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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Institut des Politiques Publiques

Cours

BASES DE LA SOCIOLOGIE POLITIQUE

Intervenant

Dr Serigne FABOURE, Chargé de Cours Associé à l’Institut des Politiques


Publiques de l’Université Cheikh Anta DIOP.

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Introduction

Matière carrefour des sciences sociales, la sociologie politique est une des sciences
consacrées à l’étude des comportements individuels et collectifs de l’homme dans la société.
Le caractère transversal de cette discipline fait appel à d’autres sciences connexes telles que
la sociologie, l’histoire, la psychologie, l’ethnologie, l’anthropologie, l’économie, la science
politique, le droit ou les politiques publiques. Certains penseurs vont jusqu’à assimiler la
sociologie politique de « sciences de l’homme » et d’autres « sciences humaines ». En effet,
elle partage avec les autres disciplines des sciences l’étude de l’homme et de la vie en
société. Mais elle se distingue sur les approches, les méthodes et les objets spécifiques.

La sociologie politique a pour objet d’analyser tout ce qui est relatif au gouvernement, aux
sociétés, au pouvoir de l’Etat, à la légitimité, à la légalité et à la politique. A la différence des
autres sciences, la sociologie politique explique la structuration sociale de l’intérieur et de
l’extérieur soit par des normes naturelles ou par des règles de conduite en vigueur au sein
de ces groupes, et de leur origine. Comme toutes les sciences sociales, elle repose sur le
postulat fondamental selon lequel le social se base sur une régularité ou une irrégularité à
identifier et à expliquer suivant les évolutions socio-politiques.

Certains grands penseurs mettent l’accent sur le déterminisme à l’œuvre dans tous les
courants qui composent les « choix » et les « stratégies » des acteurs au centre de dispositif
théorique. A ce titre, Émile Durkheim se place comme le père du courant appelé le
« holisme ».

Au plan méthodologique Max Weber, propose le courant appelé principe de l’individualisme


au cœur des travaux car toute organisation n’est de société, ni du groupe, mais plutôt
individualiste. En d’autres termes, ce n’est pas la société qui produit l’individu mais au
contraire l’individu qui produit la société. La société n’est que le produit de la somme des
comportements individuels, et c’est l’agrégation entre attitudes, choix et stratégies individuels
qui produisent des faits sociaux. En apparence, la plupart des grands modèles sociologiques
contemporains tentent de dépasser le cadre sociologique en y ajoutant la politique, le droit
permettant d’articuler la sociologie politique en mettant en évidence leurs interactions des
phénomènes sociaux.

Pour une meilleure compréhension l’approche portera sur trois axes. D’abord, nous
étudierons le cadre définitionnel de la sociologie politique (Chapitre I).

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Ensuite, nous analyserons sur l’objet et le champ d’application dans la recherche d’une
autonomie scientifique (Chapitre II). Enfin, nous allons mettre l’accent sur la sociologie
politique, en tant que discipline de l’activité politique de l’Etat (Chapitre III).

Chapitre 1 : Cadre définitionnel de la sociologie politique

La compréhension de la sociologie politique, nécessite une présentation sur l’origine de la


sociologie politique. Après l’analyse sur l’histoire de cette discipline, nous essayerons de
définir, d’une part la notion de « sociologie » ; d’autre part, le concept de « politique » même
si la définition de la notion de sociologie politique pose une controverse doctrinale.

Section 1 : Etymologie et définition de la notion de sociologie

Avant de définir, la sociologie, nous allons étudier l’origine de la discipline. Cette démarche
va permettre d’avoir une compréhension très claire de la sociologie politique.

Paragraphe I : l’étymologie de la sociologie

Dérivée de la racine « socius » du préfixe « socio » qui veut dire société et du suffixe «logie»
du terme grec ancien λόγος logos, qui signifie discours ou parole, le terme « sociologie » est
forgé dans les années 1780 par Emmanuel-Joseph Sieyès. La sociologie a pour origine de
l’étude des comportent humains sur la manière de gérer le groupe, le pouvoir politique,
l’action publique mais aussi le comportement de l’individu vis-à-vis de son prochain.

Elle est une discipline inventait vers la fin du XIXème siècle, dans un contexte marqué par
l’influence conjointe de la révolution industrielle et la Révolution française. La brutalité de la
révolution a occasionné un sentiment de rupture et un besoin d’équilibre et de liberté comme
un facteur social et un modèle d’équilibre entre les sociétés.

L’évolution de la discipline est marquée des réflexions de trois précurseurs de la sociologie


tels que Tocqueville, Marx et Comte. C’est au début du XXème siècle que la sociologie se
constitue véritablement comme discipline scientifique par l’ingéniosité du français Emile
Durkheim, de l’Allemand Max Weber et de Norbert Elias sur ses analyses liées à l’histoire et
de la sociologie.

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Paragraphe II : la définition du concept de « sociologie »

Dans ce paragraphe, la définition de la sociologie sera analysée suivant l’évolution doctrinale.


D’abord, Montesquieu dans « L’esprit des lois » établit une explication définitionnelle sur les
relations stables entre les institutions juridiques, politiques et les conditions de vie des
individus en société. Montesquieu estime que la meilleure formule pour définir clairement le
pouvoir de l’Etat est de faire une séparation nette de trois pouvoirs : exécutif, législatif et
judiciaire.

Ceci, ne peut être établi par des notions clés indispensables à la constitution de cette science.
Quant à Rousseau, il met l’accent sur le caractère originel de l’homme comme postulat "Du
contrat social" pour donner une définition comme une théorie basée sur la légitimité du
pouvoir politique et éléments de langages pour définir la sociologie.

Ensuite, Auguste COMTE, pour sa part, a inventé le néologisme "sociologie" en 1839. Il


définit la notion de sociologie comme étant "l’étude positive de l’ensemble des lois
fondamentales propres aux phénomènes sociaux". Donc, la sociologie doit être définit, d’une
part, sur la statique sociale comme une base de la théorie de l’ordre et qui traduire l’étude
fondamentale des conditions d’existence de la société. D’autre part, la dynamique sociale
en tant que base de la théorie du progrès et qui traduit l’étude des lois comme fondement du
processus d’évolution d’une société.

Enfin, Durkheim propose une définition sociologique basée sur les faits sociaux, sur la
manière d'agir, de penser et d’organiser le pouvoir de coercition qui s'impose à l’homme.
Durkheim, dans son ouvrage intitulé « Les Règles de la méthode sociologique » en 1895
définit la sociologie comme une science nouvelle qui se base sur des règles
méthodologiques.

Durkheim pense que la sociologie ne pourrait devenir une vraie science à deux conditions.
D’une part, un objet d’étude spécifique par le recherche de la légitimité par rapport aux autres
sciences; d’autre part, une méthode de recherche scientifique, rigoureuse, objective, qui se
rapproche le plus possible aux sciences exactes de manière à se détacher des préjugés et
de la subjectivité.

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Ses deux conditions cumulatives inscrivent la sociologie de science des faits sociaux et des
méthodes que par une institutionnalisation de la discipline: faits sociaux (caractère coercitif
et extérieur des individus) et holiste (principe de méthodologique selon lequel l’analyse doit
se faire à partir de l’ensemble des données du collectif qui sera développé dans le chapitre
suivant).

Dans le livre publié deux ans plus tard, en 1897, « Le Suicide », Durkheim met en évidence
qu’un acte en apparence individuel relève du cadre intime par l’effet d’un déterminant social
et extérieur à l’individu. Le suicide constitue ainsi un bel exemple de fait social qu’il faut, à ce
titre, étudier comme une chose autonome. Elle s’oppose que les phénomènes collectifs sont
le résultat d’une action, d’une croyance ou d’une attitude individuelle.

Max Weber, père de la sociologie de l’action sociale, définit la sociologie comme étant
une science qui se propose à une interprétation l'activité sociale et des liens de causalités
entre les effets. Dans la définition de weber trois concepts restent fondamentaux à la
compréhension de la sociologie : « action sociale », « ordre social » et « groupements ».
L’action sociale n’est qu’une action orientée vers autrui. C’est-à-dire une action rationnelle,
affective et traditionnelle. Et l’ordre social est une action orientée en fonction d’une
représentation que l’on peut qualifier d’un ordre légitime.

Pour les groupements, ils constituent la « communauté », basée sur le sentiment subjectif et
d’une appartenance commune de société, reposant sur les compromis d’intérêts rationnels.
A cet effet, l’approche juridique cherche à mettre de rigueur le droit tandis que l’approche
sociologique cherche à comprendre la « chance » que les ordres soient considérés comme
valides par les personnes engagées dans l’action en communauté.

La définition de Max se résume que « ce n’est la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ». Il s’y
ajoute dans l’explication de Marcel MAUSS qui définit la sociologie en basant sur "fait social
total", c’est-à-dire qui met en jeu la totalité de la société et de ses institutions. KARL MARX
pour sa part définit la sociologie comme toute réalité traversée par des forces contradictoires
et lutte pour le changement. Ce changement s’inscrit à cet effet sur la politique.

Section 2 : La notion de politique

La définition de la notion de « politique » n’est pas chose aisée. La compréhension de cette


discipline nécessite de définir la notion de « politique » au masculin et au féminin.

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Paragraphe I : Le politique

Le concept de « politique » est inventé par les philosophes. Il a évolué au fil des siècles sur
différentes formes. Cette notion se définit au masculin « le politique » et au féminin « la
politique ».

A- La définition philosophique de Politique

De manière générale, le politique est un individu. Certains penseurs donnent le qualificatif de


professionnel pour déterminer le politique dans le champ social dominé par des conflits
d’intérêts. C’est-à-dire, l’homme en tant qu’être humain est source de rivalités, de conflits.
Platon attribue le politique d’un homme de dialogue dans un espace de rivalité et de division.
Il définit le politique comme acteur de dialogue qui a un caractère original et originel de
contrat politique et de solidarité.

Aristote définit le politique d’animal politique. C’est-à-dire, d’un être qui par nature vit dans
une cité où il est appelé à s’épanouir en tant qu'être sociable. Il explique « le politique » dans
le cadre des rapports sociaux et de partage des affaires de la cité suivant des règles
préétablies par la nature, la justice, la morale au sein d’une organisation.

B- La définition sociologique de politique

Les sociologues ont tenté de donner une définition de politique. A cet effet, Max WEBER
apporte des éclairages à partir des interrogations sur les changements sociétaux et de
modernité. La notion de « politique » est le champ politique où l’homme se reconnait dans
les sociétés contemporaines sous forme d’un ensemble de forces institutionnalisées qui
interagissent. Le politique est un d’homme en interaction avec les autres dans une cité
comme étant une organisation naturelle.

Pierre FAVRE définit la notion de politique à tout ce qui concerne la résolution des conflits
par une hiérarchisation des objectifs comme fondement de la société. La politique est l’activité
de ceux qui souhaitent assurer les hautes fonctions de l’Etat. A ce titre, le sociologue Pierre
BOURDIEU définit le politique dans un champ de concurrence ou les hommes se trouvent
engagés des partis politiques dans lesquels les citoyens ordinaires, réduits au statut de
consommateurs et le politicien, le produit à acheter par le vote. Par politique, on peut entendre
aussi la scène sur laquelle s’affrontent, sous les yeux du public et des citoyens, une série
d’acteurs pour la conquête et l’exercice du pouvoir.

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Donc, le politique s’affirme dans un « lieu de compétition pacifique autour du pouvoir de
monopoliser la coercition, de dire le droit et d’en garantir l’effectivité dans l’ensemble de la
société concernée ». La compétition place le politique en tant qu’homme dans une
compétition organisationnelle de rapports de forces appelés : la politique.

Paragraphe II: La politique

La doctrine énumère plusieurs définitions. Mais dans le cadre de ce cours l’accent est mis
sur un certain nombre d’auteurs qui nous permettront de mieux appréhender le concept de
la politique.

A- La définition politico-juridique de la politique

La politique « Politikos », une organisation grecs « polis » ou chez les latins « civitas » a trait
à l’État en tant qu’appareil organisé (Territoire, Population et Pouvoir). La politique est l’affaire
de la communauté, de la société, de groupe social, au sens de « Politeia ». Elle est l’art de
gouverner la cité. Aujourd’hui, cette méthode s’inscrit dans la politique et la légalité.

La politique est une activité, une action, une recherche de l’équilibre, un développement
interne ou externe de la société. La politique est donc principalement ce qui a trait au collectif,
à une somme d'individualités ou de multiplicités qui s'élargissent à tous les sciences sociales
telle que le droit.

B) La définition sociologique de la politique

L’Economiste et Sociologue allemand, Weber dans son ouvrage intitulé « le Savant et le


Politique », estime que la politique est « l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de
participer ou d’influer sur la répartition du pouvoir ou les décisions de l’Etat ou entre les divers
groupes à l’intérieur d’un même Etat ou organisation ». Weber pense que toute politique doit
s’inscrire dans la neutralité axiologique comme posture de paix que tout politique ou
chercheur ne doit s’approprier pour éviter les jugements de valeurs dans toute démarche.

Chapitre II : la sociologie politique : objets et champ d’application

L'étude de la sociologie politique permet de comprendre les différentes positions


idéologiques. Elle permet d’évaluer de manière critique les démocraties au sein des politiques
publiques et sociales. La sociologie politique dans la contextualisation des régimes et les
démocratiques ou non, est fondamentale pour analyser les différentes dimensions du

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pouvoir. A ce titre, nous allons mettre l’accent sur l’objet de la discipline (Section I). Mais
aussi, la sociologie politique, une science de l’homme en société (Section II).

Section I : l’objet de la sociologie politique

Dans cette section, la pertinence de la sociologie politique peut se mesurer selon son objet.
Cette discipline a pour objet l’étude des comportements de l’homme dans la société, il est
évident, à cet effet, nous allons mettre l’accent sur l’objet sociologique et historique.

Paragraphe I : l’objet socio-politique

Une science d'étude sur l’homme, la sociologie politique est un ensemble de disciplines
scientifiques qui ont en commun à l’analyse des sociétés et des comportements humains.
D’une part, elle étudie l’homme ; d’autre part, elle analyse la vie de l’individu en société.

De façon beaucoup plus précise, cette discipline a pour objet d’expliquer de tout ce qui est
relatif au gouvernement et aux sociétés. Même si elle ne peut mettre l’accent sur la
subdivision des sociétés l’objet est limitativement défini dans une « histoire du temps ». Elle
cherche à expliquer les phénomènes sociaux et à établir les causes sociales sur les
comportements dans les structures sociales, dans l’organisation des groupes, des normes et
les règles de conduite en vigueur au sein de ces groupes. Les études de cette discipline
tentent de trouver une explicitation sur l’homme en tant que primat politique dans une société.

Elle cherche à trouver une explication de science de la nature ou de science sociale pour
approcher le plus possible à une vérité, en améliorant en permanence la valeur scientifique
des énoncés qu’ils produisent. En ce sens, l’objectif est alors de produire des éléments de
réponses avérées, que ce soit sur l’univers physique ou sur nous-mêmes. Raison pour
laquelle, elle se veut autonome, légitime et une scientificité avérée. C’est en ce sens que la
sociologie politique est une branche des sciences sociales très proches de la sociologie qui
traite les phénomènes politiques et les faits sociaux.

Paragraphe II : l’objet historique et politique

Contrairement à la grande majorité de la doctrine allemande, Norbert Elias a apporté une


réflexion novatrice sur l’étude des dynamiques socio-politiques en mettant l’accent sur
l’histoire. Elias explique l’approche historique comme un processus de formation des États
d’une part ; et, d’autre part, une approche historico-culturelle de transformations des

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sensibilités manifestes par un accroissement progressif, la répulsion face à la violence et du
raffinement des comportements individuels.

En effet, le problème du processus de civilisation n’est qu’un aspect du problème beaucoup


plus général de l’évolution historique. A cet effet, le « problème de l’évolution historique »
n’est pas un simple appel à l’historicisation par laquelle le sociologue se dégage d’une forme
édulcorée (donner sens) de présentisme en montrant que le présent est redevable du passé.

L’approche historique n’est pas réductible à une simple restitution des logiques du passé
capable de restituer la progression des processus d’intégration et de différenciation sociale.
L’évolutionnisme n’est alors pas ici l’éloge a priori de la modernité, mais une réaction à la
crise de l’historicisme qui conçoit l’histoire du monde comme une simple succession de
configurations singulières, plus ou moins aléatoires.

Prendre la pleine mesure sociologique de l’évolution historique engage alors à reconduire


les transformations qui affectent les sociétés, qu’elles soient politiques, économiques,
morphologiques ou psychiques, aux processus d’intégration et de différenciation sociale.

L’évolution historique selon Elias est un syntagme de « démocratisation fonctionnelle ». C’est-


à-dire une approche qui consiste dans le mouvement de transformations sociales induit
l’accroissement de la division du travail, l’approfondissement des formes de spécialisation au
sein des sociétés et l’extension des chaînes d’interdépendances. C’est-à-dire des relations
entre personnes, groupes sociaux et unités de survie dans un État.

Elle peut être décrite comme la combinaison de deux mouvements interdépendants : d’une
part, une réduction progressive, sur le long temps, des écarts entre statuts sociaux ; d’autre
part, un accroissement continu, quoique heurté, à la différenciation interne aux sociétés.
Cette diminution des contrastes dans les sociétés et les individus, cette interprétation, ce
curieux mélange de modes de comportements qui répondaient à l’origine à des positions
sociales foncièrement différentes sont caractéristiques de l’orientation prise par l’évolution de
la société occidentale. C’est à l’interface de ce double mouvement qu’Elias nous enjoint de
porter le travail sociologique, nécessairement évolutionniste.

Les transformations de l’équilibre emportées par la démocratisation fonctionnelle, qui


consacrent l’importance du deuxième terme du syntagme, peuvent pâtir de ce qu’Elias
nomme un effet de retardement, source de nouveaux foyers de conflictualité.

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Section II : la sociologie politique, une science de l’homme en société

Dans cette section, deux doctrines s’opposent comme motif d’explication de la sociologie
politique.

Paragraphe I : La sociologie politique, une discipline d’analyse de la société

Durkheim, explique la sociologie politique sur la base du principe holistique communément


appelé « holisme ». Il part du postulat selon lequel, les rapports des hommes trouvent une
explication claire dans la société. Une approche holiste est une approche qui considère que
ce sont les structures sociales qui influencent et expliquent les comportements individuels.

L’holisme, c’est une notion, une conception théorique selon laquelle l’individu est déterminé
par les rapports sociaux qu’il entretient avec les valeurs, les normes, les règles et les
croyances en vigueur dans un groupe. En ce sens, du point de vue holiste, il faut partir du
groupe pour expliquer les comportements individuels. Donc, le groupe est le début et une fin
méthodologique comme modèle pour expliquer de la sociologie politique de science sociale.

Paragraphe II : Une discipline sur fondement individualiste

Weber donne une explication méthodologique autour de l’individu. Il faut comprendre par
la, que l’individu détermine la société et non le contraire. C’est-à- dire, le comportement socio-
politique pourrait se comprendre de l’individu à individu à partir de facteur extérieur explicatif
de la société. L’individu, à cet effet, est partie intégrante du groupe. L’individualisme que l’on
qualifie, en général, de « méthodologie », à l’instar de l’holisme, est une démarche d’analyse
proposée par Weber.

A ce titre, l’individu détermine la sociologique d’une société ou du groupe. En d’autres


termes, ce n’est pas la société qui détermine le comportement de l’individu mais au contraire
l’individu qui détermine la société. La société n’est que le produit de la somme des
comportements individuels mais aussi l’agrégation des attitudes, des choix, des stratégies
individuelles qui produisent les faits sociaux.

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Chapitre III

La sociologie politique, une discipline de l’activité de l’Etat

La politique peut être définie comme étant tout ce qui se rapporte à l’activité du
gouvernement, de la société entendue comme la capacité pour certains individus ou certains
groupes à orienter les comportements de l’ensemble de la collectivité, à élaborer des règles
qui s’imposent à l’ensemble de la société et que nul n’est censé ignorer ou transgresser la
loi.

L’activité de gouvernement est donc fondée sur une relation de pouvoir entre gouvernants
et gouvernés. C’est la raison pour laquelle la notion de pouvoir est au cœur de l’étude du
fonctionnement politique des sociétés. A cet effet, nous allons voir le pouvoir politique de
l’Etat (Section I). Après avoir étudié le pouvoir de l’Etat, une analyse sera portée sur la
domination comme modes de transformation et de participation politique (Section II).

Section I : Le pouvoir politique de l’Etat

Dans une approche qu’on qualifiera d’institutionnaliste, le pouvoir est un constituant ce sont
les gouvernants, c’est-à-dire ceux qui occupent le pouvoir de l’Etat. L’exercice du pouvoir
s’inscrit dans la légalité pour que cette domination hiérarchique soit effective.

Paragraphe I : La fonction pyramidale du pouvoir

Une forme particulière d’autorité et de légitimité, le pouvoir est un mécanisme d’organisation


d’une société. La notion de pouvoir s’inscrit dans une dynamique d'interdépendance
consubstantielle à toute relation de pouvoir. Il est à ce titre une action de domination avec ou
contre autrui et d'interaction entre des acteurs n'ayant pas les mêmes possibilités
d'intervention. Les modes d’influence, l’autorité occupe une place particulière tracent une
ligne de démarcation entre le comportement des individus en tant que membres de
l’organisation et leur comportement en dehors de la société.

Pour Simon le pouvoir c’est l’autorité qui confère à l’organisation sa structure formelle. Ainsi,
l’autorité se distingue du pouvoir par la qualité spirituelle qui s’en dégage. A cet effet, le
pouvoir ne peut se satisfaire de son brut que de renfort de l’autorité.

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Le pouvoir est un rapport hiérarchique de descendance et d’ascendance de domination basé
un schéma pyramidal qui est articulé autour d’un ensemble de positions statutaires,
subordonnées et effectif par rang croissant en raison inverse du statut. Selon, REMBERT,
cette configuration résultante possède des propriétés formelles et fonctionnelles.

Rapport de domination et de soumission, le pouvoir n’est qu’une vision institutionnaliste de


dominant et de dominé. Le pouvoir est un mécanisme sociologique de rationalité et de
privilège dans un état ou une société. A cet effet, il est dans cette perspective, conçu comme
une relation d’autorité entre gouvernants et gouvernés comme une réalité institutionnelle ou
juridique. Donc, le pouvoir est avant tout une relation d’obéissance et de contrainte qui
pourrait être vue de légitime pour imposer ce qui est « normal », « naturel »,« juste » et «
souhaitable » pour l’intérêt général.

Le pouvoir signifie toute chance d’imposer au sein d’une relation sociale sa propre volonté,
même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance. La domination doit
signifier la chance de trouver obéissance, auprès de personnes déterminées, pour un
commandement d’un contenu déterminé. Et, la a discipline à cet effet signifie la chance de
trouver auprès d’une multiplicité d’individus déterminée, pour un commandement, une
obéissance prompte, automatique et schématique, en vertu d’une disposition acquise.

« Le concept de “pouvoir” est sociologiquement amorphe. C’est-à-dire, toutes les qualités


concevables d’un homme et toutes les constellations pensables peuvent mettre un individu
en état d’imposer sa volonté dans une situation donnée. C’est pourquoi le concept
sociologique de « domination » doit être plus précis et ne peut signifier que la chance, pour
un commandement, de rencontrer une docilité. La notion de « domination » signifie la même
chose que celle de « pouvoir », sur la base de possibilité d’imposer sa propre volonté au
comportement d’autres.

Paragraphe II : L’exerce du pouvoir

Le pouvoir n’est rien autre que la relation d'autorité et de commandement entre gouvernants
et gouvernés au sein de la cité. La politique est la donnée pour l’exercice du pouvoir des
peuples. Il y a un rapport d’ascendance, d'emprise et domination qui est exercé sur une
personne, un groupe d'individus et un Etat. Le pouvoir peut être appréhendé de façon
physique, matérielle pour faire régner la discipline.

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Cependant, cette conception soulève deux difficultés car le pouvoir est en elle-même
monopole de la contrainte légitime. Certains ne considèrent que tout est rapport de force.
C’est une conception extensive de différent de degré dans les rapports de société. Il est la
capacité de contraindre sans être contraint selon Jean BODIN et inscrit son analyse dans la
capacitation pour bien gouverner la cité.

Pour Maurice DUVERGER tout rapport de pouvoir ou d’autorité se rapporte à une vision plus
globale et globalisante renvoyant au monopole du territoire de l’Etat. L’utilisation de la
contrainte, est source de garantie et de sécurité de gouvernance dans une société. Weber
fait une distinction importante de puissance et de domination.

D’une part, Weber pense que la puissance dans ce contexte signifie toute chance de faire
triompher au sein d’une relation sociale sa propre volonté et contrainte toute forme de
résistance. Ce n’est pas une chance mais plutôt une capacité et une technicité du détenteur
de la contrainte. D’autre part, il estime que la domination suppose, en revanche, que la
relation de pouvoir s’inscrive dans un cadre légitime qui confère à l’autorité une certaine
stabilité et domination relevant de la domination étatique.

Section II : La notion de domination

La domination est la supériorité d’une personne ou d’un groupe vis-à-vis d’un autre. Elle est
une approche d’obéissance. Elle peut être menée pour des raisons matérielles ou une
domination idéale dans la construction d’une société meilleure ou la défense de la patrie pour
gagner la guerre. A cet effet, la domination est toujours une relation qui se repose sur la
croyance et une obéissance des règles juridiques ou coutumière.

C’est la raison pour laquelle toute domination cherche à éveiller et à entretenir un rapport de
contrainte verticale et de légitimité. Si la domination est avant tout une entreprise de
légitimation et d’obéissance qui se repose uniquement sur la puissance. Elle est avant tout
un fait remarquable et caractéristique de situations économiques et sociales voire une
coopération dans la théorie wébérienne de la domination. Weber propose une thèse selon
laquelle la domination est « le fondement le plus important de presque toute activité de
groupement ». A partir de la domination charismatique dont le concept paraît avoir été le
catalyseur qui a conduit Weber à faire des modes de légitimation dans trois types
fondamentaux de la domination comme une légitimité revendiquée.

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√ Une domination légale-rationnelle : la domination légale-rationnelle est celle qui s’inscrit
dans la légalité. En d’autres termes, elle repose sur le droit dont l’applicabilité est
fondamentalement basée une cohérence ou une rationalité des textes écrits et les évolutions
des sociétés.
√ Une domination traditionnelle : elle est celle qui trouve sa légitimité dans les coutumes.
C’est-à-dire, des pratiques ou normes non écrites répétitives comprises comme étant une loi
écrite obligatoire et qui repose sur l’habitude enracinée en l’homme de respecter à une
croyance ou de valeur de la tradition. La domination traditionnelle va donc ensemble avec la
naturalisation du pouvoir.
√ Une domination charismatique : elle repose sur la soumission au caractère
exceptionnel, sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire de la personne qui exerce
le pouvoir.

Au demeurant, entre la notion de domination et de pouvoir, il y a de fortes raisons de supposer


que la définition restrictive de la domination avait pour objet principal de faire ressortir le
caractère spécifique du pouvoir politique. Elle est un rapport aux formes de pouvoir qui
s’exercent dans le cadre des relations économiques modernes.

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Bibliographie

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Mouton, 1980.
- Bertrand Badie et Pierre Birnbaum, « Sociologie de l’État », Paris,
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- Milgram S., « La soumission à l’autorité », Paris, Calman-Lévy, 1974.
- Pierre Bourdieu « Les sondages, une science sans savant », Paris, Les Éditions de
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- Weber Max « Le savant et le politique », Paris, Plon, coll. 1re éd. 1919.
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