Vous êtes sur la page 1sur 12

Que dit vraiment la règle de droit ?

L’interprétation
OBSTACLE MATÉRIEL : CONNAISSANCE DE L’EXISTENCE DE LA RÈGLE
C’est au juge de donner le droit c'est-à-dire de dire quelle est la règle de droit applicable au
litige. Pour cela, il doit connaitre les règles de droit.
Le 1er obstacle pour qu’il y ait une connaissance de la règle de droit c’est que la règle de droit
elle-même prenne une forme qui permette qu’on la connaisse.
L’écriture de la coutume a été un moyen pour le pouvoir royal de mettre fin à cette source
fondamentale de règles de droit et ça les a rendus extrêmement faciles à connaitre
Aujourd'hui, les règles de droit sont pour l’essentiel écrites cependant, le problème c’est que
ça n’a pas été toujours le cas.
Initialement, la difficulté qui se posait était que les règles de droit étaient des règles non
écrites.
Au début de Rome, les règles étaient des règles divines. Et ceux qui connaissaient la volonté
divine étaient les pontifes qui interprétaient la volonté des Dieux c’est pour cela que la règle
n’était pas écrite.
Une fois que le phénomène religieux a été distingué du phénomène juridique, une fois qu’il y
a eu une laïcisation du droit c'est-à-dire que l’on est passé du fast au jus (droit) et bien l’une
des conquêtes de la Plèbe a été d’obtenir que ces règles de droit soient écrites. La loi des 12
tables en 451 avant JC est une des conquêtes de la Plèbe parce qu’une fois la règle écrite, on
ne peut pas lui faire dire ce que l’on veut. L’écriture de la règle de droit donne une certitude
et une objectivité à la règle de droit. N’importe qui pourra ainsi vérifier si le juge applique la
bonne règle de droit.
Aujourd'hui, les coutumes sont écrites par des organismes telles que les chambres des
commerces et industries ou les chambres régionales d’agriculture et elles sont également
codifiées par elles.
Quant à la Jurisprudence, elle est écrite aussi.
Le problème c’est le très grand nombre de règles de droit.
Comment fait-on pour faciliter le travail du juge pour qu’il puisse se repérer plus
facilement ?
Depuis 1989, le gouvernement s’est lancé dans une rationalisation de la présentation des
règles de droit pour les rationaliser, il les a codifiées. On a créé une commission supérieure
de codification.
Code : codex : c’est un ouvrage dans lequel on a cousu des pages. Le but est de créer des
codes dans lesquels on va avoir toutes les règles de droit applicables en France sur un sujet
donné (code civil, pénal…). Aujourd’hui, il y a plus de 80 codes en France que l’on peut
trouver sur Légifrance
Aujourd'hui, les codifications modernes se composent d’articles qui commencent par une
lettre (soit L en référence à la loi qui a été adoptée par le parlement (article 34 de la
Constitution) ou soit R qui provient du pouvoir règlementaire (article 38 de la Constitution)).
L’avantage de cette codification c’est qu’elle permet de modifier facilement
Aujourd'hui, il suffit d’ouvrir le code correspondant pour trouver toutes les règles de droits
qui touchent à la matière qui nous intéresse.
Le problème principal est l’obstacle intellectuelle.

OBSTACLE INTELLECTUEL : CONNAISSANCE DU SENS DE LA RÈGLE


Que veut dire la règle de droit ?
Schématiquement d’un point de vue philosophique, pour certains théoriciens un texte de loi
aurait toujours un sens unique, il ne veut dire qu’une seule chose, le sens est
immédiatement perceptible, il est clair. Sinon, on dit qu’il est obscur et donc il faudra
interpréter ce texte en utilisant divers méthodes
Et pour certains philosophes américains, dont un très célèbre qui s’appelle Herbert Hart,
« un texte en tant que tel n’a pas de sens véritable il est susceptible d’accueillir n’importe
quel sens et celui qui va vraiment donner un sens c’est l’interprète » (le juge en principe).
Les partisans de cette école font partis l’école réaliste car ils nous disent que ce qui est réel
dans le droit ce ne sont pas les règles de droit comme on les lient dans les textes. Pour
Herbert Hart, ce n’est pas du droit car ces textes en tant que tels ne disent rien. Là où le
droit prend sa substance, c’est lorsque le juge va l’interpréter. Le vrai pouvoir n’appartient
pas à celui qui fait le texte mais à celui qui l’interprète et l’applique
 Le vrai droit pour lui est la manière dont ces textes sont interprétés par certaine autorité
(le juge).
Ces deux écoles sont caricaturales. Penser qu’un texte de loi ne peut avoir qu’un sens c’est
faux. Il y a des cas où il peut y avoir deux interprétations conflictuelles qui peuvent être
toutes les 2 solides.
La lettre du texte contraint quand même beaucoup la personne qui va l’appliquer.
Ex : Arrêt de Jurisprudence qui résulte d’une décision du Conseil d'État qui date du 27
octobre 1995 qui est l’arrêt dit de Morsan-sur-Orge (l’affaire du lancer de nain). Dans cette
commune, il y avait une boite de nuit qui avait organisé un spectacle pour attirer des clients
et il fallait lancer un nain le plus loin possible. Le maire apprend ça et il n’est pas d’accord et
il prend alors un arrêté municipal pour interdire ça sur la commune.
Le patron de la discothèque et l’organisateur du spectacle n’étaient pas d’accord avec cet
arrêté et ils attaquent donc l’arrêté du maire. Ils font alors un « recours pour excès de
pouvoir ».
Le maire avait-il le droit ? selon l’article 2212-12 des Collectivités territoriales «la police
municipale a pour rôle d’assurer le bon ordre, la sureté, la sécurité et la salubrité publique ».

La police municipale (pouvoir de la municipalité, du maire) ce sont les pouvoirs qu’on


reconnait au maire pour assurer la paix publique.
Donc, a priori, ce n’est pas dans ses pouvoirs. N’empêche que, le Conseil d'État a interprété
cet article du code des Collectivités territoriales en disant « le respect de la dignité humaine
est une composante de l’ordre publique. » De ce fait, le maire avait le droit d’interdire ce
spectacle légitimement.
Les différences entre la qualification et l’interprétation de la règle de droit :
- La qualification de la règle de droit est de savoir si la situation de fait porte atteinte à
la dignité humaine.
- L’interprétation : est-ce-que la règle de droit peut être attribuée de telle sorte que
ces pouvoirs de police attribués au maire lui permettent de protéger le bon ordre
donc la dignité humaine. Ce à quoi le Conseil d'État a répondu oui.

I/ L’INTERPRÉTATION PAR LE POUVOIR LÉGISLATIF


La première autorité qui a la capacité et le pouvoir d’interpréter des règles de droit est
évidemment le pouvoir législatif puisque la plupart des règles de droit aujourd’hui émanent
du souverain et le souverain s’exprime par des lois. Il semble donc assez logique que celui
qui fait la loi, lorsqu’il y a un problème relativement à son sens, soit celui qui l’a écrite qui
soit capable de dire que la loi veut dire ceci ou plutôt cela.
A. HISTOIRE
Historiquement, cette idée d’interprétation des lois par le pouvoir législatif s’est
retrouvée sous l’ancien régime où le roi interprétait ses ordonnances. Il y a une
ordonnance de 1667 qui énonçait « si dans les jugements des procès qui seront pendants
en nos Cours de parlement, il survient aucun doute ou difficulté sur l’exécution de
quelques articles de nos ordonnances, édits, déclarations et lettres patentes, nous leur
défendons de les interpréter, mais voulons qu’en ce cas elles aient à se retirer par devers
nous pour apprendre ce qui sera de notre intention ».
Le problème avec les juges est qu’ils n’en faisaient qu’à leur tête et n’appliquaient pas
forcément les règles du Roi, il a donc fallu trouver un système afin que les juges
appliquent correctement les lois
A la Révolution, on est dans une situation politique où l’on magnifie la loi : c’est la
volonté du souverain et le souverain, c’est le peuple. Personne ne peut aller contre la
volonté du peuple et on a gardé en souvenir les excès des parlements (tribunaux de
l’ancien régime) qui depuis toujours avaient fait obstacle à l’application des ordonnances
royales. Très naturellement donc, à la Révolution française, on avait autorisé les
tribunaux, lorsqu’il y avait une difficulté dans l’interprétation des lois édictées par le
pouvoir révolutionnaire à s’adresser au corps législatif (assemblées parlementaires de
l’époque) pour connaître le sens de la loi. On avait mis en place un système de référé
législatif : lorsqu’une Cour appliquait une règle de droit, l’interprétait et lui donnait un
sens qui n’était pas le bon, le tribunal de cassation cassait la règle pour mauvaise
application de la loi et demandait à la cour de la réutiliser correctement. Si un autre
« essai », la cour interprétait encore une fois la loi de la mauvaise manière, il y avait une
deuxième cassation. Puis, si la cour s’entêtait à interpréter la loi incorrectement et que le
tribunal était saisi une troisième fois, il devait renvoyer le problème devant le corps
législatif (parlement) et le Parlement rendait un décret déclaratoire du sens de la loi = il
disait ce que voulait dire la loi. On a laissé tomber ce système en 1815, au moment où la
monarchie a été rétablie, car il ne fonctionnait pas correctement.
B. LOIS INTERPRÉTATIVES.
1. Difficulté.
Le Parlement (Assemblée nationale + Sénat) vote une loi et il s’avère qu’il y a une
difficulté d’interprétation car le sens de la loi n’est pas clair. Il est tout à fait
possible que le Parlement vote une loi interprétative. Ce n’est pas une loi
nouvelle, c’est une loi qui simplement, a vocation d’interpréter la loi mise en
place quelques semaines, mois ou années auparavant. Ces lois interprétatives ont
un statut très particulier parce qu’elles font corps avec la loi ancienne. Elles ne
disent pas quelque chose de nouveau mais ce que la loi qu’elles interprètent a
toujours dit, on clarifie ce que la règle a toujours voulu dire. La loi interprétative
ne s’applique pas à compter du moment où elle est votée mais à compter du
moment où la loi qu’elle a pour but d’interpréter a été votée. Elle a un effet
automatiquement rétroactif (qui exerce une action sur ce qui est antérieur, sur le
passé).
Ces lois interprétatives soulèvent une difficulté importante. On vote une loi
interprétative pour ne pas laisser le juge décider de l’interprétation car celui-ci,
lorsqu’il a dû appliquer une loi qui était obscure, lui a donné un sens. Si ce sens
convient parfaitement au Parlement, aucune loi interprétative ne sera votée mais
au contraire si l’interprétation ne convient pas, que le Parlement veut lui donner
un autre sens, une loi interprétative sera votée. Le Parlement veut donner un
sens différent à la loi parce que très souvent, l’interprétation du juge est
défavorable aux intérêts de l’État. C’est donc pour instaurer une interprétation
plus favorable à l’État que le Parlement va prendre la peine de voter une loi
interprétative.
Si on vote une loi interprétative pour imposer au juge d’interpréter la loi dans un
sens favorable à l’État, c’est qu’il existait un procès entre un administré et l’État
et que ce dernier fait voter une loi pour s’avantager, pour l’interpréter d’une
manière qui lui est favorable. Or, là se pose un problème d’égalité des armes :
l’État peut imposer une interprétation spécifique de la loi au juge mais le
particulier lui ne peut pas le faire. Ils ne se battent donc pas à armes égales alors
que dans le procès il y a un principe d’égalité des armes.
Ce problème a été illustré par un arrêt de la Cour Européenne des droits de
l’Homme qui est un arrêt de condamnation de la France : l’arrêt Zielinski du 28
octobre 1999. C’est une loi qui prévoyait en matière de sécurité sociale que
certaines personnes avaient le droit à des indemnités de sécurité sociale. Cette
indemnité qui était normalement versée à des salariés, le texte qui prévoyait ces
modalités de calcul était confus et pas clair. Il y avait 2 façons de calculer : une
indemnité très favorable aux salariés et une façon qui était moins favorable aux
salariés. Les tribunaux qui ont interprété cette loi ont retenu la façon favorable
pour les salariés mais c’est défavorable au budget de l’État. L’État a donc voté
une loi interprétative pour dire que c’est la 2 ème façon de calculer qui doit être
prise en compte. Un salarié à qui on a imposé ce mode de calcul de l’indemnité, a
fait un recours devant les tribunaux jusqu’en Cour de cassation, en cassation on
lui a donné tort, il a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme et la France
s’est fait condamner pour violation de l’article 6 de la Convention européenne
des droits de l'Homme (= égalité des armes).
2. Évolution : Cour EDH.
La Cour Européenne dit que la France ne peut plus trop prendre de lois
interprétatives sauf lorsque l’État n’est pas concerné auquel cas il n’y a aucun
problème d’égalité des armes et, même lorsque l’État est concerné, il peut
prendre une loi interprétative si « d’impérieux motifs d’intérêt général
l’exigent ».
Ce qui est sûr c’est que même lorsqu’on vote une loi interprétative, en aucun cas
elle ne pourrait avoir pour conséquence de remettre en cause des décisions de
justice qui sont passées en force de choses jugées (= définitives, aucun recours
possible). En revanche, pour les procès en cours, le juge devra appliquer la loi
interprétative si celle-ci est votée en cours de route.

II/ L’INTERPRÉTATION PAR LE POUVOIR EXÉCUTIF


A. INTERPRÉTATION DES TRAITÉS
La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné la France dans une affaire
Beau Martin en 1994. Avant même d’être condamné, comme le Conseil d'État savait
qu’il allait être condamné, il a modifié sa jurisprudence.
Aujourd’hui, l’interprétation des traités internationaux n’est plus faite par le pouvoir
exécutif mais par le juge.
B. INTERPRÉTATION DES LOIS.
1. Réponses ministérielles
C’est une réponse faite par un ministre à une question qui lui est posée par un
parlementaire.
En général le parlementaire n’invente pas la question, c’est un administré qui la
pose à son député et celui-ci va lors des questions au gouvernement à
l’assemblée, poser la question. Aujourd’hui, les questions sont là pour interpréter
le sens des règles de droit et obtenir une interprétation par le pouvoir exécutif du
sens des règles de droit. On va pouvoir demander au gouvernement d’interpréter
le sens d’un décret présidentiel ou d’un arrêté ou un décret ministériel. Le
gouvernement peut également interpréter le sens d’une loi car il faut savoir que
la plupart des lois votées par le Parlement n’ont à l’origine pas été rédigées par le
parlement, le texte vient d’un projet de loi. Or, le projet de loi vient du
gouvernement avec toujours l’avis du Conseil d’État. Il est donc assez logique de
s’adresser au gouvernement pour demander le sens d’une loi lorsque celui-ci
n’est pas clair. Le ministre concerné par le domaine de la question donnera donc
une réponse. La valeur de la réponse du ministre n’est pas immense car toute
réponse ministérielle est délivrée sous réserve d’une interprétation contraire par
les tribunaux. En aucun cas l’interprétation donnée par le pouvoir exécutif ne
pourra lier un juge qui serait saisi d’un problème d’interprétation de ce texte
2. Circulaires
C’est un document interne à l’administration qui permet d’organiser le
fonctionnement de l’administration. Le ministre, lorsqu’il fait fonctionner son
administration en lui donnant des ordres, des instructions, le fait par circulaire.
Une circulaire ministérielle a très souvent pour but d’expliquer à l’administration
comment est-ce qu’elle doit appliquer les textes de loi qu’elle est chargée de
mettre concrètement en œuvre. Ces circulaires sont importantes et comme il est
important pour un citoyen de savoir de quelle manière l’administration va
appliquer les textes, elles vont être publiées dans un bulletin officiel (chaque
administration a son bulletin officiel) et on les retrouve également sur un site
internet dédié circulaires.gouv.fr.
Les circulaires sont obligatoires oui et non. Elles sont obligatoires pour les
fonctionnaires car une circulaire vient du ministre et c’est lui qui donne une
instruction donc en tant que fonctionnaire vous êtes subordonné et vous
appliquez ce que vous dit votre chef, le ministre. Les circulaires sont obligatoires
pour l’administration en cause. On respecte les circulaires de son ministre, les
ordres de son ministre. En revanche, pour un administré, un particulier, les
circulaires ne sont pas obligatoires. Si en tant que citoyen vous n’êtes pas
d’accord avec la circulaire du ministre vous pouvez saisir le juge pour contester
l’interprétation qui est faite et la manière dont on vous applique le texte et le
juge restera parfaitement souverain et pourra dire que même s’il faut interpréter
la circulaire de telle manière, il estime qu’on peut l’appliquer d’une telle autre
manière. Comme une réponse ministérielle, en aucun cas une circulaire peut lier
le juge.
Les circulaires sont extrêmement nombreuses (environ 3000 par an) et jouent un
rôle considérable en pratique puisque très souvent lorsque vous êtes dans la
fonction publique, même si la loi a été votée, même si vous avez les règlements
d’application lorsque l’administration n’a pas reçu la circulaire d’application de la
loi, du décret de l’arrêté, elle n’applique pas le texte.
3. Rescrits
C’est une procédure consistant à susciter une prise de position de la part de
l’administration sur l’application d’une norme à une situation de fait.
La différence entre une réponse ministérielle et un rescrit est qu’une réponse
ministérielle est donnée à l’Assemblée nationale le mercredi après-midi lors des
débats. La réponse donnée est une réponse générale sur le sens d’une loi ou d’un
décret ou d’un arrêté. Le rescrit est vraiment, lui, pour une situation particulière.

III/ L’INTERPRÉTATION JUDICIAIRE


A. PLACE DU JUGE
Le métier du juge par définition est de trancher un litige en utilisant pour se faire un outil
qui est la règle de droit et pour utiliser convenablement cet outil il faut savoir ce qu’il
veut dire, ce que veut dire cette règle de droit et il faut l’interpréter. Il est évident que le
juge a toujours été, est toujours au premier rang des autorités qui sont chargées
d’interpréter les règles de droit, de leur donner un véritable sens. Le juge a une place
centrale dans l’interprétation.
B. L’INTERPRÉTATION LOGIQUE
Pour interpréter une règle de droit il y a plusieurs possibilités. Il y a d’abord la possibilité
de recourir à la logique. Si le juge est un peu logique, rationnel, raisonnable il va pouvoir
savoir ce que dit exactement la règle de droit et s’il doit ou pas l’appliquer dans telle
circonstance. L’intérêt de ces arguments logiques à priori est que pour savoir quel est le
sens de la règle de droit il suffit de faire appel à la logique, comme la logique est la même
pour tous c’est purement l’application de la raison, du caractère raisonnable d’un
raisonnement et n’importe quel juge appliquera n’importe quelle loi exactement de la
même manière.
Quels sont les arguments logiques qu’on utilise pour interpréter une règle de droit ?
1. Application entière de la règle
Premièrement, quand on a une règle de droit, la logique impose qu’on l’applique
totalement à son domaine, à toutes les situations auxquelles a vocation cette
règle de droit à s’appliquer. Cela s’explique par l’idée qu’il ne faut pas distinguer
là où la loi ne distingue pas. Les juristes traduisent cela sous la formule latine, la
maxime : « ubi lex non distinguit nec nos distinguere debemus » = là où la loi ne
distingue pas nous ne devons pas distinguer non plus. Il est parfois délicat
d’appliquer cette règle parce qu’elle entre parfois en conflit avec une autre
maxime qui dit que « là où la raison d’être de la loi cesse, il ne faut plus appliquer
la loi ». La loi a été appliquée pour une raison particulière et si cette raison
particulière n’existe plus, on n’applique plus la loi.
2. Extension du domaine de la règle
Le sens de la règle de droit peut être soumis à des situations que cette règle-là
n’avait pas forcément prévu mais que la logique impose malgré tout d’appliquer à
ces situations. On part d’une règle pour pouvoir dire dans quel cas on peut
étendre ou pas cette règle.
L’argument d’analogie, a pari : l’idée est que les mêmes causes doivent produire
les mêmes effets. On part d’une situation très particulière qu’on généralise et
qu’on peut ensuite appliquer à tout un tas de situations.
L’argument à fortiori : c’est l’argument à plus forte raison. (Ex : la loi dit qu’un
enfant mineur ne peut pas vendre un immeuble qui lui appartient (héritage…). Si
la loi ne dit rien dans l’hypothèse où un mineur veut DONNER un immeuble qui
lui appartient, une maison. Par un argument à fortiori on pourra dire que si la loi
interdit que le mineur vende la maison, à fortiori, à plus forte raison faut-il lui
interdire de la donner ? Une donation est plus dangereuse qu’une vente car on
n’a rien en retour donc à fortiori, si la vente est interdite, la donation est interdite
aussi.)
Le troisième argument logique pour savoir comment interpréter une règle de
droit, étendre le champ d’une règle de droit est l’argument à contrario : si la règle
de droit prévoit que dans une situation donnée il faut appliquer telle solution, à
contrario on va en déduire que dans la situation inverse, il faut application la
solution inverse.
Ex : les ressortissants français majeurs peuvent voter. On en déduit donc que les
étrangers et les mineurs ne peuvent pas voter.
Ces arguments qui paraissent tout à fait logiques, rationnels et incontestables se
retournent très facilement en réalité. On peut dire une chose et son contraire en
utilisant tel ou tel argument. Suivant que vous suivez un argument à fortiori ou à
contrario vous allez aboutir à une portée de la règle complètement différente.
Ces arguments logiques qu’on emploie souvent, qu’on invoque souvent sont en
fait beaucoup moins solides et fiables qu’on ne le pense.
Si on sort de ces arguments, il y 2 façons pour le juge d’interpréter la loi, 2
positionnements du juge par rapport à la loi. Soit il se fait serviteur de la loi, il a
une approche servile de la loi, de la règle de droit. Il est là pour servir, il ne prend
aucune initiative. Soit au contraire, il va affirmer son pouvoir créateur du sens de
la règle de droit.
3. Remarque générale
C. L’INTERPRÉTATION SERVILE
Cette servilité du juge par rapport à la règle de droit peut se concevoir à un double
niveau : soit il va respecter le texte de la loi, la lettre de la loi. Soit il va respecter la
volonté de l’auteur de la loi, de la règle de droit. Il va se soumettre à la volonté du
Parlement.
1. La lettre de la loi : l’exégèse
L’école de l’exégèse (courant doctrinale) dit que lorsqu’on est face à une difficulté
d’interprétation d’une règle de droit, il faut lire la lettre c’est-à-dire ce qu’il y a
dans les mots, les virgules, la ponctuation... pour découvrir le sens du texte de loi.
C’est une interprétation littéraire du sens de la règle. Cette idée de l’exégèse n’est
avant tout pas un courant juridique. C’est d’abord un mouvement religieux,
l’étude des textes sacrés pour leurs donner du sens. A l’origine l’exégèse est donc
l’étude des textes sacrés. Cette idée d’interpréter les textes en lisant leurs lettres
et en leur faisant produire du sens va ensuite être utilisée dans le domaine
juridique notamment parce qu’à Bologne en Italie dans une bibliothèque au XI ème
siècle on a retrouvé le corpus juris civilis qui avait disparu depuis des années, le
fameux corps de droit élaboré par Justinien. Plus tard, en 1804 lorsque Napoléon
va promulguer le Code Civil, les juristes français vont faire de l’exégèse du Code
Civil. Ils vont prendre les articles un par un et les commenter, leur faire produire
du sens… L’exégèse : faire produire du sens en utilisant la lettre de la loi. A cette
école de l’exégèse s’opposent d’autres auteurs qui disent qu’il ne faut pas tenir
compte de la lettre de la loi. Ce qui compte dans la loi selon eux n’est pas la
manière dont le souverain s’est exprimé, ce qu’il a dit exactement mais ce qu’il a
voulu dire. Donc deuxième courant : il ne faut pas se faire le serviteur de la loi
mais le serviteur de la volonté du souverain lorsqu’on essaie d’interpréter une loi
ou de la volonté de l’auteur d’une règle de droit.
2. L’esprit de la loi : le volontarisme
Comment fait-on pour savoir quelle a été l’intention de l’auteur de la règle de
droit ?
Si on prend une loi, le Code Civil de 1804 par exemple, avant que l’on en vienne à
le promulguer il a fait l’objet de beaucoup de travaux, beaucoup de discussions
avec la plupart des réunions présidées par Bonaparte. Quand on a un problème
d’interprétation d’un article du Code Civil, on peut aller lire les travaux
préparatoires du Code Civil qui occupent 30 volets. C’est une façon de découvrir
la volonté du législateur.
Aujourd’hui, lorsqu’une loi est votée en amont il y a eu des débats
parlementaires, on a discuté à l’Assemblée Nationale et au Sénat et en lisant les
travaux préalables parlementaires consignés dans le journal officiel. Cette
technique d’interprétation est très critiquée. La première critique est liée à son
hypocrisie car la volonté du souverain n’est pas exacte, on ne sait pas tellement
ce qu’il a voulu dire et lui-même ne le sait sûrement pas. Quand ce n’est pas une
personne unique mais des centaines de parlementaires députés ou sénateurs qui
se mettent enfin d’accord sur le sens d’une loi, on va se rendre compte que tous
n’interprètent pas la loi de la même manière. Quand le commentateur va
exprimer ce que les membres du parlement ont voulu faire, il n’en sait en fait
rien, d’où l’hypocrisie. Cette hypocrisie a été dénoncée par une juriste très
célèbre : François Gény. La deuxième critique qui a été faite est que cette façon
d’interpréter la règle de droit en fonction de l’intention du législateur au moment
où il a exprimé la règle de droit aboutit à figer les choses parce qu’il est tout à fait
possible que le législateur, à l’époque où il a voté la loi, avait telle attention mais
il est tout à fait possible que 50 ans après, cette intention-là ne soit plus du tout
adaptée à la réalité sociale et que si le législateur devait voter aujourd’hui une loi
sur le même problème, il prendrait peut-être une décision différente. Il faut
adapter la loi aux nécessités sociales du jour. Si on dit que l’interprète doit se fier
non pas à la volonté du législateur mais à la volonté qu’aurait eu le législateur s’il
devait aujourd’hui se prononcer sur ce problème, on fait à peu près ce que l’on
veut. On est très proche de ce qu’on appelle l’interprétation non plus servile (par
rapport à la volonté de la loi, la volonté du législateur) mais l’interprétation
créatrice.
D. INTERPRÉTATION CRÉATRICE
1. Notion
L’idée est que face à un texte de loi, à une règle de droit en général, le juge n’est
lié par rien du tout. Ni par la lettre de la loi, ni par la volonté passée du
législateur, ni par la volonté qui serait celle aujourd’hui du législateur s’il devait
légiférer. Il est totalement libre. La seule chose qu’il doit faire est d’invoquer le
texte de loi et lui donner le sens qu’il veut. Le sens de la règle dépend
entièrement de la volonté du juge.
2. Exemple et conséquences
A propos de la responsabilité civile, on a un texte dans le code civil qui est l’article
1382 (1240 aujourd'hui) qui nous dit que « tout fait quelconque de l’Homme qui
cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer ».
Le principe en 1804, c’est que l’on est responsable et l’on doit des dommages et
intérêts uniquement quand on a commis une faute en causant des dommages à
autrui.
Dans le Code civil, il y a deux cas en 1804 où on pouvait être responsable sans
avoir commis aucune faute :
 Article 1385 : c’est quand on était propriétaire d’un animal et que cet
animal peut blesser quelqu'un
 Article 1386 qui disait que l’on est responsable des bâtiments dont on est
propriétaire si leur ruine cause un dommage à autrui
En France au XVIIIème siècle, on est confronté à un mouvement d’industrialisation.
Invention de la machine à vapeur qui sous pression expose ce qui engendre des
dégâts dans les ateliers où travaillent les personnes. C’est un accident du travail
(pas de sécurité sociale). Se retrouver sans travail engendre la misère, l’injustice...
Comment faire pour que l’ouvrier puisse obtenir une indemnité ?
Application de l’article 1382 : l’employeur a commis une faute et il doit des
indemnités aux salariés. Mais l’employé va dire qu’il n’a pas commis de faute. Et
vu que ce n’est ni un animal, ni un bâtiment qui a commis la faute, je ne dois pas
payer d’indemnité.
Le juge a dû se creuser la tête pour trouver une solution. Et, il va trouver un
moyen qui est l’article 1384 du Code civil « on est responsable non seulement du
dommage que l’on cause par son propre fait mais encore de celui qui est causé
par les choses que l’on a sous sa garde ». Le juge a dit dans un arrêt teffaine
(1896) à la fin du XIX ème siècle que ce texte-là voulait dire qu’à chaque fois qu’une
personne avait quelque chose sous sa garde, et que cette chose causait un
dommage, et bien il était responsable qu’il est commis une faute ou non. Et un
employeur est gardien des machines à vapeurs, il doit indemniser le salarié.
1898 : loi sur les accidents du travail.

IV/ LES CONFLITS D’INTERPRÉTATIONS


A. DIFFICULTÉ
On se retrouve confronté à des difficultés lorsqu’on a plusieurs autorités qui sont
appelées à interpréter une règle de droit. Il y a un risque de conflit d’interprétation.
D’abord, lorsqu’il s’agit d’une interprétation de la loi qui est faite par l’autorité
exécutive il n’y a pas de problème puisqu’une circulaire, un rescrit, une réponse
ministérielle est toujours rendue sous réserve d’une décision contraire et d’une
interprétation contraire par les tribunaux. Pour une loi interprétative : si la
jurisprudence/les tribunaux disent qu’il faut appliquer la loi de telle manière et que
par la suite le Parlement n’est pas d’accord et vote une loi interprétative qui donne
un sens exact à ce qu’il dit dans la loi qui a été interprétée de telle manière par les
tribunaux, c’est normalement la loi interprétative qui va s’imposer. Mais, si le juge
considère que cette loi porte atteinte à l’égalité des armes, il l’écarte pour in-
conventionalité à l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme.
On peut même parfois dire que la loi interprétative peut elle-même ne pas être claire
et donc lui donner un sens qui n’est pas forcément celui qu’a voulu lui donner le
législateur. On ne s’amuse pas à cela en général.
Le vrai problème vient des conflits d’interprétation entre les autorités judiciaires.
Comment résout-on ces conflits d’interprétation lorsque plusieurs juges interprètent
différemment la même règle de droit ? Cela dépend des configurations.
B. EXISTENCE D’UNE SUBORDINATION HIÉRARCHIQUE
1. Difficulté
Première configuration : il y a un lien hiérarchique entre les différentes autorités
judiciaires qui sont appelées à interpréter le même texte. Lorsqu’il y a une
subordination hiérarchique, c’est en général l’interprétation donnée par la
juridiction la plus haute dans l’échelle qui va s’imposer. Les plus hautes
juridictions sont le Conseil d’État et la Cour de cassation. Il n’est pas obligatoire
institutionnellement de suivre l’interprétation de la plus haute juridiction, chaque
juge est libre d’interpréter la règle de droit comme il l’entend mais les juges
savent que s’ils l’interprètent différemment il y a un risque non négligeable que si
les parties font un recours en cassation devant le conseil d’État ou la Cour de
cassation, leur interprétation sera remise en cause par la haute juridiction
2. Solution interne
On a mis en place des procédures qui permettent d’obtenir l’avis interprétatif de
la Cour de cassation ou du Conseil d’État avant même que le procès remonte
jusqu’à eux. Cette procédure spécifique date de 1987 devant le conseil d’État, de
1991 devant la Cour de cassation et pour cette dernière on appelle la procédure
la saisine pour avis.
L'article L 441-1 alinéa 1 du code de l’organisation judiciaire énonce : « Avant de
statuer sur une question de droit nouvelle, présentant une difficulté sérieuse et
se posant dans de nombreux litiges, les juridictions de l'ordre judiciaire peuvent,
par une décision non susceptible de recours, solliciter l'avis de la Cour de
cassation » et on retrouve à peu près la même règle pour le Conseil d’État. On ne
peut pas saisir la Cour de cassation dans n’importe quel cas, comme on le voit
dans le texte, il faut que la question n’ait jamais été posée à la Cour de cassation
et qu’elle ait une grande importance pratique parce qu’elle est supposée se poser
dans un grand nombre de litiges. Lorsque la Cour de cassation a donné son avis,
le tribunal qui a posé la question peut soit suivre l’avis de la cour, l’interprétation
proposée soit il ne le suit pas c’est-à-dire qu’objectivement il n’est pas obligé de
se plier à l’interprétation donnée mais en général s’il a pris la peine de demander
l’avis de la Cour de cassation, c’est pour le suivre. En droit il n’est pas tenu de
suivre l’avis de la Cour de cassation, mais en pratique, il va le faire.
3. Solution sur le plan européen
On retrouve la même chose sur le plan européen. Encore une fois il faut bien
distinguer d’un côté l’Europe de l’Union européenne avec ses 26 états membres
et l’Europe du Conseil de l’Europe avec la Cour européenne des droits de
l’Homme et la Convention européenne des droits de l’Homme.
Donc, au niveau de l’Union Européenne et des 26 états membres, on connaît
exactement la même technique instaurée par l’article 267 du TFUE (traité de
fonctionnement de l’UE) et qu’on appelle la question préjudicielle
d’interprétation. Lorsqu’on a un texte qui émane de l’Union Européenne
notamment un règlement qui doit être appliqué par un juge français et qu’il ne
comprend pas exactement ce que veut dire ce règlement, il va poser une
question préjudicielle d’interprétation à la CJUE (Conseil Juridique de l’Union
Européenne) du Luxembourg qui va lui répondre. Ces questions préjudicielles
d’interprétation ont une importance considérable au niveau de l’Union
Européenne parce qu’autant ce n’est pas très grave si au plan interne différents
tribunaux donnent des interprétation quelques peu différentes car la Cour de
cassation finira sûrement par unifier mais lorsque cela concerne 26 états, avec
des juges de divers pays, de diverses cultures, avec des concepts différents et
qu’ils interprètent chacun le texte de manière différente cela fait qu’à la fin, le
texte est le même formellement parlant mais en pratique il est appliqué de
manière radicalement différente ce qui signifie que l’objectif d’unification du
droit européen n’est pas rempli. Il est donc très important au niveau européen
d’assurer une unité d’interprétation des règlement européens et de tout le droit
européen dérivé et c’est ce à quoi servent les questions préjudicielles
d’interprétation. La moitié des arrêts rendus par le CJUE sont des arrêts qui sont
rendus sur procédure de question préjudicielle.
L’interprétation rendue par la CJUE est une interprétation qui s’impose non
seulement à la juridiction qui a posé la question mais aussi à n’importe quel
tribunal des 26 états membres à contrario avec les interprétations sur le plan
interne qui ne sont-elles, pas imposées.
Pour la Cour européenne des droits de l’Homme, depuis 2018 on a mis en place la
même procédure. On demande un avis consultatif. Uniquement les plus hautes
juridictions c’est-à-dire la Cour de cassation et le Conseil d’État peuvent saisir la
Cour européenne d’une demande d’avis consultatif pour savoir comment
interpréter tel ou tel texte, telle ou telle liberté fondamentale prodiguée par la
Convention notamment dans tel contexte. Cette procédure qui est récente a été
utilisée pour la première fois par la Cour de cassation française.
C. ABSENCE DE SUBORDINATION HIÉRARCHIQUE
1. Exposé du problème
Sur le plan interne, schématiquement, on a dans l’ordre judiciaire la Cour de
cassation tout en haut, dans l’ordre administratif le Conseil d’État et pour ce qui
concerne la Constitution il y a le Conseil Constitutionnel. Ce sont les autorités
« majeures » pour ce qui est de la question de l’application des règles de droit.
Que se passe-t-il lorsqu’elles interprètent différemment les règles de droit ?
En théorie chaque autorité devrait interpréter les textes concernant son
domaine. En réalité, il y a tout un tas de situations dans lesquelles ces autorités-
là, ces juges, sont amenés à interpréter les mêmes textes. On ne sait pas trop si
c’est la décision de telle ou telle autorité qui va s’imposer et cela repose un peu
sur la bonne volonté des juges. On dit parfois qu’il y a une réécriture de la loi par
le Conseil Constitutionnel.
2. Illustration
Ex : Le Conseil Constitutionnel est saisi avant que le Président de la République
promulgue une loi de dire si celle-ci est conforme à la Constitution ou non.
Parfois, le Conseil Constitutionnel n’a pas envie de retoquer une loi, et pourtant,
il se dit que cette loi est à la limite de la constitutionnalité.
En 1981, il a inventé quelque chose qui est la technique des réserves
d’interprétations.
C’est l’idée que le Parlement n’a pas voulu voter une loi contraire à la
Constitution donc il a voulu voter une loi dont le sens est conforme à la
Constitution. Le Conseil Constitutionnel va dire que oui la loi est conforme à la
Constitution, elle peut être promulguée à condition d’être interprétée de telle ou
telle manière.
C’est ce qu’il a fait pour le Pacte civil de solidarité.
3. Au niveau international
Globalement, lorsque l’on a des textes et que les mêmes textes sont amenés à
être interprétés par des autorités différentes, chacun essaie (puisqu’aucun n’a
vraiment d’autorité sur l’autre à par les questions préjudicielles devant la CJUE)
d’écouter l’autre et de tenir compte de ce que dit l’autre c’est ce qu’on appelle le
dialogue des juges.

Vous aimerez peut-être aussi