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Bases neurophysiologiques
Principes d’interprétation et de prescription
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
Autres ouvrages
MANUEL DE L’EEG DE L’ADULTE, VEILLE ET SOMMEIL par C. HAUSSER-
HAUW. Monographies de neurologie 2007, 352 pages.
NEUROPSYCOLOGIE DE LA MALADIE DE PARKINSON ET DES SYNDROMES
APPRENTÉS, par K. DUJARDIN, L. DEFEBVRE. Neuropsychologie, 2e édition,
2007, 184 pages.
LES NERFS CRÂNIENS, par D. DOYON, K. MARSOT-DUPUCH, J.-P. FRANCKE.
Monographies de neurologie. 2e édition, 2006, 304 pages.
TUMEURS CÉRÉBRALES, DU DIAGNOSTIC AU TRAITEMENT, par J. PHILIPPON.
2004, 304 pages.
ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE DE L’ENFANT, par D. SAMSON-DOLLFUS. 2e édition.
2001, 152 pages.
NEUROPÉDIATRIE, par G. LYON, P. ÉVRARD. 2e édition, 2000, 568 pages.
ANATOMIE CLINIQUE DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL, par J.-M. PRADES.
1999, 272 pages.
Pratique
de l’EEG
Bases
neurophysiologiques
Principes
d’interprétation et
de prescription
Jean VION-DURY
Maître de conférences - praticien hospitalier
au CHU de Marseille
Responsable de l'Unité de neurophysiologie
et psychophysiologie
du pôle de psychiatrie universitaire,
hôpital Sainte-Marguerite, Marseille
France BLANQUET
Maître de conférences - praticien hospitalier
au CHU de Marseille
Responsable de l'unité de neurophysiologie,
hôpital de la Conception, Marseille
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous
pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des
pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue
une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à
l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes cita-
tions justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont
incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Notre ambition, dans un tel contexte, est double. Elle consiste d’une part à
donner à l’étudiant ou au médecin une synthèse des bases physiologiques et
physiopathologiques connues de la structure et de la modification des activités
électriques cérébrales. Il nous semble ainsi plus facile de comprendre et de
retenir les différentes modifications de l’électrogénèse que l’on observe en
clinique. Pour autant, ceci doit se faire à nouveaux frais, en raison de la multi-
plicité des études qui nous permettent de moins mal comprendre ce qui est en
jeu d’un point de vue neurophysiologique. C’est donc bien de neurophysio-
logie (et non pas de la présentation commentée de tracés dans telle ou telle
condition normale ou pathologique) dont traitera principalement ce livre.
Cette neurophysiologie sera orientée non pas vers la motricité, les fonctions
cognitives ou les processus perceptifs, mais vers la compréhension, inévitable-
ment partielle, de ce qui semble sous-tendre la genèse et la transformation de
l’électrogénèse cérébrale.
Dans ce livre, nous avons délibérément abordé l’EEG clinique de manière non
conventionnelle, privilégiant l’étude de stratégies cliniques concrètes plutôt
que le développement de chapitres basés sur la nosographie. Ce choix pourrait
sembler un peu simplificateur, mais il permet de concilier une sémiologie
complexe avec une attitude nécessairement pragmatique du médecin qui pres-
crit l’examen.
VIII Avant-propos
Pratique de l’EEG peut être lu de trois manières selon le lecteur qui l’aborde :
– le lecteur novice en EEG aura intérêt à commencer par les chapitres 1, 5, 6
et 7 et par les planches d’EEG dans lesquelles il trouvera des renvois principa-
lement aux figures et paragraphes plus théoriques; il abordera dans un second
temps les chapitres plus physiologiques et physiopathologiques (2, 3 et 4);
– le neurologue ou le psychiatre qui prescrit des EEG sans les interpréter sera
tout particulièrement concerné par les chapitres 5, 6 et 7 conçus pour aider à la
prescription de l’examen;
– le neurologue ou le psychiatre qui connaît déjà l’EEG sera plus intéressé par
la synthèse bibliographique, physiologique et physiopathologique des
chapitres 2, 3, 4.
Enfin, pour introduire cette méthode paraclinique, nous proposons au lecteur
de lire cet ouvrage avec deux métaphores en tête.
La première est que le tracé EEG ressemble, couché sur une feuille de papier,
à une partition d’orchestre où les lignes dédiées aux instruments sont des déri-
vations. Ceci souligne qu’en EEG, comme en musique, la structure temporelle
(le rythme) est au premier plan de la perception, contrairement à l’image qui
privilégie les rapports spatiaux. Il faut donc penser l’EEG comme une struc-
ture temporelle complexe qui se déroule, harmonieusement ou non.
La seconde est que faire l’interprétation d’un EEG c’est comme jouer à
« Sherlock Holmes au pays des neurones ». Interpréter un EEG, c’est recher-
cher dans une multitude de signes, dans un embrouillamini d’artéfacts et de
rythmes, pertinents ou non, les indices d’une lésion cérébrale ou d’un
dysfonctionnement. Il est sans intérêt de répondre « souffrance cérébrale ». Il
faut chercher le coupable, caractériser le crime, en savoir plus sur le mobile,
bref, prendre sa loupe et mener l’enquête, avec comme seule scène du crime,
20 minutes d’enregistrement.
ABRÉVIATIONS
5HT sérotonine
ACH acétylcholine
BDNF Brain Derived Neurotrophic Factor
BT boîte têtière
CAD convertisseur analogique digital
CAP Cyclic Alternating Patterns
CNV variation contingente négative
CPU Central Process Unit
CSA Compressed Spectral Array
DA dopamine
DC Direct Currents
DLA dysrythmie lente antérieure
DSC débit sanguin cérébral
ECG électrocardiogramme
EEG électroencéphalogramme
EMG électromyogramme
EOG électro-oculogramme
ERD Event Related Desynchronization
ERP Event Related Potentials
ERS Event Related Synchronization
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
problème est que souvent, par méconnaissance, les indications de l’EEG sont
mal posées et le résultat attendu peu en rapport avec les caractéristiques de la
méthode. Enfin, tout le monde peut lire ou interpréter une image; en revanche
l’interprétation d’un examen d’EEG nécessite un long apprentissage et une
formation spécifique.
Si l’imagerie et les explorations fonctionnelles ou métaboliques par RMN sont
promises à un brillant avenir, l’EEG, peu coûteux, d’accès facile, répétable et
réalisable au lit du patient possède des atouts très sérieux dans l’exploration
quotidienne des patients.
C’est en 1924, à Iéna, que Hans Berger put recueillir avec un galvanomètre à
corde le premier EEG humain à partir d’électrodes placées sur le scalp (on
imagine la difficulté d’enregistrer des différences de potentiel de l’ordre de
quelques dizaines de millionième de volt avec les piètres galvanomètres
disponibles à l’époque et sans le moindre dispositif d’amplification). Il publia
en 1929 sa découverte de deux types d’activités électriques cérébrales quasi
sinusoïdales qu’il dénomma « rythme alpha » et « rythme bêta ». La difficulté
fut de s’assurer que les variations de potentiels obtenues constituaient bien
une activité bioélectrique d’origine corticale et non pas des artéfacts provo-
qués par la pulsation des vaisseaux, la contraction des muscles, le mouvement
des yeux ou le tremblement de la tête. C’est lui qui donna le nom d’élec-
troencéphalogramme à cette méthode. À l’époque, il était nécessaire d’utiliser
des polyencéphalographes comprenant plusieurs chaînes juxtaposées d’enre-
gistrement. L’importance de la découverte de Berger ne fut vraiment reconnue
qu’en 1937. La réaction d’arrêt (arrêt du rythme alpha quand le sujet est
attentif) fut également découverte à cette époque par Berger. L’enregistrement
des premières crises d’épilepsie fut réalisé en 1938 par Gibbs.
Cependant, la Seconde Guerre mondiale allait retarder l’éclosion de cette
exploration du cerveau humain et ce n’est qu’après celle-ci que la méthode
d’EEG se généralisa comme méthode diagnostique en neurologie.
À la fin des années 1940, les premières explorations intrusives par électrodes
profondes furent réalisées. Les premières analyses de fréquences eurent lieu dans
le contexte du développement des méthodes de traitement du signal. Les grands
noms de cette période sont Penfield, Jasper, Walker, Magoun, Moruzzi, puis, en
France, Gastaut, Naquet, Roger. Magoun et Moruzzi, en réalisant les sections
étagées du tronc cérébral, mirent en évidence le rôle fondamental de la substance
réticulée activatrice ascendante dans la régulation de l’activité électrique cérébrale.
L’EEG devint véritablement un examen très répandu dans les hôpitaux dans
les années 1950.
DÉFINITIONS ET LIMITES
DE L’ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le bref historique ci-dessus ou
même la culture médicale courante, l’électroencéphalographie, partie de
l’électrophysiologie, n’est pas limitée au tracé EEG enregistré dans le cadre de
l’exploration de patients. D’ailleurs, si l’on s’en réfère à l’étymologie, l’élec-
troencéphalographie concerne tout ce qui relèverait de l’enregistrement d’une
activité électrique cérébrale.
On peut dire alors que l’électroencéphalographie est une constellation de tech-
niques et de méthodes qui permettent d’une manière ou d’une autre
d’enregistrer et d’analyser le signal électrique en provenance du cerveau et
d’en étudier les différentes variations. La figure 1.1 résume cet ensemble de
différentes méthodes.
Définitions et limites de l’électroencéphalographie 3
Stimuli externes
(sensoriels)
Petites populations de neurones
Extraction du signal par sommation
Stimuli internes
(cognitifs)
Potentiels
évoqués
Stimuli externes ou
internes
Activités de fond
Fig. 1.1. Les trois modalités principales de l’analyse de l’activité électrique céré-
brale par l’EEG (d’après Pfurtscheller et Lopez Da Silva, Event-Related
Desynchronization, Handbook of Electroencephalography and Clinical
Neurophysiology, Elsevier Science, 1999, vol. 6, p. 51-65. Avec la permission
d’Elsevier Masson SAS).
Les cercles grisés représentent les méthodes d’EEG à visée clinique.
C’est ainsi que l’on peut considérer que l’EEG continu ou la MEG correspondent
à une analyse globale de l’activité cérébrale alors que les potentiels évoqués ou les
ERD et les ERS correspondent à une analyse plus focale de cette activité.
DISPOSITIFS D’ENREGISTREMENT
DE L’EEG STANDARD EN CLINIQUE
Ce paragraphe nous permettra à la fois de décrire les dispositifs d’enregistre-
ment de l’activité électroencéphalographique et de présenter les différentes
modalités d’analyse de cet enregistrement.
Dispositifs analogiques
Historiquement, les premiers appareils EEG étaient constitués de chaînes analogi-
ques d’amplification et d’écriture du tracé. Les électrodes recueillaient les
microcourants issus du scalp qui étaient amplifiés au moyen d’amplificateurs
différentiels1. Le courant de sortie des amplificateurs mobilisait les plumes d’une
table traçante dont le papier se déroulait à une vitesse définie préalablement. Selon
les appareillages et leur taille, on disposait de huit à seize voies d’amplification
correspondant au même nombre de traces produites sur le papier (figure 1.2).
Les paramètres de l’enregistrement de l’EEG étaient sur ce type d’appareils :
– l’amplification (donnée en µV/mm) ;
– la constante de temps 2 des condensateurs des amplificateurs;
– la vitesse de déroulement du papier correspondant à une base de temps
exprimée en secondes de tracé par page 3.
Un système permettait de calibrer l’amplitude de la déviation des plumes
avant le début de chaque tracé.
Dans ces conditions, le tracé paraissant sur le papier fixait, sans modification
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EEG ANALOGIQUE
Boîte têtière
Ampèremètres à cadre mobile
Plumes + encre
Filtres
Multiplexage
Analyse spectrale : Analyse de la phase :
Convertisseur analogique digital transformée de Fourier
(CAD) cohérences
± Filtres numériques
Analyse
Fibre optique spectrale continue :
CSA
EEG NUMÉRIQUE
Dispositifs numériques
La numérisation des courants électriques issus du scalp constitue une étape
décisive dans l’histoire de l’EEG. Le principe de la numérisation est présenté
Dispositifs d’enregistrement de l’EEG standard en clinique 7
présentés au sujet.
Mais, dans tous les cas, l’élément essentiel est le système de synchronisation
entre stimulus et acquisition (enregistrement) du signal. Par ce moyen, une
information est émise par le module de stimulation : 1) pour que le système
d’acquisition se déclenche (cas des PE au cours de moyennage) quand le
stimulus apparaît et 2) pour que le système de visualisation ou de calcul puisse
disposer de cette information pour l’analyse ultérieure : on aura ainsi les
marqueurs de SLI (ce qui est le plus simple) ou bien des marqueurs différen-
tiels de diverses tâches cognitives pour réaliser le rétromoyennage des
potentiels évoqués complexes.
1. La numérisation d’un signal doit respecter le théorème de Shannon qui pose que la fréquence
d’échantillonnage d’un signal doit être au moins le double de sa fréquence. Ainsi, si on veut
numériser de l’EEG de routine, soit donc une bande passante allant de 0 jusqu’à 50 Hz, la
fréquence d’échantillonnage sera au moins de deux fois 50 Hz, soit 100 Hz.
2. Il s’agit d’éclairs de lumière blanche, de durée 200 ms (flashes), avec une énergie de 0,3 joule
par éclair et délivrés à 50 cm des yeux.
8 Les différents aspects de l’électroencéphalographie
Tension (V)
Signal analogique ÉLECTRODES
(valeurs continues) AMPLIFICATEURS
temps
Horloge (MHz)
Échantillonnage
Tension (V) CAD
Signal échantillonné
Point n°1
(en n valeurs discrètes)
Point n° 64
TA = n DW
temps
Dynamique du DW= 1 / 2 f0
signal = 2n’, avec
n’ = nombre de bits
Points 1 2 3 4 5 … n 63 64
Tension i1,1 i2,1 i3,1 i4,1 i5,1 in,1 i63,1 i64,1
ÉCRAN
Stimuli complexes
Disque dur
Module de stimulation
interne :
SLI,
PEA, PES, PEV
Logiciel de
présentation et de
lecture
Synchronisation
externe
Écran Imprimante
Ordinateur générant des stimuli complexes
pour PE cognitifs
D’une manière générale, rares sont les systèmes qui permettent à la fois
l’enregistrement des potentiels évoqués et de l’EEG sur le même appareillage,
pour des raisons de largeur de bande passante des amplificateurs qui ne sont
pas les mêmes dans chaque type d’application. Les appareils d’enregistrement
de PE sont souvent des appareils d’EMG à plusieurs voies, équipés d’un
stimulateur interne ou externe. Ils sont le plus souvent destinés aux PES. Les
appareils d’EEG (de bande passante 1-30 Hz) peuvent enregistrer tous les
potentiels cognitifs (composantes lentes).
Négatif
Négatif
Positif Positif
Plus d’électrons sur Moins d’électrons sur Moins d’électrons sur Plus d’électrons sur
l’électrode 1 = l’électrode 2 = l’électrode 1 = l’électrode 2 =
NÉGATIVITÉ POSITIVITÉ POSITIVITÉ NÉGATIVITÉ
(relative) (relative) (relative) (relative)
Électrodes et montages
La disposition des électrodes sur le scalp se fait, en routine clinique, le plus
souvent selon le système 10-20 (figure 1.6). Chaque canal d’amplification
reçoit le courant de deux électrodes (soit deux électrodes actives, soit une
électrode active et une électrode de référence). Cette paire d’électrodes est
appelée dérivation (par exemple dérivation Cz-Pz). Un ensemble de dériva-
tions permettant d’enregistrer autant de traces qu’il y a de canaux
d’amplifications actifs est dénommé montage. En d’autres termes, un montage
est une disposition selon laquelle un certain nombre de dérivations sont affi-
chées simultanément sur un enregistrement EEG (figures 1.7 et 1.8). On
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remarquera que les électrodes paires correspondent au côté droit et les élec-
trodes impaires au côté gauche. Les électrodes centrales ont l’indice z.
En routine clinique, trois montages sont essentiellement utilisés (figure 1.7) : le
montage standard zéro (qui est un bon montage d’analyse rapide de l’activité
cérébrale), le montage longitudinal et le montage transverse ou la combinaison
des deux (qui permet une bonne visualisation des phénomènes paroxystiques).
D’autres montages, comme le montage à longues distances ou en « hameçon »
sont utilisés dans des applications plus spécifiques, respectivement évaluation
de la mort cérébrale et les enregistrements chez les bébés. Les montages réfé-
rentiels permettent d’étudier et de comparer l’amplitude des grapho-éléments.
Sur les appareils analogiques, les montages sont changés à l’aide d’un contac-
teur et ne peuvent être rétrospectivement modifiés. En revanche, sur les
appareillages numériques, c’est le courant de sortie de chaque électrode qui est
numérisé et sauvegardé. Ainsi, il est possible de créer après l’enregistrement
1. Les montages avec électrode moyenne sont câblés dans l’appareil EEG.
12 Les différents aspects de l’électroencéphalographie
Gauche = Droite =
impair pair
Fpz
Fp1 Fp2
F3
C3
F3 Fz F4 Fp1 F7
P3
F7 F8
T3 T5
O1
T3 C3 Cz C4 T4
A1 A2
T5 P3 Pz P4 T6
O1 O2
Fig. 1.6. Positionnement des électrodes dans le système 10-20. Aperçu de la face
gauche du cerveau avec les électrodes impaires.
Type de montage
Sensibilité présenté Valeur du filtre Valeur de la constante
(en µV/mm) passe-bas de temps
Échelle de temps des condensateurs
- Message indiquant
Polarité
+ les évènements
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ECG
Dérivations systématiquement enregistré Ligne sur laquelle
du montage utilisé (permet de détecter des artéfacts) seront les marqueurs
indiquant les éclairs
délivrés par la SLI
Fig. 1.8. Un tracé EEG normal (appareil EB Neuro, type Mizar 33).
On remarque que, sur les systèmes numériques, les principaux paramètres sont
présentés et qu’ils peuvent être modifiés à la demande lors de la relecture.
tous les montages et dérivations que l’on souhaite. Cette possibilité donne une
impressionnante flexibilité à l’analyse ultérieure de l’EEG.
STRUCTURE ET CARACTÉRISTIQUES
DU SIGNAL EEG
On peut considérer classiquement le signal EEG comme un signal sinusoïdal1
formé de très nombreuses fonctions sinusoïdes qui s’ajoutent pour former le
tracé inscrit sur la feuille ou à l’écran. Le simple comptage des fréquences
A
Puissance : 0 - 8,36 µV?
Fp1-ref Fp2-ref
30 Hz
Rythme alpha
O1-ref O2-ref
Fig. 1.9. Présentation d’une analyse spectrale sous la forme d’une carte de spectres
(un spectre sous chaque électrode).
Ici, le montage utilisé est référentiel. On note un pic de fréquence vers 10 Hz
prédominant dans les régions postérieures : il s’agit du rythme alpha. La bande
de fréquence analysée est ici de 30 Hz. En bas, cartographie illustrant la puis-
sance spectrale sous chaque électrode pour les quatre bandes de fréquences de
l’EEG (voir tableau 2.I, p. 25).
Analyse du signal EEG 19
Détection de pointes
Les pointes et les autres éléments angulaires sont définis par leur morpho-
logie. Les méthodes automatiques de détection de pointes utilisent des
logiciels de reconnaissance de formes mimant les modalités de reconnaissance
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MAGNÉTOENCÉPHALOGRAPHIE
La magnétoencéphalographie (MEG) analyse les variations du champ magnétique
cérébral associées aux champs électriques produits par les cellules cérébrales.
Magnétoencéphalographie 21
« FORWARD PROBLEM »
QUESTION On enregistre
Où est la structure cérébrale une distribution de courants
qui génère cette activité ? sur le scalp
(grapho-élément :
pointe PE…)
« INVERSE PROBLEM »
B EEG MEG
Organisation
du champ électrique Organisation
pour un dipôle tangentiel du champ électrique
+ provenant de la partie pour le même dipôle
supérieure de
- la scissure de Sylvius
V 0,
B=0
Dipôles tangentiels
émis par la profondeur MEG
V 0, (flancs) des sillons
B 0
Fig. 1.10. Problème direct et problème inverse. Comparaison entre EEG et MEG.
A) Problème direct et problème inverse. B) Modélisation des champs électri-
ques et magnétiques en EEG et MEG avec un modèle de sphère à quatre
couches concentriques. C) Origine des champs électrique et magnétique en
provenance d’un sillon cortical.
Bande de Corrélats
Rythme Localisation Amplitude
fréquences comportementaux
α 8-13 Hz Amplitude maximale 25 à 75 μV Veille calme
(8 = sub-α) postérieure (autour de
+ réactif OY 50 μV)
β > 13 Hz Antérieur et moyen < 20 μV Veille active
(14-30 Hz) Sommeil paradoxal
γ > 30 Hz Antérieur et moyen < 20 μV Veille active
Sommeil paradoxal
θ 4-7 (7,5) Hz Centrotemporal 20 μV Veille
Sommeil paradoxal
δ < 4 Hz Diffus > 30 μV Sommeil lent
(0,1 à 3,5)
Veilles et sommeils
Ces états neurophysiologiques et comportementaux ont été regroupés en trois
états dits états de vigilance : la veille, le sommeil lent (avec ses différents
stades) et le sommeil paradoxal. Ces états de vigilance sont eux-mêmes, en
fonction de leurs caractéristiques principalement électrophysiologiques et
comportementales, divisés en stades qui en permettent une analyse clinique et
physiologique acceptable même s’ils traduisent assez mal le double conti-
nuum des processus sous-jacents. En effet, il existe un premier continuum de
la veille active au stade du sommeil 1B inclus 1. L’apparition des fuseaux cons-
titue une rupture à la fois ontogénique (voir figure 3.5) et neurophysiologique
(voir p. 69-71) dans le fonctionnement cérébral avant le second continuum
incluant les stades III et IV du sommeil lent. Le passage en sommeil paradoxal
constitue à nouveau une rupture fonctionnelle.
L’état de veille est en général associé à l’existence d’un état conscient, même
si les deux notions ne peuvent être juxtaposées de manière simple. D’ailleurs,
il existe plusieurs états de veille, de la veille calme à l’agitation.
Le sommeil est corrélé à la disparition physiologique de la conscience. C’est
un comportement instinctif et appétitif 2 et son caractère incontournable appa-
raît dans l’impossibilité de rester éveillé plus de 2 ou 3 jours. Il s’agit d’un
processus physiologique aussi fondamental à réguler que les grandes cons-
tantes physiologiques. En outre, il est généralement caractérisé par des
comportements pauvres et très stéréotypés propres à chaque espèce, alors que
la richesse comportementale de la veille fait contraste, particulièrement chez
1. Nous verrons plus loin que ce continuum peut se comprendre comme une perméabilité plus ou
moins grande du cerveau aux stimulations extérieures.
2. Qui crée un désir (du latin appetitus, désir).
Phénoménologie des activités physiologiques d’origine cérébrale 27
Subdivision
État de
(%du temps de EEG Corrélats physiologiques
vigilance
sommeil)
Active Rythme bêta Tonus de base,
mouvements, pensée
Veille consciente et active.
Calme Rythme alpha Tonus de base. Pensée non
attentive, méditation.
Stade 1A Alpha qui diffuse dans les Baisse du tonus +.
Assoupissement régions temporales et La conscience disparaît.
Somnolence centrofrontales
Stade 1B Fragmentation de l’alpha Baisse du tonus +.
Somnolence Rythme thêta Mouvements lents des yeux
profonde Bouffées lentes diffuses Clonies d’endormissement.
(16 % avec stade Apparition des pointes Baisse de température.
1A) vertex (alpha < 20 %)
Stade 2 Fuseaux (11,5-15 Hz) > 0,5 s, Baisse du tonus ++.
Sommeil léger en bouffées centrales, Augmentation de l’activité
Sommeil (55 % environ) K complexes du système
lent Activité delta diffuse parasympathique.
(non REM) (< 20 %) Baisse de température ++.
Stade 3 20 à 50 % du tracé ondes Baisse du tonus +++
Sommeil delta (0,5-2,5 Hz) Augmentation de l’activité
profond Quelques fuseaux du système
K complexes parasympathique.
Baisse de température ++.
Stade 4 Plus de 50 % en ondes Baisse du tonus +++.
Sommeil très delta Libération de GH.
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LE CORTEX CÉRÉBRAL :
LA STRUCTURE D’OÙ PROVIENT L’EEG
L’EEG est le reflet de l’activité électrique neuronale d’origine essentiellement
néocorticale. Pour cette raison, la diffusion des activités électriques normales
ou pathologiques est en relation directe avec les propriétés de l’architecture et
des connexions corticales.
Le cerveau humain est l’un des organes les plus complexes qui soit. Le volume
du cortex cérébral est de l’ordre de 300 cm3, la surface corticale atteignant
2 200 cm2 ; en raison de sa structure plissée, la surface corticale apparente ne
représente que 25 à 30 % de la surface totale. L’épaisseur du cortex varie de 1,5
à 4,5 mm selon les zones. La densité cellulaire varie selon le type de cortex : de
14 000 à 18 000 neurones par mm3 dans le cortex agranulaire, de 40 000 à
100 000 neurones par mm3 dans le cortex visuel. Selon les auteurs, le nombre
de neurones dans le cortex cérébral est de l’ordre de 109 à 1011. Chaque cellule
pyramidale peut recevoir entre 104 et 105 synapses. Le nombre total de
connexions dans le cortex pourrait ainsi atteindre 1 million de milliards.
Le cortex des primates possède d’une part une organisation anatomique lami-
naire (en couches) et, d’autre part, une organisation fonctionnelle columnaire
(cortex sensoriels et moteurs). Les cortex associatifs sont organisés en réseaux
parallèles distribués.
ng
py II
da Cortex
db
bp III
pa py Cortex
ee IV
V
ch
VI
Afférences Afférences
d’origine thalamique d’origine thalamique
Thalamus
(action sur les interneurones ; (afférences
afférences polysynaptiques) monosynaptiques)
Thalamus,
noyau rouge, pont, bulbe,
striatum
Synapse excitatrice
Synapse inhibitrice
1. Les éphapses sont des synapses électriques caractérisées par des jonctions serrées (gap junc-
tions) formées de la réunion de deux héxamères de connexines – un par membrane, constituant un
canal entre deux neurones. La transmission de l’influx ne se fait pas dans ces conditions via un
transmetteur chimique mais directement par le passage des ions au travers de ces jonctions
serrées. Cette transmission de l’influx est alors très rapide.
Le cortex cérébral : la structure d’où provient l’EEG 33
dendrite
Fibres corticocorticales
axone associatives
Cellule pyramidale
Stimulus commun
Colonnes corticocorticales
(modules) :
B
Macrocolonne
(arborisation axonale récurrente
d’une cellule pyramidale)
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
III
IV
Hypercolonne
(réunion de modules)
Neurone thalamique
spécifique
RS FRB FS IB
Afférences
GABA (inhibition) spécifiques
Une caractéristique majeure du néocortex humain est qu’il est très densément
interconnecté aussi bien à courte distance (supérieure à 1 mm dans des fibres
intracorticales, fibres en « U » entre deux circonvolutions) qu’à très longue
distance (20 cm) dans des connexions corticocorticales.
1. Une même fibre corticocorticale peut donner des terminaisons à plusieurs colonnes et une
même colonne reçoit les influx convergents de multiples colonnes qui peuvent appartenir à des
aires architectoniques différentes.
36 Dynamique neuronale et genèse de l’EEG
-
-
Électrode +
externe +
Cuir chevelu
Cortex
puits couche I
source
+
+ +
+
+ +
source puits
- Synapse excitatrice
Synapse inhibitrice -
+
+
puits puits
+
+ +
+
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
+
+
source source
Fig. 2.5. Schéma de principe montrant le lien entre les dépolarisations des
dendrites des cellules pyramidales (champs de potentiels) et la morphologie
des déflexions des électrodes. Puits = site d’entrée du courant dans la
cellule; source = site de sortie du courant de la cellule.
pas certaine et ils pourraient être également en rapport avec des variations de
l’hémodynamique cérébrale. Ces courants DC ne sont pas enregistrés en
pratique clinique.
40 Dynamique neuronale et genèse de l’EEG
STRUCTURES SOUS-CORTICALES
IMPLIQUÉES DANS LA RÉGULATION
DE L’ACTIVITÉ ÉLECTRIQUE CORTICALE
Si le cortex est la structure d’où proviennent les signaux EEG enregistrés, la
modulation de ces activités ainsi que la configuration électrophysiologique
globale sont sous la dépendance principalement de plusieurs structures sous-
corticales : le thalamus et la formation réticulée du tronc cérébral. La régula-
tion des états de vigilance implique deux structures supplémentaires : le
télencéphale basal 1 et l’hypothalamus. À cette organisation anatomique se
superpose une organisation neurochimique complexe dans laquelle les
diverses amines jouent un rôle spécifique. Ces régulations mettent en réalité
plus en jeu des réseaux neuronaux que des structures anatomiques spécifiques.
Thalamus
Le thalamus est un complexe nucléaire formé de deux groupes de noyaux, le
thalamus dorsal et le thalamus ventral.
Le thalamus dorsal comprend sur le plan fonctionnel, classiquement, trois
grands groupes de noyaux (figure 2.6) : les noyaux relais (ou noyaux spécifi-
ques), les noyaux associatifs et les noyaux non spécifiques (noyaux de la ligne
médiane et noyaux intralaminaires).
Les noyaux du thalamus dorsal sont organisés selon trois principes :
– les afférences viennent de voies et de systèmes sous-corticaux;
– les efférences sont destinées au cortex cérébral et abandonnent des collaté-
rales au noyau réticulaire;
1. Le télencéphale basal est un groupe de structures situées dans la zone inférieure du cerveau
antérieur et qui inclut le noyau basal, la bandelette diagonale, le septum médian et la substantia
innominata de Meynert.
Structures sous-corticales impliquées dans la régulation de l’EEG 41
avant
Noyau réticulaire thalamique (RT)
dedans dehors
A
arrière
VA
DM
LD
LMI
VL Neurone réticulaire
(RE)
LP VPM
PU VPL
CGE
CGI Neurone relais
(NRT)
Le noyau réticulaire est une fine enveloppe cellulaire autour des faces latérale,
antérodorsale et antéroventrale du thalamus dorsal et il est constitué de
neurones GABAergiques. Ses afférences viennent du cortex cérébral et du
thalamus dorsal. La quasi-totalité de ses efférences sont destinées au thalamus
dorsal (et un peu au tronc cérébral), ce qui signifie que le noyau réticulaire
exerce un rétrocontrôle inhibiteur sur les activités thalamiques.
Loin d’être un simple relais ou un lieu de passage entre structures sous-corti-
cales et cortex cérébral, le thalamus possède une fonction fondamentale dans
la régulation de la résolution temporelle et spatiale des influx afférents.
Systèmes réticulaires
La formation réticulée (FR) désigne la substance grise du tronc cérébral, en
position centrale, péri-acqueducale. La formation réticulée est un système multi-
synaptique local divisé en trois colonnes longitudinales formées chacune de
plusieurs noyaux : une zone centrale (le raphé), une zone médiane à prédomi-
nance magnocellulaire et une zone latérale à prédominance parvocellulaire1.
À cette anatomie nucléaire se superpose une anatomie neurochimique avec
des groupes neuronaux sérotoninergiques (Bx), adrénergiques (Cx), noradré-
nergiques (Ax) et cholinergiques (Chx) (tableau 2.IV).
Synchronisation, désynchronisation
Classiquement, en EEG de surface, la morphologie des rythmes EEG, quel
que soit l’état de vigilance, peut être classée en deux configurations : des acti-
vités dites synchronisées, qui constituent des oscillations de grande amplitude
et de fréquence assez basse et des activités dites désynchronisées, de plus
faible amplitude et de fréquence plus élevée. Cette simplification, bien
qu’extrême, possède une grande valeur explicative (figure 2.8).
La synchronisation suppose la coactivation d’un grand nombre de neurones, la
somme des événements synaptiques devenant suffisamment grande pour
générer des variations de potentiels amples au niveau des grosses électrodes
44 Dynamique neuronale et genèse de l’EEG
Mode oscillant YO YF
Réactivité
Mode relais
Colonne corticale
Cortex :
• organisé en colonnes fonctionnelles
autour de la cellule pyramidale ;
• organisé en réseaux parallèles
par des connexions corticocorticales
massives ;
• à l’origine des signaux EEG :
les dendrites des cellules pyramidales
formant des dipôles radiaires.
Thalamus relais :
• transmission des influx plutôt spécifiques
d’une modalité ;
• double mode de décharge : mode relais
et mode oscillant.
Thalamus réticulaire :
• non spécifique. Projections diffuses ;
• pacemaker de l’activité thalamique
et donc corticale.
EEG
de surface
Acétylcholine
Activités NA
unitaires
Fort couplage fonctionnel des neurones Faible couplage fonctionnel des neurones
Convergence des influx afférents Divergence des afflux afférents
Analyse
spectrale
de l’EEG
de surface
GABA (inhibition)
Le cortex module
la génération et Vers le cortex Ach nicotinique
la synchronisation Ach muscarinique
des fuseaux
La stimulation cholinergique
(récepteur nicotinique) dépolarise
le TCR => facilitation du mode relais
La stimulation cholinergique
(récepteur muscarinique)
hyperpolarise le neurone réticulaire
thalamique => arrêt du mode
oscillatoire => inhibition des fuseaux
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Afférences sensorielles
Afférences cholinergiques spécifiques relayées
(groupe Ch5) régulatrices par les neurones
des activités rythmiques thalamo-corticaux
facilitant le mode relais
1. Ainsi que le montre l’analyse des cohérences alpha (voir p. 20) qui sont plus grandes entre
deux zones de cortex qu’entre le thalamus et le cortex.
Genèse des rythmes EEG 49
gique, elles sont peu dépendantes de l’activité thalamique et utilisent les voies
corticocorticales; elles sont cependant transmises par les neurones thalami-
ques (réticulaires et spécifiques); les pointes vertex seraient l’expression de
ces oscillations lentes spontanées corticales;
– des oscillations contrôlées par le thalamus (de 1 à 4 Hz), dues à des décharges
spontanées de neurones thalamocorticaux principalement du corps genouillé
dorsolatéral; ces oscillations sont intrinsèques et ne dépendent pas des influx
des neurones RE;
– des oscillations corticales de fréquence 1 à 4 Hz; ce sont des activités lentes
produites par des neurones de type pyramidal de grande taille appelés IB (voir
p. 34);
– des oscillations gliales, inférieures à 1 Hz, en relation avec les concentra-
tions extracellulaires de potassium (tampon potassique), les phases de
dépolarisation neuronales étant associées à une augmentation continue et lente
du potentiel des cellules gliales.
La suppression des activités delta lors de l’éveil résulterait de l’action des
neurones cholinergiques du cerveau basal antérieur. Inversement, les déaffé-
rentations cholinergiques pourraient expliquer alors la production d’activités
delta corticales.
Les figures 2.10 et 2.11 schématisent l’apparition et l’évolution des ondes
lentes au cours des différents stades du sommeil lent.
Activités désynchronisées
V de veille.
Neurones thalamo
corticaux Mode relais
V
Potentiel de
membrane
Mode oscillant
Interneurone
Neurone RE
Potentiel de SL
membrane
La réticulée du mésencéphale
et les noyaux cholinergiques mésopontins Déclenchement
diminuent leurs décharges. du sommeil
Les activités alpha diffusent
vers les régions antérieures
neuronaux selon des régimes linéaires (s’il y a peu d’influx afférents ou s’ils
sont aléatoires) ou, le plus souvent, selon des modes non linéaires.
Les oscillations à basse fréquence (fuseaux, rythme alpha ou thêta) recrutent
des neurones sur des zones corticales de grande dimension. Ce sont des
oscillations de diffusion régionale dans lesquelles les neurones thalamocorti-
caux et corticocorticaux sont impliqués. Les oscillations à haute fréquence
(bêta, gamma) recrutent des neurones sur des zones de dimensions plus
réduites. Ce sont des oscillations de diffusion locale impliquant uniquement
des neurones corticocorticaux.
1. À noter que lorsque le néocortex est désynchonisé, le système limbique (hippocampe et cortex
entorhinal) génère des activités thêta synchronisées.
Genèse des rythmes EEG 53
Synchronisation
corticocorticale Activités synchrones : Activités Activités
(niveau global) mode résonants adulte éveillé désynchronisées
globaux ou régionaux avec résonances locales
Synchronisations
corticocorticales ERD, ERS (couplages, liages…)
locales
5 HT
Neuromédiateurs
ACh NA DA
Fig. 2.12. Signification des changements d’activités EEG chez le sujet normal
(voir aussi figure 2.8).
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
ERS ERD
(augmentation de l’amplitude) (diminution de l’amplitude)
Analyse spectrale
(seule la bande
de fréquences bêta
est prise en compte)
Événement
l’activité dans laquelle elles se produisent, les ERD et les ERS n’ont pas la
même signification fonctionnelle.
SOMMEIL REM
Noyau reticularis pontis oralis
(partie ventrale)
(Glu, GABA,5HT)
HOMÉOSTASIE :
RYTHMES Cycle veille sommeil régulé
CIRCADIENS par les alternances de veille
et de sommeil des 24 heures précédentes
GLANDE PINÉALE
(ÉPIPHYSE) HYPOTHALAMUS
LATÉRAL
Active la nuit,
production de mélatonine, (neurones à orexine)
modulation des rythmes circadiens
scalp et ouvrent une fenêtre sur les modalités des interactions entre les
groupes de neurones lors de divers processus sensoriels, moteurs ou cognitifs.
Elles sont peut-être impliquées dans la genèse des processus conscients.
l’appel du malade par son nom (stimulation auditive et cognitive), soit par des
stimulations nociceptives (pincements) permettant de déclencher éventuelle-
ment une réaction d’orientation ou de retrait. Dans ces conditions, l’absence
de modification de l’électrogenèse en présence d’une réaction réflexe de retrait
(médullaire) est un signe de gravité du trouble de la conscience.
En sommeil lent
Les neurones Lors de l’éveil En sommeil REM
non REM
Les neurones des maintiennent un présentent une activent les neurones
noyaux mésopontins niveau d’activation activité réduite… du cortex. Très actifs
cholinergiques élevé dans tout le en sommeil REM.
(ACho) cerveau, bloquent les
neurones
thalamiques
réticulaires…
Les neurones du // // sont responsables de
locus subcoeruleus l’inhibition motrice
(ACho) en REM (via le noyau
magnocellulaire qui
active les
interneurones
inhibiteurs spinaux
par transmission
glycinergique).
Les neurones de la se projettent
formation réticulée massivement sur les
mésencéphalique noyaux thalamiques,
(Asp/Glu) favorisent l’éveil.
Les neurones du activent les neurones présentent une présentent une
locus coeruleus (NA) du néocortex, du activité de plus en activité abolie en
thalamus, du plus réduite au fur et sommeil REM.
cervelet, du pont et à mesure que le
du bulbe, présentent sommeil lent
une activité réduite s’approfondit…
en éveil calme, ont
un rôle de
modulation…
Les neurones du sont actifs et leur activité leur activité est très
raphé dorsal favorisent l’éveil… diminue… réduite.
(5HT)
Les neurones de se projettent dans leur activité tonique
l’hypothalamus tout le cerveau (en diminue.
postérieur : noyau particulier au niveau
tubéromammilaire des autres systèmes
(histamine) d’éveil), favorisent
l’éveil (récepteurs
H3) par une activité
tonique…
Régulation des états de vigilance 59
En sommeil lent
Les neurones Lors de l’éveil En sommeil REM
non REM
Les neurones du Actifs. Inhibition
télencéphale basal Ils sont nécessaires descendante pour
(basal forebrain) au sommeil lent bloquer les activités.
(GABA avec (projections
récepteurs α2 corticales). Inhibition
adrénergiques) descendante.
Les neurones du maintiennent un présentent une activent les neurones
télencéphale basal niveau d’activation activité réduite… du cortex.
(basal forebrain) élevé dans tout le
(Acho, GABA, Glu) cerveau, bloquent les
neurones
thalamiques
réticulaires…
Les neurones du Actifs. Ils sont
thalamus antérieur nécessaires au
(réticulaire) sommeil lent
(génération des
fuseaux et ondes
lentes du sommeil).
Éveil
Pendant l’éveil, les systèmes histaminergiques, noradrénergiques et choliner-
giques facilitent l’activité du cortex et le fonctionnement en mode relais du
thalamus. Ils conduisent également à une inhibition des neurones réticulaires
thalamiques. La décharge régulière des neurones REM-off (activité inhibi-
trice) empêche l’activation des neurones REM-on.
Selon certaines hypothèses, l’éveil provoquerait sa propre inhibition selon une
régulation de type homéostasique, dépendant de la sérotonine (5HT). Les
neurones à 5HT du système du raphé rostral présentent des décharges régu-
lières (de 1 à 2 Hz), comme une horloge. Tout se passe comme si ce système
(qui innerve également l’horloge circadienne endogène) mesurait la durée et
l’intensité de l’éveil. La libération de 5HT au niveau de la région préoptique
(noyau suprachiasmatique) entraînerait la mise en jeu d’un système descen-
dant GABAergique agissant sur l’hypothalamus postérieur et la FR médiane
cholinergique et noradrénergique, conduisant à leur inhibition et initiant ainsi
le sommeil lent.
60 Dynamique neuronale et genèse de l’EEG
Sommeil lent
La diminution de l’influence cholinergique provenant du tronc cérébral
provoque l’hyperpolarisation des neurones relais thalamiques et l’activation
(libération) du générateur thalamique (le noyau réticulaire thalamique) qui
entraîne à son rythme les neurones thalamocorticaux et les cellules pyramidales
du cortex et conduit aux fuseaux puis à l’activité synchronisée du sommeil lent.
En sommeil lent, on observe aussi une diminution de l’activité du système
bulbaire adrénergique sympatho-excitateur, expliquant la baisse de tempéra-
ture centrale et de tension artérielle, et la diminution du métabolisme basal (et
de la demande énergétique globale), avec réduction de la consommation
d’oxygène et de glucose.
Au cours du sommeil lent, la diminution de l’activité du système bulbaire
adrénergique entraîne une baisse de l’activité des neurones REM-off : leur
action inhibitrice sur les neurones REM-on est levée, et le sommeil REM peut
apparaître.
Système histaminergique
(locus coeruleus)
Activations neuronales
Système noradrénergique (corticales et sous corticales)
(locus coeruleus)
Veille
Système cholinergique
mésopontin Facilitation du mode relais
dans neurones Rythmes
Les neurones thalamocorticaux circadiens
REM-off
bloquent Inhibition des neurones
réticulaires thalamiques Hypothalamus
le sommeil REM
Neurones Régulation du flip-flop
à orexine
Neurones 5HT
du raphé homéostasie
Inhibition
réciproque Cerveau basal antérieur L’inhibition du système
(flip-flop) GABA-ergique cholinergique libère
(VLPO) les neurones thalamiques
réticulaires et bloque le mode Sommeil
Inhibition du système bulbaire relais des neurones TCR lent
adrénergique et sympathicomimétique. (non REM)
Aspects végétatifs du sommeil lent
Apparition des fuseaux
puis des activités synchronisées
du sommeil lent
états de complexité tendent à montrer qu’il existe des altérations cycliques (de
l’ordre de 1 minute) de la complexité de l’activité alpha, entre un mode de
traitement parallèle (désynchronisé, à haut degré de complexité) analysant
rapidement les informations de manière distribuée et un mode de traitement
central (synchronisé, de faible complexité) facilitant le transfert et la récupéra-
tion des informations dans les aires associatives de haut niveau. La capacité de
stabilisation et la présence de variations ordonnées et réversibles des dimen-
sions de complexité (d’un quasi-équilibre à un cycle limite) semblent
constituer des propriétés intrinsèques du cerveau lui permettant d’organiser
une stratégie d’appréhension des informations. La régulation de ces transitions
serait effectuée par un système situé dans la réticulée du tronc cérébral et
commun au système nerveux central et au système nerveux autonome.
Il est apparu également, dans le paragraphe précédent, que, sous-jacent à
l’EEG de surface, des oscillations à fréquences et localisations multiples cons-
tituent le mode de fonctionnement fondamental du cortex et des systèmes
thalamocorticaux. Ainsi, l’EEG de surface n’est pas limité à la simple somme
aléatoire de multiples dépolarisations mais il est le reflet du caractère fonda-
mentalement oscillant de l’activité cérébrale. On comprend ainsi qu’en raison
de la simultanéité de très nombreuses oscillations, des processus chaotiques
apparaissent dans l’activité cérébrale puisque l’on a vu que, pour que surgisse
un phénomène chaotique dans un système physique quelconque, il suffit qu’il
y ait dans le système trois oscillateurs couplés. Les processus chaotiques sous-
tendent la capacité du cerveau à répondre de manière flexible au monde exté-
rieur et à générer des nouvelles configurations d’activité.
La question de la raison du caractère oscillant des systèmes neuronaux se pose
alors. Il est possible que les modalités les plus adéquates pour accomplir un
changement d’état d’un réseau neuronal soient le passage d’une activité de
type randomisée au type oscillatoire. Les oscillations peuvent ainsi survenir
dans de larges populations neuronales plutôt synchronisées (formation
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
LE CERVEAU EN DÉVELOPPEMENT
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Maturations cérébrales
Maturation anatomique et histologique
Lente et progressive complexification des structures cérébrales in utero, elle se
traduit en IRM1 par une évolution des caractéristiques de contraste entre les tissus.
1. Les IRM fœtales ont permis de faire des progrès considérables dans la connaissance du déve-
loppement du fœtus.
66 EEG du cerveau en développement
Cette évolution reflète, d’une part, des modifications profondes du contenu en eau,
en lipides et en protéines de ceux-ci et, d’autre part, une réorganisation et une
évolution structurale des macromolécules cellulaires et extracellulaires.
Cette maturation est un processus très complexe duquel on peut extraire trois
étapes fondamentales :
– après la formation des vésicules cérébrales, se produit la formation très
précoce (à partir de 7 semaines in utero) de la zone germinative, dans la région
périventriculaire; dans cette zone vont s’opérer les multiplications des cellules
qui formeront les futures structures corticales et sous-corticales; la zone
germinative va disparaître vers S34 1 ;
– la migration cellulaire (histogenèse) commence à partir de S12; elle va
permettre l’organisation histologique des différentes structures cérébrales, et
notamment, chez les mammifères supérieurs, du cortex avec son organisation
en six couches;
– la myélinisation, qui permet l’optimalisation des relations entre les diffé-
rentes cellules et accroît leur efficacité fonctionnelle, débute vers S25 dans le
tegmentum; elle se déroulera encore plusieurs années après la naissance; en
IRM, elle sera radiologiquement complète vers l’âge de 2 ans.
Ainsi, grossièrement, à l’âge de 2 ans le cerveau de l’enfant a acquis sensible-
ment les mêmes caractéristiques de structure, de morphologie et de contraste
IRM que le cerveau adulte.
Myélinisation du pédoncule et du
vermis
S 28 et 29 Différenciation des types cellulaires Début des delta brushes et apparition
(grande Vermis et pédoncules cérébelleux d’ondes thêta
prématurité) moyens myélinisés Ébauche d’une différenciation du
Couches corticales V, VI et IV constituées sommeil
S 30 et 31 À S 31, le bras postérieur des capsules Delta brushes
(grande internes et le noyau ventrolatéral du Différenciation de deux stades de
Prématurité) thalamus sont myélinisés sommeil
Apparition de la réactivité
Hypersynchronies thêta
S 32 et 33 Sillon insulaire visible à S 32 Distinction de deux stades de veille :
(prématurité) Branchement horizontal des neurones calme et agité
Tracé continu
S 34 Disparition de la zone germinative Préencoches frontales
(prématurité) Organisation en couches et colonnes Delta brushes occipitales
du cortex
Début de l’arborisation axonale et
dendritique
S 35 Le striatum et les gyri pré- et Encoches frontales
(prématurité) postcentraux myélinisés
68 EEG du cerveau en développement
* Résultats d’enregistrements effectués chez des fœtus lors d’interruptions de grossesses ou de césariennes et
ne pouvant être considérés qu’avec précautions.
** Supérieur à 30 milliards.
Discontinuité
Prématurité Asynchronie hémisphérique
extrême Activité de base : delta postérieur (lent)
(24-27 semaines) alternant avec du thêta
Pas de différenciation entre veille et sommeil
Pas de réactivité
Discontinuité
Asynchronie hémisphérique
Activité de base : delta diffus (lent)
Grande avec du thêta en bouffées plus abondant
prématurité Delta brushes
(28-31 semaines) (delta avec ondes à 13-16 Hz superposées)
Réactivité apparaissant à S 31
Différenciation veille / sommeil
(très discontinu)
Continuité
Début de synchronie
Activité de base : delta diffus (moins lent)
Prématurité et thêta
(32-35 semaines) Différenciation entre veille calme et agitée
et sommeil calme et agité
Encoches frontales
Continuité et synchronie
Activité de base : thêta.
Activité moyenne de veille (activités mêlées)
Terme Raréfaction des delta brushes
(36-41 semaines) Rares encoches frontales
Dysrythmie lente antérieure en veille
et en sommeil agité
Deux stades de SC et deux stades de SA
AVANT LA
NAISSANCE
S 24-25 Pas de cycles veille-sommeil Pas de structuration du sommeil
Ontogenèse du sommeil
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Adolescents,
adultes jeunes Périodes des stades 3 et 4 moins nombreuses
et prédominant au milieu de la nuit.
Sommeil lent léger mieux représenté.
Éveils nocturnes entre 3e et 6e heure,
qui sont un allègement du sommeil.
S 30-31 V SA SC
S 30-31 VA VC SA SC
VA VC SA M SA L SC alternant SC ample
S 38 Terme
Fig. 3.5. Ontogenèse des transitions entre états de vigilance. HSH : hypersyn-
chronie hypnagogique. L’apparition de cette dernière, comme celle des
fuseaux, constituent des indices majeurs de la maturation des états de vigi-
lance et du système thalamocortical.
Ce n’est que vers l’âge de 5 ans que l’on pourra faire des enregistrements EEG
avec un protocole proche de celui de l’adulte.
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Dernier stade
(terme)
(36-41 semaines)
Prématurité
(32-35 semaines)
Grande
prématurité
(28-31 semaines)
Dernières Naissance
Prématurité
règles (41 semaines)
extrême
Conception (24-27 semaines)
Semaines de vie
après naissance
Fig. 3.6. L’âge gestationnel (AG) correspond à l’âge calculé à partir du premier
jour des dernières règles.
L’âge conceptionnel (AC), souvent appelé âge corrigé, correspond à l’âge
gestationnel (AG) auquel on ajoute le nombre de jours ou de semaines de
vie après la naissance.
1. La différence entre tracé discontinu et tracé alternant est la suivante : le tracé discontinu est
formé de bouffées séparées de silences électriques (« aspect montagne-plaine »), alors que dans le
tracé alternant, les bouffées lentes sont séparées par des périodes d’activité de moindre amplitude,
ne correspondant pas à des silences électriques (« aspect montagne-colline »).
76 EEG du cerveau en développement
des activités delta; elle est également intriquée avec des activités plus rapides,
le tout constituant l’activité moyenne;
– en sommeil calme, le tracé peut être alternant ou constitué par une activité
très ample et diffuse; cet aspect alternant ne persiste pas en général au-delà de
21 jours de vie, même s’il peut parfois se voir jusqu’à 1 mois et demi; l’EEG
de sommeil calme d’un nouveau-né à terme présente une discontinuité transi-
toire physiologique qui n’existe que dans ce type de sommeil et qu’il faut
différencier d’une discontinuité qui serait présente tout au long du tracé et qui
traduirait alors une souffrance cérébrale;
– entre 6 et 8 semaines de vie, les fuseaux du sommeil apparaissent (tracé
n° 5); leur absence ou leur asymétrie constitue un élément très péjoratif.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 2, l’EEG est une image (dynamique)
de l’état global des générateurs oscillants corticaux et de leur réactivité aux
stimulations de l’environnement, sous l’effet des systèmes sous-corticaux. De
ces variations dynamiques, émergent des rythmes de fond (activité dite basale)
modifiés par les variations des états de vigilance. La non-stationnarité de
l’EEG en est l’une des caractéristiques fondamentales et l’on n’insistera
jamais assez sur le caractère complexe, fluctuant et chaotique de l’activité
électrique cérébrale (voir p. 14-17). C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on
réalise des enregistrements d’une durée minimale de 20 minutes.
La majorité des ouvrages d’EEG décrivent les activités EEG normales ou
pathologiques puis analysent chaque pathologie et ses conséquences sur
l’EEG. Nous nous éloignerons de cette démarche pour tenter de trouver une
logique interne à la genèse des grapho-éléments. Cette position nous conduira
à souligner certains aspects de la sémiologie de l’EEG et plus particulièrement
la notion de souffrance cérébrale (et d’encéphalopathie).
Artéfacts
L’interprétation de l’EEG est rendue parfois très difficile par la présence
d’artéfacts dont certains persistent malgré l’utilisation de différents filtres
(qui, par ailleurs, modifient le tracé lui-même). Nous ne décrirons pas ici en
détail les différents artéfacts mais l’on doit être attentif à cette particularité de
la méthode 1 : l’EEG est un examen d’interprétation délicate et, parfois, on ne
peut aisément trancher entre artéfact et grapho-élément pathologique.
Les artéfacts musculaires, les grandes déviations de la ligne de base dues aux
mouvements des patients, les artéfacts dus à la présence d’une fréquence de
50 Hz (courant électrique alternatif d’alimentation ou « secteur ») sont
d’élimination facile (souvent, il suffit de regarder l’ECG qui est également
contaminé par les variations artéfactuelles). Il faut savoir, par exemple, que
1. Les principaux artéfacts sont mentionnés dans les tracés présentés à la fin du livre.
82 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
EEG anormal
Une fois les artéfacts et les grapho-éléments inhabituels, mais non anormaux
reconnus, et à la condition de la réalisation d’un examen complet avec toutes
les activations (voir p. 13-14), sur la base des activités physiologiques décrites
p. 24-28, on peut considérer que l’EEG pathologique est caractérisé par
plusieurs phénomènes pouvant survenir en même temps, pour un état de vigi-
lance donné :
– la disparition d’un rythme physiologique;
– la modification en fréquence (ralentissement ou accélération) des activités
rythmiques de base;
– la modification ou l’asymétrie de l’intensité des activités rythmiques (en
absence d’artéfact d’origine technique);
– la modification des caractéristiques topographiques physiologiques des acti-
vités rythmiques (désorganisation des activités);
– l’apparition de nouveaux grapho-éléments, soit de type paroxystique, soit de
type onde lente, dont la présence est anormale compte tenu de l’état de vigi-
lance ou dont la morphologie et/ou la configuration de survenue sont
anormales;
– la modification de la réactivité, signant une altération des systèmes assurant
la régulation de la vigilance;
– des réponses anormales ou excessives aux épreuves d’activation.
Ainsi, une électrogenèse anormale peut être désorganisée; elle peut être non
réactive; elle peut être asymétrique; elle peut être ralentie; elle peut être
déprimée; elle peut enfin inclure des grapho-éléments paroxystiques. Ces
différentes situations peuvent être observées de manière non exclusive et
n’épuisent pas toutes les configurations (figure 4.1). Ceci constitue une sémio-
logie complexe, d’autant plus déroutante que l’on a l’habitude d’interpréter
des variations d’amplitude d’un signal plutôt que ses variations fréquentielles
(temporelles).
Quelques points supplémentaires doivent être signalés :
Qu’est-ce qu’un tracé EEG anormal ? 85
ACTIVITÉ ÉLECTRIQUE
RÉACTIVE
NON REACTIVE
NON RALENTIE
(rythme alpha)
ÉLECTROGÉNÈSE
REMANIÉE :
Changement de l’organisation SOUFFRANCE
fonctionnelle : alcoolisme, CÉRÉBRALE
épilepsie ancienne,
thérapeutique psychotrope
au long cours
Synchronisation des
intermittente l’arrêt de la stimulation (+++) (voir tracé n° 12). Plus fréquente chez les patients
activités cérébrales
(projection d’éclairs psychiatriques, le sujet âgé, les sujets alcooliques et les patients en condition de sevrage,
(visuelles)
lumineux de atteints d’insuffisance rénale et de phénylcétonurie.
fréquence variable) Réponse photoparoxystique (photoconvulsive) : apparition de grapho-éléments
paroxystiques et parfois déclenchement d’une crise qui dure après l’arrêt de la stimulation
(voir tracé n° 33). Argument en faveur d’un processus paroxystique ou d’une épilepsie.
Trois applications particulières où l’on réalise une SLI longue à 1 Hz (> 30 s) : dans la
cystinose, la céroïde lipofuscinose, la maladie de Creutzfeld-Jakob.
Tableau 4.II. Les épreuves d’activation en EEG (suite).
YO YF YO YF
Réactivité Réactivité
Anoxie
Mort cérébrale
Encéphalite
Dégénérescence
Atteinte
métabolique
AVC,
lésion tumorale
lésion focale,
abcès…
ENCÉPHALOPATHIE
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PAROXYSMES
ANOMALIES Grapho-éléments transitoires, de début et de fin brutaux,
LENTES, (amplitude > 2 fois bruit de fond)
NON PAROXYSTIQUES
que, contrairement à la neurologie qui arrive à isoler des syndromes assez bien
définis, l’EEG décrit le plus souvent plutôt « l’ambiance » (neurophysiolo-
gique) générale dans laquelle ces syndromes apparaissent. Ceci peut se
comprendre si l’on se réfère au schéma 2.7 et au caractère remarquablement
distribué des activités cérébrales.
Ralentissement de l’électrogenèse
Le signe le plus fréquent de la souffrance cérébrale est le « ralentissement »
(baisse de la fréquence majoritaire de l’activité de fond) de l’électrogenèse.
On peut distinguer :
Notion de paroxysme
Un grapho-élément est dit paroxystique quand son début et sa fin sont brutaux
(ce qui le distingue de l’onde lente) et qu’il atteint très rapidement son
maximum d’amplitude, se détachant très nettement de l’activité de fond (en
pratique quand son amplitude est le double au minimum de celle de l’activité
de fond). On distingue les paroxysmes simples (pointes, ondes à front raide1)
et des paroxysmes complexes (pointes-ondes, polypointes, polypointes-
ondes).
Une activité (et non plus seulement le grapho-élément) est dite paroxystique
quand elle est composée d’ondes de début et de fin brutaux. Toute activité
paroxystique n’est pas une activité épileptique. Mais une activité épileptique
est une activité paroxystique.
Les activités lentes persistantes ou intermittentes décrites p. 91, 92 sont dites
non spécifiques parce que non associées à une condition pathologique particu-
1. Il s’agit d’activités dont la partie initiale atteint très rapidement sa valeur maximale (en faisant
un angle proche de 90° par rapport à l’horizontale, correspondant à la ligne de base théorique).
Cette partie initiale est appelée « front » de l’onde. La seconde partie de l’onde, qui la fait
retourner de la valeur maximale à la ligne de base est dite « dos » de l’onde. Les angles que font le
front et le dos de l’onde avec la ligne de base (idéale) ne sont pas forcément égaux.
Phénoménologie des altérations de l’électrogenèse lors de la souffrance cérébrale 93
Activités intercritiques
Les activités paroxystiques se distinguent selon qu’elles surviennent au cours
d’une crise ou en dehors d’une crise, bien que dans certains cas, la différence
entre critique et intercritique puisse être discutée et n’est pas toujours aussi
franche.
Les principaux grapho-éléments paroxystiques intercritiques sont présentés au
tableau 4.III. De très nombreuses configurations ont été décrites dont la
description et les conditions de survenue ne seront pas abordées dans ce
chapitre. Les activités intercritiques peuvent être :
– généralisées et dans ce cas elles sont souvent formées de pointes-ondes ou
polypointes-ondes bilatérales synchrones et symétriques ou focales, survenant
isolément ou en brèves bouffées;
– focales, formées de pointes, pointes-ondes, ou pointes lentes répétées de
manière irrégulière (et non rythmique) dans une zone cérébrale.
Activités critiques
Une crise épileptique est une décharge plus ou moins longue de grapho-
éléments paroxystiques avec une traduction clinique. La crise épileptique est
donc électroclinique. En réalité, en pratique, on parle fréquemment et par abus
de langage, de crises électriques quand on observe des décharges de grapho-
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Activités périodiques
Une activité périodique est une activité EEG paroxystique pathologique se
répétant de manière périodique pendant une longue durée et dont l’élément
spécifique est stéréotypé. Ce qui caractérise une activité périodique est :
– la période de survenue des éléments paroxystiques (temps séparant ces deux
éléments);
– la durée de l’activité périodique elle-même (elle doit être enregistrée de
manière constante, dans les mêmes conditions de vigilance, pendant toute la
durée du tracé);
– la morphologie de l’événement spécifique.
Les activités pseudo-périodiques sont des activités répétitives complexes
moins stéréotypées et moins stables que les activités périodiques.
Le caractère rythmique des activités périodiques contraste avec le caractère
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Hyperexcitabilité cérébrale
Dans un contexte clinique, on observe souvent des activités de type thêta,
parfois delta, angulaires mais non paroxystiques (deux fois l’amplitude du
tracé) et qui semblent traduire une forme de grapho-élément entre l’onde lente
et la pointe dégradée. Différents auteurs parlent de sharp slow wave que l’on
peut traduire par ondes lentes angulaires. Le statut physiopathologique de ces
ondes lentes angulaires n’est pas clair. Elles pourraient traduire la présence
d’une « hyperexcitabilité neuronale » dont la définition scientifique n’est pas
construite mais qui correspond à une réalité clinique comme on peut le voir
dans certaines céphalées, dans le contexte de terrains d’insuffisance vasculaire
ou de processus iatrogènes (différents des rythmes rapides dus aux
benzodiazépines).
96 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
Pathologie Caractéristiques
AVC ou tumeurs Periodic Lateralized Epileptiform Discharges (PLED)
Focales. La périodicité est variable : 3 par seconde
jusqu’à 12 par minute (toutes les 5 secondes environ).
Encéphalite Ondes lentes angulaires temporales (focales) avec un
herpétique intervalle de 2 à 4 secondes, jamais > 4 secondes.
Maladie de Ondes aiguës ou complexes triphasiques aigus durant
Creutzfeldt-Jakob 100 à 300 ms généralisés (parfois unilatéraux)
survenant avec une période courte (0,5 à 2 secondes),
tendant à disparaître dans le sommeil. Les activités
périodiques triphasées sont initialement localisées puis
plus diffuses et se transforment ensuite en pointes
lentes. Présence fréquente de myoclonies lors des
activités périodiques.
Décharge périodique Pourrait parfois correspondre à des bouffées avortées
de l’anoxie aiguë dans un contexte de figures de burst suppression.
Panencéphalite Complexes périodiques (de Radermecker) généralisés
sclérosante subaiguë de 0,4 à 3 secondes formés de pointes et d’ondes de
très grande amplitude (500 µV) accompagnées de
myoclonies. Périodicité de 4 à 15 secondes.
Dépression de l’électrogenèse
La disparition des neurones ou le blocage de leur activité électrique conduit à
une dépression de l’électrogenèse cérébrale. Pour autant, toute diminution
d’amplitude du tracé n’est pas synonyme de dépression de l’électrogenèse.
Parmi les nombreuses causes d’erreur faisant prendre une diminution d’ampli-
tude pour une dépression, les plus fréquentes sont de mauvaises impédances
ou un œdème sous-cutané. On ne pourra affirmer une dépression de l’électro-
genèse que si la technique d’acquisition est parfaite.
Toute dépression de l’électrogenèse n’est pas pathologique : un certain
nombre de sujets normaux (10 % environ) présentent des tracés de très faible
amplitude, très désynchronisés; il en est de même des sujets anxieux.
Toute dépression de l’électrogenèse n’est pas non plus synonyme de mort
neuronale. La disparition des potentiels d’action peut se voir comme au
cours des « lyses médicamenteuses » aux barbituriques (Nesdonal®,
Hypnovel®, Fentanyl®) : ces « lyses » provoquent une diminution de 25 à
30 % de la consommation d’oxygène réalisant ainsi une protection métabo-
lique du parenchyme cérébral. Pour autant, dans de nombreux cas
pathologiques, la mort cellulaire peut-être prise pour l’effet de dépression
d’une lyse médicamenteuse.
Une dépression généralisée de l’activité cérébrale avec apparition d’un tracé
isoélectrique peut se voir dans les comas dépassés (avec mort cérébrale) ou
bien dans les comas barbituriques profonds (tracé n° 23).
Souffrance cérébrale et encéphalopathies 97
Suppression : Bouffée :
silence électrique activité périodique
Burst (bouffée) + suppression
ou pseudo-rythmique
(différent du tracé alternant,
note p. 75)
Notion d’encéphalopathie
Un très grand nombre d’affections du parenchyme cérébral peuvent être
placées sous le terme commun d’encéphalopathie qui est étymologiquement la
« souffrance (pathos) de ce qui est dans la tête (en- kephalon) ». La définition
(large) de l’encéphalopathie est la suivante : « toute affection encéphalique
diffuse d’étiologie généralement toxique ou métabolique dont la traduction
habituelle est une confusion mentale, un coma ou une comitialité » 1. Un carac-
tère important de nombreuses encéphalopathies est leur réversibilité
potentielle lors du traitement ou de la disparition de la cause, ainsi qu’on peut
le voir cliniquement en EEG et en spectroscopie cérébrale par RMN.
Les différents types d’encéphalopathies sont présentés dans le tableau 4.V.
La notion d’encéphalopathie, bien que large et parfois ambiguë, permet de
comprendre que tout processus atteignant le cerveau déclenchera, localement
ou de manière plus diffuse, une cascade de processus qui aboutiront à un désé-
quilibre ionique neuronoglial et à une levée des processus inhibiteurs
régulateurs des activités neuronales. Dans toute souffrance cérébrale (focale,
hémisphérique ou généralisée), se produit l’intrication, à des degrés variés, de
facteurs métaboliques (modification des voies de dégradation des substrats,
perturbation de la fourniture énergétique), ioniques (modifications des concen-
trations ioniques intra- et extracellulaires, dysfonctionnement des pompes
ioniques), synaptiques (libérations anormales de neuromédiateurs), trophiques
avec production ou libération anormale de facteurs de croissance type BDNF
(Brain Derived Neurotrophic Factor) ou NGF (Nerve Growth Factor…),
membranaires (altération de la structure des membranes), inflammatoires
(interleukines) et électriques (anomalies de décharges des neurones), etc., ainsi
que le synthétise la figure 4.5. Les anomalies EEG ne sont qu’une grossière
image à l’échelle macroscopique de l’ensemble de ces altérations.
Encéphalopathie hépatique :
GABA, glutamate, glutamine et métabolisme cellulaire
Le cerveau produit directement, à partir du cycle de Krebs et dans un contexte
d’interactions très fortes entre les neurones et les cellules gliales, deux neuromé-
diateurs majeurs, le glutamate (excitateur) et le GABA (inhibiteur) (figure 4.6).
Environ 15 % de l’énergie cérébrale basale serait en relation avec la transmis-
sion GABAergique. Dans un neurone GABAergique, le flux partant dans le
shunt GABA correspondrait à près de 20 % du flux dans le cycle de Krebs et
85 % de l’énergie des neurones glutamatergiques seraient associés avec la
neurotransmission (synthèse de glutamate, activités de dépolarisation). Le
GABA est produit à partir du glutamate dans les neurones GABAergiques et
dégradé après libération synaptique et recapture dans les mitochondries des
cellules gliales (figure 4.6B). Le glutamate produit dans les neurones glutama-
tergiques est inactivé dans les cellules gliales en glutamine par adjonction de
NH4 (figure 4.6C).
INFLAMMATIONS
ISCHÉMIE DÉMYÉLINISATIONS
HYPOXIE, + ANOXIE INFECTIONS TRAUMATISME
ANOXIE
Cytokines, libération
de facteurs trophiques
Compression Saignements
des vaisseaux
INTOXICATION
Arrêt de fourniture Libération de
des substrats (O2, glucose…) oedème Fe+++
Acidose
Ruptures
Libération d’acide Dysfonctionnement membranaires
arachidonique des pompes ioniques
et d’acides gras libres
Production
de radicaux libres
NO
Peroxydes
Excitotoxicité nitriques
Augmentation
Activation
de calcium
intracellulaire des phospholipases
Libération
d’acides aminés Dépolarisations
excitateurs
Altération Processus Déclenchement
des métabolismes Défaut paroxystiques d’apoptoses
neuronogliaux de synthèse
du glutamate et du GABA de GABA
MORTS
CELLULAIRES
glutamine
A Glucose
PAG GS
Pyruvate
isocitrate GDH NH4
alpha glutamate
AcétylCoA cetoglutarate
citrate GAD
succinyl CoA
oxaloacétate alpha
GABA cetoglutarate
malate GABA T
succinate
fumarate
Semialdéhyde glutamate
B Glucose succinique (SSA)
KC
Neurone Cellule gliale
GABAergique NH4
pré-synaptique
Glu Gln Gln KC
GAD
GS NH4
GABA Glu -KG
C
Glucose
Neurone
glutamatergique Cellule gliale
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
pré-synaptique KC
KC
NH4
GS NH4
recapture
Glu Glu
Fig. 4.6. Shunt GABA. En A, place du shunt GABA (fond gris tacheté) par
rapport au cycle de Krebs. Coopération neurogliale pour le métabolisme du
GABA (B) et du glutamate (C).
Glu = glutamate; Gln = glutamine; KG = alpha kétoglutarate; GAD =
glutamic acid décarboxylase; GABA-T = GABA transaminase; GS = gluta-
mine synthétase; PAG = glutaminase phosphoactivée; GDH = glutamate
déshydrogénase; KC = cycle de Krebs.
102 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
PERFUSION
PHYSIOLOGIQUE
(55-100 ml/100g/min)
RÉVERSIBILITÉ 50
CLINIQUE
Stimulation de la glycolyse
anaérobie 35 Libération des acides aminés
(Glutamate, GABA,
Production de lactate,
glycine, adénosine…)
consommation des cétones
30
Disparition des
Chute du pH potentiels évoqués
25
Œdème intra-cellulaire,
L’osmolarité augmente 20 DÉFAILLANCE
ÉNERGÉTIQUE
NÉCROSE
DÉPOLARISATION
15 ANOXIQUE
10
Disparition de
K+, Ca++
ATP
Disparition de libérés
l’EEG 5
Disparition de la
phosphocréatine 0
IRRÉVERSIBILITÉ
CLINIQUE
DSC
ml/100g/min
– dans les cas les plus sévères, une dépression de l’électrogenèse avec des
activités de bouffées suppressives (suppression burst) (voir figure 4.4, tracé
n° 21) attestant l’atteinte des fonctions mésencéphaliques, voire un silence
électrique.
À la périphérie d’une lésion tumorale (ou d’un processus expansif intracrâ-
nien) se produit une ischémie localisée due à l’œdème qui comprime les
vaisseaux et le parenchyme. À l’effet de l’œdème se rajoute l’effet de masse et
de la compression du parenchyme contre une paroi inextensible. Très souvent
des activités lentes apparaissent. Elles sont la plupart du temps en partie fonc-
tionnelles, c’est-à-dire bloquées par les stimulations (tracé n° 31). La
disparition de l’œdème fera disparaître cette souffrance périlésionnelle.
Lors de l’anoxie (intoxication par CO, asphyxie, hypoxie, encéphalopathie
respiratoire), le cerveau continue à utiliser le glucose mais la diminution de la
concentration d’ATP survient rapidement. Un ralentissement diffus plus ou
moins marqué caractérise les formes les moins sévères avec présence d’une
activité en forme de fuseaux. Dans les formes plus sévères on retrouve les
anomalies des lésions ischémiques, notamment les FIRDA.
L’hypoglycémie constitue également une altération de la fourniture du subs-
trat aux neurones. On a pu montrer que le paramètre critique dans les
modifications électrophysiologiques n’était pas tant la valeur de la glycémie
que la décroissance rapide de celle-ci, très probablement en rapport avec le
temps nécessaire au cerveau pour activer les voies métaboliques alternatives.
L’hypoglycémie entraîne un ralentissement impressionnant de l’EEG ainsi
que des crises d’épilepsie partielles ou généralisées.
Il existe dans le cerveau des zones présentant une vulnérabilité sélective aux
réductions de substrats, soit en raison d’une vascularisation plus pauvre, soit
en raison de particularités métaboliques. C’est le cas de l’hippocampe, du
cortex pariéto-occipital, du noyau dentelé et des territoires jonctionnels (entre
les champs irrigués par deux artères cérébrales). Certaines zones sont plus
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Encéphalopathies neurodégénératives
Le fait que puisse se produire une encéphalopathie non réversible, c’est-à-dire
accompagnée de modifications histologiques, ouvre la possibilité de consi-
dérer un nouveau type d’encéphalopathies dans lesquelles le tissu nerveux se
désorganise et dégénère, avec des dépôts de diverses substances protéiques
anormales et des phénomènes marqués d’excitotoxicité. Il s’agit des
encéphalopathies neurodégénératives qui sous-tendent de nombreux processus
démentiels.
L’altération tissulaire est histologiquement significative. Dans la maladie
d’Alzheimer (MA), les lésions dégénératives (les plaques séniles) sont consti-
tuées de dépôts sphériques (de 20 à 200 µm) de substance amyloïde. Les
dépôts se font dans le neuropile et dans le milieu extracellulaire. Autour des
plaques amyloïdes, se trouvent des neurites en voie de dégénérescence, des
cellules microgliales et des prolongements astrocytaires; c’est l’ensemble de
ces formations qui constitue la plaque sénile encore appelée plaque neuritique.
Dans la démence à corps de Lewy (CDL), des inclusions intracytoplasmiques
de 15 à 30 nm de diamètre sont associées à une perte de neurones dopaminer-
giques mais aussi de neurones cholinergiques de la substantia nigra, du locus
coeruleus et des noyaux du tronc cérébral. En fonction de la localisation des
CDL, on peut décrire trois formes anatomocliniques : la forme du tronc céré-
bral (maladie de Parkinson), la forme intermédiaire (les CDL sont nombreux
dans le cortex limbique et notamment l’amygdale) et la forme néocorticale où
les CDL occupent tout le néocortex souvent associés aux lésions de type
Alzheimer. Dans l’atrophie multisystémique, on retrouve des inclusions argy-
rophiles oligodendrocytaires intracytoplasmiques et intranucléaires.
Si, au début du processus démentiel (dans les Mild Cognitive Impairment ou
MCI) l’EEG reste souvent normal, on comprend que dans la progression du
processus neurodégénératif, on retrouve à la fois les signes d’une altération
des rythmes cérébraux avec un ralentissement variable selon le type de
démence, une prédominance des activités thêta voire delta et des signes de
modifications « préparoxystiques » avec parfois des activités lentes très angu-
laires (tracé n° 24). L’EEG est souvent très désorganisé. On peut voir aussi
dans les démences à corps de Lewy, des décharges périodiques. Il semble
exister une bonne corrélation entre la gravité de la dégradation cognitive et les
altérations de l’EEG, notamment son ralentissement et son caractère angulaire
Souffrance cérébrale et encéphalopathies 107
Encéphalopathies systémiques
Les pathologies de système (syndrome des antiphospholipides, lupus érythé-
mateux disséminé, maladie de Behcet, vascularites, sclérodermies, etc.)
induisent fréquemment des souffrances cérébrales très variables allant du
simple ralentissement diffus ou focal à des manifestations paroxystiques à
type de pointes focales, multifocales ou diffuses. On observe également des
phénomènes dysrythmiques. Ces phénomènes sont généralement liés à des
vascularites (ischémies locales associées aux processus inflammatoires).
Encéphalopathies combinées
Si, dans certaines encéphalopathies, la présentation EEG est très évocatrice
(encéphalopathies herpétiques, hépatiques) on ne peut oublier que, chez
certains patients, plusieurs causes de souffrance cérébrale peuvent se sura-
jouter et créer des tableaux très complexes pouvant gêner l’identification de
pathologies très sévères. C’est ainsi qu’on peut voir des encéphalites herpéti-
ques avec des éléments périodiques à période longue (8 secondes) chez des
sujets en chimiothérapie et ayant présenté des AVC.
1. Définition de consensus donnée par la Ligue internationale contre l’épilepsie et le Bureau pour
l’épilepsie (Epilepsia 2005; 46 (4) : 470-472).
110 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
Altération de l’inhibition
Augmentation du K+ libéré GABA-ergique : Bouffée de décharges rapides
par les neurones dans la fente anomalies de récepteurs,
synaptique et insuffisamment libération de GABA Paroxysmal
éliminé dans le syncitium glial diminuée
(fonction de tampon potassique dépolarisation
shift (PDS)
glial altérée)
GABA
Hyperpolarisation
(rôle dans la genèse des crises)
Libération de glutamate
par les cellules gliales Afférences
sous l’effet de l’augmentation excitatrices
de Ca++ intra glial (glutamate)
Cellule 1
Interactions entre
les facteurs génétiques et acquis,
par le biais des canaux ioniques
Épilepsies Épilepsies
idiopathiques symptomatiques
Canalopathies Canalopathies
héréditaires acquises
Altération
Anomalies de la fonction Modification
de structure des canaux de densité
ioniques
Anomalies Facteurs chimiques
de transcription
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Anomalies
Crises antérieures
de maturation
Processus auto-immuns
De la pointe à la crise
La transition entre la génération d’une seule PDS focale pendant la période
intercritique et la crise est un processus complexe et assez mal connu mais
semble associé à une perte progressive de l’hyperpolarisation suivant la
décharge et à l’apparition de bouffées de plus en plus prolongées et répétées
au cours de cette hyperpolarisation.
Les théories classiques de la genèse des processus paroxystiques faisant inter-
venir la seule notion de déséquilibre entre les processus inhibiteurs et
excitateurs semblent insuffisamment opératoires, même si la place des neuro-
transmetteurs inhibiteurs (GABA) ou excitateurs (glutamate, aspartate) reste
d’actualité, notamment comme fondements du traitement antiépileptique.
Nous avons vu dans le chapitre 2 que les fonctions cérébrales dépendent de
1. Définition de consensus donnée par la Ligue internationale contre l’épilepsie et le Bureau pour
l’épilepsie (Epilepsia 2005; 46 (4) : 470-472).
Phénomènes paroxystiques : vers l’épilepsie 115
Processus d’épileptogénèse :
• Changement dans les réseaux neuronaux
• Phénomènes de dépolarisation
• Anomalies des systèmes inhibiteurs
• Anomalies de la recapture gliale du K+
• Processus éphaptiques (hypoxie , alcalose)
• Cicatrices gliales
• Canalopathies innées, acquises
• Excitants centraux, sevrages psychotropes
CRISE
PA ectopiques ↑
(antidromiques)
Seuil de décharge
des pointes ↓
ARRET DE LA
CRISE
Transmission synaptique ↓
Courants Na+/ Ca++ ↓
Dépression
Courants potassiques ↑ post-critique
Activité des pompes Na+/K+↑
Hyperpnée
Age
Facteurs Lésion cérébrale
génétiques possible
ETAT
INTERCRITIQUE CRISES
Fig. 4.11. Liens entre anomalies du sommeil et photosensibilité dans les épilep-
sies généralisées primaires (d’après Niedermeyer et Lopes da Silva,
Electroencephalography : Basic Principles, Clinical Applications and Related
Fields. Lippincott, Williams and Wilkins. 1999, 4e éd., p. 528).
des crises focales. Elles peuvent être déclenchées chez le patient possédant le
trait épileptique par un stimulus lumineux périodique (boîte de nuit, écrans de
télévision…), un stimulus auditif, un arrêt brutal du traitement antiépileptique,
la prise d’un toxique (alcool…), des modifications endocriniennes (épilepsie
cataméniale…) ou par une hyperthermie (convulsions fébriles), illustrant ainsi
le recouvrement entre la prédisposition épileptique d’origine génétique et les
conditions environnementales (au sens large du terme).
Les épilepsies Petit Mal absences sont en relation avec des anomalies des
oscillations des neurones des boucles thalamocorticales, bien qu’il existe aussi
de subtiles altérations corticales chez les patients atteints d’absences. Selon
certaines hypothèses, le déclenchement de ces crises serait cortical et se
propagerait rapidement. Une caractéristique du Petit Mal absence est que,
dans la suite immédiate de l’épisode critique, il n’existe aucune interruption
des capacités cognitives (tracé n° 35), contrastant ainsi avec le coma ou les
troubles de la conscience qui suivent l’épisode tonicoclonique d’une crise
Grand Mal.
Le grapho-élément caractéristique du Petit Mal est la PO à 3 Hz, correspon-
dant à une modification (ralentissement) de l’activité oscillatoire des systèmes
thalamiques et thalamocorticaux responsables de la génération des fuseaux.
Lors de la génération de ceux-ci, les oscillations impliquant les neurones thala-
mocorticaux et réticulaires durent de 70 à 150 ms, autorisant une fréquence des
activités entre 6 et 15 Hz. Dans le Petit Mal, ces mêmes oscillations durent
Phénomènes paroxystiques : vers l’épilepsie 119
300 ms, en raison d’une activation anormale des récepteurs GABA B (liées à
un canal calcique) et des canaux calciques régulant les décharges des oscilla-
tions corticales. On comprend alors que l’éthosuccimide, en bloquant les
courants calciques à bas seuil, agisse sur les crises Petit Mal.
Paroxysmes périodiques
Les décharges périodiques ou quasi périodiques sont des décharges récur-
rentes ou des patterns de caractère paroxystique mais qui ne sont pas
habituellement associés avec des processus épileptiques caractérisés par des
crises récurrentes de manière chronique. Ces activités périodiques ou pseudo-
périodiques sont les marques de pathologies sévères du SNC avec des
propriétés paroxysmales ou même épileptogènes. On ne sait pas ce qui préside
à la survenue de ces processus périodiques et leur physiopathologie est mal
connue. Il a été récemment proposé que la périodicité des grapho-éléments
serait plutôt en relation avec des atteintes combinées de la substance blanche
et de la substance grise corticale et sous-corticale, expliquant ainsi leur carac-
tère péjoratif et leur apparition dans des AVC ou des tumeurs.
Les PLEDS (Periodic Lateralized Epileptiform Discharges) qui surviennent
lors de lésions du cerveau antérieur sont hautement associées à des crises
épileptiques et des états confusionnels. Pour certains auteurs, les PLEDS
constituent la signature EEG d’un état physiopathologique dynamique dans
lequel un processus neurobiologique instable crée un continuum critique-
intercritique en lien avec la nature du dommage neuronal sous-jacent, la capa-
cité préexistante du patient à développer des crises épileptiques et la
coexistence de désordres métaboliques. Les PLEDS seraient directement en
rapport avec les processus d’hyperexcitabilité localisée, due à l’augmentation
des aminoacides excitateurs (glutamate) au sein d’une zone de pénombre d’un
AVC. Plus récemment, il a été suggéré que les décharges périodiques épilepti-
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Hypsarythmie
La désorganisation totale du tracé, le mélange anarchique de pointes, d’ondes
lentes, diffuses et en totale désorganisation de phase avec disparition de la
synchronie constitue le processus d’hypsarythmie (étymologiquement :
« hauts rythmes ») que l’on retrouve dans le syndrome de West (syndrome des
spasmes en flexion). Il s’agit d’une encéphalopathie épileptogène accompa-
gnée de détérioration mentale, d’étiologie multiple. Dans ce syndrome, on
retrouve également une soudaine désynchronisation de l’EEG constituant une
crise dite électrodécrémentielle (tracé n° 40).
constitue un état de mal mais la définition évolue. Un état de mal peut survenir
à la suite de n’importe quel type de crise (généralisée ou focale).
De nombreux auteurs en proposent trois phases :
– l’état de mal imminent, défini comme la survenue de crises intermittentes ou
continues pendant au moins 5 minutes sans retour à la conscience et dans
lequel l’augmentation inhabituelle de la longueur des crises (habituellement
les crises durent environ 60 secondes) suggère qu’un phénomène plus sévère
survient;
– l’état de mal constitué, pendant lequel les crises (cliniques et/ou les
décharges paroxystiques) durent plus de 30 minutes sans reprise de la
conscience; au cours de cette phase, les résistances pharmacologiques
surviennent de même que les altérations neuronales;
– l’état de mal larvé (« subtil » status) correspondant à la prolongation d’un
état de mal constitué dans lequel les signes cliniques et l’EEG sont moins
florides (tracé n° 39).
La reconnaissance et le traitement de l’état de mal sont essentiels en raison :
– de la mortalité élevée (notamment chez les sujets âgés);
– des dégâts occasionnés sur le parenchyme cérébral et de la présence de
paroxysmes dans leurs suites chez près de 50 % des patients;
– de l’apparition d’une pharmacorésistance qui s’aggrave avec le temps;
– de la faible efficacité des barbituriques et autres drogues GABAergiques
(qui demandent des doses proches de leurs doses toxiques);
– du faible nombre de drogues efficaces (essentiellement antiglutamatergi-
ques, directes ou indirectes).
La transition entre la crise épileptique et l’état de mal proviendrait de
plusieurs processus principaux survenant lors de la répétition des crises qui
deviennent auto-entretenues :
– une endocytose d’une partie des récepteurs GABA A expliquant la
défaillance de l’inhibition et la pharmacorésistance aux barbituriques;
– une augmentation des récepteurs au glutamate (AMPA ionique et NMDA
métabolotrophique) dans la membrane synaptique;
– des anomalies de fonctions des enzymes synaptiques avec autophosphoryla-
tion des calmoduline-kinases II;
– des changements inadaptés de l’expression des neuropeptides avec augmen-
tation des neuropeptides proconvulsivants (tachynines, substance P,
neurokinine B) et déplétion des neuropeptides inhibiteurs (dynorphine, gala-
nine, somatostatine, neuropeptide Y).
Les décharges considérables et excessives des neurones dans l’état de mal sont
à l’origine de processus excitotoxiques et de dysfonctions mitochondriales
pouvant conduire à des morts neuronales avec nécroses ou bien à des
processus d’apoptose. Un œdème cérébral peut survenir et des atrophies sont
souvent notées. De plus, les états de mal induisent une épileptogenèse puisque
le risque de crise spontanée après un état de mal est trois fois plus important
qu’après une crise normale.
Phénomènes paroxystiques : vers l’épilepsie 123
On comprend alors mieux que la suspicion d’état de mal soit une véritable
urgence EEG et qu’un traitement adapté doive être conduit rapidement : dans
l’état de mal time is brain.
Glutamate - GABA
-
Récepteurs Canaux Na+ +
Canaux Ca++ Recapture de
NMDA Canal Cl-
GABA
- - Tiagabine (Gabitril)
Phénitoïnes (Dihydan)
124 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
Fig. 4.12. Modes d’action des principaux antiépileptiques. Les produits soulignés sont des drogues de nouvelle génération.
Phénomènes paroxystiques : vers l’épilepsie 125
documents sont disponibles pour qui veut mieux connaître ce monde fascinant
de l’épilepsie. Il nous semble plutôt pertinent de développer une approche
pragmatique telle que nous la proposerons au chapitre 5.
126 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
Ralentissement diffus
Dans les stades initiaux des comas, le rythme alpha disparaît plus ou moins
progressivement et est remplacé par une activité lente thêta ou delta continue
et diffuse. Puis l’activité delta devient intermittente, rythmique, synchrone et
réactive, survenant de façon répétitive sur l’ensemble du scalp. Cette activité
peut prédominer chez l’adulte au niveau frontal (Frontal Intermittent Rythmic
Thêta Activity ou FIRDA) ou occipital chez l’enfant (Occipital Intermittent
Rythmic Activity ou OIRDA).
Lorsque le coma devient plus profond ces aspects disparaissent indiquant ainsi
un dysfonctionnement cortical ou une atteinte du tronc cérébral. La présence
de fuseaux sur un tracé de coma est un facteur de bon pronostic.
Modification de la réactivité
L’importance du ralentissement généralisé et la présence d’ondes delta de haut
voltage sont corrélées à l’absence de réactivité. Lors de l’aggravation de l’état
de conscience, progressivement, le coma devient aréactif même si les stimula-
tions sont répétées. Des réponses motrices non accompagnées de
modifications de l’EEG ne sont pas d’origine corticale mais proviennent de la
partie basse du tronc cérébral et de la moelle et constituent des réflexes
segmentaires.
Activités paroxystiques
Des activités paroxystiques, pointes, ondes lentes angulaires sont fréquentes
mais pas forcément associées à des crises.
Tracés alternants
Des tracés alternants comprennent des alternances d’activités rapides de bas
voltage avec des activités plus lentes de haut voltage (voir p. 75 note 1). Les
stimulations exogènes pendant les phases d’activités rapides déclenchent des
bouffées lentes delta (réactivité paradoxale). Il semblerait que ces caractéristi-
ques soient en rapport avec un dysfonctionnement des systèmes d’éveil,
temporairement libérés par la dépression des influences corticales inhibitrices.
Activités triphasiques
Des activités triphasiques de haut voltage peuvent être observées non seule-
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
La dépression de l’électrogenèse
La mort neuronale progressive ou en tout cas la souffrance cérébrale majeure
conduit à l’extinction progressive des activités électriques neuronales (voir
figures 4.5 et 4.7, tracé n° 23). Dans les comas très graves provenant de lésions
du tronc cérébral, on observe une diminution progressive d’amplitude des acti-
vités, un ralentissement majeur sans fréquences rapides ajoutées, des activités
paroxystiques périodiques (PLEDS) ou des bouffées suppressives (tracé n° 21).
Mort cérébrale
La mort cérébrale pose des problèmes de définitions puisqu’elle est attestée
par des moyens de diagnostic, limités par eux-mêmes.
Le mécanisme crucial de la mort cérébrale est l’hypertension intracrânienne,
par exemple sous l’effet d’un œdème massif. Si la pression intracrânienne est
proche de la pression systémique artérielle, la circulation cérébrale s’arrête et
il n’y a plus d’activité EEG. La nécrose cérébrale conduit à une totale liqué-
faction du cerveau.
Du point de vue de l’EEG, c’est le silence électrique cérébral qui est le signe
majeur de la mort cérébrale. Le plus souvent, seuls les potentiels cardiaques
(ECG) sont enregistrés (avec également des artéfacts dus aux mouvements du
dispositif d’assistance respiratoire) (tracé n° 23). Des activités musculaires
peuvent être également enregistrées lors des réponses aux stimulations noci-
ceptives (réflexes segmentaires qui restent conservés). Les conditions
d’enregistrement très sévères requises, pour affirmer la mort cérébrale avec
une amplification maximale, provoquent la présence de très nombreux arté-
facts sur le tracé.
Les recommandations françaises sur le plan technique sont présentées dans le
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
INTERPRÉTER UN EEG
Interpréter un EEG, c’est en quelque sorte rechercher les indices, souvent
subtils, d’une modification de « l’ambiance » dans laquelle fonctionne le
cerveau d’un patient. Quelques règles simples sont à respecter.
Il y a deux moments dans la lecture d’un EEG : a) une lecture initiale qu’il
faut complète pour détecter les caractéristiques saillantes du tracé, évaluer ce
qui est un artéfact (souvent il est nécessaire de lire une bonne partie du tracé
pour se faire une idée), tenir compte de l’habituation du patient au dispositif
d’enregistrement et b) la lecture « interprétative » qui constitue le temps de
130 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
est donc essentiel que cet examen les aide à comprendre l’état neurologique de
leur patient et à choisir une stratégie diagnostique.
– de type alpha, bilatérale Ceci sous-entend qu’elle est organisée, c’est-à-dire que le
synchrone, rythme alpha est postérieur, qu’il existe un rythme thêta
centrotemporal et un bêta antérieur.
Ceci sous-entend que les oscillateurs thalamiques
réticulaires fonctionnent normalement de manière
symétrique.
– de bouffées delta diffuses de Le sujet s’endort mais présente les rythmes de type sommeil
quelques secondes lent sans que les fuseaux aient été présents. Ceci traduit un
trouble de la régulation de la vigilance (tracé n° 24).
– d’activités plus lentes de type On observe un ralentissement de l’activité de fond qui voit
thêta delta modulant l’activité le remplacement du rythme alpha par des rythmes plus
de fond lents. Ceci traduit une souffrance cérébrale localisée ou
non localisée, plus ou moins marquée (tracé n° 19).
Interpréter un EEG 133
– d’ondes lentes angulaires (ou Ceci est plutôt en faveur d’un processus dysmétabolique
prenant un caractère angulaire) (tracé n° 16).
– d’une activité paroxystique se C’est un état de mal, c’est-à-dire une décharge d’activités
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
produisant de façon continue paroxystiques sans retour à l’état basal, pendant toute la
durée de l’enregistrement (tracé n° 39).
L’hyperpnée est sans effet : C’est une des deux épreuves d’activation (HPN)
(voir tableau 4.II).
– deux HPN ont été pratiquées Il n’existe pas de sensibilité particulière à l’HPN.
C’est une réaction normale. Ceci sous-entend qu’elle est
bien tolérée, voir figure 5.6.
134 Bases de la sémiologie et de l’interprétation de l’EEG
– sans rétrocession après l’arrêt Les anomalies (ondes lentes plus ou moins angulaires)
de l’épreuve disparaissent normalement à l’arrêt de l’HPN. Dans le cas
contraire, l’hyperexcitabilité cérébrale est franchement
pathologique.
– provoque un entraînement bi- Des potentiels évoqués visuels de grande amplitude sont
occipital déclenchés par la stimulation lumineuse. Sous-entend par
définition que cet entraînement est symétrique (et donc
qu’il n’y a pas de cortex occipital lésé) (voir tracé n° 10).
– provoque une réponse C’est une contraction clonique des muscles de l’orbite
oculoclonique d’origine mésencéphalique et qui témoigne plus d’une
hyperexcitabilité périphérique (réflexe) que d’une
susceptibilité aux convulsions.
– provoque une réponse Le but de la SLI est atteint. Il y a soit déclenchement d’une
photoparoxystique réponse paroxystique électroclinique qui cède
spontanément à l’arrêt ou peu de temps après l’arrêt de la
SLI, soit déclenchement d’une véritable crise épileptique
qui dure après l’arrêt de la SLI (tracé n° 33).
– il existe une activité Ce terme n’est pas conventionnellement admis mais il est
subcritique. opératoire. Ceci signifie qu’il existe une hyperexcitabilité
cérébrale (pointes dégradées, PLEDS…) mais que cette activité
paroxystique est trop peu organisée ou fréquente pour
engager la mise en place d’un traitement antiépileptique.
Interpréter un EEG 135
Il est fréquent d’entendre dire que l’EEG est une technique obsolète, qu’il ne
sert à rien, et que, finalement, on pourrait s’en passer. Il est facile de répondre
à la première critique : la numération formule sanguine, la radiographie du
thorax ne sont pas des examens diagnostiques de première jeunesse : personne
ne songe à les retirer de l’arsenal diagnostique au prétexte fallacieux de leur
ancienneté.
L’autre argument soulève le problème de la place considérable qu’a prise
l’imagerie et notamment l’IRM dans le diagnostic neurologique. Il est plus
facile, plus immédiat et plus séduisant de regarder une image que de tenter de
comprendre la complexité des processus neurologiques sous-tendant l’activité
électrique cérébrale. De plus, il pourrait sembler que le caractère fonctionnel
de certaines imageries (imagerie de diffusion…) soit équivalent au caractère
fonctionnel de l’EEG et donc que ces méthodes puissent le remplacer. Mais, à
notre connaissance, aucune imagerie clinique autre que l’EEG n’aborde (par
essence) le problème des configurations des états électriques cérébraux, n’est
capable d’analyser dans sa globalité la réactivité et l’état de vigilance d’un
patient ou ne peut mettre en évidence une souffrance métabolique ou paroxys-
tique, lorsque l’IRM est normale.
Dans ce chapitre, notre démarche ne va pas consister à prendre chaque
pathologie cérébrale et à en décrire les caractéristiques EEG. Nous procéde-
rons plutôt de manière pratique, en tentant de répondre aux questions
suivantes :
– Quand et pourquoi demande-t-on en pratique clinique de ville ou de méde-
cine d’urgence un EEG?
– Pourquoi est-il indispensable de réaliser cet EEG, c’est-à-dire quels sont les
diagnostics différentiels que l’EEG permet d’éliminer?
– Quelle va être la stratégie d’analyse et de réponse du médecin qui interprète
l’EEG pour aider le neurologue ou l’urgentiste à débrouiller le problème?
Anomalies
Pathologie foeto-
génétiques,
Grossesse maternelle
malformations
pathologique Accouchement
dystocique
Hypoxie
chronique
Anomalies Souffrance
neurologiques fœtale aiguë
Retard de maturation
Lors d’atteintes pathologiques, même sans atteinte irréversible, l’un des signes
EEG les plus importants est la présence d’un retard de la maturation cérébrale
électrophysiologique qui, dans une période donnée, se traduit par la persistance
de figures de la période antérieure ou la non-apparition des grapho-éléments
138 Indications majeures de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
attendus. C’est pour cette raison que nous avons longuement insisté au chapitre 3
sur les grapho-éléments caractéristiques de chaque semaine d’âge gestationnel.
La présence du retard de maturation électrophysiologique s’évalue selon deux
axes : 1) l’absence des grapho-éléments normaux pour cet âge gestationnel, 2)
une structuration anormale des états de vigilance (absence de veille calme par
exemple) et de leur alternance physiologique.
On doit noter que seul l’EEG peut donner cette information sur le développe-
ment et la maturation de l’enfant, même si les autres examens
complémentaires précisent la présence d’une lésion.
À ce retard de maturation, peuvent s’ajouter la présence de pointes ou de
dépression de l’électrogenèse ou un ralentissement diffus ou localisé qui ne
sont pas caractéristiques mais attestent le retentissement sur l’électrogenèse
d’une souffrance cérébrale.
On notera que, chez les prématurés ou les enfants nouveau-nés, les grapho-
éléments paroxystiques n’ont pas la richesse morphologique de ceux de
l’adulte ou de l’enfant plus âgé. Le plus souvent, on ne retrouve que des
pointes ou pointes lentes, mais pas de pointes-ondes ou polypointes-ondes. De
la même manière, les rythmes recrutants sont rares.
Placenta praevia
Hématome rétro-placentaire
Anomalies du cordon
Dystocies Baisse de perfusion
Anomalies de la vascularisation utérine Malformations Infections du liquide amniotique
Pré-éclampsie Anémie aiguës Rupture prématurée des membranes
Toxémie gravidique Infections Ischémie
Oligo-amnios
RCIU
Activités Dépression
Retard de maturation hémisphérique
paroxystiques
électrophysiologique
Pointes positives
rolandiques
Pointes > Gauche (prématuré)
(localisation) État de mal
dans la SFA
Retard psychomoteur
L’EEG joue un rôle majeur pour confirmer ou, au contraire, infirmer l’exis-
tence de convulsions. Il est généralement admis que chez un nouveau-né à
terme, la survenue de crises précoces au cours des douze premières heures de
vie et qui persistent pendant 2 jours ou l’apparition d’un état de mal sont de
mauvais pronostic.
tableau 5.I. On trouvera dans les livres d’épileptologie des précisions que nous
avons choisi de ne pas faire figurer dans cet ouvrage.
Bien évidemment, l’EEG trouve ici une place incontournable dans la caracté-
risation des crises et le suivi évolutif de la maladie. Il est très important dans le
diagnostic des anomalies paroxystiques de disposer également d’un enregis-
trement de sommeil qui souvent dévoile le processus paroxystique, comme
chez l’adulte.
Types d’épilepsie
Convulsions fébriles
ANOMALIE PAROXYSTIQUES
(CLINIQUES OU INFRA-CLINIQUES)
Autres
Pathologie fœtale Pathologie (traumas, tumeurs…)
ischémique ou métabolique par
hémorragique erreur innée du
métabolisme Encéphalite
Malformations
infectieuse
(d’origine infectieuse ou
(herpès, rougeole,
toxique) SIDA)
Séquelles d’une Épilepsies
pathologie intra utérine (tableau V.1)
(IMC, poly-handicap…)
Syndromes épileptiques
(neuroectodermoses,
anomalies génétiques…)
Autres
Pendant l’enfance, les atteintes infectieuses provoquent des encéphalites caracté-
risées fréquemment par une souffrance cérébrale plus ou moins diffuse avec une
composante paroxystique variable mais souvent présente. Les rares encéphalites
dues au virus de la rougeole forment le tableau de panencéphalite sclérosante
subaiguë (PESS ou LESS, tracé n° 28), très grave et caractérisée à l’EEG par des
complexes périodiques stéréotypés généralisés et permanents (y compris dans le
sommeil), associés de manière synchrone ou non à des secousses.
Bilan d’un malaise avec ou sans perte de connaissance 143
Par ailleurs, les malformations peuvent entraîner des anomalies EEG, parfois
évocatrices comme des activités rapides de grande amplitude associées à des
décharges de pointes, de pointes-ondes ou de polypointes-ondes.
Les phacomatoses conduisent également à des perturbations de l’EEG parfois
importantes comme l’hypsarythmie (tracé n° 40) dans la sclérose tubéreuse de
Bourneville ou des processus paroxystiques avec épilepsie.
malaise ou la perte de connaissance est l’une des raisons qui conduisent très
souvent à la réalisation d’un EEG. L’EEG est alors demandé pour apporter des
arguments positifs au diagnostic d’épilepsie. Si certains centres font peu
d’EEG dans le contexte des malaises ou des pertes de connaissance, en dehors
de la recherche d’épilepsie, il est fréquent de recevoir des demandes d’EEG
dans le cadre du bilan plus général d’un ou de plusieurs malaises. En effet, le
plus souvent, le médecin n’est pas là et les témoignages de l’entourage sont
excessifs ou imprécis. L’EEG est demandé alors que l’anamnèse s’avère fina-
lement assez incomplète, notamment, comme on l’a vu, pour éliminer une
crise épileptique.
Bien que la clinique soit souvent suffisante du diagnostic, la logique de l’utili-
sation de l’EEG est (figure 5.4) :
– d’éliminer ce qui pourrait être un processus paroxystique; il n’est pas fréquent
d’observer au décours d’un malaise des grapho-éléments paroxystiques
caractérisés; la dépression postcritique est parfois présente mais elle est rare-
ment observée lors de l’examen EEG, sauf en cas de récidive récente de la crise;
le plus souvent, soit l’enregistrement de repos est indemne de grapho-éléments
144 Indications majeures de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
EEG
(cf. description dans le texte)
Après 50 ans
Avant 50 ans Syncope
convulsivante Atteinte
(vagale) métabolique
Processus paroxystique
Épilepsie
Défaillance
Épilepsie du sujet âgé Tumeur polyviscérale
Toxiques (alcoolo tabagique) Altération de
(drogues, l’état général
alcool)
Surdosage Lacune vasculaire
médicamenteux
(hypnotiques) Encéphalopathie
Non connue
vasculaire
Épilepsie Lésionnelle
primaire (tumeur)
Fig. 5.4. Arbre décisionnel pour le diagnostic des principales pertes de connais-
sance d’origine neurologique chez l’adulte.
Type
Substance Effet neurophysiologique
de toxique
Anesthésiques Ralentissement, ondes delta,
diminution des activités alpha et bêta
Kétamine Ralentissement avec augmentation des
ondes delta et thêta dépendant de la
dose
Benzodiazépines Activités rapides (présence d’activités
bêta) y compris en sommeil lent
Médicaments Neuroleptiques Myoclonies, ondes lentes angulaires,
pointes lentes
Barbituriques Coma avec dépression de
(GABA-mimétiques) l’électrogenèse
Antidépresseurs tricycliques Ondes lentes, pointes et polypointes.
Crises convulsives
Cortisone Tracé accéléré (rythmes bêta) si >
10 mg/kg ou ralentissement diffus
Solvants Toluène (agresseurs olfactifs) Décharges bêta (20 Hz)
organiques Anomalies non spécifiques
Alcool Augmentation des activités delta au
détriment des activités thêta et alpha.
Microvoltage et aspect remanié du
tracé. Resynchronisation lors des
Autotoxicité épreuves d’activation
sociale LSD, mescaline Diminution d’amplitude des ondes
lentes ou accélération de la fréquence
dominante dans l’état psychotique
Cocaïne Augmentation des activités rapides
Opiacés Léger ralentissement (+ myosis)
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
– chez le très jeune enfant, le spasme du sanglot (avec spasmes, révulsion des
globes oculaires, hypotonie, cyanose survenant au cours des pleurs) est proche
d’une syncope convulsivante de type vagal; le tracé EEG enregistré pendant
les pleurs ne montre pas d’activités paroxystiques, mais surtout, le spasme est
stoppé net si on stimule l’enfant (en lui jetant un verre d’eau à la tête, par
exemple);
– les troubles ioniques ou métaboliques sont également des pourvoyeurs de
malaises ou de syncopes; l’hypocalcémie (dans un contexte parfois peu diffé-
rent de la spasmophilie) ne modifie pas le tracé de repos; l’HPN peut entraîner
l’apparition d’une main d’accoucheur; dans l’hypoglycémie, le ralentissement
dû à l’HPN est majoré; l’importance de ce ralentissement diminue quand on
donne du glucose au patient et que l’on refait l’HPN;
– de nombreuses syncopes sont en relation également avec la prise d’un
toxique; les patients prenant des toxiques (cannabis, héroïne) présentent des
tracés mal organisés, remaniés avec des rythmes rapides, parfois des éléments
paroxystiques (tableau 5.II); la présence de très nombreux rythmes rapides
diffus peut faire aussi suspecter une prise excessive de benzodiazépines
(tracés 30 et 15); ces rythmes rapides masquent la réactivité mais il existe
parfois des bouffées d’ondes lentes diffuses réactives qui signalent la diminu-
tion de la vigilance; ces rythmes sont augmentés par l’hyperpnée; de telles
situations peuvent se retrouver dans le début d’autolyses; l’imprégnation
benzodiazépinique chronique ne s’accompagne pas en général de ces bouffées
d’ondes lentes; chez l’enfant, l’intoxication benzodiazépinique induit une
somnolence et des rythmes rapides; il faut penser au tiroir de la grand-mère ou
de la pharmacie;
– il existe également des syncopes dues à une intoxication éthylique aiguë
et/ou un sevrage, souvent dans un contexte d’addiction chronique; dans ce cas
l’EEG, mal organisé, microvolté, non modifié par les activations est évocateur
de l’éthylisme chronique; il existe souvent des signes paroxystiques, surtout
48 heures après le sevrage; on peut parler d’une véritable encéphalopathie
alcoolique avec parfois, lors des sevrages, apparition de PLEDS, même si le
lien entre alcool et épilepsie reste controversé quand au rôle causal du toxique.
Les mêmes causes de syncopes neurologiques se retrouvent à un âge plus
avancé mais il faut y rajouter :
– l’épilepsie du sujet âgé, plus fréquente s’il existe un terrain alcoolotaba-
gique, relève du diagnostic de l’épilepsie; il faut signaler que le taux
d’incidence, comme le taux de prévalence des crises épileptiques et de
l’épilepsie, remonte d’une manière très nette à partir de l’âge de 60 ans en
raison de la fréquence des pathologies épileptogènes (accidents vasculaires
cérébraux, affections métaboliques, tumeurs);
– l’encéphalopathie vasculaire (ou hypertensive) est également génératrice de
syncopes; l’EEG sera fréquemment mal organisé avec une diffusion d’une
activité alpha monotone vers les régions antérieures de l’encéphale, un entraî-
nement plus marqué à la SLI à basse fréquence et des ondes thêta plus ou
moins angulaires prédominant dans les régions sylviennes; très souvent, ce
type de tracé est associé à des lésions diffuses de la substance blanche en IRM
(leucoaraiose);
Diagnostic d’un état confusionnel ou d’un trouble du niveau de conscience 147
stuporeux;
– N’est-il réactif qu’aux stimulations nociceptives? Il s’agit alors d’un coma.
Le diagnostic d’un syndrome confusionnel dépend évidemment beaucoup de
l’âge du patient et le vieillissement de la population est une raison significative
pour réaliser des EEG pour des troubles confusionnels. De nombreuses patho-
logies neurologiques très graves sont susceptibles de générer un syndrome
confusionnel et il faut absolument penser à ces pathologies (figure 5.5).
Certaines d’entre elles requièrent un traitement en urgence.
Fig. 5.5. Démarche diagnostique intégrant l’EEG dans un syndrome confusionnel. L’épaisseur des traits est indicative de la fréquence
des étiologies.
Diagnostic d’un état confusionnel ou d’un trouble du niveau de conscience 149
relle caractéristique. Elle doit être évoquée quand, chez un enfant ou un adulte
fébrile, un changement brutal et incompréhensible de comportement est
observé. Durant les phases précoces, le tracé est désorganisé avec des activités
delta diffuses polymorphes se développant de manière latéralisée et impliquant
de manière prédominante les lobes temporaux. Puis des complexes lents bipha-
siques très angulaires (de durée 1,1 à 1,4 s) apparaissent dans une région
temporale puis gagnent l’autre région temporale, évoluant dans une configura-
tion périodique d’apparence stéréotypée survenant avec une période courte de 1
à 3 secondes. Ces configurations sont visibles entre 2 et 5 jours après le début de
la maladie. Des crises apparaissent, focales ou généralisées. Si une nécrose
survient, l’EEG s’aplatit progressivement.
Il arrive fréquemment que les caractéristiques EEG de l’encéphalite herpé-
tique soient moins patentes, le malade ayant été précocement mis sous
Zovirax®.
Les caractéristiques des autres encéphalites infectieuses ou bactériennes sont
présentées dans le tableau 5.III. Dans celles-ci, l’EEG est utile mais n’a pas le
même caractère d’orientation que dans l’encéphalite herpétique ou la maladie
de Creuztfeld-Jakob.
DIAGNOSTIC ET SURVEILLANCE
DE LA MALADIE ÉPILEPTIQUE
On rappelle que l’épilepsie est le nom d’un désordre cérébral caractérisé de
manière prédominante par des interruptions récurrentes et imprédictibles de la
fonction cérébrale normale, nommées crises épileptiques. L’épilepsie n’est pas
une maladie singulière mais une variété de maladies reflétant une dysfonction
cérébrale résultant de nombreuses causes.
Tout le monde s’accorde à dire que l’EEG est l’examen de choix dans
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Dans ce livre, nous nous situerons dans une approche résolument pragma-
tique, en ne considérant que le strict point de vue de ce qui est demandé à
l’EEGiste. En effet, si le malade est un épileptique connu, l’EEG sera fait à la
demande ou en coordination avec le médecin traitant (cas n° 1). Si le malade
n’a jamais fait de crise, le résultat de l’EEG sera intégré par le neurologue ou
le neuropédiatre dans une stratégie diagnostique (examen clinique, IRM,
TDM…) qui échappe le plus souvent au médecin qui interprète l’EEG (cas
n° 2 ou éventuellement 3). De ce fait, dans ce chapitre, nous ne traiterons pas
en détail des épilepsies qui relèvent de l’épileptologie, sous-discipline spéci-
fique de la neurologie, de la neuropédiatrie ou de la neurophysiologie. De très
nombreux livres et manuels, très souvent actualisés, abordables et pratiques
traitent des épilepsies. La question se réduit donc, dans ce paragraphe, à celle
de l’EEG pratiqué à l’occasion : a) d’une « crise » dont on suspecte qu’elle est
épileptique ou b) du suivi d’un patient épileptique connu, soit dont on a
récemment modifié le traitement, soit qui, pour une raison ou une autre, a
présenté une crise dans un contexte d’un bon contrôle a priori de sa maladie
épileptique.
On doit avoir présent à l’esprit que l’on voit rarement la crise qui a nécessité
l’hospitalisation du patient ou la consultation et très souvent l’entourage décrit
mal ce qui s’est passé. L’émission d’urines, des plaies au crâne et la morsure
de la langue sont de bons indices, inconstamment présents ou relevés.
Si l’EEG ne montre aucune activité intercritique, on demandera à l’infir-
mier(e) d’insister sur la SLI et surtout de réaliser deux hyperpnées, la seconde
prenant place après la SLI. Un résultat positif incite à pousser l’enquête
diagnostique, notamment en envisageant de mieux caractériser le phénomène
paroxystique. Un examen négatif, malgré les épreuves d’activation, ne permet
pas de conclure. Dans les deux cas, et selon le contexte clinique, on sera
amené à faire pratiquer un EEG de sieste ou de sommeil qui démasquera la
présence d’une sensibilité épileptique (figure 5.6).
Si l’EEG est caractéristique d’un état postcritique (activités lentes, présence
de pointes focales ou diffuses) ou si l’on met en évidence des activités
paroxystiques et/ou si l’on observe une augmentation des activités paroxysti-
ques à l’HPN et surtout à la SLI, la question est de savoir :
– si on est en présence d’une crise survenant dans une épilepsie généralisée
primaire qui se dévoile à l’occasion d’un événement de vie particulier : à
l’adolescence, lors des règles (épilepsie cataméniale), à l’occasion d’une fête
(avec absorption d’alcool, d’excitants centraux et en présence de lumières
stroboscopiques);
– s’il s’agit d’une crise en rapport avec un processus focal ou diffus. La crainte
principale dans ce contexte est la présence d’un processus expansif intra- ou
extracrânien; un méningiome de la convexité est parfois caractérisé par un
rythme thêta prenant l’aspect d’un rythme mu; dans les tumeurs infiltrantes
(astrocytomes), on observe des anomalies lentes thêta, delta, plus ou moins
réactives (en fonction de l’œdème) et associées à des pointes focales (tracés
n° 31, 32). Si l’on suspecte une telle lésion, l’IRM avec injection est l’examen
de choix qui doit être réalisé. L’interprétation de l’EEG doit suggérer cette
démarche diagnostique. Plus rarement, on aura une souffrance cérébrale
Diagnostic et surveillance de la maladie épileptique 153
Crise initiale ?
On ne la voit jamais Convulsions
néonatales
Famille
Anamnèse
Clinique
Point de départ Traitements
Alcool, drogues
Maladies métaboliques
Focal Pas de suspicion
d’un départ focal
Autre syncope
Tracé désorganisé,
Activités paroxystiques
lent, angulaire
focales, Absence d’anomalies
souffrance focale
Processus
EEG de sieste dégénératif
Bilan d’imagerie
(TDM, IRM++)
Pointes/ Crises Absence d’anomalies
AVC
Processus
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
EEG de sommeil
expansif
intra ou extra axial Crise
sur cicatrice
Cavernome, Pointes / Crises
vasculaire
malformation
vasculaire Épilepsie
primaire
Fig. 5.6. Démarche diagnostique face à une « crise » dont on peut suspecter le
caractère comitial. Dans d’autres cas, se reporter aux figures 5.3 et 5.4.
Chez l’enfant, l’EEG lors d’une première crise a la même valeur d’orientation
étiologique que chez l’adulte. Les tumeurs sont rares mais, dans un contexte
d’arrêt du développement psycho-intellectuel ou de dégradation des acquis, on
doit rechercher, soit une épilepsie primaire généralisée (Grand Mal), soit une
encéphalopathie par erreur innée du métabolisme.
Dans le cas d’un EEG fait chez un patient épileptique dont on contrôle le trai-
tement ou l’activité paroxystique, on observera, outre la présence des grapho-
éléments paroxystiques intercritiques plus ou moins nombreux, la possible
présence de rythmes rapides médicamenteux (dus aux traitements par benzo-
diazépines) et surtout le caractère dégradé du tracé (caractéristiques des
« vieux épileptiques ») mal organisé, remanié.
Enfin, dans l’hypothèse d’un patient épileptique confus, traité par valproate et
en surdosage, il arrive que l’on observe un tracé d’encéphalopathie au
valproate évoqué p. 102.
Comme l’indique la figure 5.6, les tracés de sieste ou de sommeil sont très
utiles pour faire un diagnostic d’épilepsie dans le cas où l’EEG standard a été
infructueux. En effet, entre 20 et 25 % des épileptiques font des crises la nuit
et 30 à 40 % en font en veille et sommeil. Les crises généralisées tonicocloni-
ques et les crises généralisées myocloniques sont renforcées par le sommeil
lent alors que, pour les absences Petit Mal, c’est en sommeil REM que le
renforcement des crises s’effectue. Non seulement les crises épileptiques sont
activées par le sommeil mais elles sont également favorisées par le manque de
sommeil (qui est à rechercher dans l’anamnèse). La survenue des crises
partielles au cours des différents stades de sommeil dépend de leur point de
départ.
Il est possible que dans le cadre d’une surveillance d’une maladie épileptique
ou d’un bilan de malaise, la SLI ou l’HPN déclenchent une crise soit partielle
soit généralisée. La conduite à tenir est la suivante. Chez l’enfant de moins de
6 ans, on pratique une injection intrarectale de Valium®, à la dose de 1 mg,
éventuellement répétée si la crise ne cède pas. Chez l’adulte, on préférera une
injection IV de Rivotril® (une ampoule 1 mg, éventuellement répétable). Dans
tous les cas, on disposera à proximité de canules de Guedel et d’oxygène
(obus ou oxygène mural). Si la crise se répète trop souvent ou s’il s’agit d’un
état de mal, il convient de faire prendre en charge le patient par des réanima-
teurs (Samu, ou transfert en réanimation). Un cas particulier est celui d’un
patient éthylique, présentant des crises en rapport avec un syndrome de
sevrage; dans ce cas, l’injection de benzodiazépines est à discuter.
DIAGNOSTIC, PRONOSTIC
ET SURVEILLANCE DES COMAS,
ET DIAGNOSTIC DE LA MORT CÉRÉBRALE
L’EEG est un examen particulièrement capital au stade aigu du coma et ce
parce qu’il permet d’en réaliser à la fois le diagnostic, le pronostic et le suivi.
L’apport diagnostique est en fait celui de l’évaluation de la gravité du coma
Diagnostic, pronostic et surveillance des comas et diagnostic de la mort cérébrale 155
Arrêt cardiorespiratoire
(arrêt cardiaque,
pendaison, noyade)
Accidents vasculaires Traumatisme
Retard de réveil ischémiques ou hémorragiques crânio-cérébral / HIC
post-opératoire
PLEDS,
Activités lentes État de mal Souffrance diffuse généralisée
Dépression barbiturique Suppression bursts Activités paroxystiques
Rythmes rapides BZD Éventuellement asymétrie
(HSD, lésion)
Potentiels
évoqués
Amélioration Dégradation
• Épilepsie résiduelle
• Asymétrie résiduelle Mort cérébrale État végétatif persistant
État pauci-relationnel
Tracé plat (nul)
Aréactif
Présence des seuls ECG et EMG
rendent le tracé illisible. Cette curarisation est permise par la ventilation artifi-
cielle. À noter également que cette dernière génère également des artéfacts.
On doit également souligner que, dans ce cas, les potentiels évoqués sont très
complémentaires de l’EEG dans la mesure où ils permettent d’évaluer le
niveau lésionnel avant le cortex (PEATC, PES), la fonctionnalité des cortex
primaires (PES, PEALM et PEV flash) et même la présence de processus
cognitifs préconscients (MMN) ou conscients P300 (voir chap. 7). Souvent,
devant un patient sous lyse médicamenteuse, chez qui l’EEG sera peu contri-
butif, les PEA, PEV et PES permettent de faire le bilan de l’état des différentes
structures cérébrales et d’envisager un pronostic.
Les critères de gravité d’un coma sont présentés au tableau 5.IV.
Le diagnostic de la mort cérébrale doit satisfaire à des conditions d’enregistre-
ment très sévères qui ont été présentées au tableau 4.IX. Le médecin qui
Pathologies du sommeil 157
Mauvais pronostic
(sauf dans les intoxications
Bon pronostic
où ces éléments ont un aspect
moins péjoratif)
La survenue d’une réactivité des Absence de réactivité
activités EEG aux stimulations Activités de haut voltage monotones
extérieures. delta à 0,5-3 Hz, sans modifications
La présence des éléments du sommeil. spontanées ou secondaires
L’existence de cycles de sommeil Présence de bouffées suppressives
normaux. Phénomènes périodiques latéralisés
Les fuseaux chez des patients (PLEDS) généralisés (ou BIPLEDS)
comateux qui traduisent une relative Dépressions intermittentes
intégrité des hémisphères et des (aplatissement) et bas voltage
systèmes thalamiques. Alpha monomorphe
Une amélioration de l’EEG : c’est la Activités paroxystiques
première indication d’une évolution
favorable.
PATHOLOGIES DU SOMMEIL
S’il est un cadre nosologique dans lequel l’EEG est indispensable au
diagnostic, c’est bien celui qui regroupe les différents troubles du sommeil.
Les pathologies du sommeil sont fréquentes. Les répercussions psychologi-
ques et cognitives de ces troubles sont considérables et très souvent leur
exploration insuffisante.
Nous avons insisté par ailleurs au chapitre 2 sur l’importance de considérer
l’EEG en fonction des états de vigilance et des cycles veille-sommeil (voir
p. 25-30). Dans les troubles du sommeil, c’est l’EEG, l’enregistrement de
l’ECG, du peumogramme, des mouvements oculaires et de l’EMG (polysomno-
158 Indications majeures de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
Insomnies
Les insomnies sont définies par un sommeil nocturne fragmenté ou de durée
diminuée, avec ou non plainte de mauvais sommeil. On considère que la
moitié des sujets souffriront dans leur vie d’une insomnie.
De très nombreuses insomnies sont, en réalité, en rapport avec un problème
émotionnel aigu (divorce, stress des examens, perte d’un travail). Ce sont des
insomnies transitoires psychophysiologiques qui sont caractérisées par une
difficulté d’endormissement et une diminution des pourcentages de stades III
et IV et du sommeil REM. Ces formes aiguës peuvent se transformer en
insomnies psychophysiologiques chroniques. La dépression est également
génératrice d’une insomnie avec difficulté d’endormissement et réduction des
stades III et IV, éveils fréquents et réveil précoce.
Parmi les autres causes d’insomnie, on retrouve :
– l’ingestion de drogues (neurostimulants, caféine et nicotine) entraînant une
fragmentation du sommeil de nuit et une diminution du sommeil REM et du
sommeil à ondes lentes;
– des anomalies motrices comme le syndrome des jambes sans repos (proba-
blement une déafférentation fonctionnelle de l’étage médullaire produisant les
mouvements anormaux) ou les mouvements périodiques du sommeil (PMS)
ou le rare myoclonus hypnagogique généralisé;
– les apnées du sommeil obstructives (éveils répétés) et surtout centrales
provoquent également des insomnies;
– des lésions cérébrales impliquant le tronc cérébral, le cerveau basal antérieur.
Hypersomnies
Il s’agit de l’augmentation de la durée et/ou de la profondeur du sommeil. Les
principales causes en sont :
– l’hypersomnie idiopathique dans laquelle la durée du sommeil est augmentée
(10, 16 voire 20 heures) mais l’organisation cyclique est conservée; les patients
sont difficilement « éveillables » et présentent parfois des endormissements
irrésistibles;
– la narcolepsie : la narcolepsie isolée ou narcolepsie non-REM se traduit par
des endormissements inappropriés (accès de sommeil) et plus ou moins irré-
sistibles dans la journée, avec une somnolence diurne excessive chronique;
dans la narcolepsie isolée ou monosymptomatique, ces endormissements
surviennent seuls et dans un sommeil non-REM; dans la narcolepsie-cata-
plexie, 50 % des attaques de sommeil surviennent en sommeil REM et sont
Pathologies du sommeil 159
Parasomnies
On appelle parasomnies des désordres épisodiques dans le sommeil. On citera
notamment :
– les réveils en stades III et IV avec confusion, désorientation, automatismes
gestuels et amnésie de l’événement;
– les terreurs nocturnes avec cri, comportements anormaux lors des stades III
et IV durant 5 à 10 minutes;
– le somnambulisme, avec sortie du lit au cours des stades III et IV, déambula-
tion, comportements stéréotypés et amnésie des événements au réveil;
– des rêves terrifiants avec vocalisations (pas de cri), sans confusion ni déso-
rientation au cours du sommeil REM;
– l’énurésie nocturne au-delà de 3 ans, la perte des urines survenant dans tous
les stades et sans éveil total (vessie de petite taille et très réactive aux stimuli).
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
160 Indications majeures de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
Dans le chapitre 5, nous avons détaillé les circonstances dans lesquelles l’EEG
est un examen absolument indispensable au diagnostic en neurologie.
Pourtant, il est des cas où l’EEG est prescrit, très souvent, pour faire le
diagnostic différentiel de pathologies paroxystiques, tumorales ou autres et où
il s’avère d’une grande utilité, même si, parfois, ses indications recouvrent
partiellement celles de l’IRM ou de la TDM.
Démences mixtes
Démences corticales
Maladie
de Creutzfeldt-Jakob
Démence vasculaire
EEG
très peu modifié
Maladie d’Alzheimer Maladie Dégénérescence Chorée Paralysie Hydrocéphalie Encéphalopathie
162 Autres indications de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
Pathologie EEG
Retard mental Incidence croissante des anomalies EEG et des troubles
épileptiques proportionnelle avec le degré d’infirmité.
L’EEG est caractéristique de la pathologie sous-jacente.
Dyslexie Environ 40 % des enfants présentent des anomalies EEG en
général en relation avec le bas niveau d’études.
Autisme 50 % des enfants autistes présentent des anomalies EEG en
relation avec des facteurs prédisposants (rubéole
maternelle, phénylcétonurie). Les pathologies sous-
jacentes sont à prendre en compte.
Syndrome EEG souvent perturbé avec des épisodes de ralentissement
d’hyperactivité avec de la fréquence moyenne du tracé compte tenu de l’âge
déficit attentionnel chronologique dans 30 à 60 % des cas.
(ADHD)
Maladie des tics de Dans 25 à 75 % des cas, activités paroxystiques bilatérales
Gilles de la Tourette ou unilatérales avec ralentissement généralisé ou focal de
l’électrogenèse.
164 Autres indications de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
Dans les schizophrénies, les anomalies EEG sont très discutées. Du point de
vue de la routine clinique, on peut considérer que l’EEG est très peu infor-
matif dans le diagnostic positif et l’évolution de la maladie.
De la même manière, dans les épisodes dépressifs, l’EEG est normal ou
subnormal. On a vu plus haut qu’il pouvait faciliter le diagnostic entre
démence et pseudo-démence dépressive. L’EEG doit être pratiqué dans la
phase diagnostique du processus dépressif (ou maniaque) car de nombreuses
tumeurs présentent comme point d’appel une dépression ou un trouble
maniaque. L’EEG est intéressant dans l’évaluation de la réponse à la sismothé-
rapie (électrochocs). L’augmentation des activités lentes (thêta et delta), juste
après la crise induite par la sismothérapie, serait prédictive d’une bonne
réponse. Il est obligatoire avant l’instauration de toute sismothérapie.
Dans les traitements médicamenteux des troubles dépressifs, des anomalies
EEG peuvent apparaître. Le lithium entraîne l’apparition d’activités lentes
antérieures ou diffuses, de grande amplitude (type encéphalopathie hépatique)
et parfois des pointes-ondes lentes focales. Lors de l’intoxication aiguë, le
tracé peut être dysrythmique avec des activités lentes delta et des pointes
diffuses. Les tricycliques provoquent l’apparition d’activités lentes, de
pointes-ondes diffuses ou d’anomalies irritatives focales, voire de crises.
Dans l’anorexie mentale, on observe, chez près de 60 % des patients, des
anomalies de l’activité de base, chez 31 %, des anomalies à l’HPN (instabilité)
et, chez 12 %, des anomalies paroxystiques. Il est fréquent de retrouver des
anomalies métaboliques en raison des troubles ioniques ou de l’hypoglycémie
relative induits par le jeûne. On peut observer également des dysrythmies.
En réalité, il apparaît que l’électrogenèse cérébrale est peu modifiée par les
troubles psychiatriques dont l’étiologie n’est pas une pathologie neurologique.
C’est sans doute la raison pour laquelle les tentatives faites pour relier les acti-
vités EEG avec les performances mentales se sont toujours avérées vaines et
finalement sans intérêt. La question se déplace alors vers la forme la plus
évoluée des potentiels évoqués, les potentiels évoqués endogènes ou cognitifs.
C’est ainsi que la P300 (voir p. 172) présente une amplitude réduite chez les
schizophrènes ce qui pourrait constituer un trait prémorbide de cette patho-
logie. Des potentiels d’obtention plus difficile et mettant en jeu des
stimulations très complexes (phrases…) sont en cours d’évaluation.
une épreuve de Valsalva (voir tableau 4.II). Cette dernière épreuve est suscep-
tible de reproduire des situations d’apnée en plongée.
Le même type d’examen est réalisé également avant la pratique de la boxe afin
de dépister une hypertonie vagale (qui serait démasquée lors des chocs sur les
yeux ou sur le plexus solaire).
Enfin, l’EEG est régulièrement pratiqué dans le bilan médical des pilotes
d’avion.
CÉPHALÉES ET MIGRAINES
Les maux de tête sont symptomatiques de très nombreuses pathologies,
comme des infections, des tumeurs ou des lésions vasculaires intracérébrales.
Il est évident que la plupart du temps les céphalées ne nécessitent en aucune
manière un EEG en urgence. En effet, en dehors de quelques cas, une céphalée
brutale, subaiguë ou chronique, dans un contexte non migraineux, va d’abord
faire envisager la réalisation d’un examen d’imagerie pour éliminer une
tumeur ou un processus expansif intracrânien, voire une hémorragie méningée
ou une malformation artérioveineuse.
La question se pose différemment devant une céphalée d’apparition rapide 1,
avec anomalies neurologiques et dans laquelle l’imagerie est strictement
normale. Dans ce cas l’EEG est nécessaire :
– pour éliminer une encéphalite;
– pour éliminer, dans un contexte d’hémiplégie, une migraine accompagnée
qui serait à son origine (syndrome hémicrânie hémiplégie familiale chez
l’enfant);
– pour documenter une migraine dont l’aura est de nature épileptique (crise
partielle).
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
1. Elle est différente de la céphalée brutale de l’anévrisme qui n’est pas une indication d’EEG.
166 Autres indications de l’EEG de l’adulte et de l’enfant
L’EEG est recommandé chez l’adulte devant avoir une circulation extracorpo-
relle et présentant des facteurs de risque neurologique. Il est médico-légal
chez l’enfant devant avoir une circulation extracorporelle.
Il est intéressant de pratiquer un EEG aussi dans les périodes postopératoires
(encéphalopathie postopératoire, léthargie morbide, voir p. 103) ainsi que
dans les dissections aortiques.
Un EEG est également conseillé avant les chimiothérapies chez l’enfant en
raison de la neurotoxicité des drogues qui peuvent entraîner des convulsions.
RECHERCHE PHARMACEUTIQUE
La mise sur le marché de nouvelles molécules psychotropes ou neurotropes
est souvent accompagnée de nombreuses études sur les effets de celles-ci sur
l’électrogenèse et/ou les rythmes de sommeil. Certains centres sont même
spécialisés dans ce type d’enregistrement et d’analyse. Dans ce cas, le plus
souvent, les EEG sont pratiqués chez des sujets témoins et l’analyse du tracé
est essentiellement quantitative avec une analyse des puissances spectrales
dans les différentes bandes avant et après ingestion de la drogue. Ce type
d’essai peut éventuellement être conduit chez des patients recevant ces molé-
cules nouvelles. C’est là une application peu clinique de l’EEG mais qui
permet de connaître utilement les effets sur les tracés des médicaments intro-
duits dans la pharmacopée.
sous-jacente est que l’activité de fond, considérée comme aléatoire, n’est pas
modifiée par l’activité évoquée alors que celle-ci est constante d’une stimula-
tion à l’autre. Cette augmentation postule, en outre, que les valeurs de
l’activité de fond ne sont pas corrélées.
L’utilisation d’appareillages numériques simplifie considérablement les moda-
lités de moyennage dont, techniquement, la réalisation est assez simple. Au
moment où le stimulus est envoyé (éclair, son, stimulation électrique) dans le
système de stimulation, un petit signal (trigger, impulsion de synchronisation)
déclenche l’ouverture du convertisseur analogique digital et par conséquent la
numérisation du signal enregistré pendant le temps nécessaire à l’enregistre-
ment de ce signal. Quand l’ordinateur lui-même provoque à la fois le
déclenchement du stimulus et l’ouverture du CAD, on dit qu’il s’agit d’une
synchronisation interne. Quand un ordinateur extérieur présente le stimulus et
l’envoie à l’ordinateur qui enregistre le signal d’activation du CAD, on dit
qu’il s’agit d’une synchronisation externe, comme nous l’avons vu dans le
chapitre 1 (voir figure 1.4). Cette dernière est souvent employée dans l’obten-
tion de potentiels cognitifs.
168 Potentiels évoqués
Le nombre de points décrivant le signal (et donc venant constituer une ligne de
la matrice des signaux) dépend à la fois de la fréquence d’échantillonnage, du
signal et du temps nécessaire pour obtenir le décours complet du potentiel
analysé. Ainsi, pour des potentiels auditifs du tronc cérébral, une acquisition
de 10 millisecondes est en général suffisante, alors que pour des potentiels
cognitifs (type N400) le convertisseur analogique digital devra rester actif
environ 1 seconde. Lors de la seconde stimulation, les valeurs de signal
rempliront une deuxième ligne de la matrice. À l’issue des p enregistrements
correspondant à p stimulations, tous les points d’une même colonne seront
additionnés pour constituer le signal définitif (figure 7.1).
Il est également à noter que l’habituation, que l’on peut observer lors des
stimulations successives nécessaires à l’obtention d’un PE, contredit l’hypo-
thèse de la constance de l’activité évoquée. Ceci est particulièrement marqué,
par exemple, pour les potentiels évoqués cognitifs. De la même manière, une
variation de la latence entre deux stimulations crée une erreur sur la latence
réelle moyennée. Par ailleurs, il faut également vérifier que le potentiel enre-
gistré soit véritablement terminé avant que la stimulation ne déclenche l’autre
potentiel, sous peine de voir des composantes tardives se mélanger avec les
composantes précoces du potentiel suivant. Enfin, dans la procédure classique
d’enregistrement des PE, aucun compte n’est tenu de l’état de synchronisation
ou de désynchronisation de l’activité électroencéphalographique, c’est-à-dire
de l’état d’éveil ou d’attention. C’est ce qui fait l’intérêt du rétromoyennage
qui permet de classer les états d’activation dans lesquels surviennent les PE.
Signal évoqué
temps
S1 S2 Sn
Stimulus Points 1 2 3 4 5 … p 63 64
S1 Tension i1,1 i2,1 i3,1 i4,1 i5,1 Ip,1 i63,1 i64,1
S2 i1,2 i2, 2 i3, 2 i4, 2 i5, 2 Ip, 2 i63,2 i64,2
Potentiels sensoriels
peuvent être explorées par les potentiels évoqués. L’essentiel des indications
cliniques est présenté dans le tableau 7.I.
A IV V
III
I II
homolatéral
IV
II III
controlatéral
N 75
P100 N 145
droit
médian
gauche
N2
N3
P1
P2
B N1
Négativité de discordance
La négativité de discordance (ou mismatch negativity) est enregistrée à la suite
d’une stimulation dans laquelle un stimulus rare et déviant est présenté parmi
des stimuli fréquents, en l’absence de toute attention portée au stimulus par le
sujet. Cet examen est particulièrement utile dans l’étude de l’état du cortex
dans les comas (valeur pronostique). L’onde N100 surgit avant la prise de
conscience du stimulus, alors que l’onde N200 apparaît peu après. La
mismatch negativity est un potentiel apparaissant vers 130-150 ms pendant
l’analyse inconsciente par le cerveau d’une différence de quelques ms de la
durée d’un stimulus.
Potentiels P300
Ils sont obtenus en réponse à un stimulus déviant de survenue aléatoire (quelle
que soit la modalité sensorielle), au sein d’une série de stimuli (paradigme odd
Potentiels évoqués en clinique 173
Aire S1 contralatérale
N20 (aire 3)
Électrode pariétale
controlatérale
Aire S1 contralatérale
N18 (aire 3)
Électrode pariétale
ipsilatérale
N11 PA dans cordons postérieurs
Potentiel dans
le plexus brachial
(point d’Erb)
Électrode au point
d’Erb
Début volée
afférente
ball). Ils impliquent le plus souvent une attention consciente à cette variation
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
MMN :
Détection inconsciente
du stimulus déviant
A
Différence
entre
fréquents et rares
fréquents
rares
MMN N2:
N 100 : (dérivations centrales) :
Identification physique stimulus inattendu
du stimulus
N 100 :
Identification physique
du stimulus N 200 : stimulus inattendu
standard
B
B
déviant
Incidences physiologiques
Si les potentiels évoqués nous permettent d’explorer plus finement les patients
présentant des pathologies neurologiques, ils nous renseignent également sur
la structure temporelle et l’amplitude des phénomènes neurophysiologiques
impliqués dans la vie quotidienne. Ainsi :
– une transmission synaptique dure 1 ms : les PEATC, en quelque 6 ms, nous
donnent une idée de la rapidité avec laquelle, par exemple, des réflexes de
Rétromoyennage et cartographie de PE 175
amplitude, très diffuses et qui font intervenir les réseaux corticaux massive-
ment distribués, ce que ne font pas les potentiels dans les aires somesthésiques
primaires (PES).
RÉTROMOYENNAGE ET CARTOGRAPHIE DE PE
L’origine commune de l’enregistrement de l’activité EEG et des potentiels
évoqués est soulignée dans les possibilités de la méthode de rétromoyennage.
Des potentiels évoqués sont obtenus au cours d’un enregistrement EEG
conventionnel avec, au moins, le système 10/20. Comme dans l’enregistre-
ment standard des potentiels évoqués, le système de synchronisation génère
l’émission d’une impulsion (un marqueur) qui est contemporain de la déli-
vrance du stimulus. Ce qui diffère d’avec les potentiels évoqués « classiques »
sont les éléments suivants :
– l’enregistrement du potentiel évoqué ne se fait pas pendant un temps donné
mais c’est toute l’activité EEG qui est enregistrée, activité au sein de laquelle
176 Potentiels évoqués
sont « noyés » les potentiels évoqués dont l’intensité est en général trop faible
pour se différencier de cette activité EEG;
– le potentiel évoqué est enregistré simultanément sur toutes les électrodes
actives pour l’enregistrement de l’EEG;
– le moyennage (et donc le remplissage de la matrice à n lignes correspondant
aux n stimulations) ne se fait pas pendant l’enregistrement mais à la fin de
l’acquisition de l’EEG; à ce moment-là, le programme informatique reconnaît les
marqueurs qui sont suivis du potentiel évoqué, après un délai convenu; il les
intègre dans la matrice de calcul (un potentiel pour chaque ligne) jusqu’au
remplissage de toutes les lignes de la matrice qui sont ensuite additionnées pour
obtenir le potentiel évoqué, identique à celui obtenu de manière conventionnelle;
– comme il est possible de récupérer le signal généré par la stimulation sur
chacune des dérivations utilisées pour l’EEG, on peut réaliser ainsi une carto-
graphie du potentiel évoqué, en fonction du temps. On doit noter que l’on peut
également obtenir une cartographie de potentiel évoqué sur un système conven-
tionnel si on utilise un grand nombre de dérivations. Cependant, ce qu’ajoute la
technique de rétromoyennage est la possibilité de trier rétrospectivement les
potentiels évoqués, par exemple en fonction du type d’activité EEG (par
exemple synchronisée/désynchronisée) dans laquelle ils apparaissent.
Bien que l’importance des potentiels évoqués en clinique soit particulièrement
grande, il n’est pas de notre propos de développer dans cet ouvrage les techni-
ques d’obtention et la sémiologie de ces examens paracliniques. Des ouvrages
ou articles en français, particulièrement utiles et complets, sont disponibles
notamment ceux de J.-M. Guérit (1998) et les articles de F. Mauguière et
C. Fischer dans l’Encyclopédie médico-chirurgicale.
Ouvrages de référence
Les neurophysiologistes ont la chance de posséder un ouvrage remarquable
par la richesse de sa bibliographie et le niveau des informations apportées. Il
s’agit de :
NIEDERMEYER E. et LOPES DA SILVA F. (éd.), Electroencephalography : Basic
Principles, Clinical Applications and Related Fields, Lippincott William and
Wilkins, 5e éd., 2005.
Il peut être complété par :
NUNEZ P. L., Neocortical Dynamics and Human EEG Rythms, Oxford Univer-
sity Press, New York, 1995, qui concerne plus précisément la biophysique de
l’EEG.
Pour la neuroanatomie fonctionnelle, les livres édités par l’ANPP (Servier
International) sont particulièrement intéressants, et pour cet ouvrage nous
nous sommes inspirés de :
CESARO P., KERAVEL Y., OLLAT H., PESCHANSKI M. et SINDOU M., Neuroa-
natomie fonctionnelle, vol. 2 : Le Cerveau et la moelle épinière, 1999.
On trouve en français des ouvrages ou des articles assez récents allant de
l’atlas au manuel et souvent très pédagogiques :
CRESPEL A., GELISSE P. Atlas d’électroencéphalographie. John Libbey Euro-
text, Paris, t. I, 2005, t. II, 2006.
FISCHER C. La pratique de l’EEG dans le diagnostic de mort cérébrale en
France. Conférence de consensus. Neurophysiol Clin 1997; 27 : 373-382.
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
GASTAUT H., GASTAUT J.L. Les activités EEG spontanées. EMC, 1980,
Neurologie, 17031 A20.
GUÉRIT J.M. Les Potentiels évoqués. Masson, Paris, 3e éd., 1998.
GUÉRIT J.M. L’Évaluation neurophysiologique des comas, de la mort encépha-
lique et des états végétatifs. Solal, Paris, 2001.
HAUSSER-HAUW C. Manuel d’EEG de l’adulte. Veille et sommeil. Masson,
Paris, 2007.
LAMBLIN M.D., D’ALEST A.M., ANDRÉ M, CHALLAMEL M.J., CURZI-
DASCALOVA L., DE GIOVANI E., MOUSSALLI-SALEFRANQUE F., NAVELET Y.,
PLOUIN P., RADVANYI-BOUVET M.F., SAMSON-DOLLFUS D., VECCHIERINI-
BLINEAU EEG in premature and full-term infants : developmental features and
glossary. Neurophysiol Clin 1999; 29 : 123-219.
MAUGUIÈRE F., FISCHER C. Potentiels évoqués en neurologie : réponses
normales. EMC, 2007, Neurologie, 17-031-B-10.
MAUGUIÈRE F., FISCHER C., ANDRÉ-OBADIA N. Potentiels évoqués en
neurologie : réponses pathologiques et indication. EMC, 2007, Neurologie,
17-031-B-11.
180 Bibliographie
vol. 6, p. 51-65.
REY M., GUILLEMANT P. Apport des mathématiques non linéaires (théorie du
chaos) à l’analyse de l’EEG. Neurophysiol Clin 1997; 27 : 406-428.
ROTH T., ROEHRS T. Sleep organization and regulation. Neurology 2000; 54
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182 Bibliographie
40 TRACÉS D’EEG
Cette iconographie n’a pas pour but de présenter toutes les situations des
tracés EEG. D’autres ouvrages le font de manière excellente.
Cette iconographie est un contrepoint du texte. Elle veut montrer en 40 plan-
ches l’essentiel de ce qu’il faut comprendre en EEG.
Sur chaque planche, le lecteur trouvera les informations suivantes :
– le montage utilisé qui varie selon les tracés et qui lui permettra de localiser
les événements qui surviennent au cours de l’enregistrement;
– les événements majeurs du tracé qu’il faut remarquer et qui constituent la
raison d’être de la planche;
– les artefacts, en italiques;
– une cartouche en bas du tracé qui correspond à un élément essentiel à ne pas
oublier, en relation directe ou indirecte avec le tracé;
– des indications, dans la légende, qui renvoient à d’autres tracés pour compa-
raison et aux différents paragraphes développant l’aspect théorique.
Les tracés 1 à 15 sont des tracés normaux.
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
184 Iconographie
Hypoactivité
Tracé discontinu :
périodes d’hypoactivité alternant
avec les bouffées delta ou thêta
Thêta
Grandes activités
antérieures (delta) pointues Delta lisse, diffus
asynchrone Pas de réactivité
Pneumogramme (physiologiques)
Prématurité extrême (24-27 SA). Discontinuité et asynchronie. Activité de base : delta postérieur (lent)
alternant avec du thêta. Pas de différenciation veille / sommeil.
Delta
Delta brushes
Grande Prématurité (28-31 SA). Discontinuité, asynchronie. Activité de base : delta diffus avec du thêta en
bouffées plus abondant. « Delta brushes ». Différenciation veille / sommeil. Réactivité apparaît à SA 31.
Encoche frontale
Thêta Delta
Encoches frontales Synchronie
(train de 3 ) Tracé continu
Prématurité (32-36 SA). Continuité, début de synchronie. Activité de base : thêta et delta (moins lent).
Différenciation entre veille calme et agitée et entre sommeil calme et agité. Présence d’encoches frontales.
Terme : Continuité et synchronie. Activité de base : thêta. Activité moyenne de veille (activités mêlées).
Raréfaction des delta brushes. Dysrythmie lente antérieure en sommeil agité et veille. Deux stades de SC et
deux stades de SA.
Hypersynchronie hypnagogique
Fuseau
Fuseaux
Fuseaux
Chez l’enfant, après 5 mois, l’endormissement se caractérise par l’hypersynchronie hypnagogique (à ne pas
confondre avec une hypsarythmie). Puis les fuseaux et pointes vertex apparaissent.
MOC
MOC
Les OLP sous-tendent l’activité alpha mais ne la remplacent pas (elles ne sont pas individualisées comme les
ondes lentes delta pathologiques). Elles réagissent parfaitement à l’ouverture des yeux.
Ondes lentes, angulaires diffuses de grande amplitude. Ce n’est pas une crise !
L’hypersynchronie physiologique de l’HPN chez l’enfant (les ondes lentes sont non cohérentes et de grande
amplitude) ne doit pas être confondue avec le ralentissement pathologique de l’activité lors de l’HPN chez
l’adulte.
Mouvements oculaires
Rythme alpha (MOC) : artéfacts positifs plutôt antérieurs
postérieur
L’analyse de la topographie des activités alpha est un élément essentiel. Si les activités alpha diffusent dans
les régions antérieures, cela suggère un terrain vasculaire ou une atteinte de la substance blanche.
MOC
EMG (froncement de sourcil)
MOC
EMG
MOC
L’arceau (ou rythme mu) est bloqué par une activité motrice, mais pas par l’ouverture des yeux. Noter la
morphologie des artéfacts d’EMG : aspect en « aigrette », plutôt qu’en « paquets ».
MOC + EMG
L’entraînement aux éclairs lents est souvent évocateur d'un terrain vasculaire (AVC). On le voit aussi dans le
Creutzfeld -Jakob (et parfois dans certaines démences). Dans les AVC, l’entraînement aux éclairs lents est
fréquemment asymétrique (présent du côté lésé).
Tracé n° 10. Entraînement à la SLI pour les fréquences lentes chez un adulte.
Montage longitudinal. Comparer avec les tracés n° 11, 12, 33 (photopa-
roxysme). Partie théorique : voir p. 56, 57, 85, 86.
40 tracés d’EEG 189
EDG EDG
Electrodermogramme (EDG) : fluctuations lentes de la ligne de base
EMG
ECG
En EEG, ne pas hésiter à prendre sa règle et un crayon pour analyser la concordance temporelle des
évènements du tracé.
Tracé n° 11. Potentiels géants à la SLI. Montage longitudinal. Comparer avec les
tracés n° 10, 34 (pointes), et n° 23 (ECG sur le tracé). Partie théorique : voir
p. 4, 57, 86, 170, 172 - potentiels visuels, onde P100.
MOC
EMG
MOC
D
G EMG
Dans le phénomène photomyoclonique, les réponses musculaires sont directement liées aux éclairs ; il existe
parfois des myoclonies palpébrales. La réponse photo-paroxystique, en général plus complexe et diffuse,
continue après la SLI.
10 V/mm 3 V/mm
EMG alpha
Apparition d’activités thêta
La fragmentation de l’alpha signale une somnolence (stade 1 du sommeil). Il n’y a en général pas de fuseaux.
Le sujet est facilement éveillable au moindre bruit.
La somnolence est caractérisée par la présence de bouffées thêta. Les bouffées d’activités delta de quelques
secondes, diffuses, généralisées, bloquées par le bruit et les stimulations, correspondent à un sommeil lent
léger.
Ne pas confondre imprégnation et surcharge benzodiazépinique. Dans cette dernière, les rythmes rapides
sont moins généralisés (plutôt antérieurs) et moins amples (aspect de « paquets »).
Dans ces encéphalopathies, les ondes triphasiques prennent parfois un aspect biphasique ou de pointes lentes.
Elles diminuent ou s’arrêtent lors des stimulations. L’ouverture de yeux ne donne pas d’alpha (différent des
ondes lentes du sommeil comme dans le tracé n° 14).
alpha
Théta + PLEDS
Dans ce type d’AVC avec PLEDS, les PLEDS sont peu amples, entrecoupées d’épisodes d’'hypoactivité
différentes des bouffées suppressives (qui correspondent plutôt à une sidération). Noter l’asymétrie des
fréquences inter-hémisphériques.
Tracé n° 17. Accident vasculaire ischémique Gauche avec PLEDS chez un homme
de 69 ans. Montage standard zéro. Comparer avec les tracés n° 18, 19
(AVC), 20, 21 et 26 (PLEDS). Partie théorique : voir p. 95, 104, 119.
delta
AVC avec souffrance à composante paroxystique : pointes lentes sans périodicité. Les variations de la
vigilance sont moins marquées sur l’hémisphère atteint.
Tracé n° 18. AVC ischémique droit, chez un homme de 65 ans. Montage stan-
dard zéro. Comparer avec les tracés n° 17, 19 (AVC), 13 (somnolence) et 38
(pointes). Partie théorique : voir p. 104, 119.
40 tracés d’EEG 193
On note l’asymétrie. Il s’agit plutôt d’un AVC à la phase sub-aiguë, moins grave. Les anomalies occupent
les dérivations correspondant aux régions sylviennes (Fp1/C3, F3/C3, Fp1/F7, F7/T3).
Tracé n° 19. AVC Gauche sans PLEDS, chez un homme de 75 ans. Comparer avec
les tracés n° 17, 18 (AVC), 16 et 31 (ondes lentes). Partie théorique : voir
p. 91, 103-105.
Hypoactivité
Les pointes des PLEDS sont rythmiques, à décours lent, pseudo-périodiques, irrégulières. Les périodes
d’hypoactivité sont d’autant plus longues que la lésion est ancienne. Ce ne sont pas des décharges
suppressives.
Tracé n° 20. Bi PLEDS, après anoxie due à une fausse route (anoxie cérébrale
sévère) chez un homme de 65 ans. Montage standard zéro. Comparer avec
les tracés n° 17 (PLEDS) et 21 (hypoactivité). Partie théorique : voir p. 104,
119.
194 Iconographie
Tracé typique d’anoxie cérébrale. Les ondes triphasiques n’ont pas l’aspect régulier des encéphalopathies
hépatiques. Si les signes de sommeil (fuseaux) sont absents en absence de lyse, le pronostic est mauvais.
Tracé n° 21. PLEDS avec des bouffées suppressives après un traumatisme crânien
chez un adolescent. Coma profond. Comparer avec le tracé n° 20 (BiPLEDS).
Partie théorique : voir p. 95, 97, 119, 127, 155.
A ne pas confondre avec un rythma alpha (toujours chez un patient éveillé avec une réactivité). L’alpha dans
un coma ne veut pas dire que le patient se réveille. Les sorties de comas commencent par des activités delta
puis thêta qui précèdent l’apparition de rythmes alpha.
Tracé n° 22. Tracé d’alpha coma (tracé gracieusement fourni par le docteur
C. Fischer). Montage standard zéro. Comparer avec le tracé n° 8 (alpha
normal). Partie théorique : voir p. 127.
40 tracés d’EEG 195
ECG
Secteur (50Hz)
ECG
Tracé plat : se méfier des artéfacts; ne pas les prendre pour de l’activité cérébrale même minime. Vérifier
qu’il n’y a pas de lyse. Ne pas confondre la réactivité somatique (mouvements) avec la réactivité
EEG (apparition de rythmes cérébraux).
Tracé n° 23. Tracé plat. Montage grandes distances. Partie théorique : voir p. 97,
127, 129, 154.
Dans les processus neurodégénératifs, les tracés montrent un ralentissement global, sans organisation
topographique, avec parfois des activités lentes angulaires diffuses, asymétriques.
EMG
EMG
Ondes lentes thêta, voire delta, angulaires. Tracé désorganisé.
Ralentissement du rythme de base, perte de la structure topographique des activités, absence de réactivité,
ondes lentes angulaires : tracé de souffrance diffuse.
Tracé n° 25. Encéphalopathie VIH chez une femme de 45 ans. Montage longitu-
dinal. Comparer avec les tracés n° 16 (encéphalopathie hépatique) et 17
(AVC). Partie théorique : voir p. 107, 149.
Absence de clonies.
EMG
L’apparition de complexes irréguliers fronto-temporaux avec un rythme de base encore présent entre les
complexes et le contexte fébrile n’évoquent pas un processus expansif malgré la localisation antérieure et
latéralisée.
Complexes très stéréotypés signant un atteinte grave. L’activité EEG est fondamentalement variable et
instable. Plus elle devient régulière et stéréotypée, plus l’atteinte est grave.
Tracé n° 28. LESS chez une jeune fille de 18 ans. Elle est décédée au bout de 2
années d’évolution (tracé gracieusement fourni par le docteur C. Fischer).
Comparer avec les tracés n° 26, 27 (herpès), 21 (PLEDS) et 39 (état de mal).
Partie théorique : voir p. 107, 142.
198 Iconographie
Forme évoluée
Très différent de l’encéphalopathie herpétique. Dans la MCJ, l’entraînement des complexes périodiques à la
SLI à 0,5 - 1 Hz est évocateur. Les complexes ont souvent une forme triphasique comme dans les
encéphalopathies métaboliques.
groupées en « paquets »
Les activités rapides de la surcharge aux benzodiazépines donnent l’impression de petits paquets très peu
amples. Les activités rapides de l’EMG sont plus amples, plus raides, avec un décours plus rapide
(« aigrettes »).
MOC
Le blocage partiel des activités delta montre la présence d’une composante fonctionnelle (œdème).
MOC
G
Les activités dites fonctionnelles (ondes lentes, pointes…) sont bloquées par l’ouverture des yeux. Si elles ne
sont pas bloquées, ces activités sont lésionnelles. Si elles sont diminuées, il existe un mélange de composantes
lésionnelles et fonctionnelles.
Quand les pointes sont en opposition de phase entre deux dérivations, ceci traduit la localisation de la lésion
sous l’électrode commune.
MOC
EMG
Dans le photo-paroxysme, les activités sont des pointes-ondes ou des polypointes-ondes, sans limitation de
durée. Le plus souvent le paroxysme dure après l’arrêt de la SLI.
EMG
Pointes très fines, à ne pas confondre avec des pointes vertex (fuseaux + ondes lentes)
EMG sur toute la dérivation. Pointes rolandiques
Ne pas oublier que l’activité alpha apparaît vers 4 ans et est organisée vers 6 ans. À 3 ans un tracé dont le
rythme de fond appartient à la bande thêta n’est pas pathologique.
Pointes-ondes résiduelles
Décharge de 3 secondes à 3 Hz
Dans l’épilepsie Petit Mal, l’aspect typique est une décharge généralisée de pointes-ondes de quelques
secondes, régulière, à 3 Hz, qui, selon la durée, entraîne une rupture de contact ou l’arrêt de l’acte en cours
avec reprise de l’activité et du contact dès la fin de la décharge.
Tracé n° 35. Épilepsie de type absence Petit Mal typique chez un garçon de
16 ans. Comparer avec le tracé n° 37 (décharges de polypointes). Partie
théorique : voir p. 116, 118, 120.
EMG
Les dérivations dans lesquelles les pointes sont le plus amples et en opposition de phase correspondent à la
localisation du foyer, ce qui n’exclut pas une diffusion controlatérale.
Tracé n° 36. Pointes temporales dans une épilepsie temporale chez une fillette
de 7 ans. Montage longitudinal. Comparer avec le tracé n° 37 (pointes
généralisées) : Partie théorique : voir p. 116, 120.
202 Iconographie
Artéfact
Artéfact
EMG
Dérive de ligne de base
D
Foyer à droite Souffrance dans le foyer
G
Toute activité paroxystique soutenue entraîne une souffrance plus ou moins diffuse caractérisée par des
activités lentes thêta, surtout delta, plus ou moins angulaires. A ne pas confondre avec la décharge
suppressive qui est une sidération.
Un état de mal (dit « non convulsivant ») est à rechercher chez tout sujet âgé qui présente un syndrome
confusionnel important et d’apparition brutale. Le traitement antiépileptique fait disparaître le syndrome
confusionnel.
Tracé n° 39. État de mal infraclinique (uniquement révélé par une confusion)
chez un homme de 75 ans. Montage standard zéro. Comparer avec les
tracés : n° 37 (décharge courte) et 21 (PLEDS). Partie théorique : voir p. 120,
122, 151.
10 V/mm 50 V/mm
© ELSEVIER MASSON SAS. La photocopie non autorisée est un délit.
Spasme
Aucune cohérence du tracé
(EMG)
L’hypsarythmie est formée de complexes lents de très grande amplitude, suivis d’un ou plusieurs spasmes
qui entraînent une dépression de l’électrogénèse. Régresse sous Vigabatrin (Sabril®) ± cortisone
Tracé n° 40. Hypsarythmie, avec deux amplifications chez une enfant de 6 mois.
Comparer avec les tracés n° 28 (PESS) et 5 (hypersynchronie hypnagogique).
Partie théorique : voir p. 120, 143.
1 INDEX
F K
Formation réticulaire, 40-44, 58, 59, 64 K-complexe, 27, 78, 126
Forward problem (problème direct), 20, 21 Krebs (cycle de), 98-101
Index 207
L O
Lamination corticale, 30, 31, 35 Œdème cérébral, 91, 100, 102, 104, 105,
Landau-Kleffner (syndrome de), 141 122, 129
Lennox-Gastaut (syndrome de), 95, 119, Ohtahara (syndrome d’), 141
121, 141 Ondes
Leucoaraiose, 106, 146 – lambda, 83
Leucomalacie périventriculaire, 138 – lentes
Localisation de sources, 5, voir – – au cours du sommeil, 51
«Analyse» et – – corticales, 48
«Magnétoencéphalographie» – – pathologiques, 88-92, 102, 114, 119,
Locked-in (syndrome de), 128, 129 132, 133
Locus coeruleus, 58, 60, 62, 106, 121 – – postérieures (OLP), 78-80, 83, 132
Lupus érythémateux disséminé (LED), – pi, voir «Ondes lentes postérieures»
108
P
Lyse médicamenteuse, 96
P300, voir «Potentiels évoqués
M cognitifs»
Magnétoencéphalographie (MEG), 20-23, Panencéphalite sclérosante subaiguë
53 (PESS ou LESS), 96, 142, 149, 197
Malformation artérioveineuse, 88 Paralysie supra-nucléaire progressive
Maturation cérébrale, 65, 66, 69, 71, 73, (PSP), 162
75-77, 80, 137-139 Parasomnie, 159
Parkinson (maladie de), 106, 162
Migraine, 165
Paroxysme (ou anomalie paroxystique),
MMN (mismatch negativity), voir
21-23, 40, 82, 89, 92-95, 104, 108-119,
«Négativité de discordance»
133, 140-142, voir «Épilepsie»
Montage EEG, 11-13
Périodiques (activités), 95, 96, 119, 133
Mort cérébrale, 11, 25, 129, 130, 157
– dans l’anoxie, 104, 192, 193
Moyennage, 167, 168
– dans les comas, 127, 156
Mutisme akinétique, 129
– dans les encéphalites, 149, 196-198
Myélinisation, 67
– dans les traumatismes crâniens, 194
N Perte de connaissance, 143-147
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
Phénylcétonurie, 86
Narcan® (test au), 128 Photomyoclonique (réponse), 86, 134
Narcolepsie, 158 Photoparoxystique (réponse), 86, 134
Négativité de discordance, 172, 174 Pick (maladie de), 162
Neurones Pickwick (syndrome de), 30
– cellules pyramidales, 31-33, 35, 39, 40 Pointes vertex, 27, 29, 78, 82
– corticaux, 34 Polygraphie (sommeil), 19, 23, 29, 157,
– relais, 34 160
– relais thalamocorticaux (TCR), 45-47, Potentiels évoqués, 3, 4, 7, 9, 21, 23,
51, 56, 62 103, 104, 128, 130, 156, 167-170
– réticulaire (RE), 45-47, 50, 51 – auditifs, 170, 171
Neuropeptides, 122 – cognitifs, 4, 7, 9, 22, 156, 164, 171-174
Non linéarité, voir «Attracteur» et – liés à l’événement, 4
«Chaos» – moteurs (PM), 173
208 Index