Vous êtes sur la page 1sur 4

2- Théories de l’entraide sociale : explorer les principales théories expliquant

pourquoi les individus s’entraident


Théorie de la réciprocité
La théorie de l'entraide sociale, centrée sur la réciprocité, repose sur l'idée que les
individus sont enclins à s'entraider mutuellement dans le cadre de relations sociales. Cette
théorie s'oppose en partie à certaines perspectives évolutionnistes qui mettent davantage
l'accent sur la compétition pour les ressources.

La réciprocité, dans ce contexte, se réfère à l'échange mutuel de services, de faveurs ou de


ressources entre les individus. Il existe plusieurs formes de réciprocité, dont les principales
sont la réciprocité directe, la réciprocité indirecte et la réciprocité généralisée.

1. Réciprocité directe : C'est une forme d'échange où deux individus ou groupes


s'entraident directement, avec l'attente que l'aide sera retournée à un moment donné. C'est
une sorte de "je t'aide, tu m'aides" qui crée une interdépendance mutuelle.
2. Réciprocité indirecte : Cette forme d'entraide implique un réseau d'individus ou de
groupes. A aide B, B aide C, et ainsi de suite. Il n'y a pas nécessairement une attente
directe que l'aide soit retournée par la même personne qui a reçu l'aide.
3. Réciprocité généralisée : C'est une forme plus élargie d'entraide où l'aide est
fournie sans une attente directe ou immédiate de retour. Cette forme d'entraide repose sur
la confiance et la conviction que, dans une communauté ou une société donnée, l'entraide
sera généralement récompensée, même si cela ne se produit pas de manière spécifique
avec la même personne.

La réciprocité dans l'entraide sociale peut être interprétée à la lumière de la sélection


naturelle. Selon cette perspective, les comportements coopératifs qui favorisent la survie et
la reproduction des individus peuvent être sélectionnés au fil du temps, contribuant ainsi à
la stabilité des communautés et des sociétés.

L'anthropologue Peter Kropotkine, dans son livre "L'Entraide, un facteur de l'évolution", a


soutenu que la coopération et l'entraide étaient des aspects fondamentaux de l'évolution
biologique et sociale. Il a cherché à démontrer que la coopération entre les individus d'une
même espèce pouvait être aussi importante, voire plus importante, que la compétition pour
la survie et la prospérité des groupes sociaux.

En résumé, la théorie de l'entraide sociale basée sur la réciprocité suggère que les relations
sociales humaines sont souvent caractérisées par des échanges mutuels et des formes
d'entraide, contribuant ainsi à la cohésion sociale et à la survie des communautés.
Théorie de la sélection de parentèle
La théorie de la sélection de parentèle, également connue sous le nom de kin selection en
anglais, est une explication évolutive de l'altruisme et de l'entraide sociale. Cette théorie a
été développée par le biologiste britannique J.B.S. Haldane dans les années 1930 et a été
plus tard formalisée par le biologiste W.D. Hamilton dans les années 1960.

La théorie de la sélection de parentèle repose sur l'idée que les individus peuvent afficher
des comportements altruistes envers leurs parents proches (parents, frères et sœurs,
enfants) parce que ces individus partagent une proportion significative de leurs gènes.
Selon cette théorie, aider un parent proche à survivre et à se reproduire peut indirectement
favoriser la transmission des gènes communs.

L'équation fondamentale de Hamilton, souvent utilisée pour formaliser cette théorie, est la
suivante : rB > C, où r est la corrélation génétique entre le donneur et le bénéficiaire, B est
le bénéfice pour le bénéficiaire en termes de survie ou de reproduction, et C est le coût
pour le donneur.

Cette théorie explique pourquoi les individus peuvent sacrifier leurs propres intérêts pour
aider leurs parents proches, même au détriment de leur propre survie ou reproduction.
L'idée sous-jacente est que l'aide aux parents proches peut améliorer la transmission des
gènes communs, contribuant ainsi à la persistance des traits altruistes dans une population.

La théorie de la sélection de parentèle a été appliquée à divers comportements sociaux


observés dans le règne animal, y compris chez les humains. Elle offre une perspective
intéressante pour comprendre pourquoi l'altruisme et l'entraide sociale peuvent évoluer,
même lorsque cela semble aller à l'encontre de la logique de la sélection naturelle
darwinienne centrée sur l'individu.

Théorie de l'avantage réciproque


La théorie de l'avantage réciproque, également appelée théorie de l'échange social, est une
perspective qui examine les interactions sociales sous l'angle de la réciprocité. Selon cette
théorie, les individus sont motivés à aider les autres parce qu'ils s'attendent à recevoir
quelque chose en retour, directement ou indirectement. L'idée fondamentale est que
l'altruisme et l'entraide sociale sont en réalité des stratégies rationnelles qui maximisent les
avantages individuels.

Les principaux points de la théorie de l'avantage réciproque sont les suivants :

1. Calcul coût-bénéfice : Les individus évaluent les coûts et les avantages associés à
une action sociale, qu'il s'agisse d'aider quelqu'un ou de fournir un service. S'ils estiment
que les avantages potentiels l'emportent sur les coûts, ils seront plus enclins à offrir leur
aide.
2. Attentes de réciprocité : Les individus ont des attentes de réciprocité, ce qui
signifie qu'ils anticipent une réponse positive à leurs actions sociales. Cela peut se traduire
par des faveurs directes en retour ou par une augmentation de la probabilité que la
personne aidée les aide à leur tour dans le futur.
3. Maintien de relations : Les relations sociales sont perçues comme des
investissements. En aidant les autres, les individus renforcent leurs liens sociaux, ce qui
peut avoir des avantages à long terme tels que le soutien émotionnel, la collaboration dans
des projets communs, ou d'autres formes de coopération.
4. Normes sociales : La société joue un rôle important dans la formation des normes
sociales qui encouragent l'entraide. Les individus peuvent se sentir socialement obligés
d'aider les autres en raison de normes culturelles, de valeurs partagées ou de pressions
sociales.
5. Évolution humaine : Certains chercheurs soutiennent que la propension à l'entraide
sociale a évolué chez les humains en raison de son avantage adaptatif. Les groupes sociaux
bénéficient de la coopération, ce qui favorise la survie et le succès reproducteur.

En résumé, la théorie de l'avantage réciproque propose que l'entraide sociale a ses racines
dans la rationalité individuelle, où les individus sont motivés à aider les autres en
anticipant des bénéfices directs ou indirects en retour. Cela offre une perspective
intéressante pour comprendre les mécanismes sous-jacents à l'altruisme dans les
interactions sociales.

Théorie de l'altruisme réciproque


La théorie de l'altruisme réciproque est une idée développée dans le domaine de la
psychologie évolutionniste pour expliquer l'émergence et le maintien de comportements
altruistes au sein des groupes sociaux. Cette théorie suggère que les individus sont enclins
à aider les autres, même s'il y a un coût immédiat pour eux-mêmes, dans l'espoir de
recevoir une aide en retour ultérieurement. Ainsi, l'altruisme réciproque est fondé sur le
principe de l'échange de faveurs entre les individus.

Voici quelques points clés de la théorie de l'altruisme réciproque :

1. Coopération à long terme : L'altruisme réciproque suppose que les individus


vivent dans des environnements sociaux stables et interagissent de manière répétée avec
les mêmes individus au fil du temps. Dans un tel contexte, il devient avantageux de
coopérer et de s'entraider.
2. Mécanismes psychologiques : Selon cette théorie, les mécanismes psychologiques
tels que la capacité à reconnaître les visages, à se souvenir des interactions passées, et à
évaluer la réputation des autres, jouent un rôle crucial dans le développement de
l'altruisme réciproque.
3. Calcul coût-bénéfice : Les individus engagés dans l'altruisme réciproque ne sont
pas nécessairement altruistes dans chaque interaction. Ils peuvent évaluer le coût et le
bénéfice associés à chaque acte d'aide et décider en fonction de la probabilité de recevoir
une aide en retour.
4. Réputation : La réputation joue un rôle essentiel dans l'altruisme réciproque. Les
individus ont intérêt à maintenir une bonne réputation au sein de leur groupe social, car
cela augmente la probabilité de recevoir de l'aide lorsque nécessaire.
5. Évolution : Selon la perspective évolutionniste, les comportements favorisant la
coopération et l'altruisme réciproque peuvent être sélectionnés au fil du temps, car ils
contribuent à la survie et à la reproduction des individus et de leurs gènes.

En résumé, la théorie de l'altruisme réciproque suggère que l'altruisme peut émerger et être
maintenu dans une société lorsque les individus ont des interactions répétées, sont
capables d'évaluer les coûts et les bénéfices de leurs actions, et sont sensibles à la
réputation au sein de leur groupe social.

Vous aimerez peut-être aussi