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de Soft Power (puissance douce), s’oppose au Hard Power (puissance militaire) dans la mesure où il
qualifie une influence indirecte d’un Etat sur un autre. Il s’agit de persuader, de séduire les acteurs
internationaux sans aucun recours à la force ou à la menace mais plutôt par l’utilisation d’une image
positive, d’une attractivité et d’un rayonnement à travers le monde. En ce sens, si les Etats-Unis n’ont
pas toujours hésité à employer les armes, il n’en demeure pas moins vrai, qu’ils ont aussi
instrumentalisé leur image de sauveur de la démocratie, qu’ils ont acquise dès leur intervention en
Europe en 1918, et plus encore par la suite, avec la création d’un nouvel ordre mondial fondé sur leurs
idées libérales, parfois soumis à de vives oppositions.
Il convient donc de se demander dans quelle mesure le soft power est un instrument de la
puissance des Etats-Unis et en quoi il constitue un objet de contestation de l’impérialisme
américain.
En effet, durant l’entre-deux guerres, le soft power américain émerge conjointement à la puissance
économique, politique et militaire des Etats-Unis . De 1945 à 1991, il devient même devient l’arme
privilégiée de la guerre froide. Enfin, de la fin de la guerre froide à nos jours, le soft-power américain
décline même si les Etats-Unis restent la nation la plus influente au monde.
III) De la fin de la guerre froide à nos jours, le soft-power américain décline même
si les Etats-Unis restent la nation la plus influente au monde (1991-2013) :
1). Une puissance technologique toujours dominante :
a). Les Etats-Unis, acteurs de la révolution informatique :
- On estime à 40 % du total des investissements des entreprises américaines ceux consacrés à
l'informatique et aux télécommunications, contre 15 % il y a dix ans. D’autre part, les États-Unis
possèdent 50 % des ordinateurs du monde tandis que 50% des travailleurs ont recours à
l'informatique.
- De grandes firmes telles que Microsoft et Apple dominent le marché mondial. Elles réalisent
respectivement 21,5 et 37,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires tandis que Google brasse 15
milliards de dollars par an. Ainsi, l’homme le plus riche du monde, un américain l’est devenu grâce
à l’informatique. Il s’agit de Bill Gates.
b). Les Etats-Unis sont toujours au cœur de l’innovation :
- Les Etats-Unis attirent de nombreux chercheurs étrangers grâce à des rémunérations élevées -
c’est le « Brain Drain » -, ce qui explique leur réussite. Jusqu’en 2000, 70% des Prix Nobels sont
américains. De 1981 à 2005, les États-Unis ont obtenu 77 prix Nobel de chimie, de physique et de
médecine contre 28 pour l'Union européenne. En 2005, 150 000 brevets sont déposés aux États-
Unis et en Europe l'ont été par des entreprises américaines, contre 68 000 pour des entreprises
européennes.
- Ainsi, le tiers de la croissance américaine est désormais attribué au high-tech. 9 millions de
personnes en vivent.
2). Une puissance culturelle toujours influente :
a). L’industrie cinématographique américaine reste dominante :
- De très lourds moyens sont mobilisés (près de 2,5 milliards de dollars sont investis chaque année,
ne serait-ce que pour la publicité). Le cinéma américain reste un succès avec 5000 films produits
chaque année et 15 milliards de dollars de chiffres d’affaires en produits dérivés.
- Les films américains sont, encore aujourd’hui, le reflet des revendications de la puissance
américaine comme le montre, par exemple, le film Captain Phillips, inspiré d’une histoire vraie,
qui fait la démonstration des moyens militaires mis en œuvre par les Etats-Unis pour secourir un
navigateur fait prisonnier par des pirates Somaliens.
b). La « malbouffe », une nouvelle forme d’invasion de « l’American Way of life » : Mc.
Donald’s, la première chaîne de restauration rapide dirige plus de 25 000 restaurants aux États-Unis
et dans le reste du monde et réalise 27 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Tous les pays sont
concernés, y compris l'ex-URSS et la Chine.
3). Existe-t-il des soft power concurrents ?
a). L’industrie du cinéma est désormais concurrencée par les indiens : Bollywood, capitale indienne
du cinéma à Bombay, est désormais l’homologue indien d’Hollywood. Désormais, l’Inde est le
plus gros producteur au monde en nombre de films. D’autre part, 85% de la production est tournée
vers l’exportation principalement en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique de Nord. Les films
indiens connaissent aujourd’hui un succès retentissant au Pakistan.
b). La conquête spatiale est désormais le nouveau terrain de jeu des chinois :
- La part des investissements américains budget public mondial pour l’espace diminue : elle était
de 80,7% en 2006 contre 67,5% en 2010.
- De surcroît, les Etats-Unis ayant annoncé leur volonté de retourner sur la Lune en 2004 ont
abandonné ce projet en 2010, faute de financements. En revanche, le 27 Novembre 2005, c’est la
Chine qui a déclaré vouloir envoyer un équipage sur la Lune vers 2020.
- La Chine a déjà à son actif la réussite de trois missions habitées dans l’espace depuis 2003, la
dernière étant l’envoi de la fusée Shenzhou VII.
Conclusion : Dans quelle mesure le soft power est-il un instrument de la puissance des Etats-Unis ?
En quoi constitue-t-il un objet de contestation de l’impérialisme américain ? On peut dire,
effectivement, qu’en tant que première puissance économique, politique et militaire mondiale, les
Etats-Unis ont toujours eu le souci de se constituer une image positive à travers le monde dans le but
d’assumer pleinement leur rôle international en exportant leur modèle politique, leur mode de vie et
leur idéologie. Le soft power américain a aussi été une réponse efficace au défi lancé par les
soviétiques durant la guerre froide : l’impossibilité d’utiliser le hard power, sans détruire le monde
dans un contexte militaire terrifiant où les deux grands possédaient l’arme nucléaire (« l’équilibre de la
terreur »). Il a donc été un objet de contestations pour les soviétiques d’une part, et pour les puissances
émergentes aujourd’hui d’autre part. Néanmoins, face au déclin du soft-power américain, on peut se
demander si un autre leader s’imposera au monde sur le plan politico-culturel ou s’il faudra s’attendre,
de même que pour l’économie, à un partage multipolaire des influences.