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HISTOIRE DES

MÉDIAS
BUT 1
2022-2023
Frédéric Gai
Calendrier (prévisionnel)

■ Le cours d’histoire des médias est un ■ Le calendrier sera le suivant :


TD de 10 heures, réparties de la – Séance 1 : Semaine 37 (12/09)
manière suivante :
– Séance 2 : Semaine 38 (19/02)
– 4 séances de 1h30 ;
– Séance 3 : Semaine 40 (03/10)
– 1 séances de 2h ;
– Séance 4 : Semaine 41 (10/10)
– Un examen de 2h.
– Séance 5 : Semaine 42 (17/10)
– 2h
– Examen : Semaine 46 (14/11).
Contrôle des connaissances

■ Le contrôle des connaissances se fait au travers d’un travail unique, sur table, de
2h.
■ Il sera constitué d’une ou plusieurs questions de réflexions, sollicitant les savoirs
acquis durant le cours.
COURS 1
INTRODUCTION À L’ÉTUDE
DES MÉDIAS
i.
Qu’est-ce
qu’un média ?
Définitions et réalités historiques
Une définition globale

Le Grand Robert de la langue française indique :


« Ensemble des procédés de transmission massive de l’information »

Intermédiaire Faits
Techniques Globalisation Opinions
Médiation
Une approche éclectique et mouvante

■ Les médias se partagent, en des proportions variables, des tâches ou des activités
différentes :
– l’information,
– la publicité,
– le divertissement,
– l’éducation,
– la création.
■ Ils peuvent muter en des pratiques artistiques : un film de cinéma, un documentaire
journalistique, une affiche, une série télévisée…
Moyen(s) et usage(s)

■ Un média est d’abord et avant tout ■ Il peut aussi se définir par son
un moyen – un outil, une technique, usage, lequel désigne à la fois un
un intermédiaire – qui permet aux rôle déterminé qui a fini par
personnes de s’exprimer, avant prévaloir et la meilleure façon de
même des problématique d’objet ou remplir ce rôle.
de forme.

Dans ce cas, le média porte, voire supporte Dans ce cas, la forme oriente le fond. Son usage
quelque chose. Il assure le transit d’un appelle des constructions génériques. Il
message, dans une forme adaptée. s’approche des produits réalisés.
Des médias

■ Médias autonomes : Livres, journaux, CD, DVD, Blu-Ray…


■ Médias de diffusion : Radio, télévision, cinéma, plateformes en ligne…
■ Médias de communication : téléphone, ordinateur, Internet…

Techniques de médiation constituant au niveau social des organisations


diversifiées, et au niveau économique des industries culturelles.
ii.
Des domaines
médiatiques
Techniques et usages spécifiques
La presse

■ La presse est le plus ancien des médias « moderne » (c-a-d de masse).


■ Ce n’est sans doute pas un hasard si le même mot désigne l’outil, cette machine à
imprimer inventée par Gutenberg et l’usage que les hommes en ont fait, l’utilité
qu’ils lui ont trouvée, au fil des siècles.
■ Entre 1830 et 1870, la presse invente l’information d’actualité, en même temps
qu’elle assigne leur mission aux journalistes : dire « ce qui se passe », ce qui vient
de se passer, ce qui va se passer. De la double révolution, industrielle et libérale,
elle est, depuis cette date, à la fois l’acteur, le témoin et le chantre.
■ D’actualité, elle a connu des évolutions permanentes, en proposant une approche
parfois plus divertissante et thématique (le magazine), mais aussi en proposant des
modèles numériques innovants.
Le livre

■ Le livre est le média par excellence. Ancien, ayant suivi les évolutions techniques depuis
l’Antiquité, pérenne et finalement proche des modalités développées depuis l’ère
chrétienne, il mêle une visée informative et divertissante, un capacité mémorielle et
imaginative, voire sacrée sans commune mesure.
■ Son évolution « moderne » suit celle de la presse. Grâce aux évolutions techniques, il
s’industrialise dans le courant du XIXe siècle, avant de connaître un âge d’or, contesté
par l’arrivée d’autres médias.
■ Le secteur économique, l’édition comme industrie culturelle, a connu lui aussi
énormément de mutations durant les XXe et XXIe siècles, notamment des grandes
époques de concentrations.
■ Il est parfois difficile de considérer le livre comme un média, ce qui le rend aussi
intéressant d’un point de vue intellectuel. On a en effet tort de distinguer le livre comme
support et la littérature comme pratique artistique.
Le cinéma

■ À ses débuts, à l’époque des frères Lumière, le cinéma est une technique. D’abord à
visée documentaire, l’Europe a rapidement fait du média de l’image une industrie, avant
que les États-Unis ne construisent, à Hollywood, les usines du plus grand divertissement
de masse du XXe siècle.
■ Loin de le condamner à disparaître, la télévision, la première, sauve le cinéma,
notamment en le forçant à l’innovation et en lui ouvrant une nouvelle audience. Elle
participe toujours davantage à son financement, en l’assurant de surcroît de ses
promotions et de ses œuvres dérivées.
■ Plus récents, les sites de streaming, ainsi que la technologie de la réalité virtuelle ou
simplement augmentée, ouvrent d’ores et déjà de nouvelles perspectives.
■ Le cinéma et ses avatars constituent, aujourd’hui encore, l’archétype du divertissement
de masse.
La radio

■ Si la radio ne peut se prévaloir d’aucune invention – ni pour l’information ni pour le


divertissement –, elle n’en a pas moins changé les règles du jeu en ces domaines.
■ Son évolution et son poids dans la société sont directement liés à des
problématiques politiques : propagande, radios « libres », « sauvages », « pirates »,
lien avec la sphère publique (Radio France)…
■ Son évolution trace l’histoire de concurrences (télévision, Internet) et de
dynamiques retrouvées. Elle participe de la démocratisation et de la promotion de la
culture musicale, mais aussi un canal d’information essentiel.
■ Profondément liée à la mobilité (l’écoute est possible dans les transports), elle
participe activement d’un dynamisme propre au numérique et à l’essor de
« l’audio », notamment au travers d’un de ses avatars : le podcast.
La télévision

■ Aucun média n’aura autant marqué le XXe siècle que la télévision. Ni la presse, à laquelle elle emprunte ses
professionnels pour ses premiers journaux télévisés. Ni le cinéma ni la radio sur les brisées desquels elle marcha sans
vergogne pour remplir ses écrans et conquérir ses audiences.
■ Entre 1950 et 2000, son aventure est mêlée aux progrès de la technique et aux combats pour la liberté d’expression.
Elle est devenue « fenêtre sur le monde », grâce aux câbles et aux satellites.
■ Marquée par une construction en programmation, elle créé des rendez-vous collectifs autour de productions populaires :
films, séries, jeux.
■ Comme la radio, mais avec une acuité parfois plus grande, elle a généré des questions de société, politique et
psychologique, qui sont encore aujourd’hui en vigueur : place des écrans dans les existences, notamment chez les
jeunes publics, abrutissement, confusion entre information et divertissement, poids de la publicité dans la
programmation, rapport avec la sphère politique.
■ Contestée par l’essor d’Internet, elle a modifiée son approche, en s’’adaptant à un modèle à la demande, tout en
maintenant les axes qui la constitue (information et divertissement). Elle reste un canal d’expression privilégiée,
populaire et collective.
■ La dimension artistique de la télévision a toujours été contestée. Figurant pendant longtemps comme une promesse
culturelle n’apportant aucune satisfaction, elle a participé activement d’un grand phénomène de société aujourd'hui
reconnu comme art à part entière : la série.
Internet

■ Ce qui singularise ce moyen de communication, c’est tout à la fois le mélange qu’il opère entre des formes
différentes d’expression, de représentation ou de communication et cette possibilité qu’il offre de « naviguer » à
sa guise de l’une à l’autre, de « surfer », comme on le veut et quand on le veut, selon le mode du « pointer et
cliquer » : on entre avec Internet, le développement des réseaux sociaux et des plateformes de streaming, dans
l’ère des médias « à la demande ». On ne vise plus des masses, mais des publics spécifiques, et capables
d’interactivité.
■ Plus qu’un média, Internet est la figure de proue du basculement dans l’ère numérique. Le média se fait alors
réseau, dans sa dimension organique. Il n’est plus linéaire, mais rhizomatique. Plus qu’un média unique, il
apparaît comme un agrégateur de techniques et usages : Internet est le lieu d’une convergence (nous pourrons
même parler de transmédia), notamment celle de trois mondes : les médias (image, son, écrit), les
télécommunications et l’informatique. Il est accentué par le rôle d’un autre média, lui aussi très puissant : le
smartphone.
■ Internet et son développement depuis les années 2000 redéfinissent les équilibres médiatiques, notamment au
travers des puissances économiques.
■ Au travers de la digitalisation des pratiques, Internet a un impact social et politique primordial, notamment par
la vitesse de transmission de l’information, la globalisation des pratiques et la création de communautés.
Depuis la fin des années 2000, Internet a muté en un super-média contributif, où l’internautes n’est pas
uniquement le consommateurs de l’information, mais aussi son créateur, voire son régulateur (Wikipédia).
Le jeu vidéo

■ Le jeu vidéo est un média polémique et mal connu malgré sa diffusion massive.
Pourtant, il peut potentiellement devenir, à l’instar de son grand frère le cinéma,
non seulement un sujet et un objet de réflexion, mais aussi un outil efficace et
porteur, pour des animations d’éducation permanente.
■ Au cœur d’une industrie et d’une culture à part entière, le jeu vidéo s’est imposé
comme le premier grand média cybernétique, où la relation entre l’homme et la
machine est posée de manière prégnante, par souci d’interaction.
■ A l’exemple de plusieurs grands titres, comme Fortnite ou League Of Legends, le
jeu, scénarisé et interactif (mélange de littérature, de cinéma et de jeu de société),
s’est aussi imposé comme un média social, installant et formalisant des
communautés formulant des discours, parfois à visée politique.
Des objectifs
divers

Les finalités des médiatiques et leur


évolution
L’information

■ L’information moderne est née le jour où des nouvelles ont été offertes sur un marché, au XIXe siècle, grâce aux rotatives
et à la consécration des libertés. En somme, la possibilité technique et la construction médiatique – issue de
configurations démocratiques et libérales – créent l’information et la demande qui lui est attachée : l’actualité se forme,
comme attente de la société, de plus en plus avide d’informations.
■ C’est cette même information, avec ses enjeux, ses disciplines et aussi ses limites, qui a trouvé de nouveaux eldorados
avec la radio, la télévision et Internet. Chacun à sa façon, ces nouveaux territoires constituent pour elle à la fois une
chance et un défi.
■ Avec l’essor des médias numériques, l’information redécouvre depuis quelques décennies ses enjeux, ses exigences et
ses limites. Ses contenus ont beaucoup changé quand la télévision est devenue un véritable mass media, puis avec
l’accélération des réseaux multimédias. Pour autant des enjeux restent très prégnants : l’objectivité, l’honnêteté et la
viabilité des faits relatés.
■ Il n’y a pas de liberté sans liberté des médias ; il n’y a pas de liberté pour l’information là où les entreprises sont
soumises à autorisation, là où elles sont différentes des autres. L’information est née le jour où les nouvelles ont été
offertes, librement, sur un marché. Mais la liberté d’expression est, depuis longtemps, encadrée.
■ Les journalistes ne sont pas seuls responsables de la qualité de l’information offerte à tous ; ils ne sont pas seuls à
devoir inlassablement triompher des connivences et des conformismes. Devenue un marché en même temps qu’une
industrie, l’information est aussi placée sous la vigilance de ses destinataires, ce qui est d’autant plus vrai aujourd’hui.
Le divertissement

■ Avant même d’être « parlant et chantant », le cinéma avait inventé en 1927 le premier divertissement de masse,
accessible à un public infiniment plus étendu que celui des théâtres de « variétés » de la fin du XIXe siècle. Même le
roman, devenu plus populaire par son interaction avec la presse, était encore dépendant des chiffres de
l’alphabétisation du pays. Mais seule la télévision pouvait magnifier le show business. Après 1950, devenue le média de
tous, elle donne naissance aux industries de l’entertainment. En installant ses caméras dans les stades et dans les
salles de concert, elle réinvente en même temps le football et la musique de variété. Là réside la magie de la télévision :
apporter au domicile de chacun des spectacles de différentes natures.
■ L’entertainment n’est lié à aucun média en particulier. Il noue des relations avec chacun d’entre eux, même si la
télévision, qui favorisa grandement son essor, est devenue son partenaire privilégié, relayée par les plateformes (Netflix,
Amazon Prime…) et certains médias sociaux (TikTok).
■ L’entertainment possède enfin cette particularité d’imposer son style, ses manières de faire comme ses manières de
penser, à des activités dont on croyait qu’elles lui étaient étrangères : l’information, l’éducation, la publicité. D’où les
néologismes, nés de la contraction de deux mots : infotainment (information et entertainment), edutainment,
advertorial (advertising et editorial) ou encore infomercial (information et commercial).
■ Les industries du divertissement sont inséparables d’une société où le travail n’est plus aussi pénible ni aussi
envahissant qu’auparavant, où les hommes sont plus nombreux à occuper leur temps libre à autre chose qu’à reprendre
des forces pour le lendemain. l’objectif est atteint lorsque le mélange entre la réalité et la fiction parvient à atteindre,
parmi des publics divers, une satisfaction maximale : une confession rassurante, une identification salvatrice, une
évasion réparatrice ou la compensation de frustrations quotidiennes.
La communication

■ Avec les médias, la communication est devenue utilitaire. Désormais, « communiquer » n’est plus
seulement échanger ou dialoguer, mais aussi influencer autrui, pour vendre quelque chose, pour
lui inculquer une idée, ou bien pour lui donner, d’un homme public ou d’une institution, une image
qui incline à la bienveillance ou à la considération. En somme, la communication moderne est fille
de la religion et de la politique.
■ Entre 1930 et 1980, tout au long de cet âge d’or pour les « mass media » – presse, cinéma, radio
et télévision –, la publicité participe à tous les combats, pour la société industrielle comme pour
l’économie de marché. Elle veut être un métier en même temps que vocation : à la fois fondée sur
un vrai savoir et entièrement dévouée au service de tous. Les déboires de la publicité « directe »
(trop injonctive, trop liée à la consommation massive) ont ouvert la voie, à la suite d’études sur les
motivations d’achat, à une publicité plus raffinée, plus suggestive, que l’on peut qualifier
d’« indirecte ».
■ La société de communication; accélérée par la publicité, appuie sa dimension, en même temps
qu’elle promeut la démocratie, le libéralisme et la consommation. La communication est devenue,
vers la fin du XXe siècle, le signe distinctif de la société moderne. Elle a pris, à ce titre, la place
de l’industrie. Selon la formule de l’Ecole de Palo Alto, « on ne peut pas ne pas communiquer ».
L’éducation

■ Le média est le support idéal d’une médiation, qui peut prendre différentes applications.
■ Les régimes autoritaires ou totalitaires, sans exception, se servent des médias pour « édifier » le peuple, pour le
« rééduquer », pour inculquer aux gens leur propagande. Là où règnent les libertés, les médias sont émancipés, et
l’éducation retrouve le sens originel que les Grecs lui ont donné : apprentissage des langages de la pensée, l’initiation
aux savoirs et à certains savoir-faire, la formation à la citoyenneté. Depuis Gutenberg, le livre est l’auxiliaire privilégié du
maître et de l’élève : on en vient rapidement à éditer des manuels.
■ Dès ses premiers succès, dans les années 1950, la télévision change brutalement la donne. Pour la première fois, un
média défie les institutions traditionnellement vouées à l’éducation. L’école, la famille et les églises, partagées entre
l’inquiétude et la fascination, trouvent de bonnes raisons pour s’interroger sur son influence, sur le rôle qui leur incombe
face à elle, sur la mission éducative qu’il conviendrait enfin d’assigner au dernier-né des « mass media ». Aujourd’hui, ce
sont les écrans (TV, ordinateur, téléphone) qui questionnent, aussi bien sur le volume d’occupation que sur les fonctions
assignées.
■ Après 1990, le multimédia va plus loin que la télévision sur le terrain de l’éducation, en même temps qu’il tire les leçons
de ses échecs ou de ses désillusions. Qu’il soit accessible grâce à un support ou par la connexion à un réseau, le
multimédia est utilisable très aisément par n’importe quel « apprenant », quel que soit son âge. L’un de ses atouts est de
rendre possible l’individualisation du parcours de l’apprentissage.
■ Le multimédia, dans sa dimension numérique, propose un essor incomparable d’accès à des documents. Il est toutefois
important de s’initier à la culture documentaire et médiatique, pour organiser et discriminer les contenus.
Les médias
en question

Les médias, miroir de notre société


Le procès permanent

■ Depuis l’invention de l’imprimerie, les médias n’ont guère cessé de promouvoir de


nouvelles formes d’expression, qui sont autant de moyens, pour l’homme, de créer des
œuvres nouvelles. Outil et langage, média et expression sont indissociables dans la
structure sociale de l’Humanité.
■ Dès qu’un nouveau média s’impose, la même question se pose : sommes-nous
confrontés à un pharmakon ? (Platon, Phèdre) L’arrivée d’un nouveau média représente
toujours un défi, non seulement pour ceux qu’il vient concurrencer, mais également pour
l’ordre que ces médias finissent par imposer. La reprise des mêmes arguments qui
plaidaient, jadis, en faveur de l’oral contre l’écrit désigne l’irrésistible orgueil des
hommes.
■ À l’instar de nos outils ou de nos machines, les médias ne sont ni neutres ni tyranniques
et/ou salvateurs qu’on le pense. La technique n’impose rien ; elle propose et l’homme
dispose, ou compose. La destinée des médias dépendra de l’usage que les hommes. Ce
n’est pas Gutenberg qui a fait la Réforme, mais l’inverse.
L’information ou l’ère du soupçon

■ Erreurs de sources, fake news, rôle néfaste des paparazzis, confrontation des faits
avec les médias sociaux… A l’ère de l’accélération des médias et de leur rôle,
l’information est toujours soumise en doute.
■ Inversement, nos sociétés contemporaines considèrent que la liberté d’expression,
dont l’incarnation est le journaliste, est consubstantielle de nos démocraties.
■ En somme, la formalisation de l’information est soumise à des déontologies
professionnelles, elles-mêmes jugées par les lecteurs : les usagers.
Les médias et le pouvoir

■ En 1990, un journaliste français, François-Henri de Virieu, dans le livre La Médiacratie, plaide en faveur d’un
régime qu’en bon démocrate il devrait condamner : celui dont le pouvoir, son organisation et son
fonctionnement, est sous l’empire exclusif des grands organes d’information, et notamment de la
télévision. Médiacratie, quatrième pouvoir, journalistes « chiens de garde » : à l’encontre des médias
d’information, le procès est permanent.
■ Les médias agissent sur ce qu’Élisabeth Noëlle-Neumann appelle le « climat d’opinion ».
■ Sur plusieurs registres, les médias influent sur l’opinion, à son insu ou contre son gré. Ils choisissent l’ordre du
jour – agenda en anglais – lorsqu’ils hiérarchisent les événements de l’actualité, mettant l’accent sur certains
et jetant les autres dans l’ombre, au gré d’une subjectivité souvent implicite. Ils opèrent ensuite un certain
« cadrage » de l’information – framing –, par le contexte dans lequel ils inscrivent les événements
rapportés. Enfin, les médias produisent un effet dit d’« amorçage » – priming – lorsqu’ils désignent les critères
au regard desquels une politique et une personnalité politique seront jugées, en insistant sur certains faits ou
certains enjeux plutôt que sur d’autres.
■ Avec le Web 2,0, la société connaît de nouvelles possibilités d’approches participatives, où l’amateur peut venir
compléter l’information, voire la corriger, au risque de plusieurs confusions. Les mouvements politiques profitent
d’une nouvelle chambre d’écho, parfois puissante, parfois éphémère (gilets jaunes, printemps arabes…)
Les médias contre la culture ?

■ Aucun média n’y échappe. Comme les journaux au XXe siècle, les programmes de
télévision, les films présents sur la plateformes ou les livres sont produits selon des
techniques industrielles pour être vendus à des acheteurs qu’ils souhaitent nombreux.
Les médias obéissent ainsi à une double logique, à la fois industrielle et commerciale.
Leur mode de production est calqué sur celui d’industries comme l’automobile ou
l’équipement ménager, et leur stratégie est celle qu’impose tout marché de masse.
■ La logique de consommation maximale induit un travail sur les publics, les tendances,
au risque d’une uniformisation des œuvres. Le culture de masse, propulsée dans les
médias, inverse donc un le courant d’arts qui ne sont pas utilitaires.
■ Toutefois, la médiatisation permet à l’ère de se confronter au « grand public », en
jonglant entre des valeurs (morales), des nécessités marchandes et des discours de
médiation.

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