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INTRODUCTION

Monsieur Prothais disait 1 : « Si on ne peut consommer l'impossible, à


l'évidence, on peut le tenter ». Il vient ici faire référence à la question de l’infraction
impossible qui a donné lieu à de nombreuses controverses doctrinales et à une riche
analyse prétorienne.
Dans le cadre de notre travail de fin d’étude, nous nous focalisons sur la
répression de la tentative du meurtre d’un cadavre en droit comparé Français, et Suisse; mais
aussi et surtout sur l’opportunité de la répression de celle-ci en droit pénal Congolais.

Une étude qui exige pour mieux l’aborder, de situer la position du problème
et sa question de départ (I), d’indiquer son hypothèse (II), de formuler son intérêt (III),
d'énoncer les différentes méthodes et techniques (IV), d’énoncer son champ d’étude (V),
et d’élaborer un plan sommaire (VI).

I. POSITION DU PROBLEME ET QUESTION DE DEPART


Nous avons constaté que la qualification des infractions impossibles
notamment celle de la tentative de meurtre d’un cadavre constitue souvent un dilemme devant
le juge pénal en ce sens que lorsque celle-ci est commise, quoique les actes perpétrés par
l’auteur pour atteindre son dessein démontrent son caractère socialement dangereux;
toutefois le juge a le tri, soit de les laisser impunis en vertu du principe de légalité des délits
et des peines prévu par la Constitution congolaise en son article 17, disposant que : « Nul ne
peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu'en vertu de la loi et dans les formes qu'elle
prescrit. »2, également prévu à l’article 1 du code pénal congolais, libellé comme suit : « Nulle
infraction ne peut être punie des peines qui n'étaient pas portées par la loi avant que
l'infraction fut commise.»3ainsi que son corollaire, le principe de l’interprétation stricte, qui
permet d'éviter que , le juge n'ajoute à la loi en créant une incrimination nouvelle ou en
condamnant à une peine qui n'était pas prévue pour un comportement donné; c’est ainsi
qu’interpréter un texte c'est en dégager le sens véritable pour en déterminer le champ
d'application.4

En effet, la notion de l’infraction impossible bien qu’elle a déjà été mise en


avant au début du dix-neuvième siècle par le théoricien allemand, Feurbach, cette notion
n’était pas envisagée auparavant par le droit romain ou l’ancien droit5.
1 A. Prothais, Tentative et attentat, Paris, 1985, n°144, page 103
2 Article 17 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011, in journal officiel de la RDC.
3 Article 1 du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que modifié et complété en ce jour par la loi
n°06/018 du 20 juillet 2006, n° spéciale, 47ième édition, 2006, page 6
4 B. Bernard, Droit pénal général, Précis Dalloz, 21e édition, 2009, p. 31
5 J.Pradel, Droit pénal général, édition Dalloz, 2012, page 332
L’infraction impossible est une notion incluse dans la tentative punissable qui,
elle, n’est pas définie par la loi, et c’est la jurisprudence qui a ouvrée en ce sens en se basant
sur l’article 4 du code pénal congolais6, il existerait ainsi deux types de tentative punissable :
D’une part celle qui a été suspendue par des circonstances indépendantes de la
volonté de l’auteur ; en fait, il faut qu’il y ait le désistement involontaire pour en parler; et
d’autre part, celle dite infructueuse où l’auteur va jusqu’au bout avec son action mais
n’obtient gain de cause.

En principe l’infraction impossible est punissable lorsqu’elle est relative, dans


l’optique de l’article 4 du code pénal congolais, selon laquelle il y a eu en premier lieu, un
commencement d’execution qui doit avoir pour conséquence directe et immédiate, de
consommer le crime; et en second lieu, il faut en outre pour que l’infraction impossible soit
tentative punissable, qu’elle ait manqué son effet en raison soit, du manque d’objet
notamment lorsque la cause de la non-consommation est plutôt accidentelle, fonction du
hasard, tel que l’absence d’ojet est surmontable7; le cas par exemple du fait pour une personne
de tirer des coups de feu dans une pièce dont la victime s’est momentanément déplacée.

En opposition à l’infraction impossible relative, celle dite absolue est


envisageable, soit lorsque les moyens utilisés sont totalement insusceptibles de provoquer le
résultat recherché8; par exemple, le fait de tenter de faire avorter une femme non enceinte;
Soit encore, lorsque l’absence de l’objet visé est insurmontable 9<< d’après les lois mêmes de
la nature>> nonobstant le fait qu’il y a eu un commencement d’exécution qui tend
directement à la consommation de l’infraction comme dans l’impossibilité relative, celle-ci
n’est punissable en droit pénal congolais; tel dans le cas sous espèce, le fait de tenter de tuer
un cadavre.

Cependant, il est à constater que, le fait tel que perpétré par l’auteur d’une
infraction impossible relative ou même d’une infraction impossible absolue, l’auteur
démontre une volonté dangereuse de franchir le Rubicon du crime en ce que son intention
manifestée par des actes extérieurs prouve à suffisance sa culpabilité ou sa nature dangereuse;
c’est ainsi que sous d’autres cieux, à l’instar de la France, le fait de tenter de tuer un cadavre
peut constituer une infraction en droit pénal Français, car en se basant sur l’évolution de la
jurisprudence Française sur la matière de l’infraction impossible qui s’est faite en trois
étapes10 : La première celle de l’impunité du délit impossible au 17ième siècle ; la deuxième
celle de la distinction entre l’impossibilité absolue et l’impossibilité relative d’Ortolan 11 ; et la
dernière celle de l’arrêt de principe de 1928 qui s’est engagé dans la voie de la répression
généralisée, mais également grâce à une succession d’arrêts sur la tentative de meurtre sur un

6 Article 4 du code pénale


7 A. Sita Muila, Manuel de droit pénal congolais, page 201
8 J. Walther, Droit Pénal générale, cours, L2, droit, université de Lyon, 2016-2017, page 122
9 A. Sita Muila, Idem
10 J.Pradel, op.cit, page 333
11 J.Ortolan, Éléments de droit pénal :pénalité, juridiction, procédure,, paris, page 351 et suivante, cité par J.Pradel
cadavre dont le dernier, intitulé « Arrêt Perdereau »12 énonce le principe que lors d’une
infraction impossible, il y a bien commencement d’exécution cependant, l’infraction n’est
pas consommée; Car, toujours dans l’acte commis sur un cadavre il n’y a pas meurtre. Or ce
qui empêche le meurtre, ce n'est pas un désistement volontaire de l’auteur mais une
circonstance indépendante de sa volonté; de ce fait, nous estimons que tous les éléments
sont donc réunis pour procéder à la répression de la tentative.

Outre le droit pénal français, il y a le droit pénal suisse qui aborde la


question relative à la répression de l’infraction impossible dans son code pénal version
200013 ; en droit pénal congolais par contre il est constaté l’impunité du meurtre commis
sur un cadavre.

Puisqu’il en est ainsi il serait préférable, pour répondre d'une manière plus
accomplie aux astreintes scientifiques, de nous poser la question de savoir s’il est opportun
pour le droit pénal congolais de réprimer un tel acte eu égard à son caractère socialement
dangereux.

II. HYPOTHESE DE LA RECHERCHE


Comme le disait Matthieu Telemono : « L’hypothèse est une réponse
provisoire que l'on donne aux questions posées à la problématique… »14

Le droit pénal a toujours et déjà été le droit de la réaction sociale en ce que


lorsqu’un acte qui peut s’avérer être dangereux pour la société a été commis, le droit
pénal se fait obligation d’intervenir pour rétablir l’équilibre brisé.
Cependant, remarquons que dans le cas de tentative de meurtre sur un cadavre
le trouble social est inexistant ou, certainement moins grave que dans l’hypothèse de
l’infraction consommée; pourtant lorsque la loi incrimine une tentative, elle se place du point
de vue subjectif, en ce qu’elle ne punit pas parce qu’il y a eu un préjudice social matériel mais
parce que l’auteur par ses actes a fait montre de sa nature dangereuse.
Puisqu’il en est ainsi, nous pensons que le droit pénal congolais peut
intervenir pour deux raisons prépondérantes:
Premièrement, le droit pénal congolais devrait sanctionner la tentative de meutre
sur un cadavre pour la prévention, mais aussi surtout pour la protection d’une valeur
essentielle de la société, la vie, car si l’auteur du meurtre d’un cadavre ne peut être
sanctionné étant donné le défaut d’éléments légal et matériel indispensable à la
répression, il se pourrait que la prochaine fois une autre de ses victimes soit vivante.
Secondement, en raison de l’extériorisation de l’état dangereux de l’auteur.
Pour ce faire nous estimons que le droit pénal congolais peut prendre comme modèle le

12 Crim., 16 janvier 1986, avec note contraire de .Mayer, et Gaeounaud, et note conforme de Jean Pradel, cité dans la
chronique semestrielle, décembre 1986-92 ;
13 Code pénal Suisse version 2000
14 M. Telemono, Initiation à la recherche scientifique, cours, université de Kinshasa, Droit, deuxième graduat, 2018-2019,
page 11, Inédit
droit comparé notamment le droit pénal français dans sa solution prétorienne, mais aussi
et surtout le droit pénal suisse dans sa solution légale.
III. INTÉRÊTS DU SUJET

Autant qu’il est de coutume que toute recherche scientifique doit comporter un
double intérêt, c’est ainsi que celui-ci comporte :d’une part un intérêt théorique ; et d’autre
part un intérêt pratique

l Intérêt théorique : Est celui ayant un lieu par rapport à la science 15 ; elle permet non
seulement à nous, chercheur, mais également à ceux qui lirons, de s’instruire sur la
matière faisant l’objet d’étude
l Intérêt pratique : Il établit un rapport avec la société 16; elle nous permet de proposer
une étude rigoureuse autour d’un plan désormais classique impliquant ainsi la défense
de la société.
MÉTHODOLOGIE ET TECHNIQUE (S)
A. Méthodes

Elle est une démarche intellectuelle et rationnelle en vue d’aboutir à un


17
résultat , c’est justement un moyen et non une fin car comme le dit un auteur : « Le propre
de la méthode, est d’aider le chercheur à saisir au sens le plus large, non les résultats de la
tâche ou recherche scientifique, mais le processus lui-même de la recherche, elle réside au
niveau de la conception »

Puisqu’il en est ainsi, nous avons jugé bon, étant chercheur, de


sélectionner, et d'expliciter pour le bon déroulement de ce travail, les méthodes y
appliquées.
Nous utilisons, la méthode d’interprétation téléologique et la méthode comparative.
Ø Méthode d’interprétation exégétique

Elle consiste à l’interprétation des textes des lois auxquelles nous ferons
recours pour mieux procéder à l’élaboration de notre travail; in casus specie, le code pénal
congolais en son article 4, l’article 2 du code pénal français de 1810 et le code pénal suisse
version 2000.

Ø Méthode comparative
Elle est celle qui permet de comparer plusieurs systèmes juridiques
différents pour améliorer son propre système juridique à partir de l’expérience des
autres18.
Cette comparaison se fait de deux façons facultatives : Verticale, et

15 M. Telemono, op.cit., page 12


16 M. Telomono,oc.cit.
17 M. Telemono, op.cit., page 12
18 M. Telomono. Ibidem
horizontale où par exemple on peut comparer les droits de deux pays.
Quant à la comparaison verticale, il s'agit plutôt de comparer un ancien avec un nouveau
droit, elle repose sur les temps.
Pour ce qui est de notre cas, nous nous sommes focalisés sur la méthode
comparative dans son approche horizontale où nous faisons certainement une étude
comparative entre les droits pénaux congolais, français, et suisse sur la tentative de
meurtre sur un cadavre humain, pourquoi pas une confrontation, car comme l'a dit un
auteur « C'est de la confrontation des idées que jaillisse impétueusement la lumière ».
B. Technique
Elle est la manipulation, la pratique ; si la méthode réside au niveau de la
conception, la technique, elle, repose sur la pratique. 19
Elle aide le chercheur que nous sommes, a collecté des données
indispensables pour notre apprentissage; pour cet effet, nous optons pour une seule et
unique technique, la technique documentaire.
- Technique documentaire
Elle consiste à palper les documents pour les consulter. Elle met en relation
le chercheur avec les documents, supposés avoir en son sein des renseignements
nécessaires et recherchés 20; pour dire peu, elle nous aide à nous ancrer dans l’esprit de
notre recherche.

V. DELIMITATION DU TRAVAIL
On ne délimite pas le sujet, mais l’étude car le sujet est déjà délimité de par
21
son intitulé ; il s’agit en effet de délimiter le champ d’étude ou de recherche. Pour ce
faire, trois critères sont mis en exergue :
· Délimitation temporelle: Cette recherche est comprise entre le début du 19 ième
siècle puisque c’est en ce temps-là qu’a été mise en avant la notion de
l’infraction impossible par le théoricien Allemand, Feuerbach 22 ; jusqu’au siècle
présent;
· Délimitation spatiale: Ce travail étant une comparaison, une confrontation des
systèmes juridiques de deux pays ; elle couvre ainsi l’étendu de la République
Française, et celle de République Suissesse.
· Délimitation matérielle: Il est effectivement question, dans cette étude, de
donner, par le droit comparé, la position du droit pénal français et suisse par
rapport à l’infraction impossible de tentative de meurtre sur un cadavre, et par ce
point-ci de proposer une opportunité de répression pour le droit pénal congolais.
VI. PLAN SOMMAIRE
19 M. Telomono, oc.cit.
20 M. Telemono op.cit. page 12
21 M. Telomono, oc.cit.
22 R. Merle et A. Vitu, Traité Droit Criminel, Éditions Cujas, Paris, 1967
Hormis son introduction et sa conclusion, le présent travail comporte, deux chapitres, dont le
premier porte sur l’étude comparative des droits pénaux français et suisse sur la répression de
la tentative de meurtre sur un cadavre (Chapitre I); et le second sur l’opportunité de
répression de la tentative de meurtre sur cadavre pour le droit pénal congolais (Chapitre II)

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