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Précédemment, nous avons appréhendé la règle de droit comme étant un outil qui est mis à
disposition du juge lorsqu’il tranche un différend, lorsqu’il tranche un litige entre 2
personnes qui s’opposent pour rendre une décision qui soit la plus proche possible d’un
idéal, l’idéal de la justice. Il peut le faire selon son sentiment proche sans s’aider d’aucunes
règles de droit. C’est ce que l’on appelle statuer en équité. Mais pour y parvenir le plus
aisément possible il est plus pratique d’utiliser les outils à disposition.
Qui fabrique les règles de droit ? C’est une question extrêmement classique que la doctrine,
les auteurs qui réfléchissent sur le droit, appréhendent à travers une problématique qu’ils
appellent « la question des sources du droit ». Cette question telle qu’elle est présentée par
la doctrine est mal posée car en réalité le droit n’a qu’une seule source, il ne provient que
d’une seule chose : son modèle, son idéal, ce vers quoi il tend. La source du droit est donc le
juste, l’idéal de justice. Par conséquent, à travers cette question ce que la doctrine
appréhende est l’origine des règles de droit.
Pour bien comprendre qu’elle est l’origine des règles de droit, il fut s’interroger sur le passé.
L’histoire n’est pas simplement le plaisir de la connaissance de ce qui s’est passé il y a
quelques années ou siècles, c’est fait pour comprendre comment aujourd’hui les choses
fonctionnent. Si l’on veut comprendre notre présent, il faut savoir d’où l’on vient et d’où nos
institutions proviennent.
A l’origine, la première chose à laquelle doit s’attacher le souverain est l’organisation de sa
propre souveraineté, de mettre en place l’exercice effectif de sa souveraineté (Ex : dans le
cas où le peuple est souverain tout le monde ne peut pas être d’accord sur les décisions il
faut donc organiser la manière dont la souveraineté va être exercée). C’est le droit
constitutionnel (= manière dont fonctionne une souveraineté). Une fois que le souverain sait
comment exprimer sa volonté, il doit s’assurer que sa décision soit relayée dans la société et
exécutée par cette dernière. Pour cela il faut mettre en place une administration, c’est-à-dire
créer des institutions qui permettent de relayer à tous les stades de la société la volonté du
souverain. C’est le droit administratif. Ensuite, tout simplement, le souverain va faire
connaitre ses décisions au peuple, ce qui appartient aussi au droit administratif. Cette
organisation composée du droit constitutionnel et du droit administratif c’est ce que l’on
appelle globalement le droit public.
Est- ce que le souverain va s’intéresser aux litiges entre particuliers, autrement dit au droit
privé dans lequel la puissance publique n’intervient normalement pas ? Normalement non et
c’est d’ailleurs ce qui fait la distinction entre droit public et droit privé. Est-ce que les pures
relations entre les particuliers doivent intéressées l’État ?
Ce qui est intéressant c’est que pendant très longtemps l’État ne s’y est pas intéressé, le
droit privé n’était pas les problèmes du souverain. Mais évidemment, la tendance naturelle
d’une personne qui a du pouvoir c’est de vouloir étendre davantage ce dernier. Par
conséquent, une fois que le souverain a organisé son fonctionnement, créé une
administration et décidé de ce qu’il allait imposer à ses administrés ; il va avoir tendance à
vouloir régir les relations entre les particuliers. C’est une banque naturelle du pouvoir que
d’essayer à chaque fois de le ramifier le plus possible, de contrôler davantage les relations
des individus. Le souverain va donc s’emparer du droit privé. Pour cela, il a 2 façons de faire.
Premièrement, c’est de dire, lors d’un litige entre 2 personnes, « c’est moi qui prends la
décision ». Sous l’ancien régime, le roi a toujours été considéré comme la source de toute
justice, il avait ce qu’on appelle « la justice retenue » et pouvait décider de trancher
n’importe quel litige puisque la justice entre les personnes privées émanait du roi.
Deuxièmement, le souverain ne tranche plus lui-même les litiges mais institut des
magistrats, des juges pour trancher. Mais alors comment le souverain contrôle-t-il les
décisions ? Lorsque le juge va se servir d’un instrument, d’une règle de droit celui qui va la
fabriquer sera le souverain. En étant à l’origine de la règle de droit, le souverain contrôle
indirectement, il contrôle comment est-ce qu’un litige va être tranché entre 2 personnes
privées donc les relations entre les individus.
Historiquement parlant, on a donc au début des relations entre les particuliers qui sont
réglées par des règles de droit qui n’émanent pas du souverain et plus il va renforcer son
pouvoir plus il va vouloir lui-même être à l’origine des règles de droit utilisées par le juge et
va peu à peu s’imposer comme la quasi unique source des règles de droit