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L’INFECTION VIRALE

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Cours de Virologie
E. NOEL
Maladies Infectieuses
Microbiologie

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L’INFECTION VIRALE
� Au cours d'une infection virale, le virus se multiplie
tandis que l'organisme résiste ...

*
� Cette situation conflictuelle génère chez l'hôte des

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réactions, des lésions et des dysfonctionnements
cellulaires responsables de la maladie.
� L'analyse physiopathologique de ces états implique donc
la connaissance des deux acteurs : l'agent infectieux avec
ses effets pathogènes et l'hôte avec ses réactions.
 

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� L’installation d’une infection virale est conditionnée
par la présence de différents facteurs :

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� - Voies de pénétration du virus
� - Cellules- hôtes appropriées
� - Organes ou Tissus cibles .

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L'agent infectieux : le virus

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a) le réservoir de virus

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b) la porte d'entrée
c) la diffusion
d) la multiplication
e) l'excrétion

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� le réservoir de virus

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Parasites cellulaires obligatoires, les virus ne peuvent provenir
que d'un organisme vivant : homme ou animal. Certains,
particulièrement résistants (entérovirus, HAV) persistent dans
l'environnement qui peut donc être contaminant tandis que
d'autres plus fragiles se propagent d'un organisme à un autre
directement (virus de la grippe) ou par l'intermédiaire d'un
vecteur qui est souvent un insecte piqueur (arbovirus).

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� Les infections virales peuvent être :
� - soit des anthroponoses dont le réservoir est

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strictement humain, elles évoluent généralement

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sous une forme endémique avec des
recrudescences épidémiques liées à des facteurs
climatiques ou à la variation antigénique
( Poliomyélite, oreillons, diarrhées virales ).
� - soit des anthropozoonoses, nécessitant un
vecteur animal constituant les réservoirs. L’homme
peut être un hôte habituel ou accidentel. Elles
évoluent sous forme endémique dans les aires de
répartition des vecteurs ( arboviroses ).
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� Voies de pénétration du virus

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� Les surfaces épithéliales au contact de

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l’environnement constituent les voies privilégiées de
pénétration des virus dans l’organisme. Ce sont le
tractus respiratoire, le tractus digestif, la peau
altérée, la conjonctive et le tractus génital.

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▣ la porte d'entrée
▣ Les virus pénètrent dans l'organisme par différentes voies et tantôt

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restent sur place, occasionnant des infections localisées (grippe, coryza,

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verrues), ou tantôt se propagent à distance, donnant lieu à des Infections
généralisées (rougeole, poliomyélite)
▣ Les principales portes d'entrée sont:
� respiratoire (grippe),
�digestive (poliomyélite),
� oculaire (HSV, adénovirus),
�cutanée directement (verrues), après piqûre d'insecte (fièvre jaune),
après morsure (rage) ou après inoculation (hépatite B).
� Les muqueuses génitale, anale et parfois bucco-pharyngienne sont
des portes d'entrée pour les virus responsables de maladies
sexuellement transmises (HSV2, hépatite B, HIV).
�Le contact direct au cours de l'accouchement ou le placenta sont
causes de transmission "verticale" entre mère et enfant (HSV, CMV)
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▣ Cellules-hôtes appropriées

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▣ L’interaction entre la cellule-hôte et le virus se

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réalise en différentes étapes :
▣ - l’attachement : fixation du virus à la surface
cellulaire par liaison d’un anti-récepteur, une protéïne
virale, à un récepteur cellulaire spécifique de nature
glycoprotéïque.
▣ - la pénétration : fusion de la membrane cellulaire et
de l’enveloppe virale pour les virus enveloppés,
passage à travers la membrane cellulaire ou
endocytose pour les virus nus.
▣ - la décapsidation : libération de l’acide nucléïque
sous l’action d’enzymes cellulaires. 9
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� - la réplication qui se réalise en trois phases : la
transcription et la traduction d’un ARN-m codant

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pour les protéïnes enzymatiques dont la

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polymérase, la duplication du génome viral sous
l’action de la polymérase, la transcription et la
traduction d’ARN-m tardifs codant pour les
protéïnes de structure.
� - l’assemblage et la libération : auto-assemblage
de l’acide nucléïque et des protéïnes
néosynthétisées constituant la nucléocapside. La
libération se fait par la lyse de la cellule pour les
virus nus et par bourgeonnement de la
nucléocapside à travers les membranes cellulaire 10
pour les virus enveloppés.
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� Cette interaction peut aboutir à :


� - une infection lytique productive, libération de virions avec lyse

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cellulaire et effet cytopathogène observable en microscopie optique
.

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� - une infection abortive, multiplication prématurément arrêtée sans
production virale.
� - une infection persistante, virus demeurant à l’état latent avec une
faible production virale chronique.
� - une infection transformante, intégration du génome viral dans le
génome cellulaire avec risque de mise en branle de processus
d’oncogénèse virale.
� Dans les cas d’infection lytique, les virions peuvent gagner
leurs organes ou tissus cibles soit par l’intermédiaire du courant
sanguin ( virémie ), soit par l’intermédiaire des trajets nerveux d’où
une période d’incubation plus ou moins longue.
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� la diffusion
� Les virus qui se propagent dans l'organisme le font de

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différentes manières :

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□ de proche en proche (impliquant un contact intercelluaire),
□ par les voies lymphatiques,
□ dans la circulation sanguine occasionnant une virémie
(présence de virus dans le sang) souvent transitoire
□ ou encore le long des trajets nerveux.
� Cette phase de dissémination se traduit cliniquement par
l'apparition des symptômes généraux correpondant à la
"phase d'invasion" de la maladie.

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▣ l'excrétion
▣ Les virus quittant un organisme risquent de contaminer d'autres
individus ou l'environnement.

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▣ Les principales voies d'excrétion sont :

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● l'expiration par la toux, les éternuements, l'expectoration (grippe, rougeole,
coryza)
● la salive, par le baiser (EBV,CMV), le léchage ou morsures (virus de la
rage), les gouttelettes de Pflügger (virus ourlien, virus de la rougeole, virus
de la rubéole)
● la peau, par la rupture des vésicules (pox-virus, VZV), par contact
(papilloma virus)
● les selles, qui contaminent les eaux ou par transmission manuportée
(entérovirus, rotavirus)
● l'urine, également source de contamination du milieu extérieur (virus
ourlien, rougeoleux, HAV, CMV)
● les sécrétions génitales et le sperme (HBV, HIV, CMV) le lait (virus ourlien,
HIV, CMV), le sang par transfusion ou par l’intermédiaire de seringues
contaminées (HIV, HBV)
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▣ Modes de transmission des infections virales
▣ Deux modes de transmission sont à signaler :
▣ - la transmission horizontale s’effectuant par contact

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direct avec un sujet ou un animal infecté ou par

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contact indirect d’objets ou ingestion d’aliments
contaminés. Les sécrétions respiratoires, les sérosités
cutanées, la salive, les selles, les sécrétions
vaginales, le sperme, le sang, les humeurs, le lait et
les arthropodes vecteurs constituent autant de
véhicules de propagation des infections virales.
▣ - la transmission verticale caractérisée par le
passage transplacentaire du virus de la gestante au
foetus. Ses conséquences sont plus ou moins graves
suivant le stade de la grossesse.
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� Voies de Transmission
� la transmission des virus d'un sujet porteur à un autre sujet
peut être :
● directe, par l'air ou par contact : voie transplacentaire,
● indirecte, par les mains souillées, par les aliments contaminés, par
voie parentérale ou par un arthropde vecteur,
� Le principal réservoir de virus est l'homme lui-même.
 

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� L'organisme infecté
⚫ Les cellules, les tissus ou les organes de l'hôte infecté par un

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virus subissent des dommages d'importance et de
retentissement variables.
⚫ Les caractères des infections virales sont très divers :
infections aiguës, subaiguës, chroniques, lentes, récurrentes,
récidivantes, latentes ou inapparentes et dépendent à la fois
du virus et de l'hôte contaminé.

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▣ réactions des cellules
▣ Les cellules sont altérées dans leur structure et leur fonctionnement. La
multiplication des virus y occasionne des lésions parfois perceptibles en

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microscopie optique.

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● inclusions intranucléaires arrondies refoulant la chromatine en périphérie
(herpesviridae)
● grandes inclusions nucléaires et cytoplasmiques (CMV)
● inclusions cytoplasmiques déformant le noyau en "croissant" (entérovirus)
● inclusions nucléaires entourées d'amas protéiques donnant 'l'image en
"marguerite" (adénovirus)
● formation de syncitia pour les paramyxovirus
▣ Les cellules infectées sont parfois détruites en libérant de nombreux
néovirus : c'est l'infection lytique ; parfois elles résistent à l'infection
mais gardent, soit des particules virales dans leur cytoplasme, soit des
informations virales intégrées dans leur génome : c'est l'infection
tempérée ; parfois encore, elles survivent avec un fonctionnement
physiologique modifié : c'est l'infection transformante.
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� réactions des tissus
⚫ Il n'y a pas de relations entre l'importance des effets cytopathogènes et

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la gravité des manifestations pathologiques qui dépendent surtout de la

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localisation tissulaire de l'infection. Ainsi, le virus poliomyélitique
pénètre dans l'organisme par voie digestive, infecte les cellules du
revêtement intestinal avec un effet lytique important compensé par
l’intense capacité de régénération des entérocytes qui permet une
reconstitution très rapide de la muqueuse et une élimination des cellules
lésées et des virus. La plupart de infections par le virus poliomyélitique
sont donc cliniquement inapparentes et ce n'est que dans les rares cas où
les virus se propagent par voie lymphatique et sanguine jusqu'aux tissus
nerveux que la maladie se déclare.
⚫ Le virus de la rage n'occasionne que peu de lésions cellulaires alors que
la maladie dont il est l'agent responsable est toujours mortelle.
⚫ Les rotavirus se multiplient dans les cellules de 1'intestin grêle sans y
créer de lésions mais en altérant gravement le fonctionnement au point
de provoquer diarrhée et vomissements. 18
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� réactions de l'organisme
� Comme dans tous les cas d'intrusion étrangère,

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l'organisme oppose des réactions de défense contre les

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infections virales.

⚫ défenses non spécifiques

⚫ défenses spécifiques
 

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● défenses non spécifiques
◼ - la barrière cutanéo-muqueuse

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◼ La peau ou le revêtement muqueux, pourvu qu'ils soient intacts, constituent un

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obstacle mécanique à l'entrée des virus dans les tissus. L'acidité gastrique
inactive les virus enveloppés.
◼ Des molécules présentes dans le sang et à la surface des muqueuses présentant
des analogies structurales avec les récepteurs cellulaires se lient aux ligands des
virus qui de ce fait ne peuvent plus se fixer à la surface des cellules et par
conséquent ne peuvent plus y pénétrer pour s'y répliquer.
◼ les interférons
◼ la phagocytose et l'action des macrophages
◼ La réplication de la plupart des virus est impossible dans les macrophages qui au
contraire phagocytent et détruisent 'les particules virales par l'action des enzymes
lysosomiales. Cet effet est stimulé par les cytokines, Interleukine2 (IL2), IFNg
ou Tumor Necrosis Factor (TNF) produites lors de la réaction immunitaire
induite par l'infection. Ces macrophages activés produisent de I'IFNa qui protège
les cellules environnantes.
 
 
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● défenses spécifiques
� Les virus portent des déterminants antigéniques qui leur sont

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propres et induisent aussi l'expression de néo-antigènes à la surface

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des cellules qui les hébergent. Les organismes infectés leur opposent
donc des réactions immunitaires spécifiques.
� - les anticorps
⚫ Les antigènes de surface des virus, ceux du péplos (enveloppe) pour les
virus enveloppés ou ceux de la capside pour les virus nus suscitent la
formation d'anticorps antiviraux neutralisants qui, en se fixant sur le
virus, empêchent leur attachement aux cellules et par conséquent leur
pénétration mais sont sans effet sur les virus en situation intracellulaire.
Ils apparaissent trop tard pour jouer un rôle protecteur dans les
infections primaires mais ont néanmoins un effet immunisant. Ils
partagent avec les anticorps dirigés contre les structures internes des
virus un rôle de témoin de ]infection utile au diagnostic biologique. Les
anticorps sériques sont, au début de l'infection, des IgM qui cèdent la
place à des IgG tandis que les IgA protègent très efficacement les
muqueuses.
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⚫ Les anticorps dirigés contre les néo-antigènes viraux exprimés à la
surface des cellules détruisent ces cellules grâce à l'action lytique du

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complément ou par l'effet cytotoxique "anticorps dépendant" (ADCC)

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des cellules Killer. Ces destructions cellulaires limitent la production
des virus mais créent de graves lésions lytiques dans l'organe atteint
(hépatite chronique).
⚫ Les complexes immuns formés entre les antigènes viraux et les
anticorps spécifiques sont impliqués dans certaines manifestations
pathologiques. On voit ainsi se développer tardivement chez des
souriceaux infectés par le virus de "la chorioméningite lymphocytaire"
(CML) une glomérulonéphrite avec dépôts de complexes immuns. On
détecte aussi chez l'homme, au cours de périartérites noueuses, la
présence de complexes immuns dans la formation desquels entre
l'antigène HBs.
⚫ Signalons enfin un effet paradoxal des anticorps antiviraux qui est le
rôle "bloquant" qu'ils jouent en empêchant l'action cytotoxique des 22
lymphocytes T.
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▣ - les lymphocytes T
◼ Le rôle de l'immunité à médiation cellulaire paraît primordial dans les
mécanismes de défense antivirale. L’évolution des maladies virales est en effet
plus sévère en cas de déficit immunitaire atteignant les lymphocytes T et,

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inversement, elle est normale quand le déficit ne porte que sur la production des

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anticorps.
◼ L'antigène viral est exprimé à la surface des cellules infectées qui deviennent la
cible des lymphocytes cytotoxiques sensibilisés à cet antigène. Cet effet
cytotoxique ne se manifeste qu'à 1 'égard des cibles cellulaires exprimant, outre
l'antigène viral, les mêmes antigènes HLA que les lymphocytes effecteurs ; c'est
le phénomène de restriction HLA décrit par Zinckernagel.
◼ Les cellules K ont également un rôle cytotoxique sur les cellules porteuses
d'antigènes viraux sensibilisées par un anticorps spécifiques antiviral
(cytotoxicité ADCC).
◼ Ces lymphocytes sensibilisés par les antigènes viraux produisent des
lymphokines et de l'interféron g qui stimulent les monocytes et macrophages,
favorisent leur cytoxicité non spécifique à l'égard des virus, augmentent leur
production d'interféron a et renforcent les moyens non spécifiques de défense
antivirale.
 
 

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� Prévention des infections virales
� Trois types de mesures sont envisageables :

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� - des mesures individuelles tenant compte de :

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� + des règles d’hygiène générale, la tenue des
vaccinations obligatoires, des vaccinations spécifiques lors de
voyages dans les zones d’endémie.
� + du mode de vie, isolement des sujets contagieux,
évitement des collectivités.
� + des traitements préventifs, utilisation en prévention
d’antiviraux pour éviter les récidives et dans les situations de
risques de contamination récente.
� + de la séroprophylaxie, utilisation de γ-globulines ou de
sérums de convalescents lors des risques de contamination
majeurs ou confirmés.
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� - les mesures collectives
� Elles relèvent pour la plupart d’hygiène publique :

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� + épuration des eaux usées, collecte, distribution d’eau
potable, lutte contre la sous-alimentation.
� + production d’affiches et d’émissions radio-télédiffusées
comportant des informations simples.
� + rédaction de protocoles dans les hôpitaux pour
combattre les infections nosocomiales.
� + mesures de protection contre les piqûres d’insectes ou
de tiques, lutte chimique et biologique contre les vecteurs.
� - les vaccinations.

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� En conclusion

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Face à la pénétration d'un virus, l'organisme tente de
l'éliminer mais, ce faisant, suscite des réactions qui
génèrent les dégradations et dysfonctionnements
responsables de la maladie. L'expression clinique d'une
infection virale dépend donc autant de l'hôte que de
l'agent pathogène.
 

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