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L'ENDURANCE

DE LA PENSÉE
Pour saluer Jean Beaufrel

René CHAR
'\fartin HEIDEGGER : Temps et Stre

*
Beda ALLEMANN - Jean-Paul ARON - Kostas AXELOS
Jacques BERQUE - Maurice BLANCHOT -
Hartmut BUCHNER - Michel BUTOR - Michel DEGUY
Jacques DERRIDA - Dominique FOURCADE
- Gérard GRANEL - I. KRUMMER-SCHROTH
Roger LAPORTE - Henri MATHIEU - Roger MUNIER
- H. W. PETZET - Eugène VINAVER

*
Marcel JOUHANDEAU

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© Librairie Pion, 1968.


L'ENDURANCE DE LA PENSÉE
Pour saluer Jean Beaufret

Aevmn 8' ÔfJ.ws d7reÔVT(Y. vôep ~eb(Y.{ws.


Parménide, IV, 1.
Beda A llemann

Kafka et l'histoire
A pl'opos du fragment en prose La
muraille de Chine.

Plus de quarante ans après la mort de Kafka, son


œuvre reste aussi énigmatique qu'au premier jour. Une
fois dépassée la définition superficielle qui tente de se
rassurer en faisant de Kafka le poète du labyrinthe, ce
caractère énigmatique ne s'impose qu'avec plus de force.
Il doit avoir son fondement dans l'essence même de la
manière d'écrire, pourtant s1 lucide, de Kafka. Il serait
donc irréfléchi de vouloir en rejeter la responsabilité sur
la littérature secondaire qui a démesurément proliféré
auteur de lui. Certes cette littérature n'a pas peu contri-
bué à la confusion, même lorsqu'elle proposait des solu-
tions trop commodes pour déchiffrer Kafka. Mais d'un
autre côté la recherche scientifique a également aidé nos
représentations de Kafka à se différencier et permis de
mieux saisir de nombreux détails. Au fond, pourtant, il
ne s'agit pas de cette alternance de confusion et d'éluci-
dation, si l'on doit interroger le caractère fondamentale-
ment énigmatique de l'œuvre de Kafka du point de vue
de ses conditions de possibilité. Les indications qui vont
suivre n'ont pas pour but de résoudre cette énigme. Elles
veulent uniquement faire paraître plus clairement l'es-
sence de l'énigme sous un aspect bien déterminé et trop
rarement envisagé jusqu'ici. Cet aspect relève du rap-
port de Kafka à l'histoire Par là on n'entend qu'en
seconde ou en troisième ligne la position de Kafka au
sein du champ de forces de l'histoire contemporaine de
l'esprit et de la littérature. Ce qui constitue la base de
cette position et lui permet d'être enfin ce qu'elle est
76 L'ENDURANCE DE LA PENS:ËE

trouve son explication dans la conception très particu-


lière de l'histoire qui se manifeste dans l'œuvre de Kafka
et dans ses réflexions esthétiques. Bien que des figures
historiques apparaissent à l'occasion dans le cercle de
ses représentations, Kafka n'a pas écrit de récits ou de
romans historiques au sens courant. On a pu dire avec
une certaine justesse que le Procès et le Château se
déroulaient dans une sorte de Moyen Age intemporel.
Cela n'exclut pourtant pas du tout que l'historicité de
l'existence ait été méditée par Kafka de façon plus fonda-
mentale que par aucun écrivain moderne qui lui soit com-
parable. Ce caractère fondamental présuppose d'ailleurs
la destruction de la pensée historique courante immédia-
tement contemporaine. Le sens de l'irréductible indivi-
dualité de toute situation historique, développé depuis le
xvn1• siècle par l'historicisme moderne, est aussi étranger
à Kafka que l'idée d'un processus d'évolution historique.
Deux choses faciles à démontrer. Je me limiterai pour
commencer au récit fragmentaire La muraille de Chine
dont la rédaction, selon les dernières tentatives de
datation, remonte au printemps 1917. Il devra tenir
lieu d'un grand nombre d'autres exemples que fourni-
raient aisément les œuvres complètes de Kafka.
Dans la relation qu'un contre-maître originaire du
sud de la Chine fait de la construction de la grande
muraille, le langage aborde finalement les rapports du
peuple et de l'empereur de Chine. Le narrateur ne peut
parler que du point de vue de sa patrie, la Chine
du sud, mais ce point de vue est suffisamment remar-
quable. En effet la grandeur immense de l'empire em-
pêche que des nouvelles sûres ne parviennent du palais
impérial de Pékin jusque dans les villages du sud. Les
nouvelles se contredisent. « Certes on entendait ra-
conter beaucoup de choses, mais on n'en pouvait rien
tirer » (BK 77). Et même si une nouvelle sûre parvenait
à filtrer, à son arrivée elle serait périmée depuis long-
temps. Aussi le peuple ne sait-il même pas quel est au
juste l'empereur actuellement régnant, et le doute plane
jusque sur le nom de la dynastie. Des proclamations
d'empereurs morts depuis longtemps sont accueillies
comme des ordres actuels. « Des batailles de notre
histoire la plus ancienne viennent seulement d'avoir
lieu et ton voisin, les joues en feu, se précipite chez
toi pour te les annoncer » (BK 80). Inversement on
confond les souverains présents avec les morts. S'il
L'ENDURANCE DE LA PENSBE 77

arrive qu'un fonctionnaire impérial vienne dans la pro-


vince, les villageois échangent des sourires et croient
savoir que l'empereur au nom duquel il parle appartient
à une dynastie depuis longtemps éteinte. Il en résulte
que le pouvoir central de l'empereur n'a aucune exis-
tence actuelle pour les provinciaux et qu'ils vivent dans
une singulière sorte de liberté. Le narrateur né en
Chine du sud parle d'une confusion et d'une imprécision
où demeure l'empire pour les Chinois. Sur la base des
indications qu'il fournit, mais d'un point de vue mo-
derne, européen, on serait tenté de rattacher cette im-
précision à une forme de pensée spécifiquement my-
thique et anhistorique qui n'a pas encore appris à
séparer nettement le présent du passé. Les époques
sont manifestement confondues par ces Chinois dans
une sorte de rêve. Nous ne nous étonnons donc pas
non plus d'entendre ce même narrateur nous parler
de l'œuvre savante d'un auteur chinois qui compare
la construction de la muraille de Chine avec celle de
la tour de Babel et mélange les deux événements. Ce
qui a réellement lieu échappe ainsi à une prise sou-
cieuse d'éviter l'équivoque. Personne ne connaît les
plans de l'immense muraille. Le soupçon se fait jour
peu à peu qu'il s'est agit dès l'origine d'une œuvre
purement fragmentaire, d'une construction partielle.
Même pour celui qui parle avec un recul historique
assuré, comme le narrateur chinois de Kafka, le plan
d'ensemble de l'entreprise n'est pas reconnaissable. Il
faut plutôt admettre que la décision de construire la
muraille et l'autorité suprême qui dirige la construction
ne sont pas des phénomènes historiques. « Non, le
conseil suprême existait probablement depuis toujours,
ainsi que la décision de construire la muraille. Inno-
centes peuplades du Nord, qui croyaient avoir pro-
voqué cette construction, vénérable et innocent em-
pereur, qui croyait l'avoir ordonnée. Nous autres, cons-
tructeurs de la muraille, nous avons une autre version
des choses, mais nous nous taisons » (BK 76). Un
événement historique, la construction de la muraille
de Chine, est ici clairement soustrait à la dimension
des processus historiques. Il n'y a aucun sens à cher-
cher une motivation historique au commencement de
la construction. Le domaine qu'il faudrait parcourir
ici, « c'est l'illimité » (BK 74). Le narrateur lui-même
devrait désespérer de raconter l'histoire de la construc-
78 L'ENDURANCE DE LA PENS:Ë.E

tion de la muraille s'il ne se promettait un éclaircisse-


ment décisif d'une méthode qu'il appelle « histoire
comparée des peuples » et dont il dit : « il y a certaines
questions dont c'est le seul moyen d'atteindre en quel-
que sorte le vif » (BK 76). Cette remarque intervient
au moment capital où le narrateur passe de la relation
de ses propres expériences de contre-maître employé
à la construction de la muraille à la description du
type de pensée anhistorique particulier à ses compa-
triotes. Nous nous trouvons ici à l'articulation logique
de la construction du fragment narratif. Sa seconde
partie est effectivement constituée par de l'histoire
comparée des peuples dans la mesure où s'y trouve
mis en évidence un trait fondamental, caractéristique
de la pensée des Chinois. Cependant le fragment s'in-
terrompt avant d'aborder la comparaison avec un type
de pensée extérieur à la Chine. Et surtout, la combi-
naison logique finale que l'on attendait à partir de
cette articulation du texte n'est pas menée à son
terme ; la question de savoir en quelle manière l'habi-
tude chinoise de confondre les époques et les dynasties
pourrait constituer une explication des phénomènes
propres à la construction de la muraille de Chine n'est
pas tranchée. Celui qui s'est un peu familiarisé avec
les méthodes pleines de subterfuges de Kafka, surtout
en ce qui concerne l'armature logique de ses récits,
ne s'attendra guère à ce que la suite du fragment (dont
l'éditeur, Max Brod, pense qu'elle a existé mais fut
détruite par Kafka) lui fournisse une conclusion quasi
scientifique. Toute l'expérience acquise dans la fréquen-
tation des textes kafkaïens enseigne plutôt que l'annonce
d'une démarche scientifique, telle qu'on la rencontre
(entre autres) chez le narrateur, dans le fragment
La muraille de Chine, n'aboutit jamais qu'à des para-
doxes de pensée encore plus profonds et à des cercles
vicieux d'hypothèses auxquels il n'existe plus aucune
issue rationnelle. On pourrait citer parallèlement ici,
comme exemples très voisins, les Recherches d'un
chien ou le Rapport pour une académie. Mais le récit
La colonie pénitentiaire pousse déjà au premier plan
un personnage de narrateur qui aborde les phéno-
mènes avec un regard d'explorateur. Dans tous les cas,
à l'attitude quasi scientifique s'allie un style de narra-
tion prodigue en détails et fondé sur l'observation
réaliste de l'irréel lui-même, mais la minutie de la
L'ENDURANCE DE LA PENSÉE 79

description n'aboutit pas à une théorie scientifique


satisfaisante du raconté ; au contraire, en vertu d'une
très forte nécessité interne et par manière de contre-
coup ironique, elle aboutit à la reconnaissance de
l'incompréhensibilité totale de ce que l'on prétendait
comprendre par un enregistrement exact des faits et
une étude rigoureuse des données. C'est pourquoi, même
dans un contexte différent du nôtre, il serait oiseux de
se creuser longuement la tête sur la suite possible du
fragment La muraille de Chine. Dans l'œuvre de Kafka,
les personnages de chercheurs se caractérisent par le
fait que, loin d'aboutir à un résultat, ils sont renvoyés
à leurs prémisses. Dans le fragment qui nous occupe,
ces prémisses sont aussi aisées à reconnaître que si le
récit avait été mené à son terme. Présentées sous une
forme plus générale, elles n'expriment rien d'autre que
l'impossibilité absolue de saisir ce qu'on appelle un
fait historique dans toute son ampleur et avec la tota-
lité de ses conditions préalables. Le fait que le person-
nage du narrateur, né en Chine du sud, se promette
lui-même un secours de l'histoire comparée des peuples
n'est, sous ce jour, que l'une de ces ironies profondes
et secrètes dont abonde l'œuvre de Kafka. Mais il ne
faut surtout pas s'en tenir à cette constatation,
car l'œuvre de Kafka ne posséderait pas cette force
positivement magique dans son aptitude à éclairer
la conception de l'existence propre au stade ultime
des Temps modernes, si son trait fondamental se
ramenait simplement à une démystification ironique.
Vers la fin de notre fragment, certes, le narra-
teur commente ainsi l'incapacité de ses compatriotes
à distinguer clairement le passé du présent : " si l'on
voulait déduire de tels phénomènes qu'au fond nous
n'avons pas d'empereur, on ne serait pas très loin de
la vérité » (BK 81 sq). Le narrateur y voit une " fai-
blesse de la faculté de représentation et de foi chez un
peuple qui ne parvient pas à tirer l'idée impériale de
son enlisement à Pékin, pour la serrer comme une
vivante présence sur son cœur de sujet qui ne désire
pourtant rien de plus que sentir une seule fois ce
contact et s'y anéantir » <BK 83). Puis viennent immé-
diatement avant l'interruption du fragment les phrases
décisives qui, sans aucun doute, approchent de beau-
coup plus près encore la vérité : " il est d'autant plus
frappant que cette faiblesse semble être justement l'un
80 L'ENDURANCE DE LA PENS.ËE

des plus importants moyens d'union pour notre peuple;


et même, si l'on peut risquer une telle expression, le
sol même sur lequel nous vivons » (BK 83).
Nous nous trouvons ici dans la sphère d'une des
pensées centrales quoique, je l'accorde, paradoxales de
Kafka. Dans la même sphère se situe la remarque
aphoristique selon laquelle c'est dans la maison en
feu que le problème architectonique fondamental devient
visible pour la première fois. Le phénomène de désa·
grégation peut disposer à notre convenance le sol sur
lequel nous vivons ; la destruction catastrophique nous
mène à la connaissance du tracé à l'intérieur duquel
nous vivons. Cette pensée n'a rien d'édifiant en soi :
la possession assurée n'est possible que dans le retrait.
Il est une espérance démesurée de parvenir à la clarté,
à l'accomplissement suprême, sans laquelle l'œuvre de
Kafka n'est pas concevable; en même temps, cette
œuvre prend sa substance concrète dans l'idée que
nous sommes à jamais coupés de la réalisation de cet
espoir. Il est également impropre de vouloir tirer de
Katka une doctrine du salut et de voir en lui le poète
du désespoir pur et de l'absence d'issue. Son œuvre
n'est compréhensible qu'à partir de la pleine tension
entre accomplissement et refus. L'homme apparaît dans
la production littéraire de Kafka comme ce qu'il est :
un habitant de l'entremonde. L'homme supporte l'inter-
valle en cela que, privé de patrie, il l'habite. On peut
rapporter cet intervalle à la plus noble polarité que
connaisse la pensée européenne, la polarité de l'être
et du néant. A cela correspond la formule trouvée par
Kafka pour désigner le but suprême de sa vie, formule
qui constitue en même temps un précepte stylistique
concret pour le poète Kafka : «l'examinai les désirs que
j'avais pour la vie. Le plus important ou le plus atti·
rant se révéla être le désir de parvenir à une idée de
la vie (et - les deux choses étant nécessairement liée~
- de pouvoir en persuader les autres par mes écrits) qui
conservât à la vie, certes, le naturel et la lourdeur de
ses chutes et de ses ascensions, mais qui, simultané·
ment, la reconnût avec une clarté non moins grande,
pour un néant, pour un rêve, pour un flottement... Un
peu comme le désir d'assembler une table avec un
marteau, à la façon méticuleusement ordonnée de
l'artisan, et en même temps de ne rien faire,· non
pas de telle sorte que l'on puisse dire : « Pour lui, se
L'ENDURANCE DE LA PENS~E 81

servir d'un marteau, ce n'est rien », mais « Pour lui.


se servir d'un marteau, c'est un véritable travail au
marteau, et en même temps ce n'est rien » : si bîen
que l'usage du marteau en serait devenu d'autant plus
audacieux, plus décidé, plus réel et, si tu veux, plus
insensé » (BK 293 sq).
Ce n'est pas ici le lieu d'évoquer, fût-ce par allusion,
la multitude d'aspects sous lesquels ce projet fonda·
mental se déploie dans l'œuvre poétique de Kafka. Nous
nous contentons de signaler ses effets dans le domaine
de la conception kafkaïenne de l'histoire. Rapporté à
ce domaine spécialisé, le principe devrait s'énoncer
ainsi : pour lui l'histoire est à la fois une histoire
réelle et un néant. Le fragment La muraille de Chine
dont nous sommes partis confirme déjà cette formule
d'une façon très impressionnante. Que des événements
semblables à la construction de la muraille de Chine
se soient réellement produits en tant que faits histo-
riques, c'est une chose que le texte suppose bien
connue, mais en même temps le fragment ne vise à
rien d'autre qu'à démontrer le caractère totalement
insaisissable, sinon invraisemblable, de l'événement his-
torique. Pour le moins, dans la description que Kafka
nous offre par l'intermédiaire de son narrateur chinois,
les présupposés et les motivations historiques de la
construction, ainsi que les buts véritables de la direc-
tion des travaux, échappent totalement aux prises de
la conscience historique. Seul un interprète naïf pour-
rait se laisser fourvoyer par la seconde partie du frag-
ment au point de chercher à son tour la raison de ce
retrait sur la voie de l'histoire comparée des peuples
ou même sur celle de leur psychologie comparée. La
conscience rêveuse et imprécise que, dans ce fragment,
le peuple chinois a de l'histoire, n'est que l'exagération
transposée dans l'exotisme d'une compréhension plus
générale de l'histoire qui, sans contredit, n'a pratique-
ment plus rien à voir avec celle de l'historicisme
moderne. Chez Kafka, les Chinois du sud sont incapables
de saisir dans son individualité historique l'événement
survenu isolément dans la succession des dynasties
impériales, et ils sont incapables de percevoir dans
l'histoire, en s'orientant d'après le chiffre des années,
un déroulement sensé qui leur faciliterait le classement.
Mais cela ne veut pas dire que l'historique soit moins
réel pour eux. Il possède même une forme de réalité
82 L'ENDURANCE DE LA PENSÉE
devenue impossible dans le cadre d'une conception
historiciste de l'histoire. En effet ils peuvent encore
pleurer à la nouvelle de. la mort d'un empereur disparu
depuis des millénaires comme s'il s'agissait d'un évé-
nement récent. Mais cela entraîne pour conséquence
inverse leur incapacité à percevoir comme telle la réalité
actuelle de l'empire présent.
Dans tout cela, la représentation que Kafka nous
offre de la pensée historique des provinciaux du sud
de la Chine n'irait pas au-delà d'une singularité tein-
tée d'archaïsme telle qu'il n'en peut survenir que
dans un monde de provinciaux mal informés. Même
le narrateur qu'il met en avant paraît enclin à attribuer
surtout le type de pensée anhistorique de ses compa-
triotes aux distances incommensurables et aux moyens
de communication défectueux à l'intérieur de l'empire
chinois. Il va jusqu'à supposer textuellement que les
Chinois du sud pourraient rester à l'écart des évé-
nements historiques, car pour eux ces peuples légen-
daires du Nord contre lesquels la muraille a été pré-
tendument édifiée ne prennent en aucune circonstance
de réalité historique : « Nous ne les avons pas vus, et•
si nous restons dans notre village nous ne les verrons
jamais, même si, sur leurs chevaux sauvages, ils se
précipitent et fondent droit sur nous - le pays est
trop grand, il ne les laisse pas parvenir jusqu'à nous,
leur course se dissipera dans l'air vide » (BK 75). Sans
contredit, voici de nouveau une argumentation si frap-
pante qu'on ne peut s'empêcher de soupçonner derrière
elle un trait spécifique du type de pensée et de repré-
sentation propre à Kafka. Ce soupçon se justifie im-
médiatement si nous regardons maintenant de plus
près cette légende que le narrateur cite comme une
illustration particulièrement claire des relations entre
les Chinois et leur empereur, et que Kafka lui-même
a détachée du fragment par la suite, pour la publier
comme brève nouvelle sous le titre Un message de
l'empereur. Cette légende raconte l'histoire d'un mes-
sager que l'empereur mourant a dépêché à l'un de ses
sujets très lointains. Le messager est un homme solide
et il progresserait comme personne, si seulement il
avait le champ libre devant lui.
Mais au lieu de cela, quelle peine inutile il se
donne ; il en est toujours à se forcer un passage à
travers les appartements du palais central; jamais
L'ENDURANCE DE LA PENSgE 83

il ne les franchira; et s'il y parvenait, rien ne serait


gagné; il devrait encore lutter pour descendre les
escaliers; et s'il y parvenait, rien ne serait gagné;
il faudrait traverser les cours, et après les cours, le
second palais qui renferme le premier; et à nouveau,
des escaliers et des cours; et à nouveau un palais ;
et ainsi de suite, durant des millénaires ; ...
Il devient clair ici qu'au fond ce n'est pas la distance
topographique qui se révèle insurmontable. S'il ne
s'agissait que d'elle, le messager serait arrivé depuis
longtemps chez le destinataire du message. C'est plutôt,
littéralement, à travers les millénaires qu'il ne peut se
frayer un passage ; tout le poids de la tradition de
l'empire chinois, manifesté par le labyrinthe du palais
impérial. Du messager il est dit ensuite :
... et s'il jaillissait finalement par la porte la plus
extérieure - mais jamais, jamais cela ne peut ar-
river - alors la ville résidentielle s'étendrait devant
lui, le milieu du monde, exhaussée sur ses sédiments
accumulés. Ici personne ne passe, surtout avec le
message d'un mort (BK 79).
C'est de la profondeur de l'histoire même que le
message de l'empereur maintenant mort ne peut plus
émerger. La légende du message impérial désigne la
zone centrale de la difficulté des rapports avec l'his-
toire, dont le fragment La muraille de Chine traite dans
son ensemble. Dans la légende ainsi intercalée, le
contenu du fragment se condense, procédé de technique
narrative que l'on rencontre aussi ailleurs chez Kafka,
notamment dans l'histoire Devant la loi, insérée dans
Le procès. De même que l'histoire du gardien de la
porte représente la quintessence du roman et met en
main la clef véritable de son interprétation, de même
la légende du message impérial nous ouvre le sens du
fragment narratif La muraille de Chine. Face à l'aporie
fondamentale que dévoile cette légende, la tentative
du narrateur pour découvrir la trace du secret de la
construction de la muraille grâce à l'histoire comparée
des peuples fait l'effet d'une méthode de naïf : de
même les efforts de Josef K. dans Le procès pour pé-
nétrer jusqu'à l'instance décisive de la Haute Cour et
lui arracher son acquittement paraissent inévitablement
naïfs et inadéquats si l'on considère à l'arrière-plan
84 L'ENDURANCE DE LA PENS~E

l'histoire du gardien dont la force consiste à exposer une


fois pour toutes l'inaccessibilité du but. La légende du
message impérial montre clairement que le manque
d'informations assurées qui caractérise les provinciaux
n'est pas un manque auquel on puisse remédier tech-
niquement par l'introduction d'un meilleur système de
communications. Si les Chinois du sud sont incapables
d'instaurer des relations immédiates, réelles, actuelles
avec leur maître suprême, l'empereur, si bien qu'ils ne
peuvent entrer en possession de leur propre présent,
cela reflète uniquement la constitution fondamentale de
l'existence humaine. Mais cette faiblesse, ne l'oublions
pas, est en même temps le sol où l'on peut vivre, celui
qui donne au peuple son unité.
Pour Kafka, effectivement, l'existence humaine est
caractérisée dans son ensemble par un trait commun
fondamental : elle est incapable d'entrer en possession
de ses propres présupposés historiques. C'est pourquoi
elle est contrainte de s'installer dans un interrègne
spécifique. L'origine et la fin de l'histoire humaine ne
se laissent pas connaître. « L'instant décisif de l'évo-
lution dure perpétuellement ». Cette phrase provient
du recueil d'aphorismes de Kafka qui remonte à l'hiver
1917-18 et auquel Max Brod a donné pour titre : Médi~
tations sur le péché, la souffrance, l'espoir et le vrai
chemin. Kafka poursuit : « C'est pourquoi les mouve-
ments spirituels révolutionnaires qui déclarent nul tout
ce qui a précédé ont raison, car rien n'est encore
advenu » (HL 39 sq). Dans cette proposition, « rien
n'est encore advenu », la conception kafkaïenne de
l'histoire se laisse transcrire en une formule qui l'ex-
prime jusqu'au oœur. Certes, cette proposition demande
à être bien comprise. Même s'il reconnaît un certain
droit aux mouvements révolutionnaires, même s'il a
participé - la chose est attestée - à des réunions
anarchistes de Prague, Kafka ne possède pas la naïveté
du révolutionnaire qui rejette de sa propre autorité
la tradition historique, parce qu'il croit pouvoir enfin
instaurer par ses propres forces un événement essentiel
et réel. Sa phrase « rien n'est encore advenu » ne
signifie donc pas l'incendie des vaisseaux pour un départ
allègre vers un avenir inconnu que l'on imagine glo-
rieux. Les apories que rencontre Kafka dans ses rapports
avec l'histoire se répercutent directement sur sa rela-
tion au futur. Par là se confirme l'idée que ce que nous
L'ENDURANCE DE LA PENS'Ë.E 85

dénommons historicité de l'existence n'a pas seulement


affaire au passé mais doit être considéré dès l'abord
à partir de la pleine tension entre l'histoire passée et
l'histoire future. La façon dont ce contexte se présente
à Kafka se laisse assez clairement reconnaître dans le
recueil d'aphorismes cité ci-dessus. Avant d'examiner
de plus près ce recueil pour acquérir une vue plus
complète de la pensée de l'histoire chez Kafka, une
remarque de méthode s'impose. Les aphorismes de
l'hiver 1917-18 se caractérisent par le fait qu'ils se
rattachent plus fortement qu'il n'est usuel chez Kafka
à une certaine tradition mythique-historique. Un certain
nombre de ces aphorismes tournent autour du récit
fait par l'Ancien Testament de la chute et de l'expulsion
des premiers hommes hors du paradis. Certes, dans
l'œuvre de Kafka, on trouve ailleurs à maintes reprises
des retours à la tradition mythique et historique. Le
fragment La muraille de Chine en constitue un premier
exemple. Je renvoie en outre à des textes en prose
comme la légende de Prométhée et le texte non moins
important sur Poséidon, à l'interprétation kafkaïenne de
la rencontre d'Ulysse et des sirènes ou au rôle frap-
pant que joue dans différents passages de l'œuvre la
figure d'Alexandre le Grand. Tous ces recours à des
épisodes et à des figures mythiques et historiques ont
ceci de caractéristique que Kafka transforme leur signi-
fication de façon catégorique, certains iraient peut-être
jusqu'à dire : arbitraire. Pourtant, seule est arbitraire
ici la logique rigoureuse avec laquelle Kafka dégage
le problème fondamental que recèlent de telles tradi-
tions. Dans le cas de ses réflexions aphoristiques sur
la chute, Kafka semble toutefois rester plus près de
la source historique. Cela ne vaut pas seulement pour
l'élément purement factuel du récit biblique, à peine
modifiable dans son originalité archaïque. Cela vaut
également pour la terminologie utilisée par Kafka dans
un grand nombre de ces aphorismes qui, d'une façon
très inhabituelle chez lui, se rattachent étroitement aux
représentations judéo-chrétiennes. Mais une étude plus
attentive montre très clairement que cela ne le fait
nullement sortir de l'entremonde fondamental pour la
structure de son œuvre. La thématique en quelque sorte
religieuse de nombreux aphorismes n'est pas du tout
pour lui un moyen d'esquiver les paradoxes et les
apories de son projet initial. Dans cette thématique, le
86 L'ENDURANCE DE LA PENS"Ë.E

caractère paradoxal de sa pensée s'accuse encore da-


vantage, ou, plus précisément - car cela n'est pas
vraiment possible - il se montre à nous selon un mode
plus accessible, en se rattachant à une tradition qui nous
est familière. Une analyse plus précise des aphorismes
révèle également très vite de quelle façon fondamen-
tale Kafka modifie aussi l'interprétation du récit bibli-
que. Cela va si loin qu'en certains passages il contredit
franchement ce récit, sans toutefois le rejeter comme
entièrement inexact. Par rapport à la totalité des
aphorismes, il faut dire que Kafka s'introduit ici
dans un univers intellectuel qui ne se manifeste pas
dans le reste de son œuvre et qu'il est également im-
possible d'interpréter comme la clef enfin découverte
de cette œuvre ou comme un simple masque termino-
logique derrière lequel Kafka dissimulerait son vrai
visage. La singulière démarche de l'interprétation kaf-
kaïenne de l'Ancien Testament provient plutôt de ce
qu'il reste capable de donner à cette tradition en la
prenant à la lettre un visage inattendu qui est son pro-
pre visage à lui Kafka.
Cette brève digression sur le caractère fondamental
des aphorismes était indispensable si l'on voulait qu'ils
puissent nous venir en aide pour analyser la singularité
de la pensée historique de Kafka. Et surtout, c'est la
seule façon de rendre enfin compréhensibles certaines
contradictions apparentes dans le langage de ces apho-
rismes. Ces contradictions apparaissent également au
point précis où les réflexions sur la condition humaine
qui se rattachent à la chute concernent directement
la conception kafkaïenne de l'histoire. On pourrait
citer ainsi toute une série d'aphorismes qui excluent
l'idée d'une évolution de l'histoire humaine. La phrase
déjà citée selon laquelle, en réalité, rien n'est encore
advenu, en offre seulement un exemple significatif. Mais
d'autre part, toujours dans le même recueil, Kafka
reparle à l'occasion d'une évolution de l'homme, comme
si cela allait de soi. Les contradictions internes de cet
ordre ne peuvent être objectivement tirées au clair que
si l'on a bien perçu l'orientation fondamentale du
recueil et, en particulier, des aphorismes qui se ratta-
chent aux représentations bibliques. A l'aide d'une
terminologie relativement conventionnelle, ils tentent
d'aborder le problème fondamental qui, à vrai dire, ne
peut plus s'exprimer dans cette terminologie, ou seu-
L'ENDURANCE DE LA PENSÉE 87

lement par des formules paradoxales et donc apparem-


ment contradictoires.
Il faut d'abord considérer que la phrase selon laquelle
rien n'est encore advenu se prête à une mise au futur
et, simultanément, à un retournement logique. Cons-
tamment le décisif advient déjà : « Seul notre concept
du temps nous fait nommer ainsi le Jugement Dernier,
en fait c'est la loi martiale (Standrecht) 1 » (HL. 43).
Bien que rien ne soit encore advenu depuis la chute,
l'homme se voit constamment placé devant la décision
dernière. La loi martiale plane sur toute l'histoire
de l'humanité, et le concept de Standrecht doit être
ici pris à la lettre. C'est pourquoi, plutôt que d'une
marche de l'histoire, on pourrait parler chez Kafka
d'un état (Stand) de l'histoire. L'existence est située
dans l'instant perpétuel de la décision comme dans son
état historique. Kafka en dit ceci : « Pécheur est l'état
où nous nous trouvons, indépendamment de la faute »
(HL 48). Cette constatation est extrêmement proche de
la pensée exprimée par la célèbre phrase du recueil :
« Il y a un but, mais pas de chemin ; ce que nous
nommons chemin n'est que détour où l'on s'attarde »
(HL 42). Il n'est pas facile de saisir intellectuellement
ce paradoxe dans toute son ampleur et avec la rigueur
nécessaire. Dans la langue dont nous disposons, on ne
peut que le signaler sans relâche par des phrases pa-
radoxales. Celui qui veut comprendre l'état historique
de l'homme au sens kafkaïen doit renoncer à l'idée d'un
chemin qui mènerait pas à pas au but, mais il doit
aussi renoncer à « notre concept du temps » qui nous
présente le but de l'histoire - en termes mythologiques,
le Jugement Dernier - comme quelque chose qui, de
soi-même, arriverait de l'avenir vers nous. Cette des-
truction de la représentation courante est particulière-
ment radicale et frappante dans la note sur l'avène-
ment du Messie :
Le Messie ne viendra que lorsqu'il ne sera plus né-
cessaire, il ne viendra qu'un jour après son avènement,
il ne viendra pas au jour du Jugement Dernier, mais
au jour suivant (HL 90).
Dans le même cahier, Kafka a noté cette image inou-
bliable des voyageurs qui ont été victimes d'un accident
de chemin de fer dans un long tunnel, « et cela en un
endroit d'où l'on ne voit plus la lumière de l'entrée,
et où la lumière de la fin est si imperceptible que te
88 L'ENDURANCE DE LA PENSÉE

regard doit sans cesse la chercher et la reperd sans


cesse, où le début et la fin ne sont même pas assurés »
(HL 73). Parler d'un début et d'une fin de l'histoire uni-
verselle ne retrouverait un sens justifiable qu'une fois
que nous serions délivrés de cette situation. Alors
seulement le Messie pourrait arriver chez nous; certes
son arrivée ne serait plus nécessaire puisque nous
serions déjà rachetés. Mais par ses propres forces,
l'homme ne peut se libérer de son état historique.
Il est incapable de parvenir au but de son histoire par
un effort progressif. Au lieu de cela, l'histoire se
manifeste à lui comme le jeu de kaléïdoscope qui, dans
la confusion de leurs sens, entoure les voyageurs acci-
dentés.
Cela prend l'allure de la résignation absolue et du
scepticisme en matière de théorie de la connaissance.
En réalité il est certain pour Kafka, comme en témoigne
ce recueil d'aphorismes, que l'homme est, depuis la
chute, une créature connaissante. Seulement il ne
possède pas la force d'agir conformément à ses con-
naissances. C'est pourquoi, dans l'espoir d'acquérir ainsi
la force nécessaire, il doit se lancer dans une tentative
pour se détruire lui-même. Sur la base de cette argu-
mentation, la faculté de connaître propre à l'homme
est, pour Kafka, encore beaucoup plus étroitement liée
à son caractère mortel qu'il ne ressortait déjà du récit
biblique de la chute. Cependant l'homme recule devant
cette ultime tentative, et cette angoisse lui fait carac-
tériser comme chute l'événement fondamental de son
histoire. Pourtant on ne peut annuler le fait de la con-
naissance. On peut tout au plus le falsifier en l'élevant
à la hauteur d'un but qui reste à atteindre (HL 103).
Considérée dans ce contexte, la conception de l'histoire
particulière à Kafka naît du refus de falsifier le fait
de la connaissance. Au service de la connaissance,
Kafka se résout à ces retards dans l'approche du but
qui constituent pour lui l'unique voie. Par ces retards,
la position poétique de Kafka est exactement déterminée.
Seule la persévérance constamment retardée devant
l'inaccessible but rend possible une présentation poétique
de l'état de fait qui veut que l'instant décisif de l'évo-
lution dure sans discontinuer. C'est la seule voie qui
permette à la faiblesse de l'homme de devenir le sol
sur lequel il vit.
Ce n'est pas ici le lieu d'étudier cette position fon-
L'ENDURANCE DE LA PENSÉE 89
damentaie de Kafka dans le détail de sa création
poétique. En attirant l'attention sur le fragment La
muraille de Chine, on aura peut-être donné pourtant
un premier aperçu de l'aptitude kafkaïenne à trans-
former le principe du retard qui ne permet pas au
messager impérial, malgré tous ses efforts, de dépasser
le seuil du palais, en un procédé poétique. Que ce
procédé ne se réduise pas à une simple négation de
l'image traditionnelle de l'histoire et à la représen-
tation d'un labyrinthe sans issue, cela ressort de la
phrase où Kafka a résumé ses intentions artistiques :
« que quelqu'un soit capable de s'arrêter à un mot de
la vérité : tous (y compris moi-même dans cette ma-
xime) la dépassent avec des centaines de mots » (HL
360).
(traduit par Julien Hervier)
NOTE

1. Le mot Standrecht exprime l'idée d'une législation rigou-


reuse et sans délai, la loi martiale appliquée dans l'état de
siège. On voit donc que Kafka oppose à la conception courante
d'un Jugement Dernier, ultime fin de toute médiation, sa conception
du Jugement immédiat, sans délai, implacable. L'idée d'état,
Stand, qu'il renferme est reprise ici littéralement dans Je mot
composé Geschichtsstand, état de l'histoire.
Les titres des œuvres sont ceux de l'édition française complète
(Cercle du livre précieux, Paris). Les références des citations
renvoient à l'édition allemande Fischer : Beschreibung eines
Kampfes (BK) et Hoclizeitsvorbereitungen auf dem Lande (HL).
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