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OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
Les Eventrations
Savoir définir une éventration
Expliquer la pathogénie des éventrations
Décrire les complications des éventrations
Enoncer les principes du traitement des éventrations
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1.1. DÉFINITION
1.2. EPIDÉMIOLOGIE
Les hernies, dont la prévalence est de 3 à 5%, constituent une des affections chirurgicales les plus
fréquentes. Les hernies inguinales sont de loin les plus fréquentes (90%), viennent ensuite les her-
nies crurales (5%) et les hernies ombilicales (5%). Les hernies de la ligne blanche sont exceptionnel-
• Deux orifices
♦ l’orifice superficiel qui est limité par les piliers interne, externe et postérieur du grand
oblique et les fibres arciformes,
♦ l’orifice profond qui est constitué par une gaine fibreuse que le fascia transversalis
envoie dans le canal inguinal autour du cordon
• Des parois
♦ En avant, le grand oblique et ses piliers, formant l’orifice superficiel
♦ En haut, le petit oblique et le transverse qui passent par dessus le cordon
♦ En bas, l’arcade fémorale
♦ En arrière, le fascia transversalis qui est le prolongement postérieur de la gaine des
droits. En arrière, se trouve l’espace sous péritonéal de Bogros. Le fascia transver-
salis est renforcé en dedans par une expansion du grand droit (ligament de Henlé),
en dehors par le ligament de Hesselbach tendu entre l’arcade de Douglas et l’arcade
crurale, et en bas, par la bandelette ilio-pubienne de Thomson (renforcement termi-
nal du fascia transversalis se terminant sur l’arcade crurale).
Orifice externe
Vaisseaux
fémoraux Elements du cordon
Artère épigastrique
Petit oblique
Orifice interne
Tendon conjoint
Fascia Transversalis
Bandelette ilio-pubienne
Lig de Henlé
Le canal crural est le segment du canal fémoral situé au-dessus de l’abouchement de la veine
saphène. Il contient l’artère fémorale, la veine fémorale et des vaisseaux lymphatiques. Le
canal crural s’ouvre en haut dans la fosse iliaque par un orifice appelé anneau crural limité
• En haut, par l’arcade crurale
• En dehors, par la bandelette ilio-pectinée
• En dedans par le ligament de Gimbernat
• En bas par le ligament de Cooper
L’anneau crural est obturé par le fascia transversalis (septum crural)
Anatomie du canal crural gauche (1) avec zone de faiblesse en dedans de la veine fémorale (2)
1.3.3 L’ombilic
La ligne blanche présente à l’ombilic un orifice, l’anneau ombilical recouvert vers l’avant par du
tissu adipeux puis directement par la peau. Vers l’arrière, l’anneau ombilical comporte
• Au bord inférieur, des cordons fibreux, vestiges des artères ombilicales et de l’oura-
que soulevant des replis péritonéaux
• Au bord supérieur, le ligament rond, vestige de la veine ombilicale, recouvert du fas-
cia fibreux ombilical puis du péritoine.
1.3.4. La hernie
Une hernie simple est une voussure de la paroi abdominale. Trois signes permettent à la fois
de diagnostiquer aisément une hernie et d’affirmer l’absence de complications:
Hernie inguinale
Hernie crurale
L’examen est plus facile sur un malade couché, cuisse repliée en abduction. La hernie
siège en-dessous de la ligne de Malgaigne à la racine de la cuisse
• Elle survient en un point faible de la paroi abdominale, le plus souvent au niveau de la fos-
sette inguinale moyenne, en dedans de l’artère épigastrique. Cette hernie ne deviendra pas
inguino-scrotale.
• Elle est favorisée par l’hyperpression abdominale:
♦ efforts minimes mais répétés,
♦ constipation chronique (toujours rechercher une étiologie notamment néoplasi-
que colique, en cas de hernie directe),
♦ dysurie (rechercher une hypertrophie prostatique),
♦ toux chronique (rechercher une bronchite chronique, une néoplasie bronchi-
que),
♦ un effort brutal.
• Elle survient chez l’adulte, le plus souvent après 50 ans. Le trajet herniaire est direct, anté-
ropostérieur, au dessus de la ligne de Malgaigne.
• L’étranglement est plus rare, car il n’y a pas de collet vrai, mais le rsique de récidive posto-
pératoire est élevé car la paroi est de mauvaise qualité.
La hernie crurale se voit le plus souvent chez la femme. Son trajet est situé sous le ligament
inguinal, à la partie interne de l’anneau crural, en dedans des vaisseaux fémoraux. L’étrangle-
ment herniaire est un risque majeur et souvent révélateur car l’orifice est étroit, inextensible.
• Une dilatation de la crosse de la saphène sur terrain variqueux (la dilatation disparaît en
position couchée)
• Un ganglion inguinal dans la lymphogranulomatose par griffade de chat, un lymphome, un
ganglion métatstatique (non réductible). Dans ce dernier cas, il faut toujours toujours re-
chercher une affection périnéale, anale ou mélanome du membre inférieur, par exemple.
• Des problèmes tendineux des adducteurs ou des grands droits, chez un sujet sportif.
• Hernie épigastrique
L’orifice est minuscule, atteignant rarement un
cm. Le contenu est essentiellement épiploïque
ou formé de la graisse du ligament rond.
• Hernie de Spiegel
Formée à l’angle du bord externe du grand
droit et de l’arcade de Douglas
1.6.1. Généralités
Les hernies crurales s’étranglent souvent (50 % des cas) et les formes révélées par un
étranglement sont fréquentes. L’agent d’étranglement est l’anneau crural, petit et inex-
tensible. La douleur se situe à la racine de la cuisse.
La fréquence de cette complication rend obligatoire la cure préventive de toute
hernie crurale diagnostiquée.
Les hernies inguinales s’étranglent rarement (10% des cas). Il s’agit surtout des hernies
congénitales obliques externes. Le risque est plus faible pour les hernies directes car il
n’y a pas de collet vrai. L’agent d’étranglement est l’anneau péritonéal du collet.
C’est un épisode bref de douleurs et d’irréductibilité, suivi d’une réduction souvent diffi-
cile, rarement spontanée. Il a la même valeur pronostique que l’étranglement et doit
donc faire poser l’indication opératoire.
Il est plus fréquent dans les hernies crurales; Il s’agit d’un pincement du bord anti-
mésentérique d’une anse. Cette complication est grave car elle comporte une nécrose
gagnant rapidement la cavité abdominale. Le diagnostic est souvent difficile car il n’y a
pas de hernie évidente.
1.7. TRAITEMENT
1.7.1. Généralités
• Une hernie, quelle que soit sa forme évoluera inéluctablement vers une augmentation de
volume et des accidents d'étranglement. S'y ajoutent l'inconfort de la vie quotidienne et
l'inesthétique de certaines lésions. Seules, des petites hernies épigastriques ou ombilicales
asymptomatiques ne justifient pas de chirurgie.
• Le port d'un bandage extérieur n'est qu'un pis-aller inconfortable et dangereux car le conte-
nu de la hernie peut s'engager sous la contention et ce bandage, par la réaction de friction
au niveau du collet, favorise l’étranglement. Le traitement des hernies, particulièrement de
l'aine est donc d' ordre essentiellement chirurgical.
• Les techniques d'anesthésie, la rareté des récidives, le coût social modéré et la gravité,
dans certaines circonstances, d'un étranglement herniaire, imposent tôt ou tard, une indica-
tion chirurgicale. L'anesthésie peut être générale, loco-régionale (épidurale ou rachianes-
thésie) voire locale. L'hospitalisation dépasse rarement trois à cinq jours chez les person-
nes de moins 70 ans.
• Environ 30.000 hernies sont opérées annuellement en Belgique. La reprise des activités
professionnelles peut se fait dès le 15ème jour chez certains et au trentième jour chez les
travailleurs de force.
1.7.2. Indications
Dans le cadre des hernies non compliquées, les indications sont formelles dans les cas sui-
vants :
Chez l'enfant et le jeune adulte, la hernie, le plus souvent indirecte, se répare simplement par
résection du sac péritonéal et rapprochement des bords aponévrotiques par des fils résorba-
Deux écoles chirurgicales dans ce domaine peuvent soit s'opposer soit être complémentaires.
Abord inguinal
Celle-ci préconise l’abord chirurgical inguinal dont le principe est de traiter, par une incision
cutanée inguinale le, ou les défects aponévrotiques. Après incision cutanée, l'aponévrose du
grand oblique est ouverte, le cordon disséqué, le sac péritonéal disséqué et réséqué, le fascia
transversalis (point de faiblesse) est incisé. On se trouve donc devant le plan péritonéal et les
différents plans sont resuturés avec un fil non résorbable. La technique la plus connue est
celle de Shouldice qui consiste à suturer le fascia transversalis et abaisser le tendon conjoint
des petit oblique et transverse sur l’arcade crurale. Elle permet de traiter, dans le même
temps, les hernies directes, indirectes et crurales. Parfois, le défect aponévrotique, s’il est im-
portant sera comblé par la mise en place, par voie inguinale d’un matériau prothétique de ren-
forcement.
Abord intra-abdominal
Le principe est différent: il consiste à entrer dans la cavité abdominale par une incision mé-
diane sus-pubienne ou par voie coelioscopique. Du côté souhaité ou mieux, des deux côtés, le
péritoine est disséqué et les orifices herniaires abordés de l'intérieur, ce qui permet d'évaluer
l'importance des défects aponévrotiques. Après réduction de la hernie et dissection du cordon,
une vaste prothèse non résorbable (Dacron, Prolène, Mersilène) est étalée entre le péritoine
et la face postérieure du bassin et des muscles ou aponévroses. Parfois, c’est un prothèse
cônique (« plug »), introduite dans l’orifice herniaire qui sera utilisée. Dans les deux cas, la
pression abdominale étale cette prothèse ou enfonce le cône à la manière d’un clou, pour ob-
turer les défects aponévrotiques. La colonisation conjonctive permet à cette prothèse d'être
adhérente très rapidement. Le côté opposé peut être traité rapidement dans le même temps.
• Avantages: récidive de - de 1%. Traitement par la même incision des deux côtés. Excellent
traitement des récidives.
• Désavantages: récupération du patient un peu plus longue, utilisation d'un matériel prothéti-
que donc risque minime d'infection.
• Chez l'adulte, la hernie épigastrique se répare simplement par une raphie du défect
(rapprochement et suture des bords du défect) et de l'aponévrose de la ligne blanche.
• Dans les hernies ombilicales, les récidives sont fréquentes par raphie simple et il est utile
d'utiliser une prothèse rétro-aponévrotique amarrée aux plans profonds de l'aponévrose.
Dans les hernies étranglées, il est impératif de toujours vérifier le contenu du sac de la her-
nie c'est-à-dire de vérifier l'intestin qui était étranglé. La viabilité est jugée en quelques minu-
tes. Dans certaines circonstances, il est nécessaire de réaliser une résection intestinale avec
suture d'emblée.
Alors que la mortalité opératoire dans les hernies à froid est pratiquement nulle, en cas
d'étranglement et de résection intestinale, ce taux peut monter jusqu'à 5% en raison des com-
plications liées à l'âge du patient et à son état cardio-pulmonaire.
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2.1. DÉFINITION
2.2. PATHOGÉNIE
Une incision de la ligne blanche de l'abdomen correspond à une section du tendon d'insertion des
muscles larges (grand et petit obliques et transverse).
Après cicatrisation, la résistance de la ligne blanche est
toujours affaiblie mais un défaut technique de la suture,
une infection postopératoire ou un hématome peuvent
avoir fragilisé anormalement la cicatrice. Lors des efforts
de contraction des muscles larges. (toux, défécation, mic-
tion, etc) il se fait une traction de la ligne médiane vers
l'extérieur qui élargit la ligne blanche et écarte les mus-
cles grands droits. L'éventration, ainsi constituée, a ten-
dance à s'élargir parce qu’à chaque augmentation de la
pression abdominale, les viscères s'engagent dans l'hia-
tus. Le pourtour de l'éventration est constitué par un an-
neau de fibrose cicatricielle. La tension des muscles lar- Identification du colon sous la peau
ges latéraux est relâchée, ce qui entraîne une dégéné- d’une éventration médiane
2.3. DIAGNOSTIC
2.4. COMPLICATIONS
Les éventrations importantes (diamètre supérieur à 10-15 cm) peuvent entraîner des complications
sérieuses.
2.4.1. Respiratoires
Le poids de l'éventration se portant en avant entraîne une hyperlordose pour maintenir le cen-
tre de gravité. Les malades se plaignent souvent de douleurs lombo-sacrées.
Le poids d'une éventration volumineuse met sous tension le revêtement cutané de couverture.
Il s'ensuit une ischémie qui peut provoquer des escarres et des ulcérations.
2.4.5. Etranglement
Enfin une éventration peut s'étrangler soit parce que les viscères sont garrottés au niveau du
collet, soit parce que le sac de l'éventration contient des brides et adhérences. Une éventra-
tion étranglée devient douloureuse; elle est irréductible et l'obstruction intestinale se manifeste.
Bien que les éventrations de petit calibre puissent être contenues par une bonne ceinture qui joue le
rôle de la sangle abdominale, le traitement radical d'une éventration ne peut être que chirurgical.
L'objectif est de supprimer la protrusion viscérale mais surtout de restaurer la fonction de la paroi
abdominale par une remise en tension des muscles larges.
Il faut aussi minimiser le risque de récidive. Les principes du traitement chirurgical tiennent compte
de la différence essentielle qu'il existe entre l'éventration diastasis et l'éventration avec perte de
substances.
• Dans le premier cas, les bords de l'éventration peuvent être rapprochés sans tension, la
suture est possible par des points séparés de fil non résorbable. La mise en place d'une
prothèse insérée entre le plan musculo-aponévrotique et le péritoine renforce encore cette
reconstruction.
• Dans le second cas, la perte de substances exige la mise en place d'une prothèse de rem-
placement.
Réparation d’une volumineuse éventration par plaque prothétique placée en avant du péritoine et en arrière des muscles
grands droits.
• Les contre-indications majeures à la cure d'une grosse éventration sont d'ordre respira-
toire : la réintégration des anses fait remonter le diaphragme et l'opéré est amputé d'une
certaine quantité de son volume respiratoire. Le malade sera donc testé avant l'intervention
quant à ses capacités respiratoires: kinésithérapie appropriée, drainage postural, etc.