Sociologie de l’éducation

Professeur: Jamal TSOULI MOUSTAIKED

jamal.tssouli@fse.um5.ac.ma
 Plan
• Objectifs et questions principales.
• La place de l’éducation dans la société.
• Les précurseurs et fondateurs de la sociologie.
• Les grands courants de la sociologie.
• Les courants de la sociologie de l’éducation.
• Les principales théories de la sociologie de l’école.
 Questions principales

• Quelle est la place de l’éducation dans la société

• Qu’est ce que la sociologie de l’éducation?
• Qu’est ce que la sociologie?
• Qu’est ce que l’éducation?
• Comment la sociologie de l’éducation peut-elle être utile à
l’enseignant?
• De quelles façons participe-t-elle à enrichir les réflexions et les
pratiques du milieu scolaire?
 Objectifs

• Connaitre et comprendre l’éducation comme phénomène social.

• Analyser le système éducatif de point de vue sociologique.
• Expliquer des perspectives théoriques et méthodologiques en
sociologie de l'éducation.
• Inscrire l’établissement scolaire dans son environnement politique,
culturel, et économique.
• Décrire les interaction sociales dans l’établissement scolaire.
 Objectifs de l’enseignement
primaire au Maroc
• Garantir à tous les enfants marocains, dès le plus jeune âge possible, y compris en intégrant
la partie avancée du préscolaire, le maximum d’égalité des chances de réussite dans leur vie
scolaire et, par la suite dans leur vie professionnelle.
• Assurer, à tous, l’environnement et l’encadrement pédagogiques stimulants pour favoriser:
➢l’appropriation des valeurs religieuses, éthiques, civiques et humaines essentielles pour
devenir des citoyens fiers de leur identité et de leur patrimoine, conscients de leur histoire
et socialement intégrés et actifs.
➢ l’acquisition des savoirs fondamentaux et des capacités qui développent l’autonomie de
l’apprenant.
➢la maîtrise des notions et des méthodes de réflexion, de communication, d’action et
d’adaptation permettant d’être utile, productif, capable d’évoluer et de continuer à
apprendre, durant la vie , en parfaite harmonie avec l’environnement national et mondial.
➢l’apprentissage d’habiletés techniques, professionnelles, sportives et artistiques de base
directement liées à l’environnement socio-économique de l’école.
 Effet de l’école sur l’individu

• Socialisation
• Développement des connaissances et des compétences
• La Promotion de l’emploi
• La mobilité sociale: pour la classe moyenne, l'éducation peut être liée à la
mobilité mais pour les riches et les pauvres, elle peut avoir très peu de
rapport avec elle.
 Education et bien être social

• Les personnes instruites ont moins de problèmes avec la justice.

• Les personnes instruites ont moins de problèmes d'alcoolisme et de
toxicomanie.
• L'éducation est un indicateur de réussite dans la mesure où elle a un
impact a sur le statut social.
 Education et société capitaliste

• Le terme "méritocratie" est aujourd'hui souvent utilisé pour décrire la

société capitaliste où la richesse, la position, et le statut social sont
en partie attribués par la concurrence.
• Méritocratie = compétence+ performance, pas de statut attribué ou
de népotisme.
• Les personnes sont placées à des postes de confiance, de
responsabilité et de prestige social mérités, et non hérités ou
attribués.
• En effet le système éducatif intègre l'idéologie de la méritocratie.
 Education et emploi

Le système d’éducation compte plus d’offres d’emploi que les autres

secteurs d’activités:
• Enseignants
• administrateurs
• personnel d'entretien
• travailleurs sociaux
 Le groupe d’élèves

• Les élèves des programmes professionnels intègrent des emplois peu

valorisés ce qui les rend plus susceptibles de rejoindre une sous-
culture rebelle.
• Quatre grands types d'élèves : les carriéristes, les intellectuels, les
ambitieux, les sans attaches.
 Comportement de l’enseignant

• Plusieurs interactions sociales et interpersonnelles par jour

• Instructeur, responsable de la discipline, bureaucrate, ami, confident,
éducateur...peut conduire à une "tension de rôle".
• Différence entre les attentes de l'enseignant pour différents élèves.
Sociologie

Sociologie
de
l’éducation
Education
Qu’est ce que la sociologie?
 Etymologie
Sociologie

SOCIUS LOGOS

Compagnon Discours ou
ou associé savoir
 Définitions

• La sociologie est la science humaine qui a pour objet l’étude des

phénomènes sociaux.
• Elle s’intéresse à l’étude des groupes sociaux, des relations, des
actions, et des représentations sociales.
• C’est l’étude des faits sociaux, et des groupes en tant que réalité
distincte de la somme des individus qui les composent.
Sociologie et les autres sciences humaines

Philosophie

Politique Psychologie

Psychosociol
Economie
ogie
 Contexte d’émergence
Comment se sont développées les sociétés humaines depuis l’origine de l’homme ?
Les sociétés rurales
Les sociétés industrielles
Mobilité et stratification sociale

La Révolution
culturelle et la remise Les effets de la
en cause de l’ordre révolution industrielle
social traditionnel
 Les effets de la révolution industrielle
▪ Développement d’une classe ouvrière très pauvre qui s’installe en
milieu urbain
▪ « Nouveaux problèmes sociaux » : logement, hygiène, délinquance,
alcoolisme….etc.
▪ Sentiment de rupture, besoin de donner un sens aux changements
en cours et recherche d’un nouveau fondement de l’ordre social
 Emergence d’un besoin de connaissance sur le social
 Les objets de la sociologie
• A partir du moment où l’individu est considéré comme un être social,
toutes les pratiques sociales font l’objet de la société comme:

La
L’économie
politique

La famille L’école
 Les objectifs de la sociologie

Comprendre les transformations sociales en cours et

d’agir sur la société

Identifier des lois d’évolution de la société

Comprendre, expliquer et prévoir le fonctionnement

de la société
Les précurseurs de la sociologie
IBN KHALDOUN
• AL ASSABYA.
• AL UMRANE.

Auguste Comte
• La sociologie est une science objective
• Le changement social.

Alexis de Tocqueville
• La démocratie et l’égalisation des conditions.

Karl Marx
• Matérialisme historique.
• la lutte des classes.
 IBN KHALDOUN (1332-1406)
• Un historien, philosophe, et juriste.
• Il voit le jour à Tunis. Sa famille, originaire de Séville.
• Il a reçu une éducation arabe classique, étude du Coran et de la linguistique arabe, base
de la compréhension du Coran, des Hadiths, et du Fiqh.
• Les mathématiques, la logique et la philosophie.
• Il a perdu ses deux parents lors d'une épidémie de peste qui a frappé Tunis, alors
qu'il avait 17 ans.
• Le premier penseur qui a défini les principes d’évolution de la société musulmane.
• Il été juge et conseiller politiques de plusieurs princes arabes au Maghreb et en
Egypte.
• Son œuvre ALMOQADDIMA décrit les normes sociales régissant la société
arabomusulmane, avec une partie dédiée au savoir et à l’éducation.
 Al MOQADDIMA
• Ce concept fait référence à l'esprit de solidarité et à la cohésion sociale. C’est un facteur crucial dans la montée et la chute des
civilisations.
Assabiyya

• Représente la société urbaine civilisée, caractérisée par la présence d'activités économiques spécialisées, de gouvernements
centralisés et de structures sociales complexes.
ALUMRANE

• les dynasties passent par un cycle de croissance, de maturité et de déclin. Il analyse les raisons pour lesquelles les empires
Cycle des s'effondrent, soulignant souvent des facteurs tels que la corruption, la perte de l‘Assabiyya et la désintégration sociale
dynasties

• L'éducation joue un rôle central dans la formation des individus et des sociétés.
• l'importance de la culture dans la transmission des valeurs et des normes sociales.
Savoir et
Education • Classification des savoirs.

• une approche historique basée sur une méthodologie rigoureuse, mettant en avant l'importance de la collecte de données
Analyse empiriques, de l'analyse critique et de la compréhension des causes et des effets dans l'étude de l'histoire.
historique
Auguste Comte et l’émergence des premières
réflexions sur la société

• Selon Auguste Comte(1798-1857):

« la décomposition de l’humanité en individus proprement dits ne
constitue qu’une analyse anarchique autant irrationnelle qu’immorale
qui tend à dissoudre l’existence sociale au lieu de l’expliquer, puisqu’elle
ne devient applicable que quand l’association cesse.
Elle est aussi vicieuse en sociologie que le serait, en biologie, la
décomposition chimique de l’individu lui-même en molécules
irréductibles, dont la séparation n’a jamais lieu pendant la vie. »
Auguste Comte et l’émergence des premières
réflexion sur la société
➢Selon Auguste Comte: « Il serait impossible de traiter l’étude
collective de l’espèce comme une pure déduction de l’étude de
l’individu ».
➢La société doit être étudiée comme un tout. Elle ne peut être déduite
à partir des comportements individuels.
➢Dans un contexte marqué par une crise sociale, la sociologie
représente la science objective qui va guider la société à reconstruire
le lien social.
 Les dimensions du monde social

Elle sert à étudier Les lois de

Elle consiste en l’étude des
Dimension Dimension développement et de
déterminants de l’ordre et
statique dynamique changement des sociétés
de la cohésion sociale
humaines.
 Changement social

Une société caractérisée

Une société caractérisée
par une pensée
par une pensée rationnelle
théologique et
qui vise le progrès
métaphysique

Sa formule célèbre est devenu la devise du Brésil

« L’amour par principe, l’ordre pour base, le progrès pour but »
 Le positivisme méthodologique

Le positivisme repose sur cinq principes

• Objectivisme: le monde subjectif de la conscience, des valeurs, et de
l’intuition échappe en tant que tel à la science.
• Phénoménologie: Le monde social est inaccessible dans son essence, seul
le monde des faits est analysable scientifiquement.
• Empirisme: L’introspection est rejeté comme méthode. L’observation
externe, le test empirique objectif est le seul guide des théories
scientifique.
• Nomothétisme: la notion de loi est au centre , l’élaboration de modèle
générale permettant d’analyser des phénomènes primordiales.
• Prévisionnisme: le signe d’une connaissance vraie est la capacité de
prédire des événements.
 Alexis de Tocqueville (1805-1859)

• Aristocrate, juriste de formation

• 1831 : voyage aux Etats-Unis
De la démocratie en Amérique (2 tomes, 1835 et 1840)
▪ Carrière politique
▪ L’Ancien régime et la Révolution (1856)
De la démocratie en Amérique:
▪ Principe guidant l’évolution des sociétés modernes : démocratie  progression
de l’égalité des conditions entre les individus.
▪ C’est aux Etats-Unis que la démocratie est la plus aboutie  société américaine
révèle les conséquences sociales et politiques de la démocratie.
 Alexis de Tocqueville (1805-1859)
De la démocratie en Amérique:
▪ Comment assurer la cohésion sociale dans une société démocratique ? Aux Etats-
Unis :
▪ Institutions religieuses locales
▪ Associations
▪ Les dangers associés à la démocratie :
▪ Individualisme, repli sur soi des individus
▪ « Despotisme démocratique » : citoyens passifs, qui laissent tout le pouvoir aux
élus
Solutions :
▪ Liberté de la presse
▪ Associations
 Karl Marx (1818-1883)
• Études de droit, journalisme
• Sociologue, économiste, philosophe, historien, théoricien du socialisme allemand
• Principales œuvres :
1844: Sur la question juive
1848 (avec F. Hegel): Manifeste du parti communiste.
1850: Les luttes de classes en France.
1859: Contribution à la critique de l’économie politique.
1867: Le capital.
• Postulat de base: Ce qui se joue dans l’ordre économique détermine l’organisation
et l’évolution des sociétés.
 Les principes du matérialisme historique
La vision du monde n’est pas le produit de la conscience individuelle,
mais de la position sociale que l’on occupe

La société est dynamique, et ses lois changent dans le temps et

l’espace.

L’équilibre de la société repose sur un rapport de force contradictoire,

qui prend forme dans le jeu économique.

Toute analyse sociale doit commencer par le terrain pour élaborer des
théories.
 Déterminisme de la superstructure par l’infrastructure

Institutions juridiques et politiques, religion, culture,

Superstructure idéologie,

Rapports de force de production : constitution de

deux classes en conflit : bourgeoisie et prolétariat

Infrastructure
Organisation économique
Moyens de production, force de travail
Capitalisme et luttes des classes

Moyens de production
(capital, bâtiments, outils, machines)
Production de biens

Force de travail
(main d’oeuvre)

Dans le mode de production capitaliste:

•Les moyens de production sont détenus par un petit
Lutte
nombre de personnes, qui n’ont pas besoin de travailler
pour vivre : la bourgeoisie
des
• Les autres sont aliénés contraints de « vendre leur force classes
de travail » pour vivre : le prolétariat
 Révolution communiste
❖Lutte des classes : la société est divisée en classes sociales antagonistes. Cette lutte des classes est le
moteur du changement social et conduit inévitablement à des conflits révolutionnaires.
❖Aliénation du travail : Marx soutient que le capitalisme aliène les travailleurs de leur propre travail en les
transformant en simples rouages d'un système de production exploiteur, où ils n'ont aucun contrôle sur leur
propre destinée.
❖Révolution prolétarienne : Marx prévoit que le prolétariat, en raison de son exploitation et de son
aliénation croissantes, se révoltera finalement contre la bourgeoisie pour renverser le système capitaliste.
Cette révolution doit conduire à l'abolition de la propriété privée des moyens de production et à
l'établissement d'une société communiste sans classes.
❖Dictature du prolétariat : Marx envisage une période de transition où le prolétariat, après avoir renversé la
bourgeoisie, exercera le pouvoir politique sous la forme d'une dictature du prolétariat. Cette phase transitoire
est nécessaire pour réorganiser la société en vue de l'élimination des classes sociales et de l'établissement du
communisme.
❖Communisme : Une fois que la dictature du prolétariat aura accompli sa tâche de réorganisation sociale et
économique, l'État disparaîtra progressivement et une société communiste sans classes émergera. Dans cette
société, les gens travailleront selon leurs capacités et recevront selon leurs besoins, et il n'y aura plus
d'exploitation ni d'oppression.
Les grands courants de la sociologie

Holisme Individualisme

Interactionnisme
 Holisme

La structure sociale
La société détermine
dépasse la volonté des
l’individu
individus

Manque de liberté et
de l’autonomie de
l’individu
Individualisme
 Interactionnisme
• Ce courant est centré sur l’étude des interactions entre les acteurs sociaux à
travers l’observation des échanges entre les individus des plus simple au plus
complexe.

Les humains se comportent envers les choses selon le sens qui leur
attribuent

Ce sens résulte de l’interaction sociale que chaque individu a avec les

autres

Ces sens sont transformés en fonction des interprétations individuelles

en vue d’interagir dans les différentes situations sociales
 Emile Durkheim (1858-1917)

• Le fondateur de la sociologie comme science à part entière.

➢ Entre à l’Ecole normale supérieure en 1879
➢ Professeur de philosophie, il se passionne pour les sciences sociales
➢Titulaire des premières chaires de sciences sociales et de sociologie
en France : chaire « Science sociale et pédagogie » à l’Université de
Bordeaux, puis chaire « Sciences de l’éducation et sociologie » à la
Sorbonne
➢ 1898 : lancement de la revue L’Année sociologique
 Durkheim : la sociologie comme science du
fait social
« Les manières d'agir, de penser et de sentir, extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un
pouvoir de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui ».

Collectif

Caractéristiques
du fait social

Contraignant extérieur
 Le suicide comme fait social

• Il s’agit de l’étude du suicide en tant que fait social et non pas comme
acte individuel.
• Le taux de suicide varie en fonction de critères sociaux :
➢ Il augmente avec l’âge.
➢ Il augmente avec la taille des villes.
➢ Plus fort chez les hommes que chez les femmes.
➢Plus fort chez les célibataires et veufs que chez les personnes
mariées.
Durkheim : lien social et évolution des
sociétés
Quelles sont les
mécanismes et lois qui
régissent l’évolution de
la société?

Quels sont les fondements du lien

social dans une société marquée
par des changements rapides et
par la montée de l’individualisme?
 Durkheim : lien social et évolution des sociétés
(De la division du travail social, 1893)
Solidarité Solidarité
mécanique organique Division du travail,
Faible différenciation, les différenciation des
individus sont semblables tâches des uns et des
autres

Faible individualisation,
l’individu est immédiatement Spécialisation des
rattaché à sa communauté individus
d’appartenance

L’interdépendance entre
les individus permet la
solidarité sociale
 Max Weber (1864-1920)

• Études de droit, d’économie et d’histoire

• Co-fonde en 1903 la première revue allemande de sociologie, les
Archives de sciences sociales
• Co-fonde en 1908 l’Association allemande de sociologie
• 1919 Chaire universitaire de sociologie à Munich
 M.Weber : une sociologie compréhensive de
l’action sociale
• Weber définit la sociologie comme une « science qui se propose de
comprendre par interprétation l'activité sociale et par là d'expliquer
causalement son déroulement et ses effets »
• Point de départ de la sociologie est l’individu.

Action
L’individu Acteur
sociale
 M.Weber : Définition de l’activité sociale

• Une activité est un comportement humain qui a un sens aux yeux de

celui ou celle qui l’adopte
• Cette activité est sociale si le sens que je lui donne se rapporte au
comportement d’autrui.
 M.Weber : une sociologie compréhensive
Pour comprendre l’activité sociale, il faut comprendre le
sens que les individus assignent à leurs actions.

La compréhension passe toujours par une démarche

interprétative.

le sociologue interprète ce sens à partir de sa connaissance

du contexte, de ce que les individus lui disent, mais il ne
peut se mettre totalement à leur place
M.Weber : les déterminants de l’activité
sociale
Rationnelle
en finalité

Activité Rationnelle
Traditionnelle
sociale en valeur

Emotionnelle
 Structuralisme de BOURDIEU

• Bourdieu cherche à montrer qu’il existe:

• Des « structures objectives » indépendantes de la conscience et de la
volonté des agents.
• Elles imposent aux individus un certain nombre de choses,
• Orientent leurs actions,
• Et les contraignent à agir d’une certaine manière.
• Ces structures agiront par différence dans le façonnage des identités,
• La déclinaison des goûts
• Et le choix des pratiques et des consommations.
 L’habitus
• Par constructivisme:
• Bourdieu cherche à montrer une genèse sociale.
• Les pratiques ne s’imposent pas à l’agent.
• Par le mécanisme de l’habitus, l’individu est amené à « épouser » la
position sociale qui lui correspond.
• Tout un jeu de construction se produit qui a pour effet d’inscrire
l’agent dans un processus qui va le façonner socialement.
 Champ et espace de positions sociales

• La société peut être analysée à partir de l’idée de champ social.

• Quel que soit le domaine d’étude (le sport, le politique, l’école…), on se
trouve en présence d’un marché
• où s’échangent des biens d’ordre économique, culturel, sportif,
symbolique…
• entre des acteurs (les producteurs: hommes politiques, prestataires,
enseignants…)
• et un public (des consommateurs ou des agents : lycéens, sportifs,
cinéphiles…).
• Les acteurs sont en concurrence pour imposer leurs produits et leurs
visions du monde aux autres acteurs et au public.
 Quatre types de capitaux
1. Le capital économique:
• Facteurs de production(terre, usine, travail)
• Et biens économiques possédés (revenu, patrimoine, biens matériels);
2. Le capital culturel:
• Possession de compétences culturelles(l’aisance langagière, par ex.), de biens
culturels (peinture, ouvrages, objets d’art,)ou titres autres diplômes
institutionnels.
3. Le capital social:
Ensemble des relations sociales dont dispose un individu ou groupe.
Ce réseau doit s’entretenir par l’intermédiaire d’un travail de sociabilité ( loisirs
communs, sorties multiples…)
4. Le capital symbolique:
Ensemble de rituels construits sur la reconnaissance et le prestige.
Les domaines d’application de la sociologie
La sociologie rurale
• Elle étudie les paysanneries, le monde agricole, l’identité rurale, l’impact de
mondialisation sur l’agriculture.

La sociologie urbaine
• Elle étudie les phénomènes sociaux dans la ville comme la distribution spatiale
des populations, le commerce, et la concentration du capital, et l’école.

La sociologie des organisations

• Elle étudie les groupement officiels à travers les interactions des acteurs et la
dynamique organisationnelle.

La sociologie de l’éducation
• Elle étudie l’influence de la société sur le système éducatif ainsi que le rôle que
joue l’éducation dans la société.
 Définition de l’éducation
• Selon Durkheim:
« L’éducation c’est l’action exercée par les générations adultes sur celles
qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objectif de
susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états
physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui la société dans
son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné »
Education et sociologie 1922
Cadre scientifique de l’éducation
Pédagogie

Sociologie Didactique

Sciences de
l’éducation

Philosophie Apprentissage

Psychologie
 Objectifs de la sociologie de l’éducation

• La sociologie de l’éducation a pour objectif d’étudier les processus de

socialisation scolaire, les déterminants sociaux des résultats et des
destins scolaires, les rapports pédagogiques, les caractéristiques des
institutions et du personnel éducatif, les relations entre les diplômes
et les postes.
 Cadre institutionnel de l’éducation
Niveau macro-
organisationnel
Société

Système
Niveau méso- éducatif
organisationnel

Niveau micro- Classe

organisationnel
école
Acteurs institutionnels du système éducatif

UNESCO

Gouvernement

AREF

Directions provinciales et
collectivités locales

Etablissements scolaires

La classe
 Les finalités de l’éducation au Maroc

La charte de l’éducation
Le système éducatif du Royaume
du Maroc se fonde sur les
principes et les valeurs de la foi
islamique. Il vise à former un
citoyen vertueux, modèle de
rectitude, de modération et de
tolérance, ouvert à la science et
à la connaissance et doté de
l’esprit d’initiative, de créativité
et d’entreprise.
Le système éducatif du Royaume
du Maroc respecte et révèle
l’identité ancestrale de la
Nation. Il en manifeste les
valeurs sacrées et intangibles : la
foi en Dieu, l'amour de la Patrie
et l'attachement à la Monarchie
Constitutionnelle.
l'éducation cultive les valeurs de
citoyenneté qui permettent à
tous de participer pleinement
aux affaires publiques et privées
en parfaite connaissance des
droits et devoirs de chacun.
 La sociologie de l’école

L’école
L’endroit où
prend place Le sociologue porte un regard objectif sur le
l’éducation système scolaire sans jugement de valeur.
EX: décrire les mécanismes qui font que certains
enfants appartenant à tel milieu social
Institution réussissent systématiquement mieux que
constituée d’un d’autres à l’école
réseau
d’acteurs
 Intérêt de la sociologie de l’école

Les sociologues montrent que la réussite scolaire

résulte des mécanismes sociaux précis, sur lesquels on
peut agir dès lors qu’on le juge souhaitable.
 Les objets d’étude
Le
fonctionnement
de l’école

Profil des Les pratiques

enseignants pédagogiques

Les pratiques Le contenu des

familiales curricula
 Démarche scientifique

Observation des interactions Analyse du contenu des

en classe manuels

Enquête

Analyse des trajectoires des Entretiens avec les élèves, les

élèves enseignants, et les parents
L’enseignement et l’éducation selon Ibnkhaldoune
❖L’Homme est différent de l’animal par sa pensée et sa volonté d’apprentissage qui
lui permet de comprendre son monde.
❖De la pensée naissent les sciences et la production.
❖L’intéret de l’enseignement découle de la volonté de l’Homme à saisir les
caractéristiques du monde ce qui le pousse à tourner vers ceux qui détiennent le
savoir pour apprendre.
❖Il existe une seule science mais l’enseignement est multiples, dans le sens où il
change en fonction des concepts et méthodes utilisées par l’enseignant.
❖Le sous-développement et le déséquilibre de la société influence négativement
l’enseignement (Kairaouane et kortoba).
❖Le raisonnement et le langage sont des facteurs déterminant dans l’acquisition de
la science.
❖Les personnes chargées de fonctions comme les instituteurs parviennet rarement à
s’enrichir.
L’enseignement et l’education selon Ibnkhaldoune
• L'homme possède en commun , avec les attires animaux, les facultés des sens, du
mouvement et de la nutrition; comme eux aussi il a besoin d'un abri, etc. Il se
distingue d'eux par la réflexion, faculté qui le conduit à trouver les moyens de
vivre, et à se les procurer avec le concours de ses semblables. Elle le porte aussi
vers la vie sociale, état qui dispose les hommes à s'entraider, à accepter ce que
les prophètes leur annoncent de la part de dieu.
• Les différences qui existent entre les divers systèmes d'enseignement en ce qui
regarde les termes techniques montrent que l'enseignement lui-même fait partie
des arts.
• les arts n'existent pas chez les gens de la campagne. Donc, pour s'instruire, il faut
se rendre dans une grande ville
• L'enseignement se développent surtout dans les grandes villes.
L’enseignement et l’education selon Ibnkhaldoune
A l'époque où Cairouan et Cordoue étaient les métropoles du Magbreb
et de l'Espagne, la civilisation y avait fait beaucoup de progrès, les
sciences et les arts y trouvaient de grands encouragements et
formaient un océan rempli jusqu'aux bords. Une longue suite de siècles
et les habitudes de la vie sédentaire qui prédominaient dans ces villes
permirent à l'enseignement d'y pousser de profondes racines. Mais la
décadence de ces capitales amena la ruine presque totale de
l'enseignement dans les pays de l'Occident.
L’enseignement et l’education selon Ibnkhaldoune
On voit beaucoup d'étudiants qui, après avoir passé une grande partie de leur vie à
suivre assidûment les cours d'enseignement, gardent le silence (quand on discute
une question scientifique) et ne prennent aucune part à la conversation. Ce défaut
provient de l'instruction défectueuse qu'ils ont reçue et de l'interruption des bnnes
traditions (académiques).

Pour montrer jusqu'à quel point (l'usage d'apprendre par cœur) est porté dans le
Maghreb, nous dirons que le temps pendant lequel les étudiants doivent demeurer
dans les collèges est fixé à seize ans à Fes, tandis qu'à Tunis il n'est que de cinq ans.
Le plus long de ces espaces de temps était devenu nécessaire dans le Maghreb,
pendant les derniers siècles, à cause de la difficulté qui résultait uniquement de
l'imperfection du système d'enseignement.
L’enseignement et l’education selon Ibnkhaldoune
En Espagne, les habitants ont laissé dépérir jusqu'aux derniers restes
de l'enseignement académique et ne s'occupent plus de matières
scientifiques. Cela a eu pour cause le déclin de la civilisation, qui, chez
les musulmans de ce pays, avait commencé depuis plusieurs siècles.
La tradition de l'enseignement n'a pas été interrompue en Orient; les
études y trouvent toujours des encouragements et l'enseignement y
est répandu comme une mer qui déborde. Cette tradition s'y est
conservée, parce que la civilisation n'y a jamais reculé.
 Les courants des théories sociologiques de
l’école
Macrosociologique Microsociologique

La fonction de l’école Acteurs

Structure et système Stratégies des acteurs

Reproduction: socialisation, et division

Choix et trajectoires scolaires
sociale
 Les fonctions de l’école

Reproduction
Education morale: partage des valeurs et intégration sociale

Inégalités sociales: reproduction de l’ordre et de la hiérarchie sociale

 La reproduction des valeurs communes

• Pour Durkheim: l’école en tant qu’institution, a pour fonction

essentielle d’inculquer aux enfants les valeurs morales qui constituent
le ciment de la société. La socialisation scolaire est une éducation
morale.
• Selon Passeron (sociologue américain): en tant qu’agence de
socialisation, l’école doit inculquer aux enfants le loyalisme: c’est-à-
dire mettre en priorité l’ intérêt collectif au détriment des désirs
individuels.
La reproduction des valeurs communes

Les inégalités sociales

La sélection scolaire repose
constituent un problème
sur la méritocratie
social.

Plus l’école est équitable plus

cela impact positivement le
développement
socioéconomique
 Reproduction des inégalités sociales

Un vecteur d’émancipation individuelle, de progrès et de

mobilité sociale

L’école

Une instance de contrôle et de reproduction des

inégalités sociales
 Perspective Marxiste

L’ordre social repose sur le pouvoir du groupe dominant

L’école permet au groupe dominant de reproduire leur

domination conformément à leurs intérêts.

L’école est un appareil idéologique de l’Etat qui répartit

les individus dans différents postes de la division sociale.
 Perspective Marxiste

Bourgeoisie
L’école divise chaque
génération entre ceux
qui sont destinés de par
leur origine sociale
d’appartenir à
Prolétariat
 L’école divise par l’apprentissage
• En lecture, le contenu des textes et le langage valorisé par les
enseignants font que les enfants issus des milieux défavorisés
éprouvent des difficultés précoces.
• L’école inculque aux élèves des valeurs et savoir-etre adaptés à leur
rôle social:
➢ On apprend aux futurs ouvriers la soumission à la règle.

➢ On apprend aux futurs dirigeants l’autonomie et la créativité.

 L’école légitime la hiérarchie

• Selon Weber: les rapports de force existant dans toute société

doivent, pour être durable, se doubler d’une justice symbolique.
• Les acteurs sociaux donnent un sens aux inégalités sociales par
l’intériorisation d’une hiérarchie de valeurs permettant de définir les
personnes dont on estimera qu’il est légitime qu’elle occupe une
place dominante dans la société.
• Se sont les groupes dominants qui définissent ces valeurs et les
imposent à toute la société.
 L’école légitime la hiérarchie

• Un moyen
d’imposition de ces
valeurs symboliques
L’école • Se situe dans le champ
culturel des symboles
et des significations
Le concept d’héritier selon Bourdieu et Passeron

Livres

Les enfants issus des milieux aisés

disposent d’un capital culturel favorable Outils Héritage culturel Voyages
à l’apprentissage et la réussite scolaire

Médias
 L’héritage culturel
• Selon Pernoud: L’héritage culturel comprend plusieurs facettes:

L’inégale maitrise des outils intellectuels

• Les enfants des milieux aisés maitrisent un langage adapté aux
exigences de l’école.
L’habitus
• L’adhésion au savoir comme fin en soi.
• Anticiper le futur en fonction de l’expérience vécue dans le présent
 L’école est un espace pour des stratégies
d’acteurs
• Selon Boudon: l’explication d’un phénomène social suppose la
reconstruction des motivations et des raisons paramétrées par le
contexte.
• Les choix scolaires dépendent d’un processus de prise de décision qui
repose sur un calcule coûts/avantages:
➢Avantages et inconvénients présents et futurs d’ordre financier,
psychologique, et de mobilité sociale.
➢ Les risques d’échec scolaire.
➢ L’appartenance sociale.
 Le phénomène d’auto-séléction socialement
différencier
• Ce phénomène dépend de plusieurs facteurs

Le rendement • Plus faible dans les milieux populaire où l’insertion est moins
bonne à diplôme comparable.
des études
Le degré de • Plus fort dès lors que les inégalités sociales de réussite
subsistent, et quand la situation est incertaine quand le niveau
risque de l’élève est moyen

La sensibilité aux • En termes de temps et de prix.

• Les familles riches peuvent risquer dans des trajectoires long.
coûts des études Tandis que les familles populaires seront sensibles aux coûts.
 Les programmes, et les pratiques
pédagogiques
• 1960 l ’apparition de la sociologie du curriculum.
• Postulat: les programmes et les pratiques pédagogiques contribuent à maintenir
la hiérarchie et l’ordre social.
• Le curriculum définit ce qui est de l’ordre de la connaissance et du savoir à
enseigner. Il comprend les objectifs, les pratiques pédagogiques, le contenu, les
situations, et les évaluations.
Curriculum
formel

Curriculum Curriculum
caché réel
 Le curriculum caché

• Consolide la hiérarchie: les élèves acceptent d’etre comparé en

permanence et classé selon une logique qui correspond souvent au
classes sociales.
• Véhicule des normes de comportement: arriver à l’heure, respecter
les consignes, soumission à l’autorité.
• Incorpore des jugement de valeurs sur l’importance des disciplines:
matière principale et secondaire, travail intellectuel et manuel
Pratiques pédagogiques et rôles sociaux
Enfants de Enfant de
familles familles
aisées populaires
Dirigeants ouvriers

Pédagogie par
projets et de Pédagogie par
résolution de compétences
problème

Savoir-etre,
Savoir-faire
pensée critique
Les dimensions sociales du travail de
l’enseignant
Pratiques
des
enseignants
L’organisation
du travail en
milieu scolaire
est une
construction
Interactions sociale
avec les
autres
acteurs
 Les conditions de travail des enseignants
• Les principaux facteurs déterminant la charge de travail des enseignants
sont, notamment :
• les facteurs matériels et environnementaux (par exemple, les ressources
financières, qualité des équipements et des infrastructures);
• les facteurs sociaux (par exemple la situation socio-économique du milieu
d’implantation de l’école);
• les facteurs liés à l’objet de travail (par exemple, la taille des groupes);
• les phénomènes résultant de l’organisation du travail (par exemple, la diversité
des tâches autres que celle d’enseigner…surveillance dans les examens ou dans
la cour de récréation…);
• les exigences formelles ou bureaucratiques à accomplir (par exemple, le respect
des horaires, l’évaluation des élèves, les réunions pédagogiques);

87
 Exigences induites par l’organisation de la tâche
enseignante
• la forte dimension interactionnelle de la tâche;
• la tâche exige une bonne capacité d’adaptation;
• la tâche comporte un fort caractère normatif (proposition, voire imposition de valeurs et
de normes);
• la tâche exige une capacité à se centrer à la fois sur le groupe et sur un élève en particulier
(il s’agit d’un des dilemmes centraux de l’enseignant);
• la tâche se caractérise par le rôle majeur qu’y joue la structuration langagière et
symbolique des situations (enseigner c’est être en quelque sorte un «maître de discours»);
• la tâche en présence des élèves en classe se caractérise par une relative instabilité (le
cadre d’une leçon n’est jamais donné mais doit toujours faire l’objet d’une construction
interactive);
• les tâches sont à la fois multiples et entrelacées;
• l’enseignant doit assumer une responsabilité professionnelle face à l’objet de son travail
(les élèves).

88
 Les dimension sociales du travail de l’enseignant
• L’enseignant doit établir une relation positive avec les élèves pour favoriser
leurs apprentissages. Ceci suppose la compréhension du profil
La relation
pédagogique
psychologique et social des élèves afin de garantir un environnement positif.

• L’enseignant doit gérer les interactions en classe en mettant en valeur tous

les élèves peu importe leur classe social, leur genre, ou leur origine
Les
interactions ethnique.

• l’enseignant doit communiquer avec les parents pour comprendre les

conditions de vie sociale de l’élève et d’avoir un relai pour le suivi de l’élève à
La diversité
culturelle
l’extérieur de l’école
Les facteurs culturels qui ont un effet sur le
comportement des élèves.
Les différences
linguistiques

Les valeurs Les styles

éducatives d’apprentissage

Les normes
La perception de
comportemental
l’autorité es
 Les valeurs des élèves

La
L’écoute L’honneteté
réussite

La
La coopération La tolérance
discipline

La
La responsabilité Le respect
créativité
Aspects sociaux de l’école
Diversité
d’acteurs

Contrôle Hiérarchie

Jeux de
collaboration
pouvoir
 Bibliographie
• Durkheim, E. (1898). Les règles de la méthode sociologique. Paris: Félix Alcan.
• Bourdieu, P. (1970). La reproduction: éléments pour une théorie du système
d'enseignement. Paris: Les Éditions de Minuit.
• Apple, M. W. (1982). Education and power. London: Routledge.
• Willis, P. (1981). Learning to labor: How working-class kids get working-class jobs.
New York: Columbia University Press.
• Bourdieu, P., & Passeron, J. C. (1990). Reproduction in education, society, and
culture. London: SAGE Publications.
• Lareau, A. (2011). Unequal childhoods: Class, race, and family life. Berkeley, CA:
University of California Press.
• Plaisance.E et Vergnaud.G (2012); Les sciences de l’Education; ED: La découverte;