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L’impact de la responsabilité sociale (RSE) sur la

performance financière des entreprises (PFE) au


Cameroun
Joseph Bruno Njaya
Dans Revue Congolaise de Gestion 2014/1 (Numéro 19), pages 89 à 112
Éditions Éditions ICES
ISSN 1729-0228
DOI 10.3917/rcg.019.0089
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Revue Congolaise de Gestion N°19

L’IMPACT DE LA R ESPONSABILITE SOCIALE


(RSE ) SUR LA P ERFORMANCE FINANCIERE DES
ENTREPRISES (PFE ) AU C AMEROUN

J oseph Br uno NJ AYA


Assistant à la FSEG, membre de LAREGO 16.
njayaj@yahoo.fr

Résumé
Le but de ce travail est de s’interroger sur la
contribution de la Responsabilité Sociale des Entreprises à
leur Performance Financière. Les données utilisées sont
issues d’une enquête par questionnaire auprès des entreprises
(106 observations) sélectionnées par choix raisonné. L’outil
statistique est la régression multiple et la qualité de
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management est utilisée comme variable de contrôle. Une
analyse en composantes principales nous a permis de montrer
que la PFE est unidimensionnelle alors que la RSE a trois
dimensions à savoir la Responsabilité Economico-Légale
(REL), la Responsabilité Environnementale (REV) et la
Responsabilité Ethiquo-Philanthropique (REP). L’étude
permet d’observer l’influence positive de la RSE sur la PFE,
dans tous les cas, adopter un comportement responsable
n’implique pas un profit plus faible.

16
LAREGO : Laboratoire de Recherche et Gestion des Organisations –
Université de N’Gaoundéré, B.P. 454. Tél : 99973619.

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Revue Congolaise de Gestion N°19

Mots clés : Responsabilité sociale- Performance financière-


Qualité de management- Parties prenantes- Cameroun

Abstract
The objective of this work is to question about the
contribution of the Social Responsibility of the Enterprises to
their Financial Performance. The data used resulted from an
investigation through the questionnaire administered to a
sample of enterprises (106 observations) selected by the
convenience sampling method. The statistical tool used is the
multiple regression technics and the quality of management
is used like variable of control. An analysis of data using
Principal Component enabled us to show that the FPE is
unidimensional whereas the SRE has three measures that
are: Economic and legal responsibility of the Enterprise
(ELRE), the Environmental Responsibility (ER) and the Ethic
and philanthropic responsibility (EPR). The survey permits to
observe the positive influence of the SRE on the FPE, in any
case, adopting a responsible behavior doesn't imply a weaker
profit.
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Key words: Social responsibility - Financial performance -
Quality of management – Stakeholders- Cameroon

a relation RSE/PFE a suscité l’intérêt de nombreux


L chercheurs dans le domaine de la gestion, de la finance,
de la stratégie et de l’organisation de la firme, et cela
depuis un siècle. De nombreuses recherches ont essayé
d’établir ce lien, mais les résultats ont été très mitigés et
divers ou divergents. Ce lien n’a jamais pu être complètement
établi. Les tenants de la théorie des parties prenantes de la
firme établissent qu’une bonne RSE est un pré-requis pour la
légitimité de la firme dans son milieu; ainsi la RSE et la PFE
ne peuvent être que positivement corrélées dans le long terme

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Revue Congolaise de Gestion N°19

(Freeman, 1984). Les opposants à cette théorie soutiennent


pour leur part que s’intéresser à autre chose que les intérêts
des actionnaires entraînent une rupture dans la confiance, ce
qui aura inévitablement un impact défavorable sur la richesse
créée pour le compte de ceux-ci (Friedman, 1970). De
manière générale, il existe trois catégories d’explications
théoriques quant à l’évaluation de la relation RSE/PFE. La
première postule l’existence de relations linéaires entre les
deux construits. Cette catégorie pose deux problématiques.
La première est liée à la direction (ou signe) de la relation :
est-ce que la RSE et la PFE sont positivement, négativement
ou pas du tout corrélées. La seconde est liée au lien de
causalité entre ces deux concepts : est-ce la RSE qui exerce
une influence sur la PFE, ou bien l’inverse ? La seconde
catégorie d’explications suggère l’absence de liens entre les
deux construits, et finalement la dernière catégorie suggère
l’existence de relations non linéaires, plus complexes, entre
les deux variables.
I- Le signe de la relation RSE/PFE
L’association revêt trois formes : négative, neutre, ou
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bien positive. L’ambiguïté de ces résultats peut être expliquée
en grande partie par la variété des mesures employées pour
évaluer la RSE.
I-1- Association négative
Les défenseurs de cette position considèrent qu’une
firme qui s’engage dans des actions à caractère social va
avoir un désavantage compétitif dans la mesure où ces
actions vont générer des coûts pour la firme qui peuvent être
évités ou bien supportés par d’autres (gouvernement par eg.).
Selon cette ligne de pensée, il n’a que très peu de bénéfices
économiques à récolter de ce type de comportement, alors
que les coûts sont importants. Ces coûts vont théoriquement
exercer une influence défavorable sur les profits de la firme,
et la richesse des actionnaires. Les auteurs, en accord avec

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Revue Congolaise de Gestion N°19

cette théorie, prévoient donc une corrélation négative entre


RSE et PFE, (Vance, 1975; Brammer el al., 2006). Il convient
cependant de relativiser ces résultats dans la mesure où la
majorité des recherches se focalisaient sur l’impact d’un
comportement illicite de la part de la firme (accords anti-
trusts par eg.) ou de problèmes liés au produit sur la
performance du marché (valeur de l’action). Il est à noter que
le nombre d’études qui débouchent sur un lien négatif est très
réduit. Margolis et Walsh (2003) recensent 127 études traitant
le sujet en question. Ils trouvent que 8 uniquement d’entre
elles prévoient une corrélation négative entre les deux
dimensions. Pour conclure sur ce point, nous pouvons
avancer l’idée que la seule certitude que l’on puisse avoir à ce
sujet, c’est que l’investissement dans la RSE n’engendre pas
systématiquement un retour sur investissement immédiat.
I-2-Association neutre
Auperle et al., (1985) n’avaient pas trouvé un lien
significatif, ni positif ni négatif, entre la profitabilité de
l’entreprise et l’adoption de la RSE. Ils ont souligné dans la
conclusion de leur recherche que les bénéfices intangibles de
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la RSE tendent à être incernables par les investigations
scientifiques. Certains chercheurs (Alexander et Buchholz,
1978 ; Ullman, 1985), pensent que les variables expliquant
les liens entre les deux concepts sont si nombreuses que la
mise à jour d’une relation empirique « claire » est impossible.
Il y aurait neutralité de la relation entre les deux concepts.
L’absence de lien pourrait être expliquée par des problèmes
dus aux différents concepts. D’autres encore ont établi qu’il
existait une double relation positive et négative entre les deux
concepts (Chan et Metcalfe, 1980; Cochran et Wood, 1984;
etc.). Quant à Mc Williams et Siegel (2000), leurs résultats
montrent que si la RSE encourage l’innovation de produit et
de processus, elle reste neutre quant à la profitabilité de
l’entreprise. On peut expliquer l’ambigüité du lien entre RSE

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Revue Congolaise de Gestion N°19

et la profitabilité par le fait que la contribution de cette


première à la performance financière de l’entreprise dépend
surtout des facteurs qualitatifs tels que la réputation de
l’entreprise ou l’attitude des employés. Allouche et la Roche
(2005) ont le sentiment d’un lien fragile voire inexistant et
quelque peu contrasté. Plusieurs travaux empiriques récents
ne prévoient aucun lien entre les deux dimensions (O’Neil,
Saunders et McCarthey 1989 ; Graves et Waddock, 1999).
D’autres stipulent que le lien est trop faible voire inexistant
(Balabanis et al. 1998). Griffin et Mahon (1997), trouvent
que les résultats sont peu concluants : les variables retenues
ne permettent pas de distinguer entre firmes performantes et
firmes non performantes.
I-3-Association positive
Ce type d’association confirme la théorie des Parties
Prenantes. Celle-ci, stipule qu’une firme qui tente de
diminuer ses coûts implicites (coûts de qualité du produit,
coûts environnementaux par eg.) par des actions sociales
irresponsables aura, en retour, à faire face à des coûts
explicites plus élevés (paiement de pénalités, réputation, etc.).
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Cela aura un impact négatif sur sa compétitivité et
profitabilité (Shane et Spicer, 1983 ; Andreson et Frankle,
1980; Vershoor et Murphy (2002); Simpson et Kohers
(2002); Seifert et al. (2004); Nelling et Webb (2006)). Une
perception positive des clients par rapport à la qualité et la
nature des produits d’une entreprise, l’attention que
l’entreprise attache à l’environnement et ses relations avec la
communauté deviennent de plus en plus des bases de la
concurrence. Cornell et Shapiro (1987) justifient cette
hypothèse en montrant que les entreprises qui ne satisfont pas
les attentes des Parties Prenantes implicites (autre que les
actionnaires) seront perçues par les stakeholders explicites
(actionnaires) comme plus risquées et subiront en
conséquence les coûts venant grever leur profitabilité.

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Revue Congolaise de Gestion N°19

Découlant de cette théorie, certains auteurs


(Moskowitz, 1972) considèrent que les coûts engendrés par
une bonne RSE peuvent être minimaux au regard des
bénéfices potentiels engendrés. Même si cette théorie peut
paraître normative, on observe un intérêt grandissant de
certains responsables de la gestion stratégique de certaines
firmes qui ont une volonté réelle de mettre en place des
stratégies intelligentes afin que leurs firmes soient en
harmonie avec leurs environnements internes et externes
(Freeman et Gilbert, 1988; Bartlett et Goshal, 1994).
De la même manière, d’autres auteurs considèrent que
de hauts niveaux de RSE sont des indicateurs pertinents
montrant une qualité de la gestion supérieure par rapport à la
moyenne. Cela aura alors un impact en diminuant les coûts
explicites de la firme (Alexander et Buchholz, 1982).
Allouche et al., (2004) ont effectué une analyse tendancielle
de la nature du lien à partir de la synthèse de quatre travaux
recensant les résultats d’études empiriques sur l’impact
financier de la RSE. Les auteurs ont trouvé que la tendance
majoritaire des études penchait en faveur de la nature positive
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du lien. Selon Laperche et Uzunidis, (2011) la RSE permet :
la réduction des coûts et des risques (par la maîtrise de la
consommation énergétique, par l’usage de sources d’énergies
renouvelables) ; la construction d’un potentiel d’innovation
en faisant (en droite ligne de la théorie des ressources) de la
responsabilité sociétale le moyen de la construction d’une
compétence porteuse d’un avantage compétitif (les produits
verts ou bio par exemple) ; l’amélioration de sa crédibilité.
Ce dernier point est l’un des plus directement visibles faisant
partie de la stratégie de communication des entreprises.
L’ensemble de ces auteurs considère donc qu’il existe une
corrélation positive entre la RSE et la PFE.

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Revue Congolaise de Gestion N°19

I-4- Le lien de causalité RSE/PFE


La poursuite des objectifs sociaux entraîne de
meilleures performances financières.
Le second aspect de la relation RSE/PFE est lié au
lien de causalité entre ces deux concepts. Pour tenter de
répondre à cette interrogation, nous faisons référence à la
« théorie de la bonne gestion » qui stipule qu’une bonne RSE
peut laisser présager d’une bonne PFE future de la firme.
Certaines études (Ullmann; 1985 ; Roberts, 1992) montrent
que 50% des excellents résultats des entreprises socialement
responsables sont imputables à leur engagement social, tandis
que l’autre moitié s’explique par les performances dans leur
secteur. Une entreprise socialement responsable est censée
enregistrer des bénéfices supérieurs à la moyenne puisque
son aptitude à résoudre avec succès des problèmes
écologiques et sociaux peut passer par une mesure crédible de
qualité de gestion.
Finalement, à la lumière de ces travaux de recherche
empiriques qui se sont attachés à évaluer l’existence d’une
relation entre la RSE et la PFE en tenant compte du signe de
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la relation et du lien de causalité, on peut tirer un certain
nombre de conclusions. S’agissant tout d’abord de l’influence
de la RSE sur la PFE, on peut conclure à la plausibilité de
l’hypothèse dite « du bon management » et, dans une
moindre mesure, de l’existence de relations plus complexes.
Vogel (2005), de son côté, démontre cette ambivalence dans
les résultats des études sur le lien RSE/PFE. Ainsi, à titre
d’exemple, dans le domaine environnemental, une étude
montre une relation positive modérée entre les niveaux de
réduction d’émission entre 1988 et 1989 et la performance
financière des entreprises (Vogel, 2005). Une autre étude
montre une relation positive forte entre la performance
financière et l’adhésion de ces entreprises à des standards
environnementaux mondiaux (Vogel 2005). L’auteur met en

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Revue Congolaise de Gestion N°19

garde contre les études qui n’utilisent pas de variables de


contrôle ; ce qui implique que toute relation trouvée peut être
fausse/fallacieuse.
Un certain nombre d’entreprises obtenant de bons
résultats dans le domaine social ou la protection de
l’environnement indiquent que ces activités peuvent conduire
à une meilleure performance et générer davantage de profits
et de croissance. L’impact économique de la responsabilité
sociale des entreprises peut être ventilé en effets directs et
indirects. Des résultats positifs directs peuvent, par exemple,
découler d’un meilleur environnement de travail se traduisant
par un engagement plus marqué et une plus forte productivité
des salariés, ou provenir d’une exploitation efficace des
ressources naturelles. En outre, les effets indirects sont le
fruit de l’attention croissante des consommateurs et
investisseurs qui élargiront les possibilités de l’entreprise sur
le marché.
La RSE permettrait donc (1) d’améliorer la
performance financière, (2) de diminuer les coûts d'opération,
(3) d’améliorer l'image de marque et la réputation, (4)
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d’augmenter les ventes et la loyauté des consommateurs, (5)
d’atteindre une meilleure qualité et productivité, (6)
d’améliorer la capacité d'attirer et conserver les employés, (7)
de diminuer le contrôle par la réglementation, et enfin (8)
d’accroître l'accès au marché des capitaux 17.
Vong Phanith (2002), fait le même constat. La RSE
peut provoquer une réduction des coûts (le respect de
l’environnement amène parfois des économies de l’énergie),
améliorer l’attractivité sociale de l’entreprise, lui ouvrir de
nouveaux marchés (par exemple, par l’éducation à la
nutrition dans des pays en voie de développement), constituer
un facteur de différenciation par rapport à la concurrence en

17
Voir www.bsn.org.

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Revue Congolaise de Gestion N°19

lui permettant d’augmenter ses ventes et/ou d’améliorer son


image (et donc son actif immatériel). Par conséquent, non
seulement un comportement d’entreprise socialement
irresponsable l’expose de plus en plus à des sanctions de la
part de ses différents publics, mais l’engagement d’une
entreprise vers davantage de RSE présente aussi de nombreux
avantages en termes de performance globale. Elles améliorent
sa productivité grâce à un personnel fidèle, mieux intégré, de
meilleure qualité, et par un système d’informations extra-
financières plus large. La diminution des risques de procès et
du montant des amendes payées se traduisent par une
diminution des charges à court ou moyen terme.
L’amélioration de la qualité, de l’image et de la réputation
contribue à fidéliser consommateurs et les salariés.
L’ensemble devrait donc créer de la valeur financière et
immatérielle, et attirer des capitaux non seulement des
investisseurs socialement responsables, mais aussi de ceux
qui recherchent une rentabilité financière durable (Quairel,
2003). Notre modèle de recherche se présente comme suit :
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Qualité de Management

Performance financier
Responsabilité sociale de - Degré de réalisation des
l’entreprise objectifs ;
- Responsabilité - Progression des fonds
économie – légale ; propres ;
- Responsabilité - Niveau d’endettement ;
environnementale ; - Niveau d’autonomie
- Responsabilité ethiquo- financière - Importance
philanthropique. de profit ;
- Rentabilité financière.

Schéma 1 : Le modèle conceptuel

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Revue Congolaise de Gestion N°19

II-Méthodologie du travail
Compte tenu de nos ressources financières limitées,
des contraintes de temps, pour trouver la taille adéquate de
l’échantillon n, des difficultés que nous avons rencontrées
lors de la constitution de notre base de sondage, nous avons
sélectionné notre échantillon en nous basant sur la méthode
empirique d’échantillonnage ou par choix raisonné. Celle-ci
correspond parfaitement à notre cas, et a été mise au point
pour contourner les difficultés de ce genre (Giard, 1985).
Thietart, (2003) avance que contrairement aux
méthodes probabilistes, où l’on cherche à éliminer la
subjectivité du chercheur, les méthodes par choix raisonné
reposent fondamentalement sur le jugement. Elles permettent
de choisir de manière précise les éléments de l’échantillon
afin de respecter plus facilement les critères fixés par le
chercheur. Les résultats d’un échantillon sélectionné par
choix raisonné peuvent se prêter à une généralisation de type
analytique. Cet auteur ajoute que l’avantage de cette méthode
est qu’elle ne nécessite ni procédure précise ni base de
sondage. En plus, la méthode de sélection par choix raisonné
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permet de choisir de manière très précise les éléments de
l’échantillon et, ainsi de garantir plus facilement le respect
des critères exigés par certains designs de recherche tels que
l’homogénéité (Thietart, 2003). Nous avons opté pour la
méthode de sélection par choix raisonné pour la constitution
de notre échantillon puisque nous avons des critères de
sélection précis à savoir : le secteur d’activité, les villes de
localisation des entreprises et l’effectif supérieur à 10
salariés. La structure du fichier nous a permis de sélectionner
106 entreprises. L’instrument de collecte de donnée est le
questionnaire administré en face à face. L’échantillon est
constitué essentiellement des entreprises de service (40%),
d’agro-alimentaire (25%), des biens industriels (16%) et
d’énergie (8%). La forme juridique qui prédomine est la SA

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Revue Congolaise de Gestion N°19

(46%), ensuite la SARL (45%) et les autres formes


représentant 9%. S’agissant de la taille, 61% sont des
PME/PMI (effectif inférieur à 200) et 39% des grandes
entreprises (effectif supérieur ou égal à 200).

II-2-Opérationnalisation des concepts


II21-Mesure de la Responsabilité Sociale d’Entreprise
La notion de RSE a fait l’objet de nombreuses
tentatives d’opérationnalisation. Decock-Good, (2001),
répartit ces mesures en cinq groupes : l’analyse de contenu
des rapports annuels, les indices de pollution, les mesures
perceptuelles issues d’enquêtes par questionnaire, les données
produites par les organismes de mesures et les mesures
fondées sur les activités philanthropiques et les contributions
charitables. L’échelle de mesure utilisée est celle de
Maignan et al., (1999). Cette échelle n’est autre qu’une
extension de l’échelle de Aupperle et al., (1985). Un
questionnaire a été élaboré, regroupant 31 énoncés mesurés
sur l’échelle de Likert à 5 points. Il convient de mentionner
que le test de pertinence de l’ACP dit test de KMO donne une
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valeur de 0.941 considéré comme très bon. De plus le test de
sphéricité de Bartlett est de 3288,292 avec un seuil de
(0.000). Les trois facteurs retenus expliquent 70.20% de la
variance expliquée de l’ensemble des items. La valeur du
coefficient α de Cronbach formant les axes sont
respectivement de 0.8809, 0.8441 et de 0.8824. Ces
coefficients sont satisfaisants puisque la valeur minimale
recommandée est de 0.60. Il ressort de cette analyse que le
premier axe F1 peut être appelé « Responsabilité économico-
légale (REL) ». En ce qui concerne le second axe F2, il peut
être interprété comme la « Responsabilité environnementale
(REN) ». Le troisième facteur F3 se définit comme la
« Responsabilité éthiquo-philanthropique (REP) ». On notera
de ce fait que F1, F2, et F3 deviennent respectivement FAC1-

99
Revue Congolaise de Gestion N°19

3, FAC2-3, et FAC3-3 dans la nouvelle structure des


données.
II22-Mesure de la Performance Financière
Comme pour la RSE, ce concept est mesuré sur une
échelle de Likert avec six items. Nous avons, comme
précédemment vérifié la pertinence de l’ACP par l’indice
KMO qui est de 0.857 ; ce qui est considéré comme bon. Ce
résultat est d’ailleurs corroboré par le test de Bartlett dont la
valeur est de 302.157 avec un seuil de signification de 0.000.
L’application de l’ACP à cette échelle de mesure de la
performance financière permet de dégager un seul facteur qui
explique 62.4% de la variance totale de l’échantillon. Les
communalités sont supérieures à 0.5, la cohérence des items
de l’échelle de mesure du coefficient alpha de Cronbach
donne une valeur de 0.87.Ce résultat montre que ce concept
est unidimensionnel.
II23- L’effet de variable de contrôle : la qualité de
management
Des recherches ont montré que la relation entre RSE
et PF n’est pas absolue. Elle doit prendre en considération le
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poids des éléments propres à chaque entreprise et qui sont de
nature à modérer la relation entre les deux construits
(Ullmann, 1985 ; Waddock et Graves, 1997). Ces
caractéristiques sont opérationnalisées comme variable de
contrôle. Selon Baron et Kenny (1986), une variable
modératrice représente « une variable qualitative ou
quantitative qui affecte le sens et/ou la force de la relation
entre une variable indépendante et une variable dépendante ».
La variable modératrice permet donc d’expliquer la manière,
le processus, par lequel une variable indépendante influence
une variable dépendante. Afin d’assurer une plus grande
validité des résultats mis en évidence, la modélisation d’une
variable de contrôle est souvent recommandée. Dans le cadre
de cette recherche, nous avons souhaité contrôler l’effet de la

100
Revue Congolaise de Gestion N°19

« qualité de management ». Graves et Waddock (1999) ont


montré que la qualité de management est fortement corrélée à
la performance financière des entreprises et qu’il est
nécessaire de tenir compte de cette variable. La théorie de la
bonne gestion argumente qu’il existe une forte corrélation
entre pratique de bonne gestion et la RSE. Tout simplement
parce que l’attention accordée au domaine de la RSE améliore
la relation avec les principaux groupes de Parties Prenantes ;
ce qui entraîne une meilleure performance générale. Par
exemple, une bonne relation entre les employés (y compris
les femmes et les minorités) pourrait renforcer la morale, la
productivité et la satisfaction au sein de l’entreprise.
Une relation excellente avec la communauté peut
offrir une incitation ou un stimulant qui pousse le
gouvernement local à alléger l’impôt. En plus, une perception
positive des clients par rapport à la qualité et à la nature des
produits d’une entreprise, l’attention que l’entreprise porte à
l’environnement, et ses relations avec la communauté
deviennent de plus en plus des bases de la concurrence. La
perception positive de l’entreprise par les Parties Prenantes
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externes pourrait conduire à l’augmentation des ventes et la
réduction des coûts de gestion des Parties Prenantes.
Pour mesurer la qualité du management, nous avons
défini essentiellement six attributs et nous avons demandé
aux répondants de donner une note de 0 (nulle) à 10
(excellent) à chacun de ses critères. Il s’agit de : (1) qualité
des produits ou services offerts ; (2) innovation ; (3) situation
financière de l’entreprise ; (4) capacité à attirer et retenir des
personnes de talents ; (5) responsabilité en vers la
communauté et l’environnement ; (6) large utilisation des
actifs de l’entreprise.
III-Résultats et discussion
La présentation des résultats se fera au niveau
descriptif et explicatif.

101
Revue Congolaise de Gestion N°19

III1- Analyse descriptive


Avant de se prononcer sur la contribution de la RSE
sur la PFE, il convient de présenter le niveau de la
« Responsabilité Sociale » des entreprises de l’échantillon. Le
score effectué sur ces 31 items permet de classer les
entreprises en deux catégories. Le minimum est de 31 (31
items x 1) et le maximum est de 155 (31 items x 5). La
moyenne est « sans opinion » avec un score de 93. Nous
considérons que, lorsque le score global d’une entreprise est
inférieur à la moyenne de l’échantillon, c’est qu’il s’agit
d’une faible Responsabilité Sociétale, dans le cas contraire
elle sera dite forte. La répartition des entreprises par rapport à
cette variable se présente comme ci-dessous.
Tableau 1 : répartition des entreprises selon leur niveau de
« Responsabilité Sociale »
Effectifs Pourcentage
Faible Responsabilité Sociétale 71 66.99
Forte Responsabilité Sociétale 35 33.01
Total 106 100
Source : Nos enquêtes
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Une lecture du tableau démontre que 66.99% des
entreprises sont faiblement responsables et seulement 33.01%
ont une forte responsabilité sociale.
III2- Analyse de régression
Nous voulons vérifier l’hypothèse selon laquelle la
« qualité de management » serait un facteur important
susceptible d’influencer la relation entre la responsabilité
sociale et la performance financière. Il s’agit alors d’utiliser
notre banque de données comprenant à la fois les entreprises
ayant la « qualité de management élevée » et les entreprises
ayant la « qualité de management faible », néanmoins
analysées séparément. Dans un premier temps nous avons
effectué une régression sur le sous-groupe « qualité de

102
Revue Congolaise de Gestion N°19

management élevée », pour ensuite faire ces analyses sur le


sous-groupe « qualité de management faible ».

Modèle avec la variable de contrôle « qualité de


management élevée » 18.
Tableau2 : Résultat de la régression linéaire entre la
Responsabilité Sociétale de l’Entreprise et la performance
financière (variable de contrôle élevée)
R- MULTIPLE ,866
R-DEUX ,751
R-DEUX AJUSTE ,737
ERREUR STANDARD ,49300
ANALYSE DE LA VARIANCE
DL SOMME DES CARRE MOYEN
CARRES
REGRESSION 3 43,090 14,363
RESIDU 58 14,114 ,243
Source : nous-mêmes
F= 59,024 SIGNIFICATION= ,047

Modèle avec la variable de contrôle « qualité de


management faible »
Tableau3 : Résultat de la régression linéaire entre la
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Responsabilité Sociétale de l’Entreprise et la performance
financière (variable de contrôle faible)
R- MULTIPLE ,841
R-DEUX ,707
R-DEUX AJUSTE ,628
ERREUR 1,8271500
STANDARD
ANALYSE DE LA VARIANCE
DL SOMME DES CARRES CARRE MOYEN
REGRESSION 3 16,342 ,559
RESIDU 39 26,662 ,409
Source : Nous-mêmes
F=13,333 / SIGNIFICATION= ,017

18
Cette qualification en 2 niveaux « élevé/faible » a été choisie par
commodité, elle est bien sûr relative dans la mesure où le classement
concerne un nombre restreint de firmes

103
Revue Congolaise de Gestion N°19

Les résultats donnent une régression qui est bien


ajustée. Les variables Fac1-3 ; Fac2-3 et Fac3-3 nous
permettent d’expliquer à 75,1% la performance financière
(Fac1-2) de l’entreprise. Le coefficient de détermination R2
est ajusté à 73,3% et la statistique de Fisher est significative à
0,047% avec une valeur F de 59,02 à 3 et 58 degré de liberté.
Les variables explicatives sont toutes significatives à
des pourcentages extrêmement intéressants. Ces trois
variables sont significatives à un seuil de 5%. La prédiction
de sens des associations est respectée. Tous les coefficients
de la régression sont positifs c’est-à-dire favorables à
l’accroissement de la performance financière.
D’une manière générale, il existe une relation linéaire
et significative entre les dimensions de la RSE (Fac1-3 ;
Fac2-3 et Fac3-3) et la performance financière (Fac1-2). Le
modèle de régression se présente de la façon suivante ;
PEF = 1,950 + 0,153 REL + 0,178 REV + 0,170 REP
(14,688) (12,579) (14,392) (14,458)
Après ce premier résultat, nous avons décidé de
réaliser le même test avec les entreprises ayant une « qualité
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de management faible ». Cette deuxième régression donne
des résultats significativement différents avec une statistique
de Fisher en baisse (59,024 contre 13,333). Le coefficient de
détermination R2 ajusté est maintenant de 62,86%. Comme
dans la première régression effectuée, les variables
explicatives sont toutes significatives à un seuil de 5%. La
prédiction de sens des associations est respectée.
L’analyse de la régression n’évoque pas des
problèmes sérieux de multicolinéarité. Nous avons utilisé
l’analyse des variances inflation factor (VIF) qui montre qu’il
existe peu de chance qu’un problème sérieux de
multicolinéarité puisse exister. En effet, tous les VIF ont une
valeur inférieure à 2 alors que les statisticiens suggèrent
qu’un problème de multicolinéarité existe lorsque pour une

104
Revue Congolaise de Gestion N°19

variable explicative donnée, son VIF atteint une valeur


proche de 10 (Vong Phanith T., 2002).
L’étude de la présence d’hétéroscédasticité peut être
faite par le test de Durbin- Watson qui est aussi très proche
de deux.
En ce qui concerne la contribution individuelle de
chaque variable, La REL représente la variable indépendante
avec le plus grand pouvoir explicatif « 33%) ; viennent
ensuite et par ordre d’importance, la REP (4,8%) et la REV
(3%).
Il existe une relation linéaire et significative entre les
dimensions de la RSE (Fac1-3 ; Fac2-3 et Fac3-3) et la
performance financière (Fac1-2). Le modèle de régression
avec « la qualité de management faible » se présente de la
façon suivante :
PEF=-0, 0922 + 0, 33 REL + 0, 0315 REV + 0, 0489 REP
(-4, 87) (17, 24) (1, 76) (2,566)

Ce résultat est conforme à ceux trouvés par Maskowitz


(1972) ; Freeman (1984) ; Mc Guire et al. (1988); Waddock
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et Graves (1997); Trébucq et d’Arcimoles (2003) ; Ducassy,
(2011). Bien que les recherches antérieures ont eu recours à
des sources d’information extrêmement variées, elles se sont
basées alternativement sur des mesures issues d’enquêtes de
réputation menées auprès de cadres et étudiants, ou encore
des index sectoriels faisant état du degré de pollution,
d’autres encore se sont référés aux deux premiers classements
d’entreprises réalisés à propos de leur responsabilité
sociétale. Ces classements reposaient sur une analyse
qualitative approfondie des rapports d’entreprise et des
articles de presse idoines, en portant une attention aux
questions de pollution, d’emploi et de sécurité, de
rémunération des salariés, de traitement de minorités, de
publicité mensongère, de qualité des produits, de mécénat et

105
Revue Congolaise de Gestion N°19

de transparence. Les résultats obtenus à partir de ces études


initiales viennent conforter tour à tour chacune notre
hypothèse, sans qu’il soit possible d’accorder la primauté à
l’une d’entre elles. Ils attestent que l’entrée dans une
démarche de responsabilité sociétale n’est pas
systématiquement un facteur de surcoût pour l’entreprise. En
fait, la responsabilité sociétale permet parfois de réaliser des
économies substantielles qui seront autant de profits en plus à
la fin d’année. Deux exemples permettent de l’illustrer :
Durant ses trois premières années d’efforts pour cheminer
vers la RSE, une importante multinationale implantée à
Douala a réalisé un profit net de près de 84 millions de francs
CFA. Cependant, dans le même temps, l’entreprise
économise 50 millions de francs CFA en réduisant la quantité
et le coût des matières premières utilisées, la quantité et le
coût de l’énergie consommée, et la quantité de ses déchets
(Noubissie, 2005). L’engagement social et écologique de
l’entreprise peut permettre de mieux traverser les difficultés
éventuelles, en gagnant la confiance et le soutien des
« stakeholders » jusque dans les moments difficiles. La
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preuve c’est que quels que soient les exemples et les
approches retenues par ces études, les enjeux
environnementaux apparaissent la plupart du temps comme
un moyen d’améliorer la productivité et la compétitivité de
l’entreprise. Cette perspective « win- win » appelée aussi
« hypothèse de Porter » appelle des dépenses et des
transformations susceptibles d’alourdir les coûts. Cependant,
la réponse à ces contraintes entraîne également des efforts
d’innovation afin d’améliorer les procédés, d’utiliser de façon
plus efficiente les intrants et de trouver de nouveaux
débouchés pour les sous- produits de la production. Les
résultats de l’étude de Waddock et Graves (1997) sont
conformes à la présomption qu’il n’y a d’effets négatifs
notables sur la performance financière des entreprises que

106
Revue Congolaise de Gestion N°19

lorsque les ressources sont allouées à des projets sociétaux.


Ces deux auteurs vont même jusqu’à suggérer que les
investissements sociétaux ont un impact positif sur la
performance financière lorsqu’ils permettent d’améliorer les
relations avec les PP clés de l’entreprise. Ils ont généralisé
cette idée en la rebaptisant hypothèse du « bon
management » : les managers qui satisfont l’ensemble des
stakeholders ont une bonne maîtrise des coûts implicites de la
firme « liés aux stakeholders autres qu’actionnaires ». Celle-
ci dénote une bonne capacité de gestion des coûts explicites
dont il en résultera une plus grande performance financière.
Dans cette perspective, l’argumentaire économique pour
inciter les entreprises à adopter des stratégies socialement
responsables sont les suivants :
-premièrement, les résultats sont améliorés par la
diminution des coûts grâce aux économies qui résultent de
l’éco-efficience, par la diminution des risques industriels ou
commerciaux, par la réduction des risques de procès, voire du
montant des amendes payées et par l’amélioration de la
qualité, de l’image et de la réputation qui contribuent à
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apporter de la confiance, à fidéliser les consommateurs et les
salariés ; l’ensemble devrait donc créer de la valeur financière
et matérielle et attirer des capitaux.
-deuxièmement, l’obtention de la légitimité (licence to
operate), l’établissement des relations stables avec les
fournisseurs, la contribution à la formation de liens sociaux,
le développement d’une capacité de gestion des PP et surtout
le développement d’un potentiel d’innovation pour de
nombreux produits, de nouveaux marchés ou de nouveaux
procédés sont autant d’éléments qui enrichiraient les
compétences de l’entreprise et lui conféreraient un avantage
compétitif (Capron & Quairel- Lanoizelée, 2004).

107
Revue Congolaise de Gestion N°19

Conclusion
L’objet de la présente recherche a été de déterminer
dans quelle mesure cette la performance sociale peut
accroître la performance financière. Les résultats de cette
recherche montrent un effet favorable et positif de la
performance sociale sur la performance financière. Dans tous
les cas, adopter un comportement responsable n’implique pas
un profit plus faible. Les dirigeants sont amenés à s’engager
d’avantage dans le volet social puisque cet investissement est
porteur de rentabilité pour l’entreprise et contribue au bien
être social. L’établissement de relations stables avec les
fournisseurs, et surtout le développement d’un potentiel
d’innovation pour de nouveaux produits, de nouveaux
marchés ou de nouveaux procédés, le développement d’une
capacité de gestion des parties prenantes, autant d’éléments
qui enrichissent les compétences de l’entreprise et lui
confèrent un avantage compétitif. En intégrant les normes
sociales, elle devance de nouvelles dispositions
réglementaires et peut ainsi bénéficier d’une avance sur ses
concurrents. Aux termes de ces affirmations, tous les acteurs
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peuvent donc être satisfaits par la mise en œuvre de stratégies
« gagnant-gagnant », (Quairel, 2003). En ajoutant ainsi à leur
fonction économique une vocation sociale, les entreprises
trouvent de nouvelles justifications de leur rôle dans la
société, mais aussi de nouvelles voies de différenciation. Au
plan concurrentiel, l’entreprise socialement responsable peut
disposer d’avantages concurrentiels durables parce qu’elle
développe « des connaissances durables » et une
« imagination concurrentielle » renouvelée, qui lui permettent
de déployer une innovation perturbante pour les concurrents.
Néanmoins, comme toute recherche, ce travail comporte une
limite, le catalogue des indicateurs sociétaux utilisés dans ce
travail reflète essentiellement les préoccupations des « parties
intéressées » et des groupes les plus actifs ou les mieux

108
Revue Congolaise de Gestion N°19

organisés laissant de côté les générations futures. Comme axe


de recherche future, il serait préférable d’introduire un
décalage temporaire entre la performance sociale et la
performance financière.

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