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Les civilisations amérindiennes

Introduction Générale
Depuis la découverte du nouveau monde au 15 e siècle par Christophe Colombe accompagné par
une équipe d’une centaine de personnes, les civilisations amérindiennes, millénaires et qui étaient jusqu’ici
inconnues sont mises sous la projection. Ces indiens d’Amérique ont une histoire complexe, fascinante,
mais surtout méconnue des autres parties du monde. Les civilisations qui se sont succédé dans cette partie
du monde sont encore de nos jours mal connues et font l’objet de beaucoup de spéculations et
d’approximations. D’où cette tentative qui consiste à étudier, dans les grands traits, lesdites civilisations
appelées tantôt amérindiennes, tantôt précolombiennes, entre autres appellations.

Chapitre I : Définition des concepts et clarification du contexte historique


En histoire, la clarté du propos passe nécessairement par la définition des outils conceptuels et
méthodologiques auxquels on a recours dans son raisonnement. On ne peut prétendre étudier un domaine,
une région, une histoire, un pays sans pour autant maitriser le glossaire sans lequel beaucoup de confusions
subsisteraient. C’est pourquoi, il m’a paru utile d’être précis par rapport à un certain nombre de concepts,
d’appellations, d’étymologies pour vous aider à même de comprendre les complexités des sociétés ou les
civilisations qui se sont succédé dans l’histoire des Amériques avant leur contact avec l’Europe à partir du
15e siècle.

- Que signifie civilisation ?

Autrefois, la notion de civilisation opposait les peuples qui se disaient « civilisés » (grecs, romains)
à ceux qui ne l’étaient pas (barbares). C’était donc un jugement que l’on portait sur les autres, parce qu’ils
étaient différents d’eux. Le mot civilisation n’apparaît en réalité dans la littérature qu’à partir du 13e siècle.
Il signifiait, comme on vient de le dire, l’état des habitants des villes qui avaient un certain confort de vie par
opposition aux campagnards. Il s’agissait pour ainsi dire d’une vie policée et organisée d’une certaine
manière par opposition à ce qui était considéré comme barbarie, sauvagerie. Etait donc considéré comme
civilisé tout peuple qui avait atteint un certain confort de vie et de puissance lui permettant de porter un
jugement de valeur sur ceux qu’ils considéraient comme inférieurs à lui. Mais cette définition du mot
civilisation a beaucoup évolué depuis. La civilisation ou « être civilisé » n’est donc le monopole d’aucun
peuple, d’aucun pays, d’aucune aire géographique. Cette vision du mot civilisation est de nos jours battue
en brèche, tant toutes les populations ont droit à se prévaloir d’une civilisation, d’une manière de vivre ou
de concevoir le monde à leur façon et d’avoir une organisation qui lui est propre. Une civilisation évolue
dans le temps et dans l’espace. Elle n’est jamais figée.
En réalité, une civilisation est par définition un ensemble de caractères communs aux sociétés les
plus complexes ; ensemble des acquisitions des sociétés humaines (opposé à nature, barbarie). Selon le
Littré est donc civilisation : L’«ensemble des caractères appartenant à une société groupée sur un
territoire à un moment donné de son histoire »

Elle est également un ensemble de phénomènes sociaux (religieux, moraux, esthétiques,


scientifiques, techniques) d'une grande société.

Les éléments constitutifs de toute civilisation : Un système de valeurs : morale, croyance, mentalité,
sensibilité, écriture… Tous ces éléments constitutifs d'une civilisation sont pris globalement, mais n'ont pas
la même valeur. ... Elle doit pouvoir donner des réponses aux grands problèmes moraux, métaphysiques,
sociaux et politiques.

En résumé, si le mot « Civilisation » est l’ensemble de tous les moyens sans exception conçus et
développés par l’homme pour comprendre et maîtriser son environnement, il va sans dire que les
amérindiens ont les siennes, une ou des civilisations qui leur sont propres, parce qu’elles ont développé au
cours de l’histoire des techniques agricoles et des organisations originales, mais également avaient des
croyances qui leur étaient spécifiques. D’où l’intitulé de ce cours. C’est donc l’ensemble des éléments qui
caractérisent les différentes civilisations amérindiennes, appelées aussi précolombiennes qui sont l’objet de
ce cours.

- Qui étaient les amérindiens, appelés également populations précolombiennes ?

Précolombiennes : c'est à dire avant la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1.
Pré : veut dire avant, antérieur. Sont donc appelées civilisations précolombiennes, toutes les civilisations
qui se sont développées aux Amériques avant les conquêtes européennes inaugurées en 1492 par
Christophe Colombe.
Amérindiennes : appellation utilisée pour distinguer les Indiens d'Amérique pour les différencier des
habitants de l'Inde (car Christophe Colomb croyait être arrivé en Inde). C’est donc par souci de précision et
de corriger l’erreur commise par Christophe Colombe quand il arriva aux Amériques au 15 e siècle que cette
population dans son ensemble a été appelée peuples améri-indiens (c’est-à-dire les indiens d’Amérique)
pour les différencier des autres indiens qui sont en Inde.
D’aucuns les appellent également les populations ou les peuples préhispaniques, c’est-à-dire les
populations qui étaient là avant la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Prés-hispanique
signifie également avant l’arrivée des Espagnoles. On comprend alors que cette définition est faite non pas
par rapport à l’histoire de plusieurs millénaires des Indiens d’Amérique, mais par rapport à l’arrivée et à la
conquête coloniale espagnole, ce qui nous met sur la piste selon laquelle cette appellation leur a été donnée,
mais pas choisie par eux-mêmes.
- Leurs différentes appellations
Ces peuples d'Amérique furent appelés par ignorance du nom d'Indiens. Cette première erreur est
imputable à Christophe Colombe. Se croyant rendus aux Indes, ce sont les Espagnols qui ont donné aux
autochtones le nom d'Indiens (en espagnol : Indio au singulier et Indios au pluriel). En réalité, Christophe
Colomb avait baptisé Indios les autochtones parce qu'il n'avait pas su bien évaluer la taille réelle du globe
! Plus tard, les Français désigneront, eux aussi, les autochtones comme des Indiens ou des Sauvages, ce
dernier terme étant tombé en désuétude seulement au cours du XXe siècle. Les Britanniques et, plus tard,
les Américains reprendront le terme Indians, mais ils y ajouteront Red Indians (en français Peaux-Rouges)
qui s'opposera à Pale-Face (en français : Visages pâles). Puis, après quelque 200 à 300 ans de contacts,
ainsi que des maladies telles que la petite vérole, la tuberculose, la scarlatine et la rougeole, le tout combiné
aux conflits armés et aux famines, viendront décimer la plus grande partie de ces populations.
Aux États-Unis, on préfère aujourd'hui avoir recours aux termes Aboriginal
peoples (Amérindiens ou autochtones), Natives («natifs»), tribal group («groupe tribal») ou plus
rarement Autochtons (peuples autochtones ou nations autochtones). Au Canada, on utilise
fréquemment First Nations ou Premières Nations. Dans les pays latino-américains, on emploie, outre les
mots Indio/Indios, Indígena/Indígenas, Comunidades indígenas / Comunidade indígena,
parfois grupo tribal («groupe tribal») et, plus rarement, nativos («natifs»). Souvent, ces termes sont
opposés à civilizados («civilisés»).

- D’où viennent-ils ? :
Beaucoup d’anecdotes, de légendes et de mythes courant au sujet des amérindiens, ce qui fait qu’il
est difficile d’être péremptoire sur la question de leur origine. Ce qu’il faut retenir, dans l’état actuel des
connaissances historiques, c’est que ces populations ou une partie de ces populations viennent de l’Asie
pour des raisons multiples. Nombre de spécialistes ont pendant longtemps défendu cette thèse, et c’est la
version la plus répandue de nos jours encore. Mais, il semble que ces populations pourraient être d’origine
différente. Beaucoup de théories mêlées/mâtinées de légendes ont circulé au sujet des origines de ces
peuples. Mais la plus plausible, parce que fondée sur des recherches archéologiques, rattache ces
populations à plusieurs vagues migratoires venues de l’Asie.
À en croire les études contemporaines, les Amérindiens pourraient provenir aussi bien d'Asie que
d'Europe ou de l'Océanie, bien que la majorité de spécialistes aient tendance à dire qu’ils étaient d’origine
indienne. L’hypothèse consiste à dire que des indiens s’étaient mêlés à d’autres peuples dans le cadre
d’une cohabitation ou à la suite des guerres pour aboutir à ce peuple n’est donc pas à écarter totalement.
Les divers groupes se seraient donc mélangés à la suite d'alliances ou de guerres. Il paraît ainsi
vraisemblable que des peuples d'horizons différents aient successivement abordé le continent américain
avant de s'éparpiller au gré des exodes et des changements climatiques. Ce qui est certain, c'est que les
explorateurs européens ont découvert des civilisations à l'histoire complexe, dont les origines se perdent
loin dans le temps. En somme, lorsque les premiers Européens arrivèrent en Amérique, celle-ci n'était
certainement pas «un territoire vierge et désert». Elle était peuplée par des populations qui avaient une
longue histoire derrière elles, qui s’étaient adaptée à leur environnement, qui s’étaient organisée en tribus,
en communautés, en religion, qui avaient des valeurs et des pratiques à la fois techniques, cultuelles,
culturelles qui leur étaient propres. Il s’agissait des populations qui, malgré leurs différences, avaient réussi
à créer : « une identité de sort », un mode de vie plus ou moins similaire. D’où la notion des civilisations
amérindiennes qui n’ont de cesse de fasciner chercheurs, artistes, scientifiques, etc.

- Les caractéristiques communes de ces civilisations qui se sont succédé dans cette partie
de l’Amérique avant l’arrivée des européens au 15e siècle

Les amérindiens ne constituaient pas certes des sociétés homogènes, mais il n’en reste pas moins
qu’ils avaient des caractéristiques communes. Leur apport aux civilisations contemporaines est établi, eu
égard aux nombreuses découvertes dont ils étaient les précurseurs, et ce avant la conquête coloniale
européenne. Ces civilisations, avant qu’elles ne soient perturbées dans leur dynamique historique par la
présence européenne et tout ce qui s’ensuit après, avaient des structures originales. Les amérindiens ont
inventé et découvert dans plusieurs domaines, notamment dans le domaine de l’agriculture, de
l’architecture, de la métallurgie, entre autres. Malgré les guerres entre tribus, l’existence des centaines de
langues, des régions et des religions différentes, ils avaient tout de même un mode de vie quasi similaire.
Leur rapport à la terre étant le même. Les diverses cultures et civilisations amérindiennes, même si elles
possédaient leurs propres spécificités chacune d’elles, avaient pour caractéristique commune, celle de
placer les êtres humains au cœur de la nature et non au-dessus d’elle. L’interdépendance entre l’homme et
la nature apparaît comme une valeur essentielle dans les civilisations en question. L’Homme n’est qu’une
dimension du milieu et pas nécessairement la plus élevée. La conception selon laquelle l’Homme est maître
et possesseur de la nature ne semble pas avoir une place prépondérante dans la rationalité amérindienne.
Le rapport à la nature, fondé sur l’équilibre, a donc pour objectif de maintenir une certaine solidarité entre
les éléments. L’Homme et la nature sont donc les deux maillons d’une même chaine. L’un complète l’autre.
Sur le plan agronomique, il est de notoriété publique que toutes les civilisations des amérindiens, à
travers plusieurs âges et plusieurs aires géographiques, ont été d’un grand apport pour l’humanité dans son
ensemble. C’est grâce à leur ingéniosité que nombre de plantes et de sélections sont cultivés de nos jours
encore. Leur apport à la culture agronomique universelle est donc bien établi. Ils ont été les précurseurs de
beaucoup de techniques culturales, de découvertes et de sélections de plantes et de grains. Leurs
techniques, malgré des outils agricoles rudimentaires, étaient remarquablement pensées au point de tout
prévoir pour éviter un grand effort physique à l’homme. Le maïs, base de leur alimentation, demande un
minimum de travail au paysan. Pour semer son champ, le cultivateur amérindien fait un trou dans la terre
avec un bâton. Il y dépose la graine pour laisser la nature s’occuper du reste. Il n’était pas question de
repiquer, ni de désherber, car ils avaient conscience que les mauvaises herbes finissent toujours par être
dépassées par le maïs en hauteur. Au moment de la récolte, l’agriculteur n’a pas à courber l’échine pour
détacher les épis, c’est-à-dire il n’a pas à se baisser, parce que l’épi poussant à hauteur d’homme, donc il
peut le récolter sans un grand effort. Ce n’est donc pas un hasard que le maïs occupât une place
prépondérante dans l’agriculture des différentes civilisations précolombiennes. Il n’est pas un don de la
nature, mais le résultat d’un travail de sélection rigoureuse des plantes. Il en est de même pour la tomate
qui a été travaillée pour obtenir, à partir de la même souche végétale, deux autres plantes.
La pomme de terre, qui n’existait pas non plus à l’état naturel, a été obtenue en développant la partie
radiculaire de la tomate. S’agissant du tabac, ils l’ont également modifié pour produire des feuilles pouvant
être séchées et fumées.
Dans : l’Essai Politique sur la Nouvelle-Espagne, Alexandre Humbodt cite un nombre important de
végétaux découverts et cultivés par les Indiens d’Amérique. C’est le cas du manioc, du maïs, de la pomme
de terre, de la patate douce, de la tomate, de ce qu’il nomme la pistache de terre, qui n’est autre que la
cacahuète (arachide), le haricot, les cucurbitacées, le cacao. La liste est loin d’être exhaustive, tant il cite
encore d’autres plantes telles que la poire d’avocat, la papaye, l’ananas, etc.
Dans la même foulée, il note que la culture du coton et d’autres plantes textiles étaient également
une spécificité des civilisations précolombiennes. On comprendra donc aisément que dans le domaine
agricole, les civilisations amérindiennes étaient, quoi qu’on puisse dire d’elles, non seulement très en
avance, mais aussi et surtout ont permis au reste des civilisations humaines de tirer profit de leurs
connaissances agronomiques.
C’est à partir d’une exploitation d’une faune abondante, dense et sauvage que les amérindiens ont
réussi à sélectionner et à domestiquer nombre de plantes qui nous sont aujourd’hui parvenues. Ils ont donc
réussi grâce à leurs connaissances faunistiques des espèces sauvages en espèces domestiquées. Ils
connaissaient et pratiquaient les cultures irriguées avec la rétention d’eau par des techniques qu’ils avaient
mises en place.
Le végétarisme, c’est-à-dire le fait de se nourrir principalement des plantes et des fruits, aujourd’hui
en vogue dans certaines civilisations, était déjà une pratique culinaire connue chez les amérindiens ; ils se
nourrissaient principalement des plantes et tuaient rarement des animaux pour le besoin de leur nourriture.
La pêche et la cueillette étaient leurs principales ressources pour se nourrir. Ils avaient mis en place des
techniques subtiles pour le besoin de leur cueillette et de la pêche. Ils ont ainsi inventé des armes pour la
chasse et des techniques pour pêcher et cueillir les plantes dont ils avaient besoin.
L’élevage n’était pas, malgré une abondante faune, une pratique courante. Certains spécialistes
parlent même de l’absence de l’élevage dans ces civilisations précolombiennes. D’autres pensent qu’il
l’avait été pratiqué, ce qui laisse penser que même si l’élevage avait été pratiqué dans ces civilisations, il
venait de loin derrière l’agriculture, la cueillette, la pêche. Il semblait avoir une place marginale dans
l’économie et la culture amérindienne.
Dans le domaine métallurgique, les amérindiens n’étaient pas non plus à court d’inventions. Ils
avaient créé des outils agricoles, mais aussi des objets comme les haches, les ciseaux ou des couteaux
pour tailler les pierres, sculpter et faire face à certaines exigences du quotidien. Les techniques
métallurgiques étaient donc très développées dans les différentes civilisations amérindiennes. Paul Rivet a
développé selon laquelle qu’ils connaissaient au moins douze techniques différentes du travail des métaux.
Pour la défense de leur territoire, chaque peuple fabriquait ses propres outils militaires.
Outre ces éléments précités, il est également important de souligner que les civilisations
amérindiennes étaient plus évoluées qu’on ne le croyait. Elles avaient une organisation politique, foncière
et militaire complexe. Elles avaient également une infrastructure de route. C’est dire qu’elles étaient des
civilisations dignes d’être plus étudiées et plus connues.
Pour récapituler, notons que les diverses cultures amérindiennes qui se sont développées aux
Amériques pendant des millénaires ont de dénominateurs communs dans plusieurs domaines, à
savoir : l’existence de grandes cités, la pratique d’une agriculture avancée dont le maïs était la
production principale, une culture culinaire essentiellement fondée sur les plantes et les fruits, la
construction de temples et de pyramides, les sacrifices humains, l’utilisation, à partir des Mayas,
d’une écriture hiéroglyphique, l’élaboration d’un calendrier sacré complexe. Ces différents traits
donnent une certaine unité ou homogénéité à la civilisation mésoaméricaine, malgré les nombreuses
différences entre des cultures éloignées les unes des autres dans le temps et l’espace
En résumé, malgré le fait que le cannibalisme et les sacrifices humains soient des pratiques
présentes dans les sociétés et cultures précolombiennes, force est de noter que les amérindiens n’étaient
pas dépourvues d’intelligences, d’imaginations, d’organisation politique. Leur apport à la civilisation
universelle est bien établi. Comme toutes les sociétés humaines, ils avaient leurs propres modes de vie qui
n’étaient ni figés, ni statiques. Ils avaient leurs dieux, leurs techniques culturales, de chasse et de cueillette,
leurs spécificités identitaires et sociolinguistiques, leurs habitudes culinaires essentiellement orientées vers
des produits purement naturels. Il s’agit là des civilisations humaines à part entière que le monde a donc
découvertes avec l’arrivée des Européens au 15e siècle.
-

Chapitre II : L’historiographie des sociétés amérindiennes : débats et sources

Toute écriture historique est à la fois le reflet de son contexte de production, mais aussi des intentions
et des idées de l'auteur. Ces intentions et idées sont déterminées par les conditions sociales et de leur
production. Il va sans dire que l’historiographie amérindienne, parce que dominée pendant longtemps par
des gens issus des ex colonies ou de gens formés par eux, avait sous-estimé et infantilisé les civilisations
amérindiennes, c’est-à-dire les cultures, les langues, l’histoire, les valeurs, les rites, les découvertes, les
inventions qui constituaient l’épine dorsale de ces sociétés restées isolées du reste du monde jusqu’au 15e
siècle. Elles étaient réduites au statut du couple barbare/sauvage, mais aussi traitées comme des
populations brutales, sans intelligence, dépendant stricto sensu de la nature pour vivre. C’est dire que
l’historiographie concernant cette région du monde, étant au départ issue d’une vision européocentriste, a
donc qualifié ces civilisations, parce qu’ayant une autre vision du monde de la nature et parce que la culture
de l’écriture n’y était pas développée, d’archaïques et d’arriérées. Les aborigènes ont par exemple pendant
longtemps été étudiés comme de simples pièces de musée et d’objets de distraction par certains
spécialistes de l’indianité, ce qui fausse totalement toute démarche menant à une connaissance approfondie
et objective les concernant. La longue histoire de ces civilisations amérindiennes, millénaire, était alors tue
dans les travaux. A la lecture de ces différents travaux, on a comme impression le temps était arrêté avant
l’arrivée des blancs qui, eux, détiennent la clé de l’histoire, du progrès et de l’évolution. Seule la période à
partir de laquelle les européens se sont installés dans la région est mise en avant. Une telle démarche
européocentriste est donc de nature à faire de l’arrivée des Européens au Nouveau Monde le point de
départ de leur histoire, parce que ces derniers, n’accordant foi à leur perception du monde, à leur mode
d’organisation, pensaient que le salut des Amérindiens résidait dans leur entreprise qui consistait à « civiliser
les nations barbares ». Selon cette vision, les Amérindiens sont réintroduits dans le dynamique évolutif de
l’humanité avec leur présence au Nouveau Monde. Cette vision a biaisé la connaissance du passé des
Amérindiens ; elle est à l’origine du fait que cette histoire est de nos jours encore mal très mal connue,
malgré l’effort de beaucoup d’historiens, sociologues, d’anthropologues, entre autres. C’est pourquoi il est
aujourd’hui encore difficile d’envisager d’écrire une histoire générale des Amérindiens avant l’arrivée des
Européens, qui tiendrait compte de la diversité des tribus, des langues, des cultures, des aires
géographiques et de leur évolution historique respective.

En résumé, on ne peut réellement proprement parler de l’histoire scientifique des Amérindiens avant
le 19e siècle pour au moins deux raisons essentielles. La première raison était consécutive à la conception
même de la définition de la civilisation, qui excluait complétement les Indiens de l’Histoire. Quant à la
deuxième raison, elle s’expliquait par l’égocentrisme de la puissance coloniale qui traitait les Indiens
d’Amérique comme des éléments négatifs et perturbateurs de l’histoire de la conquête du continent par les
puissances Européennes. C’est pourquoi l’allusion aux Indiens dans cette historiographie était faite non
seulement de façon incidente, mais également et surtout de façon extrêmement négative, ce qui cache les
dynamiques de milliers d’années d’histoire et d’existence des civilisations qu’ils ont développées. Ils sont à
ce titre des parents pauvres d’une historiographie qui les concerne que très peu, voire qui les traite comme
des gens dépourvus de toute humanité, donc de civilisation.

La révision de cette historiographie qui a d’ailleurs commencé s’impose pour aller encore plus loin
dans la réflexion, dans la connaissance des sociétés amérindiennes dans leur complexité. Des tentatives
intéressantes et brillantes ont été faites. A ce titre, le très intéressant article de Elise Marienstras intitulé :
« Problèmes d’historiographie américaine : le champ amérindien » ou l’ouvrage de Nathan Wachtel : La
vision des vaincus apportent à ce titre un regard nouveau sur cette histoire. Mais le chemin à parcourir
pour arriver à une meilleure connaissance de ces différentes civilisations dans leur complexité reste encore
long.

- Les sources orales

La culture de l’écriture n’était pas développée, pour ne pas dire qu’elle n’était pas présente, dans les
civilisations amérindiennes, quand bien même on remarquerait que les Mayas avaient légué à la postérité
l’écriture. À l’image de l’Afrique, l’oralité occupait une place prépondérante dans les civilisations
amérindiennes. La quasi absence de l’écriture dans beaucoup de sociétés amérindiennes a donc donné les
coudées franches aux historiens de l’époque coloniale qui, enfermés dans leur vision européocentriste et
paternaliste de l’histoire, de laisser libre cours aux concepts tels que sous-culture quand il s’agit des cas
des Amérindiens.
La problématique des sources orales concernant les Amérindiens était d’autant plus vraie que même
quand on a commencé à avoir recours à cette source légitime de l’histoire, les véritables acteurs n’avaient
presque pas voix au chapitre et n’avaient aucun droit de regard sur ce qui se racontait à leur sujet. La
barrière de la langue était telle que la restitution fidèle des informations recueillies n’était pas toujours au
rendez-vous. L’historien Cadwallader Colden, animé d’une certaine intégrité intellectuelle, exprimait ses
doutes quant à l’authenticité des informations transcrites que le traducteur mettait à sa disposition. Son
soupçon était tel qu’il pense que : « Les traducteurs, bien assermentés, n’ont pas rendu justice à l’éloquence
indienne ». Selon l’historien, les langues des Amérindiens sont des langues truffées d’anecdotes,
d’hyperboles, de métaphores ou de langages imagés, ce qui fait que des informations utiles pouvaient être
considérablement déformées, mal restituées ou affaiblies par ce qu’il appelle : « la langue trébuchante de
l’interprète ».
En résumé, malgré l’apport des sources orales à la révision de cette historiographie, force est de
constater qu’elles ne sont pas sans poser de nos jours encore des difficultés aux historiens qui tentent de
remonter loin dans le passé des civilisations amérindiennes. Cette problématique doublée de l’image déjà
peu reluisante que l’on a de l’indien d’Amérique et des sources orales, peut également en partie expliquer
le fait que ces civilisations sont aujourd’hui encore mal connues, voire négativement présentées dans
certaines œuvres, mais aussi chez beaucoup de populations à travers le monde.
Malgré ces difficultés liées aux sources orales en question, il est indéniable qu’elles ont contribué à
éclairer certaines zones d’ombre. Elles ont permis de remonter dans les souvenirs qui sont restés dans les
mémoires collectives. Des domaines comme les chants et les pièces de théâtres, récitées et chantées,
transmises de générations en générations, ont pu faire revivre certains événements anciens dans la
mémoire collective, ce qui témoigne d’une conservation du passé dans la mémoire collective des
Amérindiens. Leur apport à la connaissance des civilisations amérindiennes, bien qu’anecdotique et malgré
toutes les difficultés mentionnées plus haut, est donc établi.
- Les fouilles archéologiques

La place des sources archéologiques dans le renouvellement des connaissances sur les civilisations
amérindiennes est de nos jours bien établie. Toutefois, les premières fouilles archéologiques menées sur le
terrain amérindien avaient un but autre que scientifique. En se fondant sur la connaissance selon laquelle
les Amérindiens enterraient leurs chefs avec des objets précieux, les premiers fouilleurs, composés
généralement d’amateurs et d’aventuriers, s’étaient mis à creuser des tombes dans le seul but de les
dépouiller de leurs objets précieux. Les tombes et les temples étaient ainsi fouillés et dépouillés à des fins
purement commerciales au grand dam des fouilles archéologiques dites scientifiques. Cette première phase
a donc privé des spécialistes des matériaux importants qui auraient pu aider à faire avancer les
connaissances sur les civilisations amérindiennes. Là encore, l’attitude des premiers fouilleurs européens
a retardé l’état d’avancement de la recherche scientifique sur l’histoire des Amérindiens.
Malgré cette première phrase ratée d’un point de vue scientifique quant à la mise en place des
matériaux nécessaires pour la recherche, les sources archéologiques ont toutefois et magistralement permis
de remettre en question beaucoup d’inexactitudes et d’approximations au sujet de l’histoire des Amérindiens
au point de voler la vedette aux autres types de sources. Elles ont contribué à la remise en question et à la
refonte totale de la chronologie des civilisations amérindiennes. En ce sens, elles constituent aujourd’hui
les sources principales et incontournables quand il s’agit d’étudier l’histoire ancienne de cette partie du
monde. Vu l’éloignement de ces civilisations et eu égard aux traces que les populations concernées ont
laissés par-ci et par-là dans leurs pérégrinations, l’archéologie a donc permis une révision en profondeur de
l’historiographie amérindienne. C’est par exemple grâce aux travaux des archéologues que l’on sait que
cette partie du monde était divisée en en plusieurs aires culturelles, habitées par différentes ethnies qui
communiquaient entre elles grâce à l’existence de langues prédominantes. C’est dire que les découvertes
archéologiques, confrontées avec des récits, ont, pour ainsi dire, contribué à faire avancer les
connaissances sur les civilisations amérindiennes. En ce sens, les connaissances amérindiennes reposent
aujourd’hui essentiellement sur les découvertes archéologiques !

- Conclusion
L’absence des sources écrites a fait que les premières études faites sur les Amérindiens ont fait de
l’arrivée des européens le point de départ de leur histoire. Selon cette conception, est donc histoire ce qui
est écrit ou qui est tiré des sources écrites. Cette vision de l’époque avait donc relégué tout ce qui a précédé
la période colombienne à la Préhistoire, ce qui signifie que ces civilisations n’étaient pas entrées dans
l’histoire avant la conquête coloniale. Cela a fait débat entre spécialistes de l’indianité. Malgré la remise en
question de cette vision paternaliste et européocentriste qui consiste à faire de la présence des Européens
le point nodal de l’histoire de plusieurs parties du monde, l’histoire des Amérindiens peine toujours à être
connue dans ses grandes lignes. En résumé, cette vision, bien que contestée aujourd’hui, a fait un grand
tort aux civilisations millénaires amérindiennes.

Chapitre III : Les principales civilisations amérindiennes

Les civilisations dites "précolombiennes", amérindiennes ou préhispaniques sont celles qui se sont
développées en Amérique centrale et en Amérique du Sud avant l’arrivée de Christophe Colomb en 1492.
Les plus connues d’entre elles sont les civilisations olmèques, mayas, inca et aztèques. Ces civilisations
seront malheureusement anéanties avec les conquêtes coloniales européennes inaugurées par les
puissances militaires espagnoles (les "conquistadores") venues conquérir les terres du continent
américain (le "Nouveau Monde") au nom de la Couronne espagnole.
Nombreuses étaient alors les civilisations amérindiennes qui s’étaient succédé au cours de l’histoire
dans l’Amérique avant l’arrivée des Européens à partir du 15 e siècle. Les unes et les autres ont été soit
contemporaines, soit rivales, soit de la même extraction. Il serait aujourd’hui impossible, vu l’état actuel des
connaissances, d’énumérer toutes les civilisations précolombiennes dans leur complexité à travers le temps
et l’espace, car le continent américain a abrité diverses cultures plus anciennes, mais moins connues qui
influencèrent de façon solide l’épanouissement et de le développement des civilisations tardives telles que
celles des Olmèques, des Mayas, des Incas, des Aztèques, etc. Toutefois, évoquer dans le cadre de ce
cours les principales civilisations qui sont aujourd’hui les mieux connues permettra de connaître leur
originalité, mais aussi leurs différences. Les quatre civilisations ici évoquées sont loin d’être les seules, mais
constituent un échantillon intéressant pour une meilleure connaissance des civilisations et cultures en
question.

- I) Les Olmèques
Il est aujourd’hui établi que les Olmèques constituaient le groupe auquel on attribue la paternité de
la plus ancienne civilisation amérindienne ou précolombienne connue de nos jours. Cette civilisation est
celle dont sont issues beaucoup d’autres. Elle a eu une grande influence sur toutes les civilisations
précolombiennes. Dans les décennies 1970 et 1980, plusieurs séries de fouilles archéologiques avaient été
entreprises dans l’État du Veracruz. Les découvertes étaient intéressantes. En remettant en question des
certitudes qui, jusqu’ici étaient admises, ont montré par que les civilisations olmèques sont en effet les
civilisations-mères qui ont eu une grande influence sur toutes les autres.
Les Olmèques ont existé entre 1200 à 500 avant Jésus-Christ. Ils vivaient au sud-est du Mexique
actuel, à l’emplacement des États mexicains de Veracruz et de Tabasco. Ils doivent leur célébrité à la
sculpture. Grâce à cette technique, ils ont pu sculpter à partir de la pierre des têtes humaines gigantesques
auxquels les archéologues ont pu avoir accès dans le cadre de leurs travaux. A partir de cette période, le
développement artistique ne cesse de développer avec la création des masques funéraires, ce qui laisse
supposer que les techniques des Olmèques dans ce domaine ont été reprises et affinées par les civilisations
amérindiennes qui les succèdent.

Pour avoir atteint très tôt un grand développement dans l’art, l’hypothèse selon laquelle les Olmèques
constituent le peuple qui aurait été un des premiers à apporter la civilisation dans le haut plateau est émise
par beaucoup de spécialistes de l’indianité.
Sur le plan artistique, urbanistique, architectural et organisation politique, ils sont à l’origine de
beaucoup de révolutions que l’on note dans les différentes civilisations amérindiennes qui leur sont
contemporaines ou postérieures.
Sur le plan urbanistique et architectural, ils sont les constructeurs des premiers centres
cérémoniels, c’est-à-dire des bâtiments publics ou des pyramides où avaient lieu les cérémonies religieuses
: les cultes, les offrandes, les sacrifices adressés à leurs nombreux dieux. Ils avaient le sens de l’espace
avec la création des places publiques, des esplanades. Leur niveau de développement était tel qu’ils
avaient mis en place déjà cette époque-là le système de rétention d’eau et de canalisation par la
superposition et la jonction des pierres taillées, ce qui leur permettait de s’adonner à l’agriculture irriguée,
mais aussi de disposer de l’eau pure à la consommation durant les différentes saisons de l’année. A cela
s’ajoute la construction des bains à vapeur, des tombes mégalithiques, etc., ce qui témoigne de leur extrême
ingéniosité et de leur capacité d’adaptation aux conditions austères de leur milieu naturel. L’utilisation de la
terre battue de l’argile comme on le connait aujourd’hui dans certaines régions de l’Afrique (Sénégal,
Mauritanie, Mali,…) et de la pierre comme matériaux de construction était une technique déjà bien connue
des Olmèques. Ils n’étaient pas non plus sans se soucier de la politique de planification dans le cadre de
leurs différentes constructions, ce qui a fait que leurs méthodes architecturales et urbanistiques (édifices,
monuments…), bien que élaborées ou affinées encore plus d’une civilisation ou d’une aire à une autre,
étaient devenues une norme dans les civilisations qui leur étaient postérieures. Leur influence dans ce
domaine est, entre autres, donc bien établie selon beaucoup de spécialistes des civilisations amérindiennes.
Sur le plan de l’organisation politique et sociale, les Olmèques n’étaient pas non plus démunis.
Bien que les civilisations olmèques soient encore mal connues et aient donc fait l’objet de divergences entre
spécialistes au sujet de leur organisation politique, il est important de souligner que durant la période qui se
situe entre 1000 et 900 avant JC, ils avaient procédé à des révolutions dans divers domaines. Ils avaient
introduit des nouvelles techniques agricoles, ce qui avait permis une réelle amélioration de leur alimentation.
L’intensification des échanges commerciaux entre eux et avec d’autres aires géographiques faisait partie
des évolutions à verser à leur actif. La société a été stratifiée également durant cette période, stratification
qui a abouti à la centralisation des pouvoirs politiques et de l’institutionnalisation d’une religion. L’apparition
de l’écriture et d’un calendrier font également partie de cette série d’inventions dont les Olmèques sont les
initiateurs dans les civilisations amérindiennes. À ce titre, les écritures idéo pictographiques, signalées
depuis 1200 avant JC, étaient d’abord faites sur des terres cuites avant d’être poursuivies de façon plus fine
et plus élaborée dans les cultures amérindiennes tardives.
Dans le domaine religieux, les spécialistes de l’indianité parlent de la figure mythique du Jugar, qu’il
soit anthropomorphisé ou non, comme religion des Olmèques. Le dieu dit Jaguar était donc considéré
comme un objet de culte durant cette période historique amérindienne. La fauve, parce qu’occupant une
place prépondérante dans la pensée religieuse olmèque, était largement associée à la pluie et l’agriculture.
On n’hésitait donc de faire honneur à cet animal dans le but d’avoir une bonne pluviométrie suivie d’une
récolte abondante dans les différentes tribus olmèques. Dans le domaine religieux, la Terre-mère occupe
une place saillante dans les croyances des civilisations olmèques.
Le plan artistique est surtout, de l’avis de l’écrasante majorité spécialistes, le domaine dans lequel
les Olmèques s’étaient brillamment distingués. L’art de la sculpture des œuvres géantes était donc leur
spécialité. Vu la taille colossale des têtes humaines que les Olmèques avaient réussi à sculpter et à léguer
à la postérité, les spécialistes des civilisations amérindiennes ont conclu qu’ils avaient non seulement atteint
un niveau de développement important dans la fabrication des outils solides et affinés pour la production de
telles œuvres d’art gigantesques, mais aussi dans le déploiement des moyens de transport bien réfléchis.
Cela, parce que la pierre, la matière première, ne pouvait être déplacée d’une localité à une autre qu’avec
des moyens de transport crées pour cette fin. L’existence de ces géantes têtes, sculptées entre 1000 et 800
avant J.-C., participaient probablement au « culte du gouverneur ». Selon les spécialistes ceci qui implique
l’existence d’une société stratifiée (noblesse, prêtrise, agriculteurs…). Les têtes colossales étaient telles
que les spécialistes pensaient que les sociétés olmèques passaient du stade des sociétés tribales ou
claniques vers des sociétés dites pré-étatiques, voire des sociétés théocratiques. En résumé, les artistes
olmèques sont connus pour leur ingéniosité dans le travail de l’argile, de la pierre et des bois. Dans le
domaine de l’art, il est important de savoir qu’il est question d’une hétérogénéité de la production des
peintures rupestres. C’est dire qu’une distinction entre art monumental et art mineur est nettement visible
dans les civilisations olmèques.

De tout ce qui précède, force est de souligner que l’héritage olmèque est d’une importance capitale
pour connaître les civilisations amérindiennes dans leur complexité. Vu la richesse de leurs inventions, et
leur antériorité par rapport aux autres civilisations précolombiennes, les Olmèques sont devenus des
références. Leur héritage est visible à travers plusieurs domaines, qu’ils soient matériels, immatériels ou
intellectuels. Il est aujourd’hui établi que toutes les cultures amérindiennes postérieures se sont abreuvées
directement ou indirectement dans les civilisations olmèques. Aussi bien sur le plan architectural, politique,
urbanistique, agricole, artistique ou religieux, entre autres, l’héritage olmèque a enrichi les cultures
amérindiennes les plus connues de nos jours, ce qui témoigne de la richesse et de l’importance de cette
civilisation pour la connaissance de l’histoire amérindienne dans sa complexité. En ce sens, les cultures
mayas, bien qu’elles soient également brillantes et originales sur beaucoup d’aspects, ne sont pas toutefois
sans hériter des techniques et des modes de vie des Olmèques.

II) Les Mayas


La civilisation maya se distingue de celle des Aztèques et des Incas par une expansion progressive et inégale
dans le temps et l’espace. Au moment de son âge d’or, entre 650 et 850, le territoire maya s’étendait sur les états du
sud du Mexique, du Belize, du Guatemala et une partie du Honduras. Traditionnellement, les archéologues divisent
ce territoire en 3 grandes régions, les Basses Terres du Nord, du centre et les Hautes Terres. Elle s’étend sur plusieurs
millénaires et elle n’a pas été figée à travers le temps et l’espace. Les croyances, les techniques et les modes de vie
des Mayas n’ont jamais cessé d’évoluer au point que leur civilisation a fini à la longue à en être victime.
Autant les Olmèques s’étaient distingués dans l’art de la fabrication des objets gigantesques dont des têtes
humaines imposantes, autant les Mayas avaient également magistralement révolutionné l’agriculture à leur tour.
En s’appuyant sur les expériences antérieures réussies durant le temps des Olmèques, telles que la rétention d’eau
et la mise en place du système de canalisation, les Mayas s’étaient illustrés par la création des terres arables bien
aménagées et la multiplication des cultures irriguées. La technique de la jachère qui consistait à cultiver un domaine
pendant plusieurs années avant de le mettre au repos pour un période de dix ans était pratiquée par les Mayas. Cette
propension à l’agriculture, dont le maïs était principalement au centre, a eu impact certain sur la démographie de la
population maya. Elle a permis le passage des communautés réduites agricoles aux royaumes plus structurées et
plus complexes. Ces multiples innovations étaient telles qu’elles ont augmenté la capacité de production et de
stockage des Mayas dans le domaine agricole, ce qui avait donné un coup de fouet au commerce avec les populations
voisines. Le développement de ce commerce avec d’autres états avait non seulement enrichi la culture maya, mais
aussi contribué à l’augmentation démographique de la population concernée.
La place de l’agriculture était si importante dans la culture maya que le nomadisme a fini par être presque
abandonné au profit de la sédentarisation par la création des villages autour et pour le besoin des domaines agricoles.
Des villages à taille réduite constitués de petites maisons en toit de chaume sous formes des huttes étaient occupés
par des familles plus ou moins étendues. Dans ces villages, les tâches étaient nettement reparties entre hommes et
femmes. Les hommes s’occupaient des travaux agricoles, de la construction et de l’entretien des huttes, de la défense
et de la sécurité des villages et des récoltes. Quant aux femmes, il leur revenait de s’occuper de tout ce qui a trait à
l’intendance, à la cuisine, mais aussi à la confection des vêtements et aux besoins de la famille. Les modes de vie
agricole maya ont traversé des siècles et sont devenus de nos jours encore des normes dans toutes les civilisations
amérindiennes postérieures.
S’agissant de la démographie de la population maya qui avait beaucoup augmenté au cours de son histoire,
consécutif au développement agricole, il est à noter qu’elle avait la particularité d’être très hiérarchisée et très
hétéroclite. On y comptait des rois, des nobles, des maîtres, des scribes, des architectes, des marchands, des
ouvriers, des agriculteurs… Les croyances et les idées olmèques sur l’organisation hiérarchique s’étaient répandues
dans la société maya, ce qui corrobore l’idée selon laquelle les influences de ceux-là sur ceux-ci est une réalité
historique indéniable.
Toutefois, l’accroissement de la démographie consécutif à l’organisation et au développement de l’agriculture
n’était pas sans conséquence néfaste sur la civilisation maya. En effet, la multiplication de la population allait de pair
avec la diminution des possibilités agricoles, car les villages fondés à cette fin empiétaient sur les terres de cultures,
source de nourriture et de stabilité économique et commerciale. La péjoration des conditions climatiques accouplées
aux mauvaises récoltes et aux catastrophes naturelles (séisme, ouragans, tremblements de terre) ont conduit à de
graves crises alimentaires et de malnutrition. Ceci a conduit à la ruine de beaucoup de localités, car les populations
étaient en conséquence obligées de se déplacer des horizons plus accueillants et à même de leur fournir les
meilleures conditions de vie. La somme de tous ces éléments a conduit progressivement à la ruine de la culture maya.
D’un point de vue politique, la société maya n’était pas un long fleuve tranquille, tant les antagonismes et
les micro-cités ou micro-états, qui contribueront d’ailleurs en partie à sa perte, étaient une réalité historique au sein
de cette civilisation. Certains groupes mayas acceptaient volontiers de se placer sous l’autorité d’un chef ou d’un roi
pendant que d’autres groupes, notamment les Mayas de la basse terre, s’opposaient mordicus à cette façon de diriger
la cité. Ces derniers accordaient plus foi à leurs gérontocraties locales, en faisant allégeance aux notabilités de leurs
villages respectifs et non aux rois et autres chefs dont ils contestaient d’ailleurs et sans feinte l’autorité. D’où une
multitude de grandes et de petites autorités qui n’avaient pas joué en faveur de la paix interne à long de terme, chacun
tenant à son pouvoir et à ses prérogatives, si petits soient-ils.

Dans le domaine religieux, l’état actuel des connaissances ne nous permet d’être affirmatifs et
péremptoires, tant les zones d’ombre sont nombreuses. La religion des Mayas nous reste toujours un
domaine à l’âge de la recherche. Les suppositions, les hypothèses et les approximations semblent plus
nombreuses que les affirmations, car les sources actuelles invitent à être prudent. Toutefois, comme
beaucoup de sociétés amérindiennes, les spécialistes pensent que les Mayas avaient À défaut de
documents précis, on suppose qu’ils avaient plusieurs dieux, un pour la pluie, un autre pour la récolte, etc.
A côté de ces dieux, il y aurait eu d’autres représentations de la nature, mais qui vont être abolies par la
christianisation qui intervient chez eux avec l’arrivée des Européens.
Pour conclure, malgré le fait que la civilisation Maya ait été brillante, force est cependant de noter
qu’elle avait renfermé les germes de sa propre destruction et qu’elle était victime de son dynamisme interne.
La multiplication des hostilités internes liées à son mode d’organisation, à la multiplication de sa
démographie et au manque des ressources lié à une population de plus en plus galopante, les péjorations
des conditions climatiques, les dépenses faramineuses pour construire de temples et de l’entretien des
royautés et les sacrifices humains sont autant d’éléments qui, joints à d’autres facteurs, ont occasionné la
perte de la civilisation maya. En un mot, ces facteurs « ont amené des réactions en chaîne sous forme
d’interruption de réseaux commerciaux, de révoltes, de guerres et d’invasions par les voisins »1 accélérant
le déclin de la civilisation maya.

III) Les Aztèques


Beaucoup d’informations au sujet des Aztèques nous viennent des documents pictographiques
rédigés par des scribes de l’époque préhispanique ou coloniale. Ces documents sont appelés : les Codex
aztèques. Ces textes « retracent les dernières versions d’une histoire officielle souvent manipulée au gré
des intérêts politiques des dirigeants successifs »2 nous expliquent que le peuple aztèque tire son identité
culturelle des peuples nahuas. Ils partageaient les mêmes croyances religieuses, pratiquaient le sacrifice
humain et parlaient la même langue. Toutefois, l’origine des Aztèques reste encore incertaine et, partant,
donne lieu à beaucoup d’extrapolations et d’approximations.

Cette civilisation a la particularité d’avoir battu son histoire autour des guerres pour le besoin de
l’extension du domaine aztèque. En effet, vers 1440 de notre ère, les Aztèques se lancèrent donc dans de
vastes campagnes d’agrandissement du territoire soumettant par la force et la terreur les populations du
Mexique central. Cette série de guerres meurtrières a fait d’énormes victimes parmi les populations plus ou
moins voisines. En ce sens, la guerre occupa une place prépondérante au sein de l’empire aztèque. En
effet, elle possédait un rôle religieux en procurant des prisonniers destinés aux sacrifices humains, mais
également économique en imposant aux peuples vaincus un tribut. Ce tribut pouvait être donné soit en
denrées alimentaires, soit en d’autres biens exotiques, soit en plantes. La mise en place de ce tribut que les
populations vaincues doivent verser de force permettait à certaines populations de vivre aisément, ce qui
signifie que la guerre était alors considérée dans cette civilisation comme un moyen de subsistance comme
tout autre activité. C’est dire autant certaines civilisations se sont distinguées dans le domaine agricole,
architectural, artistique ou politique, autant les Aztèques ont la particularité de faire de la guerre un moyen
d’assoir et de consolider leur autorité, mais aussi d’enrichissement économique, ce qui leur donnait
l’occasion de s’en prendre aux populations vulnérables pour le besoin de leurs sacrifices, mais aussi de leur
prospérité économique.

Sur le plan architectural et urbanistique, les Aztèques n’étaient pas sans réaliser de grands ouvrages
pour le besoin de leur circulation et de leur désenclavement. C’est ainsi, qu’un système ingénieux de digues
intégré harmonieusement dans le paysage urbain a été réalisé pour la facilitation des circulations. Cela a
donné une impulsion aux activités commerciales.

D’un point de vue économique, on peut dire que toutes les cités aztèques avaient au moins un
marché très fréquenté par des gens parfois venus des contrées plus ou moins lointaines, ce qui rendait les
échanges fructueux et suivis. Ne disposant d’aucune monnaie au sens actuel du terme, le troc était donc
une pratique courante et admise dans la société aztèque. Il s’agissait d’un système qui consistait à échanger
un produit contre un autre. Plus un produit était rare, plus il augmentait en valeur. Dans ce système
d’échanges, la rareté d’un produit pouvait alors donner l’occasion à la spéculation dans lesdits marchés,
comme on en voit d’ailleurs aujourd’hui.

S’agissant de la société aztèque, elle était également très hiérarchisée. Elle se divisait en groupes
ou en classes nettement différenciés. Au sommet de la hiérarchie, se trouvaient les nobles, qui étaient à
leur tour divisés en plusieurs catégories, chacune avec un code vestimentaire particulier qui permettait sa
reconnaissance dans la société. En fonction de son importance dans la société, chaque catégorie était
habillée en conséquence. Les prêtres, de par leur rôle spirituel, les membres de la famille du « chef des
hommes » ou de son entourage immédiat, les guerriers qui s’étaient distingués dans les batailles par leur

1
BAUDEZ, C-F. Les Mayas, (collection « Guide Belles Lettres des civilisations », 2004, p.51
2
DARRAS, V. La Mésoamérique Précolombienne, p.16
bravoure avaient droit à une reconnaissance collective. Ces derniers étaient récompensés et jouissaient
d’un grand prestige social. Parce qu’ils s’étaient distingués dans le domaine militaire, les guerriers pouvaient
être exceptionnellement bénéficiaires des domaines fonciers dans les régions conquises, mais aussi des
privilèges accordés à la noblesse, à savoir, entre autres, l’exemption des impôts. Cette faveur accordée aux
guerriers était de nature à encourager un maximum de gens à participer aux guerres pour le rayonnement
de la civilisation aztèque.

Dans le domaine religieux, Il est impossible d’énumérer les innombrables divinités des Aztèques. Un
dieu était d’ailleurs réservé à chaque activité ou à chaque domaine de la vie. Il y avait des dieux de l’eau,
du feu, de la terre, de la fertilité, de la mort, de la pluie, du maïs, et la liste est loin d’être exhaustive. Les
sacrifices humains, aussi cruels qu’ils peuvent paraître de nos jours, étaient bel et bien des pratiques
courantes dans cette civilisation. Influencés par la civilisation olmèque dans le domaine de l’art, entre
autres, les Aztèques avaient une grande capacité de production dans ce domaine. Mais l’essentiel de leur
production dans le domaine de l’art, qu’il soit fait à l’aide de la pierre ou du bois, était consacré à la religion.
La représentation de leurs innombrables dieux constituait l’essentiel de leurs productions artistiques.

En résumé, les Aztèques s’inscrivent dans la même logique que les civilisations citées plus haut en
héritant des Olmèques dans plusieurs domaines, malgré le fait que la guerre ait une dimension économique,
sociale, politique particulière dans leur civilisation.

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