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CONSTRUCTION NORMATIVE ET FÉMINITÉ

Olympe de gouges, ou la portée du modèle déclaratif

Sophia Aboudrar

Presses Universitaires de France | « L'Année sociologique »

2003/1 Vol. 53 | pages 197 à 210


ISSN 0066-2399
ISBN 9782130545064
DOI 10.3917/anso.031.0197
Article disponible en ligne à l'adresse :
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VARIÉTÉ
CONSTRUCTION NORMATIVE
ET FÉMINITÉ
Olympe de Gouges, ou la portée du modèle déclaratif

Sophia ABOUDRAR

Obstinément, il faut ressusciter ces femmes,


que notre temps réveille par moments, puis
oublie, comme si leur souvenir ne pouvait sur-
vivre que par éclipses. Obstinément, il faut
retrouver leur extraordinaire vitalité, le tran-
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chant de leur inlassable courage, leur capacité
d’innovation.
Catherine Clément,
« Olympe de Gouges et nous »,
in Les lettres françaises, mars 1992.

RÉSUMÉ. — Quelle place occupe le féminin dans l’élaboration des dispositifs


normatifs ? En 1791, Olympes de Gouges signe une Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne. Pour la première fois dans l’histoire, le principe d’une égalité formelle et
substantielle entre les sexes est affirmé, en même temps qu’est rappelée leur irréductible
différence.
Le parallélisme des formes induit en effet un parallélisme des contenus. Mais la
répétition du modèle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et son adaptation
au sexe féminin témoignent de l’insuffisance du droit commun à saisir la spécificité des
genres.
L’égalité doit se penser dans la différence : il faut dire le féminin, il faut le déclarer.

ABSTRACT. — What place does the feminine take in the elaboration of normative
plans of action ? In 1791, Olympes de Gouges signs a Declaration of the Rights of
Women and Women Citizens. For the first time in history, the principle of a formal and
real equality between the sexes is asserted, while we are reminded of the irreducible dif-
ference between men and women.
The parallelism of forms indeed implies a parallelism of contents. But the repetition
of the Declaration of the Rights of Man and Citizens, and its adaptation for the female
sex bear witness to the inadequacy of common law to grasp the specificity of « genders ».
Equality must be thought about in and through difference. The feminine must be spoke ;
it must be declared.

Le 3 novembre 1793 meurt guillotinée Marie Gouze, dite


Marie-Olympe de Gouges, pour avoir été l’une des premières à for-
muler la question féminine de son siècle.
L’Année sociologique, 2003, 53, n0 1, p. 197 à 210
198 Sophia Aboudrar

La période révolutionnaire, et particulièrement l’année 1790,


marque une date importante de la pensée féministe moderne : Con-
dorcet trace en 1788 un Plan de réforme politique et sociale dans lequel
il demande publiquement que les femmes puissent participer à
l’élection des représentants de la Nation aux États généraux, puis
publie deux ans plus tard son célèbre article « Sur l’admission des
femmes au droit de Cité » dans le Journal de la Société de 1789,
Théodore Von Hippel publie un ouvrage Sur l’amélioration du sort de
la femme au point de vue du droit de cité, Mary Woolstonecraft, en
Angleterre, Vindication of the Rights of Women, ouvrage traduit en
France dès 1792.
Mais Olympe de Gouges incarne sans doute, plus que toute
autre femme de la Révolution française, l’aspiration des femmes à
l’égalité universelle et des droits civils. Elle signera en 1791 l’un des
documents les plus exceptionnels, les plus inattendus et qui, à défaut
de faire date dans l’histoire politique, fera incontestablement date
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dans l’histoire des idées : une Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne, à laquelle est annexé un document non moins exception-
nel, un Contrat social de l’homme et de la femme1. Mais c’est plus tôt
encore que ses sentiments féministes trouveront à s’exprimer :
dès 1786, dans son premier ouvrage, elle écrira :
« Voilà comment notre pauvre sexe est exposé. Les hommes ont tous
les avantages, on en a vu qui, sortis de la plus basse origine, sont parvenus à
la plus grande fortune et quelquefois aux dignités ; et les femmes sans
industrie, c’est-à-dire si elles sont vertueuses, restent dans la misère. On
nous a exclues de tout pouvoir, de tout savoir ; on ne s’est pas encore avisé
de nous ôter celui d’écrire, cela est fort heureux ! »2

La capacité d’Olympe de Gouges à s’immiscer sans relâche dans


la « grande révolution » des hommes, sa pensée radicalement
moderne trouvent sans doute leur socle dans sa biographie.
Mythe3 ou réalité4, Marie Gouze, fille légitime d’Olympe
Mouisset, honnête bourgeoise de vieille souche montalbanaise, et
de Pierre Gouze, boucher, n’a eu de cesse de proclamer sa bâtar-
dise. Vraisemblablement fille naturelle de Jean-Jacques le Franc,

1. E. Morin-Rotureau (2002).
2. O. de Gouges (1786), préface.
3. Paule-Marie Duhet (1971) émet certaines réserves quant à la véracité des origines
nobiliaires de Marie Gouze. Ainsi souligne-t-elle son souci de « se créer un personnage...
elle tricha sur son âge... et elle affirma toujours être de descendance illustre » (p. 82).
4. Au contraire, Paul Noak (1993) et Olivier Blanc (1989) tiennent pour acquise la
bâtardise d’Olympe de Gouges, et donc aussi ses origines nobles.
Construction normative et féminité 199

marquis de Pompignan, homme de lettres et cible favorite des phi-


losophes, de Voltaire en particulier, Olympe de Gouges fait ainsi
constamment référence à sa naissance illégitime. Elle exprime en
particulier son ressentiment à l’égard de la famille de ce père reven-
diqué, de façon déguisée, dans une correspondance à la manière des
Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, le Mémoire de Madame de
Valmont contre l’ingratitude et la cruauté de la famille de Flaucourt5.
Ce qui importe ici c’est, bien moins que la réalité, avérée ou
pas, de sa filiation avec le marquis de Pompignan, le fait d’une
revendication récurrente de la part de la révolutionnaire montalba-
naise, tant d’un héritage littéraire que d’une filiation illégitime.
Comme l’observe Paule-Marie Duhet,
« ... la jeune femme s’efforce manifestement de justifier par une irrégula-
rité, une injustice sociale, cette singularité qui la pousse à sortir d’une des-
tinée banale. Si elle n’était pas la fille du boucher de Montauban mais d’un
homme connu tant par ses vertus que par ses talents littéraires, son ambi-
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tion pouvait trouver une sorte de justification »6.
Mariée à 16 ans contre son gré à un homme qu’elle n’aimait pas,
« qui n’était ni riche ni bien né », et dont elle aura un fils, elle souli-
gnera elle-même les conséquences de ce mariage sur sa vie future :
« ... je me sentais dès lors au-dessus de mon état et, si j’avais pu suivre
mon goût, ma vie aurait été moins variée et il n’y aurait eu de romanesque
que ma naissance. »7

Devenue veuve très tôt après son mariage, elle tentera une car-
rière de femme de lettres, et se lancera à l’assaut de la gloire. Si son
œuvre théâtrale n’obtiendra pas le succès escompté, la Révolution
française donnera en revanche à cette patriote révolutionnaire la
possibilité d’exprimer des opinions et de formuler des revendica-
tions remarquablement féministes et actuelles.
On peut certes considérer que
« ce qu’Olympe de Gouges a dit et écrit en faveur des femmes est
l’expression de son existence propre peu conforme aux modèles communs
de la fin du XVIIIe siècle (et que)... marginale par ses origines elle... tend à
révéler la cause des pauvres, celle des Noirs, et, bien au-delà de son cas
personnel, celle des femmes »8,

5. O. de Gouges ([1788], 1995).


6. P.-M. Duhet, op. cit., p. 84.
7. O. de Gouges, op. cit., p. 86.
8. O. Blanc, op. cit., p. 186.
200 Sophia Aboudrar

mais cette mise en relief du lien étroit qui unit la vie de la révolu-
tionnaire à ses options politiques et philosophiques ne doit pas
minimiser la valeur intrinsèque des opinions par elle exprimées :
Olympe de Gouges est avant tout une théoricienne, et les mesures
qu’elle propose, dont certaines d’avant-garde, ne seront, au mieux,
adoptées qu’au XXe siècle, constituent un programme aussi cohérent
que novateur. Une lecture qui transcende la dimension biogra-
phique de sa pensée s’impose alors, si l’on veut en apprécier à sa
juste mesure la portée encore, et plus que jamais, actuelle.
C’est pourquoi, si un très bref aperçu historique est apparu
nécessaire pour situer les travaux d’Olympe de Gouges, le propos
n’est néanmoins pas ici de projeter plus avant un regard d’historien
sur les deux textes qui nous occupent, la Déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne et la Forme du contrat social de l’homme et de la
femme. C’est au contraire en détachant cette œuvre de son
contexte historique, en lui ôtant pour l’analyse toute dimension
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conjoncturelle que l’on en percevra l’extraordinaire actualité. Et
c’est en en tentant une lecture minutieuse que l’on en appréciera
la portée.
Un commentaire linéaire de ces deux manifestes mettrait en
avant la transversalité des revendications présentées par Olympe de
Gouges : le droit public et le droit privé sont en effet au centre de
sa réflexion politique et idéologique. Ainsi, il est question de droit
constitutionnel (en exigeant la participation de toutes les femmes à
la vie politique – droit de vote et éligibilité –, l’auteur se prononce
clairement en faveur du suffrage universel [art. VI]), de droit pénal
(elle fait sien l’article de la Constitution qui reconnaît implicite-
ment l’égalité des sexes en matière pénale [art. VII, VIII, IX et X
de la Déclaration des droits de la femme]), de droit fiscal (obligation
pour les femmes de participer aux dépenses publiques, la contre-
partie de cette participation à l’impôt devant être l’accès des fem-
mes à toutes les fonctions officielles [art. XIII, XIV et X]), du droit
d’expression (la liberté, qui se définit pour la femme par le droit à
la dignité de citoyenne, comportant aussi la liberté d’opinion et
d’expression [art. X et XI]), du droit de la responsabilité, pénale
[art. VII, VIII, IX et X] et administrative (la responsabilité des
agents publics à l’égard de la « masse des femmes » étant la juste
contrepartie de la participation de celle-ci à l’impôt [art. XV], du
droit de propriété [art. XVII], du droit de la famille enfin
– mariage, divorce, filiation – (Forme du contrat social de l’homme et
de la femme).
Construction normative et féminité 201

Une attention portée cette fois moins au contenu de ces actes


qu’à leur forme conduit à s’interroger sur la place et de la fonction
du féminin dans l’élaboration des dispositifs normatifs.
Le choix d’une « déclaration des droits » et la référence au
« contrat social » pour revendiquer l’égalité entre les sexes réalisent
tous deux un emprunt aux modes spécifiquement et historiquement
masculins d’expression : seuls en effet les hommes participaient à
l’activité législative et, plus largement, normative. La volonté
d’Olympe de Gouges d’associer les femmes au processus législatif, et
plus généralement de leur ouvrir l’accès à la sphère de la res publica,
s’affirme ainsi, en amont de l’article VI de sa Déclaration9, par le
choix de ce modèle : en « déclarant des droits » elle amorce une
participation des femmes au processus normatif.
On peut dès lors s’interroger sur le choix de ce modèle, par une
femme, pour les femmes : en percevoir le sens, dans la double
acception du terme : en comprendre la signification, mais aussi la
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direction, la portée.

Le choix du modèle.
La Déclaration des droits de l’homme de 1789 :
égalité et spécificité

Le principe d’une égalité civile entre les sexes est consacré par
Olympe de Gouges, en dix-sept articles, sur le modèle de la Déclara-
tion des droits de l’homme. Le choix de cette forme et le texte qui en
résulte, en miroir donc de la Déclaration proclamée deux ans aupa-
ravant, manifestent avec force la dimension féministe10 de la
démarche d’Olympe de Gouges. Le parallélisme des formes induit
un parallélisme des contenus : les droits de la femme sont proclamés
dans une Déclaration qui contrebalance en la complétant la Déclara-
tion des droits de l’homme de 1789, précisément parce que ces droits
ont la même force, le même poids, la même légitimité.
Ce principe d’un égalitarisme rigoureux entre les sexes trouve sa
source dans « les lois de la nature et de la raison »11. Olympe de

9. Art. VI : « La loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les


citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement, ou par leur représentant, à sa
formation. »
10. Bien que le mot « féminisme » fût encore inconnu à la fin du XVIIIe siècle – on
le doit à Fourier en 1837.
11. Déclaration des droits de la femme, art. IV.
202 Sophia Aboudrar

Gouges dénonce naturellement la dimension fondamentalement


artificielle, culturelle, contre-nature de l’inégalité régnante entre les
femmes et les hommes ; cette dimension est mise en exergue par
l’auteur par la référence à l’organisation du monde animal dont elle
souligne a contrario l’harmonie :
« (...) cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans
l’administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils
coopèrent (...). L’homme seul s’est fagoté un principe de cette
exception. »12

Ces remarques préliminaires, en forme d’interpellation agressive


à l’égard du genre masculin ( « Homme, es-tu capable d’être juste ? » )
amorcent en la légitimant sa revendication à l’égalité des droits : à
l’égal de Condorcet13, Olympe de Gouges récuse cette conception
nouvelle de la nature, apparue au XVIIIe siècle qui, en rupture avec
l’approche dix-septiémiste, une approche égalitariste14 fondée sur la
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raison, accorde une plus grande importance au sentiment et se
montre attentive à la différence sexuelle15. Le XVIIIe siècle pense en
effet que le corps et l’esprit sont étroitement unis, que le cerveau a
donc un sexe. Faisant sienne l’observation de son contemporain
Condorcet – « Qu’on me montre entre les hommes et les femmes
une différence naturelle, qui puisse légitimement fonder l’exclusion
du droit » – l’entreprise d’Olympe de Gouges tend indirectement à
montrer que les objections naturalistes ne sont pas recevables en
droit.
Égalité naturelle entre les sexes, égalité des droits donc : une
intervention normative au profit des femmes, symétrique à celle
intervenue en 1789 au profit de l’ « homme » (que la révolution-
naire voit ici convoqué sans majuscule) paraît la voie la plus
adaptée à la nature de sa revendication. Mais en même temps que
le choix de l’instrumentum signe le souci d’égalitarisme entre les
sexes qui anime Olympe de Gouges, il informe sur le type
d’égalité revendiquée par elle : une égalité dans la différence, ou
plus encore qui tienne compte de la différence entre les hommes
et les femmes.

12. Ibid.
13. « Sur l’admission des femmes au droit de cité », Journal de la société de 1789,
3 juillet 1790.
14. Selon la célèbre formule de Poullain de la Barre ([1673], 1984).
15. Sur l’écho dans la philosophie de cette approche nouvelle, voir Diderot,
L’Encyclopédie, notamment l’article « Jouissance » ; pour un exposé de cette évolution,
voir Catherine Larrère (1997).
Construction normative et féminité 203

En effet, en consacrant l’urgence d’une reconnaissance politique


et juridique des droits de la femme, Olympe de Gouges accuse aussi
la spécificité de ces droits. Si la proposition rigoureusement symé-
trique à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen d’une Déclara-
tion des droits de la femme et de la citoyenne affirme l’égalité entre les
sexes, elle marque aussi leur irréductible différence : une Déclaration
des droits de l’homme ne suffit pas à asseoir les droits de la femme.
« On peut (...) nommer en même temps l’humain et le masculin, alors
que le féminin, pour avoir un statut dans le discours, requiert une spécifi-
cation : il faut dire la différence. »16

Ainsi, alors que rien n’exclut a priori la femme du champ


d’application du texte de 1789, il apparaît à Olympe de Gouges
qu’en dépit de sa vocation à l’universalité, la Déclaration des droits de
l’homme est restrictive, qu’elle concerne moins l’humain que le mas-
culin. Son acte « déclaratif » prend ainsi place et sens dans le débat
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concernant le champ d’application de la Déclaration des droits de
l’homme de 1789 ; il répond à l’ambivalence de la législation révolu-
tionnaire à l’égard des femmes. On se souvient à cet égard que, dans
le projet de l’abbé Sieyès, Préliminaire de la Constitution, reconnaissance
et exposition raisonnée des droits de l’homme et du citoyen, l’un des pro-
jets les plus commentés et faisant autorité, figure l’idée d’une
« citoyenneté à deux vitesses »17 :
« Tous les habitants d’un pays doivent y jouir des droits de citoyen pas-
sif (...) Mais tous n’ont pas droit à prendre une part active dans la formation
des pouvoirs publics, tous ne sont pas citoyens actifs, les femmes du moins
dans l’état actuel. »

L’édification d’un texte consacrant les droits de la femme, aux


côtés de la Déclaration des droits de l’homme, souligne ainsi l’im-
portance de considérer les femmes comme un corps social distinct,
appelant à l’élaboration et à l’affirmation de droits spécifiques qui
satisfassent le principe d’égalité entre les sexes tout en favorisant
l’épanouissement de leur spécificité18.

16. C. Larrère (1997).


17. L’expression est de Christine Fauré (1997 b).
18. En ce sens, Du sort actuel des femmes, texte anonyme de 1791 : « Montrer les
femmes gémissantes, c’est intéresser la pitié ; et ce n’est pas la pitié qu’elles demandent,
mais un droit inhérent à leur être... Mais est-il permis de garder le silence quand, après
avoir décrété les droits de l’homme, on a entendu ceux qui ont concouru à cette œuvre
dire avec ostentation que les droits de la femme n’y étaient pas compris (...) », cité par
D. Godineau, in Ils ont pensé les droits de l’homme, textes et débats, 1789-1793, Paris, Ligue
des droits de l’homme, Études et documentations internationales, 1989.
204 Sophia Aboudrar

Conscient de ce double enjeu, et de sa légitimité, un rédacteur


de Journal des droits de l’homme, Labenette, dans un article en
l’honneur des femmes patriotes, rend indirectement hommage à
Madame de Gouges en ces termes :
« Sans contredit, le plus grand ouvrage qui soit sorti de la tête de nos
législateurs, c’est la Déclaration des droits de l’homme. Mais ils auraient dû
faire le pendant ; ils auraient dû, dis-je, décréter les Droits de la femme. Je ne
suis pas extrêmement édifié de cet oubli de leur part... ils ont manqué aux
devoirs de la reconnaissance... Comment n’avez-vous pas réfléchi que les
femmes méritaient des droits particuliers ? »19

La Déclaration des droits de la femme,


ou comment « dire » le féminin

En outre le choix de ce mode déclaratif met en relief


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l’importance cruciale, et plus que jamais actuelle, de dire le féminin.
La conscience de cet enjeu chez Olympe de Gouges, de ses risques
aussi, se manifeste d’un bout à l’autre du processus déclaratif : du
sujet parlant aux destinataires de cette parole, en passant par l’objet
même du discours, l’empreinte de la différence des sexes est
marquée. Olympe de Gouges sait combien la parole masculine est
plus efficace que celle émanant d’une femme :
« Je donne cent projets utiles : on les reçoit ; mais je suis femme : on
n’en tient pas compte. »20

Luttant contre cette intolérable disparité, elle ne manque pas de


signaler dans ses écrits, systématiquement, sa qualité de femme ; et
de revendiquer par là même pour son sexe un droit d’expression
égal à celui reconnu aux hommes :
« Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la
question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. »21

En amont donc, la place du féminin est marquée : c’est une


femme qui parle, qui parle en tant que femme. En aval aussi, la
parole d’Olympe de Gouges est sexuée : tout d’abord parce que la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est précédée d’une

19. Labenette, rédacteur au Journal du Diable, à l’Orateur du Peuple, à la Savonnette


Républicaine, publie en l’an IV Les hommes démasqués aux femmes, 2 volumes, « devant ser-
vir à l’éducation des femmes et leur apprendre à se méfier et à se défendre ».
20. Correspondance de la Cour, 1792, p. 5.
21. Déclarations des droits de la femme et de la citoyenne.
Construction normative et féminité 205

lettre introductive qui, ayant pour destinataire la Reine, s’adresse en


réalité, et formellement ( « Madame » ), à la femme. Ensuite parce
que la révolutionnaire clôt son manifeste par un appel des femmes
au rassemblement, à la solidarité, estimant que
« cette Révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront péné-
trées de leur déplorable sort, et des droits qu’elles ont perdus dans la
société »22 :
« Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout
l’univers ; reconnais tes droits. »23

La dichotomie entre le masculin et le féminin, l’exclusion des


hommes du travail normatif entrepris par la révolutionnaire pren-
nent corps dans sa Déclaration à un double niveau. Tout d’abord, les
femmes sont appelées au rassemblement dans le cadre d’un rapport
de filiation qui exclut les hommes : « Les mères, les filles, les sœurs,
représentantes de la Nation », à l’exception des épouses. Que le ras-
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semblement des femmes soit ainsi conçu par l’auteur dans le cadre
d’une filiation utérine révèle le passage que ce rassemblement doit
opérer pour les femmes d’une vie strictement familiale à une vie
publique24. Ensuite, Olympe de Gouges manifeste clairement adres-
ser sa Déclaration exclusivement aux femmes : des hommes, elle
n’attend rien, mettant au contraire en cause la capacité masculine de
justice. Elle ne les convoque donc ni à l’écoute, ni à l’action.
La redondance de cette exclusion, sous des modes distincts, en
renforce naturellement la portée. Le féminisme d’Olympe de Gou-
ges n’en est que plus accusé. La Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne s’enracine ainsi dans une pensée radicalement féministe,
qui articule une problématique de la différence des sexes : au-delà
de la seule désignation des protagonistes (auteur, bénéficiaires,
exclus) et de leur rattachement à un genre (féminin contre mascu-
lin), l’utilisation du modèle déclaratif, « qui représentait la forme de
généralisation la plus radicale de son temps »25 revêt une valeur ins-
tituante des droits de la femme. Ainsi, si ces droits « naturels, inalié-
nables et sacrés »26 préexistent à leur déclaration (il en va d’ailleurs

22. Lettre à la Reine.


23. Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Postambule.
24. L’idéologie du patriarcat imposait en effet, et imposera encore, dans une cer-
taine mesure, jusqu’à nos jours « la dichotomie du dedans et du dehors : les femmes
dedans, les hommes dehors, conformément à la disposition de leurs organes génitaux res-
pectifs » (Knibiehler, 1996).
25. Ch. Fauré (1997 b).
26. Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Préambule.
206 Sophia Aboudrar

de la question de leur « oubli », de leur « mépris », et de la nécessité


de leur « reconnaissance »), « dire » les droits de la femme n’en cons-
titue pas moins un véritable acte d’affranchissement des femmes :
« acte de langage »27, la Déclaration des droits représente une libération
politique.
Si l’adoption du modèle déclaratif semble être ainsi la condition
d’une parole efficiente, instituante et agissante – René Cassin verra
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme une action contre le
nazisme et l’esclavage des hommes –, l’emprunt opéré par Olympe
de Gouges aux modes masculins d’expression emporte avec lui une
subversion du modèle. En effet, si la Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne se présente presque exclusivement comme une
reprise pure et simple de la Déclaration des droits de l’homme, les quel-
ques modifications qu’elle y apporte sont la marque de la spécificité
du rapport entre féminité et droit. On peut déceler derrière certai-
nes dispositions stipulées par Olympe de Gouges la trace d’événe-
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ments de sa biographie. Ainsi lie-t-elle le droit d’expression des
femmes à la possibilité de révéler une filiation naturelle28, voire
adultérine (on se souvient de la bâtardise, réelle ou fantasmée de
l’auteur). Mais au-delà de la dimension biographique de l’œuvre
normative d’Olympe de Gouges, dimension anecdotique en fait,
c’est sa dimension féminine, et féministe, qui apparaît :
« Au nom d’une nouvelle transparence sociale, il était de première
importance pour les femmes d’effectuer cette démarche douloureuse qui
mettait le monde masculin devant ses responsabilités. »29

C’est donc une caractéristique physiologique des femmes, leur


capacité à être enceinte, jointe au risque d’une paternité niée, qui
sinon fondent, du moins introduisent la question de l’accès des fem-
mes au droit d’expression.
La trace du féminin et la torsion du modèle que celle-ci
emporte se manifestent avec plus d’acuité encore dans la « forme du
contrat social entre l’homme et la femme » proposée par la
révolutionnaire.

27. Sur la dimension d’action des énoncés performatifs, classification dont relèvent
les Déclarations, cf. Bourdieu, 1982 ; P. Amselek 1986 ; John L. Austin, 1991.
28. Art. XI : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits
les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers
les enfants. Toute citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d’un enfant qui vous
appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité. »
29. Ch. Fauré, 1985, p. 190.
Construction normative et féminité 207

La subversion du modèle du contrat social :


droit et amour, ou la trace du féminin

En fait de « contrat social » ce que propose Olympe de Gouges


est en réalité un contrat conjugal qui, loin de régir directement
l’organisation de la cité, traite de questions de pur droit privé : son
contenu n’est pas sans évoquer des problèmes relevant du droit des
régimes matrimoniaux et de la filiation. Pourquoi dès lors l’emprunt
à cette référence institutionnelle qu’est le « contrat social » ? Pour
saisir la finalité de cet emprunt et percevoir la subversion du modèle
qu’il emporte, il convient de rappeler brièvement les assises théori-
ques du modèle rousseauiste du contrat social30. Reposant fonda-
mentalement sur une dichotomie entre les sexes, le contrat social
selon Rousseau s’inscrit dans une conception fonctionnaliste de la
différence entre l’homme et la femme. À cette dernière, l’attri-
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bution exclusive de la sphère privée et familiale, au nom d’une sub-
jectivité qui lui serait propre et qui ferait d’elle la garante de l’amour
conjugal, de l’amour durable31. En d’autres termes, le contrat fami-
lial n’est autre qu’un « code des sentiments »32 au sein duquel la
femme, identifiée à une forme particulière d’amour (l’amour conju-
gal et maternel), se voit en réalité privée du droit à la passion : elle
est condamnée à rester confinée dans l’espace sans passion de la
famille33.
Or la passion, à l’égal de la parole et de l’action, n’est-elle pas,
comme l’observe Elena Pulcini, la « condition nécessaire de la for-
mation d’une identité non amputée » ? On comprend dès lors pour-
quoi Olympe de Gouges prend position sur les conditions d’un
« contrat social entre l’homme et la femme ». De la définition des
termes de ce contrat dépend en effet l’accès de la femme à sa propre
identité, la recomposition d’une identité émiettée. Or à lire les ter-
mes de ce contrat conjugal, on s’aperçoit combien il diverge de la

30. Sur cette question, cf. E. Pulcini, « La modernité, l’amour et l’inégalité


cachée », conférence présentée dans le cadre de la journée de travail sur « L’amour et le
droit dans l’Union européenne », organisée par le Pr Yota Kravaritou à l’IUE de Florence,
le 15 décembre 1997 ; Cl. Habib, 1987, p. 7 et s.
31. Il convient d’observer que cette partition des rôles entre les sexes au sein de la
société civile est une caractéristique commune des théories du contrat social des XVIIe et
XVIIIe siècles : la conception de la société civile maintient, jusqu’à la Révolution fran-
çaise, la distinction antique du politique et du domestique de la polis et de l’oïkos. Cf.
C. Larrère (1997).
32. L’expression est de E. Pulcini, op. cit.
33. Voir J.-J. Rousseau, L’Émile, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1959-1985.
208 Sophia Aboudrar

conception rousseauiste du contrat entre l’homme et la femme : il


en prend en réalité le contre-pied. Car ce qui fonde le contrat
conjugal d’Olympe de Gouges, ce qui en est la cause, n’est autre
précisément que la passion – l’amour dans sa dimension érotique.
Ainsi l’hypothèse de l’adultère est-elle explicitement évoquée, pour
être légitimée :
« Nous entendons et voulons mettre nos fortunes en communauté, en
nous réservant cependant le droit de les séparer en faveur de nos enfants, et
de ceux que nous pourrions avoir d’une inclination particulière. »

Le contrat conjugal repose sur une passion partagée, que la


femme n’a pas le devoir de transformer en un amour conjugal
durable, mais dont elle a au contraire le droit, le cas échéant, de se
délivrer :
« Nous N et N, mus par notre propre volonté, nous unissons pour le
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terme de notre vie, et pour la durée de nos penchants mutuels. (...) Nous
nous obligeons (...), en cas de séparation, de faire le partage de notre
fortune. »

Ainsi, l’emprunt du modèle du contrat social est la condition


même de sa dénonciation : en se référant aux modèles rousseauiste,
mais aussi hobbésien et lockien, qui tous reposent, quoique dans des
termes différents, sur le principe d’une dichotomie fonctionnelle
entre les sexes, Olympe de Gouges en révèle indirectement
l’inégalité cachée. Sa proposition d’un contrat conjugal fondé sur la
passion est un rappel de l’accès des femmes, aussi, aux diverses for-
mes d’amour : le désir n’est pas, contrairement à ce que le siècle
affirme, le privilège de la masculinité. Il est partagé à égalité par
l’homme et la femme, ce qui fonde les règles juridiques de l’union
conjugale et du droit de la filiation.
On perçoit dès lors comment l’adoption du modèle par Olympe
de Gouges est aussi la condition de sa subversion : en se référant au
modèle du contrat social, elle parvient à conférer à la femme un
véritable droit au désir, qui lui était jusqu’alors refusé par ce modèle
même.

On le sait, la tentative d’émancipation des femmes opérée par


Olympe de Gouges resta lettre morte. Non seulement la Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne ne trouva aucun retentissement
politique, mais, plus encore, son auteur laissa dans l’Histoire l’image
d’un « tribun en jupons, hystérique et sanglant, d’une agitée, d’une
Construction normative et féminité 209

folle »34. À lire plus attentivement les attaques de ses détracteurs, on


peut observer que la question de la différence des sexes, celle-là
même qui a fondé le combat politique et idéologique d’Olympe de
Gouges, est aussi celle autour de laquelle se sont articulées les
calomnies : pour avoir voulu participer à la vie politique de son
pays, mais aussi pour s’être approprié les formes d’expression de la
masculinité aux fins de revendiquer des droits pour les femmes,
Olympe de Gouges sera perçue comme une « femme-homme »35
ayant voulu « être homme d’État » et qui sera punie pour avoir
« oublié les vertus qui conviennent à son sexe »36.
On perçoit dès lors l’ambivalence de l’adoption du modèle
déclaratif : en calquant ses revendications pour les femmes sur le
modèle de la proclamation des Droits de l’homme, Olympe de Gou-
ges consacre avec force un principe d’égalité stricte entre les sexes :
en cela le choix du modèle est efficace. Mais c’est aussi le choix de
ce modèle qui, au-delà du contenu que la révolutionnaire lui
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confère, sera le lieu même de l’attaque dirigée contre elle : on ne lui
pardonnera pas de s’être approprié les outils propres au mode mas-
culin d’expression ; en « déclarant » des droits, en proposant un
autre modèle de « contrat social », Olympe de Gouges sera perçue
comme une « folle », déviante de sa féminité : on voudra voir en
elle le lieu d’une confusion pathologique entre les sexes, là où il n’y
avait en réalité de sa part qu’effort pour les distinguer, en révéler
tout à la fois l’égalité et la spécificité.
Sophia ABOUDRAR
Chaire Régulation, Sciences Po

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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PUF.
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Seuil.
A. de Baecque, M. Rebérioux, D. Godineau (dir.), 1989, Ils ont pensé les
droits de l’homme, textes et débats, 1789-1793, Paris, Ligue des droits de
l’homme, Études et documentations internationales.

34. In O. Blanc, 1989, p. 196.


35. Pierre-Gaspard Chaumette, 1793 ; v. aussi, D. Godineau, 1988, p. 268 et s.
36. La feuille du salut public du 17 novembre 1793.
210 Sophia Aboudrar

O. Blanc, 1989, Olympe de Gouges, une femme de liberté, Paris, Syros.


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P.-G. Chaumette, 1793, Courrier républicain du 17 novembre.
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ges, Knapen & fils.
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Correspondance de la Cour, 1792, Compte moral rendu et dernier mot à mes
chers amis, par Olympe de Gouges à la Convention nationale et au peuple sur
une dénonciation faite contre son civisme aux Jacobins par le Sieur Bourdon.
J.-J. Rousseau, 1959-1985, « L’Émile », in Œuvres complètes, Paris,
Gallimard.

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