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G uide d’achat

MESURES MÉCANIQUES

Mesurer l’épaisseur
d’un revêtement

Qu’il serve à protéger une structure métallique de la corrosion, à embellir la
coque d’un navire, ou à rendre un outil plus résistant à l’usure, un revête-
ment se doit d’avoir “la bonne épaisseur” : il en faut assez pour qu’il joue
pleinement son rôle, mais pas trop pour qu’il ne coûte pas trop cher ou qu’il
n’altère pas les propriétés de la pièce… Pour contrôler cette épaisseur, il
existe toute une panoplie d’outils, des techniques magnétiques aux
méthodes spectrométriques en passant par le contrôle ultrasonore ou capa-
citif. Mais tous ne conviennent pas aux mêmes applications et n’offrent pas
les mêmes limites. Pour bien choisir, il faut prendre en compte la nature du
revêtement, bien sûr, mais aussi celle du substrat, et le type de mesure que Fischer
l’on souhaite réaliser…

M
esurer l’épaisseur d’une tôle La mesure d’épaisseur de revêtements est l’induction magnétique et les courants de
métallique, d’une paroi, donc une discipline à part entière, avec ses Foucault. L’induction magnétique est utili-
d’une plaque de verre… tout particularités et ses contraintes. La plupart sée pour mesurer l’épaisseur de revêtements
le monde sait faire. Il existe des méthodes que l’on utilise sont elles aus- non magnétiques (tels
une large variété de techniques pouvant si bien spécifiques. Si l’on s’intéresse uni- que le vernis, la peintu- En bref…
répondre à ces applications. Des capteurs avec quement aux méthodes non destructives, on re, l’émail, le chrome, le
ou sans contact que l’on place devant la piè- trouve ainsi des techniques magnétiques zinc ou le cuivre) sur un  L’épaisseur est l’un des pre-
miers critères utilisés pour
ce, ou de part et d’autre de celle-ci, mesurent (basées notamment sur l’induction magné- support ferromagné- qualifier un revêtement.
la distance entre le capteur et la surface de la tique et les courants de Foucault), des tique (le fer et l’acier
 Pour la mesurer, il existe de
pièce pour en déduire son épaisseur... méthodes ultrasonore, optique, capacitive, principalement). La son- nombreuses méthodes. Les
Mais mesurer l’épaisseur d’un revêtement et même spectrométriques (telles que la fluo- de comporte une bobi- plus courantes, basées sur
est une affaire autrement plus compliquée. rescence X et la rétrodiffusion β). ne excitée par un cou- un principe magnétique,
Dans bien des cas, il s’agit de mesurer des Les méthodes magnétiques sont les plus rant alternatif. Lorsqu’on assurent une mesure
centaines, voire des dizaines de micromètres. répandues.A l’origine, les premiers appareils l’approche du support, simple et rapide pour un
coût relativement faible.
A cette échelle, l’état de surface de la pièce basés sur ce principe utilisaient un aimant elle crée un champ
 D’autres méthodes, basées
doit être pris en compte, tout comme l’ho- permanent. Le déplacement de l’aimant à magnétique qui modi- sur des rayonnements X ou
mogénéité du dépôt. De plus, certains revê- l’intérieur de la sonde lorsqu’on l’approche fie à son tour l’induc- β, permettent de répondre
tements (tels que l’or ou l’émail) sont trop d’un substrat ferreux fournit un signal de tance de la bobine, et à une plus large variété
coûteux ou fragiles pour être mesurés avec mesure proportionnel à la distance entre la donc la tension de sor- d’applications.
des techniques destructives ou des capteurs sonde et le substrat, et donc à l’épaisseur du tie, proportionnellement  Le choix de l’une ou l’autre
à contact. Enfin, il est rare que l’on connais- revêtement. Cette méthode, qui est encore à l’épaisseur du revête- des techniques dépendra
se a priori l’épaisseur de la pièce avant la pose utilisée sur certains appareils pour des appli- ment. surtout de la nature du sub-
strat, du revêtement, et des
du revêtement, ce qui impose d’utiliser des cations relativement simples, a peu à peu été Le principe des cou- précisions attendues.
méthodes de mesure absolues… remplacée par deux techniques dérivées : rants de Foucault est

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similaire, si ce n’est que la bobine est excitée nom l’indique, toutes deux font appel à des
par un courant alternatif de haute fréquence. rayonnements ionisants. Dans le cas de la
Lorsqu’on l’approche d’un métal non ferreux, fluorescence X, on “irradie” la pièce avec un
on génère des courants de Foucault qui vont faisceau de rayons X. L’énergie éjecte un élec-
à leur tour affaiblir par induction le champ de tron des couches internes des éléments tra-
la bobine. La variation du champ est directe- versés. Pour rétablir l’équilibre, un transfert
ment proportionnelle à la distance entre la d’électrons doit alors s’effectuer depuis les
sonde et le métal. Contrairement à l’induc- couches externes vers les couches internes. Ce
tion magnétique, les courants de Foucault sont mouvement se traduit par l’émission secon-
donc typiquement utilisés dans le cas de sub- daire d’un photon doté d’une énergie carac-
strats non ferreux (tels que l’aluminium, le téristique de l’élément étudié. La méthode
cuivre ou le zinc) pour mesurer l’épaisseur permet ainsi de connaître la nature et la
Testwell de tout revêtement isolant ou mauvais conduc- quantité des différents matériaux présents
teur (laque, peinture, vernis…). dans le revêtement.
La plupart des appareils utilisés dans la mesure d’épaisseur de revête-
ments sont basés sur un principe magnétique :l’induction magnétique
Autres méthodes également reconnues dans Dans le cas de la rétrodiffusion β, la pièce est
ou les courants de Foucault.Ils sont par exemple utilisés dans le domaine le domaine des revêtements, la fluorescen- bombardée par un faisceau d’électrons qui
de l’automobile,de l’aéronautique ou dans la micro-électronique… ce X et la rétrodiffusion β. Comme leur pénètrent plus ou moins profondément dans

Les principales méthodes


Principaux avantages Principales limitations Champ d’applications privilégié
Induction magnétique - Simplicité et rapidité d’utilisation - Applications limitées aux substrats ferreux Tout revêtement non magnétique (tel que
- Étendue de mesure pouvant aller jusqu’à - Sensible à la forme et à l’état de surface de la pièce vernis, peinture, émail, chrome, cuivre,
plusieurs mm - Méthode à contact (ne convient pas zinc, etc.) sur support ferromagnétique
- Coût relativement faible (à partir de 500 €) pour les revêtements trop fragiles) (fer, acier)
- Requiert une surface minimale de
mesure (quelques dizaines de mm2)
Courants de Foucault - Simplicité et rapidité d’utilisation - Convient aux couples substrat/revêtement ● Avec la méthode de mesure de l’amplitude :

(mesure de l’amplitude - Étendue de mesure pouvant aller jusqu’à de conductivité électrique différente tout revêtement électriquement isolant
et/ou de la phase du signal) plusieurs mm (revêtements non conducteurs sur substrats tels que laque, peinture et revêtement
- Coût relativement faible (à partir de 500 €) conducteurs idéalement) anodisé… sur métaux non-ferreux
- Requiert une surface minimale de (aluminium, cuivre, zinc, laiton…) et acier
mesure (quelques dizaines de mm2) inoxydable
- Sensible à la forme et à l’état de surface de la pièce ● Avec la méthode de mesure de la phase :

- Méthode à contact (ne convient pas revêtements conducteurs non magnétiques


pour les revêtements trop fragiles) sur bases ferreuses
revêtements de haute conductivité sur
matériaux peu conducteurs
Ultrasons - Permet de mesurer l’épaisseur de revêtements - Coût plus élevé que les méthodes magnétiques - Plus adaptés à la mesure de l’épaisseur
sur des substrats non métalliques tels que le verre, - Mesures parfois complexes des pièces
le bois, le béton, les matériaux plastiques, etc. - Peu adapté aux faibles épaisseurs de - Mesure de l’épaisseur de peintures sur
- Étendue de mesure de quelques dizaines de µm revêtements (< quelques dizaines de µm) plastique (pare-chocs automobile, par exemple),
à quelques dizaines de mm - Sensible à l’état de surface des pièces revêtements sur béton, vernis sur bois, etc. (*)
- Méthode à contact - Mesure d’épaisseur de trempe
- Épaisseur de revêtement d’étanchéité
sur du béton, etc.(*)
- Mesure d’épaisseur de film humide
(poudres avant cuisson)(*)
Méthodes radiométriques Mesure indépendante de la nature du substrat - Coût (> 20000 € pour la fluorescence, Épaisseur des dépôts d’or en microélectronique,
(fluorescence X et (en fluorescence X) > 12000 € pour la rétrodiffusion β) analyse de matériaux multicouches
rétrodiffusion β) Mesure de très fines épaisseurs (jusqu’au - Pas adapté à la mesure d’épaisseur de (dans le cas de la fluorescence X), mesure
nanomètre) matériaux organiques de revêtements et substrats conducteurs
Méthodes sans contact électriques, etc.
(*) méthode d’interférométrie ultrasonore

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Quelle méthode choisir ?


TYPE DE REVÊTEMENT
TYPE DE SUBSTRAT Non magnétique métallique Non magnétique, non métallique
(cuivre, chrome, étain, zinc, or, argent …) (peintures, laques, vernis…)
Ferromagnétique (fer, fonte, Induction magnétique, rétrodiffusion β(1), Induction magnétique, rétrodiffusion β(1),
acier…) fluorescence X(2)
Métallique non ferreux (alliages Rétrodiffusion β(1), courants de Foucault(5), Courants de Foucault(5), rétrodiffusion β(1),
d’aluminium, cuivre…) fluorescence X(2) capacitif
Isolants (époxy…) Courants de Foucault(5), Rétrodiffusion β(1),
rétrodiffusion β(1), fluorescence X(2) optique(3), ultrasons(4) Pour effectuer des mesures
Matériaux organiques Courants de Foucault(5), Optique(3), ultrasons(4) à la fois sur des substrats
ferreux et non-ferreux,
rétrodiffusion β(1), fluorescence X(2)
certains appareils combi-
(1) à condition que les numéros atomiques du substrat et du revêtement ne soient pas voisins (différence d’au moins 20-25 %)

Mitutoyo
(2) à condition que le revêtement ait un numéro atomique supérieur à 20
nent l’induction magné-
(3) à condition que les matériaux soient translucides à la longueur d’onde utilisée, et que le substrat ne soit pas trop réfléchissant tique et les courants de
(4) sauf cas particuliers (épaisseur de revêtement trop fine, mauvais état de surface, etc.)
(5) à condition que les conductivités électriques de chacun des matériaux soient suffisamment différentes
Foucault.Pour passer d’une
sonde à l’autre,il suffit de
presser un simple bouton.

la matière, en fonction notamment de leur ultrasonore pour arriver aux différentes lisation et leur coût relativement faible, indique Chris-
énergie et du numéro atomique du maté- couches limites de la pièce. En connaissant tophe Gabriel, technico-commercial chez
riau. Une partie des électrons émis est absor- la vitesse de propagation des ondes dans ces Testwell. Il existe de petites sondes portables qui offrent
bée, l’autre est rétrodiffusée et comptabili- matériaux, on en déduit la longueur du tra- une gamme de mesure allant jusqu’à 1000 ou 3000 µm
sée par un détecteur (plus le numéro jet. D’autres principes sont basés sur la micro- avec une précision de l’ordre de 2 µm,et qui sont dispo-
atomique du matériau bombardé est élevé, scopie acoustique ou sur l’interférométrie nibles pour quelques centaines d’euros ».Stéphane Gel-
plus il y a d’électrons rétrodiffusés). ultrasonore. Enfin, il est possible d’utiliser lée, responsable communication chez Labo-
D’autres méthodes sont utilisées plus ponc- certaines méthodes optiques telles que la mat Essor, fait la même analyse. « Ce sont les deux
tuellement. C’est le cas notamment de la microscopie confocale (qui permet par méthodes les plus répandues car elles offrent de bons résul-
technique capacitive. Le capteur et la pièce exemple de mesurer des épaisseurs de vernis tats tout en étant relativement bon marché.Entre 700 et
(un conducteur électrique quelconque) for- sur des substrats transparents), ou encore 1500 euros,on a un appareil tout à fait suffisant pour la
ment les deux plaques d’un condensateur. l’interférométrie. plupart des besoins ».
Sa capacité mesurée avant et après applica- Si l’induction magnétique et les courants de
tion du revêtement (un autre matériau A chacun son territoire Foucault offrent une étendue de mesure et
conducteur électrique) permet de déduire Du côté des méthodes, il y a donc le choix. une résolution comparables, chaque métho-
l’épaisseur du revêtement. Mais comme souvent dans ces cas-là, cha- de a néanmoins sa chasse gardée : les sub-
Le contrôle par ultrasons, que l’on utilise cune a ses particularités et son champ d’ap- strats ferromagnétiques pour l’induction
généralement pour mesurer l’épaisseur de plications privilégié. Pour bien choisir, il faut magnétique, les substrats non ferreux pour
pièces ou de parois, peut lui aussi convenir à en connaître les avantages et surtout les les courants de Foucault. « C’est la seule différen-
certaines mesures d’épaisseur de revêtements, limites. ce entre ces deux méthodes, souligne Christelle Pres-
en particulier sur des supports non métal- L’induction magnétique et les courants de sat, assistante commerciale chez Elcometer. Avant
liques (verre, plastique, bois, béton…). Le Foucault ont toutes deux largement fait leurs de se décider pour l’une ou l’autre,il faut donc en priorité
principe utilisé est souvent basé sur la mesu- preuves depuis de nombreuses années. « Ces se soucier de la nature du substrat ». Ou alors ne rien
re du temps aller/retour mis par une onde deux méthodes sont appréciées pour leur simplicité d’uti- décider du tout, et opter pour des appareils

Principaux critères de choix


Induction magnétique Courants de Foucault Ultrasons Fluorescence X Rétrodiffusion β
Méthode à contact ou pas Contact Contact Contact Sans contact Avec ou sans contact
Gamme de mesure De l’ordre du µm au mm De l’ordre du µm De l’ordre du µm De quelques centièmes De quelques dixièmes
au mm au mm à quelques dizaines de µm à quelques centaines de µm
Résolution Jusqu’à 0,1 µm Jusqu’à 0,1 µm Jusqu’à 0,1 µm Jusqu’à quelques Jusqu’à 0,1 µm
angströms (1A=10-10 m)
Coût approximatif De 500 à 6000 € De 500 à 6000 € > 5000 € 20000 - 46000 € 12000 - 17000 €

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mixtes (proposés entre autres par Cegelec,Elco-
meter, Fischer,Testwell ou Mitutoyo), qui combi-
nent les deux types de sondes. Lors du salon
Mesurexpo, qui s’est tenu le mois dernier à
Paris, Testwell a ainsi présenté le QuaNix 4500,
un petit appareil à sonde intégrée permettant
de réaliser des mesures à la fois sur des
métaux ferreux et non ferreux. Suivant les
besoins, il suffit de changer le mode de mesu-
re en pressant un simple bouton…
Finalement, « avec les méthodes magnétiques,on trai-
Tout comme les méthodes magnétiques,la fluores- te les trois quarts des problèmes rencontrés en mesure
cence X permet de mesurer l’épaisseur de revête-
ments de manière non destructive.La technique est
d’épaisseur de revêtements », indique Daniel Pif-
coûteuse,mais elle est utilisable dans une très large Fischer
fard, gérant de la société Fischer.
variété d’applications… Mais, bien sûr, il existe des applications où

Mesure d’épaisseur de revêtements* : un aperçu de l’offre


Fabricants Induction Courants Ultrasons Capacitif Magnétique Méthodes Méthodes
(Représentants) magnétique de Foucault optiques (1) radiométriques (2)
AIS ●
Akilog ●
Automation Köln (Testwell) ● ●
Capacitec ●
Cotec ●
DeFelsko (Labomat Essor) ● ● ●
Elcometer ● ● ●
Elcometer (Sofranel) ● ●
Elektro Physik (Erichsen) ● ● ● ●
Euraltech ● ● ●
Fogale Nanotech ● ● ●
FRT (BFI Optilas) ●
GE Panametrics (Sofranel) ●
Helmut Fischer (Fischer) ● ● ●
Icap ●
Karl Deutsch (Cegelec) ● ●
Metalscan ●
Mitutoyo ● ●
Niton (Fondis Electronic) ●
Oxford Instruments ●
Panalytical (ex Philips Analytical) ●
Phynix (Techindustries) ● ●
Rigaku (Elexience) ●
Rontgenanalytik (Caritec) ●
Rontgenanalytik (Insidix) ●
Sciensoria ●
Sensofar (BFI Optilas) ●
Shimadzu (Fondis Electronic) ●
Sonatest (Intercontrôle IC Escoffier) ● ●
Sonix (Insidix) ● (3)
Spectro ●
Steag ETA Optik (Eotech) ●
Stil ●
Veeco Instruments ●
*Méthodes non destructives - (1) Microscopie confocale, interférométrie, etc. - (2) Fluorescence X, spectroscopie IR, rétrodiffusion β, etc. - (3) Microscopie acoustique

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ni les courants de Foucault ni l’induction Les appareils basés sur un principe magné-
Techindustries tique comportent une sonde que l’on met en
magnétique ne conviennent : c’est le cas par contact avec la pièce.Suivant les applications,
exemple des revêtements non magnétiques on utilise des sondes plus ou moins larges :si
et non métalliques (tels que des peintures la surface de la pièce est rugueuse,il faut
ou du vernis) déposés sur des substrats iso- préférer les sondes les plus larges.Si les
lants ou d’origine organique (le verre, le conditions d’accès à la pièce sont difficiles,on
choisira les sondes les plus fines…
bois, les matériaux plastiques, etc.). En fait, les
courants de Foucault sont utilisables lorsqu’il
y a une différence de conductibilité élec-
trique suffisante entre le substrat et le revê-
tement. « Cela exclut par exemple les dépôts d’argent sur
du cuivre », indique M. Piffard (Fischer). N’ou-
blions pas aussi qu’il s’agit de méthodes à
contact, donc peu adaptées aux revêtements
fragiles ou portés à des températures élevées.
Enfin, « ce sont toujours des méthodes comparatives,qui
nécessitent auparavant d’étalonner l’appareil », précise
M. Piffard (Fischer).
Du côté des techniques spectrométriques, il
y a là aussi certaines particularités à signaler.« La
fluorescence X,par exemple,permet d’analyser tout revête-
ment métallique à partir du numéro atomique du titane.Et encore pour mesurer l’épaisseur de dépôts rait l’épaisseur d’une couche de zinc de 25 µm sur un
contrairement aux méthodes classiques,la mesure est indé- organiques (peintures, laques, vernis, support d’acier d’environ 500 µm », précise Jean-
pendante de la nature du substrat », indique Jean-Clau- résines…) sur des métaux. La limite, tout François Doussin, directeur technique de
de Bouttier, directeur de Caritec. « On l’utilise alors comme dans le cas des méthodes magné- Capacitec Europe. L’épaisseur du revêtement est
typiquement lorsqu’on a deux bons conducteurs l’un sur tiques, c’est la mesure de dépôts organiques alors déduite d’une mesure d’épaisseur tota-
l’autre,tels que de fins dépôts d’or sur des matériaux cui- sur des substrats eux-mêmes organiques (du le de la pièce avant et après dépôt.
vreux », souligne M. Piffard (Fischer).Autre avan- vernis sur du bois, par exemple…). Mais il existe un moyen de se passer de
tage de la technique, la possibilité d’analyser l’épaisseur avant dépôt. Fogale Nanotech a ainsi
des couches d’alliages binaires (alliage de zinc Des applications bien spécifiques développé un système de mesure original
et de nickel sur du fer, par exemple), et même Les autres méthodes (capacitives, optiques associant les technologies capacitive et induc-
de mesurer l’épaisseur de matériaux multi- et ultrasonores) sont employées pour des cas tive (les deux sondes étant placées sur le
couches (nickel/cuivre/fer, chrome/nic- plus spécifiques. La solution capacitive (pro- même axe), pour mesurer l’épaisseur de
kel/fer, etc.). « Comme il s’agit d’une méthode d’ana- posée notamment par Capacitec et Fogale Nano- revêtements non métalliques sur des sup-
lyse “détournée”, il est possible, du moment que l’on sait tech), par exemple, est limitée aux revête- ports métalliques. La sonde capacitive mesu-
dans quel ordre sont les différents matériaux,de connaître leurs ments et aux substrats conducteurs. « Nous re la distance avec le substrat, et la sonde
quantités respectives », souligne Joël Le Chevalier, avons par exemple réalisé une application où l’on mesu- inductive mesure la distance avec le revête-
directeur commercial de Fondis Electronic. La
méthode permet en effet de sélectionner une
“fenêtre” d’énergie dans le spectre d’émission
secondaire du matériau à mesurer, et donc de Des méthodes destructives
ne comptabiliser que le nombre de photons
issus du revêtement. « On s’intéresse en fait à l’éner- Outre les méthodes magnétiques, optiques générale, la coulométrie mesure l’épaisseur
gie propre de la matière,explique M. Piffard (Fischer). ou radiométriques, il existe également des de tout dépôt métallique sur des substrats
Il est donc possible d’identifier les différents éléments présents méthodes destructives permettant de mesu- métalliques ou non de quelques fractions à
dans le revêtement,et d’analyser la composition des alliages ». rer l’épaisseur des revêtements. C’est le cas plusieurs dizaines de micromètres d’épais-
La rétrodiffusion β, au contraire, ne permet par exemple de la coulométrie, qui consiste seur.
pas d’effectuer une telle sélection. Elle n’est à dissoudre localement le revêtement en y Une autre méthode consiste à réaliser une
donc pas adaptée à la mesure d’épaisseur de formant une petite cellule d’électrolyse chi- coupe transversale de l’échantillon, et à
matériaux multi-couches. Mais d’autres élé- mique. Le temps nécessaire à la dissolution l’analyser à l’aide d’un système optique avec
ments prêchent en sa faveur. Son coût (qui de la couche est alors relié à son épaisseur. le grossissement approprié. On mesure ainsi
tourne autour de 15 000 euros) peut être « La méthode est notamment utilisée pour des revêtements allant jusqu’à plusieurs
jusqu’à quatre fois moins élevé que celui de mesurer l’épaisseur de revêtements de nickel, dizaines de micromètres d’épaisseur. Il est
la fluorescence X. De plus, son champ d’ap- indique Christophe Gabriel, technico-com- aussi possible de réaliser une empreinte sur
plication est théoriquement étendu à tous mercial chez Testwell. Ce matériau, qui ne pré- la pièce revêtue, et d’en mesurer les dimen-
types de revêtements et tous types de sup- sente pas toujours le même taux de magnétis- sions. Ou même d’utiliser une méthode
ports à condition que leur numéro atomique me, est en effet difficilement mesurable avec gravimétrique en mesurant le poids du
ne soit pas trop proche. On l’utilise par les méthodes classiques ». De manière plus revêtement…
exemple pour des dépôts d’or, d’argent ou
d’étain sur du cuivre, du nickel ou du fer, ou

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pas si difficile. « L’industriel doit avant tout se poser
un certain nombre de questions élémentaires pour bien
définir son besoin, indique M. Piffard (Fischer).
Quelle est la nature du substrat? Quelle est celle du revê-
tement? Quelle est la forme des pièces? Doit-on utiliser
une méthode non destructive? Mesurer une simple épais-
seur ou réaliser une analyse statistique approfondie? ».
Un choix pas si difficile
La nature du substrat et celle du revêtement,
on l’a vu, suffisent bien souvent à orienter
le choix vers l’une ou l’autre des méthodes.
Simplicité et rapidité d’utilisation : ce
De même, si le revêtement est formé de plu-
sont les deux principales raisons pour sieurs couches (peinture et zinc sur de l’acier,
lesquelles les industriels choisissent les par exemple), on se dirigera certainement
méthodes magnétiques. Il suffit de poser vers la fluorescence X. La forme des pièces,
l’appareil à la surface du revêtement quant à elle, permet de choisir un type de
pour avoir une mesure au dixième de Fischer
micron près.
sonde (sonde droite, coudée, plus ou moins
large, etc.). Enfin, l’appareil choisi n’est bien
ment. Par déduction, on en déduit alors pe est ici basé sur la rétrodiffusion des ondes sûr pas le même suivant que l’on souhaite
l’épaisseur du revêtement. ultrasonores sur les grains constituant le mesurer une simple épaisseur ou bénéficier
La mesure optique, quant à elle, est logi- matériau. Dans les zones traitées (là où l’acier d’une mémoire, de fonctions statistiques, de
quement réservée aux revêtements et aux est “trempé”), les grains sont relativement la possibilité de tracer des courbes ou enco-
substrats translucides dans les longueurs fins, ce qui engendre un niveau de rétrodif- re d’envoyer les données à un PC… Ces fonc-
d’onde utilisées. Des stations de mesure pro- fusion très faible… tions, qui sont standards dans le cas d’un
posées par Cotec, Stil ou Fogale Nanotech, par Malgré tout, la mesure de l’épaisseur de revê- spectromètre de fluorescence X, par exemple,
exemple, permettent ainsi de mesurer l’épais- tements par ultrasons est relativement déli- ne sont pas forcément proposées avec les sys-
seur de vernis, de couches de silicones ou cate. Dans le cas de couches trop minces, il tèmes de mesure magnétiques.
de colle sur tous types de substrats transpa- peut y avoir des recouvrements d’échos et Quel que soit le système choisi, la mesure
rents (à condition qu’il y ait un changement des interférences entre les différentes couches de l’épaisseur d’un revêtement nécessite
d’indice suffisant entre les différents milieux). limites. De même, si l’interférométrie ultra- ensuite de prendre un certain nombre de
« Avec un principe confocal, nous pouvons mesurer des sonore convient à la mesure de l’épaisseur précautions. « Il faut dire que dans les trois quarts des
épaisseurs de revêtements allant jusqu’à plusieurs milli- d’une couche de peinture sur un matériau applications, les revêtements mesurés ont une épaisseur
mètres avec une précision de l’ordre de 1 µm,indique plastique, par exemple, elle trouve vite ses inférieure au millimètre! », indique M. Gabriel
Serge Carras co-gérant de Cotec. En mode inter- limites lorsqu’on a deux ou trois couches de (Testwell). A cette échelle, l’état de surface de
férométrique,la précision est meilleure que le micron,avec revêtement : « Les vitesses de propagation des ultrasons la pièce joue un rôle non négligeable. « Il suf-
une étendue de mesure allant jusqu’à 250 µm ». Bien dans ces couches ne sont pas si différentes,et l’on a du mal fit d’imaginer que l’on mesure un dépôt de zinc de 12 µm
sûr, « il n’est pas question de mesurer l’épaisseur de à identifier les différentes interfaces, explique M. Pif- d’épaisseur sur une pièce présentant un paramètre de rugo-
couches trop minces, indique Jean-François Qui- fard (Fischer). Dans ce cas,on travaille avec un témoin sité Ra de 10 µm :suivant l’endroit où l’on fera la mesu-
niou, gérant d’Akilog. Nous intégrons par exemple sur un substrat ferreux (une petite pastille intégrée à un re,il y aura forcément d’importantes disparités », sou-
des systèmes basés sur un principe confocal ne permettant pare-chocs par exemple) ». ligne M. Piffard (Fischer). De même, la
que de mesurer des épaisseurs supérieures à 1 µm sur des Malgré la variété des méthodes, le choix n’est propreté de la surface a parfois son impor-
matériaux assez réfléchissants ».
La méthode ultrasonore, enfin, est la plupart Certains appareils “universels”
du temps réservée à la mesure de l’épaisseur sont compatibles avec différents
types de sondes :courants de
de revêtements déposés sur des supports non
Foucault,induction magnétique,
métalliques, tels que le bois, le plastique, le ou même rétrodiffusion β…
verre ou encore le béton. Le PosiTector de Suivant les applications,et en
Labomat Essor, par exemple, mesure ainsi des particulier suivant la nature du
épaisseurs allant de quelques dizaines de substrat et les précisions atten-
dues,on passe alors de l’une à
microns à quelques dizaines de millimètres,
l’autre en gardant la même
avec une précision de l’ordre de 2 µm. « Il est électronique…
également possible d’utiliser la méthode ultrasonore sur
des substrats métalliques,explique M. Gabriel (Test-
well).Mais dans ce cas,autant utiliser les systèmes magné-
tiques qui donnent le même résultat pour un investissement
inférieur ».Autre application des ultrasons, réa-
lisée notamment chez Métalscan, la mesure de
la profondeur de trempe, pour connaître la Fischer
dureté surfacique d’un matériau. Le princi-

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tance. Dans le cas d’une mesure capacitive, mesures réalisées sur des pièces planes ou ve dans des applications un peu spéciales,permettent d’évi-
par exemple, une infime couche de pous- courbes, par exemple, ne donneront jamais les ter toute mauvaise surprise »,estime M. Gabriel (Test-
sière ou de liquide peut suffire à modifier le mêmes résultats. Si l’on doit mesurer l’épais- well). M. Le Chevalier (Fondis Electronic) fait la
diélectrique formé entre la sonde et la pièce, seur d’un revêtement d’une pièce présentant même analyse : avec des méthodes telles que la fluores-
et donc à fausser les mesures. un certain rayon de courbure, il faudra alors cence X, l’investissement est tel qu’il vaut mieux aupara-
Autre précaution,« dans le cas de l’induction magnétique réaliser au préalable un étalonnage dans les vant réaliser des essais,et ce quel que soit le type de substrat
et des courants de Foucault,il ne faut pas oublier que même mêmes conditions, sur une pièce identique, ou de revêtement que l’on souhaite analyser ».
avec la sonde la plus fine possible,le champ créé n’est jamais et s’aider éventuellement de dispositifs méca- Il faut enfin veiller à garder les pieds sur ter-
ponctuel,mais qu’il ressemble plutôt à une demi-sphère de niques pour être sûr de placer la sonde rigou- re, et à évaluer correctement ses besoins. «Tout
5 mm de diamètre »,poursuit M.Piffard (Fischer).Des reusement de la même manière. est une question de besoins et de retours sur investisse-
sondes plus larges permettent alors d’intégrer un Il peut enfin y avoir des cas très particuliers ments, souligne M. Piffard (Fischer). Mesurer un
plus grand volume de matière et de “lisser” où des applications apparemment simples se revêtement assez épais est à la portée de tout le monde,
ainsi l’effet de la rugosité. transforment en de véritables casse-tête : il avec n’importe quel produit sur catalogue.Mesurer l’épais-
Mais que l’on se rassure,ces spécifications figu- suffit parfois d’une peinture non homogè- seur d’un revêtement organique sur un substrat lui-même
rent généralement sur la fiche technique des ne déposée au pistolet, ou d’un revêtement organique, telle qu’une couche de vernis sur du bois, est
appareils : le QuaNix 4200 de Testwell, par chargé de particules métalliques pour que encore très difficile… mais en a-t-on vraiment besoin?
exemple, requiert une surface de mesure d’au des effets parasites viennent fausser les En revanche,mesurer 1 µm d’or sur un circuit imprimé
moins 10x10 mm2,le Digiderm de Mitutoyo se mesures… exprime un réel besoin,et fera appel à de vraies compétences.
contente d’un cercle de 3 mm de diamètre,etc. Devant la variété des situations, la plupart des Si l’on n’en dispose pas en interne,il ne faut pas hésiter à
Le volume de mesure nécessite aussi de fournisseurs conseillent alors d’essayer au préa- faire appel à des spécialistes ».
prendre en compte la forme de la pièce : des lable les appareils. « De tels essais,dès que l’on se trou- Marie-Line Zani

Principaux fournisseurs
AIS Erichsen Mitutoyo
Tél. : 04 74 09 48 80 - Fax : 04 74 09 48 88 Tél. : 01 47 08 13 26 - Fax : 01 47 08 91 38 Tél. : 01 49 38 35 00 - Fax : 01 48 63 27 70
www.ais.fr www.erichsen.fr www.mitutoyo.fr

Akilog Euraltech (Logisonic) Oxford Instruments


Tél. : 03 81 80 44 13 - Fax : 03 81 80 44 25 Tél. : 01 60 92 83 83 - Fax : 01 60 92 83 70 Tél. : 01 69 85 25 25 - Fax : 01 69 41 86 80
www.akilog.com www.euraltech.fr www.oxinst.com

BFI Optilas Fischer Panalytical (Philips Analytical)


Tél. : 01 60 79 59 00 - Fax : 01 60 79 89 70 Tél. : 01 30 58 00 58 - Fax : 01 30 58 89 50 Tél. : 01 45 10 53 70 - Fax : 01 45 10 53 71
www.bfioptilas.com www.helmut-fischer.com www.panalytical.com

Capacitec Fogale Nanotech Sciensoria


Tél. : 01 43 39 48 68 - Fax : 01 49 80 07 49 Tél. : 04 66 62 05 55 - Fax : 04 66 62 71 60 Tél. : 02 99 57 19 71 - Fax : 02 99 57 18 78
www.capacitec.com www.fogale.fr www.sciensoria.com

Caritec Fondis Electronic Sofranel


Tél. : 04 74 01 05 52 - Fax : 04 74 01 03 14 Tél. : 01 34 52 10 30 - Fax : 01 30 57 33 25 Tél. : 01 39 13 82 36 - Fax : 01 39 13 19 42
www.caritec.fr www.fondiselectronic.com www.sofranel.com

Cegelec Icap Spectro


Tél. : 01 69 88 67 62 - Fax : 01 69 88 67 68 Tél. : 04 76 41 13 13 - Fax : 04 76 90 17 92 Tél. : 01 34 02 40 40 - Fax : 01 34 02 40 49
www.ndt.cegelec.com www.gresivaudan.com/icap www.spectro.com

Cotec Insidix Stil


Tél. : 04 50 71 21 63 - Fax : 04 50 71 22 46 Tél. : 04 38 12 42 80 - Fax : 04 38 12 03 22 Tél. : 04 42 39 66 51 - Fax : 04 42 24 38 05
www.cotec.fr www.insidix.fr www.stilsa.com

Elcometer Intercontrôle IC Escoffier Techindustries


Tél. : 02 38 86 33 44 - Fax : 02 38 91 37 66 Tél. : 02 32 63 35 00 - Fax : 02 32 59 20 66 Tél. : 01 34 70 03 36 - Fax : 01 34 70 39 02
www.elcometer.com www.sonatest-plc.com www.techindustries.fr

Elexience Labomat Essor Testwell


Tél. : 01 69 53 80 00 - Fax : 01 60 11 98 09 Tél. : 01 48 09 66 11 - Fax : 01 48 09 98 65 Tél. : 01 39 73 02 54 - Fax : 01 39 73 25 78
www.elexience.fr www.labomat.com www.testwell.fr

Eotech Metalscan Veeco Instruments


Tél. : 01 64 49 71 30 - Fax : 01 64 49 32 29 Tél. : 03 85 90 07 50 - Fax : 03 85 90 07 51 Tél. : 01 64 59 35 20 - Fax : 01 64 59 72 22
www.eotech.fr www.metalscan.fr www.veeco.fr

MESURES 759 - NOVEMBRE 2003 69

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