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6 "Le contrôle de gestion pour tous" "Le retraitement des éléments


supplétifs" David Doriol, expert-comptable et commissaire aux comptes.

-Bonjour à tous.
Dernière séquence de cette deuxième semaine sur le retraitement des charges
fiscales pour les amener aux charges économiquement acceptables par la
comptabilité analytique, On va parler là des éléments...
C'est un peu différent, la logique, là.
Ce sont des charges qui n'existent pas dans le compte de résultats qu'on va
créer et qu'on appelle des éléments supplétifs.
Certaines charges n'apparaissent pas en comptabilité pour des raisons
fiscales, des raisons juridiques, mais que la recherche des coûts rend
impérative.
Oui, il y a des dépenses qui n'ont pas le droit de siéger dans le compte de
résultats, mais qui pourtant sont des dépenses économiquement justifiées
par rapport aux gérants ou certaines situations qui le méritent.
On rebondit au niveau des rémunérations.
Il y a des salaires qui n'ont pas le droit d'être enregistrés pour
certaines catégories de personnel.
Les dirigeants n'ont pas le droit d'être rémunérés selon leur statut.
C'est vrai que, par exemple, dans les SARL, si vous êtes gérant
majoritaire, vous n'avez pas le droit de vous donner à proprement parler un
salaire.
Vous êtes TNS, travailleur non salarié, ou alors il faut faire des montages
qui ont eu lieu dans le passé, où on mettait un prête-nom, la fille, on la
mettait en majoritaire, donc le gérant était minoritaire, il avait donc le
droit d'avoir un salaire.
Mais globalement, se posaient des problèmes de succession, etc., quand la
fille ne voulait pas...
Étant majoritaire, c'est elle qui possédait la boîte.
Ça donnait lieu à des véritables soucis lors des héritages.
On a donc inventé un nouveau statut, le statut de la SAS, qui normalement
permet un peu plus de se payer.
Mais même dans le cas de la SAS, il y a des dirigeants qui ne peuvent pas,
lorsqu'ils créent leur entreprise, se payer tout de suite parce que la SAS,
on se fait des vraies fiches de paye.
Donc, ils se distribuent ou pas, comment dirais-je, une fiche de paye
souvent annuelle.
Ils calculent par rapport au bénéfice qu'il y a et ils font un arbitrage
entre coût du dividende, fiscalité du dividende ou fiscalité du salaire.
On sait, par exemple, que pendant pas mal d'années, dans des SAS, des
sociétés par actions simplifiées, le dirigeant ne peut pas se distribuer de
salaire.
Mais concrètement, il faut qu'il pense déjà à incorporer son salaire dans
les coûts ou le salaire qu'il aimerait sortir, c'est-à-dire qu'il faut
qu'il fixe le prix de son coût de revient et donc son prix de vente en
incorporant un salaire "fictif" au début, calculé dans les coûts, pour être
certain qu'il va le générer en fin de sortie.
Comprenez bien, si dans votre compte de résultats, vous allez avoir les
dépenses objectives, si vous oubliez de rajouter un salaire ici, vous
risquez de l'oublier dans les coûts, vous risquez donc de ne pas le
facturer dans les prix de vente, et évidemment, vous ne l'aurez pas dans le
bénéfice.
C'est-à-dire que le bénéfice n'incorporera pas ledit salaire.
Or, si vous voulez qu'on le sorte...
D'ailleurs, dans tous les business plans, les prévisionnels que l'on fait
pour des start-up, des sociétés qui sont en création, on n'oublie pas
d'incorporer combien vous voulez avoir par mois.
Sinon, vous n'allez pas le mettre dans le coût, vous n'allez pas le
facturer et vous ne le sortirez pas.
Vous risquez d'avoir travaillé pour la gloire.
Mieux encore, qu'est-ce qui peut se passer ?
Eh bien, vous savez que, quand il y a une entreprise qui se crée, dans le
bilan, il faut mettre le capital.
Et qui le met ?
Le fondateur le met.
S'il le met dans le capital de l'entreprise, il ne l'a plus en banque.
Par conséquent, il ne peut plus profiter des placements qu'il aurait pu
faire avec cet argent puisque c'est l'entreprise qui l'a.
Eh bien, on peut tout à fait ajouter...
On peut tout à fait ajouter un intérêt, une rémunération, de ces fonds
propres, c'est-à-dire de l'argent que le dirigeant a mis dans le capital.
Concrètement, le capital, on lui calcule un intérêt, un manque à gagner, un
coût d'opportunité, qu'il a perdu puisqu'il a mis son argent dans le
capital de l'entreprise plutôt que de le laisser en tant que rentier en
banque.
Cet intérêt, s'il avait fait un emprunt bancaire, il l'aurait bien payé.
Mais comme ce sont ses propres sous, on peut tout à fait incorporer dans
les coûts un intérêt fictif lié au capital qu'il a apporté.
Mieux encore, si jamais l'entreprise génère du bénéfice, elle fait du
bénef, l'entreprise, dans son compte de résultats, quand on fait produit
moins charges, on a du bénéfice.
Ce bénéfice, soit il part en dividendes, soit il part en réserves.
S'il part en réserves, il vient alimenter le capital, et donc, il peut
rentrer dans le calcul des intérêts dont je parlais tout à l'heure.
S'il part en dividendes...
S'il part en dividendes, normalement, il sort de l'entreprise, donc n'en
parlons plus, l'entreprise a rémunéré un peu l'actionnaire, OK.
Mais il y a plein d'actionnaires qui laissent les dividendes dans
l'entreprise.
Ils ne les prélèvent pas, ils les laissent dans des comptes courants,
c'est-à-dire que c'est bien pour eux, compte courant, c'est nominatif, un
compte courant, il n'y a pas de problème, mais l'argent ne sort pas de la
boîte, elle peut continuer d'exploiter la trésorerie.
L'actionnaire ne sort pas l'argent liquide.
Dans ces cas-là, on peut aussi calculer un intérêt sur les comptes courants
comme si on avait fait un prêt, un emprunt auprès d'une banque.
Autrement dit, la totalité de ce que l'actionnaire, les gérants, laissent
en capital dans les réserves, dans les comptes courants, peut créer un pôle
d'intérêts qui mérite d'être incorporé dans les charges incorporables, dans
les charges économiques qui doivent être facturées aux clients.
J'en termine avec un point.
Eh oui, il y a un gros problème.
Quand on a réussi à mener une politique lean, qu'on a fait faire des
progrès à notre entreprise en termes de qualité, de rapidité, d'agilité, de
réduction de temps, d'innovation, parce qu'on est plus malin que les
autres, on est meilleur, on offre plus de valeur à notre client, la
question, c'est si cette valeur ne se traduirait pas en coût, c'est-à-dire
en hausse du prix.
Soit on le met dans la marge, on dit qu'on vend plus cher, mais pour être
sûr de le facturer, est-ce qu'on ne traduirait pas tous ces plans de
progrès, tous ces gains qu'on a fait faire à notre produit ?
Il y a ceux qui livrent en 3 semaines, nous, on livre en une journée.
Est-ce que ce n'est pas un gain de productivité qui peut se traduire en un
coût ou a minima en marge, et donc en prix de vente ?
C'est une réflexion que vous devez mener pour savoir si vous chiffrez ces
gains de productivité.
Bien sûr, attention, loin de moi l'idée de vous forcer à le faire, loin de
moi l'idée de vous forcer à faire quoi que ce soit sur toute la semaine
qu'on vient de voir.
Je veux juste que vous soyez conscients de ce qu'on peut faire en
retraitement de charges.
Parce que ça y est, maintenant, la semaine est terminée, nous avons notre
volume de charges économiques.
Nous allons maintenant jouer avec ce volume pour savoir comment on va
l'affecter dans les coûts des produits et services.
Merci.

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