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Claude Germain
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Klincksieck | « Ela. Études de linguistique appliquée »
ISSN 0071-190X
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-ela-2001-3-page-455.htm
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CONCEPT-CLÉ DE LA DIDACTOLOGIE ?
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ces conséquences :
1. les didacticiens des langues sont en possession d’un ensemble disparate
de données, difficiles à interpréter faute d’un cadre théorique ou
conceptuel unifié ;
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plines contributoires à l’enseignement des langues (Germain, 1995b).
Comme le fait observer pertinemment D. Allwright : « Clearly, prescrip-
tion is inappropriate if descriptive techniques are inadequate » (1988 : 53).
Toute théorie scientifique élabore, construit son objet d’étude. L’objet
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d’étude d’une science n’est pas une donnée objective qu’il suffirait tout
simplement de découvrir ; il s’agit, au contraire, d’un objet qui doit être
construit par le chercheur, à partir d’un certain nombre de présuppositions.
C’est d’ailleurs ce qui explique la possibilité d’une multiplicité de théo-
ries portant sur un même objet. Dans le domaine qui nous occupe, il y a
pourtant un champ d’étude qui ne relève d’aucune autre discipline : le
processus de l’enseignement. Une théorie de l’enseignement des langues
doit viser, avant tout, à mieux définir et comprendre le processus de l’en-
seignement d’une L2 et, partant, de l’apprentissage d’une L2 (but premier
de l’enseignement).
Tout comme l’objet de la science est un construit, l’unité propre d’ana-
lyse que se donne toute discipline scientifique est un construit. L’unité
propre d’analyse de l’enseignement d’une L2 sera ici conçue comme l’ac-
tivité didactique, unité de base de l’enseignement, dotée à la fois d’une
forme (une activité observable en salle de classe, comme un jeu de rôle,
une simulation, une révision systématique de la matière vue, une présen-
tation d’un nouveau point de grammaire, etc.) et d’un contenu d’appren-
tissage (ou portion de la matière enseignée).
Pour se constituer en discipline scientifique, l’étude de l’enseignement
d’une L2 (qu’il ne faut pas confondre avec l’activité pratique d’enseigner,
objet de cette étude) se doit de délimiter son domaine d’étude. À cette fin,
précisons que le concept d’enseignement est entendu ici dans un sens très
large, de manière à englober, par exemple, à la fois la planification, l’en-
semble des activités curriculaires, l’activité pratique d’enseigner (qui se
déroule en salle de classe), et l’évaluation. Toutefois, pour des raisons
pratiques et méthodologiques, il ne sera question, dans la suite de cet
exposé, que de la portion de l’enseignement qui se réalise effectivement
dans une classe de L2 : les activités didactiques proprement dites (d’en-
seignement ou d’apprentissage) telles qu’effectuées par un enseignant ou
par des apprenants dans une salle de classe.
Une éventuelle théorie de l’enseignement des langues ne saurait se
constituer en l’absence de concepts scientifiques. Pour le moment, compte
tenu de l’état embryonnaire dans lequel se trouve l’étude de l’enseigne-
ment, nous nous contenterons de faire la distinction entre deux grands
ordres de concepts : ceux qui se rapportent à la FORME (en majuscules,
pour ne pas confondre avec le plan de la forme d’une activité didactique,
dont il vient d’être question) et ceux qui relèvent plutôt du CONTENU
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(en majuscules). Sur le premier plan, les deux principaux concepts sont
ceux de cours (de 45 heures, par exemple) et de leçon (un période de 50
minutes, par exemple). Sur la plan du CONTENU, on aurait intérêt à faire
la distinction entre une série hiérarchisée de concepts, en partant du
contenu global d’un cours (de 45 heures) où cours relève à la fois de la
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FORME et du CONTENU, pour découper en quelque sorte la matière du
cours en chapitres, puis en unités, en phases et, enfin, en activités didac-
tiques (A.D.), dont certaines seront minimales. Comme il n’y a pas d’iso-
morphisme entre ces deux plans, une des difficultés de l’activité pratique
d’enseigner consiste précisément à tenter de faire entrer un certain
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CONTENU
Cours
Chapitres
Unités
Phases (macro A.D.)
Activités didactiques (A.D.)
Figure 1 – La FORME et le CONTENU de l’enseignement
Quoi qu’il en soit de ces distinctions, il reste que toute théorie scienti-
fique repose sur des régularités qui se présentent, la plupart du temps,
sous la forme de structures. À ce sujet, Carl Hempel, le grand épistémo-
logue contemporain, nous rappelle que, même dans le domaine des
sciences de la nature,
le but des théories est d’exprimer des régularités […]. En tout état de cause, c’est
en plongeant sous la surface des phénomènes familiers que les sciences de la nature
ont obtenu leurs vues les plus profondes et de la portée la plus grande ; il n’est donc
pas surprenant que certains penseurs considèrent les structures, les forces et les
processus sous-jacents comme les seuls éléments réels qui constituent le monde.
(Hempel, 1972 : 109 et 121)
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en les unifiant systématiquement. Elle les rattache en totalité aux mêmes processus
sous-jacents. (Hempel, 1972 : 117)
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/Pratique : écoute (dialogue)/
/Pratique : production écrite/
etc.
L’A.D. /exploitation/ a pour but « d’exploiter », c’est-à-dire de mieux
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faire comprendre, soit le texte enregistré d’un dialogue, soit le texte écrit
d’un manuel, soit le contenu d’une série d’illustrations. Cette activité
consiste en une série de questions-réponses à partir d’images, d’enregis-
trements, etc.
L’A.D. /transposition/ a pour but de « faire transposer » dans la vie
personnelle de l’élève les éléments (langagiers) nouvellement appris et, le
cas échéant, pratiqués. Il s’agit d’une sorte d’activité d’appropriation
personnelle impliquant directement les élèves dans leur vie. Cette activité
se rapproche de l’usage de la langue visé dans la vie réelle : c’est pour-
quoi elle fait appel, le plus souvent, au je.
L’A.D. /révision/ a pour but de « réviser » les éléments (langagiers)
déjà appris, le plus souvent au cours de leçons antérieures, mais pas
nécessairement.
L’A.D. /correction/ a pour but de « corriger », c’est-à-dire de reprendre
de façon systématique et relativement élaborée la production de formes
linguistiques erronées.
L’A.D. /vérification/ a pour but de « vérifier » de façon systématique
et relativement élaborée les éléments (langagiers) appris et, le plus
souvent, déjà pratiqués.
Dans l’exemple fourni à l’Appendice 2, on observe, dans cette partie de la
leçon, les cinq didactèmes suivants (par convention, la forme du didactème
figure entre traits obliques alors que le contenu figure entre guillemets) :
Forme Contenu
/Révision : exploitation (images)/ « Gr. + Voc. : identité ; il/elle + adj. »
/Révision : transposition/ « Lgue : formules (identité : Comment
il s’appelle ?) »
/Présentation/ « Lgue : formule (identité : Quelle est
[nationalité] ?) »
/Exploitation (images)/ « Gr. + Voc. : Identité »
/Présentation/ « Gr. : il a/il est (âge) »
4. LA STRUCTURE SÉQUENTIELLE
L’ensemble des didactèmes d’une leçon forme une suite, un déroule-
ment linéaire, chronologique. À l’examen, il paraît possible de dégager
461
une structure séquentielle, faite de régularités de combinaisons de didac-
tèmes (du moins, chez un même enseignant ; de nouvelles études, portant
sur d’autres enseignants, permettront éventuellement de vérifier l’étendue
de cette caractéristique). C’est ainsi qu’à partir du corpus examiné
jusqu’ici, on peut dégager la régularité suivante :
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P + Pra
Tra
Exp
5. LA STRUCTURE HIÉRARCHIQUE
Le projet de recherche sur lequel reposent les données rapportées ici est
intitulé : ASHILE (Analyse de la Structure Hiérarchique de Leçons). En
effet, un des présupposés fondamentaux de l’étude est que l’activité
pratique d’enseigner serait articulée autour de deux types complémentaires
de structures : une structure de surface séquentielle (linéaire) et une struc-
ture profonde, d’ordre hiérarchique (Germain, 1990). Autrement dit, une
fois la segmentation du corpus réalisée, se dégage un certain déroulement
séquentiel dont on peut tenter de dégager une structure, comme on vient
462
de le voir. Toutefois, tout porte à croire que l’on peut poursuivre l’analyse
à un autre niveau, plus abstrait, permettant cette fois de regrouper
plusieurs didactèmes, de manière à constituer des A.D. non minimales,
voire des macro A.D. Cela revient, en quelque sorte, à reconstituer a
posteriori la planification de la leçon telle que celle-ci s’est effectivement
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déroulée, avec tout ce que cela implique de déviation par rapport à ce qui
avait été initialement prévu.
En procédant ainsi, on voit mieux toute la complexité de l’activité d’en-
seigner, qui consiste à opérer un certain nombre de retours sur ce qui a
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Claude GERMAIN
Université du Québec à Montréal (UQAM)
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BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXE 1. — EXEMPLES DE DIDACTÈMES
Forme Contenu
001-013 P-Es /Présentation/ « Lgue : formules (identité : Je m’appelle / vous) »
014-069 E-E /Transposition/ « «
[…] […]
317-442 Es /Pratique : Écoute (dial.)/ « Gr. + Voc. : identité (date de naissance, nationalité…) »
(altern.)
P-Es /Exploitation « «
(dialogue + images)/
442-483 E-E /Pratique : lecture (dial. à compléter), « «
P-Es rép. Orale, puis écrite/
484-618 E-E /Pratique : jeu de rôle/ « «
Forme Contenu
001- 140 P-Es /Révision : exploitation (images)/ « Gr. + Voc. : identité ; il/elle + adj. »
038- 056 P-Es /Révision : transposition/ « Lgue : formules (identité : Comment il s’appelle ?) »
141- 179 P-Es /Présentation/ « Lgue : Formule (identité : Quelle est [nationalité] ?) »
180- 320 P-Es /Exploitation (images)/ « Gr. + Voc. : identité »
246- 300 P-Es /Présentation/ « Gr. : il a/il est (âge) »
Les chiffres réfèrent aux numéros de lignes du corpus transcrit et les données de la deuxième colonne servent
à identifier le type d’interaction : P = professeur ; Es = élèves)
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ANNEXE 3. — LA STRUCTURE HIÉRARCHIQUE
D’UNE LEÇON (EXTRAIT)
OUVERTURE
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OUVERTURE
A.D. prép.
/Pratique : discussion (ss-groupes)/ « Lgue : emploi »
O
A.D. rétro
/Présentation/ « Voc. »
Y
A.D. dir. A.D. dir.
A /Pratique : exposé/ « Lgue : emploi »
O
A.D. coord. 1
U A.D. rétro
/Pratique : questions-comment./ « Voc. »
A.D. dir.
- /Pratique : exposé/ « Lgue : emploi »
Y
A.D. rétro incidente
A.D. coord. 2
/Correction/ « Gr. »
T
A.D. rétro
H /Pratique : questions-comment./
« Lgue : emploi »
E A.D. dir.
A /Pratique : exposé/ « Lgue : emploi »
A.D. coord. 3
M A.D. rétro
/Pratique : questions-comment./
« Lgue : général »
E
A.D. dir.
A.D. coord. 4
/Pratique : exposé/ « Lgue : emploi »
U I
A.D. rétro
/Correction/ « Phonétique »
CLÔTURE