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QU'EST-CE QU'HABITER ?

Les enjeux de l'habiter pour la réinsertion

Nadège Leroux

Érès | « VST - Vie sociale et traitements »

2008/1 n° 97 | pages 14 à 25
ISSN 0396-8669
ISBN 9782749209104
DOI 10.3917/vst.097.0014
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Dossier

14 Qu’est-ce qu’habiter ?
Les enjeux de l’habiter
pour la réinsertion

NADÈGE LEROUX

L'homme a toujours eu besoin de s'abri- Avec ou sans domicile


ter, de se protéger, et de s'approprier des D’après le Petit Robert, le premier syno-
espaces. nyme du mot « habiter » est « vivre », et
Au Ier siècle avant J.-C., Vitruve développe il se définit comme « avoir sa demeure ».
dans son traité d'architecture l'idée de la La demeure apparaît comme le nid, le
cabane primitive aux origines de l'archi- refuge à la vertu d'abri, la mémoire heu-
tecture : bien que dépendant de l’« acti- reuse de l'origine avec ses qualités de
vité de l'homme », la cabane est une repos, de tranquillité et de sécurité. Point
réalisation naturelle et innée qui compte de départ de la première expérience de
parmi les besoins primaires. l'être dans le monde, la maison constitue
C'est donc la relation entre l'homme et sa une référence et un outil de construction
demeure qui permet l'habiter. de soi.
L'habitation est avant tout un lieu de vie,
La demeure est un lieu délimité qui diffé-
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un lieu protégé de toutes les menaces
rencie l’espace privé de l’espace public :
extérieures. Elle renvoie aux normes
l’espace privé est compatible avec la
sociales qui permettent l'intégration.
transgression de la « convenance », il est
La demeure est un corps d'images qui
l'espace de la vie quotidienne avec son
apporte à l'homme une certaine stabilité.
immédiate lisibilité.
Elle est « l'une des plus grandes puis-
C'est par la préservation de l'intimité que sances d’intégration, elle évince les
l'habitat tient un rôle important de régu- contingences et assure la continuité dans
lation, de préservation de soi et de repré- la vie de l'homme. Sans elle il serait un
sentation sociale. être dispersé. La maison est le premier
Quel est donc le rapport de l’être humain monde de l’être humain ».
à l'espace qu'il habite, et qu'en est-il L'habitation n'a pas lieu sans espaces pri-
lorsque le seul espace habitable est l'es- vés. Les territoires du privé protègent des
pace public ? regards, et peuvent dévoiler la personna-
Je parlerai successivement ici d'habita- lité de chaque occupant. « Un lieu habité
tion, de demeure ou encore de maison par la même personne pendant une cer-
pour définir les espaces du « chez-soi », taine durée en dessine un portrait res-
les territoires de l'intimité. semblant, à partir des objets et des

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Qu’est-ce qu’habiter ?

usages qu'ils supposent. L'ordre et le s'approprier ce lieu. L'appropriation per-


désordre, le visible et l'invisible, l'harmo- met la maîtrise de l'espace, autant privé 15
nie et les discordances, l'austérité ou que public, et pose le statut social de l'oc-
l'élégance, le soin ou la négligence, le cupant.
règne de la convention ou les touches La sphère publique doit être investie car
d'exotisme, etc. » elle est le symbole de la sociabilité, et met
Un espace privé est l'espace du corps et au grand jour la « place » de l'individu
de l'intimité : comment se mettre à dis- dans la société : en plus de la demeure,
tance ou à proximité du monde social ? on habite le quartier. L'usager définit son
Comment traiter ces espaces de l'entre- quartier par les lieux de repli et les itiné-
deux, la pénétration des regards dans l'in- raires répétés jusqu'à y exercer une
time et le familier ? appropriation. Le quartier permet de
En fonction de son état physique et psy- maintenir un lien entre le lieu d'habita-
chique, de ses moyens ou de son statut tion et la ville, il devient un accroissement
social, des périodes de sa vie et de son de l'habitacle. Il définit les rapports de
quotidien, on habite successivement un voisinage, les trajets quotidiens, les rap-
lit, une chambre, un appartement ou une ports avec les commerçants, et la
maison, un immeuble, une rue, un quar- connaissance des lieux qui donne le sen-
tier, une ville, un pays, etc. Sont habités timent d'être sur son propre territoire,
tous les territoires où se répètent les même s’il est partagé.
gestes du quotidien. La pratique de l'espace public (se dépla-
On est « chez soi » lorsque le lieu ne peut cer, se promener, faire son marché, aller
être celui d'autrui, on possède son propre au café, faire les magasins, etc.) permet à
espace lorsque l'on peut s'y retirer pour l'usager de vérifier l'intensité de son
s'isoler du reste du monde. insertion dans l'environnement social.
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Il y a l'habiter de l'homme ordinaire (avec
domicile), et l'habiter de l'homme exclu L'homme exclu, ou la condition de la per-
(sans domicile). Dans les deux cas, la sonne sans abri, est l'épreuve ultime de
recherche d'un « chez-soi » est essentielle l'habiter qui doit trouver à se réaliser dans
et continue. l'espace public, ou dans les lieux du sys-
L'homme ordinaire occupe un lieu défini, tème assistanciel. L'immédiate lisibilité de
il aménage une entité spatiale qui lui la vie quotidienne depuis la rue impose
appartient et qui participe à la construc- une manière d'habiter tout à fait diffé-
tion de son identité. L'habitation est le rente de celle de l’« homme ordinaire ».
refuge de sa vie privée, de son intimité, Il s'agit d'habiter sans aucune limite ni
mais aussi de sa représentation. repère, sans aucune intimité, alors soumis
Le fait et la façon d'habiter se déclinent à l'errance et à la mobilité afin de satis-
alors selon différents parcours et degrés faire les besoins élémentaires du quoti-
d'intimité, selon différentes enveloppes : dien. L'habitation, quant à elle, peut être
le corps, le mobilier, l'espace intime, l'es- temporairement une chambre d'accueil
pace privé, l'espace de l'entre-deux (semi- (sans aucune appropriation possible), une
privé/semi-public), l'espace public (la rue, installation précaire, mais le plus souvent,
le quartier, la ville). Habiter un lieu signifie elle se résume aux effets personnels (por-

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ter sa maison sur son dos) ou au corps : il indices de privatisation représentent


16 n'y a pas de limites successives et la per- autant d'aspirations à l'écoute et à l'affir-
sonne est à chaque instant identifiable mation de la personne. »)
dans le rôle du « SDF » aux yeux des habi- Habiter renvoie aussi au fait de construire
tants du quartier. son intérieur, d'investir et d'occuper les
Cette forme d'habiter déstructurée inhibe lieux ; habiter, c'est « être » tous les
les relations sociales (entre honte et rejet) espaces à la fois afin qu'ils prennent
et freine toute stabilité ou construction sens : « Bâtir n'est pas seulement un
personnelle : moyen de l'habitation, une voie qui y
– adosser son installation à un mur (pre- conduit, bâtir est déjà, de lui-même, habi-
mière protection) ; ter. Bâtir est, dans son être, faire habiter.
– dormir sur ses affaires (principe du Réaliser l’être de bâtir, c'est édifier des
coffre-lit) pour les sécuriser ; lieux par l'assemblement de leurs
– utiliser ses affaires comme mobilier espaces. C'est seulement quand nous
structurant l'espace (protection par la dis- pouvons habiter que nous pouvons
suasion en signifiant un espace de « pro- bâtir. » Bâtir, et par conséquent habiter,
priété ») ; serait donc la condition fondamentale de
– utiliser une enveloppe qui freine tous les l’être humain selon Heidegger. Le projet
regards indiscrets : tente/abri de for- de fonder une habitation permet d'ins-
tune/squat : avec cette protection, la per- taurer, dans un univers non maîtrisable,
sonne n'a plus besoin de rechercher un espace que l'on pourvoit de limites et
d'autres éléments protecteurs (murs, qui prend sens par et avec l'habitant.
etc.). L'appartement ou la maison protège de la
Sans filtres successifs entre le public et le rue, c'est-à-dire de la misère et de l’im-
privé, il ne peut y avoir de lieux d'inti- moralité qui lui sont parfois associées,
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mité : l'individu peut difficilement pour privilégier le réseau familial. Ce sen-
prendre soin de lui-même, il ne s'accepte timent qui lie la maison au refuge familial,
pas, et il ne peut donc pas se construire. en analogie au nid ou à la coquille (Gas-
Habiter un lieu, c'est exister et prendre ton Bachelard), relie entre eux les
place dans la société, c'est pratiquer les membres de l'unité domestique et les
usages communs du quotidien qui sont sépare du reste de la collectivité, l'habita-
directement liés à l'habitat : manger et se tion se développe dans un climat affectif
faire la cuisine, recevoir, se divertir et se qu'il faut protéger contre toute intrusion.
détendre, travailler, dormir dignement en Habiter, c'est également se situer et exis-
étant protégé, prendre soin de soi, avoir ter aux yeux des autres. La demeure est
une intimité, etc. un lieu de représentation où se dévelop-
pent sociabilité et convivialité.
L'intime s'exprime pleinement lorsque
l'on peut se dérober au regard des autres, Être et avoir
lorsque l'on peut constituer autour de soi Habiter, c'est vivre sa demeure comme le
un territoire exclusivement personnel. prolongement de soi, c'est posséder un
(« La réflexion sur soi, la volonté de choi- espace et le maîtriser, c'est remplir toutes
sir ses interlocuteurs et ses amitiés, celle les fonctions de l'habiter. « Tout coin
de consigner son expérience, tous ces dans une maison, toute encoignure dans

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Qu’est-ce qu’habiter ?

une chambre, tout espace réduit où l'on Habiter ne va pas sans cohabiter, et a for-
aime à se blottir, à se ramasser sur soi- tiori avec ses propres voisins. « Cohabiter, 17
même, est, pour l'imagination, une soli- c'est coproduire et négocier des temps et
tude, c'est-à-dire le germe d'une des usages dans lesquels nous pouvons
chambre, le germe d'une maison. » affirmer notre identité, sa pratique et sa
L'appropriation signifie que l'on peuple la représentation. » La cohabitation peut
demeure de ses propres objets chargés de être une source d'obligations, mais aussi
sens (de vécu) et d'histoires familiales ou de solidarité : elle s'organise autour des
personnelles, il s'agit de faire témoigner défenses collectives, de l'aide et du sou-
« les choses ». tien, des services rendus.
La présentation de soi se fait par la pré- La cohabitation implique le partage des
sentation de ses objets : « Ces détermi- espaces de vie, des espaces d'articula-
nismes sociaux et culturels sont d'autant tion et des espaces publics : c'est le fait
plus forts que l'un des rôles instrumen- de « voisiner », c'est-à-dire mettre en
taux que la société de consommation scène et confronter les différentes
confère à l'acquisition et à la disposition cultures de l'habiter entre des personnes
des objets est précisément d'opérer ou des familles de provenances sociales
et culturelles diverses, qui n'ont pas
comme actes d'intégration sociale. Les
choisi d'être ensemble ni de se fréquen-
objets sont au cœur d'enjeux de person-
ter, tout en trouvant une grande proxi-
nalisation, d'une expression dont l'objec-
mité physique.
tif premier est d'être individualisante et
Les habitants peuvent ne pas s'entendre
de soutenir une réalisation de soi. »
(bruits, odeurs, saleté, animaux, etc.), et il
Marqueur d'identité, l'habitat est le
faut pour cela laisser le choix de ne pas se
témoin du réseau social d'appartenance,
côtoyer systématiquement (rencontres et
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il dévoile le niveau de vie de ses occu-
évitements) : limiter les confrontations
pants, il permet de montrer à l'autre sa par les régulations, faire respecter les rap-
capacité à habiter (donc à exister) et à ports sociaux par un règlement, un code
être intégré dans la société. de civilité.
Habiter sa propre demeure, c'est aussi Cette pratique de la cohabitation participe
« avoir le choix ». Le choix de rentrer ou à la construction de la civilité, et peut
de sortir, de s'isoler ou d'être en collecti- apparaître comme une véritable épreuve
vité, de se laisser aller à ses humeurs ou pour les personnes désocialisées et
non (sans devoir répondre aux normes de exclues : les relations de voisinage doivent,
la société extérieure), etc. autant que possible, être vécues par choix
Toutes ces attitudes rendues possibles par et non comme une obligation, sans comp-
l'habitation constituent un véritable garde- ter les règles irréfutables de « bonne
fou qui préserve l'équilibre de chacun. entente » qui doivent être respectées.
Ce choix, les personnes sans abri ne l'ont Il faut pour cela travailler sur la négocia-
pas : tout n'est qu'obligations, contraintes tion entre le public et le privé, et dévelop-
ou encore interdictions. Vivre à la rue, per la potentialité des espaces partagés :
c'est vivre sans refuge, sans repère, sans en faire des lieux de convivialité qui puis-
intimité, et sans aucun choix de vie. sent être momentanément habités par

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tous les résidants, devenant alors le pro- possible (et donc la réinsertion sociale
18 longement de la demeure. pour les personnes les plus exclues).
Les espaces intermédiaires rassemblent et Il s'agit d'être soi pour soi-même, pour
distinguent, accompagnent et accueillent les autres et avec les autres : « Pour être
les transformations au sein des dyna- intégré dans une vie répondant aux
miques. C'est peut-être en développant dynamiques urbaines, aux mouvements
le sens de la collectivité (principes de rési- généraux de la division du travail, on doit
dentialisation) que l'on peut susciter l'im- toujours lier nos histoires et nos destins à
plication des habitants dans la régulation d'autres individus et groupes plus ou
des espaces de vie, afin de s'y identifier moins proches, spatialement et sociale-
plus spontanément. ment. »
Voisiner L'acte de « voisiner » est à la fois un
Le Corbusier défendait, lors du CIAM témoin et un moyen de constituer le lien
(Congrès international d’architecture social. De la rue à son « chez-soi », les
moderne) de 1946, l'idée du prolonge- filtres successifs marquent les transitions
ment du logis, c'est-à-dire les aménage- entre la vie sociale, la vie communautaire,
ments extérieurs favorisant la vie et la vie personnelle ou familiale : rue
collective. publique, rue privée, ruelle, passage,
L'architecture devrait pouvoir suggérer les espaces communs ou espaces partagés,
pratiques et les usages sans les imposer, seuils, allées, cours, espace privé, porte,
et laisser place à l'investissement person- clé, serrure, « chez-soi ».
nel des habitants dans le marquage des « La maison est un grimoire où se lisent
limites matérielles entre les espaces les formes de sociabilité, la montée de
(privé/public ou privé/privé) : haies, clô- l'intimité familiale et le croissant souci de
tures, barrières, sols différenciés, seuils. soi. » L'habitat est donc à la fois une
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Il faut cependant faire très attention à ce nécessité (puisqu'il participe à la survie de
fait de vouloir vivre les espaces collectifs l'homme), le prolongement de soi, un
comme des espaces de protection com- apparat, et l'un des outils indispensables
muns, avec des dispositifs de fermeture et à l'intégration sociale.
d'ouverture renforcés, car ces dispositifs Les enjeux de l’habitat sont tels qu'il y a
mènent le plus souvent à la ségrégation des épreuves à surmonter pour construire
et à la discrimination urbaine, créant de son intérieur : même si la notion de terri-
nouveaux clivages et le rejet des plus stig- toire privé et de protection est presque
matisés (cf. l’exemple des gated commu- instinctive chez l'homme, le fait d'habiter
nities qui marquent une division radicale ne l’est pas et relève plus d'un apprentis-
entre le « chez-soi » et le monde exté- sage. Loin de l'image simple du nid
rieur, un phénomène qui se développe comme berceau protecteur, la « maison »
aujourd'hui principalement aux États-Unis est un ensemble complexe qui sollicite des
ou au Brésil). modes d'habiter : comment favoriser telle
Habiter, c'est bien sûr accepter les règles fonction ou tel usage sur un espace
de vie communes : c'est par le respect des défini ? Jusqu'où l'habitat doit-il être
règles et l'acceptation des contraintes conforme aux règles sociales acceptables ?
que l'adaptation à un système sociétal est Quelles sont les limites de l'intimité et

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que peut-on dévoiler ou non au monde influent sur les rapports sociaux (capacité
extérieur ? d'hospitalité, de partage, de vie commune). 19
Les enjeux de l’habitat sont d’autant plus Pour être « chez soi », il faut donc être
grands pour les personnes sans domicile dans « ses meubles », dans « ses objets »
fixe : réintégrer un logement, c'est retrou- (un livre, une photo, un tableau, etc.), qui
ver une vie normée et « normale » (c'est- renseignent sur la vie de l'habitant et qui
à-dire retrouver sa place dans la société), permettent de savoir qui l'on est : ils sont
c'est aussi retrouver la place du corps, et la continuité temporelle de l'identité.
c'est bien sûr investir un lieu et le faire Parce qu'il est l'expression directe de
sien après des mois ou des années passés l'existence et qu'il fait partie intégrante
dans des lieux impersonnels. de l'identité de la personne, le « chez-
Les enjeux de l’habitat soi » participe inévitablement à l'insertion
Constituer son « chez-soi » sociale de chaque individu, et constitue
Se constituer son « chez-soi », c'est inves- une étape essentielle dans la stabilisation
tir un lieu et le posséder par l'appropria- et la connaissance de soi.
tion, y faire habiter son corps, y faire En tenant compte du besoin d'appropria-
habiter ses objets. L'habitat est à la fois le tion des objets et des lieux, comment se
nid, l'habit, le repère. constituer un « chez-soi » ? Le fait d'ha-
« Versant actif du chez-soi, l'appropriation biter n'est pas sans obstacles : il répond
est action sur ce qui est “hors soi” pour le tout d'abord aux modes d'existence que
rendre propre et y reconnaître le soi. » le climat et la civilisation imposent (cor-
L'appropriation va donc s'exercer entre la respondre à la société dans laquelle nous
personne et un objet ou un lieu, qui peu- vivons), et il relève d'un apprentissage qui
vent être possédés en fonction des quali- rend plus ou moins possibles les différents
tés et des potentialités qui leur sont processus d'appropriation.
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propres. La notion de propriété constitue Les modes d'habiter ont suivi, au cours
une caractéristique majeure de l'appro- des siècles, l'évolution des mœurs, allant
priation puisqu'elle permet toute sorte vers toujours plus de liberté, de sociabilité
d'intervention : directement liées à l'idée et d'intimité.
de privé, ces deux notions rendent Il existe une hiérarchie dans l'organisation
compte d'un contrôle sur l'espace habité. des pièces de la maison. Aujourd'hui, une
Le « chez-soi » est fondé sur le sentiment unité d'habitation est reconnue comme
d'une identité spatiale, il représente l'inté- telle si elle comporte au moins une
gration que la personne a une liberté de chambre (ou de quoi placer un lit), un
son propre corps dans l'espace, jusqu'à ce « coin cuisine » (ou de quoi se nourrir et
que certains lieux deviennent une partie de préparer à manger) et un « coin salle de
soi. Pierre Sansot développe le lien entre bains » (ou un espace où l'on peut main-
l'intériorité du sujet, sa manière d'être au tenir l'hygiène de soi et prendre soin de
monde et son mode d'agir sur le monde sa personne). Voilà le minimum requis.
par l'appropriation : la disposition des Ensuite, on trouve le plus souvent un
objets, l'ordre ou le désordre, l'aménage- séjour, une ou plusieurs chambres et
ment des espaces de sédimentation ou éventuellement un bureau, une salle à
d'attente, les coins d'oublis et d'obscurité manger en plus de la cuisine, et une cave

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ou un grenier. Cette succession de pièces Habiter un espace, c'est-à-dire le maîtriser,


20 ou d'espaces auxquels sont attribués des c'est en déterminer les limites. Ces limites
usages relève des étapes du quotidien qui se déclinent à différentes échelles :
répondent aux besoins élémentaires de – les limites intérieur/extérieur qui nous
l'homme, et qui sont considérées comme protègent des intempéries et des intru-
indispensables dans notre société. Tout le sions, qui marquent le seuil de son « chez-
monde (ou presque) bénéficie, au sein de soi » par rapport à l'espace public ;
l'habitation, des mêmes fonctions et – les limites au sein même du logement
usages élémentaires, et c'est l'aménage- qui définissent les usages collectifs fami-
ment de chacune de ces pièces et recoins liaux des usages intimes individuels.
qui constitue le véritable « chez-soi », qui Dans le cas des squelettes, l'absence de
personnalise le logement. cloisonnement préalable aux premières
Les SDF ayant passé des années dans la rue installations a permis aux habitants de
doivent réapprendre à habiter un loge- déterminer eux-mêmes la relation entre
ment : le sentiment d'enfermement est l'espace clos familial et l'espace collectif.
souvent ressenti et la personne n'arrive pas La flexibilité d'aménagement de l'ossa-
à recréer une domesticité dans son inté- ture vide a permis une adaptation à la
rieur. Passer d'un univers hostile exposé à diversité culturelle et aux différents
tous les dangers à un univers clos protégé besoins des modes d'habiter.
constitue une étape à part entière de la L'exemple des bâtiments squelettes (prin-
réinsertion qui doit être prise en compte. cipalement en Amérique du Sud, Afrique
Même si la rue ôte toute intimité, elle et Asie) qui ne sont autres que des
absorbe et dissimule notre propre identité, immeubles en construction abandonnés,
alors que l'habitation positionne chaque sont réinvestis légalement par un collectif
personne face à elle-même. d’« habitants constructeurs ». Dans ces
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« Si la maison se complique un peu, si elle squelettes, tous les appartements ont leur
a cave et grenier, des coins et des cou- propre identité : certains sont conçus sur
loirs, nos souvenirs ont des refuges de le modèle « occidental » avec une parti-
mieux en mieux caractérisés. » tion des pièces communes et privées ;
Lorsque des personnes sans abri réintè- d'autres sont construits autour de cases
grent un logement, l'enjeu est de pouvoir pour les moments de repos et d'intimité,
habiter l'espace jusque dans les recoins, utilisant les espaces extérieurs collectifs
d'investir chaque pièce pour s'y sentir pour la cuisine et le linge. De petits jardins
bien, de placer ses propres objets là où ils sont aménagés, et le toit terrasse est la
peuvent renvoyer une image satisfaisante seule propriété des enfants de l'immeuble
de soi afin de s'accepter, d'accepter ce qui en ont fait leur terrain de jeu en y
que l'on représente. L'habitation doit construisant une cabane. Les habitants
pouvoir être vécue en fonction de ses dif- installés depuis plus longtemps ont
férentes humeurs, et son occupant doit pérennisé leurs espaces domestiques
réussir à la faire vivre par les gestes et les alors que les nouveaux arrivants possè-
rituels du quotidien : le confort du lit, dent des logements plus sommaires.
l'odeur matinale du café, l'apaisement à la Cette très belle idée allie à la fois les besoins
vue d'une photo, les bruits de la rue, etc. vitaux de l'habitat aux besoins d'appropria-

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tion du logement, en mettant en œuvre sible l’appropriation et la personnalisation


tous les moyens possibles pour faire sien un du lieu.
espace donné. De plus, cette nouvelle Citons l’architecte japonais Shigeru Ban
manière d'habiter ici proposée s'inscrit qui a proposé de nombreuses solutions
dans la durée : on offre aux personnes de temporaires d'abri individuel (pour une
la rue un logement à long terme. famille), qui ne permet donc pas une
Cette notion de possession du logement appropriation de l'espace, mais la mise en
est importante car elle permet un inves- œuvre du « Kosovo kit », de par son
tissement total dans la construction de assemblage d'éléments préfabriqués,
son habitat et, par conséquent, rend pos- pose la question de la modularité et de

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Chaque personne définit les usages de sa


22 propre intimité dans son habitat en fonc-
tion de l'acceptation de soi et de son
corps, de sa sensibilité et de sa personna-
lité : l'intimité n'est pas la même pour
tous, et c'est pourquoi les lieux ne peu-
vent pas être habités de manière unique
(il ne faut pas penser l'habitation comme
un objet standardisé et universel).
Il y a l'intimité cachée et l'intimité dévoi-
lée : créer son intimité, c'est avoir le choix
de montrer, ou de se montrer. Usuelle-
ment, plus on s'enfonce dans la demeure,
plus on pénètre les territoires de l'intime.
La demeure est un emboîtement de
secrets, des secrets que l'on cache au
fond d'un tiroir ou derrière tous les objets
qui peuvent apparaître comme les limites
de l'hospitalité.
Vivre dans la rue, exposé aux regards de
tous, c'est soit renoncer aux pratiques
de l'intimité (ce qui semble très difficile),
soit renoncer à son intégrité en dévoilant
les actes les plus personnels à la société
tout entière. « Un jour ou l'autre (devant
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le manque indiscutable d'équipement
sanitaire), il faudra se résoudre à cet
incontournable et affligeante opération
que de se mettre cul nu dans la rue,
l'intervention des habitants sur leur entre deux voitures, de jour comme de
propre espace de vie. nuit, ou d'avoir le courage de s'aventu-
rer dans les gouffres noirs du métro,
Territoires d'intimité
entre deux passages de rames. Certains
L'intimité tient un rôle fondamental dans
en meurent écrasés. D'autres électrocu-
la conception de son habitation. Gérer tés. Tous en rougissent. Tous enragent
son intimité relève d'un enjeu à la fois de leurs obscènes et lamentables accrou-
social et psychologique puisqu'elle per- pissements... »
met de préserver son intégrité. Les Il est évident que le fait d'être privé de
espaces de l'intime sont ceux où l'expé- territoires d'intimité participe à la dévalo-
rience du corps est l'expérience du risation de soi et au processus de déso-
« chez-soi » : c'est parce que les murs, les cialisation : le sentiment de déshumanisa-
objets nous enveloppent que l'on peut se tion par le rejet, la honte et la perte de
laisser aller aux activités les plus secrètes. dignité est l'épreuve la plus violente et la

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Qu’est-ce qu’habiter ?

plus intolérable que les personnes sans intérieure avant l'intimité. Tous les autres
abri subissent. espaces de la maison parlent du soi et de 23
ses secrets : « La cuisine, où se parler et
Fermer et ouvrir sa maison
manger ensemble se superposent à l'inces-
Habiter, c'est aussi se montrer, se mettre
sante lutte contre l'impropre. La salle de
en scène sur un espace défini ; c'est la
bains, lieu de corps cachés, tendue entre la
révélation choisie et maîtrisée de soi.
pudeur et le narcissisme. »
« L'habitation est, dans son essence,
Toutes ces limites, entièrement maîtrisées
limite assumée. Elle procède du consente-
par l’habitant, constituent des étapes
ment de l'habitant à se doter d'un univers
d'appropriation : elles sont les preuves
borné, d'un dedans à partir duquel il a
que l’on accède à un espace privé et
accès à son for intérieur et sans lequel
impliquent une modification de nos agis-
l'impulsion vers le dehors et donc vers la
sements, que l'on soit habitant ou invité.
liberté n'aurait ni ancrage ni sens. »
Plus on a envie d'ouvrir sa « maison »,
Le fait d'ouvrir ou de fermer sa maison
plus on rend ces limites accessibles et
s’établit dans la gestion des limites. De
franchissables.
nombreux filtres sont à traverser pour
atteindre l'habitation. Conclusion
Il y a la rue (« ma » rue), puis « mon » Nous avons compris que l'habitat et l'acte
immeuble. L'immeuble ne se laisse pas visi- d'habiter font partie intégrante de la vie
ter comme ça : il faut défier soit le digi- de l'homme dans notre société : la
code, soit le (la) concierge avant demeure est l'enveloppe qui permet de se
d'atteindre l'escalier ou l'ascenseur. Là, on protéger et donc de survivre ; elle permet
est déjà un petit peu chez soi : on le par- aussi de vivre son intimité, de cacher tout
tage avec nos voisins, mais on s'y sent à ce qui est dérangeant ou trop secret dans
l’aise et en sécurité, à l’abri du tumulte de la vie d'une personne, afin de montrer
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la rue. Arrive le seuil de ma porte : le temps une image relativement maîtrisée de soi ;
de la pause, la limite de la véritable intru- et enfin, elle permet l'obtention d'un
sion, le marqueur de la propriété privée, le statut social et aide à se situer dans la
seuil incarne la frontière et le passage communauté.
entre deux mondes. Reste à ouvrir la La maison permet de mettre à distance le
porte : la porte protège l’intériorité et elle monde environnant, plutôt que de le subir,
représente la volonté d'un territoire limité contrairement à ce que vivent les SDF : en
et non accessible ; seul celui qui possède l'absence de matériaux, de limites opaques
les clés (ou qui est sciemment invité) peut entre le monde extérieur et soi-même, la
rentrer. L'entrée de la maison est le lieu de personne est renvoyée à l’ultime limite
la politesse, de l'accueil et des premiers physique de son être qu'est sa peau. Elle
signes secrets de l'habitant. Une fois à l'in- doit alors se livrer à « l'état brut » dans un
térieur de l'habitation, seul l'habitant est monde où tout est négocié, calfeutré, dis-
maître des lieux. L'invité doit quant à lui se simulé, choisi... Comment ne pas être mis
soumettre aux règles de son hôte. L'es- hors de ce monde (c'est-à-dire être déso-
sence même de l’hospitalité est incarnée cialisé) en vivant à nu ?
par le séjour, l'espace de la représentation Redonner un lieu défini, personnel et
et de la sociabilité, qui constitue la façade appropriable aux personnes sans abri,

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Dossier

c'est leur redonner une existence. Habiter les gens de la rue », habiter c'est égale-
24 un lieu, être résidant, avoir son « chez- ment avoir la possibilité de choisir le toit
soi » et voisiner sont autant d'éléments avant le travail ; pouvoir justifier d'un sta-
qui rendent possible la reconstruction du tut de résidant afin d'avoir la légitimité de
lien social et la reconstruction de soi : demander, d'obtenir et d'assurer un
l'habitat peut participer à la réinsertion emploi (identité administrative, dissimula-
des personnes sans abri. tion du statut de SDF, logement comme
L’absence du domicile est fondamentale- symbole de stabilité, conditions d'hygiène
ment constitutive de la condition des per- correctes). Avoir une adresse... La boîte
sonnes sans domicile : en réintégrant un aux lettres comme reconnaissance de
logement, la personne changera alors de l'identité. Une véritable boîte aux lettres, et
statut et ne sera plus SDF. Mais les choses non pas une simple domiciliation où l'on
ne sont pas si simples, car la vie dans la rue vient chercher son courrier, avec toutes les
nécessite plus qu'une réponse matérielle autres personnes sans domicile, derrière
pour se faire oublier : on peut se déshabi- une banque d'accueil. La boîte aux lettres
tuer des repères privatifs quand on a passé est directement rattachée à l'habitation :
trop de temps « dehors ». Il faut pouvoir elle est le premier signe de propriété et
reprendre possession des lieux, recons- d'appartenance, elle représente un geste
truire une domesticité en son intérieur, du quotidien et un premier lien avec le
créer des liens avec son environnement. monde actif (le flux, les échanges).
L'accès au logement reste aujourd'hui Se constituer un chez-soi, c'est réap-
très difficile à cause des contraintes nor- prendre le « savoir-habiter » en acceptant
matives auxquelles les candidats à la réin- l'enfermement et la solitude, en s’organi-
sertion doivent se soumettre (en plus de sant un logement à son image, et en sor-
la raréfaction des logements sociaux). Les tant de la marginalité. Il s'agit d'une
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épreuves de l’habiter sont entières pour réadaptation, il faut donc proposer par
les SDF : placer ses objets, les sortir du sac l'architecture des étapes progressives qui
pour les mettre dans l’espace habitable, mènent à la réappropriation complète
gérer son intimité, s’accepter suffisam- d'un espace de vie afin d'aider à récupérer
ment pour ouvrir sa maison, se montrer, une autonomie et redonner confiance à
s'ouvrir au monde. Il ne s'agit pas de faire ces personnes fragilisées. La « maison »
du nouveau domicile un squat supplé- permet à chacun de se situer dans sa rela-
mentaire, mais un « chez-soi ». tion aux autres.
Pour ce faire, l'architecture du lieu doit Même si, d'après moi, le logement tient
pouvoir permettre la personnalisation un rôle important dans la réinsertion des
d'un espace de vie et favoriser son personnes sans abri (à condition qu'il
appropriation. Il faut alors proposer une puisse être rendu habitable par son archi-
architecture du choix, sans imposer de pra- tecture), il n'est pas l'unique solution à la
tiques ou d'usages dans le logement situation des SDF : il participe au processus
même, afin que chacun puisse définir de réinsertion et s'inscrit dans un réseau
« son mode d'occupation » de l'espace. d'assistance ayant pour but la réinsertion
Habiter, c'est donc exister socialement, durable. Il faut accueillir les personnes en
juridiquement et administrativement. Pour difficulté et comprendre leur situation

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Qu’est-ce qu’habiter ?

avant de leur proposer des solutions à Bibliographie


moyen et long terme. Cet accueil, BACHELARD, G. 2005. La poétique de l’espace,
25
d’abord pratiqué par les structures Paris, PUF.
d'aides actuelles (structures d'accueil avec CERTEAU (de) M. 1990. L’invention du
quotidien, vol. 1 (arts de faire) et vol. 2 (habi-
des travailleurs sociaux apportant récon- ter, cuisiner), Paris, Gallimard.
fort et services de première nécessité), DECLERCK, P. 2005. Le sang nouveau est arrivé,
doit ensuite diriger les personnes sur l’horreur SDF, Paris, Gallimard.
HEIDEGGER, M. 1958. Bâtir, habiter, penser, essais
divers types de solutions de logement. et conférences, Paris, Gallimard.
SERFATY-GARZON, P. 2005. Chez soi, les territoires
NADÈGE LEROUX de l’intimité, Paris, Armand Colin.
Architecte

ANNONCE
Le Centre Hospitalier Gérard Marchant fête ses 150 ans à Toulouse
Juin 2008-Octobre 2008
Histoire de la psychiatrie en Haute-Garonne
Expositions – Journées découvertes – Conférences – Animations
Le Centre Hospitalier Gérard Marchant, qui œuvre d’autres populations, tels que les enfants, les ado-
depuis 150 ans au service des Toulousains et des lescents, les seniors ou les détenus. L’évolution des
Haut-Garonnais, invite le public à découvrir les pratiques thérapeutiques a conduit l’hôpital à
grandes étapes qui ont jalonné son histoire et son développer un réseau de proximité, en multipliant
évolution. les structures à travers le département, et à diver-
Depuis l’inauguration en 1858, de l’Asile public sifier les modes de prise en charge au profit des
hospitalisations de jour, des accueils à temps par-
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d’aliénés de Toulouse par le Docteur Gérard Mar-
chant, le fonctionnement de l’hôpital et l’ap- tiels ou du suivi à domicile.
proche de la psychiatrie ont considérablement Les 150 ans de l’hôpital constituent donc une for-
évolué. Créé en application de la loi de 1838 sti- midable occasion de montrer au grand public
pulant que chaque département devait être l’évolution de l’histoire de la maladie mentale, des
pourvu d’un établissement public destiné à rece- métiers de la psychiatrie et des thérapeutiques
voir et soigner les aliénés, l’Hôpital Marchant a employées.
toujours rempli sa mission de service public, C’est aussi le moment de rendre un hommage à
garantissant à la population la continuité des soins ses fondateurs, Gérard Marchant en tête, disciple
en dépit des révolutions, guerres, catastrophes du grand Esquirol, et de mettre à l’honneur des
naturelles et, plus récemment, de l’explosion d’AZF. patients restés célèbres, tel le peintre Guillaume
Un siècle et demi plus tard, l’établissement Gérard Pujolle.
Marchant ne ressemble plus guère à l’Asile de C’est enfin une occasion unique, pour les Toulou-
Braqueville, qui distinguait 5 catégories de sains et les touristes qui viendront cet été dans la
patients : agités, tranquilles, gâteux, idiots et ville rose, de visiter ce chef d’œuvre du patrimoine
demi-tranquilles. S’adaptant à la société moderne régional qu’est l’Hôpital Marchant, dessiné par
et à ses nouveaux maux, le Centre Hospitalier l’architecte Jacques-Jean Esquié, collaborateur de
Gérard Marchant s’est attaché à prendre soin Viollet-le-Duc.
Dossier de presse et visuels sur demande
Contact Presse :
Dominique Arnaud- Tel : 05 34 32 62 25 - 06 15 37 34 92 - d.arnaud@adeque.com

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