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Les opérations linguistiques de base1

1- Les opérations syntagmatiques

Le déplacement

L’opération de déplacement permet de tester la mobilité et la non-mobilité des unités linguistiques


pour reconnaitre les propriétés linguistiques qui caractérisent certaines unités. L’opération de
déplacement analyse la place qu’elles occupent dans la structure de la phrase.

• Julien propose une nouvelle idée géniale.


• Julien propose une géniale nouvelle idée.
• *Géniale Julien propose une nouvelle idée.
• Sa nouvelle idée était géniale.
• *Géniale sa nouvelle idée était. Sa nouvelle idée géniale était.
• Nous jugeons sa nouvelle idée géniale.
• Nous jugeons géniale sa nouvelle idée.

o Elle portait un petit chapeau affreux.


o Elle portait un affreux petit chapeau.
o *Affreux elle portait un petit chapeau.
o *Elle affreux portait un petit chapeau.
o Son petit chapeau était affreux
o *Affreux son petit chapeau était. * Son petit chapeau affreux était.
o Nous trouvons son petit chapeau affreux
o Nous trouvons affreux son petit chapeau.

Donc, en fonction des fonctions qu’elles occupent dans la structure phrastique, les unités syntaxiques
sont mobile ou non mobiles.

Un adjectif peut suivre ou précéder un nom dont il est épithète. Il se rattache donc à ce nom.

Un adjectif est placé après le verbe copule quand il est attribut du sujet.

Un adjectif attribut du COD est placé avant ou après le COD.

En sémantique, ce test est employé pour voir si l’adjectif peut avoir deux sens différents :

• J’admire ta propre chambre


• J’admire ta chambre propre.

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Riegel Martin. Les opérations linguistiques de base (suite) : le déplacement et la permutation. In:
L'Information Grammaticale, N. 18, 1983. pp. 16-20
Riegel Martin. Les opérations linguistiques de base : la substitution . In: L'Information Grammaticale, N. 15,
1982. pp. 5-9.

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Demain, nous irons le voir.

Nous irons le voir demain.

Nous irons demain le voir.

Le complément circonstanciel est l’unité syntaxique la plus mobile. Il peut être sous la forme d'un
adverbe (demain), d'un syntagme nominal (ce matin) d'un syntagme prépositionnel (pendant tout ce
temps) ou d'une phrase précédée d'une conjonction de subordination (bien qu'il pleuve), peut être
déplacé dans les limites de la phrase entière. Le complément circonstanciel se rattache à la
construction supérieure : la phrase.

Exercice :

Analysez par le test de déplacement les deux unités linguistiques soulignées :

• Paul lit le livre.


• Paul lit le soir.
• Paul lit le Soir.

Ce test décide si le SN qui suit le verbe est COD ou CC. Le CC est déplaçable et détachable.

Analysez la différence entre les deux conjonctions « parce que » et « car ».

• Il a gagné la course parce qu’il était prêt pour la compétition.


• Il a gagné la course car il était prêt pour la compétition.

Seule la subordonnée introduite par « parce que » peut être déplacée en tête de phrase et
éventuellement être encadrée par la locution « c'est. . . que » : C’est parce qu’il était prêt à la
compétition qu’il a gagné la course.

• Parce qu’il était prêt pour la compétition, il a gagné la course.


• *Car il était prêt pour la compétition, il a gagné la course.

Le test de déplacement distingue la conjonction de coordination de la conjonction de subordination.

La permutation

Les petits artistes souhaitent regarder les maîtres musiciens jouer.

Le test de permutation sans rendre la phrase agrammaticale prouve que les deux unités linguistiques
appartiennent à la même catégorie grammaticale quand la structure de la phrase reste invariante.
Cette permutation n’est possible que lorsque les deux unités ont des sémantismes compatibles avec
le contexte.

Avoir la même catégorie grammaticale est une condition nécessaire mais non suffisante.

Les petits artistes souhaitent regarder les dauphins jouer.

La permutation sans changement de sens prouve que deux schèmes syntaxiques sont les variantes
libres d'une même construction syntaxique.

Notre situation était telle. / Telle était notre situation.

Je vois mon ami arriver. / Je vois arriver mon ami.

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2- Les opérations paradigmatiques

La commutation (substitution)

L'opération de la commutation consiste à remplacer un élément A d'une construction donnée (par


exemple d'une phrase ou d'un groupe syntaxique) par un élément B sans que la phrase devienne
agrammaticale. Les deux éléments substituables appartiennent à la même classe paradigmatique. La
nature de cette classe dépend du cadre de la commutation.

Au niveau des phonèmes : [p/t] dans [p€R] et [t€R]

Au niveau des mots : portEUR : portABLE.

Au niveau de la phrase :

La substitution de mots : Il juge ces précautions insuffisantes.

Il trouve ces précautions insuffisantes.

La substitution de syntagmes : Le directeur de l’entreprise international a démissionné.

Il a démissionné.

La segmentation

L’opération de la commutation repose sur la segmentation pour repérer les unités


linguistiques ou des groupes fonctionnels. Un segment peut être un phonème, un morphème, un
lexème, un syntagme ou une phrase.

Porteur / able / atif/ é /

réparions./ iez / ent / e / ...

Paul lit une histoire / lettre / fable / ... cette classe des éléments substituables formes des
unités équivalentes et appartient à la classe des substantifs féminins. La sémantique intervient pour
limiter cette classe aux mots compatibles pour ce contexte.

Analyser le « des » dans les phrases suivantes :

Il a donné des cadeaux à tout le monde. (commute avec les, ces, quelques, ... Déterminant)

Ce sont les emballages des cadeaux. (commute avec de ces, de plusieurs, de quelques, Préposition +
Déterminant)

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