses de leur contrat.
C'est la raison pour laquelle, à défaut d'avoir expressément ou tacitement exprimé le
caractère essentiel de certains aspects de la prestation, il sera donc difficile d'invoquer une
erreur portant sur ces qualités.

Celui qui s'est trompé devra en effet établir que le cocontractant savait ou ne pouvait
ignorer que l'élément de la prestation sur lequel a porté son erreur était déterminant pour
lui.
De même, lorsqu'une des parties a accepté qu'une qualité de la prestation supporte un aléa,
elle ne peut invoquer une erreur relative à cette qualité.
La notion de qualité essentielle est entendue largement et peut porter sur tout aspect de la
prestation.
Exemple
L'erreur sur les qualités essentielles de la prestation peut ainsi être reconnue dans les cas
suivants :

Lorsqu'une personne achète un bijou qu'elle croit en or et qui n'est qu'en plaqué,

En cas d'erreur sur l'authenticité d'une œuvre d'art ou sur le caractère ancien d'un meuble,

Lorsqu'une personne s'est trompée sur l'origine du bien,

En cas d'impossibilité d'utiliser le bien selon l'usage auquel on le destinait,

Lorsque l'acheteur d'un terrain ignore qu'il est inconstructible ou qu'il est pollué.

3/ L'erreur sur la personne


Selon l'article 1134 du Code civil, « l'erreur sur les qualités essentielles du cocontractant
n'est une cause de nullité que dans les contrats conclus en considération de la personne ».

En principe, l'erreur sur la personne n'est donc pas un vice du consentement. En effet, en
général, il importe peu de savoir avec qui on conclut un contrat.

Cependant, lorsqu'il s'agit d'un contrat conclu intuitu personae, la considération de la


personne avec laquelle on s'engage est essentielle. En effet, dans ce cas, l'identité ou les
qualités de cette personne ne sont pas indifférentes et peuvent même être déterminantes
dans la décision de s'engager.

Les caractéristiques en question dépendent du type de contrat envisagé et peuvent être


selon les cas, la situation de famille, l'honorabilité, la solvabilité, les qualités professionnelles
(qualification, expérience), le statut (particulier ou professionnel) ou même l'âge.
Exemple
La plupart des contrats à titre gratuit sont conclus intuitu personae, donc en considération
de la personne cocontractante. C'est le cas de la donation ainsi que du contrat de prêt.

Certains contrats à titre onéreux sont également conclus intuitu personae, notamment le
contrat de travail et le contrat bail dont la conclusion est généralement déterminée par la
considération de la personne du cocontractant.

C'est le cas également du contrat de mandat ou du contrat de dépôt.

La considération des cocontractants est également déterminante dans la conclusion d'un


contrat de société lorsqu'il s'agit de certaines formes sociales, notamment d'une société en
nom collectif.

4/ L'erreur sur les motifs


L'erreur sur le motif du contrat n'est pas une cause de nullité, sauf clause contraire par
laquelle les parties en ont fait expressément un élément déterminant de leur consentement.

Par exception, l'erreur sur le motif d'une libéralité, en l'absence duquel son auteur n'aurait
pas disposé, est une cause de nullité.

Exemple
Donation faite à une personne en raison de liens familiaux supposés et qui n'existent pas.
5/ L'erreur sans effet sur le contrat
Certaines erreurs ne peuvent justifier la remise en cause du contrat, car cela porterait
atteinte d'une manière excessive à la sécurité des transactions juridiques.

L'erreur inexcusable
Une personne ne peut pas invoquer une erreur provoquée par sa négligence et qui aurait pu
facilement être évitée.

Le caractère inexcusable d'une faute s'apprécie au cas par cas, in concreto.

Exemple
Selon la Cour de cassation, l'employeur qui ne vérifie pas la qualification et l'expérience d'un
salarié avant l'embauche commet une faute inexcusable et ne pourra pas faire annuler le
contrat de travail, dès lors que le poste occupé est à haut niveau de responsabilité.

La banque qui ne demande pas d'extrait de casier judiciaire à une personne qui postule pour
un emploi de caissier commet également une erreur inexcusable.

Un architecte bâtisseur qui ne vérifie pas que le terrain qu'il achète est constructible ne peut
invoquer son erreur pour demander l'annulation du contrat de vente.

De même, en tant que professionnel averti, l'antiquaire qui achète une copie en croyant
acquérir un meuble d'époque commet lui aussi une faute inexcusable.

Par exception, l'erreur qui résulte d'un dol est toujours excusable.

L'erreur sur la valeur du bien


L'erreur sur l'évaluation de la valeur d'un bien ou d'une prestation n'est pas une cause de
nullité du contrat, sauf dans deux hypothèses :

Lorsque cette erreur a été provoquée par un dol,


Lorsqu'elle résulte d'une erreur sur les qualités essentielles de la prestation.

L'erreur sur la valeur est en revanche constitutive d'une lésion qui est parfois sanctionnée.

Dans certains cas limitativement prévus par la loi, celui qui est victime d'une lésion peut en
effet demander la rescision pour lésion du contrat. Sur la question de la lésion, voir « Le
contenu du contrat » de la présente partie.

Le cas particulier de l'erreur résultant d'un dol


Le Code civil prévoit le cas de l'erreur résultant d'un dol qui fait l'objet d'une disposition
spécifique :
Une telle erreur est considérée comme étant toujours excusable,
De plus, c'est une cause de nullité du contrat même lorsqu'elle porte sur la valeur de la
prestation,

B/ Le dol
Selon le Code civil, il y a dol dans deux cas :
Lorsqu'un contractant obtient le consentement de l'autre par des manœuvres ou des
mensonges.
Lorsqu'une des parties dissimule intentionnellement une information dont il sait le caractère
déterminant pour le cocontractant.

Le dol suppose la réunion de plusieurs conditions.

-Des manœuvres frauduleuses


-Les manœuvres frauduleuses actives
Les manœuvres actives peuvent prendre la forme de mises en scène.

Exemple
Modification du compteur kilométrique d'un véhicule, production d'un faux bilan pour
vendre des parts sociales, production de faux diplômes ou faux certificats de travail par un
salarié lors d'une embauche, ou encore production de faux bulletins de salaire pour obtenir
un crédit.
Il peut s'agir également de simples mensonges.

Exemple
Informations inexactes données par un vendeur sur la composition d'un produit ou son
origine.

- Les manœuvres frauduleuses passives


Elles consistent à garder le silence sur une information essentielle pour le cocontractant. On
parle dans ce cas de réticence dolosive.
Le fait de garder le silence n'est pas systématiquement constitutif d'un dol ; encore faut-il
que celui qui se tait soit de mauvaise foi, c'est-à-dire qu'il connaît le caractère déterminant
du fait caché pour l'autre partie, ainsi que l'impossibilité dans laquelle celle-ci se trouve de le
découvrir autrement.
Les tribunaux apprécient au cas par cas et prennent notamment en considération le fait que
celui qui garde le silence est un professionnel et l'autre un profane « qui pouvait
légitimement lui faire confiance ».

Exemple
Dissimulation par le vendeur d'un immeuble du projet d'élargissement d'une route, ou d'un
projet d'installation d'une porcherie à proximité immédiate du bien vendu.
Manœuvres d'un acquéreur tendant à maintenir le vendeur dans l'ignorance de la richesse
du sous-sol du bien mis en vente.
Dissimulation par un banquier à une caution de l'état catastrophique de la situation
financière du débiteur principal.

- L'intention de nuire et de tromper


Les manœuvres doivent être intentionnelles, c'est à dire délibérées et destinées à tromper le
cocontractant pour l'amener à conclure le contrat.
Il n'y a donc pas dol lorsque les informations inexactes ont été données ou omises par
ignorance.

L'intention de nuire est en général facile à prouver, car elle découle des circonstances,
notamment en cas de manœuvres actives.

- Des manœuvres émanant du cocontractant


Pour qu'il y ait dol, il faut que les manœuvres aient été réalisées par le cocontractant lui-
même, et non par un tiers.

Exemple
Si c'est le débiteur principal et non plus le banquier qui ment à la caution sur sa situation
financière, il n'y a plus dol, car le débiteur est un tiers étranger au contrat de cautionnement
conclu entre la banque et la caution.

Par exception à cette règle, le dol qui émane du représentant du cocontractant ou d'un tiers
qui est de connivence avec lui, est également une cause de nullité du contrat.

- Des manœuvres déterminantes


Pour être une cause de nullité du contrat, les manœuvres frauduleuses doivent avoir
provoqué une erreur déterminante pour celui qui en est victime.

Il y a donc dol s'il apparaît que sans ces manœuvres, l'autre partie n'aurait pas conclu le
contrat ou l'aurait conclu « à des conditions substantiellement différentes ».

C/ La violence
Définition
La violence est une contrainte exercée sur une personne ou ses proches pour l'obliger à
conclure un contrat. Lorsqu'il y a violence, le consentement est vicié, car il n'est ni libre ni
réel, et le contrat peut donc être annulé.

Peu importe que la contrainte émane du cocontractant ou d'un tiers, il y a violence dès lors
qu'il s'agit d'une contrainte illégitime et injuste.
Exemple
La séquestration d'une personne constitue une violence illégitime, de même que des coups,
la menace d'une arme ou encore un chantage.

En revanche, la menace d'une voie de droit, par exemple d'une action en justice, ne
constitue pas une contrainte illégitime et injuste dès lors qu'elle est en rapport avec
l'engagement initial.

Ainsi, il n'y a pas violence lorsqu'un débiteur consent à son créancier une hypothèque pour
éviter que celui-ci engage une procédure visant à la saisie de ses biens.

Selon le Code civil, pour que la violence soit reconnue comme vice du consentement, il faut
que les faits soient « de nature à faire impression sur une personne raisonnable ».

Cette condition est appréciée in concreto par les tribunaux qui prennent en compte l'âge, le
sexe et la vulnérabilité de la victime.

Le cas particulier de l'abus de dépendance


Depuis la réforme du droit des contrats, le Code civil sanctionne également l'abus de
dépendance sur le fondement de la violence.

Un contrat peut donc être annulé lorsqu'une partie a abusé de l'état de dépendance dans
lequel se trouvait son cocontractant, pour obtenir de lui un engagement qu'il n'aurait pas
souscrit en l'absence d'une telle contrainte et en tirer un avantage manifestement excessif.

III/ Le contenu du contrat

La réforme entrée en vigueur le 1er octobre 2016 a fait disparaître deux des conditions de
validité des contrats, l'exigence d'un objet certain et l'exigence d'une cause licite.
Ces deux conditions ont été remplacées par l'exigence d'un contenu licite et certain.
Le Code civil fait dorénavant référence à la prestation que se doivent les parties et que
chacun doit donc accomplir pour exécuter le contrat.

Exemple
Dans un contrat de bail, l'obligation principale du bailleur c'est la mise à disposition du bien
loué pendant toute la durée du bail alors que l'obligation principale du locataire est de payer
le loyer convenu à la date convenue.

Dans un contrat de vente, l'obligation principale du vendeur c'est de délivrer le bien vendu à
la date prévue au contrat, l'obligation principale de l'acheteur étant de payer le prix de
vente.

A/ L'exigence d'un contenu licite


L'article 1162 du Code civil prévoit en effet que « le contrat ne peut déroger à l'ordre public
ni par ses stipulations, ni par son but, que ce dernier ait été connu ou non par toutes les
parties ».

1 : La licéité du but
Le but du contrat peut se définir comme l'objectif de celui qui s'engage ; il s'agit donc de la
raison pour laquelle on s'engage.
Ainsi, dans un contrat synallagmatique, l'obligation de chaque cocontractant a pour motif
l'obligation de l'autre.

Exemple
Dans un contrat de vente, c'est parce que le vendeur doit transférer la propriété du bien
vendu que l'acheteur accepte d'en payer le prix.
De même, l'acheteur s'engage à payer ce prix parce que le vendeur doit lui transférer la
propriété du bien.
Dans un contrat unilatéral, le motif de l'obligation du donateur réside dans l'intention
libérale qui l'anime.
Exemple
Dans un contrat de prêt sans intérêt, la cause de l'obligation de celui qui prête le bien ou la
somme d'argent, c'est la volonté de rendre service à l'emprunteur.
Dans la donation, la cause de l'obligation du donateur, c'est la volonté de gratifier le
donataire ou de lui faire plaisir.

Exemple
Un contrat portant sur la location d'un appartement pour y installer une maison de jeux
clandestine pourrait donc être annulé pour illicéité du but poursuivi.
Le caractère licite ou non du but poursuivi par les cocontractants s'apprécie au moment de
la formation du contrat et non à la date du jugement, le caractère fluctuant de la notion
d'ordre public pouvant influer sur la décision du juge.
Un contrat peut être annulé alors même qu'une seule des parties poursuivait un but illicite
et que l'autre n'en avait pas connaissance.

Exemple
Un contrat de location pourra être annulé pour illicéité du but même si le propriétaire de la
maison ignorait que le locataire avait conclu le bail pour installer une maison de jeux
clandestine.

La licéité des stipulations


Le contenu du contrat, c'est-à-dire les prestations prévues que se doivent les parties, doit
être licite, c'est-à-dire qu'il ne doit pas être interdit par la loi, ni contraire à l'ordre public.
Ainsi lorsqu'une chose est hors commerce, elle ne peut faire l'objet d'un contrat.

Exemple
Sont ainsi hors commerce :
Les biens de l'État et du domaine public.
Les fonctions publiques qui ne peuvent s'acheter ou se vendre.

Certains produits illicites tels que les stupéfiants, les armes de guerre ou encore les produits
contrefaits.
Les produits du corps humain ; en revanche les dons d'organe, de sang ou de sperme sont
autorisés dans un but thérapeutique et sans aucune contrepartie.

De même sont interdits les contrats portant sur une personne humaine ; c'est ce qui a
permis aux tribunaux français d'annuler les conventions de mère porteuse avant que la loi
les interdise expressément.

Complément
La notion d'ordre public
L'ordre public est une notion complexe et fluctuante qui évolue avec la société.

Elle recouvre l'idée de défense de l'intérêt général et vise traditionnellement la protection


des institutions, des individus, de la famille et de la morale, cette dernière notion étant elle
aussi peu stable.

Ainsi, l'ordre public classique justifie la nullité de nombreuses conventions :

Nullité des conventions portant sur l'achat du vote d'un électeur,

Nullité d'un contrat d'assurance prévoyant le paiement des sanctions pénales de l'assuré par
l'assureur,
Nullité de la convention par laquelle une victime s'engage à ne pas porter plainte contre
l'auteur de l'infraction,
Nullité des engagements perpétuels,

2 : L'exigence d'un contenu certain


L'exigence d'un contenu certain suppose que la prestation remplisse certaines conditions.

La prestation doit être possible


Si la prestation prévue est impossible à accomplir, le contrat est nul, ce qui est logique. Pour
rendre un contrat nul, l'impossibilité doit cependant être absolue.

S'il s'agit d'une impossibilité relative, c'est-à-dire propre au contractant qui se révèle
incapable d'exécuter sa prestation, le contrat ne pourra pas être annulé, mais il pourra y
avoir indemnisation de l'autre partie.

Exemple
Un agent de voyages propose un voyage sur Mars : dans l'état actuel des choses, il y a
impossibilité absolue d'accomplir cette prestation et le contrat est donc nul.

Un maître d'œuvre accepte un chantier qui dépasse sa compétence : il y a impossibilité


relative et le contrat ne pourra pas être annulé, mais le client obtiendra une indemnisation
s'il a subi un préjudice.

De plus, pour qu'un contrat soit valable, il faut que le contractant ait des droits sur la chose
objet du contrat ou de l'obligation. Si ce n'est pas le cas, on dit qu'il y a impossibilité
juridique.

Exemple
Vente d'un bien dont le vendeur n'est pas propriétaire.

3/ La prestation doit exister


En principe, la prestation prévue doit exister au moment de la formation du contrat. Ainsi,
une chose qui n'existe plus car elle a été détruite ne peut être l'objet d'un contrat.

Le Code civil prévoit cependant deux exceptions à cette règle.

Le contrat aléatoire
Par nature, un tel contrat repose sur une incertitude, y compris parfois en ce qui concerne
l'existence de la prestation, c'est pourquoi on ne sanctionne pas le fait que celle-ci n'existe
pas.
Exemple
La vente d'une récolte à venir est aléatoire puisqu'un événement imprévisible peut remettre
en cause son existence, et surtout on ne connaît au moment de la conclusion du contrat, ni
la quantité de la récolte à venir, ni sa qualité qui dépendent de facteurs climatiques
totalement aléatoires.

Dans le contrat d'assurance, dont l'objet est la couverture d'un risque, le fait que ce risque
ne se soit pas produit ne remet pas le contrat en cause. L'assuré ne peut donc pas obtenir
l'annulation du contrat et le remboursement des primes sous prétexte que l'assureur n'a eu
aucun dommage à indemniser.

Les contrats portant sur une chose future


Les contrats portant sur une chose qui n'existe pas au moment de l'accord, mais qui existera
plus tard, sont tout à fait licites, et ils sont d'ailleurs fréquents.

Exemple
Le contrat de vente d'immeuble à construire, opération juridique couramment appelée
vente sur plans.
Si la chose objet de la prestation n'existe finalement pas, le contrat devient caduc, mais la
responsabilité de chacun peut être engagée sur une base contractuelle.

4/ La prestation doit être déterminée ou déterminable


La règle générale
Pour qu'un contrat soit valable, il faut que la prestation essentielle de chacun soit précisée
au moment de la formation du contrat.

Cette règle découle du principe de l'autonomie de la volonté et de l'exigence d'un


consentement éclairé. En effet, si le contenu du contrat n'est pas suffisamment précis, les
parties s'engagent sans connaître leurs obligations, et on ne peut donc pas considérer
qu'elles y ont consenti réellement.

En pratique, il est parfois difficile de déterminer précisément le contenu du contrat au


moment de sa formation.
C'est pourquoi, pour les choses fongibles, c'est-à-dire interchangeables, on admet que la
prestation soit simplement déterminable, c'est-à-dire qu'elle puisse « être déduite du
contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures des parties, sans qu'un
nouvel accord des parties soit nécessaire. »

Exemple
Les matières premières sont des choses fongibles.
Ainsi, pour la vente d'une récolte sur pied, on admet que la quantité précise de blé ou de
maïs, inconnue au moment de la formation du contrat, soit déterminée ultérieurement sans
que cela remette en cause la validité du contrat.
En revanche, en l'absence d'usages ou de relations antérieures des parties, la nature de la
chose devra être précisée, ainsi que les modalités qui permettront d'en déterminer la
quantité lors de l'exécution du contrat.
Pour les choses non fongibles que l'on appelle des corps certains, car elles sont aisément
individualisables, les caractéristiques, notamment la nature et la quantité, doivent être
précisées pour que le contrat soit valablement formé.

Exemple
Le vendeur d'un véhicule doit indiquer à l'acheteur la marque, le modèle, le numéro
d'immatriculation et le numéro de série qui permettent d'identifier le bien vendu.

Le cas particulier du prix


Dans de nombreux contrats à titre onéreux figure une obligation qui est le paiement d'un
prix.

En principe, le prix obéit à la règle générale, c'est-à-dire qu'il doit être déterminé ou
déterminable au moment de la formation du contrat. Pour le contrat de vente, le Code civil
précise ainsi que le prix de la vente doit être déterminé.

Quant aux tribunaux, ils ont longtemps considéré que le prix devait être déterminé ou
déterminable dans tous les contrats faisant référence à un prix. Mais après une longue
évolution jurisprudentielle, la Cour de cassation considère aujourd'hui que l'indétermination
du prix n'est pas une cause de nullité pour certains contrats, notamment les contrats
d'entreprise.
Cette jurisprudence a été récemment consacrée par le Code civil dans deux cas :

Pour les contrats-cadres qui réglementent sur une longue période des relations d'affaires
entre producteurs et revendeurs et qui sont complétés par des contrats de vente ultérieurs.

Selon le Code civil, dans cette hypothèse « il peut être convenu que le prix sera fixé
unilatéralement par l'une des parties ».

L'indétermination du prix des contrats futurs n'est pas une cause de nullité du contrat-cadre.

Pour les contrats de prestation de service, lorsque le prix n'a pas été déterminé lors de la
conclusion du contrat, il peut être fixé unilatéralement par le créancier.

Dans les deux cas, en cas de contestation du prix, celui qui l'a fixé unilatéralement doit
pouvoir en motiver le montant et s'il y a eu abus, le juge peut accorder des dommages et
intérêts à l'autre partie.

En revanche, la détermination du prix reste une condition de validité lorsque la loi le prévoit,
par exemple pour les contrats de travail, de vente ou de crédit.

Il est cependant admis que la vente de matières premières puisse se faire au cours officiel du
jour de livraison, car, dans ce cas, le prix est déterminable.

6/ Le problème du déséquilibre dans les contrats


Le principe
En application du principe de l'autonomie de la volonté, l'équilibre des prestations n'est pas
une condition de validité des contrats synallagmatiques.

En effet, selon l'article 1168 du Code civil : « Dans les contrats synallagmatiques, le défaut
d'équivalence des prestations n'est pas une cause de nullité du contrat, à moins que la loi
n'en dispose autrement ».
S'il y a déséquilibre, celui qui a été lésé ne peut donc obtenir le rééquilibrage du contrat qu'il
a librement conclu. Cette règle se justifie également par la nécessité d'assurer une certaine
sécurité des transactions.

Mais dans certaines hypothèses elle peut cependant se révéler injuste et c'est pourquoi le
Code civil l'atténue en admettant quelques exceptions.

Les exceptions
La lésion
Dans certaines hypothèses, il est possible d'invoquer la lésion pour obtenir la rescision du
contrat, c'est-à-dire soit sa disparition, soit une révision du prix permettant de rétablir
l'équilibre entre les parties.
La lésion est un préjudice causé à l'un des contractants et résultant d'un déséquilibre
important des prestations évaluées au moment de la formation du contrat.
Contrairement à l'erreur, à la violence et au dol, la lésion n'est pas un vice du
consentement, car elle ne peut jouer que dans certaines hypothèses prévues par la loi.
Il peut y avoir rescision pour lésion dans deux hypothèses : lorsque le contrat déséquilibré
est visé par la loi ou lorsqu'une des parties est une personne visée par la loi.
Les contrats susceptibles d'être affectés par une lésion sont limitativement mentionnés par
la loi :
Le contrat de partage lorsqu'un héritier établit, à son préjudice, une lésion de plus du quart.
Le contrat de vente d'immeuble ; dans ce cas la lésion peut être invoquée par le vendeur s'il
a été lésé de plus de sept douzièmes dans le prix de l'immeuble.
La cession de droits d'auteur lorsque l'auteur invoque une lésion de plus de sept douzièmes.
Dans ces hypothèses, la rescision peut être demandée par toute personne qui se trouve dans
cette situation, qu'elle soit protégée ou non par un régime de tutelle ou de curatelle.
Les personnes pouvant invoquer la lésion pour tout type de contrat :
Le mineur non émancipé, pour tous les actes de la vie courante qu'il peut accomplir seul,

Le majeur sous sauvegarde de la justice pour tous les actes de la vie juridique qu'il accomplit,

Le majeur sous curatelle pour les actes de conservation et les actes d'administration qu'il
peut accomplir sans l'assistance de son curateur,
Le majeur sous tutelle pour les menus achats de la vie courante qu'il est autorisé à accomplir
seul.

Ces personnes vulnérables que la loi entend protéger peuvent donc invoquer la lésion, y
compris lorsque le contrat qu'elles ont conclu ne fait pas partie des contrats précités et
spécifiquement visés par la loi.

7 / L'exigence d'une réelle contrepartie dans les contrats à titre onéreux


Selon le Code civil « Un contrat à titre onéreux est nul lorsque, au moment de sa formation,
la contrepartie convenue au profit de celui qui s'engage est illusoire ou dérisoire ».
Dans un contrat à titre onéreux chaque contractant reçoit un avantage en contrepartie de
celui qu'il procure à l'autre partie.
En conséquence, il est dans la nature même de ces contrats que celui qui s'engage obtienne
une contrepartie.
Dans le cas contraire, c'est-à-dire en l'absence de contrepartie ou en présence d'une
contrepartie illusoire ou dérisoire, le contrat peut être déclaré nul.

Ainsi, lorsqu'au moment de la conclusion d'une vente, l'objet de la vente a été détruit et
n'existe plus, l'obligation de l'acheteur n'a plus de contrepartie.

8/ La nullité de certaines clauses contractuelles


Enfin, le Code civil prévoit spécifiquement la nullité de certaines clauses qui portent atteinte
à l'équilibre du contrat.

Il en est ainsi des clauses qui privent de sa substance l'obligation essentielle du débiteur et
que le Code civil considère comme non écrites, ce qui signifie qu'elles ne peuvent produire
aucun effet juridique.

Exemple
À différentes reprises, notamment dans le domaine du transport de marchandises, la
jurisprudence a ainsi eu l'occasion de rejeter l'application de clauses limitatives de
responsabilité qui avaient pour effet de contredire la portée de l'engagement pris par le
transporteur.
C'est notamment le cas des arrêts rendus par la chambre commerciale de la Cour de
cassation les 22 octobre 1996 et 5 juin 2007.

De même dans les contrats d'adhésion, les clauses qui créent un déséquilibre significatif
entre les droits et les obligations des parties sont également réputées non écrites par
l'article 1171 du Code civil.
Le champ d'application de ce nouvel article du Code civil est donc limité aux contrats qui
n'ont pas été négociés et dont les modalités sont imposées à l'une des parties.

Il faut par ailleurs noter que cette règle ne s'applique que dans deux hypothèses :
Lorsque le contrat est conclu entre professionnels,
Lorsque le contrat est conclu entre des personnes dont aucune n'agit à titre professionnel.

En effet l'article 1171 du Code civil n'a pas vocation à s'appliquer dans le cas des contrats
d'adhésion conclus entre un professionnel et un consommateur ou un non-professionnel, les
clauses créant un déséquilibre étant dans ce cas sanctionnées par le Code de la
consommation qui les déclare abusives.

Notons enfin que le Code civil exclut la possibilité d'invoquer un déséquilibre significatif
portant sur l'obligation principale du contrat ou l'adéquation du prix à la valeur de la
prestation.

L'article 1171 du Code civil étant entré en application le 1er octobre 2016, son application
n'a encore fait l'objet d'aucune jurisprudence.

On peut cependant supposer que les tribunaux sanctionneront notamment les clauses qui
créent un déséquilibre significatif en matière de résiliation du contrat ou d'indemnisation en
cas de non-respect des engagements pris. Sur ces questions, il sera donc sage de prévoir une
certaine réciprocité des obligations pour éviter le risque de nullité de la clause.
PARTIE 2: LA MISE EN ŒUVRE DU CONTRAT
Chapitre 1 L'effet du contrat entre les parties
Section 1 la force obligatoire du contrat
Texte légal
Selon l'article 1193 du Code civil : « Les contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués que
du consentement mutuel des parties, ou pour les causes que la loi autorise ».

C'est ce que l'on appelle le principe de la force obligatoire des contrats en vertu duquel le
contrat s'impose aux parties avec autant de force et d'autorité que la loi elle-même et doit
donc être intégralement exécuté par ceux qui l'ont conclu.

Cette force obligatoire du contrat entraîne plusieurs conséquences, la principale étant que
celui qui ne respecte pas ses engagements peut être sanctionné au titre de la responsabilité
contractuelle.
La seconde conséquence est l'irrévocabilité du contrat.

I/ Le principe
C'est le consentement mutuel des parties qui a formé le contrat, c'est pourquoi il n'est pas
possible de le remettre en cause unilatéralement.

Ce caractère irrévocable du contrat entraîne deux conséquences :


Celui qui a conclu un contrat ne peut pas changer d'avis et revenir sur ses engagements.
Il convient donc de bien réfléchir avant de s'engager contractuellement.
Aucune modification unilatérale ne peut être imposée par une des parties à l'autre.

Toute modification ou révocation d'un contrat doit donc être le fruit d'un accord entre les
parties ; lorsque la modification est constatée par écrit, ce qui est conseillé, on parle d'un
avenant au contrat.

II/ Les exceptions


Il existe cependant quelques exceptions à ce principe d'irrévocabilité du contrat.
Les délais de rétractation
Pour protéger les consommateurs, la loi prévoit parfois un délai de rétractation pendant
lequel le client peut revenir sur son engagement.
Exemple
Lors d'une vente à domicile, le client dispose de 14 jours après la conclusion du contrat pour
renoncer à son achat.
Pour une vente à distance, vente par correspondance, télé-achat, ou vente en ligne, le délai
est de 14 jours après la réception du produit.
Lors d'une demande de crédit à la consommation, après avoir accepté l'offre préalable de
crédit, l'emprunteur a encore un délai de réflexion de 14 jours pour renoncer au contrat de
prêt qu'il a signé.

De plus, s'il s'agit d'un crédit affecté, c'est-à-dire destiné à financer un achat précis, le
contrat de vente disparaît de plein droit si l'acheteur renonce au prêt.

La loi permet également à l'acheteur d'un bien immobilier de bénéficier d'un délai de 10
jours après la signature du compromis de vente pour revenir sur son accord.

La révocation conventionnelle
En application de la liberté contractuelle, ce que les parties ont fait, les parties peuvent le
défaire. Elles peuvent donc se mettre d'accord pour révoquer leur contrat et ne pas
l'exécuter.

Une telle révocation peut prendre des formes différentes :

La résiliation du contrat qui consiste à convenir de le révoquer uniquement pour l'avenir,

La résolution du contrat qui consiste à décider de le faire disparaître rétroactivement.

Les clauses de révocation unilatérale


Le principe de l'autonomie de la volonté justifie également que les parties fassent figurer
dans le contrat, dès sa conclusion, une clause leur donnant le droit de mettre un terme à
leur accord de manière unilatérale.

Celui qui utilise cette faculté ne fait donc que mettre en œuvre la volonté commune des
parties exprimée lors de la formation du contrat.

Ces clauses sont rédigées librement par les parties et peuvent donc prévoir des modalités de
révocation diverses.

Exemple
Il est ainsi conseillé de prévoir ce qui peut justifier une telle révocation.

On peut également imposer un délai de préavis ou une compensation financière.

Les clauses de dédit


Il s'agit d'une des nombreuses variantes des clauses de révocation unilatérale.

Une clause de dédit permet aux parties de ne pas exécuter leur obligation moyennant le
paiement d'une contrepartie financière que l'on appelle le dédit.

Exemple
La vente avec versement d'arrhes est une illustration de cette technique.

L'acheteur qui a versé des arrhes peut se désister en perdant cette somme et le vendeur
peut lui aussi se désengager, mais dans cette hypothèse, il devra restituer le double au
client.

Les arrhes ne doivent d'ailleurs pas être confondues avec les acomptes, qui constituent une
fraction du prix et ne permettent pas de renoncer au contrat.

La faculté légale de révocation unilatérale


La loi autorise spécifiquement la révocation unilatérale pour certains contrats, même en
l'absence de clause résolutoire.

Une des parties peut alors mettre un terme au contrat de manière unilatérale.

C'est le cas pour certains contrats à durée indéterminée, ce qui permet d'éviter que les
parties soient engagées de manière perpétuelle.

On exige cependant que la résiliation ne soit pas abusive ni excessivement brutale, ce qui
suppose généralement le respect d'un préavis.

Exemple
Le salarié et l'employeur ont l'un et l'autre la possibilité de rompre un contrat de travail à
durée indéterminée, quoique dans des conditions différentes.

Le salarié n'a en effet pas à motiver sa décision, alors que l'employeur qui licencie doit
justifier d'un juste motif.

En principe, cette faculté de révocation unilatérale d'origine légale ne concerne pas les
contrats à durée déterminée, sauf dans quelques cas.

Exemple
Dans un contrat de bail à usage d'habitation, le locataire a la faculté de résilier le bail à tout
moment, sous réserve de respecter un délai de préavis.

Le bailleur en revanche n'a pas cette possibilité de rompre le contrat avant le terme prévu.

Il peut seulement décider de ne pas le renouveler, mais uniquement s'il a un motif reconnu
par la loi (vente du local, occupation personnelle ou familiale) et en respectant un préavis de
six mois.

Les clauses de révision


Les parties peuvent également insérer dans le contrat une clause prévoyant la révision des
conditions initialement prévues.

De telles clauses de révision sont fréquentes, car elles permettent d'anticiper une évolution
des conditions économiques qui pourrait conduire à un déséquilibre du contrat.

Il peut s'agir de clauses d'indexation qui réajustent le prix initialement prévu en fonction
d'un indice choisi d'un commun accord lors de la formation du contrat et conforme aux
dispositions légales.

Remarque
Le Code monétaire et financier interdit en effet « toute clause prévoyant des indexations
fondées sur le salaire minimum de croissance, sur le niveau général des prix ou des salaires
ou sur les prix des biens, produits ou services n'ayant pas de relation directe avec l'objet du
statut ou de la convention ou avec l'activité de l'une des parties. »

De telles clauses sont donc admises, à condition que l'indice choisi soit en rapport avec
l'objet du contrat ou l'activité d'une des parties.

Section 2 l’exécution du contrat


A/ le paiement

L'origine du paiement
Si l'obligation est en principe exécutée par le débiteur lui-même, le Code civil précise
toutefois que le paiement peut être effectué, « même par une personne qui n'y est pas
tenue, sauf refus légitime du créancier ».
Exemple
Un père peut ainsi payer les dettes de son fils pour lui éviter une saisie.
Une caution peut payer la dette du débiteur principal insolvable pour éviter d'être poursuivi
par le créancier.
Lorsque le contrat a été conclu intuitu personae, le refus du créancier que le paiement soit
effectué par quelqu'un d'autre que son débiteur est légitime.

Exemple
L'employeur peut refuser qu'un tiers accomplisse le travail à la place du salarié.
L'organisateur du concert peut refuser qu'un chanteur remplace celui qui était initialement
prévu.
Lorsqu'un tiers a payé à la place du débiteur, celui-ci est libéré envers son créancier, mais le
tiers dispose de recours contre lui.

Le destinataire du paiement
En principe, le paiement est fait au créancier ou à une personne mandatée pour le
représenter.

Exemple
En sa qualité de mandataire social, le directeur général d'une société anonyme a le pouvoir
de recevoir le paiement d'un client de la société.
De même, l'administrateur légal d'un mineur peut recevoir un paiement en son nom.
Lorsque celui qui reçoit le paiement n'avait pas le pouvoir de le faire, le paiement n'est pas
valable, en vertu de l'adage « qui paie mal paie deux fois ».

Par exception, un tel paiement est valable si le créancier « le ratifie ou s'il en a profité ».

L'objet du paiement
Le débiteur doit payer la totalité de ce qu'il doit, c'est le principe de l'indivisibilité du
paiement ; un créancier peut donc refuser un paiement partiel et exiger le paiement intégral
de ce qui lui est dû.

B/ Les autres modes d'extinction des obligations

1/ La dation en paiement
Il y a dation en paiement quand le débiteur remet au créancier autre chose que ce qui avait
été prévu contractuellement. Lorsqu'elle est acceptée par le créancier, la dation vaut
paiement, elle éteint donc l'obligation et libère le débiteur.

Texte légal
Selon l'article 1347 du Code civil « la compensation est l'extinction simultanée d'obligations
réciproques entre deux personnes ».

Il y a donc compensation lorsque deux personnes sont débitrices l'une envers l'autre : les
deux dettes réciproques s'éteignent.

Si elles sont de la même somme, les dettes sont intégralement éteintes ; dans le cas
contraire, la compensation s'opère à hauteur de la somme la plus faible.

Exemple
X doit 1 000 € à Y qui lui en doit 800 €.
La compensation va éteindre intégralement la dette de Y et partiellement celle de X, à
hauteur de 800 €.
X devra donc encore 200 € à Y.

La compensation peut être prévue par la loi, par contrat ou par un juge.

La compensation légale
Le nouvel article 1347 du Code civil prévoit que pour produire ses effets, la compensation
doit être invoquée par une des parties intéressées, ce qui signifie qu'elle ne s'opère plus de
plein droit comme le voulait la règle antérieure.
La compensation légale peut être invoquée lorsque deux personnes étant réciproquement
créancières et débitrices l'une de l'autre et que les conditions suivantes sont réunies :
Les deux obligations sont fongibles et portent donc sur une somme d'argent ou une certaine
quantité de choses interchangeables de même espèce. Il ne peut donc pas y avoir
compensation entre une somme d'argent et une chose.
Les deux obligations sont liquides, c'est-à-dire que leur montant est déterminé et elles sont
certaines, donc non soumises à une condition.

Elles sont exigibles, c'est-à-dire arrivées à échéance.

La compensation conventionnelle
La compensation est conventionnelle lorsque deux personnes débitrices l'une de l'autre
décident que leurs dettes réciproques vont se compenser, bien qu'elles ne remplissent pas
les conditions de la compensation légale, par exemple parce qu'elles ont des objets
différents.

Section 3 l’exécution forcée du contrat.


A/ L'exécution forcée visant le débiteur
L'exécution forcée suppose que le créancier justifie d'une créance certaine, liquide et
exigible. Par ailleurs, il doit posséder un titre exécutoire constatant sa créance, jugement ou
acte notarié.

1/ L'astreinte
Le créancier peut demander au tribunal de condamner le débiteur à payer une astreinte,
c'est-à-dire une pénalité par jour de retard dans l'exécution de son obligation.
L'astreinte est un moyen de pression destiné à inciter le débiteur à s'exécuter au plus vite.
En effet, plus il tarde à s'exécuter, plus la somme qu'il devra payer est élevée.
L'astreinte peut être demandée par le créancier de l'obligation ou ordonnée d'office par le
juge s'il l'estime nécessaire.
Lorsque l'obligation est exécutée, ou s'il est certain qu'elle ne le sera pas, le juge liquide
l'astreinte, c'est-à-dire qu'il en calcule le montant définitif.
À cette occasion, il peut la réduire ou même la supprimer en tenant compte du
comportement du débiteur et des raisons du retard dans l'exécution de l'obligation.

Remarque
Afin d'éviter de saisir la justice, il arrive que ces pénalités de retard soient prévues par le
contrat lui-même dans une clause pénale.
Ces clauses sont fréquentes dans les contrats entre professionnels, notamment dans le
secteur du bâtiment et des travaux publics, mais on peut également les rencontrer dans
certains contrats conclus avec des particuliers.

Ainsi, dans la plupart des baux à usage d'habitation, il est prévu que si le locataire refuse de
quitter les lieux en fin de bail, il devra payer 1 /10ème de loyer mensuel par jour de retard.
Donc, s'il quitte les lieux avec un mois de retard, il paiera 30/10ème de loyer, c'est-à-dire
trois fois le montant du loyer mensuel à titre de pénalité, en plus du loyer normal bien sûr.

2/ L'exécution forcée
Texte légal
Selon l'article 1221 du Code civil « le créancier d'une obligation peut, après mise en
demeure, en poursuivre l'exécution en nature sauf si cette exécution est impossible ou s'il
existe une disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur et son intérêt pour le
créancier ».
Un créancier peut donc demander au tribunal d'ordonner purement et simplement
l'exécution de l'obligation dès lors que celle-ci est possible et qu'elle ne représente pas un
coût injustifié.
Lorsqu'il s'agit d'une obligation de donner, l'exécution forcée s'effectue par l'intermédiaire
d'un tiers qui est l'huissier de justice. L'intervention de cet officier ministériel permet de
garantir que l'exécution forcée s'effectue dans le respect des droits du débiteur.

Exemple
Mesures d'exécution forcée
La saisie attribution : elle consiste à saisir, entre les mains d'un tiers, des créances du
débiteur portant sur une somme d'argent.

Citons par exemple la saisie attribution sur salaire qui permet à un créancier d'obtenir que
l'employeur de son débiteur lui verse une partie du salaire de celui-ci à titre de
remboursement. Mais une telle saisie ne peut porter sur la totalité du salaire, car le Code du
travail protège les salariés en prévoyant qu'une partie de la rémunération doit rester
insaisissable, afin d'éviter qu'un salarié se retrouve sans ressources.

La saisie vente qui consiste à saisir et à vendre des biens meubles corporels appartenant au
débiteur ; la saisie vente peut jouer même si les meubles sont détenus par un tiers. Là
encore, le débiteur est protégé puisque certains biens sont déclarés insaisissables du fait de
leur caractère indispensable à la vie quotidienne.

La saisie des droits incorporels du débiteur, autres que les créances de sommes d'argent qui
font l'objet de saisies attribution, par exemple les droits de propriété intellectuelle, brevets
ou marques notamment.

Les mesures d'expulsion qui consistent pour le propriétaire d'un immeuble à obtenir d'un
tribunal l'autorisation d'en faire partir les occupants.

La loi du 9 juillet 1991 fixe la liste des biens ne pouvant faire l'objet d'une saisie.

Citons, notamment, les biens mobiliers nécessaires à la vie et au travail du débiteur saisi et
de sa famille, les objets indispensables aux personnes handicapées ou aux soins des
personnes malades, les biens déclarés insaisissables par le testateur ou le donateur.

La loi du 1er août 2003 pour l'initiative économique a permis à l'entrepreneur individuel de
protéger sa résidence principale en faisant, devant notaire, une déclaration d'insaisissabilité
publiée et mentionnée au RCS. Cette déclaration rend l'immeuble en question insaisissable
par les créanciers professionnels dont la créance est née postérieurement. Depuis 2008,
cette possibilité de déclaration d'insaisissabilité a été étendue à tous les biens fonciers bâtis
ou non bâtis que l'entrepreneur n'affecte pas à son activité professionnelle.

Enfin, la loi Macron votée le 6 août 2015 prévoit que l'insaisissabilité de la résidence
principale est dorénavant acquise de plein droit à tous les entrepreneurs individuels, sans
qu'ils aient besoin de procéder à une déclaration devant notaire.

Dans la mesure où le Code civil ne distingue plus entre les obligations de donner et les
obligations de faire, l'exécution forcée en nature concerne également ces dernières.

Par exception à cette nouvelle règle, dans l'hypothèse où l'obligation de faire présente un
caractère purement personnel, l'exécution forcée en nature reste impossible, toute
contrainte physique sur la personne du débiteur étant exclue.
Exemple
Un acteur ne pourrait donc être contraint d'interpréter une pièce, pas plus qu'un chanteur
ne pourrait être forcé à monter sur scène.
De même, aucune personne, femme ou homme, ne peut être contrainte à regagner le
domicile conjugal.
En revanche, lorsque l'obligation de faire n'a pas un caractère purement personnel le
créancier peut en obtenir l'exécution forcée, l'astreinte pouvant alors être un moyen efficace
de contraindre le débiteur à agir.

Lorsque le juge refuse de prononcer l'exécution forcée, parce qu'elle est impossible ou d'un
coût disproportionné, le créancier peut obtenir une exécution par équivalent, c'est-à-dire le
versement de dommages-intérêts.

3/ Le droit de faire exécuter l'obligation


Le Code civil reconnaît dorénavant au créancier le droit de faire exécuter lui-même
l'obligation, sans intervention d'un juge, donc sans autorisation préalable, mais après mise
en demeure du débiteur.

Une telle possibilité ne peut s'exercer que « dans un délai et à un coût raisonnables ». En
effet, dans cette hypothèse, le créancier qui a fait exécuter l'obligation par un tiers peut
demander au débiteur le remboursement des frais engagés à cette fin.

Afin d'éviter le risque de ne pas être remboursé, il peut également demander en justice que
le débiteur avance les sommes nécessaires à cette exécution.

B / L'exécution forcée visant des tiers


1/ L'action oblique
Le mécanisme de l'action oblique
L'action oblique, prévue par l'article 1341-1 du Code civil, permet à des créanciers, dont les
intérêts sont menacés par la négligence et l'inaction de leur débiteur, d'exercer à sa place
ses actions et ses droits.
Un créancier A, dont le débiteur B n'agit pas, peut forcer le débiteur de celui-ci, C, à honorer
le contrat que celui-ci a conclu avec B, et ce, bien qu'il soit totalement extérieur à ce contrat
intervenu entre B et C.

Exemple
Un syndicat de copropriétaires peut demander la résiliation du bail d'un locataire qui ne
respecte pas la destination des locaux loués et dont le propriétaire ne réagit pas.

Jacques doit 2 000 € à Pierre qui doit 1 000 € à Paul. Si Pierre ne demande pas à Jacques de
le payer et qu'il ne paie pas Paul, celui-ci peut utiliser l'action oblique et ainsi obliger Jacques
à payer Pierre.

Les conditions de l'action oblique


L'action oblique suppose que soient remplies des conditions préalables :

Celui qui agit doit pouvoir justifier d'une créance certaine, liquide et exigible.
Le débiteur doit être inactif ou négligent, c'est-à-dire qu'il n'exerce pas ses droits contre son
propre débiteur.
Cette carence est susceptible de compromettre les droits du créancier, soit parce qu'elle met
son débiteur en situation d'insolvabilité, soit parce qu'elle rend les poursuites contre lui plus
difficiles et aléatoires.

Le champ d'application de l'action oblique


Le créancier peut exercer ainsi tous les droits et actions de son débiteur, à l'exception de
ceux qui sont exclusivement attachés à sa personne.

2/ L'action directe
Les modalités de l'action directe
On parle d'action directe lorsque le créancier agit en son nom personnel contre le débiteur
de son propre débiteur, afin d'obtenir de celui-ci le paiement direct de sa créance.

Plus simple que l'action oblique, l'action directe est surtout beaucoup plus efficace pour les
raisons suivantes :
Le débiteur est dessaisi de sa créance contre son propre débiteur ; celui-ci ne peut plus alors
se libérer qu'en payant le créancier auteur de l'action directe.
Le créancier qui a agi n'est pas en concurrence avec les autres créanciers de son débiteur et
il sera donc payé en priorité.

Le domaine de l'action directe


L'action directe ne concerne pas toutes les obligations et doit être expressément autorisée
par la loi.

Elle ainsi est prévue dans les cas suivants :

- Action directe de la victime d'un dommage contre l'assureur du responsable,


- Action directe du propriétaire contre le sous-locataire de son locataire,
- Action directe du sous-traitant contre le maître d'ouvrage,
- Action directe du trésor public contre tous les débiteurs d'un contribuable,
- Action directe des avocats contre la partie condamnée aux dépens dont ils ont fait
l'avance,
- Action directe des établissements publics de santé contre tous les débiteurs des
personnes hospitalisées.

3/ L'action paulienne
Un débiteur qui ne veut pas exécuter son obligation peut être tenté d'organiser son
insolvabilité. Il pourrait ainsi donner ses biens à des proches, pour contourner le droit de
gage de ses créanciers et éviter l'exécution forcée de son obligation par saisie de ses biens.

Exemple
Un entrepreneur individuel dont l'entreprise est en grosse difficulté donne ses biens à ses
enfants.

L'action paulienne permet alors aux créanciers de demander en justice que les actes du
débiteur accomplis en fraude de leurs droits soient déclarés inopposables à leur égard.

Le cadre de l'action paulienne


L'action paulienne vise uniquement les actes d'appauvrissement du débiteur.
Exemple
Donation, vente à prix dérisoire, échange contre un bien de moindre valeur ou un bien plus
difficile à saisir, renonciation à un droit, par exemple à une succession.
Le débiteur doit être insolvable, c'est-à-dire que ses créanciers n'ont plus la possibilité
d'obtenir l'exécution de l'obligation.
L'acte doit avoir été accompli en fraude des droits des créanciers.
Selon les tribunaux, il y a fraude lorsque le débiteur savait que l'acte était contraire aux
intérêts de ses créanciers. Il n'est donc pas nécessaire de prouver que le débiteur avait
l'intention de leur nuire.

Lorsque l'acte attaqué a été conclu à titre onéreux, le créancier doit établir que le tiers
cocontractant avait connaissance de la fraude.
Chapitre 2 L'inexécution du contrat
Normalement, toutes les obligations résultant d'un contrat doivent être intégralement
exécutées par celui qui s'y est engagé.

Il arrive cependant qu'une personne refuse ou ne puisse pas accomplir ses obligations.

Dans ce cas, le créancier de l'obligation peut essayer de contraindre le débiteur ou des tiers,
à exécuter l'obligation prévue (voir supra, l'exécution forcée du contrat).

S'il n'y parvient pas, le Code civil prévoit encore plusieurs possibilités :

1. Refuser d'exécuter ses propres obligations ou en suspendre l'exécution ,

2. Demander une réduction du prix

3. Provoquer la résolution du contrat,

4. Engager la responsabilité contractuelle du débiteur pour obtenir réparation du


préjudice subi du fait de l'inexécution .

Le nouvel article 1217 du Code civil précise que « les sanctions qui ne sont pas incompatibles
peuvent être cumulées ; des dommages et intérêts peuvent toujours s'y ajouter ».

Section 1 L'exception d'inexécution


L'exception d'inexécution se définit comme la possibilité pour une partie au contrat de
refuser d'exécuter son obligation, alors même qu'elle est exigible tant que le cocontractant
n'a pas exécuté la sienne. Le créancier peut ainsi éviter de payer ce qui ne lui a pas encore
été fourni tout en faisant pression sur son débiteur.
L'exception d'inexécution est dorénavant prévue d'une manière générale par le Code civil
qui précise qu'elle peut être mise en œuvre dès lors que l'inexécution est suffisamment
grave.
Le Code civil prévoit ainsi que le vendeur peut refuser de délivrer la chose vendue dès lors
que l'acheteur ne paye pas le prix convenu.
De même, le dépositaire d'un bien peut refuser de le restituer tant qu'il n'a pas été payé.
L'exception d'inexécution suppose des obligations réciproques, donc un contrat
synallagmatique et à exécution simultanée comme la vente.

Elle ne peut donc pas être utilisée si le vendeur a accordé des délais de paiement à
l'acheteur.
L'exception d'inexécution n'est soumise à aucune condition de forme, la loi n'exige pas de
mise en demeure préalable et le recours à la justice n'est pas nécessaire.
Elle doit cependant être utilisée de bonne foi.

Exemple
N'est pas de bonne foi le locataire qui refuse de payer les loyers pour défaut d'entretien si le
désagrément qui lui est occasionné est minime.
Il n'est pas davantage de bonne foi si les travaux n'ont pu être réalisés du fait de son refus de
laisser les réparateurs intervenir en son absence.
Lorsque le débiteur accomplit son obligation, celui qui a fait jouer l'exception doit accomplir
la sienne.

Section 2 La réduction du prix


Texte légal
Selon le nouvel article 1223 du Code civil, le créancier peut « accepter une exécution
imparfaite du contrat et solliciter une réduction proportionnelle du prix ».

Jusqu'alors, la réfaction du contrat, c'est-à-dire la possibilité de réduire le prix prévu au


contrat en raison du caractère insuffisant de la prestation du cocontractant, n'était reconnue
qu'au juge et pour certains contrats.

La réforme entrée en vigueur le 1er octobre 2016 en fait donc une nouvelle possibilité
accordée au créancier en cas d'exécution défectueuse de la prestation qui lui est due.

La mise en œuvre de cette possibilité est soumise aux conditions suivantes :


La décision appartient au créancier auquel l'acceptation d'une exécution défectueuse ne
peut donc pas être imposée.

L'article 1223 précise que cette possibilité lui est offerte lorsqu'il n'a pas encore payé le prix.

Il faut donc en conclure que si le créancier a déjà payé, il ne peut décider unilatéralement
d'une réduction du prix et doit donc saisir le juge pour que celui-ci évalue les imperfections
et le montant de la réduction due à ce titre.

Le créancier doit préalablement mettre en demeure le débiteur d'exécuter ses obligations


dans les conditions prévues.

La réduction du prix doit être proportionnelle aux imperfections constatées dans l'exécution
des obligations contractuelles

Section 3/ La résolution du contrat


Les différents modes de résolution

A/ La clause résolutoire
Le Code civil reconnaît la validité des clauses résolutoires, c'est-à-dire la possibilité pour les
parties d'anticiper les conséquences de l'inexécution des obligations et de prévoir que celle-
ci pourra entraîner la résolution du contrat.
La validité d'une telle clause est subordonnée aux conditions suivantes :
Elle doit préciser les engagements dont l'inexécution entraînera la résolution du contrat. Les
parties peuvent cependant prévoir que tout manquement d'une partie à ses engagements
permettra la mise en œuvre de la clause, donc la disparition du contrat.

La résolution est en principe subordonnée à une mise en demeure infructueuse adressée au


débiteur pour lui demander de respecter ses engagements et d'exécuter ses obligations
contractuelles.
À défaut d'exécution dans le délai indiqué dans la mise en demeure, la résolution produit ses
effets.

Pour échapper à cette exigence d'une mise en demeure, les parties peuvent prévoir une
résolution de plein droit résultant du seul fait de l'inexécution. Dans cette hypothèse, le
créancier doit malgré tout informer le débiteur de son intention de mettre en œuvre la
clause résolutoire.

Le Code civil précise également que la mise en demeure doit mentionner expressément la
clause résolutoire, faute de quoi elle est privée d'effet, ce qui empêche donc la résolution.

La résolution prend effet dans les conditions prévues par la clause résolutoire.

À défaut de mention contractuelle sur ce point, elle prend effet à la date choisie par le
créancier et qu'il a mentionnée dans la mise en demeure adressée au débiteur.

Lorsque les parties ont opté pour une résolution de plein droit sans mise en demeure
préalable, la résolution est effective dès que le créancier a manifesté son intention
d'invoquer la résolution.

B/ La résolution unilatérale par notification


Rompant avec la règle antérieure selon laquelle la résolution du contrat devait toujours
être demandée en justice, le nouvel article 1226 du Code civil permet dorénavant au
créancier de notifier la résolution du contrat au débiteur, c'est-à-dire de décider
unilatéralement de la disparition du contrat.

Les conditions de mise en œuvre de cette nouvelle possibilité sont les suivantes :

La résolution unilatérale du contrat par le créancier doit être justifiée par un manquement
suffisamment grave du débiteur.

Le créancier doit préalablement mettre en demeure le débiteur de respecter ses


engagements « dans un délai raisonnable ».
Le créancier doit veiller à ce que le délai qu'il accorde au débiteur soit suffisant pour lui
permettre d'accomplir ses obligations, faute de quoi il pourrait lui être reproché une
rupture brutale de la relation contractuelle.

Remarque
Par exception à cette exigence d'une mise en demeure, le Code civil admet cependant la
possibilité de résoudre immédiatement le contrat, dès lors que l'urgence l'exige, c'est-à-dire
que les intérêts du créancier sont gravement et immédiatement menacés par les
manquements du débiteur.

En cas de litige sur ce point, le créancier devra être en mesure de prouver cette urgence.

La mise en demeure doit comporter la mention expresse que si le débiteur n'exécute pas ses
obligations, le créancier « sera en droit de résoudre le contrat ».

À défaut d'exécution dans le délai accordé dans la mise en demeure, le créancier notifie la
résolution du contrat au débiteur, ainsi que les raisons qui motivent sa décision.

Pour éviter tout risque de remise en cause judiciaire de la résolution, ces motifs devront être
mentionnés avec une grande précision.

Le Code civil ne précise pas la forme que doit prendre cette notification, mais il semble
prudent de l'adresser par lettre recommandée avec avis de réception.

En effet, l'article 1229 du Code civil prévoit que la résolution prend effet à la date de
réception par le débiteur de la notification qui lui a été adressée par le créancier.

En cas de contestation, le débiteur a alors la possibilité de saisir le juge et dans cette


hypothèse, c'est au créancier qu'il appartient d'établir « la gravité de l'inexécution ».

Le Code civil ne précise pas quelles sont les conséquences de la décision du juge.
Il paraît cependant évident que si le juge estime la résolution justifiée, sa prise d'effet à la
date de réception de la notification est donc confirmée.

Dans le cas contraire, donc si la contestation est recevable, on peut supposer que le juge
accordera au débiteur une indemnisation pour résolution abusive du contrat, mais cela
devra être confirmé par la jurisprudence.

Remarque
Le Code civil précise que le créancier qui notifie ainsi la résolution du contrat au débiteur agit
« à ses risques et périls ».

3/ La résolution judiciaire
Texte légal
Selon le nouvel article 1227 du Code civil « la résolution peut, en toute hypothèse, être
demandée en justice ».

Il résulte de cet article et notamment de la précision « en toute hypothèse » que cette


possibilité de saisir la justice pour obtenir la résolution d'un contrat constitue une disposition
d'ordre public.

On doit donc en conclure que ce droit ne peut être remis en cause par une clause de
renonciation, ce que les tribunaux devront cependant confirmer.

Les conditions de la résolution judiciaire


La résolution judiciaire peut intervenir en cas d'inexécution totale ou partielle, mais le Code
civil précise cependant qu'il doit s'agir d'une inexécution suffisamment grave.
Peu importe également que le manquement résulte ou non de la faute du débiteur.
Rappelons cependant que si l'inexécution résulte d'un événement de force majeure, le
contrat est résolu de plein droit.

La décision du juge
En présence d'une demande de résolution judiciaire, le Code civil offre dorénavant trois
possibilités au juge dont le pouvoir est ainsi étendu :
Constater la résolution lorsque les conditions d'application de la clause résolutoire sont
réunies, ou lorsqu'une des parties a procédé à une notification unilatérale.

Prononcer la résolution du contrat ; dans cette hypothèse, la résolution prend effet à la date
fixée par le juge et à défaut, au jour de l'assignation.

Refuser de constater ou de prononcer la résolution, par exemple lorsque les manquements


du débiteur ne sont pas suffisamment graves.

Dans cette hypothèse, le juge dispose de deux possibilités :

Ordonner l'exécution du contrat, en accordant éventuellement au débiteur des délais


supplémentaires pour l'exécution de ses obligations.

Ou accorder des dommages-intérêts au demandeur.

4/ La transaction
Texte légal
Aux termes de l'article 2044, alinéa 1 du Code civil, « la transaction est un contrat par lequel
les parties terminent une contestation née ou préviennent une contestation à naître ».

Selon la jurisprudence, pour pouvoir faire l'objet d'une transaction, « la contestation doit
être telle que les prétentions des parties soient de nature à être soumises au juge » (Cass.
civ., 28 mars 1955).

Pour être valable, la transaction requiert des concessions réciproques. Chaque partie doit,
par conséquent, accorder une concession à l'autre. Si les juges peuvent être amenés à
vérifier la réalité des concessions, il importe peu que les concessions accordées par l'une des
parties soient plus importantes que celles qui lui ont été consenties par l'autre. Ce qui
importe, c'est que chacun renonce à une partie au moins de ses droits, actions ou
prétentions (Cass. civ. 3 mai 2000)
CHAPITRE 4 LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE

SECTION 1 Les conditions de la responsabilité contractuelle

Comme la responsabilité délictuelle, la responsabilité contractuelle du débiteur ne sera


reconnue que si trois éléments sont réunis.

1 : L'inexécution des obligations contractuelles


Ce qui génère la responsabilité du débiteur, c'est l'inexécution de son obligation.
L'inexécution peut être totale.

Exemple
Le fournisseur n'a pas livré les marchandises commandées.
Le constructeur n'a rien construit.
Elle peut être partielle.

Exemple
Le client n'a réglé qu'une fraction du prix.
Le constructeur n'a réalisé que les fondations de l'immeuble.
Enfin, l'exécution peut être défectueuse en termes de qualité ou de respect des délais.

Exemple
Les marchandises livrées n'étaient pas conformes à la commande ou elles sont arrivées
endommagées.
Les marchandises ont été livrées avec du retard.

Pour pouvoir obtenir une indemnisation, le créancier devra prouver la faute du débiteur, ce
qui est plus ou moins facile selon la nature de l'obligation.
Lorsque le débiteur est tenu d'une obligation de résultat, cela signifie qu'il s'engage à
atteindre un résultat déterminé.
La simple constatation que le résultat attendu n'a pas été atteint suffit à établir la faute du
débiteur qui ne peut même pas essayer de démontrer qu'il n'a commis aucune faute.
Seule une cause étrangère peut lui permettre d'échapper à sa responsabilité.
Dans cette hypothèse d'une obligation de résultat, la preuve de la faute est donc très facile
à apporter.

En revanche, si le débiteur est tenu d'une simple obligation de moyens, son engagement
consiste seulement à tout mettre en œuvre pour obtenir un résultat, sans pour autant
garantir celui-ci.

Il y a donc faute du débiteur uniquement s'il n'a pas tout mis en œuvre pour atteindre le
résultat, par exemple s'il a commis une imprudence ou une négligence, ce qui est
beaucoup plus difficile à prouver.

La distinction entre obligations de résultat et obligations de moyens est donc fondamentale,


mais pose cependant quelques problèmes d'application.

S'il est clair que les obligations de donner sont des obligations de résultat, tout comme les
obligations de ne pas faire, les obligations de faire, en revanche, sont moins faciles à
qualifier et les tribunaux en font une appréciation nuancée.

Exemple
Les tribunaux admettent depuis longtemps que le médecin a une obligation de moyens
envers le patient.
Cependant, en ce qui concerne les matériels utilisés, la jurisprudence considère que le
médecin et les établissements de soin ont une obligation de sécurité qui est une obligation
de résultat.
Pour certaines obligations de faire, la position de la jurisprudence est au contraire claire et
bien établie.

Exemple
Sont ainsi tenus d'une obligation de résultat :
Le transporteur en ce qui concerne la sécurité de ses passagers.
Le guide de haute montagne, l'organisateur de sauts en parachute, en parapente ou à
l'élastique, en ce qui concerne la sécurité de leurs clients.
Toujours en matière de sécurité, le forain qui propose des attractions, telles que grande
roue, montagnes russes.
Le promoteur tenu de livrer des locaux et équipements exempts de vices.

L'employeur tenu envers son salarié d'une obligation de sécurité, notamment en ce qui
concerne les maladies professionnelles contractées par celui-ci du fait des produits fabriqués
ou utilisés par l'entreprise.

Exemple
Sont tenus en revanche d'une obligation de moyens :
L'avocat qui s'engage à tout mettre en œuvre pour défendre efficacement son client, mais
qui ne s'engage pas à gagner le procès.
Les gestionnaires de portefeuille boursier et plus généralement les gestionnaires de
patrimoine.
Les notaires, avocats et experts-comptables pour leur mission de conseil.
Les établissements de formation, notamment les auto-écoles.
Les agences matrimoniales.

Pour que la responsabilité contractuelle du débiteur soit engagée, l'inexécution de


l'obligation contractuelle ne suffit pas. Encore faut-il que le créancier ait subi un dommage.

2 : Un dommage
Comme en matière de responsabilité délictuelle, il ne peut pas y avoir d'indemnisation sans
dommage.
Les différents types de dommages indemnisables sont les mêmes, mais seul le dommage
prévisible peut être indemnisé.

Les différents types de dommages


Le dommage matériel porte atteinte au patrimoine d'une personne et peut prendre la forme
d'une perte ou d'un manque à gagner.
Exemple
Perte
Destruction d'un bien lors d'un déménagement.

Frais supplémentaires, par exemple des frais médicaux, des frais de garde d'un enfant, des
frais de transport.

Exemple
Manque à gagner
Ventes manquées du fait d'un retard de livraison.
Impossibilité de travailler suite à un arrêt de travail.

Il y a dommage corporel en cas d'atteinte à la personne elle-même et à son intégrité


physique, par exemple en cas de blessures.

Quant au dommage moral, il se définit négativement comme le dommage qui n'est ni


matériel ni corporel et peut prendre des formes extrêmement variées.

Exemple
Souffrance affective en cas de perte d'un être cher,
Souffrance physique, qui se distingue du préjudice corporel,
Souffrance psychologique, par exemple en cas de harcèlement ou de préjudice esthétique,
Atteinte à l'honneur, à l'image ou à la vie privée,
Préjudice d'agrément quand une personne ne peut plus pratiquer une activité essentielle
pour elle (piano, peinture, sport, etc.).

Le dommage indemnisable
Comme en matière de responsabilité délictuelle, le dommage doit être certain pour pouvoir
être indemnisé.
Les tribunaux acceptent cependant d'indemniser un dommage qui n'est qu'éventuel en
utilisant la notion de perte d'une chance.

Exemple
Le candidat à un examen qui est blessé lors d'un accident ferroviaire alors qu'il se rendait en
train sur le lieu des épreuves pourra obtenir une indemnisation versée par la SNCF au titre
de la perte d'une chance de réussir cet examen.

En revanche, en matière de responsabilité contractuelle, seul le dommage normalement


prévisible est indemnisable. On estime en effet que celui qui s'engage doit connaître dès le
départ les risques qu'il prend en acceptant le contrat ; cette règle, conforme au principe de
l'autonomie de la volonté, assure la sécurité des transactions.
En principe, le dommage non prévisible n'est donc pas indemnisé.

Exemple
Le transporteur qui ignore la très grande valeur des objets transportés n'indemnisera le
client que sur la base de ce qui était prévisible.

Il existe cependant une exception lorsque le débiteur a commis une faute lourde,
inexcusable ou en cas de dol.

Exemple
Si le transporteur du cas précédent a laissé son camion la nuit, au bord d'une route et sans
surveillance à la suite d'une panne, il devra indemniser son client de la valeur réelle des
biens transportés, même s'il ne connaissait pas cette valeur.

3 : Un lien de causalité
Selon le Code civil, le droit à indemnisation suppose un lien de causalité direct entre
l'inexécution du contrat et le dommage.

L'article 1231-4 évoque en effet l'indemnisation de « ce qui est une suite immédiate et
directe d'inexécution de la convention », ce qui signifie que le débiteur n'est pas tenu de
réparer les conséquences indirectes de l'inexécution du contrat, et ce, même lorsque
l'inexécution du contrat résulte d'une faute lourde ou d'un dol.
Ce sont les tribunaux qui apprécient in concreto l'existence du lien de causalité, ce qui est
parfois délicat.

SECTION 2 L'EXONERATION DE RESPONSABILITE


La réunion des trois conditions de la responsabilité ne suffit pas toujours et il arrive parfois
que le débiteur ne soit pas condamné à indemniser, car il bénéficie d'une exonération de
responsabilité légale ou conventionnelle.

A : Les causes légales d'exonération


On distingue traditionnellement trois causes légales susceptibles d'exonérer une personne
de sa responsabilité tant délictuelle que contractuelle : la force majeure, la faute d'un tiers
et la faute de la victime.

1 : La force majeure
Texte légal
Le Code civil précise qu'en matière contractuelle, il y a force majeure « lorsqu'un événement
échappant au contrôle du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la
conclusion du contrat et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées,
empêche l'exécution de son obligation par le débiteur. »
Pour que la force majeure puisse être reconnue, l’événement doit répondre aux conditions
suivantes :
Il doit être imprévisible, ce qui s'apprécie de manière objective, c'est-à-dire par rapport aux
possibilités de prévision d'un individu moyen dans des conditions normales.

Exemple
Une tempête survenant à une période inhabituelle pour ce type d’événement climatique
peut être considérée comme un cas de force majeure.
En revanche, un froid intense survenant au mois de janvier n'est pas un événement de force
majeure.

Il doit être irrésistible ou insurmontable, c'est-à-dire qu'il n'existait aucun moyen de lutter
efficacement pour pouvoir exécuter le contrat.
Exemple
Des chutes de neige importantes qui empêchent toute circulation de véhicules constituent
un événement de force majeure.
Une grève de son propre personnel n'est pas nécessairement un événement irrésistible pour
un employeur.

A contrario, une grève de la poste est un événement irrésistible pour ce même employeur.
Enfin, l’événement doit être indépendant de la volonté du débiteur qui l'invoque.

Exemple
Un incendie de forêt qui se propage aux locaux d'une entreprise est un événement extérieur.
Tel n'est pas le cas lorsque l'incendie a été provoqué accidentellement, mais par un salarié
de l'entreprise.

La force majeure libère le débiteur de son obligation ; il n'est donc pas responsable de
l'inexécution de celle-ci. En toute logique et sauf exception, la force majeure libère
également le cocontractant.

Exemple
Si à la suite d'un événement de force majeure, les locaux loués sont détruits, le propriétaire
n'est plus tenu de mettre les locaux à la disposition du locataire qui pour sa part n'est plus
tenu de payer les loyers.

Lorsque l'impossibilité d'exécuter le contrat n'est que partielle, les autres obligations doivent
être exécutées normalement.

B : La faute d'un tiers


Il arrive qu'un tiers soit en fait à l'origine de l'inexécution du contrat. Dans ce cas, le débiteur
de l'obligation ne sera pas responsable à condition que le fait du tiers soit, comme
l’événement de force majeure, imprévisible, irrésistible et extérieur au débiteur.

Exemple
Si le tiers est un salarié du débiteur, le fait n'est pas extérieur à celui-ci.
Comme la force majeure, la faute d'un tiers libère le débiteur de son obligation.

C : La faute de la victime elle-même


Enfin, il arrive que le créancier de l'obligation soit lui-même en cause dans la réalisation du
dommage. Deux cas peuvent se présenter :

Si le fait du créancier est la cause exclusive du dommage, le débiteur est totalement exonéré
de sa responsabilité.

Exemple
Le transporteur n'a pu livrer, car les locaux du client étaient fermés.

Si le fait du créancier n'est pas la cause exclusive du dommage, il y a partage des


responsabilités

SECTION 3 La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle


A : La mise en demeure préalable
1 : Définition
Texte légal
Selon l'article 1231 du Code civil « A moins que l'inexécution soit définitive, les dommages et
intérêts ne sont dus que si le débiteur a préalablement été mis en demeure de s'exécuter
dans un délai raisonnable ! ».

La mise en demeure est un acte par lequel le créancier demande solennellement au débiteur
de respecter ses engagements. C'est en principe une condition préalable à l'exécution forcée
de l'obligation ainsi qu'à la mise en jeu de la responsabilité contractuelle du débiteur.
Elle permet de rappeler ses obligations au débiteur, ce qui évite des poursuites inutiles s'il
avait simplement oublié de s'exécuter.
Il existe cependant quelques situations dans lesquelles la mise en demeure n'est pas
nécessaire :

Quand les parties en ont convenu lors de la conclusion du contrat.

Lorsqu'une obligation de ne pas faire a déjà été violée par le débiteur, car cela ne sert plus à
rien.

Lorsque l'obligation est enfermée dans un délai et que celui-ci est écoulé, car il est trop tard.

Ou encore lorsque le débiteur a informé le créancier de son refus de s'exécuter.

2 : Forme
La mise en demeure est en principe faite par sommation, c'est-à-dire par acte d'huissier.

Dans certains cas, la jurisprudence admet cependant une mise en demeure par lettre, simple
ou recommandée, dès lors qu'elle indique clairement la volonté du créancier d'obtenir ce qui
lui est dû.

La lettre recommandée est cependant conseillée pour d'évidentes raisons de preuve.

Signalons en outre la possibilité de paiement des dettes et du recouvrement des créances au


nom de leur client par les experts-comptables (1° de l'article 37 de la loi Pacte) dès l'instant
que cela est prévu dans la lettre de mission.

3 : Effets
La mise en demeure produit plusieurs effets, puisqu'elle permet :

L'exécution forcée de l'obligation et la résolution du contrat,

La mise en jeu de la responsabilité contractuelle du débiteur et la réparation du préjudice


subi par le créancier,
Le calcul des intérêts moratoires destiné à réparer le préjudice causé par le retard
d'exécution de l'obligation.

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