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Chapitre I.

l’analyse juridique du processus de liquidation d’une société


anonyme
En adhérant à l’OHADA, la RDC bénéficie des avantages de cette
harmonisation du droit des affaires. Et ainsi les sociétés anonymes en RDC sont soumises aux
principes et aux règles régissant les sociétés commerciales tel que prévu dans l’acte uniforme.
Cette forme des sociétés est le plus couramment utilisées pour mener des activités
commerciales à grande échelle. Ainsi la société anonyme constitue le véhicule dont il est fait
le plus couramment usage pour des investissements substantiels. L’intérêt que présente une
telle structure par rapport à la société en nom collectif, à la société en commandite simple ou
encore aux sociétés non immatriculées au registre de commerce et de crédit mobilier est que
la société anonyme est une société à responsabilité limitée. Les actionnaires ne perdront que
leur mise en cas de faillite de la société et ne pourront pas être poursuivis individuellement
par les créanciers sociaux pour le paiement des dettes de la société. 1

Ce dans cette optique que notre présent chapitre consiste à introduire en


premier ce que l’on entend par société anonyme, sa constitution, son fonctionnement ainsi que
sa défaillance qui se produit lorsque l’entreprise ne parvient pas à honorer ses obligations
financières,2 résultant des difficultés économiques, d’une mauvaise gestion financière, d’une
concurrence accrue, de changements dans l’environnement commercial ou d’autres facteurs
(section I). En second nous aurons à analyser les procédures de liquidation de la société
anonyme en passant par les différents acteurs impliqués, les effets de cette liquidation et enfin
les étapes de la liquidation judiciaire (section II).

Section I. la constitution et les préventions des difficultés de l’entreprise


La société anonyme est défini dans l’article 385 de l’Acte uniforme relatif aux
sociétés commerciales et groupement d’intérêts économique comme celle « dans laquelle les
actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont
les droits des actionnaires sont représentés par des actions. La société anonyme peut même
n’avoir qu’un seul actionnaire ». Cette forme de société se distingue par certaines
caractéristiques qui lui sont propres et qui se présente de la manière suivante :

- La limitation de l’étendu de la responsabilité des actionnaires à leurs apports ;

1
LEBAR B., Droit des sociétés et de l’arbitrage International. Pratique en droit de l’ohada, joly, Paris, 2011,
p.153.
2
Lexique droit du travail, Tissot, www.editiontissot.com. Consulté le 10 juin 2023 à 15h30.
- La représentation des titres sociaux par les actions lesquelles revêtent un caractère
négociable et transmissible ;
- La reconnaissance de la forme unipersonnelle ;
- La primauté de l’apport par rapport à la personne de l’apporteur. Ce qui la différencie
des sociétés des personnes telles que la SNC et la SCS.
- Les évènements qui atteignent personnellement les actionnaires (comme la faillite
personnelle) n’entrainent pas la dissolution.3

Lors de la création d’une entreprise, la constitution solide de ses fondations est essentielle
pour assurer sa viabilité à long terme. Cependant, les défis et les difficultés peuvent survenir à
tout moment de la vie d’une SA, mettant en péril sa survie même. Il est donc crucial d’adopter
une approche proactive en mettant en place des mesures préventives afin de prévenir ces
difficultés.

C’est dans cette optique que cette section traitera de la constitution de la société anonyme et
des préventions des difficultés de l’entreprise.

§1. La constitution de la société anonyme

La constitution de la société anonyme selon le régime de l’OHADA implique


certaines étapes et formalités que l’on peut structurer en deux points essentiels, ainsi nous
avons d’une part les conditions d’existences de la société anonyme et de l’autre la réunion des
différents organes intervenant dans son fonctionnement.

a. Les conditions d’existence d’une société


Ces conditions peuvent être regroupés en deux principales conditions qui sont
les conditions de fonds et les conditions de formes.
1. Les conditions des fonds

La société anonyme se construit dans le strict respect des conditions prévues


dans l’article 8 du code civil livre III se présentant de la manière suivante :
 Le consentement :
Comme dans tout contrat, le contrat de société suppose la manifestation de
volonté de chacune des parties de manière libre et sincère. En cas de vice du consentement

3
SAKATA M. TAWAB Garry société anonyme droit de l’OHADA et droit complémentaire congolais, Presse
universitaire de Kinshasa, 2019, p.8.
(erreur, dol ou violence), le contrat de société peut être annulé, sauf dans le cas d’une société
à responsabilité limitée ou d’une société par action.4
 La capacité juridique :
L’article 7 pose le principe d’accès en qualité d’associée au sein des sociétés
commerciales en ce terme : « une personne physique ou morale ne peut être associée dans une
société commerciale, lorsqu’elle fait l’objet d’une interdiction, incapacité ou incompatibilité
prévue par une disposition légale ou réglementaire. » Cependant pour une SA aucune
condition de capacité n’est en principe exigée étant entendu que les actionnaires ne sont
forcément des commerçants, ainsi l’on tient également compte de la capacité civile. Dès lors
peuvent être actionnaires les mineurs, les interdits, les prodigues, les époux, les avocats, les
personnes morales, les fonctionnaires, les étrangers.5
 L’objet de la société :
C’est l’activité principale pour laquelle, elle a été créée. il doit être librement
défini par les associés dans le statut de la société.6
 La cause du contrat :
C’est la raison pour laquelle la société est constituée, elle doit être effective,
licite et morale. Une obligation sans cause ou sur une fausse cause ou sur une cause illicite,
ne peut produire aucun effet et donc la cause doit, non seulement exister, mais aussi, être
licite. Car l'absence de cause peut entrainer nullité.

Cependant au-delà des conditions communes du contrat, nous retrouvons d’autres conditions
spécifique pour la création d’une société :

 Le nombre d’actionnaires
Dans notre ancien droit pour constituer une société anonyme il était exigé au
moins 7 actionnaires, mais avec l’Acte Uniforme de l’OHADA, il est désormais admis qu’une
SA soit constituée par deux ou plusieurs personnes physiques ou morales, soit par une seule
personne tel est le cas d’une SA unipersonnelle.7
 La prestation des apports :
Les apports sont le support et matériel de la société. Et donc constitue
l’opération par laquelle une personne met à la disposition soit de la société, si la société est
pourvue d’une personnalité morale, soit de l’ensemble des associés si elle ne dispose pas de la
4
BEATRICE et FRANCIS GRANDGUILLOT, L’essentiel du Droit des sociétés commerciales, autres sociétés,
groupements, Gualino lextenso 16ème édition, Paris, 2018, P.20.
5
SAKATA M. TAWAB Garry, op cit., p.30.
6
Article 20 de l’AUSCGIE.
7
LUKOMBE NGHENDA, Droit congolais des sociétés, tome I, Kinshasa, PUC, 1999.
personnalité, certains éléments patrimoniaux et les soumets aux aléas sociaux. 8 Pour faire un
apport les associés sont tenus de suivre deux étapes ; premièrement la souscription qui est
l’engagement ou la promesse faite par le futur actionnaire d’apporter un bien meuble ou
immeuble et ensuite la libéralisation qui est l’exécution de cette promesse et entraine la
dépossession effective au profit de la société.

En plus, le droit des sociétés distingue trois types d’apports, à savoir les apports
en numéraire, les apports en nature et les apports en industrie. 9 Mais à la lumière des articles
50-1 et 389 alinéa 5, précise que les apports en industrie sont interdits dans les SA. Ainsi au
moment de la constitution de la société l’on doit procéder à la libéralisation d’au moins un
quart de l’apport en numéraire et la libéralisation du surplus intervient dans un délai
n’excédant pas trois ans à compter de l’immatriculation de la société au registre du commerce
et du crédit mobilier, contrairement aux apports en nature qui doivent être libérés
intégralement lors de la constitution de la société.

 La participation aux résultats :


La constitution d’une société en particulier la SA vise en tout premier lieu un
but lucre, qui consiste principalement à l’accroissement de la fortune ou du patrimoine des
actionnaires. Ainsi en cas de réalisation des bénéfices, les actionnaires doivent se les partager
proportionnellement à l’apport de chacun. Toutefois, il est interdit de procéder à la
distribution des dividendes alors que la société n’a pas réalisé des bénéfices au risque de
commettre l’infraction pénale de distribution des dividendes fictifs. 10 Tout au long de la vie
sociale, il est possible que les actionnaires ne réalisent pas les profits espérés mais subissent
plutôt des déboires et des pertes. Etant donné qu’il n’y a aucun bénéfice à se les partager, les
actionnaires doivent contribuer aux pertes proportionnellement à leurs apports. Il est patent de
constater qu’il n’est possible qu’à partir de l’examen des comptes d’un seul, exercice,
d’établir que le capital est entamé, c’est seulement à la liquidation de la société que se
déterminera la contribution de chaque associé aux pertes éventuelles. Par conséquent au cours
de la vie sociale c’est à la société de prendre en charge les pertes sur son actif propre.11
 L’affectio societatis,
A la création de la société, les associés sont tenus de collaborer de manière
effective pour la bonne administration de la société. L’affectio societatis implique l’idée de
8
J. MALHERBE et M. WYCKAERT, Droit des sociétés. Précis. Droit européen. Droit belge, 4ème édition,
Bruxelles, Bruylant, 2016, p.239.
9
Article 40 de l’AUSCGIE.
10
Article 144 alinéa 3, ibidem.
11
SAKATA M. TAWAB Garry, op.cit., p.42.
travailler sur un même pied d’égalité dans l’intérêt commun de la société. VAN RYN note à
juste titre que « l’esprit de collaboration et d’égalité qui doit régner entre les associés demeure
une règle féconde, car elle tient à l’essence de tout groupement humain constitué en vue d’une
fin commune. Elle permet de réprimer les abus ; elle empêche que les intérêts des uns soient
illégitimement sacrifiés pour les autres ».12
2. Conditions des formes
Les conditions de forme lors de la constitution de la société sont relatives à la
rédaction des statuts, son contenu et les procédures qui conduisent à la reconnaissance
juridique de la personne morale.

 La rédaction des statuts

Selon les dispositions de l’article 10 de l’AUDSC, sauf dispositions nationales


contraires, les statuts peuvent être établis sous deux formes : la forme notariée ou sur la forme
sous seing privée. Les statuts d’une société sont un contrat exprimant la volonté des parties,
en l’espèce les actionnaires, il représente aussi l’acte de création de la société. Car, c’est à
partir de la signature de statut ou adoption par l’assemblée constitutive que la société est
constituée. Mais elle ne sera opposable aux tiers qu’après l’obtention de la personnalité
morale.
Le statut contient certaines mentions obligatoires telles que :
 La forme de la société qui doit revêtir l’une des cinq formes prévues par l’AUSCGIE
à savoir SNC, SCS, SARL, SA, SAS.
 La dénomination sociale c’est le nom de la société, les actionnaires ont la liberté de
donner à leur société le nom de leur choix, mais il leur est interdit de prendre le nom
d’une société déjà immatriculée au RCCM sinon ce serait une concurrence déloyale
fondée sur la confusion des noms.
 L’objet social qui doit être licite, précis et déterminé pouvant être modifié par les
actionnaires dans les mêmes conditions prévues pour la modification des statuts.
 Le siège social qui est le domicile légal de la société, lequel est distinct de celui des
associés, il doit donc être localisable par une indication géographique précise. Il peut
être modifié par les organes d’administrations, être transféré à un autre endroit de la
même ville ou à l’extérieur du pays avec l’accord unanime des associés.13
 La publicité de l’acte et acquisition de la personnalité juridique
12
P. HAUNAUT HAMENDE et G. RAUCQ, les sociétés anonymes constitutions et fonctionnement, Bruxelles,
Larcier, 2005, p.146.
13
Article 13 de l’AUSCGIE.
les formalités de publicité sont prescrite dans le but d’informer les tiers de la
création de la société, mais aussi pour permettre à ceux qui contractent avec la société, d’en
connaître les structures et conditions de fonctionnement et en cas de non-respect des certaines
formalités, il y aura l’application des sanctions surtout si ces formalités portaient sur les
conditions de création de la société ou de la modification de statut, cela n’entraînera pas la
nullité, mais un délai d’un mois à compter de la mise en demeure leur sera adressé afin de
procéder à la régularisation. Après cette procédure de publicité vient celui de la déclaration de
régularité et de conformité avec les dispositions de l’acte uniforme.
Cette déclaration est écrite et déposée au RCCM par les fondateurs ou les premiers dirigeants
de la société.14 Afin de permettre l’immatriculation de la société et l’acquisition de la
personnalité juridique qui constitue la phase finale dans le processus de la constitution d’une
société et une obligation pour la SA.
L’absence de déclaration où le non dépôt de celle-ci entraîne comme sanction, le rejet de la
demande d’immatriculation.
b. Les organes de la société
Les organes d’une société anonyme sont les entités qui participent à sa gestion
et à la prise des décisions de l’entreprise. Ainsi nous distinguons des organes des gestions et
d’administration ainsi que les organes des décisions et de contrôle.

1. Les organes des gestions et d’administration

Les sociétés anonymes sont administrées par des personnes physiques ou des
personnes morales. Dans ce dernier cas, les personnes morales doivent désigner, pour la durée
de leur mandat, un représentant permanent qui encourra les mêmes responsabilités que s’il
était lui-même administrateur en son nom propre.15
Le principal organe de gestion de la société anonyme est le conseil d’administration. Il s’agit
d’un organe collégial qui comporte au minimum trois membres et au maximum douze
membres.16 Les administrateurs sont désignés par l’assemblée générale ordinaire. La
composition du premier conseil d’administration peut, cependant, être indiquée dans les
statuts de la société.17

14
Article 73, alinéa 2 et 3 de l’AUSCGIE.
15
A.F. NGOMO, Guide pratique du droit des sociétés commerciales au Cameroun, PUA Yaoundé, 1996, p. 165,
16
A. FENEON, Droit des sociétés en Afrique (OHADA), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), LGDJ, 2015, p.
744.
17
F. ANOUHAKA, « Les sociétés de personnes », in Sociétés commerciales et G.I.E., Bruxelles, Bruylant, 2002,
p. 417.
Le conseil ainsi composé nomme parmi ses membres un président, personne physique. Aucun
poste de vice-président n’est par contre prévu. A cet égard, la CCJA est venu préciser, dans un
avis rendu le 26 avril 2000, que la création d’un tel poste dans les statuts de la société violerait
la loi.18
Le conseil d'administration dispose d'un pouvoir de gestion interne de la société et d'un
pouvoir de représentation externe. En effet, il a le pouvoir d'accomplir tous les actes
nécessaires ou utiles à la réalisation de l'objet social de la société, à l'exception de ceux que la
loi réserve à l'assemblée générale des actionnaires 19. Toutefois, le conseil n’agit pas et ne
traite pas avec les tiers, ce rôle étant dévolu à l’organe de direction 20. Mais il peut représenter
la société à l'égard des tiers et en justice, en tant que demandeur ou défendeur.
En outre les statuts peuvent toutefois apporter des restrictions aux pouvoirs de
gestion interne du conseil d'administration. Celles-ci n'auront en principe d'effets qu'au niveau
interne et seront inopposables aux tiers, même si elles ont été publiées.
Par ailleurs, l’Acte uniforme offre aux fondateurs de société anonyme, désireux de simplifier
la structure de gestion de la société et d’attirer des investisseurs étrangers, le choix de nommer
un administrateur général en lieu et place du conseil d’administration.
La direction de la société anonyme, quant à elle, est assurée soit par le président du conseil
d’administration, appelé président directeur général (PDG), soit par un directeur général (DG)
autre que le président du conseil d’administration.
Le président directeur général (PDG) est désigné par le conseil d’administration parmi ses
membres. Il est nécessairement une personne physique. La durée de son mandat est identique
à celle du mandat d’administrateur, avec possibilité de renouvellements. Il est révocable ad
nutum, c’est-à-dire sans préavis, sans motivation et sans une quelconque indemnité, par le
conseil d’administration.
En cas d’empêchement temporaire du PDG, ses fonctions peuvent être déléguées à un autre
administrateur. De même, si le PDG décède, démissionne ou est révoqué, le conseil nomme
un nouveau PDG ou délègue un autre administrateur dans les fonctions du PDG.
Le directeur général (DG) est lui aussi désigné par le conseil d’administration. Mais
contrairement au PDG, il ne doit pas être nécessairement un administrateur ou même un
actionnaire de la société. Il doit toutefois être une personne physique.

18
CCJA, Avis n°02/2000/EP du 26 avril 2000, 2ème question.
19
Article 435 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique.
20
R. RODIERE et B. OPPETIT, Droit commercial, groupements commerciaux, Précis Dalloz, 10ème éd. Paris,
1980, p. 199.
A l’instar du PDG, le DG assure, sous sa responsabilité, la direction générale de la société et
la représente dans ses rapports avec les tiers. Pour ce faire, il dispose des pouvoirs les plus
étendus. Il les exerce dans la limite de l’objet social et sous réserve des pouvoirs du conseil
d’administration, de ceux de son président et des prérogatives des assemblées des
actionnaires.
Le DG est, tout comme le PDG, révocable ad nutum, c’est-à-dire sans préavis, sans
motivation et sans une quelconque indemnité, par le conseil d’administration. Précisons que
s’il est révoqué, alors même que ce point n’était pas inscrit à l’ordre du jour de la réunion,
cette révocation dans le silence de l’ordre du jour est régulière et ne saurait relever d’un abus
de droit.21
En outre, la révocation du directeur général d'une société anonyme peut être
précédée d'une suspension de ses fonctions. Cette dernière mesure relève de la compétence du
conseil d'administration ou du président dudit conseil.
Par ailleurs, la révocation d'un dirigeant social ne peut donner lieu à des dommages et intérêts
que si la décision de révocation est irrégulière pour cause de non-respect des conditions de
révocation ou si elle constitue un abus de droit.22
Pour prouver l’abus de droit23, il convient d’établir l’intention de nuire. Dans la mesure où
cette preuve est difficile à apporter, elle peut être déduite des mesures malicieuses ou
vexatoires ayant précédé ou accompagné la revocation.24
2. Les organes des décisions et de contrôles
C’est l’assemblée générale qui est chargés de prendre des décisions concernant
l'orientation générale de la société. Celui-ci a un rôle essentiellement interne.
L’Assemblée Générale regroupe, normalement, tous les associés. Cependant, la loi reconnait
aux associés un certain nombre de prérogatives compte tenu du fait qu’ils sont fondateurs
nous pouvons citer par exemple les prérogatives politiques qui leurs confèrent le droit à la
prise de décisions collectives par le mécanisme de vote, le droit d'être informés sur les affaires
sociales, le droit aux bénéfices, le droit de rester associé, et le droit de ne pas voir ses
engagements être augmentés sans son consentement, le droit au boni de liquidation ainsi que

21
Cour d'Appel d'Abidjan, arrêt du 28 novembre 2003, arrêt n° 1247, M. STÉPHANE EHOLIE C/ LA
SOCIÉTÉ GITMA, Ohadata J-03-347.
22
B. LE BARS, Droit des sociétés et de l’arbitrage international. Pratique en droit de l’Ohada, Joly, Paris,
2011, p. 198.
23
Ph. REIGNE, Révocabilité ad nutum des mandataires sociaux et faute de la société, Rev. sociétés, 1991, p.
499.
24
Com. 27 mars 1990, JCP, 1990, II, p. 21537, note Y. Guyon ; Com. 4 janvier 1995, Rev. Sociétés, 1996, p. 46.
le droit de mobiliser ses droits sociaux (actions) soit par la cession, soit à travers le
nantissement.
Par contre le contrôle des activités de la société est assuré par le commissaire
au compte qui à l'issue de tout contrôle, doit établir un rapport général de cette mission et ce
rapport sera adressé à l'Assemblée générale des associés et une copie sera déposée au greffe
du tribunal de commerce.25
La loi impose au dirigeants sociaux d'adresser au commissaire au compte une copie de ses
états financiers de synthèses au moins 45 jours avant la tenue de l'Assemblée générale qui
devra statuer sur les états financiers de synthèse ainsi que le rapport de gestion. Et ce, à la fin
de la clôture de l’exercice annuelle (pendant les six mois précédents).26
Censés effectuer un contrôle comptable à priori, les commissaires aux comptes sont
aujourd’hui amenés à surveiller la gestion. Ainsi en est-il de l’obligation qui leur incombe
désormais de déclencher la procédure d’alerte lorsque la situation de la société semble
périlleuse sur le plan financier. En effet c’est une procédure qui résulte de la détection des
situations auxquelles font face l’entreprise. Etant le contrôleur des opérations financières et
économiques, il est à même de connaitre parfaitement la situation de l’entreprise.
Le commissaire aux comptes pour déclencher l’alerte, dispose d’un pouvoir d’investigation
que le statut de la société ne peut restreindre, car il a un caractère d’ordre public et peut
s’exercer dans trois directions.27
L’article 718 de l’AUSCGIE dispose en son alinéa 2 que pour l’accomplissement de ses
contrôles et vérifications, le commissaire aux comtes peut sous sa responsabilité se faire
assister ou représenter par tels experts ou collaborateurs de son choix qu’il fait connaitre
nommément à la société.
Afin de mener à bon portant la procédure d’alerte, le législateur a opéré une
distinction en fonction de l’origine de l’alerte, qu’elle soit émise par les commissaires aux
comptes ou par les associés.
Pour le premier c’est une obligation ou un devoir tandis que pour le second c’est un droit ou
une simple faculté.
La procédure d’alerte déclenché par les commissaires aux comptes est plus
tatillonne. Ainsi lorsqu’il a relevé un fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. Il demande des explications, soit au président du conseil d’administration, soit

25
https://www.actualitésdroitohda.com le contrôle de la société anonyme. Consulté le 20 avril 2023.
26
Article 140 de l’AUSCGIE.
27
PHILIPPE. MERLE, Droit commercial, sociétés commerciales, Dalloz 9ème édition, paris, 2003, p.511.
au président directeur général.28 La demande d’explication est adressée aux personnes
susmentionnées sous la forme, d’une lettre au porteur contre récépissé ou bien sous la forme
d’une lettre recommandée avec demande d’avis de réception. 29 Un tel dispositif servira de
moyen de preuve, en cas de conflit entre les commissaires aux comptes et ces derniers.
Il est important de souligner qu’un délai de quinze jours est prévu par le législateur
OHADA, afin de permettre au président du conseil d’administration, au président directeur
général ou à l’administration général de répondre à la demande d’explication du
commissaire aux comptes. Ce délai présente un avantage celui d’être courte ce qui permet à
ce dernier de prendre les mesures nécessaires tendant à prévenir les dirigeants sociaux, les
actionnaires et le cas échéant la juridiction compétente. 30 En cas de silence des personnes
visées ci-haut, ou lorsque le commissaire aux comptes estime que les éclaircissements
fournis ne sont pas satisfaisants, il invite le PCA ou le PDG à faire délibérer le conseil
d’administration ou encore l’administrateur général ou président à se prononcer sur les faits
constatés et ceci dans un délai de quinze jours suivant la réception de la réponse ou de
l’absence de réponse. Le commissaire aux comptes peut être convoqué à la séance de
délibération sur les faits relevés lorsque l’administration et la direction générale sont assurés
par un administrateur général. Un extrait du procès-verbal des délibérations du conseil
d’administration ou de l’administrateur général, selon le cas est adressé aux commissaires
aux comptes dans le mois qui suit.31
Si en dépit des décisions prises, les commissaires constatent que la continuité de
l’exploitation demeure compromise, il établit un rapport spécial qui est présenté à la
prochaine assemblée générale ou, en cas d’urgence à une assemblée des actionnaires qu’il
convoque lui-même pour soumettre ses conclusions, après avoir vainement requis la
convocation auprès du conseil d’administration et d’administrateur général.32

Au devoir d’alerte du commissaire au compte s’ajoute le droit d’alerte des


associés.
Le droit d’alerte est une simple faculté offerte aux associés ou aux actionnaires, ils sont donc
entièrement libres de l’utiliser ou de ne pas l’utiliser, sans engager leur responsabilité. 33
Aussi bien dans les SA que dans les autres sociétés, tout associé ou actionnaire peut deux
28
FILIGA M. SAWADOGO, le droit OHADA des entreprises en difficulté : prévention, procédure collectives,
sanctions, p. 31.
29
Article 153 de l’AUSCGIE.
30
Article 151, ibidem.
31
Article 155, Ibidem.
32
Article 156, alinéa 1, ibidem.
33
FILIGA M. SAWADOGO, ibidem, p. 32.
fois par exercice, adresser un par écrit, des questions aux gérants sur tout fait susceptible de
compromettre la continuité de l’entreprise ou de l’exploitation. Les éclaircissements doivent
être fourni dans un délai de quinze jours, est adressée avec une copie de la question à
l’associé ou à l’actionnaire ainsi qu’au commissaire aux comptes.34
Cette procédure d’alerte est confidentielle et d’efficacité limitée. Elle permet tout au plus à
l’associé de prendre date, en montrant qu’il a été conscient des difficultés à un moment ou
les dirigeants se sont montrés trop optimistes.35
Toutefois dès lors que la procédure d’alerte est déclenchée les dirigeants sociaux doivent
prendre des mesures pour remédier à cette situation.
§2. Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise

Ces procédures jouent un rôle crucial dans la préservation de la viabilité


économique et financière des entreprises en difficulté. Dans un environnement économique
complexe et concurrentiel, de nombreuses entreprises peuvent faire face à des difficultés
financières, opérationnelles ou juridiques qui mettent en péril leur survie. Afin de prévenir la
faillite et de favoriser la restructuration, le droit des entreprises en difficulté de l’OHADA
propose deux différentes procédure qui vise à résoudre ces difficultés et à permettre la
continuité de l’activité économique.

a. Les mesures préventives

Ces mesures sont destinées à sauvegarder les entreprises en difficulté et à


apurer leur passif avant la cessation des paiements, l’acte uniforme sur les procédures
collectives d’apurement du passif on a répertorié deux : le règlement préventif et la
conciliation.36

1. La conciliation

La conciliation est ouverte pour les entreprises qui connaissent des difficultés
afin de trouver un accord amiable entre le débiteur et ces principaux créanciers ou
cocontractants.37 Elle a pour objectif principal d’éviter une procédure de redressement
judiciaire ou de liquidation en trouvant des accords avec les créanciers et autres parties

34
Article 158, op.cit.
35
Y. GUYON, Droit des affaires, tome 2 : Entreprises en difficultés. Redressement judiciaire, Faillite, Economica,
ème
9 éd., 2003, n°1059.
36
Article 5 de l’AUPCAP.
37
Article 5-1 de l’AUPCAP.
prenantes. Ces accords sont trouvés par le biais d’un conciliateur désigné par le président de
la juridiction compétente.38
Le conciliateur rend compte régulièrement, au président de la juridiction compétente, de
l’état d’avancement de sa mission et formule toutes observations utiles. Si le conciliateur ou
le débiteur sont informés de la survenance de la cessation des paiements, ils en informent le
président de la juridiction compétente qui met fin sans délai à la conciliation et à la mission
du conciliateur.39 Toutefois si pendant la période de recherche d’un accord, le débiteur fait
l’objet d’une mise en demeure ou de poursuites par un créancier, le président du tribunal peut
sur demande du débiteur suspendre les paiements dus et ordonner la suspension des
poursuites engagées par ledit créancier. 40 Néanmoins lorsque les parties ne parviennent pas à
trouver un accord ou en cas d’inexécution de l’accord, le président du tribunal peut mettre fin
à la mission du conciliateur ou en prononcer la résolution. Si la résolution est prononcée, les
créanciers recouvrent l’intégralité de leurs créances, déduction faite des sommes perçues. Et
on assiste à l’ouverture d’une procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire
ou de liquidation des biens mettant fin de plein droit à la conciliation. 41
2. Le règlement préventif

Le règlement préventif est une procédure ouverte au débiteur qui fait état de
difficultés financières ou économiques sérieuses, même s’il n’est pas en état de cessation des
paiements. La juridiction compétente est saisie par le dépôt d’une requête au greffe, soit par
le débiteur lui-même soit conjointement avec un ou plusieurs de ses créanciers, et un
récépissé est délivré. Dans cette requête, le débiteur expose les difficultés financières ou
économiques auxquelles il est confronté, ainsi que les perspectives de redressement de
l’entreprise et de règlement de ses dettes.42
Cette procédure se décompose en deux phases la suspension des poursuites individuelles et le
concordat préventif
La suspension des poursuites est l’objectif principal immédiat poursuivi par
le débiteur à travers l’introduction de sa requête. 43 Cette procédure est applicable aux
commerçants, personnes physique ou morale, aux personnes morales de droit privé et à toute
personne morale de droit public ayant la forme d’une personne morale de droit privé.

38
Article 5-4 alinéa 1, ibidem.
39
Article 5-6, ibidem.
40
Article 5-12, ibidem.
41
Article 5-14 ibidem.
42
Article 6, ibidem.
43
FILIGA M. SAWADOGO, op.cit., p.44.
Quelle que soit la nature de leurs dettes, ces personnes peuvent réclamer le bénéfice de cette
procédure si elles sont dans une situation économique et financière difficile mais non
irrémédiablement compromise.
Cette procédure relève de la compétence du tribunal de commerce, qui est compétente pour
connaitre de toutes les contestations nées de la procédure collective ainsi que sur celle
exerçant une influence sur la procédure collective (action en paiement d’un créancier) sauf
celles qui sont expressément attribuées aux juridictions pénales, administratives et sociales.
Cette juridiction est saisie par requête du débiteur, adressée précisément au président de la
juridiction et déposée contre récépissé au greffe de cette juridiction. La requête expose d’une
part la situation économique et financière de l’entreprise, qui doit certes être difficile mais
non irrémédiablement compromise, d’autre part les perspectives de redressement de
l’entreprise et d’apurement de son passif. 44 Dans la requête le débiteur indique les créanciers
contre lesquels, il demande la suspension des poursuites individuelles. Cela suppose que le
débiteur connaît l’étendue de son passif et est à même d’opérer une discrimination en
fonction des caractéristiques de ses dettes : montant élevé ou faible, exigibilité immédiate ou
à terme, existence ou non d’une sûreté, importance du bien servant d’assiette à la sûreté. En
outre le débiteur doit remettre dans le 15 jours qui suivent le dépôt de la requête et du
dossier, une offre de concordat préventif précisant les mesures et conditions envisagées pour
le redressement de l’entreprise.45
Dès que le dossier et la requête sont transmis au président du tribunal, il
rendra une ordonnance de suspension des poursuites individuelle et va également désigner un
expert pour lui faire un rapport sur la situation de l’entreprise, ainsi que des mesures
envisagées par le débiteur dans la proposition de concordat préventif.
La suspension des poursuites individuelles s’applique à toute créance née antérieurement à
cette décision, à tous ses créanciers qu’ils soient chirographaires ou munis de suretés. Et ne
s’applique pas aux actions tendant à la reconnaissance des droits ou des créances contestées
aux actions cambiaires contre les signataires et leurs effets de commerce autre que le
bénéficiaire de la suspension des poursuites individuelles, aux actions en revendication.
Cette décision de suspension des poursuites individuelles conduit à une suspension des
délais impartis aux créanciers à peine de déchéance, prescription ou résolution de leurs droits
(pendant toute la durée de la suspension des poursuites individuelles). 46 Sans arrêté le cours
des intérêts légaux et conventionnels, les intérêts moratoires et les majorations.
44
Voy. dans ce sens l’intitulé de l’Acte uniforme ainsi que ses articles 1er et 2.
45
Article 7 de l’AUPCAP.
46
Article 9 ibidem.
Elle entraine à l’égard du débiteur l’interdiction, pour lui d’accomplir certains actes définis
par l’article 11 tel que celui de :
- Payer toutes les créances nées entière antérieurement à l’ordonnance de suspension
des poursuites individuelles,
- Faire un acte de disposition étranger à l’exploitation normale de l’entreprise ;
- Consentir aux sûreté ;
- Désintéresser les cautions qui ont acquitté des créances antérieurement à la décision de
suspension des poursuites ;
Dans les huit jours du dépôt du rapport de l’expert, le président saisit le
tribunal et convoque le débiteur à y comparaître afin de se prononcer sur l’ouverture d’un
redressement judiciaire ou d’une liquidation des biens, s’il constate la cessation des paiements
mais s’il considère que la situation du débiteur le justifie, il rend un jugement de règlement
préventif et homologue le concordat préventif. S’il estime que la situation
du débiteur ne relève d’aucune procédure collective ou s’il rejette le concordat, il
annule l’ordonnance de suspension de poursuites individuelles et remet le débiteur et
les créanciers en l’état antérieur à celle-ci.47
La demande d’homologation d’un concordat préventif est une demande faite
par le débiteur lorsque l’entreprise se trouve en difficulté pour régler ses créanciers, elle
consiste soit à négocier avec eux des accords pour faciliter le paiement ou encore à s’adresser
au juge afin d’éviter la liquidation de la société.48
Par conséquent le tribunal saisi de l’affaire, examine la demande et vérifie si les conditions
pour l’homologation sont remplies, ce n’est qu’après vérification que le tribunal pourra
convoquer les créanciers pour qu’ils puissent donner leur avis sur le concordat préventif
proposé par l’entreprise. Pour être homologué, le concordat préventif doit être accepté par aux
moins la moitié des créanciers, ayant droit de vote représentant les deux tiers des créances. Si
le concordat préventif est accepté par les créanciers, le tribunal homologue le concordat
préventif et nomme un commissaire à l’exécution qui veille à ce que l’entreprise respecte ses
engagements et peut demander au tribunal de prendre des mesures si nécessaires. Pendant la
période d’exécution du concordat préventif, l’entreprise doit régulièrement fournir des
informations au commissaires à l’exécution du plan sur l’avancement de la mise en œuvre du
plan de redressement. Le commissaire peut également demander des ajustements ou des
modifications au plan si nécessaire. Cependant une fois que l’entreprise a respecté tous les

47
Article 9-1 alinéa 5 ibidem.
48
J. BONNARD, Droit des entreprises en difficulté, Hachette 2ème éd., paris, 2003, p.30.
engagements pris dans le cadre du concordat préventif, le commissaire à l’exécution du plan
peut demander au tribunal de clôturer la procédure de concordat préventif. Si le tribunal est
convaincu que tous les engagements ont été respectés, il peut ordonner la clôture de la
procédure et mettre fin à la surveillance de l’entreprise.
Par contre lorsque, le plan de redressement proposé par l’entreprise n’est pas homologué par
le tribunal, la procédure de concordat préventif prend fin. L’entreprise peut alors se retrouver
dans une situation difficile, car elle n’a pas réussi à trouver une solution pour sortir de ses
difficultés financières. Dans ce cas, la liquidation judiciaire peut être envisagée comme une
solution pour sortir de ses difficultés financières.
Dans ce cas la liquidation judiciaire peut-être envisagée comme la solution ultime pour mettre
fin à l’activité de l’entreprise et rembourser les créanciers. Il est donc important pour les
entreprises de bien préparer leur plan de redressement et de s’assurer qu’il est viable et
réalisable avant de le proposer au tribunal.
b. Condition d’ouverture de la liquidation
Les procédures collectives produisent des conséquences graves : elles
restreignent les droits des créanciers et limitent les pouvoirs du débiteur. Elles produisent des
conséquences économiques et sociales. Dans une certaine mesure, ce sont des procédures de
sacrificiel.49 C’est pourquoi, elles ne peuvent être ouvertes que si des conditions précises de
fond et de forme sont réunies.
Les conditions de fonds nécessite qu’il ait réunion des deux éléments. Elles
tiennent d’une part à la qualité du débiteur et de sa situation économique.50
Traditionnellement, seules les personnes physiques ayant la qualité de commerçant et les
sociétés commerciales étaient assujetties aux procédures collectives. Le législateur de 2015 a
innové en élargissant l’application de ces procédures à toutes personnes exerçant une activité
professionnelle indépendante civile, commerciale, artisanale ou agricole, à toute personne
morale de droit privé ainsi qu’à toute entreprise publique ayant la forme d’une personne
morale de droit privé. Par ailleurs, ces procédures sont également applicables aux personnes
morales de droit privé qui exercent une activité soumise à un régime particulier lorsqu’il n’en
est pas disposé autrement dans la réglementation spécifique régissant ladite activité.
L’acte uniforme précise que les activités soumises à un régime particulier sont notamment
celles des établissements de crédit au sens de la loi bancaire, les établissements de
microfinance des acteurs du marché financier ainsi que celles des sociétés d’assurance et de
49
Y. GUYON., Droit commercial (règlement judiciaire, liquidation des biens, suspension provisoire des
poursuites, faillite), Les cours de droit, 1978-1979, p.75.
50
FILIGA M. SAWADOGO, op.cit., p.56.
réassurance des Etats parties au traité de l’ohada. Cette exception vise notamment les lois
bancaires qui dans la plupart des Etats de l’espace ohada régissent l’activité des banques et
des établissements financiers. Cette condition juridique de la qualité de débiteur en tant que
personne physique ou morale doit être accompagné de la condition économique, en
l’occurrence la cessation des paiements, qui est celle qui déclenche la demande d’ouverture de
la procédure de redressement judiciaire ou de la liquidation judiciaire.

La cessation de paiement est conditionnée par la réunion de trois éléments. 51


Premièrement un actif disponible, il s’agit là de l’actif que le débiteur est en mesure de
rassembler très rapidement, ou à très court terme. A cet effet il peut s’agir de la trésorerie dont
dispose le débiteur sur ses comptes bancaires, les réserves de crédit.52
Deuxièmement un passif exigible qui corresponds aux dettes de l’entreprise. Toutefois, le
passif ici évoqué ne rassemble pas toutes les dettes ; seules les dettes exigibles peuvent être
considérées. Ceci écarte donc la possibilité de tenir compte des dettes non encore venues à
terme. De même, il ne prend pas en compte les difficultés passagères de l’entreprise.
Par conséquent le troisième élément est que l’entreprise doit être dans l’impossibilité de faire
face au passif exigible avec l’actif disponible de sorte qu’il ait cessation de paiement. 53 En ce
qui concerne la preuve de cessation de paiement, il est important de noter qu’elle est libre.
Elle peut se faire en prouvant par exemple que nonobstant les procédures ou voies
d’exécution engagées, le recouvrement de la créance a été vaine. En tout état de cause, il faut
établir clairement l’insuffisance des fonds disponibles.
L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif de
l’OHADA impose au débiteur qui se trouve en cessation des paiements de faire une
déclaration aux fins d’obtenir l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens quelle que soit la nature de ses dettes. Cette déclaration doit être faite par
celui-ci dans un délai de trente jours suivant la cessation des paiements. 54 La déclaration ainsi
faite est à déposer au greffe de la juridiction compétente contre récépissé. L’acte uniforme
exige de la déclaration, les pièces jointes qu’il énumère en son article 26. Soixante jours après
la décision d’ouverture du redressement judiciaire, le débiteur doit déposer un projet de

51
M. JEANTIN et P. LE CANNU, Droit commercial Entreprise en difficulté, Dalloz, 7ème éd., 2007, p.178, n°250.
52
Y. GUYON, Droit des affaires, tome 2, Entreprise en difficultés redressement judiciaire-faillite, Economica,
2001, n°1119.
53
P-G. POUGOUE, OHADA, L’organisation des procédures collectives d’apurement du passif OHADA, PUA 1999,
n°43., Cass. Com, 17 octobre 2000, Act. Proc. Coll. 2000-19, n°238.
54
Article 25 de l’AUPCAP.
concordat qui détaille les moyens ou mesures que l’entreprise débitrice compte mettre en
œuvre pour surmonter cette situation.55
Le créancier à l’instar du ministère public peut également saisir la juridiction compétente aux
fins d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire ou de la liquidation. 56
A l’instar des conditions de fonds nous retrouvons des conditions des formes
qui sont celles qui se rapporte à l’existence d’un jugement. En effet la juridiction compétente
qui constate la cessation des paiements prononce soit l’ouverture de la procédure de redressement
judiciaire soit celle de la liquidation des biens. Elle prononce l’ouverture du redressement judiciaire
s’il lui apparait que le débiteur a proposé un concordat sérieux ou qu’un tel concordat a des chances
sérieuses d’être obtenu ou si une cession globale est envisageable, toutefois durant la procédure de
redressement judiciaire, la juridiction compétente peut convertir, celle-ci en liquidation des biens si les
conditions du redressement ne sont plus remplie, il en est de même dans le cas de l’expiration du délai
de six mois à compter de la décision d’ouverture du redressement judiciaire. Cette décision de la
juridiction compétente est susceptible d’appel. La juridiction d’appel qui annule ou infirme la décision
de première instance peut prononcer d’office le redressement judiciaire ou la liquidation des biens et
renvoyer à la juridiction de première instance pour la suite de la procédure, notamment pour la
désignation d’un juge commissaire. 57

Section II. Les procédures de liquidation de la SA


La liquidation d’une société anonyme en tant qu’étape cruciale dans la vie
d’une entreprise. Elle marque la fin de son existence juridique et entraine la clôture définitive
de ses activités. Cette procédure est souvent mise en œuvre lorsque la société rencontre des
difficultés financières insurmontables ou lorsque ses actionnaires décident volontairement de
dissoudre l’entreprise. Cette procédure est régie par des règles légales et statutaires. 58
Au regard de la situation de l’entreprise en difficulté il apparait essentiel d’aborder les causes
ayant conduit à la disparition de la société anonyme tel que prévue dans la loi, ces causes sont
les suivantes :
 L’expiration du terme convenu
La société est dissoute de plein droit à l’échéance de sa durée de vie précisée
dans le statut, sauf prorogation décidée par les associés.59
Cependant, dans le droit ancien, il y avait possibilité pour qu’une société existe pour une
durée indéterminée. Cette possibilité n’est plus envisageable avec le droit OHADA, qui
55
Article 27, ibidem.
56
https://www.actualitésdroitohada.com la cessation de paiement. Consulté le 12 juin 2023 à 13h40.
57
Article 33 de l’AUPCAP.
58
Article 203 de l’AUSCGIE.
59
Article 30 de l’AUSCGIE.
prévoit une durée légale de 99 ans pour l’existence d’une société. Nonobstant la société peut
continuer à exister après ce délai légal à condition que les associés sollicitent une
prorogation d’un an au moins avant l'échéance du terme ou de sa durée de vie sociale.60
A défaut d’une consultation entre les associés pour décider si la société doit être prorogé,
tout associé peut demander au président de la juridiction compétente dans le ressort du siège
social, la désignation d'un mandataire ad hoc à fin que celui-ci soit chargé de provoquer la
consultation.61

 La réalisation ou l'extinction de l'objet social


Toute société commerciale doit avoir un objet social bien déterminé et bien
décrit dans le statut. Cet objet est le synonyme de l'activité commerciale de cette Société. Sa
réalisation suppose l'accomplissement de la mission pour laquelle la société a été créée.
L’extinction de l’objet social peut également intervenir en cas d’impossibilité d’aboutir à la
mission de sa création (en cas de guerre par exemple).
 La fusion et la scission
La fusion est une opération juridique consistant à regrouper plusieurs sociétés
qui disparaissent en une seule, par voie de transmission universelle de patrimoine 62. La
scission par contre constitue l’opération par laquelle on procède à la disparition d’une société
par transmission de la totalité de son patrimoine à des associés nouvelles ou préexistantes,
moyennant attribution aux associés de la société scindée de parts ou actions des sociétés
issues de la scission.63
Toutefois ces deux opérations n’entrainent pas la liquidation des biens de la société et donc
c’est une disparition relative de la société car son patrimoine est transmis à titre universel à
une autre société existante ou en création.
 L'annulation du contrat de société
L’annulation du contrat de société anonyme peut être prononcée par la
juridiction compétente à condition que cette cause de dissolution soit prévue dans les statuts
de la société. Si les statuts ne prévoient pas cette cause, l’annulation du contrat ne pourra pas
entrainer la dissolution de la société.64
 La réduction du capital au-dessous du minimum légal sans régularisation

60
Article 35 ibidem.
61
Article 36 ibidem.
62
GUINCHARD Serge et DEBARD Thierry lexique des termes juridiques, paris, cedex 14 Dalloz, 2017, p. 919.
63
GUINCHARD Serge et DEBARD Thierry, Ibidem p. 1704.
64
Article 200 de l’AUSCGIE.
L’insuffisance du montant du capital social peut entrainer la dissolution de la
société, lorsque ce capital devient inférieur au minimum légal, soit à un montant de
10.000.000 francs CFA.65
Cette perte du capital constatées dans les états financiers de synthèse doit être
de moitié pour entrainer la dissolution de la société. Le conseil d’administration ou
l’administrateur général, selon le cas, est tenu, dans les quatre mois de l’approbation des
comptes ayant fait apparaitre cette perte, de convoquer l’assemblée générale extraordinaire en
vue décider de la dissolution anticipée de la société.66
Si la dissolution n’est pas prononcée, la société est tenue au plus tard à la fin de la clôture du
deuxième exercice suivant au cours duquel la constations des pertes est intervenue, de réduire
son capital, d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les
réserves si dans ce délai les capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une
valeur au moins égale à la moitié du capital social.67
La dissolution d’une société peut également découler de la survenance d’un évènement
considéré dans le statut comme une cause de dissolution de la société. Ces conditions de
dissolution ne sont pas applicables à une société en état de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens. 68
En effet lorsque la société est en liquidation, il y a une série d’opération qui sont effectués
impliquant la corrélation des différents organes, la nécessité d’une procédure rigoureuse ainsi
que les effets d’une telle procédure sur le débiteur et les créanciers de l’entreprise. Nous
aborderons spécifiquement cet aspect dans notre section.
§1. Les différents acteurs et effets de la liquidation
Il semble opportun d’effectuer de prime à bord une distinction entre la
liquidation des biens et la liquidation judiciaire avant de se lancer dans l’étude des différents
acteurs et effets de la liquidation.
En effet la liquidation des biens et la liquidation judiciaire sont deux notions distinctes, mais
liées dans le cadre de la procédure de liquidation d’une entreprise. Elles font référence à des
étapes spécifiques de ce processus, chacune ayant ses propres implications et objectifs. Ainsi
la liquidation des biens est une composante essentielle de la procédure de liquidation
judiciaire. Elle permet de convertir les actifs de l’entreprise en liquidités pour satisfaire les

65
FENEON A., Droit des sociétés en Afrique (OHADA), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), LGDJ, 2015, p. 376.
66
Article 664 ibidem..
67
Article 665 Ibidem.
68
Article 735 ibidem.
créanciers et de mettre fin à l’activité de manière ordonnée. 69 Elle intervient généralement
après la décision de liquidation judiciaire et est supervisée par un liquidateur désigné par le
tribunal.
a. Les acteurs de la liquidation
L’acte uniforme sur les procédures collectives d’apurement du passif distingue
quatre principaux organes intervenant lors de la liquidation des biens de l’entreprise.
- Le juge commissaire
Le juge commissaire a pour responsabilité, de garantir le bon déroulement et la
rapidité de la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, ainsi que la
protection des intérêts en jeu et la réalisation des objectifs poursuivis.70
La fonction de juge-commissaire exclut toute autre attribution juridictionnelle relative à la
procédure collective pour laquelle il a été désigné. Le juge commissaire collecte toutes les
informations qu’il juge pertinentes. Il peut notamment entendre le débiteur, les dirigeants
sociaux de la personne morale, leurs employés, les créanciers ou toute autre personne, y
compris le conjoint ou les héritiers connus du débiteur décédé en état de cessation de
paiement. Nonobstant toute disposition législative ou règlementaire contraire, le juge
commissaire peut obtenir des informations précises sur la situation économique, financière et
sociale de l’entreprise auprès des commissaires aux comptes, des comptables, des
représentants du personnel, des administrations et organismes publics, des organismes de
prévoyance et de sécurité sociale, des établissements bancaires et financiers, ainsi que des
services chargés de centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement. Il contrôle
également les activités des syndics et rédige un rapport à l’attention de la juridiction
compétente tous les trois mois et à tout moment à la demande de cette dernière. Le juge
commissaire fait un rapport à la juridiction compétente de toutes contestations ou différends
nés de la procédure collective. Cette dernière peut, à tout moment, procéder au remplacement
du juge-commissaire et du syndic.71
Le juge commissaire statue sur les demandes, contestations et revendications qui relèvent de
sa compétence dans un délai de huit jours à compter de sa saisine. S’il n’a pas statué pas dans
ce délai, il est considéré comme ayant rejeté la demande. Les décisions du juge commissaires
sont immédiatement déposées au greffe, qui les transmets sans délai au président de la
juridiction compétente. Elles sont également notifiées, par lettre au porteur contre récépissé,

69
www.ionos.fr Liquidation d’entreprise : explication et procédure, consulté le 04 juillet 2023 à 18h50.
70
Article 39 alinéa 1 de l’AUPCAP.
71
Article 39 ibidem.
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou par tout autre moyen laissant
une trace écrite, à toutes les personnes susceptibles d’être concernées par ces décisions. Ces
décisions peuvent faire l’objet d’une opposition, qui peut être formulée par une simple
déclaration au greffe de la juridiction compétente dans les huit jours de leur dépôt ou de leur
notification ou suivant le délai de la saisine du juge-commissaire et de sa prise des décisions
sur les contestations relevant de sa compétence. Pendant ce même délai, la juridiction
compétente peut se saisir d’office et réformer ou annuler les décisions du juge commissaire. 72
- Le syndic
Le syndic exerce sa mission sous le contrôle du juge commissaire et est
responsable des dommages causés par ses fautes. Si plusieurs syndics ont été nommés, ils
agissent collectivement et le juge commissaire peut, selon les circonstances, accorder à l’un
ou plusieurs d’entre eux le pouvoir d’agir individuellement, dans ce cas seuls les syndics
ayant reçu ce pouvoir seront responsables en cas de faute de leur part.
Le syndic est tenu de présenter un rapport écrit sur sa mission et le déroulement de la
procédure de liquidation des biens au moins une fois tous les deux mois au juge commissaire,
et à chaque demande de ce dernier. Le rapport doit également indiquer le montant des fonds
déposés sur le compte de la procédure collective.73
Lorsque le syndic cesse ses fonctions il doit rendre compte de sa gestion à son successeur,
sans délai, en présence du juge commissaire, du débiteur et des contrôleurs convoqués par le
greffe de la juridiction compétente.74
Les fonds collectés par le syndic, quelle que soit leur provenance, doivent être
immédiatement versés sous sa responsabilité sur le compte ouvert conformément à l’article 43
de l’AUPCAP.
Le syndic est personnellement responsable du paiement d’un intérêt au taux légal majoré de
huit points sur les sommes non versées sur le compte, sans préjudice des sanctions
disciplinaires.
Si des fonds dus au débiteur ont été déposés sur un compte distinct par des tiers, ils doivent
être transférés sur le compte ouvert par le syndic au nom de la procédure collective, avec la
responsabilité de lever toute opposition éventuelle. Aucune opposition ne peut être formée
contre les fonds versés sur le compte spécial de la procédure de liquidation des biens. Les
fonds ainsi versés ne peuvent être retirés qu’en vertu d’une décision du juge commissaire. En

72
Article 40 AUPCAP
73
Article 43 Ibidem.
74
Article 44 Ibidem.
tout état de cause, le syndic doit respecter les exigences comptables. 75 Il est également
responsable de la conservation des livres, documents et biens remis par le débiteur ou
appartenant à celui-ci, ainsi que par les créanciers ou tout déposant, pendant une durée de cinq
ans à compter de la reddition des comptes.76
Cependant dès sa désignation le syndic doit attester qu’il remplit les conditions
nécessaires à l’accomplissement de sa mission et s’il apparait durant le déroulement de la
procédure de liquidation judiciaire qu’il ne remplit plus ces conditions. Il informe
immédiatement le président de la juridiction compétente, qui met fin à sa mission et nomme
un remplaçant. Le débiteur ou tout créancier peut demander au président de la juridiction
compétente le remplacement du syndic qui se trouve dans une situation d’incompatibilités
énoncées à l’article 4 de l’AUPCAP ou qui n’agit pas avec diligence dans l’exercice de sa
mission.77
- Le ministère public
Le ministère public est informé par le juge-commissaire de l'avancement de la
procédure de redressement judiciaire et de liquidation des biens. À tout moment, le ministère
public peut demander la communication de tous les actes, livres ou documents relatifs à cette
procédure. Il est également le seul apte à invoquer le défaut de communication d'informations
ou de documents.
Le ministère public transmet, sur demande ou de sa propre initiative, au juge-commissaire
toutes les informations pertinentes pour l'administration de la procédure, y compris celles
issues d'une procédure pénale concernant le débiteur, en dépit du secret de l'instruction.78
- Les contrôleurs
Pendant la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, le
juge-commissaire peut désigner un à cinq contrôleurs parmi les créanciers non-salariés. Dans
un délai d'un mois à partir de la décision d'ouverture, à la demande de créanciers représentant
au moins un tiers de l'ensemble des créances, y compris celles qui n'ont pas été vérifiées, la
nomination de contrôleurs parmi les créanciers est obligatoire. Après ce délai, tout créancier a
la possibilité de demander à être désigné contrôleur, mais le nombre total de contrôleurs ne
peut pas dépasser cinq. En cas de multiples demandes, le juge-commissaire veille à ce qu'au
moins un contrôleur soit choisi parmi les créanciers bénéficiant de garanties et un autre parmi
les créanciers ordinaires.
75
Article 45 de l’AUPCAP.
76
Article 46 Ibidem.
77
Article 41 ibidem.
78
Article 47 Ibidem.
Si l'effectif de l'entreprise est supérieur à dix salariés au cours des six mois précédant la
saisine de la juridiction compétente, le syndic invite le comité d'entreprise ou, à défaut, les
délégués du personnel, à désigner un salarié en tant que contrôleur, dans un délai de vingt
jours à compter de la décision d'ouverture. Dans le même délai, en l'absence de comité
d'entreprise et de délégués du personnel, le syndic invite les salariés à élire parmi eux un
salarié en tant que contrôleur. La personne ainsi désignée ou élue est nommée contrôleur
représentant du personnel par le juge-commissaire. Pour les entreprises qui ne dépassent pas
le seuil mentionné précédemment, le juge-commissaire désigne un salarié en tant que
contrôleur représentant du personnel.
Aucun parent ou allié du débiteur ou des dirigeants de la personne morale, jusqu'au quatrième
degré inclusivement, ni aucune personne détenant directement ou indirectement tout ou partie
du capital social ou des droits de vote de cette même personne ne peut être nommé contrôleur
ou représentant d'une personne morale désignée comme contrôleur.
Les contrôleurs nommés par le juge-commissaire peuvent être révoqués par la juridiction
compétente à la demande du juge-commissaire lui-même ou du ministère public. Après leur
révocation, de nouveaux contrôleurs sont désignés.79
Les contrôleurs assistent le ou les syndics dans leurs fonctions et le juge-commissaire dans sa
mission de surveillance de la procédure de redressement judiciaire et de liquidation des biens,
et veillent aux intérêts des créanciers. Ils ont toujours le droit de vérifier la comptabilité et
l'état financier présentés par le débiteur, de demander des comptes sur l'état de la procédure,
les actes accomplis par le syndic, les recettes réalisées et les paiements effectués.
Les contrôleurs doivent obligatoirement être consultés pour décider de la poursuite de
l'activité de l'entreprise pendant la procédure de vérification des créances et lors de la
réalisation des biens du débiteur.
Outre les prérogatives prévues à l'article 72 ci-dessous, les contrôleurs peuvent saisir le juge-
commissaire de tout litige, et celui-ci statue conformément aux dispositions de l'article 40 de
l’AUPCAP.
Les fonctions des contrôleurs sont bénévoles et doivent être exercées personnellement et ils ne
sont responsables qu’en cas de faute grave.80
b. Les étapes de la liquidation judiciaire d’une SA
La liquidation étant une procédure mettant fin à la vie d’une entreprise, elle
peut être conventionnelle ou légale.

79
Article 48, alinéa 1 à 5 de l’AUPCAP.
80
Article 49 de l’AUPCAP.
Elle est conventionnelle lorsqu’elle est régie par les statuts ou la convention
des associés.81 Ainsi, le législateur communautaire, soucieux d’organiser ce modèle de
liquidation dans l’espace OHADA, a donné le premier rôle à l’autonomie de la volonté.
Il est opportun de reconnaitre que la liquidation des sociétés a pour but de mieux organiser la
transmission du patrimoine social en vue d’éviter les inconvénients de sa dissolution non
seulement à l’égard des associés mais aussi à l’égard des créanciers sociaux. Il est donc
essentiel pour ces protagonistes qu’ils continuent de trouver en face d’eux l’être morale. C’est
ainsi que la situation juridique de la société en liquidation reconnait tout d’abord la survie de
la personnalité morale de la société ainsi que la conduite de la vie sociale.
La liquidation peut être également judiciaire lorsqu’elle s’applique à défauts
de clauses statutaires ou de conventions expresses entre les parties, ou encore, malgré les
dispositions statutaires et conventionnelles, sur décision judiciaire obtenue par le associés ou
les créanciers sous certaines conditions.82 Il importe cependant de faire deux remarques
essentielles. D’une part, dans l’espace OHADA, la combinaison entre ces deux régimes est
possible du fait qu’en présence des clauses statutaires ou des dispositions conventionnelles
insuffisantes, il y’a lieu d’appliquer à la liquidation conventionnelle, les règles de la
liquidation par voie de justice concernant les questions non réglées par les statuts ou la
convention.
D’autre part le caractère impératif des dispositions de l’AUSGIE en cas de dissolution d’une
société ne concerne pas uniquement, la liquidation par voie judiciaire, mais également la
liquidation amiable.
Si la liquidation amiable est moins réglementée que la liquidation par voie de justice, elle est
néanmoins tenue de respecter un ensemble de règles impératives prévues dans la
rubrique « dispositions générales ». Celles-ci s’appliquent d’ailleurs aussi à la liquidation par
voie de justice de sorte que, conformément à leur application, elles concernent toute
liquidation légale, conventionnelle ou mixte.83
Il importe peu que la liquidation soit légale ou conventionnelle, dès qu’elle est décidée, il y
aura premièrement la désignation du liquidateur ensuite la mise en œuvre des opérations de
liquidation et enfin la clôture de la liquidation, sans oublier le fait que certaines
responsabilités peuvent être engagées.

81
Article 203 alinéa 1, AUSCGIE.
82
https://www.ornano-querner-dhuin.fr la liquidation conventionnelle et légale. Consulté le 27 avril 2023 à
22h50.
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SAKHO DIEYNABA, mémoire sur les droits communautaires des procédures collectives dans l’espace OHADA,
université de Gaston Berger de Saint Louis, Dakar 2008.
 Désignation du ou des liquidateurs
S'agissant d'une liquidation conventionnelle, généralement, l’Assemblée des
associés qui le ou les désigne, soit parmi les associés, ou bien en dehors des associés. Ce
liquidateur peut aussi être une personne morale. Mais en cas de carence ou défaillance des
associés, c'est le tribunal qui va y pourvoir à la demande de toute personne intéressée.
Le mandat de ce liquidateur (légale) ne peut pas dépasser trois ans, Mais peut toujours être
renouvelé à la demande du liquidateur tout en indiquant les motifs pour lesquels les
opérations de liquidation n'ont pas pu être clôturées dans le délai de trois ans et dire quelles
nouvelles mesures seront prises afin de mener à bien portant la liquidation ainsi que préciser
le délai qu'il sollicite.84
Durant cette procédure, les pouvoirs des dirigeants sociaux prennent fin et c'est le liquidateur
qui va se substituer à eux et donc engager la société. Cependant, pour les sociétés avec
commissaire aux comptes, ce dernier reste en fonction.
En combinant les dispositions de l'article 212 et de l’article 266, il est établi que, quelle que
soit la procédure entreprise, la nomination ou la révocation d’un liquidateur n’est opposable
aux tiers que si les formalités de publicité sont remplies. De même que les associés et les tiers
ne peuvent se soustraire à leurs engagements ou obligations, ni contester la validité de la
révocation ou de la nomination d’un liquidateur dès lors que cette action a été dument publiée.
 Mise en œuvre de la liquidation
Les opérations de liquidation sont effectuées par le liquidateur, qui agit en tant
que représentant de la société et exerce tous les actes nécessaires à la liquidation. 85
Si les statuts de la société ou la convention entre les parties ne précisent pas les pouvoirs du
liquidateur, les regles de la liquidation par voie judiciaire seront appliquées. Toutefois, si la
liquidation est basée sur un accord entre les parties et si les dispositions des statuts ou de la
convention limitent les pouvoirs du liquidateur, ces limitations seront opposables aux tiers. Il
convient de souligner que la mise en oeuvre des operations par le liquidateur implique qu’il
doit réaliser l’actif social afin de régler les dettes de la société.
Le liquidateur est chargé d’effectuer toutes les actions conservatoires et administratives
nécessaires à une liquidation efficace. Dans les six mois suivant sa nomination, il doit
convoquer les associés et faire un état des lieux de la situation financière de la société, en leur
fournissant les informations nécessaires. Ce délai de six mois peut être prolongé à 12 mois par

84
Article 206 de l’AUSCGIE.
85
Article 230 alinéa 1 ibidem.
décision du juge.86 Si le liquidateur ne convoque pas l’assemblée, un mandataire ad hoc
désigné par le juge, à la demande de toute personne concernée, sera chargé de le faire. Dans le
cas où il y a impossibilité d'organiser cette assemblée informative, le liquidateur peut solliciter
l’autorisation des associés pour faire aboutir la liquidation.87
Dnas cette perspective, le liquidateur a des obligations générales.
Indépendamment du régime de liquidation, il doit dresser un inventaire des biens de la
société après avoir effectué les formalités de publicité. Il doit également établir le compte des
gérants ou administrateurs, se procurer les livres comptables requis par la loi ou les usages
commerciaux, et autoriser la levée des scellés s’ils ont été apposés à la demande des
créanciers ou des associés au début de sa mission.
De plus, le liquidateur a le pouvoir d’effectuer diverses operations accessoires. Il peut
entreprendre toutes les actions nécessaires pour assurer la conservation de l’actif social et
exercer des actions en justice, le liquidateur peut également désister ou acquiesce et il a le
pouvoir de conclure des transactions et des compromise au nom de la société. La portée de
ses pouvoirs lui donne le droit de vendre les biens de la société.88
Cependant, l'acte uniforme interdit la cession de tout ou partie de l'actif de la
société en liquidation au liquidateur, à ses employés, à son conjoint, à ses ascendants ou
descendants89. Dans le cas contraire, cette cession sera frappée de nullité.
L'acte uniforme interdit également, sauf consentement unanime, la cession de tout ou partie
de l'actif de la société en liquidation à une personne qui était associée dans une société en nom
collectif ou associée commanditée, ou qui occupait les fonctions de gérant, de membre du
conseil d'administration, d’administrateur général ou de commissaire aux comptes dans ladite
société. Cette cession ne peut avoir lieu qu’avec l’autorisation du juge si l’unanimité des
associés n’a pas été obtenue, le liquidateur et le commissaire aux comptes doivent donner
leur avis préalable au juge pour que la cession puisse être effectuée. 90 Toutefois dans les
sociétés anonymes il existe un principe de libre transmission des actions entre les associés qui
ne requiert pas l’accord unanime de tous les associés, mais qui peut faire l’objet des certaines
restrictions prévues par les statuts.
 La clôture de la liquidation

86
Article 228 de l’AUSCGIE.
87
Article 229 Ibidem.
88
Alger 5 Février. 1880, journal des sociétés 1882, p.18.
89
Article 214 ibidem.
90
Article 213 de l’AUSCGIE.
En principe, surtout dans le cas d’une liquidation légale ou judiciaire, la clôture
de la liquidation doit intervenir dans un délai de trois ans à compter de la dissolution de la
société. Si la clôture n'est pas intervenue dans ce délai de trois ans à moins que le liquidateur
ne demande une prolongation pour motif valable, le ministère public ou toute personne
intéressée peut saisir le juge à fin d’organiser ou de finaliser la procédure de liquidation si
celle-ci a déjà été engagée.91
Par la suite, le liquidateur doit convoquer l'assemblée générale des associés à la fin de toutes
les opérations afin de statuer sur le compte définitif présenté par lui, donner le quitus de sa
gestion au liquidateur, obtenir la décharge du liquidateur et constater la clôture de la
liquidation.
Le liquidateur doit déposer au RCCM le compte définitif, la décision de
l'Assemblée des associés ou du tribunal statuant sur ces comptes, le quitus de sa gestion et la
décharge de son mandat. Ensuite il peut solliciter la radiation de la société et ceux dans le
mois qui suit la publication de la clôture de la liquidation.92
L’article 268 de l’AUSCGIE, stipule que l'avis de clôture de la liquidation signé par le
liquidateur, doit être publié dans le journal habilité à recevoir les annonces légales. C’est à
partir de ce moment que la personnalité juridique de la société prend fin ainsi que le mandat
du liquidateur, et pour que la perte ou disparition de la personnalité juridique soit opposable
aux tiers, il est nécessaire de procéder à la publicité et à la radiation auprès du RCCM.
 La responsabilité du liquidateur
Le liquidateur peut commettre des fautes de gestion à l'égard de la société, d'un
associé ou des tiers. Ce qui peut entrainer des préjudices. Dans de tels cas, il peut être tenu
responsable envers les parties lésées, que ce soit sur le plan civil ou pénal. Ainsi la personne
qui a subi un préjudice devra prouver la faute du liquidateur et le préjudice qu’il a subi et le
lien de causalité entre la faute et le dommage. Il est opportun de souligner que la responsable
du liquidateur ne concerne que les fautes qu’il a commises et n’inclut pas sa responsabilité
pour le passif de la société.93
Cependant, l’acte uniforme ne mentionne pas directement la responsabilité du liquidateur
envers l’associé, mais plutôt sa responsabilité envers la société ou les tiers.
Toute action en responsabilité qu'elle soit d’ordre social ou individuelle engagée contre le
liquidateur est soumise à un délai de prescription de trois ans à compter de la révélation de

91
Article 216 Ibidem.
92
Article 219 ibidem.
93
SEDDIKE DIMITRI, les conditions de la responsabilité du liquidateur amiable en cas de clôture précipitée, le
village de la justice, paris, 2018.
l'acte fautif ou de sa commission. Ce délai peut être prorogé à dix ans si les faits sont
constitutifs d'infractions prévues dans les articles 902 à 904 de l’AUSCGIE.
 Le partage de l'avoir social
Le partage de l’avoir social est opéré par le liquidateur qui doit d’abord réaliser
tous les actifs disponibles, en vendant tous les biens de la société qui peuvent être vendus.
Ensuite, il peut procéder au recouvrement de toutes les créances de la société, ainsi qu’au
recensement de tous les créanciers de la société et les désintéresser en premier lieu. 94
Cela inclut les travailleurs, qui sont des créanciers bénéficiant d’un privilège spécial et qui
doivent être indemnisés avant que la société ne puisse rembourser ses autres dettes.
Une fois que les actifs aient été réalisés, que les créanciers et le personnel aient été payés et
que les associés aient récupérer leurs apports. Le boni de liquidation qui représente l’excédent
d’actif est partagé entre les associés et éventuellement les porteurs de parts de fondateur. 95
§2. Les effets de la liquidation
la décision d’ouverture de redressement judiciaire et liquidation des biens a
plusieurs effets à l’égard des créanciers et du débiteur.96
a. A l’égard du débiteur
En ce qui concerne les effets de cette décision à l’égard du débiteur, ceux-ci
peuvent être classés en deux groupes : d’une part, l’assistance ou le dessaisissement du
débiteur, et d’autre part, les actes qui sont inopposables à la masse des créanciers.
- Le dessaisissement du débiteur
Dès le moment du prononcé de la décision de liquidation des biens, le débiteur
se retrouve dépossédé de l’administration et da la gestion de ses biens présents et futurs, par
conséquent il perd le contrôle et la capacité de gérer ses biens, à l’exception des actes
conservatoires.97
En effet, les actes réalisés par le débiteur en violation de cette dépossession sont considérés
comme inopposables, ce qui signifie qu’ils n’ont aucune validité juridique et ne peuvent être
opposés à des tiers. Pendant toute la durée de la liquidation des biens, les actes, droits et
actions liés au patrimoine du débiteur sont exercés uniquement par le syndic, agissant en tant
que représentant exclusif du débiteur.

94
Article 231 de l’AUSCGIE.
95
S. GUINCHARD et THIERY DEBARD ; op.cit., p.266.
96
G. BLANC, « Prévenir et traiter les difficultés », www.ohada.com, Ohadata D-10-18.
97
J. ISSA-SAYEGH, « Présentation des dispositions sur les procédures collectives d’apurement du passif »,
www.ohada.com, Ohadata D-06-07 ; Article 53 de l’acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif.
Le débiteur perd donc sa capacité à prendre des décisions concernant ses biens. Si le syndic
refuse d’accomplir un acte ou de faire valoir un droit lié au patrimoine du débiteur, celui-ci ou
les dirigeants de la société peuvent contraindre le syndic à agir en saisissant le juge-
commissaire, qui peut ordonner au syndic de prendre les mesures nécessaires pour protéger le
patrimoine du débiteur.98 Cela inclut notamment la demande d’inscription de garanties
mobilières et immobilières non sollicitées par le débiteur lui-même. 99 Dans les trois jours
suivant la décision d’ouverture du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens, le
débiteur est tenu de se présenter au syndic avec ses livres comptables afin qu’ils soient
examinés et clôturés. Toute personne détenant ces livres est également tenue de les remettre
au syndic sur demande de celui-ci, afin de lui permettre d’établir un rapport sur la situation de
l’entreprise.100
Le syndic procède également à l’inventaire des biens du débiteur, y compris les
garanties qui les grèvent. L’inventaire ne peut en aucun cas violer le secret professionnel. 101
Le débiteur doit remettre au syndic la liste de ses créanciers, indiquant le montant de leurs
créances, leurs noms et adresses, ainsi que la liste des contrats en cours. Il doit également
informer le syndic des procédures judiciaires en cours auxquelles il est parti. Si le débiteur
décède avant l’ouverture de la procédure de liquidation des biens et qu’aucun inventaire n’a
été réalisé, celui-ci est dressé ou poursuivi en présence des héritiers connus ou dument
convoqués.102
Il est utile de préciser également qu’à partir de la décision d’ouverture d’une procédure
collective contre une personne morale, les dirigeants de droit ou de fait, apparents ou occultes,
rémunérés ou non, ne peuvent, à peine de nullité, céder les parts sociales, actions ou tous
autres droits sociaux qu’avec l’autorisation du juge commissaire et dans les conditions fixées
par lui.103
Le second type d’effet de la décision d’ouverture est de rendre inopposables les actes passés
par le débiteur pendant la période suspecte à l’égard de la masse des créanciers.
- Inopposabilité des actes du débiteur
Les actes inopposables à la masse des créanciers effectués pendant la période
suspecte sont :

98
Article 53 de l’AUPCAP.
99
Article 54, ibidem.
100
Article 55, ibidem.
101
Article 63 alinéa 1, ibidem.
102
Article 63 alinéa 3 et 8 ibidem.
103
YZAS BAKER TILLY, Guide des procédures collectives, Droit-Afrique. Com, 2010, P. 41 et suivantes ; article 59
de l’AUPCAP.
- Tous les actes de transfert de propriété à titre gratuit, que ce soit pour des biens
mobilière ou immobilière ;
- Tout contrat commutatif dans lequel les obligations du débiteur dépassent
considérablement celles de l’autre partie ;
- Tout paiement de dettes non échues, quel qu’en soit le mode, sauf s’il s’agit du
paiement d’un effet de commerce ;
- Tout paiement de dettes échues, effectué autrement qu’en espèces, effet de commerce,
virement, prélèvement, carte de paiement ou de crédit ou compensation légale,
judiciaire ou conventionnelle de dettes ayant un lien de connexité entre elles ou tout
autre mode normal de paiement ;
- Toute hypothèque conventionnelle ou nantissement conventionnel, toute constitution
de gage, consenti sur les biens du débiteur pour des dettes contractées antérieurement ;
- Toute inscription provisoire d’hypothèque judiciaire conservatoire ou de nantissement
judiciaire conservatoire.104
b. A l’égard du créancier
A l’égard des créanciers, la décision d’ouverture de redressement judiciaire et
liquidation des biens comporte également plusieurs effets.105
Tout d’abord, cette décision a pour conséquence de regrouper les créanciers en une masse
représentée par le syndic.
En outre, la décision d’ouverture suspend ou interdit toutes les poursuites individuelles
tendant à faire reconnaitre des droits et des créances ainsi que toutes les voies d’exécution
visant à en obtenir le paiement, exercées par les créanciers composant la masse sur les biens
meubles et immeubles du débiteur.106
Il est important de souligner qu’à partir de la décision d’ouverture et jusqu’à l’expiration d’un
délai de trente jours, tous les créanciers chirographaires ou munis de suretés composant la
masse doivent, sous peine de forclusion, produire leurs créances auprès du syndic. Ce délai est
de soixante jours pour les créanciers domiciliés hors du territoire national ou la procédure
collective a été ouverte.107

104
P. KANE EBANG, « La nature juridique du concordat de redressement judiciaire dans le droit des affaires
OHADA », Juris Périodique n°50, Avril- mai-juin 2002, P.109-112.
105
F. THERA, La réforme de l’OHADA et les procédures collectives d’apurement du passif, L’Harmattan, Paris,
2012, P.177.
106
Article 75 de l’AUPCAP ; Tribunal du travail de Ouagadougou, Jugement du 11/03/2005 ; jugement n° 041,
MADAME N.G. C/ SYNDICS LIQUIDATEURS DE LA SOCIETE F.F, www.ohada.com, ohadata J-08-13.
107
Article 78 ibidem.
Par ailleurs, la décision de cessation de paiement n’entraine pas automatiquement la
résiliation des contrats en cours, hormis pour les contrats conclus en considération de la
personne du débiteur et ceux prévus expressément par la loi de chaque Etat-partie. 108
Pour ce qui est de l’activité proprement dite, une distinction doit être faite selon qu’il s’agit
d’une décision de redressement judiciaire ou de liquidation des biens. En cas de redressement
judiciaire, l’activité est continuée avec l’assistance du syndic pour une durée indéterminée
sauf décision contraire du juge-commissaire.109 En cas de liquidation des biens, la poursuite de
l’activité ne peut être autorisée par la juridiction compétente que pour les besoins de la
liquidation et uniquement si elle ne compromet pas l’intérêt public ou celui des créanciers. 110
En somme, les tiers qu’ils soient créanciers ou non, qui, par leurs agissements fautifs, ont
contribué à retarder la cessation des paiements ou à réduire l’actif ou aggraver le passif du
débiteur, peuvent être condamnés à réparer le préjudice subi par la masse sur demande du
syndic agissant dans l’intérêt collectif des créanciers. 111

Conclusion partielle
En guise de conclusion l’adhésion de la RDC au droit OHADA a eu un impact
considérable sur la législation applicable aux sociétés commerciales mais particulièrement sur
les sociétés anonymes qui pouvaient désormais être constitué en tant que société à associé
unique.
En dehors de la constitution d’une société anonyme unipersonnelle, elle a également eu un
grand impact dans le fonctionnement des sociétés anonymes en introduisant des dispositions
nouvelles et obligatoires dans nous pouvons évoquer quelques-uns comme le relèvement du
taux minimum du capital pour les SA ne faisant pas appel public à l’épargne de dix millions et

108
A.S. ALGADI et L. ELKOUBI, « la résolution de plein droit des contrats en droit OHADA des procédure
collectives », Revue congolaise de droit et des affaires, n°8, 2012, P. 25, ; Article 107 de l’AUPCAP.
109
J. ISSA-SAYEGH, Op.cit.
110
G. BLANC, Op.cit.
111
Article 118 de l’AUPCAP.
cents millions de Francs cfa Pour celle faisant appel public à l’épargne, la nécessité de
préciser la forme des actions, l’interdiction pour toute personne de cumuler plus de 5 mandats
d’administrateurs et 3 mandats de dirigeants dans les SA d’un même Etat-partie, la
transformation des sociétés privées à responsabilité limitée en société anonyme.112
Autant d’avantage ou d’accessibilité qu’offre une société anonyme en permettant une
responsabilité des actionnaires limitée aux apports, une crédibilité accrue à l'égard des
partenaires (fournisseurs, clients, banquiers...), une transmission facilitée des actions. Il
apparait important de reconnaître que comme un organisme vivant, l’entreprise naît, vit et
peut être le siège de désordres divers et dont les plus graves sont susceptibles de provoquer sa
disparition.
Dans le cas de disparition, les procédures de dissolution qui est une première étape dans le
processus de cessation définitive d’activité doivent être exécutés avant de débuter les
démarches de liquidation de l’entreprise confiées à un liquidateur.
Par conséquent durant cette phase l’entreprise ne peut accomplir des activités autres que ceux
liés à la liquidation, ce qui implique la vente des biens de l’entreprise afin de pouvoir
désintéressés les différents créanciers.

112
KATSHUNG YAV Joseph, article du cabinet Yav & Associate sur la mise en œuvre des statuts des sociétés
créées avant l’entrée de la RD. Congo au droit OHADA, legovox, Paris, 2013.
a. Causes financières

Les causes financières de la liquidation d’une société, peuvent être liées à la mauvaise gestion
de l’entreprise, à une insuffisance de trésorerie ou à des pertes importantes sur plusieurs
exercices. Selon l’article 715 de l’AUSCGIE, la liquidation judiciaire peut être prononcée en
cas de cessation des paiements constatée par le tribunal.

La cessation de paiement correspond à l’impossibilité pour l’entreprise de faire face à ses


dettes exigibles avec son actif disponible.113

En outre, l’article 716 de l’AUSCGIE prévoit que la liquidation judiciaire peut être prononcée
si la société a été mise en redressement judiciaire et que le plan de redressement n’a pas été
respecté ou s’il apparait que le redressement n’a pas été respecté ou s’il apparait que le
redressement est impossible.

En résumé les causes financières de liquidation d’une société peuvent être liées à la cessation
des paiements, à l’insuffisance de trésorerie ou à un non-respect du plan de redressement en
cas de mise en redressement judiciaire.

§2. La procédure de liquidation

a. Les différents acteurs impliqués

113
Abdoulaye Harouna Maiga, Droit des sociétés commerciales et groupements d’intérêt économique dans les
pays de l’ohada, L’Harmattan, 2017.

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