Vous êtes sur la page 1sur 7

Jacques Sauvan

Tombeau pour Antée : l'événement et le schème ou l'exigence


de sécurisation
In: Communications, 18, 1972. pp. 122-127.

Citer ce document / Cite this document :

Sauvan Jacques. Tombeau pour Antée : l'événement et le schème ou l'exigence de sécurisation. In: Communications, 18, 1972.
pp. 122-127.

doi : 10.3406/comm.1972.1267

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1972_num_18_1_1267
Jacques Sauvan

Tombeau pour Antée

L'événement et le scheme
ou l'exigence de sécurisation

La Brîge (se découvrant et s'adressant à


son avocat qui lui réclame le prix de sa
plaidoirie) : a Je ne vois pas pourquoi je
vous donnerai cent sous alors que je peux
avoir ce canotier pour trois francs cin
quante. » Georges Courteline (Un client
sérieux).'

César (s'adressant à M. Brun qui pro


clame l'excellence de la Tour Eiffel comparée
au pont transbordeur du Vieux port) :
« Mossieu, la hauteur peut-être, mais en
tout cas la largeur n'y est pas. » Marcel
Pagnol (Marins).

Notre débat est constamment en danger de s'organiser au niveau de ces juge


ments de valeur, et je dois bien des excuses à Courteline et à Pagnol, qui me
sont si chers, de l'approximation excessive de mes citations.
On ne trouvera pas ici de réponse au problème de l'Événement, les lignes
qui suivent ont été simplement fortement motivées par le texte d'Edgar Morin
et par la pensée laboricienne à ce sujet.
• Je me bornerai à énoncer ce que je crois être certaines données préalables
et ensuite je tâcherai, si faire se peut, d'en extraire quelques réflexions. C'est
dire qu'il ne s'agit pas là d'un « propos logique classique et donc séquentiel ».
Nous atteignons un niveau de complexité pour lequel tout espoir d'appréhension
(et de description) de ce type est dérisoire. Par contre il y a nécessité de pré
senter, d'une façon qui puisse sinon simuler mais au moins évoquer la simul
tanéité et l'absence de hiérarchisation ou d'articulation logique, un certain nombre
de réflexions dont il est nécessaire qu'elles soient dans l'esprit en interaction
constante entre elles et avec leurs conséquences.
— Excellence de la connaissance objective. Dans la société qui se fonde sur cette
connaissance, l'événement a mauvaise presse, et cela à juste titre : de tous
temps il a constitué l'alibi par excellence des thaumaturges et des escrocs para-
scientifiques. (Voyance, ectoplasmes, tables tournantes, transmission de pensée,
etc.). Il constitue la justification inébranlable au refus de toute contre-expér
ience, de toute justification, de toute vérification : ce qui se passe ici et

122
Tombeau pour Antée

maintenant n'a pas de rapports avec ce qui s'est passé hier, ou se passe ailleurs
ou se passera demain. On sait quelles sont les exigences essentielles et inaliénables
de la connaissance objective.
— La tentation du mythe de l'éternel retour. Mais d'autre part quelle satisfac
tion viscérale que de vivre dans un laboratoire soigneusement homéostasié,
dans un univers d'expériences toujours reproductibles qui permettent de scoto-
miser tout le reste. Quelle sécurité, quelle paix de l'esprit, quelle sérénité méta
physique. Pensons donc avec confiance le monde comme un éternel laboratoire
dont nous ne serions nous-mêmes qu'une des expériences reproductibles (... donc
qui sera reproduite nous souffle un subconscient constamment affronté à la
mort).
— Une expérience, cela demande tout de même du temps, mais cela cons
titue un cycle (fermé par définition), quelle sécurité encore. Cette durée peut
être infime devant notre propre durée de vie (le temps réel des informaticiens),
mais elle peut s'allonger, en astronomie par exemple : le retour d'une comète
quel sujet supplémentaire de sécurisation : tout finit bien par revenir, nous aussi.
En effet, mais seulement dans un certain monde physique qui va de l'atome aux
systèmes du type solaire : ce monde est fait de systèmes ouverts mais « an-his
toriques 1 ». Ils se retrouvent dans certaines civilisations « pré-historiques » du
Pacifique par exemple.
— Les intolérables systèmes ouverts historiques1. Mais l'univers n'a pas une
trajectoire fermée et la cybernétique (qu'avait précédée l'évidence) nous montre
l'existence, à partir d'un certain niveau de complexité de systèmes ouverts histo
riques qui sont aux systèmes précédents ce que la spirale est au cercle.
Les cycles s'allongent et l'on ne sait jamais quand on passe de l'ellipse à la
parabole, c'est-à-dire quand on se trouve en situation historique. Or, la méthod
ologie de la connaissance actuelle est entièrement désarmée devant de tels
systèmes. En effet c'est en mettant entre parenthèses la date de ses expériences
que la pratique expérimentale physico-chimique a obtenu ses succès éclatants.
L'aboutissement en est « La Mathématique » pour laquelle le temps n'existe
pas et qui se ramène à des tableaux d'équivalences intemporelles. Aborder dans
de telles dispositions les systèmes hyper-complexes (ou, comme on le verra plus
loin, les ensembles de mécanismes de grande complexité) est certainement très
imprudent.
• Tout ce que l'on peut tenter dans ce sens c'est soit d'affirmer qu'au fond la
parabole c'est essentiellement une ellipse, soit d'écraser la spirale pour la rame
nerà un cercle.
Interlude: De quelques concepts autour et alentour de l'événement.
Existe-t-il de grands systèmes? Dernièrement le mathématicien Bellmann a dit
avoir démontré qu'il était impossible d'optimiser un grand système. Pour ma
part je pense plutôt qu'il est impossible, à partir d'un certain volume, de
tracer des frontières qui définiraient un très grand système. Il ne serait pas
possible de découvrir le « plan de clivage » nécessaire à une telle opération.
L'événement et la pensée humaine. La pensée humaine n'appréhende par ses
capteurs et ses effecteurs qu'un spectre bien incomplet de l'univers. Bien plus
elle se trouve dans l'impossibilité de manier globalement la totalité de ce spectre.
Elle est constamment contrainte d'en abandonner une partie. Ainsi elle ne peut
que manipuler des événements et il est nécessaire pour cela qu'elle crée entre eux

1. Cf. Addendum.

123
Jacques Sauvan
des partitions qu'on ne peut même pas appeler stricto sensu des limites de sous-
ensembles car ces frontières ne sont que sillon sur la mer.
Le déterminisme physique. Le postulat déterministe résiste à l'épreuve des
faits et à celle plus dangereuse de l'avancement des connaissances objectives. Il
est le seul efficace, mais n'est qu'un moyen heuristique : car ce n'est qu'au prix
d'une extraordinaire négation de la réalité qu'on peut s'autosuggestionner
jusqu'à se mettre en situation mentale de déterministe. Au niveau des faits
perçus, la réalité est événementielle, nous postulons que les racines de cette situa
tion s'insèrent profondément dans un humus déterministe et dans un univers
unitaire, mais il nous est à jamais interdit de saisir l'ensemble de cet enracine
ment; on manipule donc une réalité insérée dans l'inconnaissable et, faute d'une
connaissance exacte qui appartient au domaine des mythes, on utilise des modèles
approximés sans lesquels nous serions impuissants. Ces modèles sont le hasard et
la probabilité; leur conséquence inéluctable est l'événement. Nous sommes
contraints d'y recourir, mais cela n'est licite que sous-tendu par une volonté
farouche d'effriter ces domaines du hasard au bénéfice de mécanismes détermin
istes.
La méthode déterministe paraît absolument aberrante, pourtant ses résultats
sont incomparables. Que fait-on en effet : on coupe artificiellement un morceau
d'univers de ses relations les plus profondes dont la moindre n'est pas la relation
historique. Après l'avoir extrait d'un contexte de strict déterminisme postulé,
en avoir fait un nuage flottant, on a l'extraordinaire prétention d'exiger qu'il
soit encore déterminé, et, comme cela réussit souvent, on a l'inconscience de
trouver cela tout naturel. Une des raisons possibles de ce succès vient de la
limitation extrême de nos ambitions de chercheurs ; on se contente en effet d'un
lambeau d'une ombre du réel. Les relations déterministes rompues pouvaient ne
pas intervenir dans la formation de ces ombres. Je crois qu'un mathématicien
pourrait dire qu'il s'agissait de paramètres orthogonaux au volume de projec
tion.
Des lois physiques. Le déterminisme nous conduit aux lois, et la réintroduc
tion de l'événement à l'épistémologie. Les lois ne sont que des modèles formels,
c'est-à-dire des modes éprouvés de prédiction. Notre mathématique de la phy
sique est du continu, les informaticiens savent bien ce qui se passe lorsqu'il s'agit
de la faire glisser vers un quantifié où l'infini n'existe pas.
On parlait il y a vingt ans de la perfection de la mécanique céleste. La cosmo
nautique a prouvé amplement qu'il était nécessaire d'élaborer des modèles
pragmatiques des corps célestes après expérimentations nombreuses. On en est à
dire : à cet endroit la valeur de g est de tant, à tel autre de tant. Parler d'un
mascon c'est utiliser une abréviation pour parler d'une augmentation locale de g
et puis c'est tout ; en transposant l'ancien testament on peut dire qu'un serpent
se casserait les reins à suivre les voies d'un véhicule spatial. Je pense qu'actuell
ement aucun physicien n'oserait faire une « loi » de la fameuse loi de Mariotte
qui n'est valable que pour un gaz parfait que non seulement personne n'a jamais
vu, mais dont on sait pertinemment qu'il ne peut exister.
Faire intervenir ici la notion d'échelle d'observation, c'est souscrire à la notion
d'événement puisque cela veut dire qu'on ne contrôle pas à un niveau plus fin.
Rétrospectivement, avant les marqueurs radio-actifs, la biochimie ne pouvait être
qu'événementielle. D'où tiendrions-nous la certitude qu'elle ne l'est plus?
Maintenant, quand on dit qu'on réintroduit l'événement en recherche objec
tive, cela est vrai littéralement, mais ne contient pas tous les présupposés qu'on

124
Tombeau pour Antee

voudrait y mettre. En particulier, il n'y a ni renversement de stratégie, ni prise


de conscience nouvelle mais aptitude à une rigueur accrue.
Du hasard. C'est lui qui réintroduit l'événement. Le hasard c'est la nécessité.
Lecomte de Noûy l'a montré il y a longtemps et ses convictions ne dévaluent
en rien la rigueur de son raisonnement. Il me semble que dans certains milieux
on dispose d'une conception un peu trop « Monte-Carlienne » du hasard. Dans ce
truc génial qui n'est qu'un moyen de s'affranchir de facteurs inaccessibles, l'im
portant c'est son complément nécessaire : la probabilité. Mais l'un et l'autre sont
constructions de l'esprit : il faut savoir dire probabilité de quoi. On n'insiste pas
assez sur l'aspect strictement subjectif et heuristique du choix de l'objet d'un
calcul de probabilités. Si dans une chaudière je l'applique à une molécule, je reste
en plein aléatoire et n'en tire rien. Si je l'applique à l'ensemble des molécules, alors
j'aboutis à coup sûr et d'une façon extraordinairement rigoureuse à des connais
sancessur le bilan thermique et les pressions. Tous les émerveillements naïfs sur
tel ou tel événement biologique se ramènent au schéma suivant : si l'on songe à
l'occurrence de tous les facteurs qui ont dû converger il est invraisemblable
que telle personne ait gagné le gros lot (et quoi qu'on en dise tout ce qui suit reste
valable même si, comme pour l'apparition d'êtres vivants, il n'y a eu qu'un seul
tirage) ; mais d'autre part il y avait une nécessité, c'est qu'il y ait un gagnant
à cette loterie. Les conditions étaient donc que le gagnant aurait certainement une
chance inqualifiable.
Des expériences fondamentales ont montré la nécessité d'apparition de cer
taines molécules complexes sans lesquelles les propriétés vivantes ne se seraient
pas réalisées. D'autres arrangements auraient pu remplacer ceux-ci, il en serait
résulté quelque chose de différent, mais certainement du même niveau de comp
lexité. Nous sommes de par notre existence ce quelque chose de différent par
rapport à d'autres possibles : quelle importance? Ce degré de complexité-là était
une nécessité. Quant à s'étonner du hasard qui veut qu'on structure des informat
ions à ce sujet, sur terre, en 1971 et en langue française n'est-ce pas un peu
enfantin? « Si nous n'étions pas ici, nous serions ailleurs » (Fred Hoyle). L'action
est le privilège de ce qui existe.
Je pense que c'est maintenant que je puis contester la volonté de faire du
grand « Bang » originel un événement absolu; tout porte à penser que l'Ylem
(si Ylem il y a eu) relevait des mécanismes déterministes.
L'implicite et Vexplicite. Il est essentiel de considérer comme étant de nature
opposée les concepts de chacun des termes des couples suivants : Déterminisme —
Prédétermination, Finalité — Finalisme, Mémoire — Programme et même Desti
néeet Destin. Les premiers termes appartiennent au domaine de l'implicite,
les seconds à celui de l'explicite exogène.
L'implicite correspond à l'évolution qu'imposent à un système complexe les
sous-systèmes d'une complexité moindre dont il est constitué, à la limite il s'agit
du déterminisme pur et simple. (Il s'agit d'une attitude soi-disant réduction-
niste. Je montre ailleurs qu'il s'agit d'un faux problème, le déterminisme étant
toujours fécondé par le niveau de structure.)
L'explicite exogène se réfère à la commande d'un système de moindre comp
lexité par un système de complexité supérieure ; par exemple un ingénieur dépose
un programme dans l'arbre à cames d'un moteur à explosions.
L'avantage extraordinaire de cette dernière attitude est qu'elle dispense de
toute recherche, de tout souci et de tout progrès : certains scholastiques expli
quaient le monde en mettant un ange derrière chaque brin d'herbe, chaque grain

125
Jacques Sauvait

de poussière. Quelle vanité que la connaissance alors. On retrouve toujours cette


grande tentation, elle est protéiforme.
L'autre grande tentation, et elle est évidente chez les scientifiques actuels, du
fait probablement de la pensée informatique d'une part, de la pensée génétique de
l'autre, c'est le mythe d'une prédétermination implicite dans le déterminisme.
Peut-être est-ce là la vérité suprême et il faudra s'y soumettre. Mais en attendant
rien ne nous autorise à l'accepter. Le déterminisme c'est l'univers laplacien.
(Les positions et les vitesses étant connues...). Je pense que nous sommes plongés
dans un univers laplacien mais que nous sommes fondamentalement incapables
de l'appréhender dans sa totalité, et de plus qu'il est physiquement impossible
qu'il existe un support physique capable de le faire. L'idée de « prédéterminat
ion » est une absurdité puisqu'il n'existe nulle part la possibilité de voir ou de
connaître les événements à venir, l'absurdité existant au second degré lorsqu'on
imagine la création actuelle d'une stratégie propre à créer les conditions d'appar
ition de ces événements qu'on ne peut même pas décrire. Tout ce chapitre
retrouve des problèmes du même ordre que ceux relatifs à l'infini actuel ou
l'infini potentiel.
Cela relève encore d'une propriété sécurisante de l'esprit humain qui est de
pouvoir formuler des mythes, c'est-à-dire des conditions d'existence de pro
priétés ne pouvant exister. (Il semble que ce soit une grande satisfaction que
de savoir qu'il y a au moins quelqu'un ou quelque chose qui « sache » notre
destin.)

Je pense qu'il est possible maintenant de placer l'événement dans le cadre


des trois modes de connaissance revendiqués par l'homme. Il n'y a aucune
hiérarchie entre ces trois aspects du fonctionnement du cerveau humain,
toute tentative dans ce sens relèverait du niveau de jugement de valeur des
épigraphes.
— Une connaissance totale globale, absolue, hors du temps, dont le sujet
est nécessairement étranger à la matière; il est donc transcendental et mythi
que.Notre logique nous contraint de le considérer comme inaccessible à toute
connaissance objective de notre part. L'objet de connaissance, l'univers, est
nécessairement totalement appréhendé dans les quatre dimensions, la dimension
temps disparaissant même, du moins telle que nous l'entendons. Il n'est repré
senté par aucun modèle : loi, structure, système : il est et transcende l'éternité.
Admettre ou refuser ce mode de connaissance c'est appréhender ou non le
divin.
— Une connaissance de son environnement par un sujet humain, connais
sancenécessairement incomplète, incluant obligatoirement le temps biologique
du sujet lui-même. Fondamentalement il s'agit de l'événement. L'homme peut le
scotomiser mais c'est pour le mieux appréhender. Il assume sa condition dans
l'univers, sa démarche est prométhéenne. (J'en fais la connaissance d'Antée qui
tenait toute sa puissance de la terre, du réel.)
— Une connaissance par simplification de l'expérience, avec élaboration d'un
monde des idées rapidement indépendant, coupé des racines de l'univers phys
ique. Le temps y devient le cycle et l'événement le mal suprême. C'est ce monde
des idées qui récupère le mythe de l'immortalité. Platon y trouve son compte.
C'est la connaissance d'Hercule.

126
Tombeau pour Antêe

Et le ver dans le fruit du miracle grec est qu'un jour néfaste Hercule a étouffé
Alitée.

Addendum. Il me semble que certains aspects importants de la cybernétique


sont mal connus. L'homéostasie et le feed back n'en sont que des mécanismes
élémentaires. J'ai construit des machines finalisées qui, tant que cela est compat
ibleavec leur adéquation, à l'environnement, fonctionnent en homéostasie,
mais qui modifient leur « écologie » par la fuite ou la lutte lorsque la pression
du milieu dépasse les possibilités d'adaptation, la fuite modifiant le milieu par
changement spatial, la lutte par action sur le milieu, actuel et transformation de
celui-ci. Ce sont des machines qui ne sont pas programmées et ont un comporte
ment épigénétique.
J'ai réalisé leur complément naturel, une mémoire susceptible d'association,
d'abstraction et d'invention. Cela conduit à définir la hiérarchie suivante de sys
tèmes autonomes :
— Les systèmes autonomes quant aux moyens : homéostasie.
— Les systèmes autonomes auto-finalisants :
— Systèmes statiques : Pour ces mécanismes le temps n'existe pas en tant
que paramètre interne. Une fois leur équilibre atteint, seule une information
extrinsèque remet cet équilibre en cause, leur rend une activité : ce sont les mul-
tistats.
— Systèmes dynamiques : Ici l'équilibre se détruit spontanément avant
d'être atteint, même en l'absence de toute modification de l'environnement.
Ce que ces mécanismes « recherchent » c'est un certain taux d'activité, un certain
dialogue avec l'environnement. Le temps intervient comme variable interne.
La finalité de tels systèmes est d'être constamment en activité. Ce groupe se
subdivise en deux variétés :
Les systèmes dynamiques fermés : ils tendent vers un état stationnaire. Ils se
restructurent et répondent différemment en fonction de l'historique des messages
qu'ils ont reçus mais n'ont pas de mémoire. Ici le temps se ramène à l'existence
de cycles divers comportant chacun des étapes correspondant à un comporte
ment précis. L'évolution de ces systèmes n'est pas « historique », ils ne sont pas
susceptibles d'apprentissage. Ils simulent l'instinct pur. Il s'agit de structures du
type de l'atome, des insectes à comportement instinctif pur (s'ils existent réell
ement) ou des sociétés préhistoriques dans la mesure où l'histoire joue peu de
place dans leur comportement et où elles sont prises dans le cercle rigoureux
d'une sociologie immuable. Ce sont les systèmes actifs « an-historiques ».
Les systèmes ouverts. Ils modifient à la fois leur structure et leur réponse en
fonction du passé et du présent. Ils disposent des trois propriétés d'homéostasie
(contra- variance) de multistasie (pluri- finalité) et de mémoire (co-variance).
Ce sont les systèmes vivants à mémoire, êtres ou sociétés. Il s'agit des systèmes
actifs historiques.

Jacques Sauvan

Vous aimerez peut-être aussi