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Régime général de l’obligation

Cours du 8 février 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Article 1304 du Code civil
L'obligation est conditionnelle lorsqu'elle dépend d'un événement futur
et incertain.
La condition est suspensive lorsque son accomplissement rend
l'obligation pure et simple.
Elle est résolutoire lorsque son accomplissement entraîne
l'anéantissement de l'obligation.
Article 1305 du Code civil
L'obligation est à terme lorsque son exigibilité est différée jusqu'à la
survenance d'un événement futur et certain, encore que la date en soit
incertaine.
Article 1309 du Code civil
L'obligation qui lie plusieurs créanciers ou débiteurs se divise de plein
droit entre eux. La division a lieu également entre leurs successeurs,
l'obligation fût-elle solidaire. Si elle n'est pas réglée autrement par la loi
ou par le contrat, la division a lieu par parts égales.
Chacun des créanciers n'a droit qu'à sa part de la créance commune ;
chacun des débiteurs n'est tenu que de sa part de la dette commune.
Il n'en va autrement, dans les rapports entre les créanciers et les
débiteurs, que si l'obligation est solidaire ou si la prestation due est
indivisible.
Schéma de l’obligation conjointe/divise de 90
Article 1310 du Code civil
La solidarité est légale ou conventionnelle ; elle ne se présume pas.
Article 1311 du Code civil (solidarité active)
La solidarité entre créanciers permet à chacun d'eux d'exiger et de
recevoir le paiement de toute la créance.

Le paiement fait à l'un d'eux, qui en doit compte aux autres, libère le
débiteur à l'égard de tous. Le débiteur peut payer l'un ou l'autre des
créanciers solidaires tant qu'il n'est pas poursuivi par l'un d'eux.
Article 1313 du Code civil (solidarité passive)
La solidarité entre les débiteurs oblige chacun d'eux à toute la dette. Le
paiement fait par l'un d'eux les libère tous envers le créancier.

Le créancier peut demander le paiement au débiteur solidaire de son


choix. Les poursuites exercées contre l'un des débiteurs solidaires
n'empêchent pas le créancier d'en exercer de pareilles contre les
autres.
Le créancier peut agir pour le tout contre chaque codébiteur solidaire

Obligation à la dette à hauteur de 90

Action en paiement pour 90


Débiteur 1

Créancier

Action en paiement pour 90 Débiteur 2

Chaque débiteur peut être actionner pour le tout par le créancier


Distinction entre l’obligation conjointe et l’obligation solidaire
Régime de l’opposabilité des exceptions en matière de solidarité passive – article 1315 du Code civil :

Le débiteur solidaire poursuivi par le créancier peut opposer les exceptions qui sont communes à tous
les codébiteurs, telles que la nullité ou la résolution, et celles qui lui sont personnelles. Il ne peut opposer
les exceptions qui sont personnelles à d'autres codébiteurs, telle que l'octroi d'un terme. Toutefois,
lorsqu'une exception personnelle à un autre codébiteur éteint la part divise de celui-ci, notamment en
cas de compensation ou de remise de dette, il peut s'en prévaloir pour la faire déduire du total de la
dette.
Régime de l’opposabilité de la compensation par un codébiteur solidaire, article 1347-6 al. 2 du Code civil

Le codébiteur solidaire peut se prévaloir de la compensation de ce que le créancier doit à l'un de ses coobligés pour
faire déduire la part divise de celui-ci du total de la dette.
3 codébiteurs solidaires tenus à hauteur de 90

Compensation intervenue à hauteur de 30


Débiteur 1

Créancier Débiteur 2

Débiteur 3

D2 et D3 peuvent opposer la réduction du quantum total de la dette à hauteur de 30


Recours en contribution : 3 débiteurs tenus à hauteur de 30 chacun

Débiteur 1 : paiement de 90

Recours contre D2 à hauteur de 30


Créancier de 90 Débiteur 2

Recours contre D3 à hauteur de 30


Débiteur 3
Cas particulier : deux débiteurs tenus à hauteur de 18, D1 paye 14 au créancier.
Chaque codébiteur est tenu à hauteur de 50 % ( contribution à la dette)

Paiement de 14 par D1
D1

Créancier
Recours à hauteur de 5 contre D2
D2
Hypothèse d’un codébiteur insolvable. 3 codébiteurs tenus pour 30 chacun, D3 est insolvable

D1
Paiement de 90 par D1

Recours pour 45
Créancier D2

D3

V. L’article 1317, alinéa 3 du Code civil


Obligation indivisible. Article 1320 du Code civil :

Chacun des créanciers d'une obligation à prestation indivisible, par nature ou par contrat, peut en exiger et
en recevoir le paiement intégral, sauf à rendre compte aux autres ; mais il ne peut seul disposer de la
créance ni recevoir le prix au lieu de la chose.

Chacun des débiteurs d'une telle obligation en est tenu pour le tout ; mais il a ses recours en contribution
contre les autres.

Il en va de même pour chacun des successeurs de ces créanciers et débiteurs.


Hypothèse du décès d’un codébiteur en cas d’obligation indivisible

Dette indivisible de 80
H1
D1 en cas de décès

H2
Créancier

Les deux héritiers à part égales sont tenus à hauteur de 80


D2

Différence : dans la même situation, dans l’hypothèse d’une obligation solidaire, H1 et H2 n’auraient
pu être actionnés qu’à hauteur de 40.
Article 1306 du Code civil (obligation
cumulative)
L'obligation est cumulative lorsqu'elle a pour objet plusieurs
prestations et que seule l'exécution de la totalité de celles-ci libère le
débiteur.
Article 1307 c. civ. (obligation alternative)
L'obligation est alternative lorsqu'elle a pour objet plusieurs prestations
et que l'exécution de l'une d'elles libère le débiteur.
Art. 1308 C. civ. (Obligation facultative)
L'obligation est facultative lorsqu'elle a pour objet une certaine
prestation mais que le débiteur a la faculté, pour se libérer, d'en fournir
une autre.

L'obligation facultative est éteinte si l'exécution de la prestation


initialement convenue devient impossible pour cause de force majeure.
Régime général de l’obligation
Cours du 15 février 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Article 1321 du Code civil
La cession de créance est un contrat par lequel le créancier cédant
transmet, à titre onéreux ou gratuit, tout ou partie de sa créance
contre le débiteur cédé à un tiers appelé le cessionnaire.
Elle peut porter sur une ou plusieurs créances présentes ou futures,
déterminées ou déterminables.
Elle s'étend aux accessoires de la créance.
Le consentement du débiteur n'est pas requis, à moins que la créance
ait été stipulée incessible.
Opposabilité aux tiers
• Article 1323 al. 2 C. civ. : « Il (le transfert » est opposable aux tiers dès
ce moment. En cas de contestation, la preuve de la date de la cession
incombe au cessionnaire, qui peut la rapporter par tout moyen. »

• Article 1325 du C. civ. : « Le concours entre cessionnaires successifs


d'une créance se résout en faveur du premier en date ; il dispose d'un
recours contre celui auquel le débiteur aurait fait un paiement. »
Opposabilité au débiteur
• Article 1324, al. 1er C. civ : « La cession n'est opposable au débiteur,
s'il n'y a déjà consenti, que si elle lui a été notifiée ou s'il en a pris
acte. »
Effet de la cession de créance

Créance initiale de 100 euros


Débiteur cédé
Créancier cédant

Cession
Le cessionnaire devient créancier à hauteur de 100
Prix de cession 100

Cessionnaire

Quid si prix de cession 70 ?

Quid si cession à titre gratuit ?


Exemple 1 :
Créancier 1. dette de 100 Débiteur

Créancier 2

Date de la cession : 01.01.2024


Le 3 janvier, le débiteur paye le créancier 1
Le 04.01.2024, le créancier notifie la cession de créance au débiteur.
Exemple 1 :
• Date de la cession : 01.01.2024
• Le 03.01.2024, le débiteur paye le cédant
• Le 04.01.24, le créancier 2 notifie la cession de créance au débiteur

Combien le créancier 2 peut-il exiger du débiteur ?

Exemple 2 : quid si paiement après la notification ?


Cas d’une double mobilisation de la créance
Créancier cédant débiteur cédé

Notification par écrit le 04.01.24


Cessionnaire 2 (date de l’acte 03.01.24)

Notification par écrit le 06.01


Cessionnaire 1 (date de l’acte : 1.01.24)
Quelle cession prime, sachant que le débiteur n’a pas encore payé
Quid maintenant si le paiement a eu lieu le 5 janvier ?
Créancier cédant débiteur cédé

Notification par écrit le 04.01.24


Cessionnaire 2 (date de l’acte 03.01.24)

Cessionnaire 1 (date de l’acte : 1.01.24)


Article 1325 du Code civil
Le concours entre cessionnaires successifs d'une créance se résout en
faveur du premier en date ; il dispose d'un recours contre celui auquel
le débiteur aurait fait un paiement.
Opposabilité des exceptions : art. 1324, al. 2 C. civ
« Le débiteur peut opposer au cessionnaire les exceptions inhérentes à
la dette, telles que la nullité, l'exception d'inexécution, la résolution ou
la compensation des dettes connexes. Il peut également opposer les
exceptions nées de ses rapports avec le cédant avant que la cession lui
soit devenue opposable, telles que l'octroi d'un terme, la remise de
dette ou la compensation de dettes non connexes ».
Mise en application de l’opposabilité des
exceptions
Créancier 1. dette de 100 Débiteur

Créancier 2

Date de la cession : 01.01.2024


Le 3 janvier, le créancier 1 consent au débiteur une remise de dette totale
Le 04.01.2024, le créancier notifie la cession de créance au débiteur.
Dette exigible le 10.01.2024. Combien le débiteur doit-il payé pour être libéré ?
Article 1326 du Code civil
Celui qui cède une créance à titre onéreux garantit l'existence de la
créance et de ses accessoires, à moins que le cessionnaire l'ait acquise
à ses risques et périls ou qu'il ait connu le caractère incertain de la
créance. Il ne répond de la solvabilité du débiteur que lorsqu'il s'y est
engagé, et jusqu'à concurrence du prix qu'il a pu retirer de la cession de
sa créance.
Lorsque le cédant a garanti la solvabilité du débiteur, cette garantie ne
s'entend que de la solvabilité actuelle ; elle peut toutefois s'étendre à la
solvabilité à l'échéance, mais à la condition que le cédant l'ait
expressément spécifié.
Art. 1699 C. civ. (retrait litigieux)
Celui contre lequel on a cédé un droit litigieux peut s'en faire tenir
quitte par le cessionnaire, en lui remboursant le prix réel de la cession
avec les frais et loyaux coûts, et avec les intérêts à compter du jour où
le cessionnaire a payé le prix de la cession à lui faite.
Subrogation
Créancier initial / accipiens (créancier subrogeant) Débiteur

Paiement. Substitution de créancier

Tiers solvens devient créancier (créancier subrogé)


Article 1346 du Code civil
La subrogation a lieu par le seul effet de la loi au profit de
celui qui, y ayant un intérêt légitime, paie dès lors que son
paiement libère envers le créancier celui sur qui doit peser la
charge définitive de tout ou partie de la dette.
Article 1346-1 du Code civil
La subrogation conventionnelle s'opère à l'initiative du créancier
lorsque celui-ci, recevant son paiement d'une tierce personne, la
subroge dans ses droits contre le débiteur.
Cette subrogation doit être expresse.
Elle doit être consentie en même temps que le paiement, à moins que,
dans un acte antérieur, le subrogeant n'ait manifesté la volonté que son
cocontractant lui soit subrogé lors du paiement. La concomitance de la
subrogation et du paiement peut être prouvée par tous moyens.
Article 1346-2 du Code civil
La subrogation a lieu également lorsque le débiteur, empruntant une
somme à l'effet de payer sa dette, subroge le prêteur dans les droits du
créancier avec le concours de celui-ci. En ce cas, la subrogation doit
être expresse et la quittance donnée par le créancier doit indiquer
l'origine des fonds.
La subrogation peut être consentie sans le concours du créancier, mais
à la condition que la dette soit échue ou que le terme soit en faveur du
débiteur. Il faut alors que l'acte d'emprunt et la quittance soient passés
devant notaire, que dans l'acte d'emprunt il soit déclaré que la somme
a été empruntée pour faire le paiement, et que dans la quittance il soit
déclaré que le paiement a été fait des sommes versées à cet effet par le
nouveau créancier.
Article 1346-4 du Code civil
La subrogation transmet à son bénéficiaire, dans la limite de ce qu'il a
payé, la créance et ses accessoires, à l'exception des droits
exclusivement attachés à la personne du créancier.
Toutefois, le subrogé n'a droit qu'à l'intérêt légal à compter d'une mise
en demeure, s'il n'a convenu avec le débiteur d'un nouvel intérêt. Ces
intérêts sont garantis par les sûretés attachées à la créance, dans les
limites, lorsqu'elles ont été constituées par des tiers, de leurs
engagements initiaux s'ils ne consentent à s'obliger au-delà.
Subrogation
Créancier initial / accipiens (créancier subrogeant)
Débiteur

Substitution de créancier
Paiement.

Tiers solvens devient créancier (créancier subrogé)

Effet si dette de 100 et paiement de 100 ?


Effet si dette de 100 mais paiement accepté par le créancier de 90 ?
• Article 1346-4, al. 1er, du Code civil : La subrogation transmet à son
bénéficiaire, dans la limite de ce qu'il a payé, la créance et ses
accessoires, à l'exception des droits exclusivement attachés à la
personne du créancier.

• Article 1346-3 du Code civil : La subrogation ne peut nuire au créancier


lorsqu'il n'a été payé qu'en partie ; en ce cas, il peut exercer ses droits,
pour ce qui lui reste dû, par préférence à celui dont il n'a reçu qu'un
paiement partiel.
Effet de la cession de créance

Créance initiale de 100 euros


Débiteur cédé
Créancier cédant

Cession
Le cessionnaire devient créancier à hauteur de 100
Prix de cession 100

Cessionnaire

Quid si prix de cession 70 ?

Quid si cession à titre gratuit ?


Article 1346-4 al. 2 du Code civil
Toutefois, le subrogé n'a droit qu'à l'intérêt légal à compter d'une mise
en demeure, s'il n'a convenu avec le débiteur d'un nouvel intérêt. Ces
intérêts sont garantis par les sûretés attachées à la créance, dans les
limites, lorsqu'elles ont été constituées par des tiers, de leurs
engagements initiaux s'ils ne consentent à s'obliger au-delà.
Opposabilité de la subrogation
Article 1346-5, al. 1 et 2, du Code civil
• Le débiteur peut invoquer la subrogation dès qu'il en a connaissance
mais elle ne peut lui être opposée que si elle lui a été notifiée ou s'il
en a pris acte.
• La subrogation est opposable aux tiers dès le paiement.
Opposabilité des exceptions
Article 1346-5, al. 3, du Code civil
Le débiteur peut opposer au créancier subrogé les exceptions
inhérentes à la dette, telles que la nullité, l'exception d'inexécution, la
résolution ou la compensation de dettes connexes. Il peut également
lui opposer les exceptions nées de ses rapports avec le subrogeant
avant que la subrogation lui soit devenue opposable, telles que l'octroi
d'un terme, la remise de dette ou la compensation de dettes non
connexes.
Recours subrogatoire en cas de solidarité. Dette
de 90). Part contributive de chacun : 30
Codébiteur solidaire 1 (subrogé dans les droits du créancier
subrogeant recours
Paiement de 90

Créancier subrogeant Codébiteur solidaire 2

Codébiteur solidaire 2

Le solvens a un recours à hauteur de 30 contre chacun


La cession de dette : art. 1327 et s. du Code
civil
Un débiteur peut, avec l'accord du créancier, céder sa dette.
La cession doit être constatée par écrit, à peine de nullité.
Article 1327-1 du Code civil
Le créancier, s'il a par avance donné son accord à la cession et n'y est
pas intervenu, ne peut se la voir opposer ou s'en prévaloir que du jour
où elle lui a été notifiée ou dès qu'il en a pris acte.

Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287


du 20 avril 2018, les modifications apportées par ladite loi aux
dispositions de l'article 1327-1 ont un caractère interprétatif.
Article 1327-2 du Code civil
Si le créancier y consent expressément, le débiteur originaire est libéré
pour l'avenir. A défaut, et sauf clause contraire, il est tenu
solidairement au paiement de la dette.
Régime général de l’obligation
Cours du 29 février 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Article 1327-2 du Code civil
Si le créancier y consent expressément, le débiteur originaire est libéré
pour l'avenir. A défaut, et sauf clause contraire, il est tenu
solidairement au paiement de la dette.
Article 1328-1 du Code civil
Lorsque le débiteur originaire n'est pas déchargé par le créancier, les
sûretés subsistent. Dans le cas contraire, les sûretés consenties par le
débiteur originaire ou par des tiers ne subsistent qu'avec leur accord.
Si le cédant est déchargé, ses codébiteurs solidaires restent tenus
déduction faite de sa part dans la dette.

Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287


du 20 avril 2018, les modifications apportées par ladite loi aux
dispositions de l'article 1328-1 ont un caractère interprétatif.
Article 1328 du C. civ. (opposabilité des
exceptions)
Le débiteur substitué, et le débiteur originaire s'il reste tenu, peuvent
opposer au créancier les exceptions inhérentes à la dette, telles que la
nullité, l'exception d'inexécution, la résolution ou la compensation de
dettes connexes. Chacun peut aussi opposer les exceptions qui lui sont
personnelles.
Art. 1328-1, al. 2 C. civ. (sort des codébiteurs
solidaires en cas de cession de dette).

Si le cédant est déchargé, ses codébiteurs solidaires restent tenus


déduction faite de sa part dans la dette
Sort des codébiteurs solidaires. Dette de 90,
contribution à parts viriles

D1 D 1.2 cessionnaire débiteur de 90 si le


créancier a accepté la libération de D1
D2
Obligé à 90
Créancier.

D3
D2 et D3 sont obligés à hauteur de 60
Cession de contrat (art. 1216 du Code civil)
Un contractant, le cédant, peut céder sa qualité de partie au contrat à
un tiers, le cessionnaire, avec l'accord de son cocontractant, le cédé.
Cet accord peut être donné par avance, notamment dans le contrat
conclu entre les futurs cédant et cédé, auquel cas la cession produit
effet à l'égard du cédé lorsque le contrat conclu entre le cédant et le
cessionnaire lui est notifié ou lorsqu'il en prend acte.
La cession doit être constatée par écrit, à peine de nullité.
Art. 1216-1 du Code civil

• Si le cédé y a expressément consenti, la cession de contrat libère le


cédant pour l'avenir.
• A défaut, et sauf clause contraire, le cédant est tenu solidairement à
l'exécution du contrat.
contrat liant le cédant au cédé
Contractant initial (cédant) Contractant cédé

Cession de contrat
Le contrat lie désormais le
cédé et le cessionnaire
Cessionnaire

T -1 T 0 = cession de contrat T+1


Article 1216-2 (opposabilité des exceptions)
Le cessionnaire peut opposer au cédé les exceptions inhérentes à la
dette, telles que la nullité, l'exception d'inexécution, la résolution ou la
compensation de dettes connexes. Il ne peut lui opposer les exceptions
personnelles au cédant.
Le cédé peut opposer au cessionnaire toutes les exceptions qu'il aurait
pu opposer au cédant.
Article 1216-3 du Code civil (sort des sûretés)
Si le cédant n'est pas libéré par le cédé, les sûretés qui ont pu être
consenties subsistent. Dans le cas contraire, les sûretés consenties par
le cédant ou par des tiers ne subsistent qu'avec leur accord.
Si le cédant est libéré, ses codébiteurs solidaires restent tenus
déduction faite de sa part dans la dette.

Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287


du 20 avril 2018, les modifications apportées par ladite loi aux
dispositions de l'article 1216-3 ont un caractère interprétatif.
Article 1341-1 du Code civil (action oblique)
Lorsque la carence du débiteur dans l'exercice de ses droits et actions à
caractère patrimonial compromet les droits de son créancier, celui-ci
peut les exercer pour le compte de son débiteur, à l'exception de ceux
qui sont exclusivement rattachés à sa personne.
Régime général de l’obligation
Cours du 7 mars 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Subrogation
Créancier initial / accipiens (créancier subrogeant) Débiteur

Substitution de créancier
Paiement.

Tiers solvens devient créancier (créancier subrogé)


Actualisation : subrogation, Cass. 1ère civ. 13 avr.
2023, n° 22-16.060, publ.
• Portée de la subrogation.
• « 8. Il en résulte que la subrogation investit le subrogé de la créance
primitive, avec tous ses avantages et accessoires existant à la date du
paiement »
• « 10. En statuant ainsi, alors qu'elle constatait que le premier paiement
subrogatoire avait eu lieu antérieurement au prononcé du jugement
constitutif du titre exécutoire dont la caution se prévalait, de sorte qu'il ne
pouvait avoir eu pour effet d'investir le subrogé du bénéfice de ce titre, la
cour d'appel a violé les textes susvisés »
Action oblique. V. Cass. com. 21 sept. 2022, n° 20-17.089

« 8. Aux termes de l'article 1341-1 du code civil, lorsque la carence du


débiteur dans l'exercice de ses droits et actions à caractère patrimonial
compromet les droits de son créancier, celui-ci peut les exercer pour le
compte de son débiteur, à l'exception de ceux qui sont exclusivement
rattachés à sa personne.

9. Cependant, la société Banque Rhône-Alpes ne soutient ni n'établit


que l'éventuelle carence de M. [S] dans l'exercice de son droit à se
pourvoir en cassation compromet ses droits de créancier. »
Art. 1341-2 C. civ. (action paulienne)
Le créancier peut aussi agir en son nom personnel pour faire déclarer
inopposables à son égard les actes faits par son débiteur en fraude de
ses droits, à charge d'établir, s'il s'agit d'un acte à titre onéreux, que le
tiers cocontractant avait connaissance de la fraude.
Illustration renonciation à une succession :
article 779 du Code civil
Les créanciers personnels de celui qui s'abstient d'accepter une
succession ou qui renonce à une succession au préjudice de
leurs droits peuvent être autorisés en justice à accepter la
succession du chef de leur débiteur, en son lieu et place.
Illustration n° 1 : absence de recherche de
l’insolvabilité. Cass. 3ème civ. 6 oct. 2004, n° 03-
15.392
Attendu, selon les arrêts attaqués (Versailles, 26 avril 2001 et 21 novembre 2002), que, par
acte sous seing privé du 12 août 1976, les époux X... ont vendu aux époux Y..., un immeuble
avec paiement échelonné du prix ; qu'alors que la réitération de la promesse de vente n'était
pas intervenue, les époux X... ont, par acte notarié du 2 juin 1988, fait donation du bien
litigieux à leur fils Jean Dominique X... ; que les époux Y... ont agi en annulation et,
subsidiairement, en inopposabilité de la donation sur le fondement de la fraude paulienne ;
qu'après le décès de M. Z..., sa veuve, Mme A... a repris l'instance ;
Attendu que pour déclarer irrecevable l'action paulienne formée par Mme A..., l'arrêt du 26
avril 2001 retient que les dispositions de l'article 1167 du Code civil ne sont pas applicables,
Mme A... ne justifiant d'aucune créance et que s'agissant d'un conflit qui n'oppose pas un
créancier à son débiteur mais qui a trait à la propriété d'un bien ayant fait l'objet de deux
mutations successives de la part de son propriétaire initial, il doit se résoudre par application
des règles régissant la publicité foncière ;
Qu'en statuant ainsi, alors que l'action paulienne est recevable, même si le débiteur n'est
pas insolvable, dès lors que l'acte frauduleux a eu pour effet de rendre impossible l'exercice
du droit spécial dont disposait le créancier sur la chose aliénée, la cour d'appel a violé le
texte susvisé ;
Illustration n° 2 : absence de recherche de l’insolvabilité.

• Cass. 3ème civ., 12 oct. 2005, n° 03-12.396 : « Mais attendu qu'ayant retenu que
l'action paulienne pouvait être exercée par le créancier hypothécaire en dehors
même de l'insolvabilité du débiteur dès lors que par l'acte frauduleux contre lequel
l'action révocatoire était dirigée, le débiteur réduisait la valeur des biens de façon à
diminuer l'efficacité de l'exercice de la sûreté dont le créancier s'était aménagé
l'avantage, que l'acte litigieux du 10 avril 1995 prévoyait que les emprunts et
dettes des époux X... devraient être remboursés par eux seuls, stipulation qui était
en contradiction avec l'article 2167 du Code civil et qu'ils faisaient réserve à leur
profit d'un droit viager d'usage et d'habitation ayant pour conséquence de porter
atteinte à la valeur du bien et d'entraver l'exécution en nature de l'obligation, la
cour d'appel a pu en déduire, procédant à la recherche prétendument omise, que
l'acte du 10 avril 1995 devait être déclaré inopposable à la CRCAM »
Article 1305-4 al. 1er du Code civil
Avant que la condition suspensive ne soit accomplie, le débiteur doit
s'abstenir de tout acte qui empêcherait la bonne exécution de
l'obligation ; le créancier peut accomplir tout acte conservatoire et
attaquer les actes du débiteur accomplis en fraude de ses droits.
Illustration : effet de l’action paulienne
Cass. 1ère civ., 12 juil. 2005, n° 02-18.298.
« (…)
Attendu qu'après avoir accueilli l'action paulienne par laquelle le receveur des impôts de
Paris 2ème "Vivienne" dénonçait la location-gérance que la société Godot, débitrice du fisc,
avait consentie à la société Devorag sur un fonds de commerce lui appartenant, la cour
d'appel l'a autorisé à vendre le bien libre de tout droit ;
Attendu que les deux sociétés font grief à l'arrêt attaqué d'avoir ainsi statué, alors, selon le
moyen, que l'action dont s'agit limite ses effets au seul créancier qui l'exerce, de sorte qu'en
disant la location gérance sus-évoquée inopposable aussi au futur acquéreur du fonds, la
cour d'appel a violé l'article 1167 du Code civil ;
Mais attendu que le prononcé de l'inopposabilité des droits consentis par fraude sur un bien
permet au créancier de poursuivre la vente forcée de celui-ci libre de ces droits ;
PAR CES MOTIFS :
Rejette le pourvoi »
Art. 1341 C. civ. (exécution forcée)
Le créancier a droit à l'exécution de l'obligation ; il peut y contraindre le
débiteur dans les conditions prévues par la loi.
Art. 1221 du Code civil
Le créancier d'une obligation peut, après mise en demeure, en
poursuivre l'exécution en nature sauf si cette exécution est impossible
ou s'il existe une disproportion manifeste entre son coût pour le
débiteur de bonne foi et son intérêt pour le créancier.
Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287
du 20 avril 2018, les modifications apportées par ladite loi aux
dispositions de l'article 1221 ont un caractère interprétatif.
Régime général de l’obligation
Cours du 14 mars 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Actualisation : Cass. 3ème civ., 15 juin 2023,
n° 21-10.119
« Réponse de la Cour

6. Aux termes de l'article 1148 du code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février
2016, il n'y a lieu à aucuns dommages-intérêts lorsque, par suite d'une force majeure ou d'un cas fortuit, le débiteur a été empêché
de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui était interdit.

7. Constitue un cas de force majeure un événement présentant un caractère imprévisible lors de la conclusion du contrat et
irrésistible dans son exécution (Ass. plén., 14 avril 2006, pourvoi n° 02-11.168, Bull. 2006, Ass. plén. n° 5), l'irrésistibilité n'étant pas
caractérisée si l'exécution est seulement rendue plus difficile ou onéreuse.

8. Dès lors, le débiteur d'une obligation contractuelle de somme d'argent inexécutée ne peut s'exonérer de cette obligation en
invoquant un cas de force majeure (Com., 16 septembre 2014, pourvoi n° 13-20.306, Bull. 2014, IV, n° 118).

9. Il en résulte que l'impossibilité d'exercer une activité du fait des mesures gouvernementales prises pour lutter contre la
propagation du virus covid-19, ne pouvait exonérer la locataire du paiement des loyers échus pendant les premier et deuxième
trimestres 2020.

10. Par ce motif de pur droit, substitué à ceux critiqués, dans les conditions prévues par les articles 620, alinéa 1, et 1015 du code de
procédure civile, l'arrêt se trouve légalement justifié de ce chef. »
Article 1341-3 C. civ (action directe)
Dans les cas déterminés par la loi, le créancier peut agir directement en
paiement de sa créance contre un débiteur de son débiteur.
Art. 1342 du Code civil (paiement)
« Le paiement est l'exécution volontaire de la prestation due. Il doit
être fait sitôt que la dette devient exigible.
Il libère le débiteur à l'égard du créancier et éteint la dette, sauf lorsque
la loi ou le contrat prévoit une subrogation dans les droits du
créancier. »
Dispositions relatives au paiement
• Art. 1342 à 1342-10. « Dispositions générales » applicables à tout paiement.
• Art. 1343 à 1343-5). « Dispositions particulières aux obligations de sommes d’argent ».
Article 1342-8 du Code civil
« Le paiement se prouve par tout moyen. »
• Solvens

• Accipiens
Art. 1342-1 du Code civil (tiers solvens)
« Le paiement peut être fait même par une personne qui n'y est pas
tenue, sauf refus légitime du créancier. »
• Article 1342-2
• Création Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 3
« Le paiement doit être fait au créancier ou à la personne désignée pour
le recevoir.
Le paiement fait à une personne qui n'avait pas qualité pour le recevoir
est néanmoins valable si le créancier le ratifie ou s'il en a profité.
Le paiement fait à un créancier dans l'incapacité de contracter n'est pas
valable, s'il n'en a tiré profit. »
Article 1342-3
Création Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 3

« Le paiement fait de bonne foi à un créancier apparent est valable. »


Art. 1342-4 du C. civ. (principe du paiement
intégral)
« Le créancier peut refuser un paiement partiel même si la prestation
est divisible.
Il peut accepter de recevoir en paiement autre chose que ce qui lui est
dû. »
Article 1309, al. 2, du C. civ. (divisibilité entre
les héritiers
« L'obligation qui lie plusieurs créanciers ou débiteurs se divise de plein
droit entre eux. La division a lieu également entre leurs successeurs,
l'obligation fût-elle solidaire. Si elle n'est pas réglée autrement par la loi
ou par le contrat, la division a lieu par parts égales.
Chacun des créanciers n'a droit qu'à sa part de la créance commune ;
chacun des débiteurs n'est tenu que de sa part de la dette commune.
Il n'en va autrement, dans les rapports entre les créanciers et les
débiteurs, que si l'obligation est solidaire ou si la prestation due est
indivisible. »
Art. 1342-10 C. civ. (imputation des paiements)

Le débiteur de plusieurs dettes peut indiquer, lorsqu'il paie, celle qu'il


entend acquitter.
A défaut d'indication par le débiteur, l'imputation a lieu comme suit :
d'abord sur les dettes échues ; parmi celles-ci, sur les dettes que le
débiteur avait le plus d'intérêt d'acquitter. A égalité d'intérêt,
l'imputation se fait sur la plus ancienne ; toutes choses égales, elle se
fait proportionnellement.
Régime général de l’obligation
Cours du 21 mars 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
art. 1347 C. civ. (compensation)
La compensation est l'extinction simultanée d'obligations réciproques
entre deux personnes.
Elle s'opère, sous réserve d'être invoquée, à due concurrence, à la date
où ses conditions se trouvent réunies.
Compensation / cession de créance
• Art. 1324 al. 2 du Code civil : « Le débiteur peut opposer au
cessionnaire les exceptions inhérentes à la dette, telles que la nullité,
l'exception d'inexécution, la résolution ou la compensation des dettes
connexes. Il peut également opposer les exceptions nées de ses
rapports avec le cédant avant que la cession lui soit devenue
opposable, telles que l'octroi d'un terme, la remise de dette ou la
compensation de dettes non connexes. »
Art. 1342-10 C. civ. (imputation des paiements)

Le débiteur de plusieurs dettes peut indiquer, lorsqu'il paie, celle qu'il


entend acquitter.
A défaut d'indication par le débiteur, l'imputation a lieu comme suit :
d'abord sur les dettes échues ; parmi celles-ci, sur les dettes que le
débiteur avait le plus d'intérêt d'acquitter. A égalité d'intérêt,
l'imputation se fait sur la plus ancienne ; toutes choses égales, elle se
fait proportionnellement.
Compensation / cautions et codébiteurs
solidaire (art. 1347-6 du Code civil)
La caution peut opposer la compensation de ce que le créancier doit au
débiteur principal.

Le codébiteur solidaire peut se prévaloir de la compensation de ce que


le créancier doit à l'un de ses coobligés pour faire déduire la part divise
de celui-ci du total de la dette.

Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287


du 20 avril 2018, les modifications apportées par ladite loi aux
dispositions de l'article 1347-6 ont un caractère interprétatif.
art. 1347-7 du Code civil
La compensation ne préjudicie pas aux droits acquis par des tiers.
Compensation. Pas de double paiement : Civ. 3, 31 mai
2000, n° 98-13.403.
Mais sur le troisième moyen du pourvoi principal :
Vu l'article 1382 du Code civil, ensemble les articles L. 124-3 du Code des assurances et 50 de la loi du 25
janvier 1985 ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 29 janvier 1998), que la société SEMI, depuis lors en liquidation
judiciaire avec M. X... comme liquidateur, assurée en responsabilité par la Société d'assurance moderne des
agriculteurs (la SAMDA-Groupama), a été chargée, en mai-juin 1992, d'exécuter en sous-traitance les travaux
d'électrification du portail d'un hangar à avions appartenant à la société ITS et Cie (la société ITS), la dalle
d'origine de ce hangar ayant été réalisée par la société Nouvelle Construction d'Armor, aux droits de laquelle se
trouve la société Dumez Ouest ; qu'en juin 1993, le Syndicat intercommunal de La Baule (le SIVU) a fait
construire un hangar à proximité de celui de la société ITS ; qu'alléguant l'existence de désordres affectant la
motorisation du portail et la dalle du hangar, la société ITS a, après expertise, assigné en réparation M. X..., ès
qualités, la SAMDA-Groupama, la société Dumez Ouest et le SIVU ;
Attendu qu'ayant déclaré la société SEMI responsable des désordres affectant le fonctionnement du hangar et
des préjudices en résultant, l'arrêt, d'une part, condamne la SAMDA-Groupama à payer directement à la
société ITS la somme de 144 074,23 francs et, d'autre part, en ordonnant la compensation réciproque des
dettes des deux sociétés, fixe cette créance de la société ITS au passif de la société SEMI ;
Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel, qui a procédé à une double indemnisation du même préjudice, a violé les
textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE,
Art. 1347-7 C. civ.

La compensation ne préjudicie pas aux droits acquis par des tiers.


Art. 1348 C. civ. (compensation judicaire)
La compensation peut être prononcée en justice, même si l'une des
obligations, quoique certaine, n'est pas encore liquide ou exigible. A
moins qu'il n'en soit décidé autrement, la compensation produit alors
ses effets à la date de la décision.
créances insaisissables (Civ. 1ère, 11 mai 2022, n° 21-16.600)
Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 11 février 2021) et les productions, [W] [B] est décédé le 3 juin 1992, en laissant pour lui succéder sa fille,
Mme [B], et sa concubine, Mme [C], instituée légataire de la plus large quotité disponible par testament du 1er septembre 1989.

2. Un jugement du 26 février 1998, devenu irrévocable, a ordonné le partage de la succession, retenu que Mme [C] avait recelé des sommes
au préjudice de la succession et ordonné leur réintégration dans la succession.

3. Un jugement du 25 mai 2012 a autorisé Mme [B] à faire procéder à la saisie des rémunérations de Mme [C].

4. Reprochant à Mme [B] d'occuper sans droit ni titre une maison dont elle est propriétaire, Mme [C] l'a assignée en expulsion et indemnisation.
Mme [B] a formé une demande de compensation entre les sommes dues par elle au titre de l'indemnité d'occupation et celles dues par Mme
[C] au titre du recel successoral.

5. Mme [B] a été condamnée à payer à Mme [C] une indemnité d'occupation mensuelle à compter du 13 février 2013 jusqu'à la libération
effective des lieux.
• Examen du moyen

Sur le moyen, pris en sa deuxième branche

Enoncé du moyen

6. Mme [B] fait grief à l'arrêt de rejeter sa demande de compensation judiciaire, alors « que les exceptions aux règles de la compensation
légale énumérées par l'article 1347-2 du code civil ne s'étendent pas aux créances et dettes faisant l'objet d'une demande en compensation
judiciaire, dont l'appréciation appartient aux juges du fond ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a elle-même constaté que Mme [B] formulait une
demande de compensation judiciaire ; que dès lors, en se bornant à appliquer les dispositions de l'article 1347-2 du code civil pour rejeter la
demande de compensation, sans apprécier si la compensation pouvait être prononcée en justice, la cour d'appel a violé les articles 1347-2 et
1348 du code civil. »

Réponse de la Cour

Vu les articles 1347-2 et 1348 du code civil :

7. Il résulte de ces textes que les exceptions aux règles de la compensation légale énumérées par le premier d'entre eux ne s'étendent pas aux
créances et dettes qui font l'objet d'une demande de compensation judiciaire sur le fondement du second et dont l'appréciation incombe aux
juges du fond.

8. Pour rejeter la demande de compensation judiciaire formée par Mme [B], l'arrêt retient qu'en application de l'article 1347-2 du code civil, la
compensation ne peut s'opérer dans le cas d'une demande de restitution d'une chose dont le propriétaire a été injustement dépouillé et que
la demande de compensation porte, d'une part, sur une indemnité d'occupation d'un bien sans droit ni titre dont la propriétaire est privée de
la jouissance, qui n'a pas consenti à la compensation, d'autre part, sur des sommes dues au titre d'un recel successoral.

9. En statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il rejette la demande de compensation formée par Mme [B] entre la créance que Mme [C]
détient sur elle au titre de l'indemnité d'occupation et celle que Mme [B] détient au titre du recel successoral.
Art. 1348-1 C. civ. (compensation de dettes
connexes
Le juge ne peut refuser la compensation de dettes connexes au seul
motif que l'une des obligations ne serait pas liquide ou exigible.
Dans ce cas, la compensation est réputée s'être produite au jour de
l'exigibilité de la première d'entre elles.
Dans le même cas, l'acquisition de droits par un tiers sur l'une des
obligations n'empêche pas son débiteur d'opposer la compensation.
Art. 1336 C. civ. (délégation).
La délégation est une opération par laquelle une personne, le délégant,
obtient d'une autre, le délégué, qu'elle s'oblige envers une troisième, le
délégataire, qui l'accepte comme débiteur.
Le délégué ne peut, sauf stipulation contraire, opposer au délégataire
aucune exception tirée de ses rapports avec le délégant ou des
rapports entre ce dernier et le délégataire.
Régime général de l’obligation
Cours du 28 mars 2024

Préparation annuelle au CRFPA 2023-2024


Charles Boërio
Délégant / Débiteur
initial de C C (créancier /
délégataire)

Nouveau débiteur de C

Délégué
Extinction
Délégant / Débiteur
initial de C C (créancier /
délégataire)

Nouveau débiteur de C

Délégué

En cas de délégation parfaite, la dette du délégant envers le créancier délégataire s’éteint.


article 2219 du Code civil (prescription
extinctive)
La prescription extinctive est un mode d'extinction d'un droit résultant
de l'inaction de son titulaire pendant un certain laps de temps
Art. 2227 C. civ.
Le droit de propriété est imprescriptible. Sous cette réserve, les actions
réelles immobilières se prescrivent par trente ans à compter du jour où
le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui
permettant de l'exercer.
Art. 2224 C. civ.
Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à
compter du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû
connaître les faits lui permettant de l'exercer.
Inapplicabilité de la prescription extinctive à la
demande tendant à voir réputer non écrite une
clause (clause abusive au sens de l’article L. 212-1
du Code de la consommation).
Civ. 1ère, 13 mars 2019, n° 17-23.169 : « Mais attendu que c'est à bon droit que la
cour d'appel a retenu que la demande tendant à voir réputer non écrites les clauses
litigieuses ne s'analysait pas en une demande en nullité, de sorte qu'elle n'était pas
soumise à la prescription quinquennale ; que le moyen, inopérant en sa seconde
branche en ce qu'il s'attaque à des motifs surabondants, n'est pas fondé en sa
première ; »
Imprescriptibilité de la défense au fond
• Civ. 1ère, 31 janv. 2018, n° 16-24.092 :« Mais attendu qu'une défense au fond, au sens de l'article 71 du code
de procédure civile, échappe à la prescription ; que constitue une telle défense le moyen tiré de l'article L.
341-4, devenu L. 332-1 du code de la consommation, selon lequel l'engagement de caution d'une personne
physique manifestement disproportionné à ses biens et revenus se trouve privé d'effet à l'égard du créancier
professionnel ; qu'il s'ensuit que la banque ne pouvait opposer aux cautions la prescription du moyen tiré de la
disproportion de leur engagement ; que, par ce motif de pur droit, substitué, dans les conditions de l'article
1015 du code de procédure civile, à ceux que critique le moyen, l'arrêt se trouve légalement justifié ».
Art. 2232 C. civ. (délai butoir)
• Le report du point de départ, la suspension ou l'interruption de la
prescription ne peut avoir pour effet de porter le délai de la
prescription extinctive au-delà de vingt ans à compter du jour de la
naissance du droit.
• Le premier alinéa n'est pas applicable dans les cas mentionnés
aux articles 2226, 2226-1, 2227, 2233 et 2236, au premier alinéa
de l'article 2241 et à l'article 2244. Il ne s'applique pas non plus aux
actions relatives à l'état des personnes.
Civ. 3ème, 1er oct. 2020, n° 19-16.986.

« 14. En statuant ainsi, alors que le délai butoir de l'article 2232, alinéa
1er, du code civil n'est pas applicable à une situation où le droit est né
avant l'entrée en vigueur de la loi du 17 juin 2008, la cour d'appel a
violé les textes susvisés. »
Action en nullité (art. 1185 du Code civil)
L'exception de nullité ne se prescrit pas si elle se rapporte à un contrat
qui n'a reçu aucune exécution.
Les principaux délais (v. art. 2225 et s. c.civ.)
• Art. 2224 c. civ. : « Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent
par cinq ans à compter du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait
dû connaître les faits lui permettant de l'exercer. »
• Art. 2226 c. civ. : « L'action en responsabilité née à raison d'un événement
ayant entraîné un dommage corporel, engagée par la victime directe ou
indirecte des préjudices qui en résultent, se prescrit par dix ans à compter
de la date de la consolidation du dommage initial ou aggravé.
Toutefois, en cas de préjudice causé par des tortures ou des actes de
barbarie, ou par des violences ou des agressions sexuelles commises contre
un mineur, l'action en responsabilité civile est prescrite par vingt ans. »
Les principaux délais (suites)
• Art. 2227 (action réelles immobilières) : « Le droit de propriété est
imprescriptible. Sous cette réserve, les actions réelles immobilières se
prescrivent par trente ans à compter du jour où le titulaire d'un droit
a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer. »
Point de départ glissant : arrêt AP, 17 mai 2023, 20-20.559
Faits et procédure

4. Selon l'arrêt attaqué (Versailles, 23 juillet 2020), M. [Y] (l'assuré) est bénéficiaire, depuis le 1er septembre 2006, d'une
pension de réversion.

5. À la suite d'un contrôle de ressources réalisé en 2014, la caisse, qui a constaté que l'assuré bénéficiait d'une pension de
retraite complémentaire ainsi que de placements financiers n'ayant pas été déclarés, lui a notifié, le 28 mai 2015 et le 6 août
2016, un indu portant sur la période du 1er novembre 2006 au 31 juillet 2016.

6. L'assuré a saisi d'un recours une juridiction de sécurité sociale.

Examen du moyen

Enoncé du moyen

7. La caisse fait grief à l'arrêt de dire que sa créance est prescrite pour la période antérieure au 28 mai 2010, alors « que
l'action en remboursement de prestations indûment versées sur la base de fausses déclarations de l'assuré se prescrit par
cinq ans à compter du jour où la caisse a connaissance de celles-ci, dans la limite de vingt ans à compter du jour de la
naissance du droit ; que cette prescription quinquennale ne porte que sur le délai pour exercer l'action, non sur la
détermination de la créance elle-même ; qu'en l'espèce, la Cnav a constaté l'irrégularité des déclarations de patrimoine de M.
[Y] à l'issue de son contrôle mené le 12 juillet 2014, qu'elle lui a notifié dès le 28 mai 2015 une demande de remboursement
de l'intégralité des prestations indûment versées à compter du 1er mai 2009 ; qu'en considérant que la prescription
quinquennale interdisait à la caisse de demander le remboursement des prestations indûment versées antérieurement au 28
mai 2010, la cour d'appel a violé les articles 2224 et 2232 du code civil. »
• Réponse de la Cour
Vu l'article 2224 du code civil et l'article L. 355-3 du code de la sécurité sociale, dans sa rédaction issue de la loi n° 2011-1906 du 21
décembre 2011 de financement de la sécurité sociale pour 2012 :

8. Selon le second de ces textes, toute demande de remboursement de trop-perçu en matière de prestations de vieillesse et d'invalidité
est prescrite par un délai de deux ans à compter du paiement desdites prestations dans les mains du bénéficiaire, sauf en cas de fraude
ou de fausse déclaration.

9. Aux termes du premier, les actions personnelles et mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire d'un droit a
connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer

10. Il résulte de la combinaison de ces textes que l'action en remboursement d'un trop-perçu de prestations de vieillesse et d'invalidité
provoqué par la fraude ou la fausse déclaration ne relève pas de la prescription abrégée de l'article L. 355-3 du code de la sécurité sociale
et que, revêtant le caractère d'une action personnelle ou mobilière au sens de l'article 2224 du code civil, elle se prescrit par cinq ans à
compter du jour de la découverte de la fraude ou d'une fausse déclaration.

11. Ce délai d'action n'a pas d'incidence sur la période de l'indu recouvrable, laquelle, à défaut de disposition particulière, est régie par
l'article 2232 du code civil, qui dispose que le délai de la prescription extinctive ne peut être porté au-delà de vingt ans à compter du jour
de la naissance du droit, soit la date de paiement des prestations indues.

12. Il s'en déduit qu'en cas de fraude ou de fausse déclaration, toute action en restitution d'un indu de prestations de vieillesse ou
d'invalidité, engagée dans le délai de cinq ans à compter de la découverte de celle-ci, permet à la caisse de recouvrer la totalité de l'indu
se rapportant à des prestations payées au cours des vingt ans ayant précédé l'action.

13. Pour déclarer prescrite la créance de la caisse pour la période antérieure au 28 mai 2010, l'arrêt retient que, la demande de répétition
ayant été formée le 28 mai 2015, seules les prestations indues versées à compter du 29 mai 2010 peuvent être répétées.

14. En statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés.


Computation du délai
Article 2228 du Code civil : La prescription se compte par jours, et non
par heures.

Article 2229 du Code civil : Elle est acquise lorsque le dernier jour du
terme est accompli.
Art. 2234 du Code civil
La prescription ne court pas ou est suspendue contre celui qui est dans
l'impossibilité d'agir par suite d'un empêchement résultant de la loi, de
la convention ou de la force majeure.
Art. 2241 (acte du créancier pour
l’interruption de la prescription)
• La demande en justice, même en référé, interrompt le délai de
prescription ainsi que le délai de forclusion.
• Il en est de même lorsqu'elle est portée devant une juridiction
incompétente ou lorsque l'acte de saisine de la juridiction est annulé
par l'effet d'un vice de procédure.
Art. 2240 C. civ. (acte du débiteur pour
l’interruption de la prescription)
La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il
prescrivait interrompt le délai de prescription.
Cass. com., 18 mai 2022, n° 20-23.204

• la prescription quinquennale prévue par l'article 2224 du Code civil est, en


application des articles 2240, 2241 et 2244, interrompue par la reconnaissance
du débiteur, une demande en justice, même en référé, une mesure
conservatoire prise en application du Code des procédures civiles d'exécution,
ou un acte d'exécution forcée et que cette énumération est limitative
• En statuant ainsi, alors qu'une mise en demeure, fût-elle envoyée par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception, n'interrompt pas le délai de
prescription de l'action en paiement des loyers, la cour d'appel a violé les
textes susvisés.
Art. 2231 C. civ. (interruption de la
prescription)
L'interruption efface le délai de prescription acquis. Elle fait courir un
nouveau délai de même durée que l'ancien.
Art. 2242 C. civ.
L'interruption résultant de la demande en justice produit ses effets
jusqu'à l'extinction de l'instance.
Suspension de la prescription. V. art. 2233 et s. du
Code civil
• Art. 2233 : « La prescription ne court pas :
• 1° A l'égard d'une créance qui dépend d'une condition, jusqu'à ce que
la condition arrive ;
• 2° A l'égard d'une action en garantie, jusqu'à ce que l'éviction ait lieu ;
• 3° A l'égard d'une créance à terme, jusqu'à ce que ce terme soit
arrivé. »
Art. 2230 du Code civil.
• La suspension de la prescription en arrête temporairement le cours
sans effacer le délai déjà couru.
Art. 1350 (remise de dette)
La remise de dette est le contrat par lequel le créancier libère le
débiteur de son obligation.
Art. 1350-1 du Code civil.
• La remise de dette consentie à l'un des codébiteurs solidaires libère
les autres à concurrence de sa part.
• La remise de dette faite par l'un seulement des créanciers solidaires
ne libère le débiteur que pour la part de ce créancier.
Art. 1342-9 c. civ.
• La remise volontaire par le créancier au débiteur de l'original sous
signature privée ou de la copie exécutoire du titre de sa créance vaut
présomption simple de libération.
• La même remise à l'un des codébiteurs solidaires produit le même
effet à l'égard de tous.
Art. 1329 et s. C. civ.
La novation est un contrat qui a pour objet de substituer à une
obligation, qu'elle éteint, une obligation nouvelle qu'elle crée. Elle peut
avoir lieu par substitution d'obligation entre les mêmes parties, par
changement de débiteur ou par changement de créancier.
Art. 1351 C. civ.
L'impossibilité d'exécuter la prestation libère le débiteur à due
concurrence lorsqu'elle procède d'un cas de force majeure et qu'elle
est définitive, à moins qu'il n'ait convenu de s'en charger ou qu'il ait été
préalablement mis en demeure.

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