Le terme « Mandat » d’une façon générale ; désigne les
mécanismes par lesquelles une personne reçoit mission de représenter autrui et d’agir en son nom, son propre compte et selon ses instructions. Alors que selon l’approche juridique ; il s’agit d’un contrat par lequel une personne (le mandant) donne pouvoir à une autre personne (le mandataire) de conclure en son nom et pour son compte un ou plusieurs actes juridiques avec tiers ; de façon que seul le mandant est engagé à l’égard du tiers, et assume tous les risques qui pourraient découler de l’acte accompli. En outre ce type de contrat peut s’appliquer à divers domaines tels que : les affaires commerciales, transactions immobilières, service professionnel …etc. D’où ce type de contrat est régie en droit marocain par les articles 879 à 958 du (D.O.C). La problématique qui se pose à travers notre exposé est la suivante : - Quel est le régime juridique du contrat de mandat ? - Quels sont les effets du contrat de mandat et son extinction ? Le plan
Introduction :
Partie I : Le régime juridique du mandat
1 : Le caractère juridique du contrat de mandat
2 : Les conditions de formation du mandat
Partie II : Les effets et l’extinction du mandat
1 : Les obligations des parties
2 : La fin du mandat (cas pratique)
Conclusion I- Le régime juridique de contrat de mandat :
1- Le caractère juridique de contrat de mandat
Le mandat, tel que défini dans le lexique des termes juridiques, est l'acte par lequel une personne est désignée pour représenter une autre en vue de l'accomplissement d'un ou plusieurs actes juridiques. Il revêt un caractère conventionnel lorsqu'il découle d'un contrat conclu entre le mandant (ou représenté) et le mandataire (ou représentant).
Le contrat de mandat représente une mission de
représentation confiée par le mandant au mandataire dans le but d'effectuer des actes juridiques en son nom et pour son compte. Cela peut englober diverses actions, telles que la signature de contrats ou la réalisation de démarches au nom et pour le compte du mandant. Le contrat de mandat peut être à la fois gratuit ou onéreux, et il est caractérisé par une relation synallagmatique, marquée par la confiance, étant fondée sur le critère intuitu-personae.
Il est important de souligner que le contrat de
mandat se distingue du contrat de travail, car il n'impose pas de relation de subordination entre le mandataire et le mandant. Le mandataire bénéficie d'une grande liberté dans l'accomplissement des actes juridiques relevant du contrat de mandat.
De plus, il convient de différencier le contrat de
mandat du contrat d'entreprise, car son objet concerne spécifiquement l'accomplissement d'actes juridiques et non la fourniture de prestations d'ordre matériel ou intellectuel. 2-les conditions de formation du contrat de mandat :
Le mandat Comme n’importe quel contrat se forment par
l’accord de volonté des parties, et il est soumis à des conditions de fond et de forme. Il prend la forme d’un contrat dès sa conclusion. -Les conditions de fond : Le consentement (contrat consensuel) Le contrat de mandat nécessite l’accord des deux parties. Une acceptation tacite est toutefois possible par le mandataire, mais celle-ci est nécessaire selon L’article 883 du Doc prévoit : « le mandat est parfait par le consentement des parties » L’acceptation tacite se réalise par l’exécution de la mission confiée par le contrat de mandat. La capacité : la capacité est appréciée au jour de la conclusion du contrat de mandat doit être double. Selon l’article 880 du Doc Le mandant doit avoir la capacité de s’engager aussi bien vis-à-vis du mandataire que du tiers contractant. Cependant, pour le mandataire, il suffit qu’il soit doué de discernement et de facultés mentales. En effet, aucune condition de capacité de la part du mandataire quant à la validité de l’acte accompli. L’objet du mandat : Le mandat peut être général, c.-à-d. qu’il porte sur un ensemble d’actes et non pas une mission exacte. L’article 893 du Doc précise que le mandat est général, dans la mesure où ils donnent au mandataire le pouvoir de gérer tous les intérêts du mandant sans limite. Le mandat peut être spécial, càd pour une mission précise, ce mandat ne donne pouvoir d’agir que dans des affaires qu’il spécifie, selon la nature de l’usage et de l’affaire. L’article 881 du Doc stipule que : « Le mandat est nul : S’il a un objet impossible, ou trop indéterminé ; Et s’il a pour objet des actes contraires à l’ordre public, aux bonnes mœurs, ou aux lois civiles ou religieuses ». - l’objet du Mandat doit être déterminé : c’est-à-dire que, la mission du mandataire doit être déterminée avec précision. Ce mandat ne donne pouvoir d’agir que dans des affaires qu’il spécifie, selon la nature de l’usage et de l’affaire. - L’objet doit être réalisable et licite : cette condition s’apprécie par rapport à l’objet de l’acte qui est projeté. Il faut savoir quelle est la nature de l’acte juridique ? Parce que l’illicéité de l’acte se communique au mandat.
Les conditions de forme :
Dans cette partie on remarque l’absence des conditions de forme précise ; mais généralement on trouve dans ce cadre deux critères : *le consensualisme : consiste la distinction entre deux formes d’acceptation d’un contrat ; à savoir ; une acceptation expresse qui signifie que le destinataire d’offre (le mandataire) manifeste sa volonté d’une façon claire soit à l’oral ou à l’écrit. Alors que l’acceptation est dite tacite ; lorsque le mandataire ne manifeste pas son accord d’une manière apparente (signature ou autre …). * l’écrit : en principe il est considéré un moyen de preuve d’existence de contrat, entre les parties et à l’égard du tiers contractant, surtout pour les professionnels la forme écrite est une condition de validité (exemple : le mandat de représentation conclu avec avocat) et même dans certains cas l’écrit « procuration » est imposé par la loi (exemple : mandat fait par les promoteurs immobiliers). N.B « Art 894 du DOC énumère les différentes situations qui limitent l’étendue de pouvoir du mandataire en exigeant une autorisation expresse du mandant »
II- Les effets de contrat de mandat et son extinction :
1- Les obligations des parties : Le contrat de mandat valablement formé produit des conséquences à l’égard du mandant et du mandataire, il est un contrat synallagmatique c’est un contrat qui crée des obligations réciproques à la charge des deux parties. Les contractants s’obligent réciproquement l’un envers l’autre. Dans ce cadre on distingue entre : les obligations du mandataire et les obligations du mandant. Les obligations du mandataire Le mandataire est soumis à plusieurs obligations, dont certaines peuvent varier en fonction de la nature spécifique du contrat de mandat. Néanmoins, certains principes fondamentaux sont applicables à tous les contrats de mandat. Les deux obligations principales incombant au mandataire sont l'obligation d'exécuter sa mission et l'obligation de rendre compte de sa mission.
Quant à la question de savoir si le mandataire est soumis à
une obligation de résultat ou de moyen, cela dépend des termes du contrat. En cas d'obligation de résultat, le mandataire doit non seulement exécuter le mandat, mais également atteindre le résultat escompté. En revanche, en présence d'une obligation de moyen, le mandataire a pour responsabilité de déployer tous les moyens et efforts dont il dispose pour accomplir l'obligation, sans nécessairement garantir un résultat spécifique.
Concernant l'obligation d'exécution, le mandataire est tenu
d'accomplir personnellement la mission qui lui a été confiée par le mandant. Bien que le sous-mandat ne soit pas toujours interdit, sa réalisation dépend des dispositions contractuelles. Le mandataire doit agir avec efficacité, célérité et prudence, agissant comme un bon père de famille.
L'exécution du contrat doit également être loyale, dans
l'intérêt du mandant. Le mandataire est limité par les instructions du mandant et ne peut agir au-delà de son mandat. De plus, le mandataire a l'obligation de conseiller et d'informer le mandant sur toutes les circonstances pertinentes pouvant influencer sa décision de révoquer ou de modifier le mandat.
En ce qui concerne le devoir de conseil, il revêt une
importance accrue pour les mandataires professionnels, tels que les avocats, qui sont tenus de conseiller le mandant en suggérant des clauses ou des actions appropriées.
Enfin, l'obligation de rendre compte impose au mandataire
de présenter un compte détaillé pendant et après la réalisation de l'objet du contrat de mandat. Cette obligation inclut une responsabilité de transparence, où le mandataire doit rendre compte de manière claire et détaillée de ses actions.
. Selon l’art 900 du DOC dans son 1er alinéa, « le
mandataire ne peut se substituer une autre personne dans l’exécution du mandat, si le pouvoir de substituer ne lui a été expressément accord, ou s’il ne résulte de la nature de l’affaire ou des circonstances. . Selon l’article 895 du DOC « le mandataire est tenu d’exécuter exactement la commission qui lui a été donnée ; il ne peut rien faire au-delà, ni en dehors de son mandat. » donc selon les instructions du mandant, le mandataire doit exécuter le contrat. . L’article 906 du DOC stipule que « le mandataire est tenu d’instruire le mandant de toutes les circonstances qui pourraient déterminer ce dernier à révoquer ou à modifier » ce qui veut dire que, le mandataire pendant sa mission est tenu d’informer le Mandant de tous les circonstances qui entourent la réalisation de la mission dont il est chargé. En ce qui concerne le devoir de conseil s’impose plus aux mandataires professionnels (ex : avocat) qui sont tenus de conseiller le client (le mandant) en suggérant, d’insérer par exemple des clauses dans le contrat. Les obligations du mandant Comme le mandataire, le contrat de mandat engendre à l’égard du mandant une série d'obligations qui sont communes à tous les contrats de mandat. Les obligations principales s’imposant au mandant sont : L'Obligation de remboursement des frais et dépenses avancées par le mandataire : Pour le but d’exécution du contrat le mandataire peut faire certaines avances de fonds, dans ce cas le mandant est dans l'obligation de faire le remboursement au mandataire les sommes qu’il a avancées pour l’accomplissement de sa mission et cela sans prendre en considération le résultat de sa mission, même en cas d’échec de la mission du mandat. Obligation de rémunération Quand le contrat de mandat est à titre onéreux, la rémunération doit se faire conformément à l'accord des parties (mandant et mandataire) mais il est important de savoir que le contrat de mandat n’est pas toujours rémunéré, il peut être à titre gratuit et dans ce cas le mandataire n'aura pas une contrepartie de la mission réalisée. Les modalités de la rémunération du mandataire ne sont pas nécessaires que le montant de la rémunération soit indiqué, elle peut être forfaitaire, ou prix fixe. En cas de litige quand les parties n’arrivent pas à trouver un terrain d’accord. Il revient au juge de trancher. En général quand le mandataire est un professionnel, la rémunération est due (sauf si ça rentre dans le cadre des bienfaisances). L'Obligation de loyauté et de coopération. Le mandant a l’obligation de coopérer de bonne foi avec le mandataire en vue de l’accomplissement de la mission du mandat. Il doit lui fournir certaines informations afin d’exécuter le contrat, et mettre à sa disposition les fonds et les autres moyens nécessaires pour l’exécution du mandat. 2- L'extinction du contrat de Mandat Les principales causes d’extinction du contrat de mandat sont : - La révocation : ce principe est l’un des causes qui enlève tout pouvoir au mandataire d’accomplir des actes juridiques au nom et pour le compte du mandant, en outre, la révocation n’a pas besoin de faire l’objet d’une justification dans la limite d’abus de droit, ainsi qu’elle peut être soit express ou tacite. - La renonciation : Dans ce cas le mandataire peut renoncer au mandat, en notifiant sa renonciation au mandant, cette faculté n’est pas absolue ; vu que le mandataire doit réparer le préjudice causé par cette renonciation au mandant. - Le décès du mandant ou mandataire : il met fin au contrat avec le report des conséquences financières sur les héritiers des parties. N.B « La fin du mandat est régie par l’article 929 du Doc qui prévoit sept causes de prise de fin du mandat. » La conclusion En conclusion, le contrat de mandat, régi par le droit marocain, constitue un mécanisme juridique essentiel permettant la représentation d’une personne par une autre dans l’accomplissement d’actes juridiques. Il peut revêtir différentes formes, notamment les mandats associatifs, syndicaux, et judiciaires. La validité du mandat repose sur des conditions de formation, telles que le consentement des parties, la capacité, et la détermination de l’objet. Le contrat de mandat crée des obligations réciproques entre le mandant et le mandataire. Ce dernier est tenu d’exécuter la mission qui lui est confiée de manière personnelle, efficace, et loyale. Il doit agir dans l’intérêt du mandant, fournir des conseils et des informations, et rendre compte de manière transparente de l’exécution de la mission. Du côté du mandant, les obligations incluent le remboursement des frais avancés par le mandataire, la rémunération en cas de mandat onéreux, et la coopération loyale. Le contrat de mandat peut prendre fin par révocation, renonciation, décès du mandant ou du mandataire, ou l’accomplissement de la mission. La révocabilité absolue du contrat permet à tout moment au mandant de mettre fin au mandat sans justification, sous réserve de ne pas abuser de ce droit. En somme, le contrat de mandat est un instrument juridique puissant mais nécessite une compréhension claire des droits, des devoirs, et des limites pour les parties impliquées. BIBLIOGRAPHIE
● Dahir des obligations et des contrats (Dahir du 12