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La représentation graphique de l’analyse en

constituants immédiats. Les boites de Hockett


linguiste américain Ch. Hockett se servait de boites :

Les étudiants lisent le cours (P)


Les étudiants (SN) lisent le cours (SV)
Les (dét.) étudiants (N) lisent (V) le cours (SN)
      le (dét.) cours (N)
La représentation graphique de l’analyse en
constituants immédiats l’enchaînement de formules
• On peut aussi utiliser l’enchaînement de formules
avec parenthésage étiqueté où chaque constituant
porte en indice, à gauche, son étiquette
catégorielle :
P(GN(Dét(Les)N(étudiants))) (GV(V(lisent) GN(Dét(les)N(cours))))

Mais la représentation la plus répandue – la


représentation dont nous nous servirons – est celle des
arbres (en réalité, des arbres renversés) 
Les arbres syntaxiques
• Chaque embranchement de l’arbre (chaque nœud)
représente un type de constituant : les nœuds
intermédiaires correspondent à des groupes (par exemple :
le GN les étudiants et le GN le cours). Les nœuds terminaux
correspondent à des mots identifiés par leur catégorie
syntaxique d’appartenance : le mot Les (catégorie :
déterminant), le mot étudiants (catégorie : nom), le mot
lisent (catégorie : verbe), etc.
• La méthode d’analyse en constituants immédiats permet
donc à la fois de déterminer l’appartenance catégorielle et
les relations de dépendance qu’entretiennent les
catégories.
Les arbres (suite)
• Cette représentation présente un intérêt didactique : (i) elle permet de visualiser
la hiérarchie des catégories (méthode des arbres ou des boites) et facilite ainsi la
compréhension de la structure syntaxique ; (ii) elle permet de mener
simultanément l’analyse formelle et l’analyse fonctionnelle (les deux types
d’analyse sont déconnectées dans la grammaire scolaire traditionnelle : nature
vs fonction). Si je lis l’arbre de bas en haut, la phrase apparaît non pas comme
une suite linéaire de mots, mais une hiérarchie de groupes syntaxiques
s’emboîtant les uns dans les autres pour former par composition des groupes de
plus en plus larges convergeant vers la phrase. Dans cette hiérarchisation en
niveaux d’analyse, chaque nœud porte une étiquette. L’arbre est donc formé
d’un ensemble de symboles abstraits représentant des classes distributionnelles
结构的 . Ainsi, dans
• (13) La circulation a été détournée par la nationale 7
• Elle est substituable à La circulation.
• Une classe distributionnelle regroupe toutes les catégories qui ont la même
fonction. Dans le cas de la fonction sujet, par exemple : le nom, le pronom, la
forme nominale du verbe (infinitif), la proposition, etc. Inversement une même
catégorie peut avoir plusieurs fonctions.
Les catégories

• Nous avons vu dans la partie 1, d’une part, que le nombre et la classification


des catégories avaient changé au cours de l’histoire de la grammaire mais,
d’autre part, que les catégories du nom (ou substantif) et du verbe ont
toujours été reconnues – depuis les Grecs – comme étant plus
fondamentales que les autres parce qu’elles sont nécessaires et suffisantes
pour former des phrases.
• A côté de ces catégories majeures, figurent celle de l’adjectif et de
l’adverbe qui sont elles aussi des catégories fondamentales, mais des
catégories mineures parce qu’elles ne peuvent être ni sujet ni prédicat dans
la phrase.
• A ces quatre catégories fondamentales, on peut ajouter :
• - le pronom, qui est un équivalent fonctionnel du nom.
• - la préposition, qui ne peut être constituant de phrase, mais qui permet
d’en former (les GP). Ces constituants sont dits «  indirects ». Leur fonction
peut être complément essentiel (Pierre est au ski) ou non essentiel
(circonstanciel), c’est-à-dire effaçable : Pierre est parti à la tombée de la
nuit.
Les catégories (suite)

• Certains linguistes contemporains considèrent l’infinitif et le


participe en –ant comme des catégories syntaxiques à part entières,
quoique mixtes :
• L’infinitif (forme quasi-nominale du verbe : équivalent du nom, mais
sans détermination, et avec la complémentation du verbe) et le
participe en –ant (forme quasi-adjectivale du verbe, équivalent de
l’adjectif, mais sans accord, et avec la complémentation du verbe) :
• Dormir est indispensable (l’infinitif est sujet)
• Je l’imagine dormant (le participe est attribut du sujet)
• Le participe passé appartient à la catégorie des adjectifs quand il ne
sert pas à former les temps composés : Il est assis. Les articles et les
déterminants possessifs et démonstratifs, qui ne peuvent être
constituants de phrase sont des espèces particulières d’adjectifs.
• On peut regrouper les interjections avec les adverbes et les
conjonctions avec les prépositions : ces deux couples de catégories
ont cette particularité d’être invariables
Une publicité dans le métro
Le traitement de l’ambiguïté

L’un des bénéfices didactiques de l’analyse en constituants immédiats


est qu’elle permet de lever l’ambiguïté qui s’attache à certaines phrases
– ambiguïté que l’apprenant « sentira » intuitivement, qu’il pourra
même interpréter, mais sans pouvoir la décrire. La phrase suivante est
ambigüe :
• J’ai reçu un vase de Chine
Elle peut en effet s’interpréter de deux façons :
• (a) J’ai reçu un vase chinois (mais on me l’a expédié de Saxe)
• (b) J’ai reçu un vase en provenance de Chine (mais il s’agissait d’une
porcelaine de Saxe)
Dans l’analyse de a, « de Chine » est un GP contenant un N (Chine) dont
la fonction est complément du nom vase. Le GP « de Chine » est
hiérarchiquement dépendant du GN « un vase de Chine » (noeud GN1).
Dans l’analyse de b, « de Chine » est un GP contenant un N (Chine) dont
la fonction est complément du verbe ai reçu. Le GP « de Chine » est
hiérarchiquement dépendant du GV « ai reçu un vase de Chine ».
L’analyse en CI des phrases complexes
• L’exemple que nous avons choisi en est un exemple
de phrase minimale. L’analyse en constituants d’une
phrase plus complexe ne diffère en rien, quant à la
méthode, de celle d’une phrase de ce type, mais
pour bien marquer les relations hiérarchiques ou de
dépendance entre groupes, on pourra les
numéroter dans l’ordre de leur analyse.
Il partit à la recherche d’un trésor gardé par trois
animaux sauvages (voir arbre)
Analyse en CI et analyse fonctionnelle

• On peut assortir cette analyse syntaxique d’une


analyse fonctionnelle, en signalant les tests qui
s’imposent le cas échéant (suppression,
substitution, déplacement, etc.) :
• - Il : pronom personnel sujet (3ème personne masc.
singulier)
• - partit à la recherche (verbe + préposition + article
défini féminin + nom féminin) est une expression
verbale où le verbe support partir (ici conjugué au
passé simple, 3e personne du singulier) est construit
avec un complément du verbe (le complément
d’objet indirect à la recherche).
Analyse en CI et analyse fonctionnelle

• Ce complément est dit « essentiel » : il n’est pas


supprimable. L’expression tout entière équivaut à
un verbe simple ( = rechercha) ; c’est pourquoi le GP
à la recherche (GP2) ne peut être mis sur le même
plan que le GP d’un trésor… (GP1) dans l’analyse en
constituants immédiats. L’expression verbale partir
à la recherche (il s’agit d’une collocation) est donc
semi-figée : ainsi, on ne peut y substituer l’article
défini par un indéfini (* partir à une recherche…) ni
le nom recherche par un synonyme, comme quête
(* partir à la quête de… n’est pas acceptable ; mais
partir en quête de… est acceptable).
Analyse en CI et analyse fonctionnelle (suite)

• un trésor gardé par trois animaux sauvages.


Ce GN, qui fait partie du GP introduit par la
préposition d’ (= de avec élision du –e, exigible
toutes les fois qu’un mot grammatical terminé
par une voyelle est suivi d’un mot qui
commence lui-même par une voyelle), est
complément du nom recherche. Un : ce
déterminant est un article indéfini masculin
Trésor = nom commun masculin.
 
Analyse en CI et analyse fonctionnelle (suite)
• - gardé. Participe passé du verbe garder, employé
sans auxiliaire (ce n’est pas un adjectif verbal : on ne
peut assigner de valeur adjectivale au participe
passé quand il exprime, comme ici, un procès à la
voix passive avec un complément d’agent 施动者
补语 ). Employés sans auxiliaire, les participes
passés des verbes transitifs équivalent à des
propositions relatives dont la forme verbale
comporte l’auxiliaire être (= qui était gardé par…).
Analyse en CI et analyse fonctionnelle (suite)

• trois animaux sauvages. Ce GN, qui fait partie


du GP introduit par la préposition par, est
complément d’agent. Le déterminant indéfini
trois est un numéral cardinal (invariable).
Animaux est un nom commun, masculin
pluriel Sauvages est un adj. qualificatif
épithète, masculin pluriel.
La phrase complexe

La PC est composée de deux phrases simples ou davantage


(couramment nommées propositions) dont l’une au moins est en
relation de dépendance ou d’association avec l’autre (ou une autre) des
phrases constituantes de la PC. On distingue quatre grands types de
relations entre phrases constituantes de la PC : la juxtaposition 并列
(Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure
(Apollinaire, Le Pont Mirabeau)) ; la coordination, avec emploi de
conjonctions de coordination 并列连词 (vienne la nuit et sonne l’heure,
les jours s’en vont mais je demeure) ; la subordination 从属 , avec
emploi de termes interrogatifs (je me demande quand sonne l’heure) ou
de conjonctions (ou locutions conjonctives) de subordination quand la
subordonnée est construite avec un verbe conjugué (bien que la nuit
soit venue et que l’heure sonne, je demeure [je demeure = couramment
nommée proposition principale]) ; l’insertion sous ses deux formes : la
proposition incidente (la nuit, je crois, est venue) et la proposition
incise (la nuit, dit-il, est venue).
La phrase complexe (suite) : coordonnées et juxtaposées

• Les phrases (ou propositions) juxtaposées et les


phrases (ou propositions) coordonnées. Elles ont
ceci en commun que deux ou plusieurs phrases
coordonnées ou juxtaposées sont de même
statut à l’intérieur de la PC (elles sont régies par
des relations d’association et pas de
dépendance). On peut du reste transformer des
phrases juxtaposées en phrases coordonnées par
simple ajout d’une conjonction (et inversement) :
que vienne la nuit, que sonne l’heure → que
vienne la nuit et que sonne l’heure.
La phrase complexe (suite): coordonnées et juxtaposées (fin)

• Deux phrases juxtaposées (ou coordonnées) sont en


relation d’enchaînement (avec parataxe quand il y a
juxtaposition). On peut aussi supprimer l’une des
deux phrases juxtaposées (ou coordonnées) sans qu’il
soit besoin de modifier la structure de la seconde (que
la nuit vienne, que l’heure sonne → que la nuit
vienne). On peut supprimer l’un des segments
identiques de deux phrases juxtaposées ou
coordonnées en le mettant en « facteur commun » :
les étudiants révisent et les étudiantes révisent → les
étudiants et les étudiantes révisent.
La phrase complexe (suite) : subordonnées

• Les phrases (ou propositions) subordonnées. Comme


leur nom l’indique, elles n’ont pas le même statut à
l’intérieur de la PC que les phrases (dites propositions
principales) auxquelles elles sont liées par des relations
de dépendance. On ne peut transformer des phrases
coordonnées ou juxtaposées en phrases subordonnées
sans modifier leur structure et – dans certains cas – la
structure de la principale : la nuit vient, je demeure →
bien que la nuit vienne, je demeure → avant que la
nuit ne soit venue, je demeure (je demeurais) → après
que la nuit est venue, je demeure.
La phrase complexe (suite) : subordonnées (suite)

• Il peut y avoir absence de terme subordonnant de


type conjonction quand le verbe de la subordonnée
n’est pas conjugué (participe ou infinitif) :
la nuit venue (subordonnée), je demeure (principale)
La phrase complexe (suite) : subordonnées (suite)
• Les conjonctions de subordination bien que et avant que exigent en
effet l’emploi du subjonctif (mode de la dépendance, employé dans
les subordonnées complétives introduites par que, à ce que ou de
ce que, les subordonnées relatives ou circonstancielles) ; les
conjonctions après que et avant que exigent l’ajout d’une valeur
aspectuelle d’accompli, ici réalisée par l’emploi de la forme
composée du verbe dans la subordonnée : le passé composé ou
autres temps composés, tels que : avant que la nuit ne fût venue
[subjonctif, plus-que-parfait], je demeurais [indicatif, imparfait] ;
après que la nuit sera venue [indicatif, futur antérieur], je
demeurerai [indicatif, futur]. S’emploie cependant dans des phrases
indépendantes de type injonctif (qu’il vienne !) ou exprimant un
souhait (Ainsi soit-il !) ou une hypothèse (soit l’équation x2 + y+ z)
et dans certains emplois du verbe savoir (dits d’assertion
polémique) : je ne sache pas qu’il soit venu.
La phrase complexe (suite) : subordonnées (fin)

• Une subordonnée et une principale 主句 sont en relation


d’emboîtement (avec hypotaxe) : la subordonnée est incluse
dans la principale. Une subordonnée peut être à son tour
incluse dans une autre subordonnée qui joue alors à son
égard le rôle de principale : Julie espérait [princ. 1] que le
tapissier se demandait [subord. 1, complétive de la princ.
1 et princ. 2] quelle était la couleur la plus seyante [subord.
2, percontative de la princ. 2]. Il y a donc autant de phrases
constituantes de la PC qu’il y a de verbes conjugués ou non
conjugués dans la PC, y compris les infinitifs et les
participes. Ainsi : Pierre permet à Julie [princ.] d’emprunter
sa voiture [subord. dite infinitive] ; Pierre permettant à Julie
d’intervenir [participiale], je n’ai plus rien à dire [princ.].
Exercices d’application

1. Questions de cours

1.1. Indiquez les différentes sortes de compléments essentiels.


 les comp. d’objet/l’attribut

1.2. Quelles classes grammaticales peuvent-elles occuper la fonction de sujet dans


une phrase ?
Le groupe nominal
Le pronom
Infinitif
Proposition
 

 
Exercices d’application (suite)

2. Exercices
Les phrases suivantes sont ambigües. Interprétez-les
en les paraphrasant. Puis analysez-les en constituants
immédiats en construisant chaque fois deux arbres
qui permettent de montrer leurs deux interprétations
possibles :
• Il avait promis de faire don de son corps à la faculté
de médecine
• Le forcené tirait sur le toit
• Le preneur d’otages s’est rendu à Marseille
Exercices d’application - corrigé des questions de cours : les compléments essentiels

Les compléments essentiels sont des compléments du


verbe. Ils ne sont pas suppressibles (il décore la maison /
*il décore), mais certains verbes transitifs peuvent se
construire sans complément : cette construction entraîne
alors un changement de la valeur du verbe (il chante une
chanson vs il chante [= il est chanteur]). Les compléments
essentiels font partie du groupe verbal – à la différence
des compléments circonstanciels (ou non essentiels) qui
lui sont extérieurs. Du point de vue sémantique, comme
les autres compléments du verbe, ils apportent un
complément d’information à la signification portée par le
verbe. Les compléments essentiels peuvent être :
Corrigé question de cours (suite) : le COD

• Complément d’objet direct (COD). Construit avec les verbes


transitifs et sans préposition, il ne peut être déplacé à
l’intérieur du GV ; il est pronominalisable (il décore la
maison → il la décore, il en décore une) et passivable (la
maison a été décorée). Il peut prendre toutes les formes du
GN et de ses équivalents : pronoms, propositions : il décore
la maison (dét. + N) ; elle prend racine (N [forme figée, le
plus souvent]) ; tu veux boire ? (infinitif [= forme nominale
du verbe]) ; j’aimerais qu’il décore la maison (proposition
complétive) ; j’aimerais savoir qui décore la maison,
j’aimerais savoir où [ou comment] tu vas, j’aimerais savoir
quel [ou s’il] est le meilleur décorateur (propositions
percontatives) ; tu prends quelque chose? (pronom indéfini) ;
tu l’invites ? (pronom personnel).
Corrigé question de cours (suite) : COD (fin)

• Certains verbes peuvent avoir deux compléments directs : j’entends


l’orateur (COD) pérorer (second complément direct, traditionnellement
identifié comme étant le verbe d’une proposition infinitive) ; je l’ (COD)
ai aperçu qui montait (le second complément direct est une relative).
• Attention, tous les compléments directs ne sont pas des COD
(appliquer le test de la passivation). Ainsi, ne sont pas COD : les
compléments de verbes impersonnels (il est arrivé un accident [non
passivable : *un accident a été arrivé], il vaut mieux partir), les noms
construits avec un verbe support (voir plus bas : faire don, mettre bas
[non passivables : *don a été fait, *bas a été mis]), les compléments
d’objet interne (vivre sa vie, aller son chemin), les compléments
marquant la mesure (cette déco m’a coûté dix mille euros, ce piano
pèse une tonne [non passivable : *une tonne est pesée par ce piano]…),
la distance ou la durée (il a marché 20 kilomètres [non passivable : *20
kms ont été marchés par lui], il a marché deux jours) [dans ces trois
derniers cas, le complément est proche d’un circonstant].
Corrigé questions de cours (suite) : le COI

• Complément d’objet indirect (COI). Construit avec le verbe transitif,


introduit par une préposition (les plus fréquentes sont de et à), il
n’est pas suppressible (prendre du poids, participer à une réunion,
faire un cadeau à Pierre [complément dit d’attribution], courir après
Titine, tourner autour du pot, danser avec les loups, habiter en ville
[complément dit locatif]…) ou bien il y a complément zéro, mais
avec changement de valeur du verbe (il court = il fait du jogging).
• Comme le COD, le COI peut prendre toutes les formes du GN et de
ses équivalents : pronoms, propositions : il monte à l’étage, je vous
félicite de (ou pour) ce succès (dét. + N) ; elle s’inscrit à Paris 3, j’en
veux pour preuve (N) ; elle a remis ce vélo à neuf, il a qualifié cette
idée de stupide (adj.) ; il s’est battu avec quelqu’un (pronom
indéfini) ; il met le rôti à cuire, elle m’empêche de sortir (infinitif), je
m’attends à ce qu’il échoue, elle m’a prévenu de ce qu’elle serait
absente (proposition complétive).
Corrigé questions de cours (suite) : COI
• Attention à ne pas confondre COI et complément circonstanciel (CC),
également introduit par une préposition.
• A la différence du CC qui peut être supprimé (je fais des courses à Paris
(CC) / je fais des courses), le COI n’est pas suppressible (je vais à Paris
(COI) / *je vais ; il habite chez son amie / *il habite) – même si certains
verbes transitifs, on l’a vu, peuvent se construire sans COI (elle joue au
poker / elle joue).
• A la différence du CC, le COI est doublement dépendant du verbe : sur le
plan sémantique, son rôle – complémentaire de celui du sujet – est
compris dans la signification du verbe : ainsi, partir suppose un point de
départ et/ou un point de destination (elle part de Paris / elle part pour
Venise) ; sur le plan syntaxique, le verbe détermine le nombre de
prépositions utilisables dans la construction V + prép. + COI (ainsi,
monter + prép. + COI se construit obligatoirement avec sur, dans, en,
chez ou à : monter en (dans la) voiture, sur le vélo, chez la voisine, à
cheval), mais ne le détermine pas dans la construction V + prép. + CC (il
est monté autour (ou sur le coup de) de midi, après (ou avec, avant)
moi, avec une grosse valise…)
Corrigé questions de cours : le COI (fin)

• A la différence du CC, le COI est pronominalisable.


Ceux qui sont introduits par à sont
pronominalisables soit par lui et y (formes
conjointes), soit par prép. + lui, elle(s) ou eux
(formes disjointes) : je vais à Venise / j’y vais ; j’offre
un bonbon à Ernestine (à Gustave) / je lui offre un
bonbon ; il songe aux étudiants / il songe à eux.
Ceux qui sont introduits par de sont
pronominalisables soit par en (forme conjointe),
soit par prép. + lui, elle(s) ou eux (formes
disjointes) : je voudrais du vin / j’en voudrais ; je ne
veux pas de Lucie / je ne veux pas d’elle.
Corrigé questions de cours (fin) : classes grammaticales pouvant occuper la fonction
sujet

• Classes grammaticales pouvant occuper la fonction sujet dans une


phrase. La fonction sujet peut être occupée par tous les constituants
nominaux et leurs équivalents :
• Groupe nominaux : nom propre (Pierre est venu dîner) ; nom
commun + expansion (pierre qui roule n’amasse pas mousse) ; dét. +
nom commun [+ expansion du nom éventuellement] (le professeur
de linguistique française a fixé la date de l’oral) ; infinitif [= forme
nominale du verbe] (souffler n’est pas jouer).
• Substituts pronominaux du groupe nominal : pronom personnel
(elles se présentent à l’examen) ; pronom démonstratif (celles-ci ne
vont pas danser) ; pronom indéfini (certains l’aiment chaud).
• Propositions : propositions complétives (qu’il s’en mêle ne serait pas
une bonne chose) ; propositions relatives intégratives [parfois
dénommées «  sans antécédent »] (qui veut voyager loin ménage sa
monture).
Exercices d’application : analyse de phrases ambigües

 
• Il avait promis de faire don de son corps à la faculté de médecine
• - Eléments d’analyse syntaxique communs aux deux interprétations
possibles de la phrase :
• « Faire don de » est une expression verbale qui équivaut au verbe
« donner ». Comme mettre, avoir, être, prendre ou donner et à côté de
son sens ordinaire (faire = fabriquer, réaliser : il a fait l’exercice), le
verbe faire est ce qu’on nomme un verbe support. Ces verbes se
combinent avec un nom, avec ou sans déterminant (faire fête à
quelqu’un = fêter quelqu’un ; avoir le désir = désirer ; prendre naissance
= naître), un adjectif (mettre bas = accoucher [pour les animaux]) ou un
groupe prépositionnel (mettre à profit = profiter). Les constructions à
verbe support ont les mêmes types de compléments que les verbes
ordinaires : (i) il fait une promenade = il se promène (construction
intransitive) ; (ii) il a de l’aversion pour… = il déteste… (construction
transitive) ; (iii) il a fait l’éloge de x à y = il a loué [au sens de vanter] x à
y (double complément), etc.
Exercices d’application : analyse de phrases ambigües (suite)
• En tant que forme nominale du verbe, l’infinitif (ici : faire don)
peut avoir toutes les fonctions du nom. Ici, il est complément
indirect du verbe promettre.
- Analyse « intuitive » de l’ambiguïté. Deux interprétations :
(1) « à la faculté de médecine » est complément circonstanciel de
lieu. Ce complément est déplaçable et suppressible. Paraphrase
possible : (Un jour qu’il était) à la faculté de médecine, il avait
promis de faire don de son corps.
(2) « à la faculté de médecine » est complément du verbe (de
l’expression verbale) « faire don » : la faculté est bénéficiaire du don.
On a donc affaire à une construction à deux compléments : la faculté
de médecine est complément d’objet second. Aucun des deux n’est
déplaçable ni suppressible.

- Schématisation en arbre
Exercices d’application : analyse de phrases ambigües (suite)

Le forcené tirait le toit


• - Les deux interprétations sont du même type que dans
l’exemple précédent :
• Sur le toit est un complément circonstanciel de lieu. Ce
complément est déplaçable et suppressible. Paraphrase
possible : (perché) sur le toit, le forcené tirait.
• Sur le toit est un complément du verbe (complément
essentiel). Ce complément n’est ni déplaçable ni
suppressible. Paraphrase : le forcené tirait en direction
du toit.
• - Analyse en constituants immédiats (schématisation en
arbre)
Exercices d’application : analyse de phrases ambigües (suite)

• Le preneur d’otages s’est rendu à Marseille


- Même type d’ambiguïté que précédemment :
• Interprétation 1. À Marseille est complément
circonstanciel. Ce complément est déplaçable et
suppressible. Paraphrase possible : (arrivé) à Marseille, le
preneur d’otages s’est rendu (à la police).
• Interprétation 2. À Marseille est complément du verbe
(complément essentiel). Ce complément n’est ni
déplaçable ni suppressible. Paraphrase possible : le
preneur d’otages est allé à Marseille.

- Analyse en constituants immédiats (schématisation en


arbre)
Exercices d’application - Remarques complémentaires : constructions
pronominales
• Le verbe se rendre. Il s’agit d’un verbe (rendre) qui est ici utilisé dans
une construction pronominale. Les verbes de ce type présentent
deux caractéristiques de forme :
• ils se construisent avec un pronom personnel réfléchi (i.e. qui a le
même référent que le sujet) : c’est ce qui les différencie à la fois des
constructions pronominales non réfléchies où le pronom n’est pas
coréférentiel au sujet (Paul m’a rendu la monnaie) et des
constructions pronominales passives (dix se dit ten en anglais). Ce
pronom réfléchi conjoint peut être COD (comme dans il s’est rendu
à Marseille) ou COI (dit datif : il s’est donné deux jours de réflexion
[paraphrase : il a donné à lui-même…] ou il s’est rendu justice
[paraphrase : à lui-même])
• leurs formes composées – passé composé, passé antérieur, futur
antérieur, plus-que-parfait, etc.) – se construisent toujours avec
l’auxiliaire être.
Exercices d’application - Remarques complémentaires : constructions pronominales (suite)

• Comme de nombreux verbes français, le verbe rendre


admet plusieurs constructions, aussi bien pronominales
que non pronominales : (i) non pronominale : il a rendu
compte de la réunion ; (ii) pronominale passive : un
salut se rend quand on est poli ; (iii) pronominales
réfléchie : il s’est rendu à Marseille ; (iv) pronominale
autonome : il s’en est bien rendu compte. C’est ce qui le
différencie des verbes essentiellement pronominaux,
qui n’admettent pas d’autre construction que la
pronominale, comme s’absenter, s’enfuir, s’évaporer,
s’évanouir, etc. : elle s’évanouit, mais pas : *évanouir
quelqu’un, *évanouie-la, etc.
Exercices d’application - Remarques complémentaires (le « datif »)

• Le datif, qui représente un COI du type prép. à + pronom (conjoint


ou disjoint), peut être une forme non réflexive (il se confie à moi, je
lui donne raison, j’y attache de l’intérêt) ou réflexive (je me permets
de vous écrire, il s’y attend). Ce type de datif, dit lexical (le pronom
représente un actant impliqué par le sens lexical du verbe) n’est pas
suppressible : il lui donne un livre, il donne un livre à Julie / *il
donne un livre). Il ne doit pas être confondu avec le datif étendu,
dit d’intérêt (il m’a encore fait une jaunisse / il a encore fait une
jaunisse) ou avec le datif éthique (il te l’a embobiné de belle
manière ! / il l’a embobiné de belle manière !) qui sont tous deux
suppressibles. Dans le datif étendu (qui se construit avec les
pronoms de première, deuxième et troisième personnes) et le datif
éthique (qui ne se construit qu’avec les pronoms de deuxième
personne), est impliquée une (ou des) personne(s) concernée(s)
par le procès, mais qui n’y intervien(nen)t pas directement.
Remarques complémentaires : constructions pronominales réfléchies
•Les constructions pronominales réfléchies peuvent être soit
réflexives (il s’est rasé de près), soit réciproques (Pierre et
Julie se sont fait la bise). Certaines d’entre elles sont
ambiguës à cet égard : Pierre et Marie se sont mariés
(ensemble ? = réciproque ; chacun de son côté = réfléchie).
•- D’un point de vue sémantique, se rendre revêt deux
valeurs distinctes, correspondant aux deux interprétations
de la phrase :
•Interprétation 1 : se rendre = se constituer prisonnier
(paraphrase : le preneur d’otages s’est constitué prisonnier
à Marseille).
•Interprétation 2 : se rendre = aller (paraphrase : le preneur
d’orages est allé à Marseille).
Remarques complémentaires : constructions pronominales et accord du participe passé

• Règles d’accord régissant le participe passé des verbes


composés pronominaux. Deux cas de figure : il y a accord du
participe passé précédé de l’auxiliaire être avec le sujet ou
bien accord avec le pronom réfléchi COD antéposé (elle s’est
tue, ils se sont rasés [raser se construit avec un COD]) ; il n’y
a pas accord avec le pronom réfléchi quand celui-ci est COI
(elles se sont rendu à Marseille [se rendre se construit selon
la forme pron. + V + prép.]. Lorsqu’il y a construction à deux
compléments (COD + COI), l’accord se fait avec le
COD (j’ignore les secrets qu’elles se sont confiés : confiés
s’accorde avec le COD qu’ [dont l’antécédent est secrets] et
pas avec le COI (datif) se [construction pronominale
réfléchie réciproque = l’une à l’autre].
Correction des exercices :
Les compléments essentiels du verbe (suite) : le COI

• Attention à ne pas confondre COI et


complément circonstanciel (CC), également
introduit par une préposition.
• A la différence du CC qui peut être supprimé (je
fais des courses à Paris (CC) / je fais des
courses), le COI n’est pas suppressible (je vais à
Paris (COI) / *je vais ; il habite chez son amie /
*il habite) – même si certains verbes transitifs,
on l’a vu, peuvent se construire sans COI (elle
joue au poker / elle joue).
Le COI (suite)

• A la différence du CC, le COI est doublement dépendant


du verbe : sur le plan sémantique, son rôle –
complémentaire de celui du sujet – est compris dans la
signification du verbe : ainsi, partir suppose un point de
départ et/ou un point de destination (elle part de Paris /
elle part pour Venise) ; sur le plan syntaxique, le verbe
détermine le nombre de prépositions utilisables dans la
construction V + prép. + COI (ainsi, monter + prép. + COI
se construit obligatoirement avec sur, dans, en, chez ou
à : monter en (dans la) voiture, sur le vélo, chez la
voisine, à cheval), mais ne le détermine pas dans la
construction V + prép. + CC (il est monté autour (ou sur le
coup de) de midi, après (ou avec, avant) moi, avec une
grosse valise…)
Le COI (suite)

• A la différence du CC, le COI est pronominalisable.


Ceux qui sont introduits par à sont
pronominalisables soit par lui et y (formes
conjointes), soit par prép. + lui, elle(s) ou eux
(formes disjointes) : je vais à Venise / j’y vais ; j’offre
un bonbon à Ernestine (à Gustave) / je lui offre un
bonbon ; il songe aux étudiants / il songe à eux.
Ceux qui sont introduits par de sont
pronominalisables soit par en (forme conjointe),
soit par prép. + lui, elle(s) ou eux (formes
disjointes) : je voudrais du vin / j’en voudrais ; je ne
veux pas de Lucie / je ne veux pas d’elle.
Correction des exercices : Classes grammaticales pouvant occuper la fonction sujet

• La fonction sujet peut être occupée par tous les


constituants nominaux et leurs équivalents :
• Groupe nominaux : nom propre (Pierre est
venu dîner) ; nom commun + expansion (pierre
qui roule n’amasse pas mousse) ; dét. + nom
commun [+ expansion du nom éventuellement]
(le professeur de linguistique française a fixé la
date de l’oral) ; infinitif [= forme nominale du
verbe] (souffler n’est pas jouer).
Classes grammaticales pouvant occuper la fonction sujet

• Substituts pronominaux du groupe nominal :


pronom personnel (elles se présentent à
l’examen) ; pronom démonstratif (celles-ci ne
vont pas danser) ; pronom indéfini (certains
l’aiment chaud).
• Propositions : propositions complétives (qu’il
s’en mêle ne serait pas une bonne chose) ;
propositions relatives intégratives [parfois
dénommées «  sans antécédent »] (qui veut
voyager loin ménage sa monture).

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