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RÉSUMÉ

La notion de société a longtemps vacillé entre la théorie du contrat et la théorie de l'institu-


tion. Le capitalisme pourfendeur de la liberté contractuelle tire plutôt vers un « contrat est la
loi des parties ». L'idéal de l'Etat « gendarme » comme le qualifient les économistes restreint
cette orientation et impose une sacro-sainte défense de l'intérêt général qui transcende la liber-
té contractuelle. Les entreprises dont les actions sont cotées en bourse ont plus d'obligations
légales afin de protéger les épargnants qui n'ont pas de mot à dire sur la gestion, à l'exception
de certains droits d'être informés ou de voter dans les assemblées d'actionnaires. L'actionnaire,
mot courtois pour qualifier l'associé réduit à un simple porteur de titres, se trouve dans la pé-
nombre d'un dirigeant de plus en plus puissant. Cette relation d'agence explicitée par les théo-
riciens des organisations, pêche par imperfection et par divergence des intérêts. L'actionnaire
en asymétrie d'informations peut être victime de certaines manœuvres frauduleuses ou do-
leuses. Pour limiter de tels risques, le législateur est intervenu pour instaurer un régime de res-
ponsabilités des dirigeants. La responsabilité pénale des dirigeants du fait des transactions et
des contrats portant sur les valeurs mobilières de leurs sociétés : les infractions les plus
connues commises dans la négociation de valeurs mobilières (actions, obligations…) on peut
citer : le délit d'initié, Le délit de manipulation de cours, Le délit de diffusion d’informations
fausses ou trompeuses. En outre, la responsabilité civile des dirigeants doit être considérée
avec précaution. Ils risquent d'être condamnés à payer des dommages et intérêts à tous (ac-
tionnaires, tiers…) qui estiment avoir été lésés en raison d'un non-respect d'une clause légale
ou contractuelle. Par exemple, les actionnaires pourraient poursuivre les dirigeants pour
manque de direction ou pour manque de respect des dispositions légales concernant les mar-
chés boursiers.

ABSTRACT

1
The notion of society has long vacillated between the theory of the contract and the theory of
the institution. Capitalism, the defender of contractual freedom, tends rather towards a
"contract is the law of the parties". The ideal of the “gendarme” State, as economists qualify
it, restricts this orientation and imposes a sacrosanct defense of the general interest which
transcends contractual freedom. Companies whose shares are listed on the stock exchange
have more legal obligations to protect savers who have no say in management, except for cer-
tain rights to be informed or to vote in meetings with shareholders. The shareholder, a cour-
teous word to describe the partner reduced to a simple holder of securities, finds himself in the
shadow of an increasingly powerful manager. This agency relationship, made explicit by the
theorists of organizations, fishing by imperfection and by divergence of interests. Sharehol-
ders with asymmetric information may be the victim of certain fraudulent or fraudulent ma-
neuvers. To limit such risks, the legislator intervened to establish a regime of managerial res-
ponsibilities. The criminal liability of managers as a result of transactions and contracts rela-
ting to the securities of their companies: the most well-known offenses committed in the ne -
gotiation of securities (stocks, bonds, etc.) include: insider trading, price manipulation of-
fense, The offense of disseminating false or misleading information. In addition, the civil lia-
bility of managers must be viewed with caution. They risk being ordered to pay damages to
all (shareholders, third parties, etc.) who feel they have been harmed due to non-compliance
with a legal or contractual clause. For example, shareholders could sue directors for lack of
direction or for failure to comply with legal provisions concerning the stock markets.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je


témoigne toute ma reconnaissance.
2
Tout d’abord, j’adresse toute ma gratitude à mon encadreur, M. Oumar BODIAN, pour sa pa-
tience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma ré-
flexion.

Ensuite, j’adresse mes sincères remerciements à l’administration de l’ISM, tous les profes-
seurs et intervenants qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont gui -
dé mes réflexions.

Je remercie également mes très chers parents, Amadou DIOP et Siring SAGNA, qui ont tou-
jours été là pour moi. Vous avez tout sacrifié pour ma réussite au prix de votre santé en ne
ménageant aucun effort.

Aussi, je remercie mes frères et mes sœurs, mes tantes et oncles, cousins et cousines pour leur
encouragement.

J’adresse mes plus grands remerciements à tata Huguette, tata Dédé, tonton Cheikh pour leurs
soutien et conseil

Je tiens à remercier Binetou Diouf, Johanna Mbengue, Mademba Lo et Diarra Diaïté, pour
leur amitié, leur soutien inconditionnel et leur encouragement.

Je remercie la team OCAF, notamment Omar, Cathy, Abdoulaye et Fatou qui sont devenus
une seconde famille pour moi. Merci pour le soutien que vous m’apportez.

Un grand merci à Alioune Badara Diouf.

Enfin, je remercie tous mes amis que j’aime tant, Aïcha, Ken, Inna, Haby, Rahma, Banna, Ab-
doulaye Seck… Pour leur sincère amitié et confiance, et à qui je dois ma reconnaissance et
mon attachement.

DÉDICACE

A ma mère,

Aucun mot, aucun témoignage ne saurait être de trop pour exprimer mon respect, mon amour
éternel et ma considération que j’ai envers toi. Ainsi, je te dédie solennellement mon travail
pour les sacrifices que tu as bien voulu consentir pour mon instruction et mon bien-être.

3
Trouvez ici, chère mère dans ce modeste travail, le fruit de tant de dévouement et de tes in-
nombrables sacrifices ainsi que l’expression de ma gratitude et mon profond amour.

Que ce travail soit l’exaucement de tes vœux tant formulés, bien que je ne t’en acquitterai ja-
mais assez.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AGO : Assemblée Générale Ordinaire

APE : Appel Public à l'Épargne

ART : Article

AUSCGIE : Acte Uniforme Relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement


d'Intérêt Économique

4
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CCJA : Cour Commune de Justice et d'arbitrage

CDVM : Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières

CEC : Cotation Électronique Centralisée

CED : Cotation Électronique Décentralisée

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

COC : Carnet d’Ordres Central

CREPMF : Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers

ISM : Institut Supérieur de Management

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

RCCM : Registre de Commerce et du Crédit Mobilier

SA : Société Anonyme

SARL : Société à Responsabilité Limitée

SAS : Société Anonyme Simplifiée

SAS : Société par Action Simplifiée

SCS : Société en Commandite Simple

SGI : Société de Gestion Intermédiaire

SNC : Société en Nom Collectif

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

5
Sommaire

INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE : LA MISE EN PLACE D’UN CADRE LÉGAL DE CONDUITE DE
LA NÉGOCIATION
CHAPITRE 1 : UNE DEFINITION STRCITE DE L’OBJET DE LA NÉGOCIATION
DES VALEURS MOBILIÈRES 5
SECTION 1 : L’ADMISSION A LA COTE DES VALEURS MOBILIÈRES EN
BOURSE 5
SECTION 2 : L'ÉTENDUE DES VALEURS MOBILIÈRES 14
CHAPITRE 2 : UNE DETERMINATION SELECTIVE DES PERSONNES HABILITEES
A LA CONDUITE DE LA NEGOCIATION 19
SECTION 1 : LES MANDATAIRES SOCIAUX DE DROIT 20
SECTION 2 : LES MANDATAIRES SOCIAUX « PARTICULIERS » 23

6
DEUXIEME PARTIE : AMENAGEMENT D’UN REGIME DE RESPONSABILITE SANC-
TIONNANT LE CADRE LEGAL DE NEGOCIATION
CHAPITRE 1 : LA MISE EN ŒUVRE DE MESURES REPRESSIVES DES
MANQUEMENTS DES MANDATAIRES SOCIAUX 26
SECTION 1 : LES DELITS D’INITIES 26
SECTION 2 : LES DELIT DE MANIPULATION DE COURS ET DELIT DE
DIFFUSION D’INFORMATIONS FAUSSES 33
CHAPITRE 2 : L’APPEL A REPARATION DES DOMMAGES CAUSES PAR LES
ENGAGEMENTS DES DIRIGEANTS SOCIAUX 42
SECTION 1 : LA RESPONSABILTE CIVILE 42
SECTION 2 : L’EXERCICE DE LA RESPONSABILITE CIVILE 46
CONCLUSION 52
ANNEXE 56
BIBLIOGRAPHIE 69
WEBOGRAPHIE : 71

INTRODUCTION

Depuis plus de trente années, nous avons assisté à plusieurs scandales dans le monde des af -
faires aux Etats Unis et en Europe relatifs aux comportements jugés immoraux de certains di-
rigeants de sociétés.1 L’Afrique n’est pas en reste dans l’essor de ce phénomène social. Pour
répondre à ces préoccupations, un grand espace économique a été créé, par le traité adopté le
17 octobre 1993 portant création de l’espace de l'OHADA. Ce marché a pour objectif princi-
pal non seulement de moderniser les normes vétustes et obsolètes jusque-là en vigueur dans
les Etats membres, mais également de créer le climat propice au développement des écono-
mies africaines par la garantie de la sécurité juridique et judiciaire 2. En effet, l’une des inno-
vations majeures de l’architecture entrepreneuriale du législateur OHADA est d’offrir une
multiplicité de modes de gestion des sociétés commerciales offrant des garanties d’investisse-
ments. C’est ainsi que les sociétés commerciales ont constitué le socle d’éclosion principal
des petites et moyennes entreprises. Apparue comme un puissant instrument devenu indispen-

1 Affaire ENRON : une entreprise de production, de transport et de distribution de gaz,


qui gonflait artificiellement ses profits tout en masquant ses déficits en utilisant une multitude
de sociétés écrans et en falsifiant ses comptes. Le but était, ni plus ni moins, de gonfler la valeur

7
sable à l’activité économique, l’OHADA lui a consacré une part importante en adoptant
l’Acte Uniforme portant droit des sociétés commerciales et du GIE adopté en 1998, révisé en
2014 celui-ci a prévu plusieurs formes de sociétés commerciales, à savoir la Société en Nom
Collectif, la Société en Commandite Simple, la Société à Responsabilité Limitée, la Société
Anonyme, et la toute dernière, la Société par Action Simplifiée.

Cet Acte Uniforme organise la constitution, l’organisation et le fonctionnement des sociétés


commerciales. S’agissant du fonctionnement des sociétés commerciales, objet de notre étude,
l’organisation a porté sur le pouvoir des dirigeants sociaux, les décisions collectives et les
états financiers de synthèse annuels affectation de résultats.

Par ailleurs, parmi les différentes formes de sociétés, la Société Anonyme est celle qui a fait
l’objet d’une large normalisation par l’adoption de diverses règles organisant sa création, sa
gouvernance et sa dissolution. En effet, le législateur de l’OHADA s’est attelé à ériger un
ordre public sociétaire pour mieux préserver la pérennité de la société et les droits des tiers,
notamment les créanciers qui pourraient être affectés par un exercice non maîtrisé des préro-
gatives des associés et des pouvoirs des dirigeants sociaux. Ces règles sont aussi valables pour
les sociétés anonymes cotées en bourse qui sont d’ailleurs l’objet de notre réflexion portant
sur « l’Analyse de la négociation des valeurs mobilières en bourse dans l’espace UEMOA ».

Au regard de l’Acte Uniforme portant Droit des Sociétés Commerciales, on peut distinguer
deux catégories de dirigeants sociaux, les dirigeants de droit ou et les dirigeants de faits. Les
dirigeants de droit sont les personnes (physiques ou morales) ou les organes régulièrement dé-
signés pour gérer la société et qui, à ce titre, assument légalement des fonctions de direction
ou d’administration en son sein et l'engagement normalement à l’extérieur. A ce titre, ont la

boursière. Enron a aussi pleinement profité de la déréglementation de l'énergie en Californie,


exploitant à fond chacune des failles et n'hésitant pas à recourir aux arrêts intempestifs, afin de
faire grimper le prix du KWh.

2 TSAPI, Victor ; « Les implications économiques, comptables et fiscales dans le sys-


tème OHADA », Paris : L’Harmattan, 2009, 249 p.

8
qualité de dirigeants de droit : le président-directeur général, le président du conseil d’admi-
nistration, le directeur général dans la société anonyme à conseil d’administration ; l’adminis-
trateur général dans la société anonyme sans conseil d’administration. Quant aux dirigeants de
fait, ce sont les personnes qui, sans avoir été nommées à cette fin, se comportent comme de
véritables dirigeants en s’immisçant effectivement dans la gestion de la société. En d’autres
termes, le dirigeant de fait est celui qui, sans aucun titre, accomplit des actes de gestion en
lieu et place des dirigeants de droit. La personne qualifiée de dirigeant de fait doit exercer en
toute souveraineté et indépendance une activité positive de gestion et de direction et avoir le
pouvoir d’engager la société par ses décisions. Par conséquent, une simple abstention ne sau-
rait caractériser une direction de fait3.

La négociation est un processus de communication et d'échanges entre au moins deux parties


dont l'objet concerne l'organisation d'une relation entre celles-ci 4. Dans le contexte financier,
elle est l’activité de base de tous les investisseurs ou services d’investissement, c’est tout sim-
plement l’achat, la vente ou l’échange d’actifs. Sur les marchés financiers, les personnes né-
gocient des titres. Elle permet la saisie des ordres en contrepartie des ordres résiduels.

Quant aux valeurs mobilières elles peuvent être définies comme des titres ressortissant de la
catégorie des instruments de financement et permettant en tant que tels de procurer le finance-
ment originel de l'activité de l'entité émettrice et, en cours de vie sociale, de financer sa crois-
sance. Elles sont des titres négociables interchangeables et fongibles, pouvant être cotées en
bourse. Émises par des personnes morales, publiques ou privées, leur détention confère des
droits identiques au porteur selon les différentes familles de titres. Elles confèrent des droits
identiques par catégorie et donnent accès directement ou indirectement à une quotité du capi-
tal de la société émettrice, ou à un droit de créance général sur son patrimoine 5. Elles sont in-
divisibles à l'égard de la société émettrice. La bourse est un marché où sont négociés des ins-

3 André Akam Akam « La responsabilité civile des dirigeants sociaux en droit Ohada »
2007/2 (t. XXI, 2), p 211 à 243 ; paragraphe 5-6

4 PERSPECTIVE
MONDE [https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/BMEncyclopedie/BMGlossaire.jsp]. (Consul-

9
truments financiers tels que les actions, les fonds mutuels, les devises, les obligations, etc.
Comme tout autre marché, il est dominé par la loi de l'offre et de la demande.

A la lumière de cette revue conceptuelle, il va sans dire que l’analyse de notre sujet pose la
problématique du régime juridique de la négociation des valeurs mobilières en bourse. Autre-
ment dit, quel est le cadre normatif qui encadre la négociation des valeurs mobilières ?

En retour, en réponse à cette problématique, notre sujet laisse entrevoir plusieurs intérêts en
ce sens que l’analyse nous permet de mettre en exergue d’une part le bouillonnement doctri-
nal autour de la négociation des valeurs mobilières en bourse, les évolutions, divergences, et
polémiques que suscitent les valeurs mobilières. D’autre part, l’analyse nous permet égale-
ment de maîtriser les implications concrètes des dirigeants sociaux dans la négociation des va-
leurs mobilières en bourse et les règles de forme et de fond applicables en cas de manquement
des principes gouvernant la négociation des valeurs mobilières.

Pour toutes ces raisons, nos réflexions seront portées essentiellement sur la mise en place d’un
cadre légal de conduite des négociations (première partie) mais aussi sur l’aménagement d’un
régime de responsabilité des dirigeants sociaux relatif aux infractions commises dans la négo-
ciation des valeurs mobilières (deuxième partie).

té le 08 Juillet 2020)

5 CAPITAL Magasine [https://www.capital.fr/entreprises-marches/valeur-mobiliere-


1350059#:~:text=Les%20 valeurs%20mobili%C3%A8res%20de%20 placement,les%20 diff
%C3%Arences%20familles%20de%20 titres.]. (Consulté le 08 juillet 2020)

10
CHAPITRE 1 : UNE DEFINITION STRCITE DE L’OBJET DE LA
NÉGOCIATION DES VALEURS MOBILIÈRES
La bourse est le lieu de confrontation entre l’offre et la demande en matière de valeurs mobi -
lières. La notion de valeurs mobilières mérite d’être expliquée.

Pour les économistes et les financiers : il s’agit de tous les titres négociables de créance ou de
capital que les sociétés émettent sur un marché financier (aussi bien organisé que de gré à gré)
en vue de lever des fonds. La notion de « titre » est très importante du fait que dans un marché
classique les transactions sont matérialisées physiquement : paiement par l’acheteur et livrai-
son de la marchandise par le vendeur ; alors que depuis les années 80 le marché financier a
connu un tournant important grâce au phénomène de dématérialisation et de titrisation des
opérations. Les valeurs mobilières sont donc au cœur de ce marché financier et seules les so-
ciétés cotées (et de ce fait faisant appel public à l’épargne) peuvent les émettre.

Ainsi, nous parlerons de l’admission à la cote des valeurs mobilières en bourse (Section 1) en-
suite de l’étendue des valeurs mobilières (Section 2).

11
SECTION 1: L’ADMISSION A LA COTE DES VALEURS
MOBILIÈRES EN BOURSE
Compte tenu des avantages inhérents à l'introduction en bourse, un nombre croissant d'entre-
prises à travers le monde, et notamment dans des économies développées, considèrent l'ad-
mission à la cote comme étant le moyen adéquat d'accroître le financement pour de nouveaux
investissements. Au cours des années 80 et 90, le nombre d'entreprises qui faisaient le choix
de s'introduire en bourse aux Etats-Unis dépassait un par jour ouvrable, en moyenne. L'exis-
tence de plusieurs procédures d'introduction et de diverses méthodes d'évaluation amène à dé-
terminer pour l'entreprise émettrice, la combinaison qui assure une diffusion optimale des
titres sur le marché, tout en permettant de réaliser une plus-value. L'opération d'introduction
en bourse se déroule dans le cadre d'un environnement essentiellement organisé qui est celui
du marché financier. Il est donc nécessairement important pour une entreprise candidate à l'in-
troduction en bourse, de connaître tous les acteurs intervenants sur le marché financier et leurs
diligences, mais aussi et surtout, de comprendre assez clairement les textes de référence qui
régissent les activités et les rapports entre intervenants sur le marché financier. Il sera donc
question dans cette section de ressortir les critères d’introduction en bourse (Paragraphe 1) et
le système de cotation (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LES CRITÈRES D’INTRODUCTION EN BOURSE


Le champ d’application de l’appel public à l’épargne est défini à l’article 81 de l’Acte uni-
forme, qui dispose : « Sont réputées faire publiquement appel à l’épargne :

- les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d’un Etat partie, à dater de
l’inscription de ces titres ;

- les sociétés qui, pour offrir au public d’un Etat partie des titres, quels qu’ils soient, ont re-
cours soit à des établissements de crédit ou agents de change, soit à des procédés de publicité
quelconque, soit au démarchage.

Il y a également appel public à l’épargne dès lors qu’il y a diffusion des titres au-delà d’un
cercle de cent (100) personnes. Pour l’appréciation de ce chiffre, chaque société ou organisme
de placement collectif en valeurs mobilières constitue une entité unique. »

Il convient d’observer que ces critères sont alternatifs. Il en résulte que si un seul desdits cri -
tères est établi, la société concernée sera considérée comme soumise au régime de l’appel pu-
12
blic à l’épargne avec toutes les conséquences qui en découlent notamment en matière d’infor-
mation financière.

⮚ Le critère de la cotation en bourse

S’agissant du premier critère de l’appel public à l’épargne, quand bien même la périphrase «
sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs… » figurant à l’article 81 semble
viser les sociétés déjà cotées en bourse, ce premier critère vise d’abord les sociétés qui solli -
citent leur introduction en bourse, autrement dit l’admission de leurs titres à la négociation sur
un marché boursier, tel celui de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, établie à Abid-
jan. Le premier critère vise en outre les sociétés qui, étant déjà cotées en bourse, envisagent
une opération d’émission ou de cession de titres au public.

⮚ Le critère de l’offre de titres au public

S’agissant du second critère, qui vise l’offre de titres au public, l’article 83 de l’Acte uniforme
précise que cette offre « s’entend du placement de titres dans le cadre soit d’une émission soit
d’une cession ». L’émission de titres dans le public ne soulève aucune difficulté particulière.

Elle vise la création des titres par l’émetteur, c’est-à-dire la société concernée. En effet, alors
que cette émission de titres dans le public est nécessairement le fait de la seule société émet-
trice, la cession desdits titres peut, en revanche, être réalisée à l’initiative d’un actionnaire
quelconque de la société. En ce qui concerne l’émission des titres dans le public, si l’émission
est adressée au public, par recours à un établissement de crédit ou intermédiaire en bourse, ou
à un procédé de publicité ou au démarchage, on est en présence d’un appel public à l’épargne.

En ce qui concerne la publicité visée à l’article 81 de l’Acte uniforme comme procédé d’offre
au public. La publicité vise à informer le public de la réalisation d’une émission ou d’une ces-
sion de titres. En effet, la publicité liée au régime de l’appel public à l’épargne doit, de ma-
nière non équivoque, faire mention de valeurs mobilières dont l’émission ou la cession est
proposée au public. La publicité ne produit les effets de l’appel public à l’épargne que lors-
qu’elle consiste à porter à la connaissance du public l’émission ou la cession des titres en pro -
posant à ce même public la souscription desdits titres.

13
⮚ Le critère de la diffusion des titres au-delà d’un cercle de cent (100) personnes

Ce critère signifie qu’une société ou autre émetteur dont les titres ont été souscrits par au
moins cent personnes doit être considérée, au sens des dispositions de l’Acte uniforme,
comme ayant le statut d’émetteur faisant appel public à l’épargne et, par voie de conséquence,
doit être soumise aux obligations qui en découlent.

En vertu des dispositions de l’article 81 de l’Acte uniforme, ces entités devraient se voir ap -
pliquer les règles de l’appel public à l’épargne. L’enjeu essentiel d’une telle démarche, fonda-
mental pour les autorités de régulation des marchés financiers, consisterait d’une part dans la
mise en œuvre des obligations d’information auxquelles sont tenus tous les émetteurs sollici-
tant l’épargne publique et, d’autre part, dans le renforcement de la protection de l’épargne pu-
blique.

A notre sens, à défaut d’avoir pu, au moment de l’offre au public des titres, soumettre ces so-
ciétés à l’obligation d’établir un document d’information soumis au visa de l’autorité de régu-
lation du marché financier, une telle formalité peut être néanmoins exigée à titre de régularisa-
tion et de mise en conformité. En effet, l’appel public à l’épargne oblige à un strict contrôle
des émetteurs qui y recourent essentiellement dans un souci de protection de l’épargne pu-
blique et afin d’éviter que les investisseurs qui ont souscrit les titres d’un émetteur ne soient,
par trop, lésés dans leurs droits à une légitime protection, voire purement et simplement spo-
liés sans pouvoir exercer le moindre recours, dans un contexte fondamentalement marqué par
la faiblesse de la culture boursière ambiante.

⮚ Visa de l’autorité du marché

Si l’obligation d’établir un document d’information est fondamentale, encore faut-il, pour


pouvoir le diffuser dans le public et lever les fonds sollicités sur le marché, que ce document
soit, préalablement, soumis au visa de l’autorité de marché. C'est au Conseil Régional de
l'Epargne Publique et des Marchés Financiers que revient l'autorité d'attribuer un visa pour
tout appel public à l'épargne visant à émettre, exposer ou mettre en vente ou même introduire
sur l'un quelconque des compartiments de la BRVM, des produits de placement, quelle que
soit leur nature ou provenance

C’est ce que prévoient les dispositions de l’article 90 de l’Acte uniforme.

14
En conférant un tel rôle aux autorités de régulation des marchés financiers, l’article 90
consacre la prise en compte, par le législateur OHADA, de l’existence ou de l’émergence de
marchés financiers dans son espace géographique. En effet, ces autorités de régulation bour-
sière sont dotées de pouvoirs normatifs et quasi-juridictionnels dans leur domaine de compé-
tence, lequel couvre le régime de l’appel public à l’épargne.

L’exigence du visa de l’autorité de contrôle de la bourse des valeurs ne saurait surprendre.

Elle participe directement de la mise en œuvre du principe de transparence, car elle impose
aux émetteurs de communiquer très largement sur leur situation, leur activité, leurs résultats et
leurs perspectives. L’exigence du visa ressortit en outre directement des missions principales
des autorités de régulation, à travers le triptyque bien connu : protection de l’épargne –
contrôle de l’information financière – garantie du bon fonctionnement du marché.

Bien que soumis au visa préalable de l’autorité de régulation financière, le document d’infor-
mation doit, en outre, obéir à des règles de forme.

La pratique montre que les documents d’information, qui comportent souvent une masse de
données sur les émetteurs et les caractéristiques de leurs opérations, se révèlent quelquefois
indigestes et ne sont pas toujours exploités à bon escient par leurs destinataires.

Ainsi, l'acte uniforme prescrit pour ces sociétés les conditions générales ci-après :

● Le capital minimum de la société dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs ou

faisant publiquement appel à l'épargne pour le placement de ses titres est de cent mil-
lions (100.000.000) de francs CFA.

● Les fondateurs publient avant le début des opérations de souscription des actions une

notice dans les journaux habilités à recevoir les annonces légales de l'Etat partie du
siège social et, le cas échéant, des Etats parties dont l'épargne est sollicitée.

● Les sociétés faisant appel public à l'épargne pour le placement de leurs titres dans un

ou plusieurs Etats parties ou dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d'un ou
plusieurs Etats parties sont obligatoirement dotées d'un conseil d'administration.

15
● Les sociétés faisant appel public à l'épargne pour le placement de leurs titres sont te-

nues de publier dans les journaux habilités à recevoir les annonces légales un avis
contenant les principales caractéristiques de la société :

● Une copie du dernier bilan, certifiée conforme par le représentant légal de la société,

est publiée. Si le dernier bilan a déjà été publié dans des journaux d’annonces légales,
la copie de ce bilan peut être remplacée par l'indication de la référence de la publica-
tion antérieure. Si aucun bilan n'a encore été établi, la notice en fait mention.

PARAGRAPHE 2: LE SYSTÈME DE COTATION ET DE


NEGOCIATION
Le marché boursier est traditionnellement analysé comme un moyen efficace d’allouer des fi-
nancements à l’économie. Or si l’on peut être certain sur l’existence de l’offre de capitaux,
l’incertitude marque le sort du marché quant au maintien de l’équilibre entre le prix et la va -
leur fondamentale des titres échangés. Cet équilibre est sous l’influence de « la liquidité qui
ne peut être garantie à tous en même temps, comme viennent rappeler un peu brutalement les
krachs ».6 Son destin est ainsi confié à l’aptitude qu’auront les autorités du marché à recourir
avec délicatesse au système de cotations.

Etymologiquement, Négociation provient du latin negotium où nec (-ne pas) infirme otium si-
gnifiant le temps libre et les loisirs chez les patriciens romains. Sans être du repos, l’activité
de negotium se distinguait alors du Labor (le travail agricole, artisanal ou de petit commerce)
effectué par la plèbe. Le negotium caractérisait ainsi une « bourgeoisie d’affaires » qui struc-
turait les échanges de biens et matières premières. Par extension, ce terme désigna toute af-

6 Le terme krach boursier désigne dans la pratique une chute soudaine et violente des
marchés d'actions touchant une ou plusieurs places financières. Le Krach boursier se caractérise
par la panique touchant les investisseurs qui souhaitent absolument vendre leurs actions. De
multiples baisses des bourses sur plusieurs jours ne caractérisent pas le krach boursier, on em-
ploie ce terme quand la baisse est supérieure à 20%. Au cours du 20ème siècle deux krachs
boursiers ont été recensés : en 1929, 1987, 2008 et 2010. De manière générale le krach boursier
est la conséquence d'une bulle de surévaluation des actions.

16
faire privée et publique où il fallait réussir à concilier dans un accord des points de vue diver-
gents7.

Le système de négociation désigne l'ensemble du dispositif par lequel s'effectuent la saisie des
ordres, la cotation et la négociation. Il comprend notamment le logiciel et le matériel sous le
contrôle de la Bourse Régionale. Les équipements informatiques exploités par les SGI ne font
pas parties du système de négociation.

La cotation désigne, dans les bourses de valeurs, la détermination de la cote d’une valeur ré-
sultant en principe de la confrontation des ordres d’achat et des ordres de vente. La cote est la
constatation officielle des cours d’une valeur, d’une monnaie ou d’une marchandise se négo-
ciant par l’intermédiaire d’agents qualifiés. Cet ensemble de précisions terminologiques per-
met de comprendre que le système de cotation est un ensemble de procédés, de techniques ou
de procédures permettant de déterminer le cours d’une valeur mobilière sur un marché bour-
sier.

Tout marché financier a vocation à adopter une ou plusieurs méthodes de cotation qui lui
conviennent. L’institutionnalisation des méthodes de cotation soulève la question majeure de
leur simulation.

Le système de cotation à la BRVM est original. Sans maintenir la cotation au fixing, doréna-
vant la Bourse est passée à une cotation en continu. La cotation en continu nécessite la mise
en œuvre des règles principales relatives au déroulement de la séance et les règles complé-
mentaires qui sont incontournables dans l’application des règles principales. Elle est com-
plexe en ce qu’elle comporte deux fixings et de multiples étapes. La BRVM dispose d’un sys-
tème électronique et d’un réseau satellitaire qui permet aux intervenants de transmettre les
ordres en bourse. C’est un marché au comptant, décentralisé et dirigé par les ordres. La déter-
mination du cours d’une valeur se fait par la confrontation des ordres d’achats et de vente col-
lectés avant la cotation. Au départ, la BRVM organisait trois séances de cotation par semaine
(Lundi, Mercredi et Vendredi)8. Ensuite, elle est passée à une cotation quotidienne, marquant
une réelle évolution dans ses activités. Désormais, il existe plusieurs séances. Le règlement
7 Négociation ; définition étymologique ; Wikipédia

8 Marlize Elodie NGNIDJIO TSAPI ; Les méthodes de cotation dans les marchés bour-
siers régionaux de l’Afrique subsaharienne : essai d’analyse juridique

17
des transactions se fait au comptant ; il n’est pas différé comme dans les marchés à termes.
Depuis le 24 mars 1999, il est passé de la cotation électronique centralisé à la CED c’est-à-
dire la Cotation Électronique Décentralisée par laquelle la SGI se rend directement à l’Agence
Nationale de Bourse de son pays pour effectuer les saisies et suivre l’évolution du marché
dans toute la sous-région.

La journée de cotation se déroule en sept étapes. La première est la préouverture. Les ordres
saisis par les SGI dans le système de cotation de la BRVM sont enregistrés dans le Carnet
d’Ordre Central sans qu’il y ait lieu à transaction immédiate. Le carnet d’ordre central, le
cours théorique d’ouverture et les volumes susceptibles d’être échangés à ce cours sont actua-
lisés chaque fois qu’un ordre est introduit dans ce système et sont diffusés en temps réel.

La deuxième étape consiste à la détermination d’un fixing d’ouverture. Le fixing est un pro-
cessus visant à déterminer le cours coté d'une valeur donnée. Tous les ordres d'achat et de
vente participent à ce processus, y compris les ordres à stipulation spéciale. Pendant le fixing,
aucune négociation sur valeur n'est effectuée et aucun ordre ne peut être saisi dans le système
de négociation. Le fixing a lieu pendant l'étape de cotation d'une séance de bourse. 9 La déter-
mination du fixing est marquée par le déroulement des transactions qui consiste en la confron-
tation des ordres relatifs à chaque valeur en vue de leur appariement (l’appariement désigne
l'opération qui consiste à réunir un ordre d'achat à un ordre de vente dont les prix sont compa -
tibles de manière à créer une transaction. L'appariement a lieu pendant l'étape de négociation).
10
Au début de la phase de détermination des cours, le Carnet d’Ordre Central est momentané-
ment gelé pendant que l’algorithme d’appariement est en cours d’exécution. L’effet direct est
l’impossibilité d’effectuer une saisi dans le système de cotation et les ordres déjà saisis ne
peuvent ni n’être modifiés, ni annulés. Si l’appariement s’effectue à l’intérieur des seuils dy-
namiques légaux de réservation, un cours d’ouverture est établi et diffusé au marché. Dans le

9 BOURSE RÉGIONALE DES VALEURS MOBILIÈRES REGLES DE NÉGOCIATION, D'ADMIS-


SION ET DE RADIATION À LA COTE ET REGLES SPECIFIQUES ; Section 2 : le Fixing ; art 1320 Défi-
nition de fixing

18
cas contraire, la valeur concernée est réservée pour une période dont la durée est fixée par Ins-
truction. Un cours d’ouverture est retenu à la fin de la période de réservation si les conditions
sont réunies. Le cours d’ouverture est le dernier cours théorique avant l’appariement. En l’ab-
sence de cours de fixing d’ouverture, le cours de référence est retenu comme cours d’ouver-
ture. L’obtention du cours d’ouverture marque la fin de la deuxième phase qui laisse la place à
la négociation en continu.

La négociation en continu débute à 9 heures 45 et s’achève à 14 heures. Durant cet intervalle


de temps, les ordres non exécutés ou résiduels qui n’ont pas été traités à la fin du fixing d’ou-
verture sont examinés. Les SGI sont alors autorisés à enregistrer, modifier ou annuler les
ordres. Chaque nouvel ordre enregistré est instantanément confronté aux ordres disponibles en
sens inverse dans le COC.

Ensuite vient la phase de pré clôture qui a lieu à 14 heures. Cette quatrième phase est consa-
crée à la saisie et à l’enregistrement d’ordres sans transactions. Le COC, le cours théorique de
clôture et les volumes susceptibles d’être échangés à ce cours sont remis à jour chaque fois
qu’un ordre est introduit dans le système de cotation et sont diffusés en temps réel. La pré clô-
ture s’achève à 14 heures 30 et on passe à l’ouverture de la phase de fixing de clôture.

Le schéma du fixing de clôture est identique à celui d’ouverture. Les ordres d’achats et de
vente sont confrontés pour déterminer un cours de clôture qui sera appliqué aux prochains
ordres exécutés. Après cette phase, a lieu la négociation au dernier cours.

La négociation au dernier cours permet la saisie des ordres en contrepartie des ordres rési-
duels. Ils seront exécutés au cours de clôture. Toutes les valeurs cotées sont concernées, celles
qui n’auront fait l’objet d’aucune cotation sont exécutées à leur cours de référence. La clôture
de la séance est la septième étape qui se déroule à 15 heures précises.

Les règles complémentaires quant à elles regroupent un ensemble de principes qui doivent im-
pérativement être respectés afin que l’on aboutisse à un prix juste et équitable. Que ce soit un
fixing d’ouverture ou de clôture, la détermination du cours pendant cette période obéit à l’ar-

10 BOURSE RÉGIONALE DES VALEURS MOBILIÈRES REGLES DE NÉGOCIATION, D'ADMIS-


SION ET DE RADIATION À LA COTE ET REGLES SPECIFIQUES ; Section 3 : L'appariement ; 1430
Définition Appariement

19
ticle 1 de l’Instruction n°08-2013/BRVM/DG du 10 septembre 2013 relatif à la détermination
des cours et allocations. Ce dernier définit les principes pris en compte au cours des séances
de cotation. La cotation en continu étant réalisée à partir des fixings, il y a lieu de retenir qu’à
chaque étape du fixing, les règles successives ci-dessous s’appliquent. Le principe de la prio-
rité d’exécution des ordres gouverne ces fixings. Le cours de fixing est celui qui concoure à la
réalisation du plus grand volume de titres échangeables à chaque niveau de cours. Le
deuxième principe veut que si plusieurs cours conduisent à un même volume échangeable, le
cours de fixing est le cours qui minimise le solde restant. L’énoncé du troisième principe pré-
voit que si l’application des deux principes précédents aboutit à plusieurs cours, le sens du
déséquilibre est pris en compte. Si le déséquilibre est dans le même sens, le cours du fixing est
le meilleur cours dans le sens contraire au déséquilibre du marché. Dans l’hypothèse où le
déséquilibre est situé des deux côtés, le cours de fixing est le cours le plus proche du cours de
clôture de la veille. Il peut arriver que l’application des trois principes énoncés aboutisse à
plusieurs cours, dans ce cas de figure, le cours de fixing est le cours le plus élevé tel que le re -
commande le quatrième principe.

Par ailleurs, des règles spécifiques existent. Les ordres à stipulation spéciale sont exclus de
l’ensemble d’ordres permettant la détermination du cours du fixing. Il s’agit des ordres « tout
ou rien » et des ordres « à quantité minimale » tandis que les ordres « au marché » ou « à la
meilleure limite » participent à la détermination de ce cours. Si la feuille de marché ne com-
porte que des ordres « au marché » ou des ordres « à la meilleure limite », le cours de fixing
est le cours de référence.

En outre, à l’issu de la période d’accumulation des ordres (à la préouverture et à la préclô-


ture), ces derniers sont exécutés en faisant prévaloir les principes de priorité accordant la pri-
mauté d’abord aux ordres « au marché » et aux ordres « à la meilleure limite », ensuite aux
ordres avec une meilleure limite que le cours de fixing établi et enfin aux ordres dont la limite
est égale au cours du fixing. Cette chronologie étant respectée, il reste que les ordres doivent
être exécutés en totalité.

Enfin, durant la phase de négociation, l’allocation des titres se fait en fonction du niveau des
cours. L’allocation initiale de l’ordre est faite pour la quantité disponible au meilleur niveau

20
11
de cours (art. 4 de l’Instruction n° 08/2013 du 10 septembre 2013). La quantité restante de
l’ordre est allouée au niveau des cours suivants.

Dans le cadre de sa mission, la BRVM est accompagnée par le Dépositaire Central / Banque
de règlement (DC/BR), le second organe central du marché financier de l'UEMOA. Le DC/
BR est chargé, en sa qualité de dépositaire, de centraliser la conservation et assurer la circula-
tion scripturale des valeurs mobilières pour le compte de ses adhérents afin de simplifier la
circulation et l'administration des titres.

Il est également chargé, en sa qualité de banque de règlement, de l'enregistrement de l'en-


semble des virements espèces consécutifs aux engagements pris sur le marché, à l'achat ou à
la vente, par les intermédiaires, ainsi que les règlements au crédit, par le débit des émetteurs
ou de leurs mandataires, des intermédiaires lors d'événements sur valeurs générateurs de mou-
vements espèces.

Les principales opérations effectuées par le DC/BR à la suite d'une séance de cotation sont les
suivantes :

Les transactions du Marché sont transférées automatiquement du système de négociation au


système de dépositaire à la fin de la séance, à 11h30 (TU) en T, c'est-à-dire le jour même de la
cotation. Ces transactions sont automatiquement affectées aux comptes indiqués sur les ordres
transmis au marché.

S'il est connu au moment de transmettre l'ordre au marché, le numéro de compte du Conserva-
teur doit être indiqué sur celui-ci. Le cas échéant, la transaction sera automatiquement affectée
à son compte.

Si l'identité du Conservateur n'était pas connue au moment de transmettre l'ordre au marché,


la SGI doit affecter la transaction au compte de ce dernier avant 13h00 en T. Une transaction
peut être affectée en totalité ou en partie à un Conservateur.

Le rapport préliminaire est mis à la disposition des Adhérents par le DC/BR en T, à 13h00. Ce
rapport fait état des transactions affectées au compte de chaque Adhérent (exécutées par lui
ou, dans le cas d'un Conservateur, reçues d'une SGI) et des sommes dues ou à recevoir.

11 Instruction n° 08-2013/BRVM/DG « détermination des cours et allocations »

21
Les Conservateurs ont jusqu'à T+1, 17h00 pour confirmer les transactions affectées à leurs
comptes par les SGI. Toute transaction non confirmée par le Conservateur en T+1, 17h00 est
automatiquement réaffectée à la SGI. Le DC/BR se réserve le droit d'imposer une amende
pour tout retard dans la confirmation d'une transaction.

Une transaction n'impliquant pas de Conservateur est automatiquement confirmée en T,


13h00 au compte de la SGI l'ayant exécutée.

Le rapport final est mis à la disposition des Adhérents en T+1, 17h00.

Chaque Adhérent désigne un établissement bancaire (la Banque de l'Adhérent) par l'entremise
duquel il effectue le règlement de ses transactions. Il communique les coordonnées de sa
Banque au DC/BR. Ce dernier se réserve le droit de refuser ou d'annuler la désignation d'un
établissement bancaire qui ne se conforme pas aux exigences de la Commission Bancaire. Le
cas échéant, l'Adhérent désigne un autre établissement bancaire.

Le DC/BR désigne un établissement bancaire (la Banque du DC/BR) par l'entremise duquel il
effectue le règlement des transactions. Il communiquera les coordonnées de sa Banque aux
Adhérents.

Les paiements des Adhérents débiteurs (incluant les frais relatifs aux transactions et aux opé-
rations de règlement livraison) doivent parvenir à la Banque du DC/BR avant T+5, 8h00.

Ayant constaté que les fonds des débiteurs ont été reçus, le DC/BR affecte les comptes titres
dans ses livres et donne des ordres de virement à sa Banque au profit des Adhérents créditeurs
en T+5, 8h00.

Le Rapport des Transactions Réglées est mis à la disposition des Adhérents par le DC/BR en
T+5, après 8h00. Ce rapport fait état des transactions réglées dans le compte de chaque Adhé-
rent (exécutées par lui ou, dans le cas d'un Conservateur, reçues d'une SGI).

SECTION 2 : L'ÉTENDUE DES VALEURS MOBILIÈRES


Deux grandes familles de valeurs mobilières y existent : les actions et les obligations.

Une valeur mobilière peut être définie comme un titre négociable, représentatif d'un droit de
propriété ou de créance. Il est émis par des sociétés publiques ou privées et représente soit une
fraction du capital social (action), soit un prêt à long terme qui leur est consenti (obligation).

22
Les actions et obligations sont toutes des titres. Cependant, elles ne possèdent pas les mêmes
caractéristiques. En outre, elles n'engendrent pas les mêmes effets. Ainsi nous parlerons en
premier lieu des actions (paragraphe 1) et en second lieu des obligations (paragraphe 2)

PARAGRAPHE 1 : LES ACTIONS


Les actions sont des valeurs mobilières émises par la société anonyme en représentation de
leur capital social. Il s’agit donc de titres de capital remis aux personnes qui réalisent un ap-
port en fonds propres à la société. Ce sont des titres émis en contrepartie d’un apport. Ces
titres sont cessibles, dématérialisés et librement négociables en Bourse. Ils confèrent à son dé-
tenteur un droit de propriété d'une fraction du capital social.

La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières est dotée de deux compartiments pour les ac -
tions dénommés : premier et deuxième compartiment. Les conditions à remplir par une socié-
té pour son introduction sur le marché boursier varient selon les compartiments.

Est admissible au Premier Compartiment de la cote régionale, tout titre de capital répondant
aux conditions suivantes :

● Présenter une capitalisation boursière de plus de 500 millions de FCFA ;

● Avoir une marge nette sur chiffre d'affaires sur chacune des trois dernières années de

3% ;

● Présenter 5 années de comptes certifiés ;

● S'engager à signer un contrat d'animation de marché prévoyant une cotation ou une in-

dication de cours lors des séances dont la fréquence est précisée par Instruction de la
Bourse Régionale ;

● Diffuser dans le public au moins 20% de son capital, dès l'introduction en bourse ;

● S'engager à publier au BOC des estimations semestrielles de chiffre d'affaires et de

tendance de résultats.

23
Est admissible au Second Compartiment de la cote régionale tout titre de capital répondant
aux conditions suivantes :

● Présenter une capitalisation boursière de plus de 200 millions de FCFA ;

● Présenter 2 années de comptes certifiés ;

● S'engager à signer un contrat d'animation de marché prévoyant une cotation ou une in-

dication de cours dont la fréquence est précisée par Instruction de la Bourse Régio-
nale ;

● S'engager à diffuser dans le public au moins 20% de son capital dans un délai de deux

ans, ou 15% en cas d'introduction par augmentation de capital.

L’accès au capital social pendant la vie de la société peut se faire. Souvent dans les sociétés
cotées, l’affectio societatis se réduit à un affectio financiatis. L’idée selon laquelle l’action-
naire est un bailleur de fonds a été développée à plusieurs reprises par la doctrine. Il existerait
une antinomie entre les intérêts des actionnaires qui peuvent être souvent réduits à une re-
cherche de profit uniquement à court terme et ceux de l’investisseur qui cherche la rentabilité
de l’entreprise à moyen ou à long terme. Ainsi, les actions sont des titres négociables dans la
mesure où elles se transmettent sans tenir compte des conditions de la cession de créance en
droit civil. L’objectif est la collecte de fonds nouveaux. L'émission d'actions a ainsi pour
contrepartie le drainage par l'entreprise de ressources apportées par les actionnaires. Elles per-
mettent, selon le cas, soit de réunir, soit d'accroître le capital de l'entreprise. Très souvent, les
Etats encouragent les entreprises à émettre des actions par des incitations fiscales. En effet, le
taux de l'impôt sur les sociétés peut être réduit pour les sociétés qui procèdent à l'admission de
leurs actions à la cote.

Le principe de la négociabilité des actions posé par l’article 759 de l’AUSCGIE est fort com-
préhensible. En effet, les actions ne sont rien d’autres que des biens, des droits incorporels
mobiliers. Elles ne sont négociables qu’après l’immatriculation de la société au RCCM ou de
l’inscription de la mention modificatrice à la suite d’une augmentation du capital dans l’hypo-
thèse où la société n’est pas créée à capital variable. Les actions en numéraire ne sont négo -
ciables qu’après avoir été entièrement libérées. Il convient de signaler en effet, que l’article
765-1 prévoit : « les clauses d’inaliénabilité affectant des actions ne sont valables que si elles
24
prévoient une interdiction d’une durée inférieure ou égale à 10 ans et qu’elles sont justifiées
par un motif sérieux et légitime ». Ainsi, si les statuts prévoient une clause d’inaliénabilité
conforme à l’article 765-1, toute cession en violation de cette clause est nulle.

Les statuts peuvent stipuler certaines limitations à la transmission des actions. Dans cette hy-
pothèse, on dit que la clause est statutaire mais ces limitations peuvent provenir des conven-
tions extrastatutaires, elles interviennent par le biais de l’AGO des actionnaires. Notons que
ces clauses d’agrément par l’AGO des actionnaires en cas de cession à un tiers restent va-
lables pour les sociétés dont les actions ne sont pas admises à la négociation sur un marché
boursier des valeurs d’un Etats Parties au Traité de l’OHADA.

L'action donne droit à une rémunération, le dividende qui est une partie prélevée sur le béné-
fice de l'entreprise. Les actions confèrent, en effet, à leurs titulaires, des prérogatives sur l’ac-
tif social. C’est ainsi que lorsqu’un bénéfice apparaît à la fin d’un exercice social et que l’as-
semblée générale des actionnaires décide de le mettre en distribution, chaque actionnaire en
recevra une fraction sous forme de dividende. Cette rémunération constitue ainsi un revenu
doublement variable : il dépend des bénéfices de la société d'une part et de la politique d'af-
fectation de ce bénéfice d'autre part. A cet égard, il convient de rappeler que le bénéfice distri-
buable est constitué par le bénéfice de l’exercice diminué des pertes antérieures reportées ain-
si que des sommes portées en réserve en application de la loi ou des statuts et augmenté, le cas
échéant, du report bénéficiaire. L'action n'a pas une durée de vie limitée à l'avance. Les
échanges d'actions cotées en bourse engendrent pour les détenteurs des plus-values lorsque le
cours de vente est supérieur au cours d'achat.

S’agissant de la forme que doivent revêtir les dividendes, l’Acte uniforme n’énonce aucune
exigence particulière. L’article 146 de l’Acte uniforme confère à l’assemblée générale des ac-
tionnaires le pouvoir de fixer les modalités de paiement des dividendes. Toutefois, en vertu
des mêmes dispositions, l’assemblée générale peut déléguer ce pouvoir à la direction générale
de la société. Dès lors que l’Acte uniforme n’énonce aucune exigence particulière liée à la
forme que doivent revêtir les dividendes, leur paiement pourrait, de notre point de vue,
prendre la forme d’un paiement en espèces, en nature.

25
PARAGRAPHE 2 : LES OBLIGATIONS
Les obligations sont définies dans l’Acte uniforme comme « des titres négociables qui dans
une même émission, confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale
»12.

La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières est dotée d'un compartiment pour les emprunts
obligataires. Les conditions à remplir par une société pour son introduction sur le marché
boursier varient selon les compartiments.

Est admissible au Compartiment obligataire de la cote régionale tout titre de capital répondant
aux conditions suivantes :

● Nombre minimal de titres à l'émission : 25 000 titres ;

● Valeur nominale minimale de l'émission : 500 millions de francs CFA.

Ces titres sont émis en vertu d’un contrat d’emprunt obligataire conclu entre, d’une part, un
émetteur, demandeur de capitaux, et, d’autre part, des souscripteurs, offreurs de capitaux, éga-
lement appelés obligataires. En vertu dudit contrat, le souscripteur se voit conférer un droit de
prêteur, qui induit un droit au remboursement à l’échéance fixée au contrat et un droit de per -
cevoir un intérêt indépendamment des résultats de la société et ne lui donne pas le droit de
participer à la gestion de la société. Ainsi la rémunération constitue un patrimoine pour l'ave-
nir et permet au souscripteur de placer ainsi ses économies à long terme.

Traditionnellement, plusieurs catégories d’émetteurs recourent à des émissions obligataires


pour assurer le financement de leurs activités. Ainsi, outre les sociétés commerciales, il n’est
pas rare que les Etats, les collectivités publiques ou les institutions financières sollicite le mar-
ché obligataire, notamment par voie d’appel public à l’épargne. L’Acte uniforme n’encadre
que les émissions obligataires des sociétés commerciales. A cet égard, la seule catégorie de
société visée est la société anonyme. En effet, on l’a vu, les obligations sont, à l’instar des ac -
tions, définies comme des titres négociables. Or, l’article 58 de l’Acte uniforme énonce que

12 ACTE UNIFORME RÉVISÉ RELATIF AU DROIT DES SOCIÉTÉS COMMERCIALES ET DU


GROUPEMENT D'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE ; Art 779

26
les sociétés anonymes émettent des titres négociables. Aucune disposition de l’Acte uniforme
ne confère aux autres formes sociales une telle faculté. Au demeurant, traditionnellement,
seules les sociétés par actions, donc, dans l’espace OHADA, les sociétés anonymes, peuvent
émettre des valeurs mobilières.

Cependant l'émission d'obligations, pour les sociétés est moins coûteuse que celle d'actions.
La raison est principalement d'ordre fiscale. En effet, les charges d'emprunt qui sont consti-
tuées par le règlement des intérêts sur les obligations émises sont soustraites du bénéfice avant
le paiement de l'impôt sur les sociétés tandis que les dividendes acquis du fait de la possession
d'une action sont prélevés sur les bénéfices de la société après paiement de l'impôt.

CHAPITRE 2: UNE DETERMINATION SELECTIVE DES


PERSONNES HABILITEES A LA CONDUITE DE LA NEGOCIATION
Le dirigeant est la personne clé de l’entreprise, il participe à la direction et à la gestion de la
société ou de ses filiales. Il s’agit, dans le cas de la Société Anonyme, notamment du président
directeur général, des directeurs généraux, des directeurs, ainsi que, de toute personne exer-
çant, à titre permanent, des fonctions analogues à celles précitées. Mais cette définition pêche

27
par simplisme et par manque de pragmatisme. Deux qualités apparaissent dans ce cas il s’agit
de la qualité de mandataire social et du pouvoir de représenter la société à l’égard des tiers.

L’utilisation du terme mandataire social peut prêter à confusion car d’une part les dirigeants
sociaux ne sont pas les mandataires des associés (même s’ils sont désignés par eux), étant
donné que leurs actes n’engagent pas directement ces derniers mais engagent la société. Et
d’autre part, Ils ne sont pas non plus des mandataires de la société puisque celle-ci est une en-
tité abstraite ne disposant pas de volonté propre distincte de celle de ses associés.

Il s’agit plus exactement d’une représentation de la personne morale par les organes sociaux
qui exercent une mission pour le compte de la société au nom de laquelle ils sont habilités à
agir. La notion de dirigeant relève principalement du droit des sociétés et non pas du droit du
travail ce qui explique la précarité et l’absence de protection juridique qui le caractérisent et
c’est ce qui explique aussi le lourd régime de responsabilités.

Ensuite, un mandataire social n’est pas forcément un représentant légal de la société étant
donné que pour acquérir cette qualité, il faut un pouvoir d’engager la société à l’égard des
tiers. D’autres auteurs admettent un sens large au mot dirigeant en y incluant toute personne
qui exerce à un titre quelconque une fonction sociale dans le cadre de la direction, de l’admi-
nistration, à l’instar des membres du conseil d’administration.

Le législateur a adopté une distinction juridique entre le dirigeant de droit qui est régulière-
ment titulaire d’une fonction attribuée par les organes sociaux et le dirigeant de fait se com-
portant comme un dirigeant statutaire en exerçant un pouvoir effectif de direction, sans avoir
reçu une habilitation juridique régulière.

La société anonyme actuelle est très encadrée par la loi et se caractérise par une hiérarchisa-
tion des pouvoirs. Ceci nous conduit tout naturellement à analyser les pouvoirs propres des
mandataires sociaux de droit (première section). Les attributions impérativement répartis par
la loi entre les différents organes sociaux ne peuvent faire l’objet d’aménagements statutaires,
mais il est possible de les déléguer. La pratique des sociétés commerciales démontre qu’au-
jourd’hui on peut avoir des mandataires sociaux « particuliers », en dehors des dirigeants tra-
ditionnels (deuxième section).

28
SECTION 1 : LES MANDATAIRES SOCIAUX DE DROIT
Le principal organe de gestion de la société anonyme est le conseil d’administration. Il s’agit
d’un organe collégial qui comporte au minimum trois membres et au maximum douze
membres.

Le conseil ainsi composé nomme parmi ses membres un président, personne physique. Aucun
poste de vice-président n’est en revanche prévu. A cet égard, la Cour Commune de Justice et
d'arbitrage (CCJA) est venu préciser, dans un avis rendu le 26 avril 2000 13, que la création
d’un tel poste dans les statuts de la société violerait la loi. Le conseil d'administration dispose
d'un pouvoir de gestion interne de la société et d'un pouvoir de représentation externe. En ef-
fet, il a le pouvoir d'accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la réalisation de l'objet so -
cial de la société, à l'exception de ceux que la loi réserve à l'assemblée générale des action-
naires. Ainsi, la direction de la société anonyme, quant à elle, est assurée soit par le président
du conseil d’administration, appelé président directeur général (Paragraphe 1), soit par un di-
recteur général (Paragraphe 2) autre que le président du conseil d’administration.

PARAGRAPHE 1 : LE PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL (PDG)


Le PDG est traditionnellement considéré comme étant le chef d’entreprise. En tant que man-
dataire social, le PDG dispose des pouvoirs très étendus, tant dans les rapports internes (ges-
tion interne, relations avec les actionnaires, prise de décisions) que dans les rapports avec les
tiers (contrats, partenariats). Le rapport de force entre le président et le conseil s’en trouve en
théorie équilibré puisque le président reste en principe le mandataire du conseil. Néanmoins,
l’absence de subordination du président qui organise les séances du conseil remet en question
cet équilibre. Une telle organisation alimente les confusions entre les pouvoirs du président
qui est censé être un organe de direction exécutive de la société, et les pouvoirs du conseil
d’administration, censé être un organe collégial chargé de contrôler l’action du PDG. Les
deux attributions se chevauchent largement dans la mesure où l’un et l’autre sont légalement «
investis des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société ».

13 Jurisprudence - Ohadata J-02-03 - Avis n° 02/2000 - Recueil de jurisprudence de la CC-


JA, n° spécial, janvier 2003, p. 73.

29
La durée de son mandat est identique à celle du mandat d’administrateur, avec possibilité de
renouvellements. Et ne peut exercer simultanément plus de trois mandats de président direc-
teur général de sociétés anonymes ayant leur siège social sur le territoire d'un même Etat par-
tie. De même, le mandat de président-directeur général n'est pas cumulable avec plus de deux
mandats d'administrateur général ou de directeur général de sociétés anonymes ayant leur
siège social sur le territoire d'un même Etat partie. 14

Il est révocable ad nutum, c’est-à-dire sans préavis, sans motivation et sans une quelconque
indemnité, par le conseil d’administration. En cas d’empêchement temporaire du PDG, ses
fonctions peuvent être déléguées à un autre administrateur. De même, si le PDG décède, dé-
missionne ou est révoqué, le conseil nomme un nouveau PDG ou délègue un autre administra-
teur dans les fonctions du PDG.

Pour l'exercice de ces fonctions, il est investi des pouvoirs les plus étendus qu'il exerce dans la
limite de l'objet social et sous réserve de ceux expressément attribués aux assemblées géné-
rales ou spécialement réservés au conseil d'administration par des dispositions légales ou sta-
tutaires. Dans ses rapports avec les tiers, la société est engagée par les actes du président-di-
recteur général qui ne relèvent pas de l'objet social.

PARAGRAPHE 2 : LE DIRECTEUR GENERAL


Le directeur général jouit lui aussi des pouvoirs les plus étendus dans l’administration de la
société et les exerce avec une grande marge d’autonomie. C’est un représentant de la société
dont les pouvoirs sont légalement définis. Il peut être choisi parmi les administrateurs ou en
dehors du conseil d’administration.

La désignation du directeur général fait partie des prérogatives reconnues au conseil d’admi-
nistration. Elle n’est soumise à aucune autorisation préalable de l’assemblée générale ou à une
autorisation particulière des statuts. Mais contrairement au PDG, il ne doit pas être nécessaire-
ment un administrateur ou même un actionnaire de la société. Il doit toutefois être une per-
sonne physique.

14 Acte Uniforme ; Article 464

30
A l’instar du PDG, le DG assure, sous sa responsabilité, la direction générale de la société et
la représente dans ses rapports avec les tiers. Pour ce faire, il dispose des pouvoirs les plus
étendus. Il les exerce dans la limite de l’objet social et sous réserve des pouvoirs du conseil
d’administration, de ceux de son président et des prérogatives des assemblées des action-
naires.

Le DG est, tout comme le PDG, révocable ad nutum, c’est-à-dire sans préavis, sans motiva-
tion et sans une quelconque indemnité, par le conseil d’administration. Précisons que s’il est
révoqué, alors même que ce point n’était pas inscrit à l’ordre du jour de la réunion, cette révo-
cation dans le silence de l’ordre du jour est régulière et ne saurait relever d’un abus de droit.

En outre, la révocation du directeur général d'une société anonyme peut être précédée d'une
suspension de ses fonctions. Cette dernière mesure relève de la compétence du conseil d'admi-
nistration ou du président dudit conseil.

La durée des fonctions du directeur général est fixée librement par le conseil d’administration
en accord avec le président. La fonction de directeur général doit être distinguée des fonctions
de direction assurées par certains cadres de la société qualifiés de directeurs techniques qui
peuvent prendre des décision dans l’organisation de leur service. A l’égard des tiers, le direc-
teur général est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom
de la société.

SECTION 2 : LES MANDATAIRES SOCIAUX « PARTICULIERS »


Certains auteurs, s’attelant à une conception restreinte, considèrent comme dirigeants (ou chef
d’entreprise) seulement les personnes qui s’occupent activement de la gestion de la société et
disposent à cet égard des pouvoirs les plus étendus. Mais, le développement des techniques «
frauduleuses » par la pratique pour contourner le régime des responsabilités des dirigeants, a
conduit le législateur à adopter une distinction juridique entre le dirigeant de droit qui est ré-
gulièrement titulaire d’une fonction attribuée par les organes sociaux, conformément aux
règles fixées par le droit des sociétés et le dirigeant de fait se comportant comme un dirigeant
statutaire en exerçant un pouvoir effectif de direction, sans avoir reçu une habilitation juri-
dique régulière.

31
Ceci nous conduit évidemment à étudier les fonctions des administrateurs (Paragraphe 1) et
celles des dirigeants de fait (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LES ADMINISTRATEURS


Dans un souci de simplicité, de modernité et surtout de flexibilité, la réforme de 2014 a aboli
le principe selon lequel, au moins, deux tiers des administrateurs doivent être des actionnaires.
En effet, il ressort clairement de l’article 416 de l’acte uniforme révisé, que les administra-
teurs peuvent être « actionnaires ou non ». Les statuts peuvent imposer que chaque adminis-
trateur soit propriétaire d'un nombre d'actions de la société qu'ils déterminent. Cette disposi-
tion ne s'applique pas dans le cas des salariés nommes administrateurs Tout administrateur
qui, au jour de sa nomination, n'est pas titulaire du nombre d'actions requis par les statuts ou,
en cours de mandat, cesse d'en être propriétaire, se trouve en infraction avec les dispositions
de l'alinéa qui précède. Dans ce cas, il doit, dans les trois (3) mois de sa nomination ou si l'in-
fraction survient en cours de mandat, dans les trois (3) mois de la date de la cession d'actions
à l'origine de l'infraction, se démettre de son mandat. À l'expiration de ce délai, il est réputé
s'être démis de son mandat et doit restituer les rémunérations perçues, sous quelque forme que
ce soit, sans que puisse être remise en cause la validité des délibérations auxquelles il a pris
part15. Par voie de conséquence, les Sociétés Anonymes unipersonnelles peuvent à cette base
choisir le Conseil d’Administration comme mode d’administration et de direction. Cela
constitue une véritable révolution en matière du droit de l’OHADA applicable aux Sociétés
Anonymes.

Les administrateurs dont il s’agit, sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires
pour une période n’excédant pas six ans. Toutefois, bien que leur mandat soit renouvelable
sans limitation de nombre, lorsqu’ils sont désignés par l’assemblée générale constitutive, la
durée de ce premier mandat ne peut dépasser deux ans. Aussi, à tout moment, ils peuvent être
révoqués par l’assemblée générale des actionnaires et mention en est fait au registre du com-
merce et du crédit mobilier puis publié dans un journal d’annonces légales.

15 Acte Uniforme ; Art 417

32
Pour ce qui est de la mission des administrateurs au sein de la société, il faut tout simplement
retenir qu’ils doivent agir en lieu et place des actionnaires, excepté certaines décisions stricte -
ment réservées à ces derniers (la dissolution anticipée de la société, la validation des états fi-
nanciers de synthèse, le changement de dénomination ou de l’objet social, etc.). C’est ainsi
qu’ils sont habilités à déterminer la politique de gestion et de fonctionnement de la société,
d’effectuer les vérifications sur la gestion de la société, de représenter la société face au tiers,
de convoquer les actionnaires en assemblée générale, etc.

Les administrateurs sont responsables individuellement ou solidairement envers la société ou


envers les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables
aux sociétés anonymes, soit des violations des clauses des statuts, soit des fautes commises
dans leur gestion. Si plusieurs administrateurs, ont coopéré aux mêmes faits, la juridiction
compétente détermine la part contributive de chacun dans la réparation du dommage.

PARAGRAPHE 2 : LES DIRIGEANTS DE FAIT


Le législateur OHADA ne définit pas la notion de dirigeant de fait. La doctrine française ap-
prouvée par la jurisprudence a essayé de définir les critères de la direction de fait. Deux cri -
tères sont retenus pour caractériser la direction de fait : l'accomplissement d'une activité de di-
rection, exercée de façon indépendante par la personne en cause, et l'accomplissement d'une
activité positive de direction. Ainsi, le dirigeant de fait doit être en mesure de décider du sort
commercial et financier de l'entreprise, d'imposer ses choix, et de peser de façon déterminante
sur la gestion. Il doit disposer d'un véritable pouvoir de décision. Enfin Nous pouvons retenir
que le dirigeant de fait « celui qui, en toute souveraineté et indépendance, exerce une activité
positive de gestion et de direction »16

L'existence du dirigeant de fait est avant tout révélée par son action. On peut même considérer
que « c'est l'activité qui crée le dirigeant de fait ». De nombreuses décisions se réfèrent à l'ac-
complissement d'une activité positive de direction, ou emploient des formules équivalentes,
pour désigner la personne qui a « pris une part active dans la gestion ». Le terrain de prédilec -

16 NZE NDONG DIT MBELE Jean-Richard ; « LE DIRIGEANT DE FAIT EN DROIT PRIVE


FRANÇAIS », thèse doctorat, UNIVERSITE NANCY 2 FACULTE DE DROIT, SCIENCES ECONO-
MIQUES ET GESTION, 2008
.

33
tion de la notion de dirigeant de fait est le groupe de sociétés. En effet, à défaut de prouver la
qualité de dirigeant de droit de la société mère, la notion de dirigeant de fait est le plus sou-
vent utilisée. Mais, la seule participation, même majoritaire, d'une société dans le capital d'une
autre, ne peut suffire à caractériser de sa part, une gestion de fait. Il ne peut y avoir direction
de fait de la société mère, que lorsqu'elle se comporte comme un dirigeant, c'est-à-dire lors-
qu'elle exerce, véritablement le pouvoir et s'immisce effectivement dans la gestion.

Pour qu’une personne soit qualifiée de dirigeant de fait, il faut qu’elle ait accompli des actes
positifs de gestion. Par acte positif de gestion, il faut entendre un acte soit de gestion courante,
soit d’administration, soit conservatoire ou de disposition. L’acte doit donc être accompli en
situation d’immixtion, la détention effective du pouvoir de décision est à l'évidence, constitu-
tive de cette « immixtion effective dans la gestion » qui caractérise la direction de fait. C’est-
à-dire à la place ou aux côtés des personnes normalement autorisées à l’accomplir. En effet,
pour une raison ou une autre, une personne n’en ayant pas qualité peut participer à la prise des
décisions. C’est généralement dans le but de faire passer ses intérêts. L’acte doit être accompli
de manière continue telle que la personne soit réputée avoir exercé le contrôle effectif et
constant de la marche de la société. Le propre de la direction de fait, c’est justement la prise
de contrôle informelle de la marche de l’entreprise. Cette prise de contrôle se fait soit de ma-
nière directe, par prise de décision ou participation à des décisions, soit de manière indirecte
par l’exercice d’une pression sur les décideurs.

CHAPITRE 1 : LA MISE EN ŒUVRE DE MESURES REPRESSIVES


DES MANQUEMENTS DES MANDATAIRES SOCIAUX
La responsabilité pénale consiste en l’obligation de répondre de ses actes délictueux en subis-
sant une sanction pénale dans les conditions et selon les formes prescrites par la loi. De la
qualité de l’information dépend naturellement l’intégrité des marchés. Celle-ci suppose la ré-
gularité des opérations qui postule que des personnes ne tirent pas avantage d’une information
dont elles connaissent la fausseté ou dont elles sont les seules à disposer. L’instauration d’une
morale des affaires passe par la sanction de ceux qui ne respectent pas les règles du jeu et
tentent de fausser le marché. Le droit pénal boursier apparaît comme l’une des branches du
droit pénal des affaires qui constitue le « droit pénal spécial des manieurs d’argent ». Il est

34
d’un précieux secours pour protéger l’ordre public. La voie pénale est alors la forme privilé-
giée de sanction des comportements illicites sur les marchés financiers.17

Ces comportements renvoient à toute activité allant à l’encontre des règles boursières autre-
ment dit des délits boursiers (Section 1) et des délit de manipulation de cours et délit de diffu-
sion d’informations fausses (Section 2).

SECTION 1 : LES DELITS D’INITIES


Le délit d’initié est, de manière générale, défini comme l’infraction par laquelle une personne
dite « initié » fait usage d’une information privilégiée afin de réaliser directement ou indirec-
tement une opération sur un marché financier, afin d’en retirer un profit indu. Cette personne
est sanctionnée car il serait injuste que les initiés tirent avantage d’informations non pu-
bliques. Les marchés financiers doivent en effet être transparents pour la protection et l’égali -
té des investisseurs ainsi que pour préserver l’intégrité du marché. Aussi, si l’initié est un diri -
geant social, il rompt ses obligations fiduciaires envers les associés et la société s’il utilise
dans son propre intérêt les informations qu’il détient. L’initié qui n’est pas dirigeant social,
s‘il utilise une information privilégiée qu’il aurait eu dans le cadre de ses fonctions, abuse de
la confiance que ces fonctions lui confèrent 18. La sanction du délit d’initié peut également être
justifiée par le fait que l’information privilégiée appartient à la société et l’utiliser pour en ti -
rer profit avant que la société ne la rende publique serait constitutif d’un vol. Il peut cependant
être précisé dans des juridictions, comme en France, que la détention et l’utilisation de l’infor-
mation privilégiée ne constituent pas un délit d’initié si le comportement de la personne est lé-
gitime. Concrètement, le délit d’initié constitue le fait « pour des dirigeants sociaux d’une so-
ciété commerciale ou industrielle et pour les personnes disposant, à l’occasion de l’exercice

17 GATCHOUP TCHINDA Désiré « Le délit d’initié dans les marchés boursiers de l’espace
OHADA » Revue semestrielle d’Etudes, de Législation, de Jurisprudence et de Pratique Profes-
sionnelle en Droit des affaires & en Droit Communautaire ; Septembre 2014

18 R. Mwikali Kyalo: “Corporate Governance in Kenya: A Case for Review of the Legal
Framework on Insider Trading”; Thesis – School of Law of Nairobi, Novembre 2016

35
de leur profession ou de leurs fonctions, d’informations privilégiées sur la situation ou les
perspectives d’un émetteur dont les valeurs mobilières sont négociées sur le marché, de réali-
ser ou de permettre sciemment de réaliser, directement ou par personne interposée, une ou
plusieurs opérations avant que le public ait connaissance de ces informations et avec pour but
de réaliser un profit indu ; pour toute personne disposant à l’occasion de l’exercice de sa pro-
fession ou de ses fonctions, d’informations privilégiées sur la situation ou les perspectives
d’un émetteur dont les valeurs mobilières sont négociées sur un marché, de les communiquer
à un tiers en dehors du cadre normal de sa profession ou de ses fonctions et avec pour but de
réaliser un profit indu». Le délit comporte un élément matériel à savoir l'information privilé-
giée et un élément moral : l'intention.

Le délit d'initié est un délit instantané qui se réalise entièrement par l'acte ou l'omission péna-
lement sanctionnée. Les comportements sanctionnés sont les suivants :

● L'acquisition ou la cession des titres concernés : la loi interdit d'acquérir ou de céder

pour compte propre ou pour compte d'autrui, directement ou indirectement, des va-
leurs mobilières ou autres instruments financiers concernés par cette information ; il
faut un acte positif, l'abstention de vente ou d'achat n'étant pas sanctionnée.

● La communication des informations privilégiées : Il est interdit aux dirigeants de com-

muniquer ces informations à un tiers, si ce n'est dans le cadre normal de l'exercice de


leur travail, de leur profession ou de leur fonction.

● La recommandation d'acquérir ou de céder : Il est interdit aux dirigeants de recom-

mander à un tiers d'acquérir ou de céder, ou de faire acquérir ou céder par un tiers, sur
la base de ces informations privilégiées, des valeurs mobilières ou autres instruments
financiers.

C’est ainsi que nous mettrons en exergue d’abord la notion d’initié (paragraphe 1) ensuite le
délit de divulgation illicite d’information privilégiée et les sanctions du délit qui en découlent
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LES INITIES


Les différentes juridictions définissent plus ou moins précisément qui sont les initiés. Les ini-
tiés peuvent être initiés directs (ou primaires). Ce sont les personnes qui ont une présomption
36
d’initiation concernant les titres de sociétés qu’ils dirigent. Ce sont les dirigeants sociaux, «
les dirigeants d’une société industrielle ou commerciale » comme les définit le Code pénal ca-
merounais19 ou, plus précisément « le directeur général, le président, un membre du directoire,
le gérant, un membre du conseil d'administration ou un membre du conseil de surveillance
d'un émetteur concerné par une information privilégiée ou une personne qui exerce une fonc-
tion équivalente » selon le droit français 20. Les initiés peuvent également être indirects (ou se-
condaires). Ce sont généralement les personnes qui détiennent une information privilégiée à
l’occasion de leur profession ou fonction. Il peut s’agir de personnes travaillant dans la société
mais n’exerçant pas de mandats sociaux comme un directeur financier, ou de personnes ayant
une relation avec la société comme par exemple un liquidateur, un banquier, un avocat, un co‐
contractant. Ces personnes n’ont pas accès direct à l’information mais savent que l’informa-
tion communiquée est privilégiée. Il n’y a pas à l’égard de ces personnes de présomption
d’initiation. Il faudra donc prouver que ces personnes disposaient de l’information privilégiée.
Le droit français va plus loin et inclut parmi les initiés les personnes qui ont une information
privilégiée concernant un émetteur au sein duquel elle détient une participation ou encore les
personnes qui détiennent l’information privilégiée du fait de leur participation à la commis-
sion d’un crime ou un délit 21. Le droit turc inclut également parmi les initiés les personnes
ayant obtenues les informations privilégiées suite à la commission d’un crime. Certaines juri-
dictions, comme le Maroc, ne distinguent pas les initiés directs/indirects, (primaires/secon-
daires) mais offrent une définition très large de l’initié telle que « Toute personne disposant,
dans l’exercice de sa profession ou de ses fonctions, d'informations privilégiées » 22. Cette dé-
finition peut ainsi s’appliquer aussi bien aux dirigeants sociaux qu’à toute autre personne pou-

19 Art: 135‐1 Code Pénal Cameroun

20 Art. L .465‐1 Code Monétaire et Financier

21 Art. L. 465‐1 Code Monétaire et Financier

37
vant avoir connaissance d’une information privilégiée. Ne pas distinguer entre dirigeants so-
ciaux et initiés potentiels peut alors nier la présomption d’initiation des dirigeants sociaux.
D’autres juridictions, comme le Kenya, offrent une définition de l’initié trop vague et ambi-
guë. Le capital Market Act du Kenya définit ainsi l’initié comme toute personne détenant une
information privilégiée. Cette définition considère que toute personne peut être un initié,
qu’elle soit liée ou non à l’émetteur. Cette définition ne permet pas de savoir dans quelle cir-
constance la personne est réputée être en possession d’information privilégiée.

De même, au Nigéria, l’initié peut être « toute personne qui a ou qui est réputée avoir une re -
lation avec la société ou l’un de ses membres ». Cette définition est très large. Une personne
peut être initiée quelle que soit sa relation avec la société ou l’un de ses membres. Cette défi-
nition couvre donc un nombre inimaginable de situations dans lesquelles la personne peut être
réputée être un initié.

PARAGRAPHE 2: LE DELIT DE DIVULGATION ILLICITE


D’INFORMATION PRIVILEGIEE ET LES SANCTIONS DU DELIT
D’INITIES
Le délit est constitué si l’information détenue est une information dite privilégiée. Il est égale-
ment nécessaire, en droit pénal, que l’auteur de l’infraction connaisse le caractère privilégié
de l’infraction. Cela constitue en effet l’élément intentionnel de l’infraction.

L’information est généralement privilégiée quand elle est précise, non publique et pourrait
avoir une influence sur les cours des titres de l’émetteur si elle était rendue publique. Le Code
français des Marchés Financiers renvoie à l’article 7 du règlement (UE) n° 596/2014 du Parle-
ment européen et du Conseil du 16 avril 2014 pour définir l’information privilégiée.

22 Art 25 Loi n° 1‐93‐212 relatif au CDVM

38
L’information privilégiée est ainsi, en droit français, « une information à caractère précis qui
n’a pas été rendue publique, qui concerne, directement ou indirectement, un ou plusieurs
émetteurs, ou un ou plusieurs instruments financiers, et qui, si elle était rendue publique, se -
rait susceptible d’influencer de façon sensible le cours des instruments financiers concernés
ou le cours d’instruments financiers dérivés qui leur sont liés ». Les définitions de l’informa-
tion privilégiée adoptées par les autres juridictions sont proches de la définition française.
Ainsi, la définition en vigueur au Cameroun est celle de l’article 386 du Règlement Général
COSUMAF qui dispose que l’information privilégiée est une « information non publique, pré-
cise, relative à un ou plusieurs émetteurs, à une ou plusieurs valeurs mobilières, qui, si elle
était rendue publique, pourrait avoir une incidence sur le cours de la valeur ». Le délit de di-
vulgation d’information privilégiée vise généralement les mêmes auteurs que le délit d’initié.
En droit français, ce délit était auparavant inclus dans le délit d’initié et était moins sévère -
ment sanctionné. En transposant la directive européenne sur les abus de marché (directive
MAD) et le règlement européen associé (règlement MAR) du 16 avril 2016, la France a rendu
cette infraction autonome et relevé ses sanctions. Le délit est ainsi aujourd’hui puni des
mêmes peines que le délit d’initié.

En droit camerounais, le délit de divulgation illicite d’information privilégiée existe égale-


ment. Il est inclus dans les dispositions relatives au délit d’initié et est puni des mêmes peines.
Il en est de même en Afrique du Sud. Le Financial Market Act de 2012 inclut en effet dans la
même section et punit des mêmes peines le délit d’initié et la divulgation d’information privi-
légiée.

Au Maroc, au contraire, le délit de divulgation d’information privilégiée est sanctionné moins


sévèrement que le délit d’initié. En effet, l’art 25‐1 de la loi relative au CDVM ne prévoit
qu’une peine de trois mois à un an d’emprisonnement et d’une amende de 20 000 à 100 000
dirhams alors que le délit d’initié est sanctionné de trois mois à deux ans d’emprisonnement et
d’une amende ne pouvant être inférieure à 200 000 dirhams.

Dans un souci de préserver la transparence du marché et ne pas inciter les initiés à divulguer
des informations privilégiées afin d’en tirer un profit indu à moindre risque, l’harmonisation
des peines entre le délit d’initié et le délit de divulgation d’information privilégiée, telle
qu’elle existe en droit français ou camerounais, est nécessaire.

39
Le CREPMF est l’organe de tutelle et de régulation du Marché Financier Régional de l’UE-
MOA, chargé d'une mission générale de protection de l'épargne investie en valeurs mobilières
et en tout autre placement donnant lieu à une procédure d'appel public à l'épargne dans l'en-
semble des Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Le
CREPMF est seul habilité à réglementer et à surveiller le marché et la fourniture des services
d’investissement. Le CREPMF peut prononcer des sanctions pécuniaires. L’annexe à la
convention permet au CREPMF de prononcer des sanctions pécuniaires à l’encontre de toute
personne qui, agissant seule ou de concert avec d’autres, aura retiré un avantage quelconque,
défini notamment comme un gain matériel ou une perte évitée, à partir : d’une manipu -
lation du marché, d’une utilisation d’informations confidentielles et privilégiées relatives au
marché, d’une propagation de fausses informations, d’une utilisation non autorisée de
l’épargne des investisseurs à des fins personnelles, d’une atteinte à l’information du public 23.
L’annexe ne définit toutefois ni les agissements punissables, ni le montant de la sanction pé-
cuniaire encourue. On parle de sanction administrative lorsqu’il constate qu’un intervenant
commercial a manqué aux règles de bonne conduite de la profession ou ne remplit plus les
conditions requises pour l’agrément, le CREPMF peut adresser à l’intervenant concerné : soit
une mise en garde, soit une injonction à l’effet notamment de prendre, dans un délai détermi-
né, les mesures de redressement nécessaires ou toutes mesures conservatoires qu’il juge ap-
propriées24. L’intervenant, qui n’a pas déféré à cette injonction, est réputé avoir enfreint la ré-
glementation et sera passible d’une sanction disciplinaire. Quand le CREPMF constate un
manquement à la réglementation, il prononce une ou plusieurs des sanctions disciplinaires sui-
vantes : l’avertissement, le blâme, l’interdiction à titre temporaire ou définitif de tout ou partie
des activités, la suspension ou la démission d’office des dirigeants responsables, le retrait tem-

23 Art. 32 Annexe portant Composition, Organisation, Fonctionnement et attributions du


Conseil Régional de
l’Epargne Publique et des Marches Financiers

24 Art. 34 Annexe portant Composition, Organisation, Fonctionnement et attributions du


Conseil Régional de
l’Epargne Publique et des Marches Financiers

40
poraire ou définitif d’un agrément ou d’un visa accordé ou encore la radiation des listes pro-
fessionnelles tenues par le CREPMF25. L’article prévoit que le CREPMF peut prononcer ces
sanctions disciplinaires « sans préjudice des sanctions pénales ou autres encourues » mais il
n’existe pas encore de loi, ni au niveau régional, ni au niveau des Etats membres définissant
précisément les infractions pénales boursières sur le marché régional ainsi que les sanctions
applicables.

L’acte uniforme portant sur le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt éco-
nomique (AUDSCGIE) prévoit des dispositions régissant la responsabilité pénale des diri-
geants sociaux. Le droit OHADA laisse toutefois aux Etats leur souveraineté pénale. Les lé-
gislations nationales déterminent ainsi les sanctions applicables aux infractions définies par
l’AUDSCGIE.

L’AUDSCGIE, s’il contient quelques dispositions relatives à l’appel public à l’épargne, ne lé-
gifère toutefois pas sur les incriminations spécifiques aux activités boursières telles que le dé-
lit d’initié, de divulgation d’informations privilégiées, de communication d’informations
fausses ou trompeuses, ou encore de manipulation de cours. Le Cameroun, membre de
l’OHADA mais pas de l’UEMOA a légiféré en matière boursière afin de combler le vide juri -
dique du droit uniforme. Les Etats membres de l’UEMOA n’ont pas légiféré. Il n’existe donc
pas d’infractions boursières sur le marché financier régional de l’UEMOA.

Le délit d’initié est généralement puni d’une amende assortie d’une peine d’emprisonnement.
La tentative du délit peut être, comme en droit français, puni des mêmes peines que l’infrac-
tion elle‐même. Les sanctions varient d’une juridiction à l’autre. Elles peuvent aller de 6mois
à 2 ans d’emprisonnement et 1 million à 10 millions de francs CFA (environ 1 520 à 15 200
€) d’amende au Cameroun, à 5 ans d’emprisonnement et 100 millions d’euros en France22 ou
encore 10 ans d’emprisonnement et R50 millions (3 millions d’Euros) en Afrique du Sud.
Certaines juridictions comme le Maroc prévoient une amende proportionnelle pouvant aller
jusqu’à 5 fois le montant du profit indument réalisé, avec un minimum, de 200 000 dirhams
(environ 18.400 €). D’autres pays enfin, comme l’Argentine, prévoient une peine d’emprison-

25 Art. 35 Annexe portant Composition, Organisation, Fonctionnement et attributions du


Conseil Régional de
l’Epargne Publique et des Marches Financiers

41
nement de 1 à 4 ans et une amende seulement égale au montant du profit réalisé. Cette der-
nière sanction parait toutefois peu dissuasive. Plusieurs juridictions prévoient des sanctions
plus sévères quand l’auteur de l’infraction est une personne morale.

SECTION 2 : LES DELIT DE MANIPULATION DE COURS ET DELIT


DE DIFFUSION D’INFORMATIONS FAUSSES
La protection de la transparence comporte donc des aspects répressifs, comme l’illustre le dé-
lit d’initié, dont la réalisation est consubstantiellement liée à la violation de l’obligation d’in-
formation. Nous allons voir dans cette partie d’autres délits boursiers que l’on peut rencon-
trer. Il s’agit du délit de manipulation de cours (paragraphe 1) et du délit de diffusion d’infor-
mations fausses (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LE DELIT DE MANIPULATION DE COURS


Constitue un délit de manipulation de cours le fait de réaliser une opération, de passer un
ordre ou d'adopter un comportement qui donne ou est susceptible de donner des indications
trompeuses sur l'offre, la demande ou le cours d'un instrument financier ou qui revient à fixer
le cours de cet instrument à un niveau anormal ou artificiel. Le délit est également constitué
par le fait, pour toute personne, de réaliser une opération, de passer un ordre ou d’adopter un
comportement qui affecte le cours d’un instrument financier, en ayant recours à des procédés
fictifs ou à toute autre forme de tromperie ou d’artifice. Cette infraction est donc constituée
d'un élément intentionnel qui suppose la conscience du caractère délictuel de l'opération.
Cette infraction, réécrite en droit français en 2016 conformément au droit européen existe
dans d’autres juridictions. Les définitions offertes par ces juridictions diffèrent mais la finalité
de l’infraction reste la sanction de l’atteinte au bon fonctionnement du marché.

En général, la manœuvre doit réunir deux conditions cumulatives : perturber le fonctionne-


ment normal du marché et tromper les investisseurs. L'élément matériel de ce délit consiste en
la diffusion dans le public, par n'importe quel moyen, d'informations fausses ou trompeuses,
et ne nécessite dès lors pas une intervention directe sur le marché. Il s'agit en quelque sorte
d'un délit de manipulation des esprits. L'élément intentionnel du délit est l'intention fraudu-
leuse d'influencer le cours. On peut le comprendre de l’utilisation du mot « sciemment ».

La manipulation de cours est notamment caractérisée par les actions suivantes :

42
● Réaliser une transaction fictive ;

● Donner ou accepter un ordre dont l'exécution n'apporte aucun changement réel de pro-

priétaire ;

● Créer une apparence d'activité fausse ou trompeuse ou un cours artificiel sur un titre ;

● Effectuer des séries d'achats ou des séries de ventes sur un même titre dans le but d'in-

fluencer indûment ou abusivement le cours du titre ;

● Effectuer seul ou de concert avec une ou plusieurs personnes, une série de transac-

tions sur un titre afin de créer une activité réelle ou apparente ou d'en élever ou abais -
ser le cours.

Au Maroc, est sanctionnée la personne qui aura sciemment exercé ou tenté d’exercer sur le
marché d’une valeur mobilière une manœuvre ayant pour objet d’agir sur les cours ou de ma-
nière générale, d’entraver le fonctionnement régulier du marché en induisant autrui en erreur.
L’utilisation du terme « manœuvre » rend ici la définition du délit large, permettant ainsi une
vaste interprétation des faits.

L’article 26 du Dahir portant la loi n° 1-93-212 en est la parfaite illustration, qui stipule que :

« Toute personne qui aura sciemment répandu dans le public, par des voies et moyens quel-
conques, des informations fausses ou trompeuses sur les perspectives ou la situation d’un
émetteur de titres ou sur les perspectives d’évolution d’une valeur mobilière, de nature à agir
sur les cours ou, de manière générale, à induire autrui en erreur, sera passible d'une amende de
10.000 à 500.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.

Le montant de cette amende pourra être porté jusqu’au quintuple du montant du profit éven -
tuellement réalisé, sans qu’il puisse être inférieur à ce même profit.

Sera punie des mêmes peines que celles prévues au présent article toute personne qui, directe-
ment ou par personne interposée, aura sciemment exercé ou tenté d’exercer sur le marché
d’une valeur mobilière une manœuvre ayant pour objet d’agir sur les cours ou, de manière gé-
nérale, d’entraver le fonctionnement régulier du marché en induisant autrui en erreur »

La peine d’emprisonnement est beaucoup moins sévère qui est de trois mois à deux ans.
43
Il est interdit donc à un dirigeant, seul ou avec le concours d'autres personnes, de manipuler le
marché par un acte ou par une série d'actes, par omissions ou par la diffusion de toutes infor -
mations ou rumeurs relatives à une ou plusieurs valeurs mobilières.

Ces manipulations peuvent revêtir, entre autres, les formes suivantes :

● Introduire des transactions simultanées à l'achat et à la vente sans raison économique

et dans le seul but d'établir un cours ou d'augmenter le volume.

● Procéder à des achats de valeurs mobilières qui n'impliquent pas de changement de

bénéficiaire économique ultime à des prix successifs et chaque fois supérieurs aux pré-
cédents ;

● Procéder à des ventes de valeurs mobilières qui n'impliquent pas de changement de

bénéficiaire économique ultime à des prix successifs et chaque fois inférieurs au pré-
cédent ;

● Créer ou induire une apparence faussée, trompeuse ou artificielle d'activité sur une va-

leur mobilière ;

● Créer ou induire une apparence faussée, trompeuse ou artificielle d'activité sur le mar-

ché d’une valeur mobilière ;

● Influencer de manière indue ou sans fondement le cours d’une valeur mobilière ;

● Entreprendre une action quelconque susceptible d'entraver ou de perturber le fonction-

nement équitable et régulier du marché.

L'absence de jurisprudence sur la question ne permet cependant pas de circonscrire précisé-


ment la portée de l'interdiction.

Subséquemment, l'information a un coût, ainsi la communication d'informations fausses dans


le but d'induire autrui en erreur peut provoquer un achat ou une abstention des demandes de
valeur mobilières sur le marché au détriment des investisseurs. Dans cette circonstance, le
prix des titres n’est plus le résultat de la confrontation entre l'offre et la demande de titres car
biaisée par une information fausse. Une technique dite « de la bouilloire » est souvent utilisée

44
et consiste à manipuler à la hausse d'une valeur mobilière en passant de très nombreux ordres
d'achat parfois sans disposer de couverture. Ainsi les spéculateurs croient en l'imminence
d'une opération sur ce titre, ce qui les amène à entretenir la hausse.

Pour clôturer son entreprise délictuel, le manipulateur passe des ordres de vente par découvert
ou sur des titres acquis antérieurement. Les bénéfices obtenus sont de ce fait plus importants
que ceux qu'il aurait obtenus dans les conditions normales de marché. Les sanctions adminis-
tratives et pénales sont une garantie de transparence pour les investisseurs. Les sanctions pé-
nales et disciplinaires peuvent être cumulées. Les autorités de surveillance du marché finan-
cier veillent à l'application des sanctions prévues par les règlements des bourses de valeurs
mobilières en cas de violation de la déontologie professionnelle. Les sanctions pénales
doivent être revues dans un souci d'harmonisation afin que les investisseurs soient traités de
façon égale aussi bien en investissant mais aussi lorsqu'ils violent les règles de transparence
au même titre que l'émetteur. Une spécialisation des juges dans le domaine boursier est égale -
ment souhaitable.

En ce qui concerne le droit Sud‐Africain, il sanctionne également la manipulation de cours


mais définit de manière non limitative les comportements susceptibles d’entrainer une mani-
pulation de cours. Ainsi est par exemple coupable de manipulation de cours la personne qui
sciemment approuve ou passe un ordre d’achat ou de vente d’un titre coté sur le marché sans
qu’il y ait de changement effectif de la propriété du titre. C’est le cas notamment quand une
personne est directement ou indirectement à la fois le vendeur et l’acheteur des titres de cette
transaction. Cette pratique, crée ainsi une apparence fausse et trompeuse d’activité commer-
ciale du titre qui peut faire varier la valeur de son cours de manière artificielle.

En effet, la manipulation de cours doit être sanctionnée car elle crée une apparence de regain
d’intérêt pour le titre afin de persuader des tiers de l’acheter et ainsi entrainer une hausse du
prix. Une fois que le cours a augmenté, le manipulateur peut vendre ses titres sur le marché en
réalisant un profit indu. Cette opération peut ensuite faire baisser le cours du titre et faire
perdre aux investisseurs piégés leur argent.

Le droit français et Sud‐Africain sanctionnent ce délit des mêmes peines que le délit d’initié
(jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 100 millions d’euros en France et 10 ans d’emprisonne-
ment et R50 million (3 millions d’euros) en Afrique du Sud. Au Nigéria, l’auteur d’une telle
manipulation, s’il est une personne physique, encourt une peine d’emprisonnement pouvant

45
aller jusqu’à 7 ans et une amende d’au moins 500 000 NGN (1 200 €) ou d’un montant équi-
valant au double du montant du profit réalisé.

Aux Etats-Unis, la Cour Suprême a jugé que la manipulation faisait référence généralement «
aux pratiques, telles que les ventes simultanées, les ordres mariés ou les prix provoqués à la
hausse ou à la baisse, et dont le but est de tromper les investisseurs en affectant artificielle -
ment l'activité de marché ».

La manipulation suppose donc une intention de tromper les investisseurs en contrôlant artifi-
ciellement le prix d'un titre. L'approche américaine est globale, puisqu'il n'existe pas de défini-
tion réglementaire du délit mais une réglementation des pratiques boursières manipulatrices.
Les dispositions américaines à prendre en compte sont assez nombreuses : elles visent les pra-
tiques de wash sales (achat - vente simultanés) ou de matched orders (ordres mariés), ainsi
que d'autres pratiques telles que le tipster sheets (feuille de pronostiqueurs) ou de touting (pro-
motion agressive d'une valeur par l'intermédiaire d'un porte-parole intéressé financièrement
dans le but recherché). Est également visée la manipulation consistant en l'utilisation de tran-
sactions véritables actual trading pour donner l'impression d'un commerce de bonne foi (bona
fide trading activity). Sont ainsi prohibées les techniques de scalping où le broker-dealer
achète des titres avant de les recommander à son client dans le but de les revendre une fois le
prix augmenté, ou de parking qui consiste pour un actionnaire à dissimuler sa qualité de pro-
priétaire, grâce à la complicité d'un intermédiaire auprès duquel il vend les titres avec pro-
messe de rachat avant règlement.

Dans de nombreuses juridictions, les peines encourues par les personnes morales sont plus
élevées.

PARAGRAPHE 2 : LE DELIT DE DIFFUSION D’INFORMATION


FAUSSE OU TROMPEUSE
Dans certaines juridictions, la diffusion d’information fausse ou trompeuse fait l’objet d’une
infraction différente de celle de la manipulation de cours. But identique : la sanction de la spé-
culation illicite mais manipulation de cours suppose une intervention sur le marché. Fait de
diffuser, par tout moyen, des informations susceptibles de donner des indications fausses ou
trompeuses sur la situation, les perspectives d’un émetteur ou sur l’offre, la demande ou le
cours d’un instrument financier ou qui fixent ou sont susceptibles de fixer le cours d’un ins-

46
trument financier à un niveau anormal ou artificiel 26. Même si les deux infractions sont très
proches l’une de l’autre, la diffusion d’information fausse ou trompeuse fait, dans certaines
juridictions, l’objet d’une infraction différente de celle de la manipulation de cours. Ces deux
infractions poursuivent en effet un but identique, la sanction de la spéculation illicite. La ma-
nipulation de cours peut toutefois supposer, selon la définition du délit adopté par chaque juri-
diction, une intervention directe sur le marché. Ce délit concerne toute personne qui diffuse
sciemment dans le public des informations fausses ou trompeuses sur la situation ou les pers-
pectives d'un émetteur dont les valeurs mobilières sont négociées sur le marché de nature à
agir sur les cours. Cette infraction sanctionne toute personne et non uniquement les profes-
sionnels et les dirigeants sociaux concernés. C'est le cas du délit d'initié. Cette infraction ne
sanctionne pas l'usage dans le public d'une information exacte mais confidentielle. Bien au
contraire, il s'agit de sanctionner des informations inexactes.

L'élément matériel de cette infraction consiste en la diffusion dans le public, par n'importe
quel moyen d'informations fausses ou trompeuses. Peu importe le résultat de la diffusion ou
que son initiateur en ait tiré profit. Il n'est pas nécessaire d'établir un lien entre l'acte incriminé
et le résultat obtenu. L'élément intentionnel consiste en la conscience, la mauvaise foi du déli-
vrant qui sait que les informations qu'il diffuse sont fausses.

Constitue en droit français un délit de diffusion d’information fausse ou trompeuse le fait de


diffuser, par tout moyen, des informations susceptibles de donner des indications fausses ou
trompeuses sur la situation, les perspectives d’un émetteur ou sur l’offre, la demande ou le
cours d’un instrument financier ou qui fixent ou sont susceptibles de fixer le cours d’un ins-
trument financier à un niveau anormal ou artificiel. Le Code Monétaire et Financier indique
que la diffusion de l’information fausse ou trompeuse peut se faire par tout moyen. Elle peut
donc être diffusée oralement, à l’écrit sur tout type de support, dans la presse, par internet, sur
les réseaux sociaux. Elle peut encore prendre la forme de rumeur, de publication de comptes
inexacts par exemple. L’élément moral : la conscience du caractère inexact de l’information.
C’est une infraction intentionnelle, par conséquent, l’élément moral a une place importante ;
mais, la loi du 22 janvier 1988 a assoupli les exigences :

26 The World Bank ; Les infractions en matière boursière sur le marché financier régional
de l’UEMOA ; 09 Juillet 2019

47
Avant 1988 : on exigeait un dol spécial, c’est-à-dire que les informations diffusées devaient
l’être dans le but d’agir sur les titres. L’obligation d’établir un dol spécial rendait la charge de
la preuve bien difficile et compliquait encore plus la tâche des juridictions.

Après 1988 : on supprime l’exigence d’un dol spécial. On se contente d’un dol général. Dé-
sormais, il faut seulement prouver que l’auteur du délit a agi en ayant connaissance du carac-
tère inexact des informations qu’il a divulguées, la loi du 2 juillet 1996 ayant supprimé le
terme « sciemment ». Mais il ne faut pas oublier que cela n’en fait pas moins une infraction
intentionnelle.27

Le délit de diffusion d’informations fausses ou trompeuses fait l’objet des mêmes sanctions
que le délit d’initié : l’emprisonnement de 2 ans et une amende s’élevant à 1 500 000 euros.
Ce montant peut être amené à s’élever jusqu’au décuple du montant éventuellement réalisé.

Les personnes morales peuvent être déclarées pénalement responsables de l’infraction. La


complicité est punissable aux conditions de droit commun. Enfin, il faut rappeler que ce délit
se cumule souvent avec le délit d’initié. Cette infraction qui, comme le délit d’initié, sanc-
tionne l’atteinte à la transparence du marché et des spéculations illicites.

Au Maroc, la diffusion d’information fausse ou trompeuse peut également se faire « par des
voies et moyens quelconques ». Tout dirigeant d’une société cotée qui donne des informations
sciemment inexactes au CDVM ou qui refuse de lui communiquer des informations est pas-
sible d’une amende de 20.000 à 200.000 dirhams. Par information inexacte, il faut entendre
non seulement les informations mensongères mais aussi les informations incomplètes ou qui
prêtent à confusion (dol, …). En cas de récidive 28, le contrevenant est puni d'un emprisonne-
ment de trois mois à un an et d'une amende de 40.000 à 400.000 dirhams ou de l'une de ces
peines seulement.

27 Cabinet ACI spécialiste en droit pénal ; Droit pénal de la presse ; Délit de diffusion
d’information fausse ou trompeuse

28 Est en état de récidive toute personne qui a commis une infraction dans les cinq ans
suivant une condamnation irrévocable pour des faits similaires.

48
Dans le même esprit, la loi turque sanctionne les personnes qui diffusent des informations
fausses ou trompeuses, des rumeurs, ou encore font des commentaires ou rédigent des rap -
ports faux ou trompeurs.

Le Code pénal Camerounais, quant à lui, ne précise pas que l’information fausse ou trom-
peuse peut être diffusée par tout moyen pour être sanctionnée mais il ne limite pas non plus
les formes dont peut prendre cette diffusion. Selon le droit camerounais, sera en effet punie
d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende d’un million à dix millions ou
l’une de ces deux peines, toute personne qui « diffuse sciemment, dans le public, des informa-
tions fausses ou trompeuses, dans le public, des informations fausses ou trompeuses sur la si-
tuation ou les perspectives d’un émetteur dont les valeurs mobilières sont négociées sur le
marché, de nature à agir sur les cours, ou qui entrave ou tente d’entraver, par manouvre de
toute nature, le bon fonctionnement du marché ». 29

L’interprétation d’un tel article se voudra alors aussi large que celle des articles susmention-
nés. Divulguer une information fausse ou trompeuse afin d’induire en erreur les investisseurs
et profiter ainsi d’une situation artificielle sur le marché de capitaux afin de bénéficier d’un
profit indu devrait être sanctionné des mêmes peines qu’un délit d’initié. Ces deux infractions
sanctionnent en effet l’atteinte à la transparence du marché et des spéculations illicites. En
droit français, camerounais, ou sud‐africain par exemple, le délit de divulgation d’information
fausse ou trompeuse est puni des mêmes peines que le délit d’initié. En droit marocain, il est
puni des mêmes peines que la manipulation de cours, mais différemment du délit d’initié.

29 Loi n°2016-07 du 12 juillet 2016 portant Code Pénal ; Art 135-2 al 2

49
CHAPITRE 2 : L’APPEL A REPARATION DES DOMMAGES CAUSES
PAR LES ENGAGEMENTS DES DIRIGEANTS SOCIAUX
Dans l’exercice de leurs fonctions, les dirigeants doivent agir dans le strict respect des dispo-
sitions législatives ou réglementaires applicables à la société ainsi que de celles de ses statuts.
En outre, ils doivent faire preuve bien évidemment de compétence, de diligence et de loyauté
pour assurer la bonne marche des affaires sociales et préserver le nécessaire équilibre entre les
différents intérêts qui s’entrechoquent au sein et autour de la société. Il ne fait aucun doute
que le manquement des dirigeants à leurs obligations entraîne des conséquences sur la situa-
tion de la société, et particulièrement sur ses résultats ou performances. Si les dirigeants
s’avèrent incompétents ou inaptes à conduire les affaires sociales, prennent des décisions in -
opportunes ou font primer leurs intérêts sur ceux de la société, le risque est grand de voir les
intérêts de la société, des associés ou même des tiers compromis. Il arrive même que les «
fautes de gestion » des dirigeants compromettent l’exploitation de la société et conduisent à la
disparition de celle-ci ou à l’ouverture d’une procédure collective. Le comportement des diri-
geants peut ainsi constituer une source de dommages pour la société, les associés ou les tiers.
Dans ce cas, la question de leur responsabilité se pose. En effet, la responsabilité éventuelle
des dirigeants est susceptible d’être mise en œuvre dès lors qu’il peut être établi qu’ils ont
commis des fautes dans l’exercice de leurs fonctions et que celles-ci ont eu des conséquences
dommageables pour la société, les associés ou les tiers. De ce fait, il serait essentiel de s’ex-
primer sur la responsabilité civile (Section 1) ainsi que de l’exercice de la responsabilité civile
(Section 2).

SECTION 1 : LA RESPONSABILTE CIVILE


Le métier de dirigeant est de plus en plus exposé. En effet, vu l'évolution de notre société, vu
un climat économique tendu. Grande devient la tentation pour un tiers ou même pour un asso-
cié de désigner un responsable à ses préjudices réels ou supposés. Et, dans ce cas, le dirigeant
devient, au travers de son patrimoine, une cible privilégiée, un coupable idéal à travers la mise

50
en jeu de sa responsabilité civile. La responsabilité civile consiste en l’obligation de réparer le
préjudice résultant soit de l’inexécution d’un contrat (faute contractuelle : paragraphe 1), soit
de la violation du devoir général de ne causer aucun dommage à autrui (faute personnelle : pa-
ragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA FAUTE CONTRACTUELLE


Il s’agit de l’obligation de réparer le préjudice résultant de l’inexécution ou l’exécution défec-
tueuse d’un contrat liant deux cocontractants. Cette obligation joue lorsque le dirigeant a com-
mis une faute contractuelle. Elle a la caractéristique d’être exclusive à la société. En effet, le
dirigeant est le mandataire de la société à laquelle il est lié par un contrat. Pour déterminer si
le dirigeant a commis une faute, il y a lieu d’apprécier si celui-ci n’a pas exécuté ses obliga -
tions qui, suivant le cas, sont considérées comme étant des obligations de moyen ou des obli-
gations de résultat.

Dans le cadre de la gestion de la société, les dirigeants voient, en principe, leurs pouvoirs dé-
terminés par les actionnaires dans l'acte de société ou tout acte ultérieur auquel les statuts ou
la loi renvoie le cas échéant. Dans cette optique, la violation des statuts par le dirigeant sera
très souvent une faute, une inexécution des exigences de son mandat. Il pourra dès lors s'agir
de toutes sortes de règles concernant le fonctionnement de la société, pour la fixation des-
quelles, sauf disposition législative contraire, les actionnaires disposent d'une grande liberté :
mesures concernant les pouvoirs internes des dirigeants, la répartition des bénéfices, etc. De
même, les dirigeants sont responsables en cas de méconnaissance par eux d'une disposition
statutaire les obligeant à obtenir exceptionnellement l'accord des actionnaires. Signalons ce-
pendant que cette cause de responsabilité n'est pas nécessairement une faute.

La notion de faute commise dans la gestion mérite d’être détaillée. Elle recouvre une multi-
tude de situations où le dirigeant n’a pas eu un comportement dit normal par référence à celui
d’un dirigeant normalement avisé. Dès lors, à certains égards, cette notion pourrait être com-
parée au comportement « du père de famille » en droit civil. En effet, alors que les tribunaux
civils mettent en cause la responsabilité d’une personne au motif qu’il n’a pas apporté à la
chose « tous les soins d’un bon père de famille », les tribunaux commerciaux n’hésitent pas à
qualifier cette faute alors que le dirigeant n’a aucunement commis une faute lourde. La faute
de gestion est liée à la fonction sociale ou à la fonction de dirigeant, c'est-à-dire au pouvoir de

51
déterminer la conduite de l'entreprise, d’autres retiennent une définition large et voit une faute
de gestion dans tout manque de diligence dans l'activité de direction de la société.

Comme l’a relevé un auteur30, « commet une faute celui qui ne se conduit pas comme l’eût
fait à sa place un dirigeant diligent et avisé ». Les fautes de gestion couvrent ainsi un éventail
large d’actions ou omissions qui sont susceptibles d’engager la responsabilité des dirigeants
envers la société, les associés ou les tiers. Comme en droit commun, toute faute personnelle
du dirigeant entraîne sa responsabilité dès lors qu’elle est la cause d’un dommage pour la so-
ciété ou les associés. Il n’est pas nécessaire que la faute soit lourde ou dolosive. Il suffit
qu’elle existe et qu’elle soit caractérisée.

Le dommage subi doit être prouvé pour que la responsabilité du dirigeant soit engagée.
Conformément au droit commun, le demandeur doit démontrer que la faute reprochée au diri-
geant lui a causé un dommage dont il entend obtenir réparation. Ce dommage peut être maté-
riel ou moral. La jurisprudence exige simplement la preuve d’un dommage direct, certain et
personnel. À défaut d’une telle preuve, la responsabilité du dirigeant doit être écartée. Ainsi,
la responsabilité d’un dirigeant n’a pas été retenue dans une espèce où il a été démontré que la
communication tardive de certaines informations aux actionnaires ne leur avait point été pré-
judiciable. De même, la responsabilité d’un gérant a été écartée en l’absence de la preuve que
la résiliation d’un contrat par son fait, avait causé un préjudice personnel à l’associé deman-
deur.

La responsabilité du dirigeant est enfin subordonnée à la preuve par le demandeur de l’exis-


tence d’un rapport de causalité entre le dommage subi par la société ou l’associé et la faute re -
prochée au dirigeant. Il appartient donc aux juges du fond de constater que le préjudice allé -
gué par la société ou les associés a bien sa source dans un acte, un fait ou une abstention du
dirigeant poursuivi85. Il est évident que l’établissement de ce lien de causalité est difficile car
il est rare que la faute du dirigeant poursuivi soit la cause unique ou principale du dommage.

30 A. Tunc, « La responsabilité civile des organes de gestion des sociétés et les règles gé-
nérales de la responsabilité civile en droit français », in Trav. Ass. H. Capitant, 1967,

52
PARAGRAPHE 2 : LA FAUTE PERSONNELLE
La responsabilité personnelle des dirigeants peut être engagée par les tiers à la société à la
seule condition que les dirigeants aient commis une faute détachable de leurs fonctions qui
leur soit imputable personnellement. Le dirigeant d’une société peut également être respon-
sable à l’égard des tiers. Les règles qui gouvernent la responsabilité des dirigeants envers les
tiers sont, pour l’essentiel, identiques à celles applicables aux rapports entre les dirigeants et
la société. Il résulte de la combinaison des articles 330 et 740 de l’acte uniforme OHADA re-
latif au droit des sociétés que les gérants, les administrateurs ou l’administrateur général sont
responsables individuellement ou solidairement envers les tiers, soit des infractions aux dispo-
sitions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés, soit des violations des disposi-
tions des statuts, soit des fautes commises dans l’exercice de leur fonction.

De manière sommaire, on définit les tiers par opposition aux parties, celles-ci étant les per-
sonnes qui ont conclu le contrat alors que ceux-là sont toutes les personnes qui sont étrangères
au contrat. Les associés sont des personnes physiques ou morales qui ont conclu le contrat de
société en faisant un apport ou détiennent des actions et qui, en contrepartie, jouissent des
droits attachés à celles-ci. En revanche, les tiers sont des personnes qui ne sont pas membres
de la société en ce sens qu’ils ne détiennent pas d’actions. Cette catégorie regroupe donc toute
une variété de personnes allant des personnes ayant des relations avec la société (comme les
créanciers, les fournisseurs) à celles dépourvues de tout lien avec elle. Les tiers sont donc dis -
tincts des actionnaires. Cependant, on a tendance à assimiler les actionnaires aux tiers. En ef-
fet, pour certains auteurs, l’actionnaire se distingue de l’associé en ce sens que contrairement
à ce dernier, il n’est pas lié à la société par un contrat, mais uniquement par la détention d’un
titre négociable. Autrement dit, si dans cette conception, l’actionnaire n’est pas un contrac-
tant, c’est-à-dire une partie au contrat de société, il est donc forcément un tiers.

On peut penser que les auteurs qui dénient la qualité d’associé à l’actionnaire considèrent par-
ticulièrement la situation des investisseurs, c’est-à-dire des personnes qui acquièrent des ac-
tions pour obtenir une plus-value ou des dividendes et qui n’entendent pas s’impliquer dans la
vie de la société ou se prévaloir des droits reconnus à tout actionnaire. Par la détention d’une
fraction du capital social, l’actionnaire, qu’il participe ou non à la vie sociale, est bel et bien
un associé. En définitive, il apparaît que la catégorie des « tiers » comprend exclusivement
toutes les personnes physiques ou morales qui ne sont pas détentrices de titres sociaux. Ayant
la possibilité d’agir normalement contre la société, ils ne peuvent mettre en jeu la responsabi-

53
lité des dirigeants que s’ils font la preuve que ceux-ci ont commis une faute personnelle sépa-
rable de leurs fonctions. La faute détachable ou séparable des fonctions n’est pas définie par
31
le législateur OHADA, cependant selon un auteur « c’est le fait que la faute soit exclusive
d’un exercice normal des fonctions qui paraît essentiel, puisque c’est ce qui exprime qu’elle
est séparable »32

SECTION 2 : L’EXERCICE DE LA RESPONSABILITE CIVILE


Traditionnellement, la mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants exige que certaines
conditions soient réunies. Elles relèvent essentiellement du droit commun, à savoir, le deman-
deur doit prouver une faute du dirigeant, un dommage et le lien de causalité entre la faute et le
dommage. Ce n'est qu'une fois ces conditions réunies que l'Acte uniforme offre plusieurs ac-
tions aux actionnaires pour la défense de leurs droits. Aussi, les arts. 161 à 172 de L'AUSC
organisent-ils de manière générale l'action en responsabilité civile contre les dirigeants de so-
ciétés, prenant le soin de distinguer entre l'action individuelle (paragraphe 1) et l'action sociale
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L'ACTION INDIVIDUELLE


L’actionnaire ayant subi personnellement un préjudice dispose d’une action tendant à réparer
celui-ci. En effet, les articles 161 et suivants de l’acte uniforme portant droit des sociétés com-
merciales et du groupement d'intérêt économique ouvrent aux associés l'action individuelle.
Son exercice est subordonné à certaines conditions : d’une part, le préjudice subi par l’action-
naire doit avoir été causé par un dirigeant et non par la société elle-même ; d'autre part, ce pré-
judice doit être personnel, indépendant de celui qui a pu être subi par la société.

31 I. Grossi, « La responsabilité des dirigeants », Dr. et patrim., 2003, n° 118, sept, spéc.
p. 56.

32 M. G. Auzero, dans son étude précitée, avait plutôt suggéré que la faute détachable
soit simplement remplacée par la faute lourde afin d’éviter les difficultés liées à la référence aux
fonctions.

54
Aux termes de l’article 162 de l’AUS, « l’action individuelle est l’action en réparation du
dommage subi par un tiers ou par un associé, lorsque celui-ci subit un dommage distinct du
dommage que pourrait subir la société, du fait de la faute commise individuellement ou col-
lectivement par les dirigeants sociaux dans l’exercice de leurs fonctions. Cette action est in-
tentée par celui qui subit le dommage ».

La faute des dirigeants sociaux est souvent la conséquence des abus dont ils sont responsables
dans le cadre de la gestion sociale. Ces abus sont constitutifs de fautes lorsque ceux-ci sont
prouvés, la faute étant entendue de façon large comme toute erreur ou imprudence. L’action-
naire pourra intenter l’action individuelle, par exemple, en cas de détournement des divi-
dendes qui lui étaient dus. En effet, pour admettre l’action individuelle d’un associé, la loi
exige que celui-ci ait subi un préjudice distinct de celui éprouvé par la société. Il s’agit donc
de rapporter la preuve d’un dommage indépendant ou « détachable » de celui souffert par la
société. Force est de reconnaître qu’une telle preuve est particulièrement difficile. En général,
toute faute commise par un dirigeant cause avant tout un préjudice à la société, c’est-à-dire à
une personne morale dont la personnalité juridique est distincte de celle de chaque associé qui
la constitue. En tant que membre de la société (comme détenteur d’actions), l’associé est aussi
victime du dommage subi par la société, fût-ce de manière indirecte. Mais il reste que, si le
préjudice subi par l’associé est en réalité celui souffert par la société ou en est simplement le
corollaire, la loi lui refuse toute action directe. Ainsi, pour agir en son nom et pour son
compte, l’associé doit démontrer qu’il a personnellement et exclusivement souffert du dom-
mage.

L’existence d’un préjudice individuel, distinct de celui subi par la société, résulte générale-
ment des actes discriminatoires commis par les dirigeants à l’encontre d’un associé. Un auteur
cite par exemple le fait par un conseil d’administration de refuser à un associé de lui payer le
dividende, de le laisser participer à une assemblée générale, à une distribution de réserves ou
d’actions, à une augmentation de capital 33. Quant à la jurisprudence, elle a admis l’existence
d’un dommage personnel en cas d’atteintes aux droits individuels des actionnaires ou des as-

33 A. Tunc, « La responsabilité civile des organes de gestion des sociétés et les règles gé-
nérales de la responsabilité civile en droit français », in Trav. Ass. H. Capitant, 1967, t. XV, p. 26

55
sociés ou de manquement au devoir de loyauté qui s’impose au dirigeant à l’égard de tout as-
socié34.

Les articles 740 et suivants de l’acte uniforme portant droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique précisent le régime de responsabilité des administrateurs.
Au nombre des faits générateurs de responsabilité figurent les infractions aux dispositions lé-
gislatives ou réglementaires, de la violation des dispositions statutaires 35. Cette violation peut
revêtir plusieurs formes. Il peut s’agir d'un obstacle au contrôle, provoqué par les dirigeants
tendant à empêcher les actionnaires de participer aux assemblées, d'un obstacle aux vérifica-
tions ou le refus de communication de documents, de la présentation ou de la publication des
états financiers infidèles. En tout état de cause, l’action individuelle se prescrit par trois ans à
compter du fait dommageable ou, s’il a été dissimulé de sa révélation.

La juridiction compétente pour connaître de l'action individuelle est celle dans le ressort de la-
quelle est situé le siège de la société. L'action individuelle se prescrit par trois (3) ans à comp -
ter du fait dommageable ou, s'il a été dissimulé, de sa révélation. L'action individuelle se pres-
crit par dix (10) ans pour les crimes.

PARAGRAPHE 2 : L'ACTION SOCIALE


Le principe de la responsabilité d’un dirigeant envers la société qu’il dirige ou administre est
posé par l’article 165 alinéa 1er de l’AUS en ces termes : « Chaque dirigeant social est res -

34 Cass. com., 18 févr. 1997, Quot. Jur., 3 avr. 1997, n° 27 ; 18 juil. 1989, Dr. Sociétés,
(août-sept.) 1989, 13 ; Paris, 15 déc. 1995 et 19 janv. 1996, RTD com., 97, 286 ; 2 mai 1935, Gaz.
Pal., 1935, 2, 113.

35 L’article 741 de l’acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique subordonne l’exercice collectif de l’action individuelle à la
détention du vingtième au moins du capital social

56
ponsable individuellement envers la société, des fautes qu’il commet dans l’exercice de ses
fonctions. » Pour mettre en jeu cette responsabilité, la société dispose d’une action dite action
sociale. Celle-ci vise à obtenir la condamnation du dirigeant à réparer le préjudice subi par la
société. En quelque sorte, elle a pour objet le maintien ou la reconstitution du patrimoine so-
cial. Celle-ci vise à obtenir la condamnation du dirigeant à réparer le préjudice subi par la so -
ciété. En quelque sorte, elle a pour objet le maintien ou la reconstitution du patrimoine social.

L’action sociale exercée contre un ou plusieurs dirigeants sociaux peut être engagée soit par la
société elle-même, soit par un ou plusieurs associés en cas de défaillance des organes compé -
tents. En cas d’inertie des dirigeants sociaux, un ou plusieurs associés peuvent intenter l’ac-
tion sociale après une mise en demeure des organes compétents non suivie d’effets dans le dé-
lai de trente jours. Il s’agit alors de l’action sociale ut singuli. A défaut, si c'est la société qui a
souffert du dommage. C'est donc à elle que reviendra le droit d'agir. Mais, cette action sera
exercée en principe par ses représentants dans l'action ut universi.

Le fondement du droit d'agir de l'associé n'a pas fait l'objet d'une conception unique en doc-
trine. En effet, pour ceux qui prônent que l'intérêt social correspond à celle des associés, la re-
connaissance du droit d'agir à l'associé est logique et évidente parce qu'en réalité en défendant
la société, l'associé ne fait que préserver ses intérêts. L'intérêt à agir se confond avec la qualité
du requérant.

Cette position a fait l'objet de critiques par une partie de la doctrine 36. En effet, la confusion
de l'intérêt de l'associé avec l'intérêt social est impossible et ne justifie pas la reconnaissance
du droit d'agir à l'associé. Ce qui le justifie, c'est plutôt l'idée de protection de la société.
Celle-ci se trouverait démunie et sans défense face à de fallacieux dirigeants qui refuseraient
sans doute de mettre en œuvre une action qui aboutirait à leur sanction. La loi a donc vue que
les personnes les mieux aptes pour assurer cette protection ce sont les associés qui ont investi
une partie significative de leur patrimoine dans la société pour le meilleur et pour le pire. La
protection de la société justifie donc le droit des associés à agir. Mais, il est possible de se de-
mander pourquoi l'action sociale n'est pas reconnue aux autres acteurs qui sont intéressés par

36 Dr. Dielya Yaya WANE ; « La réforme du droit Ohada des sociétés commerciales :
modernisation du droit applicable ou conformisme législatif ? », Université Assane Seck de Zi-
guinchor, février 2014

57
le sort de la société notamment, les créanciers les syndicats, les salariés. Ici le critère qui a
permis l'excusions de ces personnes c'est l'objet de cette action qui vise uniquement la défense
des intérêts de la société et le renflouement éventuel du passif perdu du fait des agissements
fautifs du dirigeant. Ces personnes même si le sort de la société leur intéresse sont plutôt mues
par de des intérêts individuelles alors que l'action sociale vise la préservation de l'intérêt col-
lectif de la structure sociétaire.

La jurisprudence décide que celui qui a perdu la qualité d’actionnaire n’est plus habilité à
exercer l’action sociale, même si elle vise la réparation d’un préjudice né alors qu’il était en-
core actionnaire. Autrement dit, un associé ou un actionnaire ne peut agir au nom de la société
que s’il détient effectivement une part du capital social, quel qu’en soit le montant. Il en va
autrement s’il cède ou vend ses parts ou actions, se retire volontairement ou est exclu de la so-
ciété. L’action sociale peut aussi être exercée par plusieurs associés. Dans ce cas les action-
naires ne peuvent exercer l’action sociale que s’ils représentent au moins le vingtième du ca-
pital social. Le tribunal ne peut connaître de l’action sociale intentée par les associés que si la
défaillance des représentants légaux de la société est démontrée. Par ailleurs, l’exercice de
l’action sociale par les associés ne souffre aucune restriction. Aussi, toute clause des statuts
ayant pour effet de le subordonner à l’avis préalable ou à l’autorisation de l’assemblée des as-
sociés, d’un organe de gestion, de direction ou d’administration, ou d’y renoncer est réputée
non écrite.

Enfin, pour éviter que l’action ut singuli ne puisse être exercée à cause des frais de procédure,
l’AUS innove par rapport au droit français en prévoyant que « les frais et honoraires occasion-
nés par l’action sociale, lorsqu’elle est intentée par un ou plusieurs associés, sont avancés par
la société ». Les associés sont donc dispensés de faire l’avance des frais dès lors qu’il s’agit
de poursuivre le dirigeant dans l’intérêt de la société.

L'action sociale ut singuli est multiforme. Elle peut être individuelle (lorsqu'elle est exercée
par un associé) ou collective (quand plusieurs associés ont décidé de poursuivre). Elle peut
aussi être exercée de façon directe ou indirecte. Quand elle est directe, il n'est pas requis de
conditions particulières. Seule la qualité d'associé est requise. Mais, il faut être associé en
fonction. L'action n'est pas ouverte aux anciens associés. Par rapport à l'action ut singuli « in-
direct », il s'agit d'une action en représentation. En effet, plusieurs associés peuvent donner
mandat à un de leur collaborateur. Les associés mandants devront toutefois représenter le
quart des associés et le quart du capital. Avoir la qualité d'associé ou de dirigeant est une exi-

58
gence nécessaire, mais elle est insuffisante au requérant qui veut que le juge examine le bien-
fondé de sa demande. En effet, l'action sociale est aussi tributaire d'exigences procédurales.

La juridiction compétente pour connaître de cette action est celle dans le ressort de laquelle
est situé le siège de la société. L'action sociale se prescrit par trois ans à compter du fait dom -
mageable ou, s'il a été dissimulé, de sa révélation. L'action sociale se prescrit par dix ans pour
les crimes.37

37 Art 170 ; ACTE UNIFORME RELATIF AU DROIT DES SOCIÉTÉS COMMER-


CIALES ET DU GROUPEMENT D'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE

59
CONCLUSION

Les Etats africains semblent aujourd’hui résolument engagés dans la voie de la modernisation
de leurs économies, modernisations rendue nécessaire par le contexte de mondialisation am-
biant. La bourse peut devenir un réservoir d'épargne et surtout un moyen de financement de
l'Etat et des entreprises si l'on peut amener les offreurs et demandeurs potentiels de capitaux à
adopter une véritable culture boursière, et en promouvant une politique fiscale attractive.
L’une des voies qu’emprunte ce processus de modernisation est le marché financier qui, outre
le fait qu’il soit un instrument de développement des entreprises, impose aux Etats et aux en-
treprises tant des obligations morales et déontologiques que des contraintes financières. L’ins-
tauration d’un climat des affaires fiable et efficace constitue l’un des défis majeurs posés aux
marchés financiers africains. Au plan institutionnel, cela passe par la mise en place d’un dis-
positif juridique et judiciaire apte à répondre à la fois au souci légitime de développement des
économies concernées et au besoin de sécurité des investisseurs.
Tout au long de cette étude, on a vu combien le statut de dirigeant est contradictoire : à la fois
très honorable en conférant à son titulaire carte blanche dans la gestion de la société dans tout
domaine sous réserve de ne pas piétiner sur les pouvoirs propres de l’assemblée générale ; et à
la fois très inconfortable du fait du régime des responsabilités pénale et civile qui l’encercle
de tout bord. Une société émet des valeurs mobilières en vue de lever des fonds pour sa crois-
sance, le dirigeant est vraiment au centre d’une artillerie juridique lourde : obligations d’infor-
mation, obligations de bonne foi, obligations de s’abstenir de certains actes (transmission
d’informations privilégiée), répression de la fraude. Ainsi un dirigeant qui par omission ou par
négligence n’accomplit pas une obligation prescrite par la loi, se trouve sous le coup d’une loi
pénale peu clémente. On peut regretter aussi la dispersion des différents textes concernant la
négociation des valeurs mobilières en bourse avec toutes les conséquences que ceci pourrait
avoir. Un code boursier serait vraiment le bienvenu pour ne plus se perdre entre lois de tout
genre, règlements, circulaires.
La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants des sociétés anonymes dans le droit
OHADA peut être sujette à controverse, tant les sanctions pour les dirigeants peuvent paraître
lourdes. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que lorsque le représentant social s’engage au
nom de la société, c’est le patrimoine et même le capital social qui sont mis en jeu. Si les pou-
voirs du représentant social sont d’origine volontaire, la loi se doit d’organiser de manière im-
pérative sa responsabilité lorsque ses fautes de gestion compromettent les intérêts de la socié-
té. Au-delà de la rentabilité économique escomptée par les actionnaires de la société ano-
60
nyme, la sécurité juridique doit rester le gage des investissements tant nationaux qu’extra–na-
tionaux. Il faudra pour ce faire une célérité des organes judiciaires chargés dans chaque Etat
membre de l’espace OHADA des procédures tant civile, que pénale et un recyclage perma-
nent des juges aux pratiques du droit des sociétés anonymes. Il convient donc, si tant il est
vrai que l’action en responsabilité permet d’assainir le monde des affaires et que la prescrip-
tion concourt à la même finalité en lavant les souffrances endurées, il est tout à fait conve-
nable de prévoir que cette révélation jouera même si les dirigeants sociaux pénalement res -
ponsables ne sont plus en fonction dans la société. Et ce ne sera que justice car comme le di-
sait Portalis dans son discours préliminaire du Code civil, « La lecture des lois pénales d’un
peuple peut donner une juste idée de sa morale publique et de ses mœurs privées ».
Mettre en place un dispositif étant une chose et en maîtriser le fonctionnement en étant une
autre. Il est donc clair que le dirigeant aussi bien de droit que de fait dont la société est cotée
en bourse se trouve tiraillé entre plusieurs lois. Et le dirigeant est censé maitriser tout cet arse -
nal juridique pour ne pas risquer de se trouver du mauvais côté des barrières ou écoper d’une
bonne amende. Une lecture oblique dans la gamme des délits boursiers nous plonge dans la
vague conviction, on en est encore au stade de la théorie ; la pratique souffre en effet d’un
manque assourdissant ; il n’y a pas suffisamment de matière à application mais que la justice
et les autorités boursières sont à la traîne d’une pratique en perpétuelle évolution. Dans cet
ordre d’idées, le délit d’initié par exemple souffre d’une difficulté majeure : la difficulté de
preuve.
La responsabilité civile d’un dirigeant quant à elle peut être plus facilement invoquée par les
associés ou la société. Les omissions ou négligences graves conduisant à de conséquences né -
fastes et un préjudice manifeste à la société suite à un non-respect de la législation peuvent
amener le dirigeant à réparer les dommages causés.

Il est donc primordial pour un dirigeant de s’informer, de respecter la loi et d’être vigilant
quand sa société est cotée en bourse. L’adage « Nul n’est censé ignoré la loi » n’a jamais été
aussi vrai que lors de la négociation des valeurs mobilières en bourse. En effet, la simple né-
gligence peut avoir des conséquences pénales et civiles lourdes sur le dirigeant quoique de
bonne foi.

L’avènement des marchés financiers dans l’espace OHADA s’accompagne malgré tout d’un
certain de nombre de difficultés relatives d’une part à l’existence d’autres structures poursui-

61
vant des objectifs comparables et d’autre part à l’effritement de la légitimité du marché finan-
cier régional de l’Afrique centrale.

Une implication plus décisive de l’OHADA aurait sans doute contribué à rendre lisible et plus
compréhensible la démarche de régulation financière de ces États membres.

Au regard des aboutissements issus de notre analyse qui s’est accentuée sur les dirigeants so-
ciaux dans la négociation des valeurs mobilières en bourse, nous recommandons des actions
de sensibilisations dans ce domaine :

❖ L'investissement boursier figure parmi les investissements les plus rentables mais

malheureusement en Afrique, la culture boursière est peu gisante surtout pour cer-
taines personnes comme les analphabètes. Avec les sensibilisations proposées par la
BRVM, elle devrait améliorer la médiatisation et plus s’accentuer sur l’aspect linguis-
tique en permettant à tout le monde d’avoir la culture boursière. Une éducation finan-
cière et boursière serait la clef du développement des marchés boursiers africains.

❖ Une marque spécifique de l'OHADA est l'intégration du droit boursier dans l'Acte

Uniforme sur le droit des sociétés commerciales par ailleurs un Acte Uniforme sur le
droit boursier sera salutaire. Ainsi on pourra y retrouver les incriminations et sanc-
tions uniformisées.

❖ L’harmonisation du régime des actions en responsabilité participe sinon d’un souci

d’efficacité dans leur mise en œuvre, du moins dans la recherche d’une meilleure sau-
vegarde des intérêts de toutes les parties en présence. Une telle démarche mériterait
tout de même d’être revisitée.

Pour aller plus loin nous préconiserons d’autres actions comme sur le domaine de l’efficience
des marchés financiers :

❖ Rappelons que l’une des conditions de l’efficience des marchés financiers demeure

l’accès à l’information à tous et dans les mêmes conditions. Ceci dit rendre les infor-
mations accessibles serait bénéfique.

62
❖ La liquidité d'un marché financier représente la capacité à acheter ou à vendre rapide-

ment les actifs qui y sont cotés sans que cela ait d'effet majeur sur les prix. Ainsi créer
des fonds pourrait permettre à ce dernier d’être liquide.

ANNEXE : les sociétés cotées en bourse (Source :


http://www.crepmf.org/Wwwcrepmf/Emetteurs/Liste.aspx)

Dénomination Sect. d'Activité Email

SERVICES PU-
Afripa Télécom
BLICS

Agence Française
AUTRE SECTEUR
de Développement

63
Dénomination Sect. d'Activité Email

Air Liquide S.A. INDUSTRIE actionnaires@airliquide.com

Alcatel-Lucent S.A. AUTRE SECTEUR

ASKY TRANSPORT headoffice@flyasky.com

ATLANTIC BUSI-
NESS INTERNATIO- FINANCES infobaci@banqueatlantique.net
NAL

SERVICES PU-
AZALAI azalaihotelsallam@azalaihotels.c
BLICS

Bank Of Africa – Bé-


FINANCES information@boabenin.com
nin

Bank Of Africa -
FINANCES information@boaburkinafaso.com
Burkina Faso

Bank Of Africa -
FINANCES information@boacotedivoire.com
Côte d'Ivoire

Bank Of Africa – Ma-


FINANCES information@boamali.com
li

Bank Of Africa – Ni-


FINANCES information@boaniger.com
ger

Bank Of Africa – Sé-


FINANCES information@boasenegal.com
négal

Banque Atlantique
FINANCES
Côte d'Ivoire

Banque de Dévelop-
pement du Mali (Ex FINANCES
BMCD)

64
Dénomination Sect. d'Activité Email

Banque de l'Habitat
FINANCES bhm@bhm-sa.com
du Mali

Banque de l'Habitat
FINANCES contact@bhs.sn
du Sénégal (BHS)

Banque d'Investis-
sement et Dévelop-
AUTRE SECTEUR bidc@bidc-ebid.org
pement de la Ce-
deao

Banque Internatio-
nale pour le Com-
FINANCES
merce et l'Industrie
de Côte d'Ivoire

Banque Internatio-
nale pour le Com-
FINANCES bicis@bnpparibas.com
merce et l'Industrie
du Sénégal

Banque Nationale
de Développement FINANCES bnda@bndamali.com
Agricole du Mali

Banque Ouest Afri-


caine de Développe- AUTRE SECTEUR boadsiege@boad.org
ment

Banque Populaire
pour l'Epargne et le FINANCES cet@cet.tg
Crédit du Togo

BENIN PETRO DISTRIBUTION bo.africabourse@gmail.com

Bernabé Côte
DISTRIBUTION bernaabj@aviso.ci
d'Ivoire

BNP PARIBAS FINANCES

65
Dénomination Sect. d'Activité Email

Bolloré Africa Lo-


TRANSPORT
gistics Côte d'Ivoire

Brasserie du Burki-
INDUSTRIE
na

Caisse Autonome
d'Amortissement du AUTRE SECTEUR caa@firstnet.bj
Bénin

CAISSE REGIONALE
DE REFINANCE-
MENT HYPOTHE- FINANCES infos@crrhuemoa.org
CAIRE DE L’UEMOA
(CRRH-UEMOA)

SERVICES PU-
Celtel Burkina Faso
BLICS

Centre d'Edition et
de Diffusion Afri- INDUSTRIE
caines

Ciment du Togo INDUSTRIE

Colina Participation FINANCES

Communauté Elec- SERVICES PU-


trique du Bénin BLICS

Compagnie Ban-
caire de l'Afrique FINANCES mohamed.lemridi@sib.ci
Occidentale

Compagnie Fran- DISTRIBUTION cfao-eh@africaonline.co.ci


çaise de l'Afrique

66
Dénomination Sect. d'Activité Email

Occidentale de
Côte d'Ivoire

Compagnie Ivoi- SERVICES PU-


info@cie.ci
rienne d'Electricité BLICS

Compagnie Sénéga-
DISTRIBUTION
laise d'Industries

Corfitex Trading Li-


DISTRIBUTION
mited Sénégal S.A.

Coris Bank Interna-


FINANCES corisbank@corisbank.bf
tional

CORIS HOLDING FINANCES contact@coris-capital.com

Côte d'Ivoire Télé- SERVICES PU-


com BLICS

CROWN SIEM CI (EX


Société Ivoirenne
INDUSTRIE siem@aviso.ci
d'Emballages Métal-
liques)

CSI Matforce DISTRIBUTION matforce@matforce.com

DEKELOIL Côte
FINANCES N
d’ivoire

Ecobank Burkina
FINANCES ecobankbf@ecobank.com
Faso

ECOBANK CI FINANCES N

Ecobank Sénégal FINANCES ecobanksn@ecobank.com

67
Dénomination Sect. d'Activité Email

Ecobank Transna-
FINANCES contact@ecobank.com
tional Incorporated

Energie Du Ma- SERVICES


(223) 222 84 30
li PUBLICS

SERVICES
ENSBTP 23509990 23509905 info@ensbtp.com
PUBLICS

AUTRE SEC-
Etat du Mali
TEUR

Etat du Séné- AUTRE SEC-


gal TEUR

AUTRE SEC-
Etat du Togo
TEUR

Fan Milk Togo INDUSTRIE 228 227 02 73 hap@fanmilk-tg.com,

Filature, Tis- (+225) 20 30 46


INDUSTRIE info@filtisac.com
sage,Sacs 46/75

Gestion des
Stocks Pétro- DISTRIBU- +225 21 27 17
infos@gestoci.ci
liers de Côte TION 82
d'Ivoire

Groupement
Togolais d'As-
surances-
FINANCES +228 225 26 78 gta@laposte.tg
Compagnie
Africaine d'As-
surance

Industrie Chi-
(221) 33 834 33
mique du Sé- INDUSTRIE
57
négal

68
La Banque de
l'Habitat du FINANCES 229 21 31 24 60 habitat@intnet.bj
Benin

L'Africaine des
FINANCES 21 30 14 06 assuraf@intnet.bj
Assurances

Le Crédit Lyon-
nais (Ex Credit FINANCES
Lyonnais)

Le Crédit Lyon-
nais Sénéga-
lais (Ex Credit FINANCES
Lyonnais Séné-
galais)

Loteny Tele- SERVICES


com PUBLICS

225) 21 24 47
(225) 21 24 03
MATRANCI S.A TRANSPORT 68 / 21 24 48
87
29

MICROCRED
FINANCES
SENEGAL

MOOVIS (Ex
Société Ivoi-
(+225) 21 25 60
rienne d'Opéra- TRANSPORT
26
tions Mari-
times)

Nestlé Côte (+225)22 44 43


INDUSTRIE
d'Ivoire 43

Nouvelle En-
treprise Salif
INDUSTRIE 226 50 30 16 71 nesko@kossouka.com
Kossouka Oue-
draogo

Nouvelle In- INDUSTRIE Télex +228 22 nioto@nioto-togo.com

69
dustrie des
Oléagineux du 27 68 33
Togo

Nouvelles Edi-
(+225) 21 21 64
tions Ivoi- INDUSTRIE edition@nei-ci.com
86
riennes

(225) 20 22 76
NSIA FINANCES
20

NSIA BANQUE FINANCES 20 31 98 00 info@groupensia.com

Office Natio-
nale des Télé-
SERVICES (+ 226) 50 31 03
communica- onatel@onatel.bf
PUBLICS 31
tions du Burki-
na

OMNIUM MALI INDUSTRIE

ORAGROUP FINANCES

SERVICES
Orange
PUBLICS

(225) 21 21 89
Outspan INDUSTRIE sandip.sharma@olamne
90

AGRICUL- (+225) 21 21 09
PALM CI
TURE 30

DISTRIBU-
Petro Ivoire 21 27 44 41 petroivoire@petroivoire
TION

Port Autonome (+ 225) 21 23 80


TRANSPORT dgpaa@aviso.ci
d'Abidjan 00

Port Autonome (+ 221) 823 36


TRANSPORT pad@portdakar.sn
de Dakar 06

70
DISTRIBU-
Sampana S.A. 223 220 28 30 sampana@cefib.com
TION

Sania (Ex Cos-


INDUSTRIE
mivoire)

Sanofi Aventis
INDUSTRIE
(Ex Aventis)

SERVAIR Abid- DISTRIBU- (+225) 21 27 87


jan TION 72

AUTRE SEC-
SIFCA communication@sifca.c
TEUR

Société Abidja-
naise de Gé-
AUTRE SEC-
rance et d'Ex-
TEUR
ploitation Com-
merciale

Société Afri-
caine de Crédit
(+225) 21 21 07
Automobile FINANCES safca@afnet.net
00/01
(ALIOS FI-
NANCE)

Société Afri-
caine de Re- DISTRIBU- (+225) 21 75 18
présentations TION 18
Industrielles

Société Afri-
caine des Plan- AGRICUL- (+225)21 75 76
saph@globeaccess.net
tations d'Hé- TURE 40/43
véas

Société Béni-
+229 21 33 01
noise de Bras- INDUSTRIE contact@sobebra-bj.co
48
series

Société Béni- SERVICES

71
noise d'Ener-
PUBLICS
gie Electrique

Société Burki-
AGRICUL- (00226) 20-97-
nabé des dg@sofitex.bf
TURE 00-23
Fibres Textiles

Société de Ba-
timent et Im- AUTRE SEC- (225) 20 21 58
mobilier en TEUR 45
Côte d'Ivoire

Société de Dis-
tribution d' Eau SERVICES (+225)21 23 35
sodeci@sodeci.ci
de la Côte PUBLICS 88
d'Ivoire

Société de Li-
monaderies et (+225)21 35 97
INDUSTRIE f.gonzalez@aviso-ci
Brasseries 91
d'Afrique

Société de Tri-
turation de (+225)31 63 43
INDUSTRIE
Graines Oléa- 54
gineuses

Société d'Equi-
DISTRIBU- (+ 223) 223 06
pement du Ma- sema@sema.com.ml
TION 47
li

Sect. d'Acti-
Dénomination Téléphone Fax Email
vité

Société des
Brasseries de
INDUSTRIE
l'Ouest Afri-
cain

Société des
22 320 23
Brasseries du INDUSTRIE
6 750
Mali

72
Société des
Caoutchoucs (+225)34
AGRICULTURE
de Grand Bere- 72 15 05
by

Société des
(+ 225) 21
Transports TRANSPORT infos@sotra.ci
25 97 21
Abidjanais

Société
d'Etudes et de
(+225)21
Travaux pour AUTRE SECTEUR setao@setao.ci
75 01 48
l'Afrique de
l'Ouest

Société Finan-
(202) 974-
cière Interna- AUTRE SECTEUR
4384
tionale

Société Géné-
FINANCES
rale

Société Géné-
rale de (221) 33
FINANCES
Banques au 823 90 36
Sénégal

Société Géné-
rale de (+225) 20
FINANCES
Banques en 20 13 03
Côte d'Ivoire

Société Ivoi-
(+225) 21
rienne de INDUSTRIE
21 35 45
Câbles

Société Ivoi-
rienne de Ci-
ments et Maté- INDUSTRIE
riaux (Ex SOCI-
MAT)

73
Société Ivoi- (+225) 23
rienne de Coco AGRICULTURE 57 70 21/72
Râpé 32

21 27 17
Société Ivoi-
98, 21 27
rienne de Raffi- INDUSTRIE info@sir.ci
32 17, 21
nage
27 27 89

Société ivoi-
rienne des FINANCES N
Banques

Société Ivoi-
(+225) 21
rienne des Ta- INDUSTRIE
21 88 10
bacs

Société Ivoi-
rienne d'Oxy- (+225) 21
INDUSTRIE
gène et d'Acé- 35 66 72
tylène

Société Ma-
lienne de Pro- (223) 20 28
DISTRIBUTION somappsarl@afribone.n
duits Pétro- 79 56
liers

Société Multi-
(+225) 21
nationale de INDUSTRIE kabran.smb@sir.ci
27 05 18
Bitumes

Société Natio-
nale d'Electri- +221 33 (221)
SERVICES PUBLICS webmaster@senelec.sn
cité du Séné- 839 30 30 823.12.67
gal SENELEC

Société Natio-
nale des Télé-
(+221) 839
communica- SERVICES PUBLICS info@sonatel.sn
12 12
tions du Séné-
gal

74
Société pour
l'Habitat et le
254-272-
Logement Ter- AUTRE SECTEUR
20-17
ritorial en
Afrique

Socitété Ivoi-
+225 20 20
rienne de FINANCES info@sib.ci
01 19
Banque

Sucrivoire FINANCES N

226 33 35
Télécel Faso SERVICES PUBLICS telecelfaso@liptinfor.bf
58

+288 22-
22-59-00 /
Togo Céllulaire SERVICES PUBLICS togocel@togocel.tg
+228 22-
25-80-81

+228 221
Togo Gaz INDUSTRIE
55 30

Togo Plastique INDUSTRIE

Togo Télécom SERVICES PUBLICS 228 221 03 contact@togotelecom.t


73

Total S.A. DISTRIBUTION

Total Côte (+225) 20


DISTRIBUTION totaldg@aviso.ci
d'Ivoire 21 82 52

Total Sénégal DISTRIBUTION

TRACTAFRIC
(+225) 20
MOTORS - CI DISTRIBUTION courrier@sdaci.net
21 56 04
(Ex SDACI)

75
Trésor du NI- OBLIGATION REGIO- (00227) 20 (00227) 20
finances@finances.gov
GER NALE 72 48 88 73 59 83

Trésor Public (+225) 20


de Côte AUTRE SECTEUR 21 15 30 / info@tresor.gov.ci
d'Ivoire 35 87

Trésor Public
AUTRE SECTEUR Benin Benin
du Bénin

Trésor Public
229 30 57
du Burkina Fa- AUTRE SECTEUR
61
so

Tropical Rub-
ber Côte AGRICULTURE
d'Ivoire

Unilever Côte (+225) 21


INDUSTRIE
d'Ivoire 25 74 42

(+225) 23
Uniwax INDUSTRIE uniwax@aviso.ci
46 69 42

33 0 1 85 33 0 1 85
VEOLIA SEEN INDUSTRIE laurent.obadia@veolia.c
57 70 00 57 70 00

VIVO ENERGY (+225)21


DISTRIBUTION
- CI (Ex Shell) 27 53 19

76
BIBLIOGRAPHIE

I- Ouvrages
A- Ouvrages généraux
 DIOP MOUHAMADOU ; « Des francs CFA et des banques : de la banque du
Sénégal au BIOA-Sénégal » ; L’Harmattan 2018
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L’Harmattan 2015
 MONSENEPWO MYAKWYE (J.J), MANZANZA LUMINGU (YJ) ; « Droit,
bonne gouvernance et développement durable : Mélanges en l’honneur du
professeur Jean-Michel Kumbu Ki Nqimbi » ; L’Harmattan 2018.
 NYEMBO TAMPAKANYA (JP) ; « L’organisation des marchés financiers en
RDC : pour l’instauration d’une bourse de valeurs mobilières » ; L’Harmattan
2017
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système OHADA » ; Paris, L’Harmattan, 2009 ; 249 p.
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règles générales de la responsabilité civile en droit français », in Trav. Ass. H.
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B- Ouvrages spécifiques
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“Infractions boursières, délits boursiers, manquements administratifs” ; Joly
editions 1997
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financiers : contribution d’un droit financier africain de développement” ;
Omniscriptum Gmbh & Company KG 2015
 KEUFFI D. E., La régulation des marchés financiers dans l'espace OHADA, th.,
Université de Strasbourg/Université de Dschang, 2010.
 MONSENEPWO MYAKWYE (J.J) ; “La responsabilité pénale des dirigeants
sociaux en droit OHADA” ; Éd universitaire européenne 2011
 GROSSI (I), « La responsabilité des dirigeants », Dr. et patrim., 2003, n° 118,
sept, spéc. p. 56.

77
II- Loi et textes
A- Acte uniforme
 Acte uniforme révisé, 2014, relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d'intérêt économique.

B- Loi
 Loi n° 1‐93‐212 relatif au Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières du
Maroc ;

 Loi n°2016-07 du 12 juillet 2016 portant Code Pénal du Cameroun ;

 Loi n° 2016-29 du 08 Novembre 2016 modifiant la Loi n° 65-60 du 21 Juillet


1965 portant Code Pénal du Sénégal ;

 Loi n° 1976-60 du 12 Juin 1976 portant Code des Obligations Civiles et


Commerciales du Sénégal ;

C- Règlements et instructions
 Instruction n°08-2013/BRVM/DG du 10 septembre 2013 relatif à la
détermination des cours et allocations ;
 Instruction n° 08-2013/BRVM/DG « détermination des cours et allocations » ;
D- Jurisprudence

 CCJA n° 2/2000/EP du 26 avril 2000, Recueil de jurisprudence de la CCJA, n°


spécial, janvier 2003, p. 73;
III- Articles et Thèses
 AKAM AKAM. (A) ; « La responsabilité civile des dirigeants sociaux en droit
Ohada » ; Revue internationale de Droit Economique 2007/2 (t. XXI, 2), p 211 à
243 ;
 MARLIZE ELODIE NGNIDJIO TSAPI ; “Les méthodes de cotation dans les
marchés boursiers régionaux de l’Afrique subsaharienne : essai d’analyse
juridique” revue ERMASUS ;
 GATCHOUP TCHINDA. (D); ”Le délit d’initié dans les marchés boursiers de
l’espace OHADA” ;

78
 R. MWIKALI KYALO: “Corporate Governance in Kenya: A Case for Review
of the Legal Framework on Insider Trading”; Thesis – School of Law of Nairobi,
Novembre 2016
 DR. DIELYA YAYA WANE ; « La réforme du droit Ohada des sociétés
commerciales : modernisation du droit applicable ou conformisme législatif ? »,
Université Assane Seck de Ziguinchor, février 2014
 NZE NDONG DIT MBELE Jean-Richard ; « LE DIRIGEANT DE FAIT EN
DROIT PRIVE FRANÇAIS », thèse doctorat, UNI-VERSITE NANCY 2
FACULTE DE DROIT, SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION, 2008

WEBOGRAPHIE :
★ http://www.crepmf.org/Wwwcrepmf/Reglementation/pdf/Convention/ANNEXE.pdf ; AN-
NEXE PORTANT COMPOSITION, ORGANISATION, FONCTIONNEMENT ET ATTRI-
BUTIONS DU CONSEIL REGIONAL DE L’EPARGNE PUBLIQUE ET DES MARCHES

79
FINANCIERS ; SECTION 6 : POUVOIRS DE SANCTIONS ; CONSULTE LE 08 JUILLET
2020 ;
★ http://www.droit-afrique.com/upload/doc/ohada/Ohada-Acte-Uniforme-2014-Societes-
commerciales-GIE.pdf ; ACTE UNIFORME REVISE RELATIF AU DROIT DES SO-
CIETES COMMERCIALES ET GIE ; CONSULTE LE 08 JUILLET 2020 ;
★ http://www.crepmf.org/Wwwcrepmf/Consultations/pdf/Droit_boursier_UMOA_09072019.pdf
; LES INFRACTIONS EN MATIÈRE BOURSIÈRE SUR LE MARCHÉ FINANCIER RÉ-
GIONAL DE L’UMOA ; L’ETAT DES LIEUX DES INFRACTIONS BOURSIERES SUR
LE MARCHE DE L’UEMOA ET LA TYPOLOGIE DES INFRACTIONS BOURSIERES
EXISTANTES, DE LEUR NATURE ET DES SANCTIONS ENCOURUES ; CONSULTE
LE 25 JUILLET 2020 ;
★ https://www.cabinetaci.com/information-fausse-ou-trompeuse/ ; DELIT DE DIFFUSION
D’INFORMATION FAUSSE OU TROMPEUSE IN DROIT PENAL DE LA PRESSE, LES
INFRACTIONS ; LES ELEMANTS MORAL ET MATERIEL ; CONSULTE LE 07 AOUT
2020 ;
★ https://www.droit-afrique.com/uploads/Cameroun-Code-2016-penal1.pdf . ; CODE PENAL
DU CAMEROUN ; SANCTION DU DELIT D’INITIE ; CONSULTE LE 20 AOUT 2020 ;
★ https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/BMEncyclopedie/BMGlossaire .jsp; GLOSSAIRE ;
DEFINITON DE NEGOCIATION ; CONSULTE LE 29 AOUT 2020 ;
★ http://www.brvm.org/sites/default/files/regles_negociation_admis sion_0.pdf ; BOURSE RÉ-
GIONALE DES VALEURS MOBILIÈRES REGLES DE NÉGOCIATION, D'ADMISSION
ET DE RADIATION À LA COTE ET REGLES SPECIFIQUES ; NEGOCIATION ET CO-
TATION ; CONSULTE LE 29 AOUT 2020 ;
★ https://news.abidjan.net/documents/docs/BRVMDG%20%20DETERMINATION%20DES
%20COURS%20ET%20ALLOCATION%20DES%20TITRES.pdf ; DETERMINATION
DES COURS ET ALLOCATION DES TITRES ; DETERMINATION DU COURS DE
FIXING ; CONSULTE LE 10 SEPTEMBRE 2020 ;
★ https://www.legifrance.gouv.fr/codes/texte_lc/LEGITEXT000006072026 ; CODE MONE-
TAIRE ET FINANCIER DE LA FRANCE ; CONSULTE LE 14 SEPTEMBRE 2020 ;
★ http://www.casablanca-bourse.com/bourseweb/UserFiles/File/Dahir212_CD VM.pdf ; DAHIR
PORTANT LOI N°1-93-212 DU 21 SEPTEMBRE 1993 RELATIF AU CONSEIL DEON-
TOLOGIQUE DES VALEURS MOBILIERES ET AUX INFORMATIONS EXIGEES DES
PERSONNES MORALES FAISANT APPEL PUBLIC A L’EPARGNE MODIFIE ET COM-
PLETE PAR LA LOI N°23-01 ; DES INFORMATIONS EXIGEES DES PERSONNES MORALES
FAISANT APPEL PUBLIC A L’EPARGNE 7, AU CONTROLE DE L’INFORMATION,A LA CONSTATA-
TION DES INFRACTIONS ET DES SANCTIONS ; CONSULTE LE 19 OCTOBRE 2020.
80
Table des matières

INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE : LA MISE EN PLACE D’UN CADRE LÉGAL DE CONDUITE DE
LA NÉGOCIATION
CHAPITRE 1 : UNE DEFINITION STRCITE DE L’OBJET DE LA NÉGOCIATION
DES VALEURS MOBILIÈRES 5
SECTION 1 : L’ADMISSION A LA COTE DES VALEURS MOBILIÈRES EN
BOURSE 5
PARAGRAPHE 1 : LES CRITÈRES D’INTRODUCTION EN BOURSE 6

81
PARAGRAPHE 2 : LE SYSTÈME DE COTATION 10
SECTION 2 : L'ÉTENDUE DES VALEURS MOBILIÈRES 14
PARAGRAPHE 1 : LES ACTIONS 14
PARAGRAPHE 2 : LES OBLIGATIONS 17
CHAPITRE 2 : UNE DETERMINATION SELECTIVE DES PERSONNES HABILITEES
A LA CONDUITE DE LA NEGOCIATION 19
SECTION 1 : LES MANDATAIRES SOCIAUX DE DROIT 20
PARAGRAPHE 1 : LE PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL (PDG) 20
PARAGRAPHE 2 : LE DIRECTEUR GENERAL 21
SECTION 2 : LES MANDATAIRES SOCIAUX « PARTICULIERS » 23
PARAGRAPHE 1 : LES ADMINISTRATEURS 23
PARAGRAPHE 2 : LES DIRIGEANTS DE FAIT 24
DEUXIEME PARTIE : AMENAGEMENT D’UN REGIME DE RESPONSABILITE SANC-
TIONNANT LE CADRE LEGAL DE NEGOCIATION
CHAPITRE 1 : LA MISE EN ŒUVRE DE MESURES REPRESSIVES DES
MANQUEMENTS DES MANDATAIRES SOCIAUX 26
SECTION 1 : LES DELITS D’INITIES 26
PARAGRAPHE 1 : LES INITIES 28
PARAGRAPHE 2 : LE DELIT DE DIVULGATION ILLICITE D’INFORMATION
PRIVILEGIEE ET LES SANCTIONS DU DELIT D’INITIES 30
SECTION 2 : LES DELIT DE MANIPULATION DE COURS ET DELIT DE
DIFFUSION D’INFORMATIONS FAUSSES 33
PARAGRAPHE 1 : LE DELIT DE MANIPULATION DE COURS 34
PARAGRAPHE 2 : LE DELIT DE DIFFUSION D’INFORMATION FAUSSE OU
TROMPEUSE 38
CHAPITRE 2 : L’APPEL A REPARATION DES DOMMAGES CAUSES PAR LES
ENGAGEMENTS DES DIRIGEANTS SOCIAUX 42
SECTION 1 : LA RESPONSABILTE CIVILE 42
PARAGRAPHE 1 : LA FAUTE CONTRACTUELLE 43
PARAGRAPHE 2 : LA FAUTE PERSONNELLE 44
SECTION 2 : L’EXERCICE DE LA RESPONSABILITE CIVILE 46
PARAGRAPHE 1 : L'ACTION INDIVIDUELLE 46
PARAGRAPHE 2 : L'ACTION SOCIALE 48
CONCLUSION 52
ANNEXE 56
BIBLIOGRAPHIE 69
WEBOGRAPHIE : 71

82

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