IAP spa
FORMATION INDUSTRIE
Centre des Techniques Appliquées SKIKDA
SEMINAIRE
CORROSION et PROTECTION
I- Introduction et généralités
1- Définition:
La corrosion peut être définie de plusieurs manières:
a) Destruction ou détérioration des matériaux au contact d'un environnement agressif.
b) Destruction des matériaux par des moyens non mécaniques.
c) Retour des métaux et alliages à leur état naturel de minerais (processus inverse de la
métallurgie)
d) La norme ISO 8044 (1999) définit la corrosion d’un métal comme « une interaction
physico- chimique entre un métal et son environnement entraînant des modifications dans les
propriétés du métal et souvent une dégradation fonctionnelle du métal lui-même, de son
environnement ou du système technique constitué par les deux facteurs. Note : cette
interaction est généralement de nature électrochimique ».
Quelle que soit la définition adoptée, le résultat est le même : il conduit soit à la réparation,
soit au remplacement de la structure endommagée.
La plupart des matériaux sont susceptibles de se détériorer dans certaines conditions: par
exemple les plastiques gonflent sous l'effet de certains solvants, le bois pourrit, le granit
s'érode, les métaux et alliages métalliques s'oxydent, passent en solution par dissolution
d'atomes de leur surface ou se fissurent par sous l'effet d'une attaque combinée d'une tension
mécanique et d'une dissolution localisée…
On voit donc que le terme corrosion est beaucoup plus général que celui de rouille qui est
réservé exclusivement à la corrosion du fer et des aciers peu alliés, corrosion qui se traduit
surtout par la formation d'oxyde ferrique.
2- Processus de la corrosion:
La plupart des réactions de corrosion font appel à des mécanismes de nature électrochimique,
en particulier les réactions de dissolution en milieu électrolytique ou d'oxydation à haute
température
Suivant la nature du milieu environnant et de la température, la corrosion est dite humide ou
sèche quoique toujours de nature électrochimique.
Dans le premier cas, le milieu est constitué par un liquide généralement électrolytique; la
température est modérée. Dans le second cas, il est constitué par des vapeurs et gaz au dessus
de leur point de rosée; la température est souvent élevée (> 200°C).
a) Corrosion humide:
La corrosion humide est la plus rencontrée dans l'industrie du gaz et du pétrole ainsi que dans
l'industrie pétrochimique. Elle est responsable de la dégradation des structures métalliques en
contact avec tout milieu susceptible de contenir de l'eau, milieu complexe contenant quantité
d'espèces chimiques dissoutes ou en suspension, mais aussi avec les sols qui contiennent tous
plus ou moins d'humidité, et encore avec les gaz amenant des condensations d'eau. Cet
environnement c'est aussi la plupart des milieux industriels liquides.
La corrosion humide fonctionne comme une pile électrochimique et doit donc réunir
simultanément quatre facteurs pour pouvoir se déclencher:
b) Corrosion sèche:
La corrosion sèche se rencontre surtout dans les fours, chaudières et turbines à gaz. Comme
c'est déjà mentionné elle est aussi de caractère électrochimique et doit donc réunir les mêmes
facteurs. La seule différence réside dans le fait que le conducteur électronique et le
conducteur ionique sont remplacés par la couche d'oxyde formé à la surface du métal comme
le montre la figure ci-dessous:
Le métal s'oxyde à l'interface métal-oxyde et les cations diffusent vers l'extérieur du film. A la
surface extérieure l'oxygène se réduit en anions O2- qui diffusent vers l'interface métal-oxyde.
Les électrons libérés à cet interface doivent traverser la couche d'oxyde avant de réagir avec
l'oxygène externe. La surface extérieure du film joue donc le rôle de cathode et l'interface
métal-oxyde celui d'anode. L'oxyde est ici simultanément électrolyte et conducteur
électronique.
Il s'agit donc d'un phénomène d'oxydoréduction au cours duquel il y a transfert d'électrons. Le
métal, réducteur, fournit les électrons qu'accepte l'oxydant (ici l'oxygène).
Exemples :
c) Corrosion bactérienne:
La biocorrosion, appelée encore corrosion bactérienne, rassemble tous les phénomènes de
corrosion dans lesquels les bactéries agissent directement ou par l'intermédiaire de leur
métabolisme en jouant un rôle primordial, soit en accélérant un processus déjà établi, soit en
créant les conditions favorables à son établissement. Lorsque les colonies de microorganismes
se fixent à la surface du matériau, elles créent ce que l'on appelle alors un biofilm.
La présence de microorganismes est susceptible de modifier l'une de ces réactions
cathodiques ou anodiques, et par là même d'accélérer la corrosion du matériau. L'action des
bactéries est donc ici purement électrochimique, et ne correspond pas à une nouvelle forme de
corrosion mais à la modification de la cinétique d'une corrosion existante où à l'apparition
d'une corrosion par la modification des conditions de fonctionnement du système.
Parmi les actions possibles des microorganismes, on distingue :
· La production de composés corrosifs (métabolites) : de nombreuses bactéries peuvent
produire des métabolites qui s'avèrent corrosifs pour les matériaux métalliques. Par exemple,
certaines bactéries génèrent de l'acide sulfurique à partir des sulfures;
• Pertes indirectes :
- Arrêt de production
- Perte d’énergie
- Surépaisseur importante
Tous ces facteurs ont une influence directe sur la tenue d'un matériau donné, dans un milieu
donné. La compréhension du phénomène de corrosion fait appel donc à plusieurs disciplines:
Métallurgie, Electrochimie, Thermodynamique, Cinétique …
II : Notions de métallurgie :
La métallurgie a une importance particulière vis-à-vis du comportement d’un métal ou d’un
alliage métallique dans un environnement agressif donné. Les traitements thermiques par
exemple, et par suite la structure du matériau métallique, conditionnent souvent la tenue de ce
matériau dans un milieu particulier, donc son mode d’attaque et son taux de corrosion. Pour
cette raison, les notions les plus importantes de la métallurgie sont abordées dans ce chapitre.
II-1 L’état solide :
À l’état solide, chaque molécule ou atome ou ion s’associe à ses voisins pour créer un
empilement géométrique de telle façon que tout autre structure ou empilement demanderait un
surcroît d’énergie pour obtenir l’édifice solide (à l’équilibre). En d’autres termes, l’édifice
solide atteint est celui de moindre énergie.
Pour combiner des structures moléculaires dans un empilement, il n’y a pas de nombreuses
manières. En se basant seulement sur des considérations de géométrie et surtout de symétrie,
la majorité écrasante des composés solides est constituée d’un empilement particulier
d’atomes, d’ions, de molécules arrangé pour donner une configuration géométrique
particulière. Ce sont les réseaux de BRAVAIS :
Les métaux sont donc un assemblage d’ions positifs dans un « gaz d’électrons » qui assure
leurs conductivités électrique et thermique élevées, ainsi que l’éclat métallique
(interactions entre électrons et photons) et les propriétés mécaniques (plasticité).
La liaison métallique n’est pas dirigée et conduit à des assemblages compacts.
a) Métaux purs :
Le caractère essentiel de la structure cristalline des métaux est le mode d'empilement des
atomes qui offre une compacité optimale. Cette dernière est définie par la coordinence Nc du
réseau cristallin qui s'exprime par le nombre d'atomes tangents à un atome donné. Parmi
l'ensemble des structures cristallines, seuls trois types de réseaux répondent à ce critère de
compacité. Ce sont les réseaux cubique centré (cc), cubique à faces centrées (cfc), et
hexagonal compact (hc).
Les atomes sont situés aux 8 sommets d'un cube d'arête "a" ainsi qu'au centre des 6 faces du
cube (Figure II-5) :
La coordinence Nc (ou nombre de coordinence) de ces trois réseaux cristallins est donné par
la figure II-7 :
Figure II-9 : Insertions tétraédrique et octaédrique dans le réseau cubique faces centrées
Seuls 4 éléments ont des rayons atomiques inférieurs à celui des atomes métalliques et sont
donc susceptibles de s'insérer dans ces sites. Ce sont respectivement l'hydrogène, l'oxygène, le
carbone et l'azote. Ces quatre éléments jouent en particulier un rôle prépondérant, même à des
teneurs très faibles, dans les aciers inoxydables comme dans les aciers ordinaires.
• Composés définis
De structure cristalline très différente de celle des métaux purs, ils se distinguent des autres
types d'alliages par des liaisons interatomiques soit ioniques soit covalentes qui rappellent
celles des composés définis de la chimie.
Ainsi pour les aciers on trouvera la cémentite Fe3C, les nitrures Fe4N, et pour les aciers
inoxydables les carbures Cr23C6.
II-4 : Défauts des réseaux cristallins :
L'état cristallin a jusqu'ici été considéré comme un empilement parfait d'atomes régulièrement
répartis selon un système propre au matériau considéré. Les cristaux métalliques sont en
réalité imparfaits et présentent des défauts locaux.
Ces défauts peuvent être classés d'un point de vue géométrique en défauts ponctuels,
défauts linéaires et défauts répartis sur une surface interne.
• Défauts ponctuels :
Ils peuvent se répartir en quatre catégories selon leur géométrie :
1) Les lacunes ponctuelles
2) Les atomes interstitiels
3) Les atomes de substitution
4) Les défauts ponctuels complexes
Dans un cristal à l'équilibre thermodynamique il y a toujours des noeuds du réseau inoccupés
qui constituent des lacunes.
Leur nombre dépend de la température mais, lorsque l'on fait varier cette dernière, il peut
s'écouler un certain temps avant que le nombre de lacunes atteigne son nouvel état d'équilibre.
Toutefois, si le nombre de lacunes est susceptible de varier, il faut en conclure que ces "vides
atomiques" sont capables de migrer à l'intérieur du réseau et d'en franchir les limites.
Ce mécanisme résulte de permutations successives entre une lacune et un atome voisin qui
se déplace pour la combler, comme illustré à la figure ci dessous :
Figure II-10: Migration d'une lacune vers la surface par déplacements successifs d'atomes
Le second type de défaut ponctuel (atomes interstitiels) peut être représenté par le schéma de
la Figure II -11 où l'on constate la présence d'un atome interstitiel dans la rangée L1 qui
comporte un atome de plus que la rangée L2 :
Les schémas de la Figure II -10 et de la Figure II- 11 ne donnent en fait qu'une représentation
incomplète des défauts ponctuels considérés car les imperfections correspondantes ne se
limitent pas à une rangée atomique ou à un plan mais se font ressentir dans les plans voisins et
affectent ainsi un certain volume.
Chaque atome interstitiel en particulier provoque une déformation du réseau dans son
voisinage.
Une déformation analogue, mais de moindre importance, est causée par le troisième type de
défaut ponctuel, à savoir la présence d'un atome étranger substitué à un atome du métal
considéré (atome de substitution).
Les dislocations coin peuvent être représentées par un plan cristallographique qui se termine à
l’intérieur du réseau cristallin, figure II- 14 :
Le glissement des plans atomiques ne s’effectue pas d’un bloc mais progressivement par
propagation de la dislocation coin dans l’arrangement des atomes. Son déplacement
n’intéressant qu’un petit nombre d’atomes se fait sous contrainte plus faible et conduit à la
même déformation de glissement lorsqu’il a balayé tout le plan atomique.
b) Dislocation vis :
La déformation présentée Figure II-19 est la dislocation dite vis: elle se propage
perpendiculairement à la déformation, à la manière d’une fermeture glissière (Eclair). Elle
porte son nom car, si on fait le tour de la dislocation en suivant un plan atomique, on monte
d’un niveau par tour, à la manière du filet d’une vis.
Les dislocations vis peuvent être comprises comme la ligne de séparation entre le réseau
cristallin non perturbé et une zone de décalage partiel du réseau cristallin par rapport à la
région avoisinante du réseau
Ces dislocations ont des conséquences mécaniques importantes. Si on calcule pour un
cristal parfait la force nécessaire pour faire glisser un plan par rapport à un autre il faut
compter sur des forces de l’ordre de 109 newtons. La force réellement requise est plutôt
de l’ordre de 106 newtons. Cette facilité relative est principalement due à la présence de
dislocations coin.
Du fait que la liaison métallique n’est pas dirigée et du fait de l’aisance relative des
glissements des dislocations, les métaux peuvent se déformer sans rupture du moins
jusqu’à une certaine limite. C’est donc la facilité de mouvement des dislocations qui
explique la plasticité et la ductilité des métaux.
La résistance à la déformation des métaux ne varie pas linéairement avec la densité des
dislocations : elle est maximale pour une structure cristalline sans dislocations, minimale
pour une densité critique de dislocations ( 106 à 108 cm-2) et intermédiaire pour des
densités supérieures à cette valeur critique.
• Défauts de surfaces
Ce sont par exemple les surfaces libres (perturbation du voisinage des atomes de surface qui
ont perdu certains de leurs voisins) et les interfaces entre grains ou entre phases différentes.
a) Les joints de grains :
Rappelons que dans la plupart des cas, la matière cristalline est composée de plusieurs
cristaux accolés, qui ont une orientation différente ; on dit qu’elle est «polycristalline».Ceci
s’explique par le fait qu’au tout début de la cristallisation, on assiste avant tout à la nucléation
sur certains sites privilégiés (impuretés généralement), puis à la croissance des germes dans
toutes les directions de l’espace et finalement à la coalescence des grains pour former un
solide polycristallin(Figure II-20) :
L’interface entre deux cristaux s’appelle un «joint de grain» comme on voit sur la figure
suivante :
Les sous-joints de grains sont visibles comme traits plus fins à l’intérieure des grains :
Figure II- 24: Joints (traits forts) et sous-joints de grain (traits fins)
c) Les macles :
Les macles sont des joints de grain dans lesquels chaque atome fait en même temps partie des
deux grains avoisinants. Ceci est uniquement possible si le joint de grain est un plan de
symétrie miroir des deux grains en question comme le montre la figure suivante :
• Défauts de volume :
Les défauts dits « volumiques » sont essentiellement des cavités, des phases non désirées, des
inclusions (morceaux de matière étrangère, provenant de l’élaboration, par exemple particules
venant d’un moule).
Chacun de ces défauts (lacunes, dislocations, défauts de surface et de volume) a une
probabilité d’apparition qui est gouvernée par des considérations thermodynamiques
(énergie de formation) et cinétiques ; à titre d’exemple, la fraction volumique de lacunes,
qui augmente fortement avec la température à cause du terme d’entropie dans l’enthalpie
libre de Gibbs, ne dépasse cependant pas 0.1% même lorsque l’on s’approche de la
température de fusion.
Ces défauts sont souvent utilisés pour des raisons diverses. Citons par exemple :
→ Le durcissement par affinage des grains pour s’opposer à la propagation des
dislocations et réduire donc la ductilité ;
→ Le durcissement des alliages métalliques de substitution : la présence d’atomes de taille
différente provoque la distorsion du réseau bloquant ainsi le mouvement des dislocations ;
par exemple : le laiton (alliage Cu-Zn) est plus dur que le cuivre.
→ Le durcissement d’un matériau peut se faire par concentration des dislocations à un
point tel qu’elles deviennent un obstacle à leur propre propagation comme dans les essais
de traction :ce phénomène de consolidation est appelé écrouissage.
Du point de vue résistance à la corrosion, plus l’énergie du défaut cristallin est élevée, plus
ce défaut sera réactif et plus sa résistance à la corrosion sera faible. L’attaque corrosive
commence toujours au niveau de la surface libre et plus particulièrement au niveau des
joints de grains et sous-joints de grains qui affleurent à la surface du matériau.
Cette constance du point de solidification est explicable par la règle des phases ou règle de la
variance V qui, à pression atmosphérique constante, s'exprime par V = C + 1 -φ, ou
C est le nombre de constituants de l'alliage (2) et φ le nombre de phases distinctes par leur état
physique ou leur composition. Pour l'alliage CE à TE trois phases de compositions CE (liquide),
CM et CN (solides) coexistent, la variance est donc nulle et le système n'ayant plus de degré de
liberté la température est parfaitement déterminée.
c) Diagramme binaire avec solution solide secondaire (Figure II-28c)
La courbe du liquidus présente un ou plusieurs maxima correspondant en général à des
compositions définies telles que AB, A2B, AB2, etc. Autour de ces compositions existent des
intervalles correspondant à des alliages monophasés de structure cristalline en général
différente de celle de A et B, d'où le nom de solutions solides secondaires ou intermédiaires.
Suivant les alliages, le domaine d'existence de la solution secondaire peut atteindre de un à
plusieurs %. De part et d'autre d'un maximum se trouvent de plus deux domaines de
transformation eutectique E1 et E2.
Figure II-29 : Diagramme de phases d’un binaire A-B avec un point péritectique
C'est le cas par exemple des aciers dont la teneur en carbone est inférieure à 0,5% pour
lesquels la solidification se termine par une réaction péritectique à 1495° C conduisant à la
formation de ferrite δ.
• Cas particulier du diagramme Fe-C :
Le diagramme fer-carbone permet de visualiser la forme d’acier que l’on a selon la
température et la teneur en carbone. Toutefois, ce diagramme n’est valable que pour des
aciers non-alliés, c’est-à-dire ne contenant que du fer et du carbone. Le diagramme d’équilibre
est obtenu par refroidissement lent après chauffage à température élevée.
Il est donc utilisable uniquement pour déterminer les constituants d’une fonte ou d’un acier
refroidi lentement, après un traitement de recuit par exemple (mais jamais après traitement de
trempe) :
La détermination des phases et des constituants d’un acier à une température donnée est
fournie par la lecture du diagramme. En effet, l’étude systématique des étapes de
refroidissement lent des différents aciers indique la structure et les propriétés des produits
obtenus.
* Pour un acier hypoeutectoïde (% C < 0.8 %) l’austénite (γ) se transforme en ferrite (α) et
en perlite (α + Fe3C).
* Pour un acier eutectoïde (% C = 0.8 %), on obtient de la perlite (α + Fe3C).
* Pour un acier hypereutectoïde (% C > 0.8 %), on obtient de la perlite (α + Fe3C) et de la
cémentite (Fe3C).
Le carbone provient du procédé de réduction du minerai, qui se fait avec du charbon dans un
haut-fourneau suivant les réactions :
C (coke) + O2 (air à 800 ºC) → CO2 + chaleur, réaction suivie de CO2 + C (coke) → 2 CO
Fe3O4 + 4 CO → 3 Fe (s) + 4 CO2
Fe(s) → Fe ( ) et 4Fe( ) + C → [Fe, Fe3C]( )
Quelques définitions
- La ferrite (fer α) est une phase de l'acier, sous la forme d'une structure cubique centrée.
Cette phase est observable lorsque la température est inférieure à 912 °C ou supérieure à
1394 °C si la teneur en carbone est très faible (0.022%). Le passage de la structure cubique à
faces centrées (austénite) du fer à la structure cubique centrée (ferrite), lorsque la température
descend en dessous de 912°C, résulte de l'apparition progressive du ferromagnétisme dans la
structure cubique centrée.
En effet, pour des raisons liées à l'arrangement cristallin, l'alignement des spins responsable
du ferromagnétisme tend à stabiliser la structure cubique centrée.
- L'austénite (fer γ) est une phase du fer. Pour le fer pur elle est stable entre 910°C et 1394°C.
Cette phase à une structure cristallographique cubique à faces centrées. Cette structure permet
une grande solubilité du carbone (jusque 2,1 % massique à 1147°C). L'austénite est
amagnétique.
L'ajout d'éléments d'alliage modifie la plage de stabilité du fer γ (austénite).
Certains éléments (manganèse, nickel, azote par ex) augmentent la plage de stabilité de
l'austénite. Ils sont appelés gammagènes. Avec un dosage suffisant, ils permettent, grâce à une
trempe d'obtenir de l'austénite à température ambiante à l'état métastable. C'est le cas des
aciers dits austénitiques. La grande majorité des aciers inoxydables est austénitique, car ils
combinent de bonnes résistances à la corrosion avec des propriétés mécaniques plus élevées
que l'acier ferritique.
D'autres éléments (silicium, molybdène ou chrome par ex) tendent à déstabiliser l'austénite.
On appel ces éléments alphagènes.
- La cémentite (ou carbure de fer) est un composé chimique dont la formule est Fe3C dont la
structure est orthorhombique. Elle contient 6,67% de C. C'est un composé très dur mais très
fragile. Elle forme avec la ferrite un constituant appelé perlite.
Carbone
Cobalt
Chrome
Manganèse
Molybdène
Nickel
Silicium
Titane
Tungstène
Vanadium
Si la somme des éléments d’addition est inférieure à 7%, l’acier est dit faiblement allié.
La raison principale d’ajouter de faibles quantités d’éléments d’alliage aux aciers au carbone
est de rendre plus difficile la formation d’une structure ferritique-perlitique et ainsi de
permettre de former de la martensite ou de microstructures intermédiaires, telle que la bainite.
Ces éléments d’alliages sont principalement le nickel, le chrome, le molybdène, et le
manganèse.
Si la somme des éléments dépasse 7%, l’acier est dit fortement allié. Alors que dans les aciers
faiblement alliés, les éléments d’alliages servaient au premier abord à changer la cinétique de
la transformation de l’austénite, et dans un deuxième temps à apporter certaines propriétés
spécifiques, p.ex. la dureté secondaire, la finesse des grains et d’autres, les éléments d’alliages
dans les aciers fortement alliés changent la métallurgie de l’acier d’une manière plus
profonde.
Les possibilités de changement en diagramme de phase sont montrées schématiquement en
figure II-31: A un premier niveau, on peut distinguer si un élément d’alliage augmente la
stabilité de l’austénite ou de la ferrite.
Ceux qui stabilisent l’austénite sont appelés gamma (γ)-gène (Ni, Mn, Co, N, C, Cu, Zn) et
ceux qui stabilisent le ferrite sont nommés alpha (α)-gène (Al, Ti, Si, Cr, Mo, W, V, Be, Nb,
Ta, Zr).
À un deuxième niveau, on constate que la teneur en carbone est largement réduite dans les
aciers fortement alliés, sauf si le but est de former des carbures dures et résistants contre
l’abrasion comme dans les aciers outils et dans quelques alliages à résistance élevée à chaud.
Dans ces cas, la teneur en carbone est typiquement accompagnée d’une teneur élevée en un
élément d’alliage formant des carbures, notamment V, W, Cr, Ti, Mo, Nb, Ta, et Zr.
Figure II-31 : Effets des éléments d’alliage sur la stabilité de l’austénite et de la ferrite
1) Les recuits ;
2) Les traitements d'amélioration (revenus) ;
3) Les trempes ;
→Le recuit de normalisation (ou perlitisation) a pour but de produire une structure à grains
fins régulièrement répartis dans un acier perlitique. On élimine ainsi les hétérogénéités
mécaniques et cristallographiques qui proviennent du laminage ou de l'hétérogénéité du grain
caractérisant l'état brut de coulée.
→Le recuit de détente est destiné à supprimer les contraintes produites par la solidification, le
refroidissement, la déformation à froid ou des traitements thermiques spécifiques. Ce
traitement s'effectue donc toujours à une température inférieure à 720°C Le résultat est
fonction de la température choisie qui peut être très variable et de la durée de maintien.
Ce sont des traitements spécifiques visant à conférer à l'acier les meilleures propriétés
mécaniques pour une application déterminée. Comme en général la meilleure résistance
correspond à la structure la plus fine et la plus homogène, ces traitements auront d'abord pour
but d'affiner la structure de l'acier, c'est à dire non seulement d'affiner le grain mais aussi
d'obtenir la plus fine dispersion des carbures dans la ferrite.
3) Le traitement de trempe :
La trempe d'un acier consiste en un refroidissement rapide à partir du domaine austénitique
afin d'éviter la formation de constituants intermédiaires et de faire apparaître la martensite. On
cherche généralement dans ce cas à obtenir la dureté maximale pour la nuance d'acier
considérée. Lorsque l'on désire une dureté moindre, il est possible de jouer sur la vitesse de
refroidissement en modifiant la nature du bain de trempe (l'huile par exemple a un pouvoir
refroidisseur inférieur à celui de l'eau).
La dureté finale peut être estimée à partir des diagrammes TTT (Température,
Transformation, Temps) ou TRC (Transformation en Refroidissement Continue).
→Les diagrammes TTT indiquent les résultats d’une transformation isotherme après
refroidissement ultrarapide à la température d’intérêt, suivi d’un maintien à cette
température. Physiquement, un tel traitement est réalisé en trempant un bout de métal dans un
bain liquide à la température souhaitée. Ensuite, on sort l’éprouvette après des différents
temps et fait une analyse métallographique de la structure pour déterminer la fraction
transformer après les différents temps.
Pour des températures allant jusqu’à 250°C on peut trouver des huiles, pour les températures
plus élevées on se sert de bain de sel.
Puisqu’il s’agit des diagrammes pour des transformations isothermes, on ne peut les lire qu’à
température constante c’est-à-dire: qu’en ligne horizontale. Les courbes limitant les domaines
des différentes phases sous forme de nez indiquent, en fonction de la température, après
combien de temps de maintien les différentes phases commencent à se former et quand leur
formation est terminée.
Figure II-33 : Exemple de diagramme TTT (Acier à 0,8% C, Austénitisation : 30 min à 850°C)
Le comportement d’un métal est fonction des forces extérieures appliquées et traduit les
évolutions de la cohésion de l’édifice cristallin.
Elles sont déterminées, avec un certain intervalle de précision, au moyen d’essais normalisés.
Les mesures sont effectuées sur des éprouvettes normalisées prélevées dans les matériaux à
tester. Les conditions de prélèvement et d’essais sont définies par les normes.
a) L'essai de traction :
L’éprouvette a une forme de H. Elle est solidement attachée dans les mâchoires de deux
pièces, l’une est fixe, l’autre est mobile. Cette dernière sert à tirer sur l’échantillon à l’aide
d’une force F. On mesure simultanément cette force et l’allongement de l’échantillon à
l’aide d’un extensomètre comme le montre la figure suivante :
Cet essai consiste à soumettre une éprouvette normalisée, en général de forme cylindrique ou
prismatique, à un effort de traction F exercé selon un axe longitudinal et à relever la
déformation Δl qui en résulte.
L’effort de traction F s’exerce sur la section So et développe dans cette section une contrainte
σ (sigma) appelée charge unitaire.
→ Rm est la résistance limite à la traction. Cette valeur est utilisée pour estimer la limite
d’endurance à la fatigue.
Re est atteinte quand on observe la première chute de l’effort lors de l’essai. En l’absence de
ce phénomène, quand OA n’est pas rectiligne, on doit utiliser la limite conventionnelle
d’élasticité Re 0,2 qui correspond à un allongement plastique de 0,2%.
Les aciers austénitiques ont une limite élastique plus faible qui conduit en pratique à utiliser
Re 0,2.
→ Le module deYoung E:
Parmi les propriétés mécaniques fréquemment mesurées, mentionnons l’étirement sous
contrainte avec la détermination du module deYoung.
Lorsqu'une contrainte est appliquée à un matériau de longueur l, par exemple une force F,
visant l'étirement, la résultante, ici l'étirement Δl, est proportionnel à cette contrainte. La
contrainte éliminée, le matériau reprend sa longueur initiale. Le module d'Young est la
contrainte qui produit un allongement de 100 % de la longueur initiale.
En effet, on a :
Δl F
=ε=
l E
Si ε = 1 (allongement de 100 %), alors, E=F.
Bien évidemment, les matériaux se déforment de manière permanente, ou même se rompent
pour des allongements beaucoup plus faibles.
Si l’allongement Δl est rapporté à la longueur initiale l0 et la force F à la section initiale S0, on
obtient la loi de Hooke : σ = E ε
Sur la figure II-36, la pente de la partie linéaire OA représente le module de Young E (en
Mpa ou en GPa) ou module d’élasticité.
Module d’Young
Matériaux
(GPa)
Nanotubes
1 100
(C)
Diamant 1 000
Mo 329
Acier (18-10) 203
Verre 69
Granite 60
Plexiglass 2 ,380
Méthode de
mesure Géométrie de l’objet à faire pénétrer
de dureté
une sphère en acier trempé, en carbure de tungstène et de 10 mm de
BRINELL
diamètre.
une pyramide en diamant de base carrée et de 136° d’angle
VICKERS
d’ouverture
ROCKWELL (type
un cône en diamant (120° d’angle d’ouverture)
C)
Tableau II-5 : Géométrie des objets utilisés pour la mesure de dureté.
HB =
Comme la mesure de dureté BRINELL peut être réalisée dans diverses conditions, une
manière convenable de présenter les résultats est devenue courante.
Elle est de la forme : 150 HB 10/500/15 ;
Cela signifie que la dureté BRINELL d’un matériau est de 150 obtenue avec une bille de 10
mm de diamètre, avec un poids de 500 kg maintenue pendant 15 s.
Puisqu’il y a une relation entre la grandeur de l’empreinte, le diamètre de la bille et la force
appliquée, on considère que pour être valable, la mesure de l’empreinte sur la surface du
solide, d, doit être comprise entre 2,5 et 4,75 mm. L’échelle dureté BRINELL convenable se
situe entre 80 et 445 pour cette force.
La norme Vickers, du nom de la compagnie anglaise où cette méthode a été mise au point, a
été adoptée en 1952. La charge appliquée, de 10 à 1200 N (1 à 120 kg), est appliquée pendant
15 s. L’empreinte est de l’ordre de la fraction de mm : elle est mesurée à l’aide d’un
microscope. La dureté Vickers, HV, est obtenue par la formule suivante :
HV =
La dureté caractérise la résistance qu’un matériau oppose à la pénétration d’un corps dur.
C’est un moyen de contrôle non destructif, utilisé en contrôle final car il est possible
d’obtenir, à partir d’un indice de dureté, une bonne approximation de la résistance à la
traction.
Correspondances approximatives de quelques indices de dureté entre eux et avec Rm :
De tels tableaux ne sont pas valables pour les aciers écrouis, les aciers inoxydables, les
alliages non ferreux.
Des formules empiriques ont également été proposées comme, par exemple, pour les aciers :
HV ≈ 1,4 Re + 1,6 Rm
c) L’essai de résilience :
On appelle résilience l’aptitude à résister au choc, caractérisée par la mesure de l'énergie de
rupture lors d'un essai de flexion par choc sur une éprouvette entaillée.
L’essai de résilience est effectué à l’aide d’un appareil de type pendule appelé «mouton
pendule» ou «mouton de CHARPY» (1865-1945).
Le pendule, laissé à lui-même, tombe d’une hauteur H sur un échantillon (éprouvette). Il le
(la) casse et poursuit son mouvement pendulaire pour remonter jusqu’à une hauteur h. La
perte d’énergie du pendule utilisée pour briser l’échantillon, mesurée à travers la différence
H – h, est directement proportionnelle à la «résilience».
En effet l’énergie absorbée par le choc (mesure directe de la résilience) vaut :
La connaissance des caractéristiques déduites de l’essai de traction peut ne pas être suffisante
puisque des ruptures peuvent être obtenues en-dessous de la limite élastique dans des
conditions particulières qui rendent le métal fragile.
L’acier “vieillit” avec le temps, ce qui se traduit pour certaines nuances par une élévation de
la température de transition.
Un acier peut avoir aujourd’hui une température de transition de – 15°C et de + 5°C dans
vingt ans.
Ce phénomène concerne entre autres les tubes de four. Citons l’exemple d’un acier à 4-6 %
de chrome sans molybdène dont la température de transition est de – 10°C lors de la mise en
service. Après 2,5 ans d’exploitation à 565°C, la température de transition devient + 15°C.
Cela se traduit bien entendu par une baisse de l’allongement.
d) L’essai de fluage :
Lorsqu’un matériau est soumis à une contrainte constante, il se déforme et la déformation
s’accroît avec le temps. Le fluage est observé avec les métaux et leurs alliages lorsque la
température est supérieure à 0,3 – 0,5 fois la température de fusion (exprimée en K) de ces
solides. Le fluage peut être considéré comme un glissement des grains cristallins les uns sur
les autres. Les joints de grains se comportant alors comme des matériaux visqueux.
L’essai de fluage classique s’effectue sous charge constante sur éprouvette cylindrique ou
éprouvette plate.
Après application de la charge, la déformation augmente avec le temps jusqu’à rupture de
l’éprouvette comme le montre la figure II- 42. Cette réponse du matériau représentée dans un
diagramme Log (temps)-déformation, comporte, après une déformation initiale instantanée,
trois étapes, plus ou moins bien définies selon le matériau et la température d’essai :
Fe → Fe2+ + 2 e-
O2 + 2 H20 + 4 e- → 4 OH-
2 Fe2+ + 4 OH- → 2 Fe(OH)2
2 Fe(OH)2 + H2O + 1/2 O2 → 2 Fe(OH)3 ou encore:
4 Fe2+ (aq) + O2 (g) + (4 + 2x) H2O (l) → 2 Fe2O3 x H2O (s) + 8 H+ (aq)
Considérons une plaque de fer plongée dans de l’acide chlorhydrique dilué. La réaction
anodique mettra des Fe++ en solution, et libèrera des électrons :
Fe → Fe2+ + 2 e-
Les électrons libérés vont s’associer avec les ions H+ et provoquer un dégagement
d’hydrogène. D’où la réaction cathodique :
2H+ + 2e- → H2
On peut déduire de cette échelle que les métaux comme l'or, l'argent ou le cuivre qui
présentent des potentiels standards positifs ne seront pas attaqués par l'eau puisqu'ils
s'oxydent moins facilement que l'hydrogène. Ce sont des métaux dits "nobles".
Ce tableau constitue toutefois un guide imparfait car dans certains cas de corrosion, le métal
n'est pas en équilibre avec ses seuls ions, ce qui a pour effet de modifier son potentiel, ou
encore voit à sa surface l'établissement d'un film passif, ce qui a également pour effet de
modifier son potentiel en le rendant plus noble.
Dans la pratique, on utilise jamais l'électrode de référence normale à hydrogène mais plutôt
les électrodes de référence plus simples : l'électrode Cu/CuSO4, Ag/AgCl, au calomel (Hg -
Hg2C12 - KCl), dont on connaît les potentiels respectifs.
Dans des conditions différentes des conditions standards, l’expression de ce potentiel est
définie par la relation ci-dessous (Equation de Nernst simplifiée):
Où:
E0: est le potentiel standard,
R : la constante des gaz parfaits = 8.314 J/mole.K
T : la température (K)
n : le nombre d’électrons de valence,
F : la constante de Faraday égale à 96500C/mole,
a Mn+ :la concentration ou la concentration du cation Mn+
A 25°C et une atmosphère cette relation devient:
0.0592
E= E° + log (a Mn+)
n
b) : Diagrammes de Pourbaix:
L'équation de Nernst généralisée donne le potentiel réversible d'une électrode siége d'une
réaction d'oxydo-réduction quelconque de la manière suivante:
Où (ai) et (bi) représentent les coefficients stoechiométriques des espèces et z(on l'a appelé n
dans l'équation simplifiée) le nombre d'électrons mis en jeux par la réaction.
De nombreuses réactions d'électrode, et notamment celles conduisant à la formation
d'oxydes en milieux aqueux, font intervenir les ions H+. Le potentiel E d'une telle réaction va
donc dépendre du pH de la solution. Ainsi, pour l'oxydation du chrome en milieux aqueux :
+ -
2 Cr + 3 H2O Cr2O3 + 6 H + 6 e
L'équation de Nernst appliquée à la réaction ci-dessus devient :
Soit à 25°C :
On constate qu'en milieu acide et neutre le fer peut réagir avec les protons avec un
dégagement d'hydrogène, alors qu'en milieu alcalin il résiste mieux à la corrosion car les
oxydes formés ne se dissolvent pas facilement par réaction avec les ions OH-.
Cette constatation est en bon accord avec l'expérience. En effet, en milieu neutre ou acide le
fer se corrode facilement alors qu'il résiste mieux dans un milieu alcalin comme par exemple
le béton.
Sur le diagramme de la figure précédente sont aussi représentées les deux droites
(droite a) et (droite b). Le domaine compris entre ces deux droites correspond au domaine de
stabilité de l'eau.
D'une manière générale, ces deux droites délimitent trois régions importantes :
• Tous les métaux dont le potentiel d'équilibre pour une concentration en ions de
10-6 mol./l est situé en dessous de la droite (a) sont attaqués par l'eau avec dégagement
d'hydrogène
• Tous les métaux dont le potentiel d'équilibre pour une concentration en ions de
10-6 mol./l est situé entre les droites (a) et (b) ne sont attaqués qu'en présence d'oxygène.
• Tous les métaux dont le potentiel d'équilibre pour une concentration en ions de
10-6 mol./l est situé au dessus de la droite (b) sont thermodynamiquement stables.
Ainsi que nous l'avons déjà mentionné, les oxydes superficiels formés lors de l'attaque d'un
métal peuvent avoir un pouvoir protecteur sur le métal sous jacent.
On dit alors dans ce cas que le métal est passivable, le film superficiel prenant le nom de film
passif. Dans le cas de l'attaque d'un métal par l'eau à 25° C, les diagrammes de Pourbaix
permettent donc de définir les domaines théoriques d'immunité, de passivation et de corrosion
du métal considéré.
Ainsi pour le fer on trouve :
- un domaine de corrosion où le fer se dissout dans la solution et forme des sels et des
hydroxydes solubles,
- un domaine de passivation où le fer est protégé par un film superficiel qui l'isole du
milieu ambiant. C'est un domaine où le métal est protégé contre la solution, si le film
a pu se former d'une manière uniforme, s'il reste adhérent et si, mécaniquement, rien
ne vient le détruire.
- un domaine d'immunité où le fer reste à l'état métallique et ne peut donc se corroder,
les réactions d'oxydation n'étant plus possibles. C'est le domaine de la protection cathodique.
Ci-dessous, les diagrammes de Pourbaix du Chrome, du Cuivre, de l'Aluminium et du Nickel.
2- Cinétique électrochimique:
D’une manière générale, la vitesse de la réaction électrochimique est proportionnelle à
l’intensité de courant traversant l’électrode selon V = I/ nFS
I : intensité de courant (A) ; F : faraday (C/mol) ; S : surface de l’électrode (m2) ;
V : vitesse( mol/m2.s)
Pour un métal se corrodant, l'intensité de courant circulant dans la pile de corrosion est
appelée intensité de corrosion et est dénotée Icorr . Lorsqu'elle est rapportée à la surface S du
métal qui se corrode, on l'appelle densité de corrosion et on la désigne par icorr .
Icorr
Donc: icorr =
S
L’estimation de icorr nécessite la connaissance du mécanisme de la réaction électrochimique de
corrosion et en particulier de l’étape déterminante.
b) : Phénomènes de polarisation:
Lorsqu'on met un métal actif tel que le fer dans un milieu électrolytique contenant un oxydant
tel que l'oxygène dissous dans l'eau ou les protons H+ d'un acide, le métal en s'oxydant voit
son potentiel augmenter du fait de l'augmentation de la concentration de son cation dans la
solution.
Par contre l'oxydant en se réduisant voit son potentiel diminuer du fait de l'augmentation du
pH( par consommation des H+ dans le cas des acides et de l'oxygène dissous en milieu acide
ou par production d'ions hydroxyles OH- dans le cas de l'oxygène dissous en milieu neutre ou
basique).
Soit:
fem = 1,42 V
βc = 0,12 V/d ; ioc = 10-10 A/m2 ;
βa = 0,05 V/d ; ioa = 10-5 A/m2 ;
D'où
icorr = 0,67 A/m2
• Polarisation de résistance:
Lorsque l'électrode baignant l'anode et la cathode est peu conducteur, une chute ohmique R.I
corr= r.i corr va se produire en son sein; ce qui fait que le potentiel de corrosion de l'anode sera
différent du potentiel de la cathode de r.i corr comme le montre le digramme d'Evans suivant:
• Polarisation de diffusion:
Au voisinage de l’électrode, il se produit un appauvrissement ou une accumulation en
certaines espèces. Ceci est du aux réactions électrochimiques qui forment ou
consomment des espèces et à la migration qui emporte ou apporte des ions. Il y a
donc un gradient de concentration entre le coeur de la solution et le voisinage de
l’électrode .
Lorsque l’apport (ou l’élimination) de ces espèces n’est pas infiniment rapide ,
leurs concentrations interfaciales sont différentes de leurs concentrations à une
distance x de l’électrode.
Dans ce qui suit , on suppose que les espèces électroactives parviennent à l’électrode par
diffusion uniquement
- En absence d’agitation, le profil de concentration s’étend vers l’infinie (courbe a) de la
figure ci-dessous:
Exemple: corrosion du fer par l’oxygène dissout dans l’eau à 25°C et à 10 ppm :
DO2-H2O = 10-9 m2/s
CO2 = 0,3 mole/m3
δ= 100 microns
Ce qui donne :
icorr = iL = 0,6 A/m2
Les oxydes d'azote NOx, qui se forment lors d'une combustion à haute température (dans
les moteurs d'automobiles par exemple), ont une influence moins marquée.
→ Degré d’humidité :
On distingue l'humidité absolue (g.m-3) qui indique la masse d'eau contenue dans un
mètre cube d'air et l'humidité relative qui représente, exprimé en pour cent, le rapport de la
pression partielle de vapeur d'eau à la pression de saturation.
La pression de saturation, qui correspond à la pression de vapeur d'eau en équilibre avec
de l'eau liquide, ou autrement dit à la pression de vapeur d'eau à partir de laquelle survient la
condensation, dépend de la température.
La valeur de l'humidité relative (et en particulier la valeur de 100% correspondant à la
condensation) pourra donc être différente pour une même humidité absolue suivant la valeur
de la température ambiante, comme illustré à la Figure IV-1 :
Figure IV-4: Piqûre due à un percement de la couche passive par un ion agressif
La croissance intervient dès qu'une piqûre a germé et la densité locale de courant peut
atteindre plusieurs dizaines d'Ampères par cm2. Ces densités de courant conduisent à une
accumulation de produits de corrosion et d'halogénures qui produisent catalytiquement une
augmentation de la dissolution de l'oxyde. La repassivation ne peut donc avoir lieu et on
observe la précipitation d'un film salin. Dans la piqûre, l'hydrolyse des ions métalliques
conduit à une acidification
3- Corrosion caverneuse :
Le processus de la corrosion caverneuse est proche de celui par piqûre. Il est généralement
associé à la présence de petits volumes de solution stagnante dans des trous, sous des dépôts
et dans des joints ou des crevasses. Cette solution s’appauvrit en oxygène et s’acidifie.
Lorsque le pH atteint une valeur limite le film passif est détruit, la croissance de la crevasse
par dissolution du métal à l’état actif devient alors très rapide.
Le mécanisme de l'attaque est avant tout lié à une modification locale de la composition du
milieu :
· Dans une première étape, l'incubation, il y a disparition de l'oxydant par réduction, son
renouvellement ne pouvant se faire que par la diffusion qui, du fait du milieu confiné, est très
limitée. La réaction anodique qui se poursuit dans la crevasse (équilibrée par la réaction
cathodique extérieure) conduit à une accumulation de produits de corrosion sous la forme de
cations métalliques. Cette étape se produit sans dommage notable apparent.
· On observe alors dans un second temps une migration d'anions (par exemple Cl-) vers la
crevasse pour des raisons de neutralité électrique.
On assiste alors à un phénomène comparable à celui décrit dans le cas de la corrosion par
piqûres.
Cet effet peut être mis à profit pour lutter contre la corrosion en réalisant volontairement un
couplage galvanique (protection cathodique) : le matériau sur lequel la réaction anodique est
prépondérante (l'anode sacrificielle) protège le reste de la structure qui est le siège de la
réaction cathodique.
Ce phénomène est à l'origine du procédé bien connu de "galvanisation" visant à protéger
l'acier par du zinc.
La corrosion d'origine galvanique se situe toujours au voisinage de la jonction des deux
métaux.
Prévention:
a - Sélectionner des métaux très près les uns des autres dans l'échelle galvanique.
b - Eviter de présenter une petite surface anodique en regard d'une grande surface cathodique.
c - Isoler deux métaux dissemblables (par exemple par utilisation d'entretoises et de rondelles
en Bakélite).
d - Mettre en place des parties anodiques facilement remplaçables ou les concevoir plus
épaisses pour assurer une plus grande durée de vie.
e - Installer une électrode qui sera anodique par rapport aux deux autres métaux.
f - Utiliser des inhibiteurs.
5- La corrosion intergranulaire :
Comme son nom l'indique, cette forme de corrosion se manifeste par une attaque localisée
aux joints de grains du matériau. Ces derniers en effet constituent des zones désordonnées par
rapport au réseau cristallographique plus régulier des grains. Ils contiennent de ce fait de
nombreux défauts de structure (lacunes, dislocations) favorables à la précipitation de phases
intermétalliques ou de composés métalliques tels que les carbures, ainsi qu'à la ségrégation
d'impuretés en solution solide.
Les joints de grain sont chimiquement plus actifs et par conséquent sont attaqués plus
rapidement que les faces des grains lorsqu'ils sont exposés dans un milieu corrosif.
Dans ces conditions les joints de grains sont le siège d’une corrosion localisée très importante
alors que le reste du matériau n’est pas attaqué. Cette manifestation est pratiquement invisible
à l’œil nu mais affecte considérablement la cohésion et les propriétés mécaniques du
matériau. Ce type de corrosion est associé à la précipitation de carbures de chrome aux joints
de grains qui conduit à un appauvrissement en chrome des zones alentours et les rende plus
sensibles à la corrosion. La précipitation du carbure de chrome est favorisée par un
refroidissement lent entre 900 et 500 °C au cours de la fabrication des pièces ou lors de
traitements thermiques. Ce phénomène se rencontre particulièrement dans les zones proches
des soudures.
Les actions simultanées de contraintes et d'un milieu corrosif produisent des fissurations dans
un métal. Les fissures sont intergranulaires ou transgranulaires et se présentent souvent sous
forme ramifiée.
- Un effet mécanique dû au caractère local de la zone chauffée et qui peut provoquer des
déformations et un champ de contraintes résiduelles lors du refroidissement.
Tout assemblage soudé comporte des contraintes résiduelles. Elles sont d’autant plus
importantes que l’énergie de soudage est élevée et, dans la plupart des cas, bien supérieures
aux contraintes de procédé dues par exemple à la pression de service.
Cet effet mécanique du soudage engendre de la corrosion sous contrainte qui se manifeste par
l’apparition de très fines fissures, dont la détection est souvent délicate, et qui peuvent
conduire à des ruines d’appareils. Ces fissures se rencontrent principalement au voisinage des
cordons de soudure dans le métal de base.
Le mécanisme de la corrosion sous contrainte n'est pas très bien connu mais on peut dire
toutefois que :
1).la corrosion joue un rôle important dans le démarrage des fissures (piqûres ou autres
discontinuités qui concentrent les contraintes).
2).La propagation d'une fissure exige l'action conjointe de la corrosion et des contraintes.
3) Les contraintes de tension, brisent les films protecteurs à la surface du métal et permettent
ainsi le démarrage de la corrosion en divers points.
4) La propagation de la fissure se fait par entrée en solution d'ions métallique, soit par entrée
à l'intérieur du métal d'atomes d'hydrogène.
Figure IV-15: Diagramme de Wohler typique d’un acier dans l’air et dans un milieu corrosif
On voit d'après cette courbe que quel que soit le niveau de contrainte, la rupture va se
produire après un nombre déterminé de cycles dans un milieu corrosif, alors que dans l'air, il y
a une limite de contrainte en dessous de laquelle il n'y a pas de rupture quel que soit le
nombre de cycles.
Le danger de la corrosion sous fatigue augmente lorsque la fréquence des cycles diminue.
La "corrosion sous fatigue" est donc une réduction de la résistance à la fatigue due à la
présence d'un milieu corrosif. En eau de mer, les inox austénitiques ne conservent que 75 %
de leur résistance à la fatigue.
Les fissures sont généralement transgranulaires et non ramifiées :
8- Corrosion érosion :
Phénomène produit par le mouvement relatif d'un fluide corrosif et d'une surface métallique.
L'aspect mécanique du mouvement est important ; le frottement et l'usure peuvent intervenir.
On a apparition de sillons, surfaces ondulées, trous, ... ayant un aspect directionnel
caractéristique.
10- La biocorrosion :
Ce n'est pas à proprement parler un type de corrosion, mais un procédé de détérioration
résultant de l'activité d'organismes vivants. Ces organismes comprennent des
microorganismes du type bactéries et des macroorganismes du type moule, algues, etc ...
Ces organismes vivants peuvent vivre et se reproduire dans des milieux où le pH varierait de
0 à 11, des températures de - 10°C à + 50°C et sous des pressions de plusieurs centaines de
bars.
Ces organismes vivants participent à la destruction des matériaux par :
• Dépolarisation des réactions anodiques et cathodiques
• Production de dépôts (biofilm) conduisant à la corrosion par aération différentielle.
• Production d'agents corrosifs (H2 S04 par exemple).
Moyens de lutte:
a- Revêtement des structures enterrées avec brai de houille, ruban plastique, béton ...
Cependant certaines moisissures attaquent les revêtements plastiques.
b- Protection cathodique, le métal est aussi protégé par un revêtement
c- Augmenter la vitesse de circulation afin d'enlever les dépôts..
d- Injection de bactéricides d'une manière aléatoire et avec des doses de choc de temps à autre
et en changeant de bactéricide à chaque fois que l'analyse de laboratoire montre un début
d'accoutumance tout en évitant d'alterner toujours les mêmes bactéricides.
• Causes :
Le CO2 se dissous dans l’eau pour donner un acide faible H 2CO3 :
CO2 + H2O = H 2CO3
Conséquence directe : baisse du PH (jusqu’à 3.5 parfois)
Dans certaines conditions de température et de pression et si l’eau est chargée de Fe2+
on peut avoir formation d’une couche uniforme, continue et adhérente de FeCO3 qui protégera
l’acier en l’isolant du milieu agressif :
Fe + H 2CO3 = FeCO3 + H2
• Lieux d’attaque :
→ Génératrices inférieures des conduits horizontales ;
→ Aux points de condensation de l’eau dans les lignes de gaz ;
→ Lieux où la turbulence est élevée.
• Vitesse de corrosion :
Plusieurs paramètres influencent la vitesse de corrosion par l’acide carbonique dont :
a) Teneur en CO2 du gaz :
Il faut raisonner en termes de pression partielle de CO2 :
PCO2= Fraction molaire CO2 x Pression totale
*Selon la règle de l’A.P.I :
● Si PCO2 ≤ 0.5 bar : pas de corrosion
● Si 0.5 bar ≤ PCO2 ≤ 2 bars : corrosion possible
● Si PCO2 > 2 bars : corrosion rapide
Cette règle est en réalité très optimiste.
*Selon Dewaard et Williams :
En plus de PCO2 il faut tenir compte aussi de la température, de la vitesse d’écoulement et du
pH. Les résultats de leurs travaux ont étés résumés par une série d’abaques tels les deux
abaques ci-dessous :
b) Température de l’effluent :
En règle générale, la vitesse de corrosion augmente avec la température , avec un maximum
compris entre 60°C et 100°C.
e) Vitesse d’écoulement :
L’influence des turbulences sur la stabilité des couches protectrices de FeCO3 est très forte et
il y a une vitesse critique au delà de laquelle ces couches sont détruites.
L’A.P.I affirme qu’au delà de 11m/s l’inhibition de la corrosion par les gaz acides devient
très difficile et il est recommandé de ne pas dépasser 6m/s dans la mesure du possible.
En régime turbulent, la vitesse de corrosion VCOR est liée à la vitesse du gaz Vg par la
relation :
VCOR = k x (Vg) n où n=0.8 et k une constante qu’on peut trouver par expérience.
f) Nuance de l’acier :
L’hydrogène se réduit de manière différente sur les diverses phases présentes dans l’acier
ainsi que sur les diverses impuretés présentes dans les joints de grains.
Plus un acier est homogène et exempt d’impuretés et plus il résistera à la corrosion acide.
Les aciers contenant une basse teneur en chrome ( 0.5 à 1.5%) résistent beaucoup mieux que
les aciers ordinaires alors que les aciers Inox à 13% résistent relativement bien même dans
les tubings de puits ou têtes de puits.
Ces revêtements, et en particulier l'époxy pur, ont connu un très fort développement aux
USA et au Royaume Uni au cours des années 80. En effet le prix abordable de l'époxy
permettait de l'utiliser sur des canalisations complètes. Par ailleurs ses excellentes
performances anticorrosion en faisait un concurrent sérieux des polyéthylènes bicouches.
Lorsque ce produit a commencé à reculer en raison de sa fragilité et des difficultés à le réparer
sur chantier, les polyuréthannes n'ont pu s'imposer que sur le marché des accessoires de
canalisation. En effet les quantités importantes rendues nécessaires par les fortes épaisseurs
rendent son coût élevé et ne sont pas compensées totalement par ses excellentes qualités.
Du point de vue anticorrosion, une couche de 0,8 mm de PEBD est suffisante, toutefois les
épaisseurs appliquées ne descendent pas en dessous de 1,5 mm afin d'atteindre des
caractéristiques mécaniques suffisantes (le PEBD est assez tendre et sensible au
poinçonnement statique).
Le principal inconvénient de ces revêtements est leur adhérence assez moyenne et leur
grande sensibilité au décollement sous l'action de la protection cathodique. Ils sont les plus
sensibles du point du vue du risque de corrosion à proximité d'un défaut.
De ces remarques est née l'idée d'un système de revêtement alliant les qualités des
thermodurcissables et des polyoléfines. Il s'agit du Polyéthylène tri-couche (PE3c).
Dans ce système :
- La protection anticorrosion est assurée par une couche primaire à base de résine époxy de
faible épaisseur ( 60µm),
- on retrouve un adhésif à base de copolymère d'éthylène, comportant des liaisons chimiques
avec l'époxy,
- la protection mécanique est assurée par une couche de PEBD.
L'intérêt de cette formule est de profiter des qualités d'adhésion exceptionnelles de l'époxy
sans les inconvénients de rigidité excessive (en raison de la faible épaisseur) ni de fragilité
(puisqu'il est protégé par le polyéthylène).
Les revêtements à base de polypropylène (PP.) sont réalisés sur le même modèle et possèdent
les mêmes qualités avec, de surcroît, une résistance aux agressions mécaniques très supérieure
et des températures de service beaucoup plus élevées.
Exemple d’un revêtement tricouche en PEHD sur une conduite de 6mm d’épaisseur :
Tout d’abord, une fine couche d’époxy, d’épaisseur moyenne 150 µm, recouvre la
canalisation en acier.
Puis, avant réticulation totale de cette couche, les deux autres polymères sont successivement
extrudés :
• Un adhésif : l’Ethylène Butyl Acrylate (EBA) d’épaisseur moyenne 300 µm.
• Un revêtement épais : le PolyEthylène Haute Densité (PEHD), d’épaisseur moyenne 3 mm.
Ces deux couches externes (PEHD et EBA) appartiennent à la classe des thermoplastiques :
Le PEHD forme le revêtement épais protecteur, tandis que l’EBA permet un collage
intermédiaire entre matériaux.
Ce matériau, de même nature que le revêtement épais, doit permettre d'obtenir un lien optimal
entre le PEHD, de nature très apolaire, et le primaire époxy très polaire.
Le dépôt des trois couches successives de polymères se fait à la chaîne, en cinq étapes,
suivant le processus schématisé ci-dessous :
Dans ce dernier cas ce sont surtout les polyuréthannes qui sont employés, mais cela reste peu
courant en raison du prix élevé du matériau et de la prestation. En effet le personnel requis
pour l'application doit être formé de professionnels qualifiés spécifiquement pour ce type
d'application. Les joints obtenus alors sont de qualité nettement supérieure à ceux, plus
classiques, réalisés en bandes à froid.
Suivant la nature et l'épaisseur du revêtement, cette préparation de surface doit être plus ou
moins élaborée. Elle comprend les étapes suivantes (figure V-6) :
• Séchage :
Il est indispensable d'éliminer toute trace d'humidité superficielle avant application du
revêtement. En usine, cette opération s'effectue généralement par préchauffage du métal.
• Dégraissage :
Son but est d'éliminer toutes traces d'huile et contaminations diverses provenant des
opérations de formage, contrôle ou parachèvement des tubes. On l'effectue soit à l'aide de
détersifs à chaud, soit à l'aide de solvants appropriés.
• Décapage :
Son but est d'éliminer les traces de rouille (formée à température ambiante) et de calamine
(formée à chaud lors de l'élaboration du tube d'acier). Cette opération peut s'effectuer de
façon chimique ou mécanique. On utilise généralement le procédé mécanique en raison
notamment de la complexité des opérations par voie chimique : nombre de bains de
décapage, élimination des produits de traitement. De plus, le décapage chimique ne peut pas
assurer à lui seul une rugosité suffisante. Il faut donc le compléter par un décapage
mécanique.
Par voie mécanique, les différents procédés employés sont :
• La projection d'abrasifs : en usine, on fait appel au grenaillage à l'aide de grenaille d'acier
(ou de fonte) ronde ou angulaire. Le sablage à l'aide de sable à haute teneur en silice ou de
corindon peut être utilisé sur chantier.
• Le brossage : manuel ou de préférence à l'aide de brosses mécaniques rotatives. Il est
utilisé quand la projection d'abrasifs est impossible ou trop complexe à réaliser. C'est
essentiellement une méthode de chantier.
Le choix du procédé dépend de la qualité de surface exigée. Pour les revêtements minces
(épaisseur inférieure à 500 microns), la microgéométrie de surface est très importante et les
fourchettes de rugosité optimale admissible sont assez étroites. Pour les revêtements épais,
la microgéométrie de surface est moins importante, cependant l'élimination de toute trace
d'oxydes de fer est toujours à rechercher.
Deux paramètres caractérisent la qualité de préparation de surface obtenue :
- Le degré de soin par référence à des normes de propreté de surface. La norme la plus
couramment utilisée est la norme ISO 8501-01 (On peut aussi signaler la norme britannique :
BS.4-232/67, la norme allemande : DIN. 18364, les normes américaines SSPC et
NACE TM 01/70). La norme ISO définit les qualités croissantes de propreté de surface à
l'aide d'échantillons photographiques référencés, pour le décapage abrasif, sous la forme
SA 1, SA 2, SA 2,5 et SA 3. Si le degré de soin SA 2 peut être acceptable pour certains
revêtements comme les émaux à liants hydrocarbonés, les revêtements modernes exigent au
moins SA 2,5 et de préférence SA 3.
En ce qui concerne le brossage, le degré de soin St 3 de la norme ISO 8501-01 est
généralement exigé.
- La rugosité est soit simplement appréciée par comparaison visio-tactile avec des modèles
étalons (Rugotest), soit mesurée par profilographie ou à l'aide de répliques. Elle doit être
adaptée au revêtement appliqué (fluidité et épaisseur de ce dernier par exemple).
• Dépoussiérage :
Son but est d'éliminer tout reste d'abrasifs ou poussières à la surface du métal. On procède
par aspiration, soufflage ou même par gravité en basculant les tubes à la verticale.
Les températures de préchauffage dépendent du type d'adhésif utilisé. Les anciens modèles à
adhésif type caoutchouc - butyle demandaient 120°C, les produits plus récents utilisent des
primaires époxydiques, qui " mouillent " mieux l'acier et, pour cette raison, ne demandent pas
plus de 60°C.
- Matériaux du revêtement de base :
Il est possible d'assurer la continuité du revêtement en utilisant un matériau de même nature
que celui qui a été appliqué en usine.
La mise en oeuvre de résines époxydiques en poudre est réalisable mais nécessite des
matériels spécialisés pour les opérations suivantes :
- Décapage par projection d'abrasifs,
- Préchauffage à 250°C par fours à induction,
- Pulvérisation automatique ou manuelle de la poudre.
Pour les autres revêtements, il existe aussi des techniques homogènes. Bien que moins
fréquemment employées, nous pouvons citer :
- La pulvérisation au pistolet à chaud dans le cas du polyéthylène ou du polypropylène. Il ne
s'agit pas, comme pour les thermodurcissables de simple pulvérisation airless mais de
pulvérisation à la flamme pour assurer l'agrégation du produit d'apport dans le revêtement
déjà constitué. Cette opération nécessite un préchauffage homogène du joint à des
températures de l'ordre de 220°C,
- La reconstitution par enroulement de tissu de verre imprégné de résine ou l'utilisation de
deux demi-coquilles préfabriquées et assemblées par collage à l'aide d'une résine époxydique
liquide pour les composites en époxy - fibre de verre,
- L'application de feuilles minces de polychloroprène cru en plusieurs couches suivie d'un
chauffage pour vulcanisation à l'aide de résistances électriques chauffantes.
A3.3.2.2 Réparation des défauts :
La réparation des défauts nécessite l'élimination de toute partie du revêtement détérioré
présentant une perte d'adhérence et la préparation des surfaces à revêtir tant sur le revêtement
que sur le métal à protéger.
Les techniques précédemment décrites, bandes adhésives et matériaux thermorétractables,
s'appliquent couramment pour effectuer les réparations de tous les revêtements. Il existe
néanmoins quelques solutions particulières adaptées à certains types de revêtement. Nous
pouvons citer par exemple :
- Avec les thermodurcissables
• Utilisation de baguettes thermofusibles en polyamide que l'on fond avec une torche à
l'endroit de la réparation (limité pour une température de service inférieure à 70°C),
• Utilisation, de préférence, d'un époxy ou d'un polyuréthanne liquide sans solvant à deux
composants.
- Avec le polyéthylène
• Utilisation de pièces adhésives en polyéthylène, de faibles dimensions, appliquées à chaud.
Les protections anti-roches complémentaires ont pour objet de réduire le nombre de ces
blessures et leur efficacité peut s'apprécier sur un revêtement type par la diminution relative
du nombre de blessures qui résulte de la présence de la protection anti-roche avec des énergies
de choc inchangées.
Il est très important d'avoir une bonne appréhension de la signification réelle de la résistance
d'isolement. Une valeur élevée de cette résistance ne signifie pas du tout que le revêtement
est parfait et qu'il n'y a aucun risque de corrosion, même si le potentiel mesuré est correct
partout. En effet, cette notion ne prend pas en compte la qualité de l'adhérence du revêtement
sur le métal et il est possible que la corrosion se développe sous un revêtement décollé
constituant un écran au passage du courant de protection cathodique, surtout si le milieu
électrolytique est renouvelé.
On peut dire qu'actuellement la plupart des cas de corrosion rencontrés sur des conduites
enterrées ou immergées protégées cathodiquement sont dus à ce phénomène.
Les anodes en zinc présentent une très grande fiabilité de fonctionnement, et ont de ce
fait une très grande durée de vie, avec consommation presque totale du matériau.
Leur domaine d'utilisation est très varié car elles peuvent être employées aussi bien en
terrains acides qu'alcalins, en eau douce ou en eau de mer.
Cependant, avec la faible tension de travail qu'elles proposent, on ne les emploie que
dans les électrolytes très peu résistants et pour de faibles débits de courant.
b- Anodes en magnésium :
Le type d'anodes le plus utilisé, correspond à un alliage à 90 % de magnésium contenant 6 %
d'aluminium, et environ 3 % de zinc.
- consommation massique pratique : environ 7 kg/ A.an
- potentiel dans le sol : - 1600 mV (électrode Cu/Cu SO4)
- écart de potentiel par rapport au critère de protection : 750 mV.
Les produits de corrosion qui se forment autour de l'anode modèrent leur efficacité après
quelques années de service : pour diminuer cet inconvénient, l'anode est toujours posée dans
une boue, mélange de gypse et d'argile colloïdale (bentonite), dont le but est de constituer un
milieu assurant une corrosion uniforme de l'anode, tout en améliorant son rendement. L'anode
en magnésium présente, sur celle en zinc, l'avantage d'offrir une tension plus importante, et
donc de permettre son utilisation sur des ouvrages plus importants, dans des terrains de forte
résistivité ou en eau douce. Cet avantage général peut, dans certains cas, être un inconvénient,
car il se traduit par une durée de vie plus faible, des débits de courant plus importants qui, en
milieu marin, peuvent être incompatibles avec la tenue de certaines peintures.
c- Anodes en aluminium :
Les anodes en aluminium ne sont pas adaptées à la protection cathodique dans les sols, mais
plutôt au milieu marin très conducteur et renouvelé.
Les alliages utilisés nécessitent d'être activés par des éléments tel l'indium (0,02 %) ou
le mercure (0,04 %) et contiennent de 1 à 5 % de zinc.
Le rôle de ces éléments est de supprimer la couche de passivation par l'alumine, de rendre
plus électronégatif le potentiel de l'anode et d'en améliorer le rendement.
La consommation massique pratique est d'environ 3,2 à 3,5 kg/A.an. pour un rendement
électrochimique de 95 %.
Le potentiel en eau de mer (Ag/AgCl) est de - 1050 mV (sans activateur, ce potentiel serait de
- 775 mV et donc insuffisant pour assurer une protection cathodique).
Précautions à prendre lors de l’installation des anodes sacrificielles :
Ces anodes sont généralement de forme parallélépipédique Elles sont livrées dans un sac de
jute contenant des produits pour réguler la corrosion du métal et diminuer la résistivité du sol
autour de l'anode.
L'anode est implantée à une distance d'environ 3 m de la conduite à protéger au niveau
de la génératrice inférieure de la conduite (voir figure ci-dessous.) :
L'anode est posée horizontalement dans la tranchée. Avant de la remblayer, on remplit celle-ci
d'eau, de façon à ce que le milieu entourant l'anode devienne une boue épaisse. On termine le
remblaiement.
Les anodes doivent être posées dans des terrains de faible résistivité électrique, inférieure à
30 Ω.m en ce qui concerne le zinc, et inférieure à 50Ω.m pour le magnésium. Le terrain doit
être le plus humide possible : aussi, en ville, faudra-t-il veiller à ne pas poser des anodes sous
les chaussées, trottoirs recouverts de matériaux étanches en béton ou en bitume.
Performances :
Les précautions prises, les débits attendus pour la protection d'ouvrages sont de l'ordre de :
1 à 10 mA avec une anode en zinc,
5 à 20 mA avec une anode en magnésium.
En réalité, le débit délivré par les anodes est fonction de la résistance électrique du circuit,
principalement due aux résistances de terre de l'anode et de la conduite.
- La résistance de terre de l'anode, fonction de ses dimensions, dépend de la résistivité
du sol (ρ en Ωm).
- La résistance de terre d'une conduite, fonction de ses caractéristiques en longueur, diamètre,
dépend en grande partie de la valeur d'isolement du revêtement. Elle peut varier de quelques
ohms pour des réseaux mal isolés à 1 000 Ω pour des conduites, de faible longueur, bien
isolées.
Domaine d'utilisation de la protection par anodes sacrificielles :
Les anodes galvaniques ne sont utilisées que pour assurer la protection de réseaux dont
l'isolement est correct, de petite envergure (1 à 2 km de conduites) et pour lesquels on peut
être sûr que des extensions importantes ne seront pas réalisées dans les années à venir.
Elles peuvent aussi être installées pour jouer un rôle de mise à la terre électrique d'un ouvrage,
tout en assurant la protection cathodique de l'ouvrage, et en évitant, de ce fait, les couples
galvaniques acier/cuivre qui peuvent se développer lors de l'utilisation de terres en cuivre
dans des terrains très conducteurs.
Dans les autres domaines, les anodes galvaniques sont utilisées avec succès sur des structures
complexes, compactes ou longilignes, baignant en eau de mer. L'eau de mer, électrolyte peu
résistant (0,3Ω.m), permet alors des débits de l'ordre de l'ampère.
→Matériaux de déversoir:
1) L'acier sous la forme de rails, type lourd (50 kg au mètre) ou sous la forme de tubes épais
utilisés pour les forages.
La consommation du déversoir est ici de 10 kg par A.an. Compte tenu des risques de coupure
prématurée du déversoir par corrosion, il est préférable de prendre un coefficient de sécurité
de 2 dans le calcul de la masse ou de la longueur du déversoir.
Utilisation : dans tous les types de sols, eau douce et eau de mer.
2) Le graphite:
Il se présente sous forme de rondins de 7 cm de diamètre et de 1,5 mètres de longueur, en
poudre de graphite agglomérée par un liant.
La consommation de l'anode est de l'ordre de 1 kg par A.an, à condition de ne pas dépasser
des intensités supérieures à 2 A par rondin.
Le rondin proposé actuellement est conditionné dans un cylindre de tôle mince, agrafé,
contenant une poudre de graphite. Après corrosion du container dans le sol, le rondin est en
contact avec le sol par l'intermédiaire de ce poussier. Ce mélange conducteur, poreux, favorise
l'évacuation des gaz formés au niveau de l'anode, responsables en milieux trop étanches de
désagrégations du matériau de base. Les rondins en graphite sont utilisables dans tous les sols,
mais sont à éviter en milieu liquide.
3) Le ferrosilicium:
Il se présente sous la forme de rondins de diamètre 7 cm, de longueur 1,5 mètre, en
fonte à 16 % environ de silicium et 4,5 % de molybdène ou de chrome.
La consommation du matériau est d'environ 0,5 kg par A.an avec pour densité limite
10 A/m2. Les rondins de ferrosilicium à 4 % de chrome sont utilisables dans tous les types de
sols et de milieux liquides chlorurés.
4) La magnétite :
Elle se présente sous forme d'un cylindre creux, en oxyde de fer Fe3O4 fondu, de 0,8 mètre de
longueur. La connexion du câble d'alimentation à l'intérieur du cylindre est assurée par
l'intermédiaire d'une couche de cuivre qui améliore la conductibilité du matériau.
La consommation du matériau de base varie de 1,5 g par A.an, en eau de mer à 10 g par A.an
dans les sols. Les intensités maximales supportées par une telle anode sont de 4 A en
utilisation dans les sols, à 10 A en utilisation dans l'eau de mer.
5) Le titane platiné :
Il se présente sous forme d'un, support en titane, d'une forme appropriée recouvert d'une fine
couche de platine.
La consommation du platine est d'environ 10 mg par A.an avec des densités de courant de
l'ordre de 500 à 1000 A au m2.
Ce matériau n'est utilisé que dans les électrolytes de très faible résistivité, en particulier l'eau
de mer, à la condition toutefois d'éviter des montées en tension supérieures à 9 volts aux
bornes du support pour ne pas corroder le titane par claquage du film d'oxyde TiO2 protecteur.
→Réalisation de déversoirs:
La réalisation d'un déversoir à partir de rails se fait comme indiqué sur la figure ci-dessous:
→Implantation du déversoir :
Le déversoir devra être installé à environ 50 mètres de la canalisation, de façon à favoriser son
rayonnement et augmenter ainsi la portée du poste de protection. En règle générale, il faudra
veiller impérativement à s'écarter d'au moins 50 mètres de tout ouvrage métallique enterré
susceptible de capter les courants déversés.
• L'anolyte
L'anolyte est le milieu encaissant, de remplissage, qui entoure le déversoir. Le terme
"backfill" est parfois employé. Lorsque le sol entourant le déversoir est par trop résistant, pour
des résistivités du sol supérieures à 90 Ω.m en ce qui concerne les rails, et 50 Ω.m pour les
rondins, il peut être nécessaire, pour favoriser l'émission du courant, de créer un milieu
conducteur autour de l'anode. Ce milieu homogène permettra, de plus, une corrosion plus
uniforme du déversoir et prolongera ainsi sa durée de vie. Dans certains milieux très
compacts, vases ou argiles, le rôle du backfill de granulométrie appropriée est aussi de
favoriser l'émission du gaz, ainsi que d'éviter la formation d'une gangue qui bloque le
déversoir.
Le phénomène d'électro-osmose (migration de l'eau sous l'effet d'un champ électrique
de l'anode vers la cathode) est responsable de l'assèchement de l'anolyte qui conduit au
blocage des déversoirs. La diminution de la résistivité du milieu, ainsi que l'utilisation de
matériaux rétenteurs d'eau permettent d'éviter ce phénomène.
Principaux "backfill" utilisés:
-A base d'argile:
Avec 150 litres d'eau on constitue une boue épaisse d'une argile colloïdale (30 kg de
bentonite), additionnée de 10 kg de gypse en poudre (ou plâtre gaché) et de 2 kg de sel
dénaturé pour améliorer la conductibilité du mélange.
Ce backfill peut être employé avec les déversoirs du type "rail" et avec les rondins en
ferrosilicium mais en aucun cas avec les rondins de graphite.
-A base de graphite:
Il s'agit de poudre de graphite ou de poussier de coke ou de charbon de bois pillé, mélangé
avec de la chaux. Ce "backfill" est utilisable avec tout type de déversoir, à la dose d'environ
40 kg par mètre de longueur (30 kg de poussier, 10 kg de chaux).
Cette dose peut être augmentée si la résistivité du milieu est très importante, ou si les terrains
sont très compacts.
Des expériences établies par UHLIG donnent pour l'acier nu les critères suivants :
0,7 mA/m2 pour acier dans ciment
5 mA/m2 pour acier dans sol anaérobie sans bactérie
5 mA/m2 pour acier dans sol aéré
60 mA/m2 pour acier dans eau douce agitée
100mA/m2 pour acier dans eau de mer calme
500mA/m2 à plus pour acier dans eau de mer mise en mouvement.
Ces valeurs sont des moyennes et doivent toujours, au moment de projets, être ajustées en
fonction des caractéristiques réelles du métal mais surtout de la nature de l'électrolyte.
Quand la structure est revêtue, un coefficient de mise à nu de l'acier par dégradation doit être
pris en compte. Pour les revêtements de pipelines, il est généralement compris entre 2 et 10
%, en fonction de la qualité présumée du revêtement.
Pour cela, la résistance opposée au courant par l'électrolyte doit être évaluée. Les lignes de
courant étant généralement très concentrées autour des anodes, on parle souvent de "résistivité
d'anode". Celle-ci est calculée à partir de la résistivité de l'électrolyte l'environnant, et de la
géométrie de l'anode. Le tableau suivant donne les formules le plus souvent utilisées:
ρ 1 2L
-horizontale ou verticale R= (ln -1)
2π L r
profondément enfouie Dwight
ρ 1 4L
-enfouie à faible profondeur R= ln Peter
2π L D
Dans le cas où la structure est longiligne, et que les points de connexion avec les anodes ou
les soutirages de courant sont espacés, il faut tenir compte de la résistance électrique de la
structure elle-même, qui provoque un effet d'atténuation du courant. Les calculs se font alors
en utilisant les notions de résistance longitudinale de la structure(r) et de résistance
transversale ou d'isolement de la structure(R).
Le raisonnement mathématique se fait de la manière suivante:
L'intensité du courant de protection Is émis dans le sol par le déversoir, se répartit dans le sol
et retourne à la conduite. Le passage du courant détermine dans la conduite un abaissement de
potentiel.
Supposons une conduite de longueur l et de caractéristiques suivantes :
r = résistance longitudinale ohmique d'un mètre de conduite (r en Ohm par mètre de
longueur)
R = résistance transversale d'isolement donnée par le revêtement de la conduite pour 1
mètre de conduite. (R en Ohm par mètre de longueur).
Chaque élément AB de longueur dx de conduite, situé à la distance x du point de soutirage est
représenté par le schéma ci-contre :
Pour une conduite de longueur finie l dont l'abaissement de potentiel en extrémité est Eo :
Quelques données
- Résistivité de l'acier : ρ = 21.10-6 Ω.cm
Elle varie de 20 à 24.10-6 selon les nuances des aciers.
- Résistance longitudinale d'1 mètre de conduite
Elle varie de quelques dizaines de micro ohms à quelques micro ohms suivant le diamètre du
pipe et de son épaisseur.
- Facteur d'atténuation :
En effet plus la valeur d'isolement est importante, plus le facteur d'atténuation est faible, et
plus la portée du soutirage est grande.
Inversement avec un facteur d'atténuation important, la portée du soutirage est réduite.
Ainsi la protection d'un ouvrage de faible valeur d'isolement pourra nécessiter l'installation de
plusieurs soutirages répartis sur la longueur de l'ouvrage.
On peut constater aussi que le facteur d'atténuation augmente avec la résistance ohmique
longitudinale de l'ouvrage. C'est la raison pour laquelle il faut veiller, particulièrement sur les
réseaux de distribution, à assurer la continuité électrique parfaite de tous les organes situés sur
les conduites (par exemple des vannes, robinets, brides et même des raccords isolants qui
doivent être shuntés en exploitation normale de la protection cathodique).
Remarques très importantes:
-Les formules présentées précédemment ont été établies dans le cas idéal où l'on néglige
la résistance du sol, ou du moins l'on admet qu'elle est constante sur toute la longueur de
la canalisation intéressée par le calcul. On a de même considéré que la résistance
d'isolement apportée par le revêtement était identique en chaque point de la conduite.
En réalité ces deux hypothèses sont loin d'être toujours vérifiées et les courbes réelles du
potentiel relevé présentent des anomalies et s'écartent des courbes théoriques.
-La valeur d'isolement R introduite dans les calculs correspond à la résistance
transversale d'une portion de conduite d'un mètre de long. Cette valeur ne permet pas la
comparaison de deux conduites de diamètres différents.
C'est pourquoi on utilise plus fréquemment la résistance d'isolement ramenée au mètre
carré de revêtement:
Jusqu'à présent la valeur d'isolement n'a été décrite que comme une résistance
électrique pure, considérée comme constante sur toute la longueur de l'ouvrage ; en
réalité elle est d'une toute autre nature, et dépend de nombreux paramètres.
Elle dépend de la nature du revêtement, peu en ce qui concerne la matière utilisée, mais
surtout dans la particularité du matériau à former des défauts, lors de son application,
au cours de la pose ou pendant son vieillissement.
La nature de l'électrolyte qui emplit les défauts et assure le contact électrique entre le sol
et le métal, par sa résistivité, fixe la résistance de mise à la terre. Pour un même nombre
de défauts, la valeur d'isolement apportée par un revêtement sera d'autant plus faible
que la résistivité du terrain sera faible.
La résistance de ces défauts est en réalité de nature électrochimique, puisque c'est là que
se produisent les réactions d'électrolyse ; c'est donc une résistance variable puisque
fonction de la tension appliquée entre métal et solution.
Tous ces points font que la résistance d'isolement n'est pas constante et qu'il est difficile
d'en donner une formulation mathématique. En général on parlera de valeurs moyennes
d'isolement sur un tronçon donné.
* Au niveau des calculs, lors des projets de pose de conduites, il faut pouvoir estimer les
différentes valeurs moyennes d'isolement que pourra prendre le même revêtement sur
différents tronçons constitutifs d'un ouvrage, en fonction des paramètres liés aux
caractéristiques du terrain (résistivité, nappe phréatique, présence de cailloux...) et à
celles du revêtement, ainsi qu'aux difficultés de pose...
* Au niveau de l'exploitation d'un ouvrage existant, à partir des mesures de courants et
des potentiels de la conduite, on peut calculer, plus ou moins empiriquement, une valeur
globale de l'isolement de la conduite, ou des tronçons qui la constituent.
Mais on doit toujours garder à l'esprit que ce n'est qu'une valeur globale, et qu'elle est
en réalité la composition de valeurs qui peuvent être localement très différentes. Or, ce
qu'il importerait de connaître quand on met en oeuvre une protection cathodique, ce
sont les zones à plus faible isolement, où augmentent les risques de corrosion, et non une
valeur globale qui n'est pas toujours significative et peut cacher des dangers latents.
Compte tenu de tous ces points il est parfois hasardeux de vouloir comparer les chiffres
représentatifs de cette valeur pour des ouvrages différents. On peut tout au plus tenter
de définir un classement par grandes "tranches" d'isolement.
• Ainsi, en dessous de 1 000 Ω.m2 la valeur d'isolement est très mauvaise, représentative
d'un ouvrage ancien, dont le revêtement a mal vieilli dans des terrains de faible
résistivité, ou d'un ouvrage en contact avec des structures étrangères.
• Une valeur d'isolement de 10 000 Ω.m2 est très moyenne, surtout s'il s'agit d'un
ouvrage de transport, mais serait plutôt significative de valeurs calculées pour un
ouvrage de distribution de gaz posé en zone urbaine.
• Des valeurs de 50 000 Ω.m2 à 100 000 Ω.m2 sont tout à fait acceptables, significatives
d'un bon revêtement type C. Un revêtement quasi parfait pourrait donner des valeurs
d'isolement supérieures à 500 000 Ω.m2 ou au mégohm. m2.
Mais avant de porter un jugement critique sur l'isolation d'un ouvrage neuf, dont la
protection est obtenue par des intensités extrêmement faibles, grâce à un revêtement
moderne à très hautes performances (quelques µA pour de petites conduites de
distribution, à quelques mA pour les antennes d'un réseau de transport), n'oublions pas
cependant qu'une erreur, ou une imprécision, dans la mesure sur chantier d'une
intensité de cet ordre peut se traduire par des valeurs d'isolement variant du simple au
double.
Dès que l'ouvrage est suffisamment long et sa valeur d'isolement faible, le facteur
th (al) tend vers l'unité et la résistance de terre est sensiblement égale à rR.
L'application de cette formule donne pour une conduite Ø 219 de 40 km de longueur,
La résistance de terre de la conduite est une des résistances électriques qui fixe le débit
du soutirage. Toute structure étrangère enterrée présente aussi une résistance de terre
qui est d'autant plus faible que la structure n'a pas d'isolation, et l'on conçoit qu'un des
impératifs de la protection passive soit d'isoler l'ouvrage à protéger des autres
structures enterrées.
Par exemple, le contact d'une tuyauterie d'eau avec un ouvrage de gaz rajoute en
parallèle aux bornes du soutirage une résistance de terre (appelée défaut de mise à la
terre de l'ouvrage gaz) qui dérive vers la conduite d'eau le courant utile à la protection.
21 × 10 −6 × 100
r= = 4.45 x10-6Ω/m
3.14 × 100 × 1.5
Soit pour une longueur de 48km:
r= 4.45 x 10-6 x 48 x10+3≈ 0.2Ω
9 Calcul de la masse anodique minimale :
150
= 3
50
9 Résistance du déversoir :
Résistance d'une anode par rapport au sol (anode verticale).
D'après la formule de Dwight :
ρ 1 4L
R= (ln - 1)
2π L r
Avec :
ρ = 20 Ω m.
L = 1,550 m.
0,150
r= = 0,075 m = rayon d'anode
2
20 4 × 1,55
R= (ln -1) = 2,053 ×3,414 =7 Ω.
2π × 1,55 0,075
Il est donc nécessaire de grouper plusieurs anodes en parallèles pour abaisser leur résistance
en dessous de 1.6Ω
Mais lorsque l'on groupe les anodes en parallèles, il y a interférence et chaque anode présente
une résistance supérieure à la valeur calculée pour une anode seule.
Le facteur de correction dépend du nombre d'anodes et de la distance entre anodes
(coefficient de couplage). Ce facteur de correction est tiré de la courbe suivante:
7 Ω×1,20 = 8,4 Ω.
Et la résistance du déversoir :
8,4
=1,68 Ω
5
ΔU = 1,68 × 15 = 25,2 v
dans le déversoir, donc supérieure à la valeur limite de 24 v que l'on s'était fixée pour le
redresseur.
Il faut donc, soit augmenter le nombre d'anodes, soit améliorer la résistance individuelle de
chaque anode par l'utilisation de "backfill", ou mélange régulateur.
Prenons par exemple 8 anodes distantes de 5 m. le coefficient à appliquer est de 1,28 ; d’où
une résistance apparente de chaque anode égale à :
7 Ω × 1,28 = 8,96 Ω
et la résistance du déversoir :
8,96Ω
= 1,12 Ω
8
d’où une chute de tension :
R2= 0,7 Ω
Et:
10000
R= (1- e-1.25) ≈5708 Ω.m2
0.125 × 10
Soit (en Ω.m):
5708
R= ≈1791Ω.m
3.14 × 1.015
4.45 × 10 − 6
a= =5x10-5 m-1
1791
γ = 4.45 × 10 − 6 × 1791 =0.089Ω
0 .3
Is= sh (5x10-5x48x10+3) =3.37sh (2.4) ≈18.4A
0.089
Pour obtenir une intensité de protection proche de celle trouvée avec la densité de protection
tirée des expériences d'UHLIG, il faut un revêtement de meilleure résistance d'isolement
initiale et/ou de meilleur coefficient de vieillissement.
9 Le gain de potentiel au point de soutirage est:
Es=Eo.ch (al)
Es=0.3.ch(2.4)≈0.3x5.55≈1.6 V
Le potentiel au point de soutirage est donc:
Es= (-1.6) + (-0.6)= -2.2V
ρ 1 4L
R= ln
2π L D
S = 6 × 6 = 36 cm2.
S 36
D=2 = 2 = 6,77 cm
π π
2500 480
R= ln = 14 Ω
6,28 × 120 6,77
Tout comme pour les déversoirs, on peut abaisser cette résistance en entourant les anodes de
backfill régulateur de corrosion; dans la réalité c'est toujours le cas.
0.25
I= ≈ 0.018A
14
Si la surface à protéger est de 120 m2, et que l'on impose une densité de courant de 30mA/ m2,
il faudra :
I TOTAL= 3.6 A
Le deuxième critère intervenant dans le calcul du nombre d'anodes est la durée de vie de ces
anodes.
Supposons que, dans le cas présent, nous désirons les voir durer 15 ans et qu'à cette échéance
il reste 30% de la masse.
kg
Masse d'une anode : 7.14 × 0,6dm ×0,6dm × 12 dm=30.8 kg.
dm3
1020
Nombre d'anodes : ≈33
30.8
4
Ces trente trois anodes doivent fournir 4A; chaque anode doit donc fournir =0.12A
33
0.25
Sa résistance par rapport au sol doit donc être de ≈2.1Ω
0.12
Il ressort nettement de cet exemple que la seule possibilité pour diminuer le nombre d'anodes
est de choisir un backfill de faible résistivité, d'espacement adéquat et de dimensions telles
que la résistance individuelle des anodes puisse tomber de 14 à 2.1Ω.
Où:
U : Potentiel dans l'élément infiniment petit de longueur dl (V)
I : Intensité circulant dans cet élément (A)
Etant donné que l'intensité pouvant être prise comme constante sur dl, on a:
1 l
I ∫0
R (Ω.m) = Udl
l
∫ Udl représente la surface S comme le montre la figure suivante:
0
Où:
ΔU S
R (Ω.m2) = l x π D≈ x π D
I I
On utilise pour générer le signal sur la conduite, un poste de soutirage existant auquel on a
rajouté un système électronique de coupure pour créer la fréquence de 1 hertz (1/3"ON ;
2/3" OFF).
La mesure s'effectue grâce à deux électrodes reliées à un voltmètre analogique de précision.
Seule la visualisation, sur le cadran du galvanomètre, de la fréquence de 1 hertz est
recherchée. Pour cela un dispositif électronique est monté sur chaque électrode afin de
compenser la différence de potentiel entre les deux électrodes (courants vagabonds, nature
du sol ....). Ainsi pour toutes les mesures, l'aiguille du galvanomètre se trouve au centre du
cadran permettant ainsi de visualiser ou pas la fréquence de 1 Hz.
Le choix de la fréquence de 1 Hz est du à la rareté d'utilisation de celle ci par les industriels.
Cette méthode n'est pas perturbée par les courants "vagabonds", ni par les tensions
alternatives induites sur les conduites par les lignes de transport électrique haute tension.
• Eclateur de ligne :
L’éclateur de ligne bloque les courants (continus et alternatifs) jusqu’à une tension
d’amorçage. Il permet alors d’écouler un courant de décharge de plusieurs KA et une intensité
de courant de foudre encore plus élevée pendant quelques microsecondes.
Il permet typiquement de protéger un joint isolant en évitant de le détruire sur un choc de
foudre mais sa tension d’amorçage est supérieure à la tension de sécurité pour l’homme.
Un éclateur est constitué d’une enveloppe contenant un gaz rare, neutre et isolant ou par un
ensemble de composants électroniques.
4- Prises de potentiel:
Ces dispositifs sont destinés à permettre un contact électrique facile avec la structure dont on
veut mesurer le potentiel. Ils peuvent être de différents types, laissés à l'initiative du maître
d'œuvre, les plus courants étant, soit en superstructure (poteau, coffret ou borne de contrôle),
soit au niveau du sol (sous bouche à clé).
Leur installation est à prévoir, dans la mesure du possible, en des points facilement
accessibles et parfaitement repérés.
Il est difficile d'imposer une distance minimale entre deux prises de potentiel
consécutives. Cette distance est en effet fonction de la longueur de l'ouvrage, de la position
des points particuliers (croisements, parallélismes…) et de l'existence de courants vagabonds.
Un écartement moyen de l'ordre de 3 Km paraît être une distance optimale. Pour les grands
ouvrages situés en zone rurale non perturbée, cette distance peut être portée à 10 Km.
De plus, des prises de potentiel doivent être prévues à tous les points particuliers :
- intersection avec d'autres canalisations métalliques ou autres structures (câbles);
- traversées de voies ferrées ou de rivières ;
- passages en gaines métalliques ;
- raccords isolants enterrés.
5- Etude de la protection cathodique:
L'étude de la protection cathodique doit être faite si possible "in situ" avant la pose. Un
complément d'étude sera réalisé immédiatement après la pose des conduites, notamment pour
déterminer l'existence et l'influence des courants vagabonds.
La mise en service de la protection cathodique doit s'effectuer dans un délai n'excédant pas, si
possible, six mois après la pose de ladite conduite, dans l'hypothèse où il n'y a pas de courants
vagabonds. Dans le cas contraire, il faut agir au plus vite.
Enfin, les appareils définitifs doivent être largement dimensionnés, afin de pallier les
variations de l'isolement de la conduite par rapport au sol, ainsi que les variations saisonnières
de résistance du déversoir.
La mesure de potentiel agissant sur la régulation peut être effectuée au pied du soutirage lui-
même, ce qui est le cas général (l'électrode de référence doit être alors installée le plus près
possible de la structure pour éviter une mesure faussée par le gradient de potentiel dû au
courant de soutirage dans le sol), soit au point le plus litigieux (le plus haut en potentiel) de la
structure. Dans ce dernier cas , sur des réseaux de conduites enterrées, le point litigieux est
généralement éloigné de plusieurs dizaines de kilomètres du poste de soutirage , ce qui pose
un problème de transmission souvent difficile à résoudre.
La télégestion des postes de protection cathodique se fait généralement de nos jours comme le
montre la figure suivante:
→ ouvrages immergés :
L'incidence de la protection cathodique appliquée aux ouvrages immergés est nettement
plus importante que pour les ouvrages enterrés.
Le prix de revient se situe entre 4 et 5 ℅ de la partie immergée. Ceci s'explique par la quantité
d'anodes sacrificielles mises en œuvre aux fortes densités de courant et à l'emploi très partiel
de revêtement.
3-Frais d'exploitation:
→ ouvrages enterrés :
Le calcul des frais d'exploitation d'une protection cathodique peut être fait selon des
critères différents. Nous en indiquons quelques uns ci-après, établis sur la base de deux visites
par an. Ces chiffres tiennent compte des frais de :
- main-d'œuvre ;
- déplacement ;
- énergie consommée par la protection cathodique.
►coût d'exploitation annuel par rapport au capital investi
Le rapport est de l'ordre de 0,54 ‰.
►coût d'exploitation par rapport au budget d'exploitation
L'ensemble des frais d'exploitation (personnel, énergie, déplacements, réparations)
représente un peu moins de 1.5 ℅ de l'ensemble des frais d'exploitation, fourniture
d'énergie industrielle exclue.
►distance parcourue pour les contrôles
L'expérience montre que la distance parcourue avec un véhicule, lors des contrôles,
est environ trois fois la longueur de la canalisation contrôlée.
►temps passé
Le temps moyen pour une conduite seule est de l'ordre de 1h15 à 1h30 par kilomètre
et par an.
→ ouvrages immergés :
L'exploitation de la protection cathodique d'ouvrages immergés ne coûte pratiquement rien,
si elle a été bien conçue et bien réalisée.
Les frais seraient très importants si réfection partielle ou totale devait être décidée.
4-Conclusion:
Il était difficile de donner dans ce chapitre des chiffres précis concernant les différents frais
imputables à la protection cathodique.
Il ressort néanmoins, des valeurs données ci-dessus, que la protection cathodique, bien
réalisée et bien exploitée, est un moyen économique de protéger contre la corrosion des
structures de prix de revient la plupart du temps très élevés.
La durée de vie des ouvrages sous PC, sans percement des canalisations, est multipliée par un
facteur minimal de trois.
Annexe 1
1) Influences électriques entres ouvrages enterrés :
Une installation de protection cathodique mettant en circulation des courants continus
dans le sol, toute structure métallique enterrée à proximité d'une conduite protégée pourra être
influencée : influence tantôt bénéfique si la structure voisine est rendue cathodique, tantôt
néfaste si elle devient anodique.
Des solutions consistant en l'amélioration des prises de terre des pylônes peuvent être
envisagées, ainsi que dans le renforcement de l'isolation de la conduite.
Cependant il faut se rendre compte qu'une blessure mécanique de l'isolation même renforcée
ramène aux mêmes effets néfastes qu'avec un revêtement simple.
C'est pourquoi les pétroliers ont admis la possibilité de supprimer l'isolement de la conduite
au droit des pylônes. Le métal en contact avec le sol ne reçoit ainsi qu'une faible densité de
courant et ne peut être endommagé.
Pour les phénomènes d'induction le moyen le plus efficace consiste à augmenter l'écartement
entre les deux ouvrages lorsqu'il y a projet de construction de l'un ou l'autre. Cependant cette
solution n'est actuellement pas toujours applicable depuis qu'il y a obligation de passage des
canalisations dans les couloirs d'énergie.
La solution qui reste possible, concernant l'ouvrage électrique, est l'installation de câbles de
garde qui constituent des écrans électromagnétiques.
Au niveau de la conduite il peut être intéressant d'envisager la pose de tubes comportant
un revêtement du type C de plus grande conductance que le polyéthylène. Sinon, il faut
envisager la mise à la terre de la conduite, localement aux extrémités du parallélisme, ou
d'une manière répartie sur la longueur de la canalisation.
e) Influence de la foudre :
Les lignes électriques de 3e catégorie sont fréquemment pourvues d'un système de câble
de garde pour, entre autres raisons, assurer la protection des lignes (conducteur, pylônes
et installations) contre les effets de la foudre.
Lors d'un coup de foudre sur ce câble de garde, le courant (50 % des coups de foudre
dépassent 30 kA et quelques uns 100 kA) se répartit sur les pylônes adjacents et diffuse
ensuite vers le sol créant de nouveaux dangers de conduction pour les ouvrages enterrés
au voisinage.
Cette méthode nécessite une puissance électrique très importante, de façon à fournir des
intensités de 10 à 100 A à l'hectare installé en moyenne. Ceci correspond à des densités de
courant de l'ordre de 100 mA/m2 pour les ouvrages en acier, et 200 mA/m2 pour les structures
de mises à la terre en cuivre.
Remarque importante :
Les mises à la terre traditionnellement réalisées en cuivre nu (utilisé pour ses propriétés de
stabilité dans le temps), posent les problèmes suivants au niveau de la protection cathodique :
• Un circuit de terre en cuivre relié à la structure sous protection cathodique peut consommer
plus de 90% des courants de protection. En effet, le cuivre se polarise plus mal que l’acier, il
lui faut 10 à 20 fois plus de courant. Suivant la configuration, il peut être même impossible de
polariser correctement la structure en acier.
• Si la protection cathodique n’est plus efficace, il y a un risque de corrosion des structures par
couplage galvanique entre le cuivre et l’acier, au détriment de l’acier.
• L’effet du courant de protection cathodique peut entraîner un dépôt calcomagnésien à la
surface du cuivre, ce qui peut dans certain cas, selon la nature du sol entraîner une
augmentation de la résistance de terre.
• De nombreux autres inconvénients peuvent être listés (liste non exhaustive) : hétérogénéité
de la protection cathodique (surprotection et sous protection se côtoyant), difficultés à
effectuer des mesures fiables (le potentiel du cuivre masquant les autres), difficulté
d’envisager une protection par anodes galvaniques, etc.
Annexe 2
• Pistons intelligents :
Les pistons d'inspection sont constitués de plusieurs éléments étanches accouplés par des
articulations leur permettant de passer les passages en courbes.
Les éléments du piston contiennent des batteries assurant l'alimentation électrique du système
de mesure électronique, du stockage des données et jusqu'à 200 capteurs répartis de manière à
balayer la totalité du pourtour de la conduite. La mesure du déplacement par des roues
(odomètres) permet de localiser les données relevées dans la conduite et de mesurer la vitesse.
Une vitesse de 1 à 4 m/s serait optimale pour la qualité des mesures. Mais le gaz peut
s'écouler avec une vitesse de 8 à 12 m/s. C'est pourquoi le piston est équipé d'un «Speed
Control» – en principe un tube de «by-pass» comportant en son centre un système de clapets
ou de vannes qui commande le débit de gaz et réduit la vitesse du piston si besoin est.
Pour localiser les cordons de soudure selon des coordonnées, le piston intelligent peut
comporter un élément à référence spatiale accouplé à un système gyroscopique.
Celui-ci fonctionne de manière analogue à l'horizon artificiel installé dans les avions et
indique au piston sa position sans cesse changeante – dans les courbes il est par exemple
«incliné». Le système gyroscopique s'ajuste sur des points de référence – des marqueurs –
posés tous les 1 à 5 km selon la précision exigée et qui sont saisis par des coordonnées
cartographiques. Les marqueurs enregistrent le passage du piston. Ces données servent à
déterminer les coordonnées des soudures.
Dans la méthode par perturbation du flux magnétique, deux rangées d'aimants (une pour le
pôle positif, une pour le pôle négatif) placées sur le pourtour de la conduite y induisent un
champ magnétique. Lors du déplacement du piston le flux magnétique est enregistré.
Les variations du flux magnétique indiquent des anomalies (corrosion, vice de fabrication,
etc.) dans la paroi de la conduite.
En complément on utilise des capteurs à effet Hall. Cet effet porte le nom du physicien
américain Edwin Herbert Hall (1855 –1938): un champ magnétique perpendiculaire
à une plaque métallique conductrice (la paroi de la conduite) génère une force électromotrice
agissant transversalement au sens du courant et du champ magnétique.
Les capteurs utilisant l'effet Hall détectent surtout les variations de l'épaisseur.
Pistons intelligents
Après leur prétraitement les données sont ajustées à l'aide des données du journal du gazoduc
et notamment sur celles de la situation des cordons de soudure. Puis le détecteur automatique
d'événements détermine tous les signaux qui se démarquent de la base de référence. Ces
signaux sont alors examinés et classifiés quant aux similitudes à des échantillons stockés.
Dans le cas de résultats incertains, les données de mesure peuvent être visualisées; cela de
préférence par des images fausses couleurs. Cela permet de détecter et localiser des
perturbations de quelques centimètres.
L'exploitant décide alors s'il faut assainir le tronçon en question ou si l'on peut attendre
jusqu'à une prochaine inspection – la durée de vie d'une conduite de gaz naturel à haute
pression bien entretenue est estimée à largement plus de 50 ans.
Généralement, et suivant les dimensions des défauts détectés, on procède à la réduction de la
pression maximale de service.
Bibliographie