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3 "Le contrôle de gestion pour tous" "Le retraitement des dépréciations"


David Doriol, expert-comptable et commissaire aux comptes.
-Bonjour à tous.
Second point de retraitement des charges fiscales en charges économiques,
on va parler maintenant des dépréciations.
Oui, les dotations aux dépréciations, globalement, fonctionnent un peu
comme les amortissements.
Ce sont des dépenses qui sont calculées, mais là qui sont un héritage
toujours de l'actif, d'ailleurs, ça peut être un héritage des immo, mais ça
permet de constater dans les actifs les pertes normalement accidentelles de
valeur.
La question qui se pose, c'est : est-ce qu'on doit facturer ces pertes
accidentelles de valeur, et globalement, est-ce qu'on doit les incorporer
aux coûts ?
Intuitivement, le contrôleur de gestion ne le fait pas, mais puisqu'on a
quelques minutes, on peut quand même en parler.
Les dépréciations constatent des pertes de valeur qui peuvent être liées à
un client en difficulté, eh oui.
Quand vous avez un client, une créance client, ça veut dire que vous lui
avez accordé un délai de paiement, il a 30, 60 jours pour payer.
Si régulièrement, vous avez des dépréciations à passer qui se traduisent
réellement par des impayés plus tard, la grande question, c'est, quand vous
dépréciez 10 % des créances, est-ce que c'est régulier, est-ce que c'est
exceptionnel ?
est-ce que vous devez tabler sur un chiffre d'affaires de 100 % ou est-ce
que vous devez considérer que vous en perdez un pourcentage ?
Si, sur 100 % de chiffre d'affaires, vous avez toujours 2 % de créance
client que vous perdez mécaniquement, est-ce que vous ne devez pas, au
fond, ne tabler que sur 98 % ?
Soit vous laissez 100 % du chiffre d'affaires, soit vous enlevez 2 %, une
décote, soit vous incorporez les 2 % comme un coût supplémentaire qui
vienne, globalement, montrer que ce chiffre d'affaires perdu, j'ai presque
envie de dire, est-ce que vous le reportez sur les clients qui paient ?
Alors, attention, vous allez me dire : "C'est pas juste."
On s'en fiche, que ce ne soit pas juste, est-ce qu'on le fait ou pas ?
Je rebondis sur un deuxième point, eh oui.
Au niveau des stocks, vous ne pouvez pas imaginer, mais la relation achat
de marchandises par rapport à ce qui est facturé, il y a toujours un écart
entre les deux, qui peut être lié à des pertes naturelles, qui peut être
lié à du coulage, ce qu'on appelle vulgairement du vol.
D'accord ?
Vous ne pouvez pas imaginer, dans la grande distribution, le décalage entre
stock théorique et stock réel.
Il est parfois assez colossal.
Les gars travaillent dans les entrepôts la nuit.
Pour avoir visité des plateformes logistiques, combien de fois vous tombez
sur des cartons de friandises éventrés parce que les personnes qui bossent
dedans ne sont pas super bien payées, donc elles se payent un peu sur ce
qu'elles peuvent manger la nuit.
Enfin, elles ne se gênent pas.
Je ne les blâme pas.
La question qui se pose, c'est ce pourcentage de stock que vous perdez,
est-ce que vous considérez qu'il va rogner votre marge ou votre bénéfice ou
est-ce que vous considérez que c'est un coût naturel lié à la manière dont
vous travaillez ?
Le coulage ou la perte naturelle des marchandises, des salades qui se
périment, etc.
Est-ce que vous vivez avec ?
Est-ce que vous considérez que c'est un accident ?
Si vous voulez vivre avec, il est possible de décider d'incorporer le coût
de ce coulage ou de ces stocks non écoulés dans le coût des produits qui se
vendent, de la marchandise.
Sous-entendu, le client final paie le coulage.
Là aussi, vous allez me dire : "Non, c'est pas juste."
Oui, mais est-ce que ce n'est pas ce qui se fait ?
Si c'est ce qui se fait, ça veut dire que le système de contrôle de gestion
a incorporé les coûts dans le coût de revient du produit fini.
J'ai deux autres points.
On peut tout à fait déprécier une machine qui a eu une perte de valeur un
peu imprévue.
Il y a eu un incendie, une inondation, un orage.
Donc, tout dépend si c'est très récurrent, si c'est quelque chose qu'on
peut qualifier presque d'exploitation, ou si c'est quelque chose de
totalement exceptionnel.
Si c'est totalement exceptionnel, bien entendu, on ne va pas mettre...
Une inondation qui arrive tous les 5 ans ne va pas devenir la normalité à
facturer dans les coûts.
Ça, je ne le mettrai pas.
Les actifs financiers, eux aussi, peuvent perdre de la valeur.
Après, est-ce que c'est de la spéculation qu'on fait régulièrement ?
Est-ce que c'est devenu une activité courante dans l'entreprise ?
Est-ce que perdre en bourse, ça arrive, c'est fréquent ?
Mécaniquement, on dirait que non.
Maintenant, je vous ai mis tous les points pour que vous vous forgiez votre
propre opinion.
On peut tout à fait avoir des stratégies financières nécessaires dans une
entreprise, racheter un client, un fournisseur, faire de l'intégration
verticale, de l'intégration horizontale, je rachète un concurrent.
La question qui va se poser, c'est tous les accidents de la vie, est-ce que
vous considérez qu'ils méritent d'être dans les coûts de revient de vos
produits ?
Je vous laisse libre avec cette pensée, mais j'ai essayé globalement
d'orienter un peu les débats.
Merci.

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