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9.

Assemblages soudés

9.1. Introduction
(tiré de [1])
La soudure est le moyen d'assemblage le plus fréquemment utilisé pour la fabrica-
tion en atelier. Sur le chantier, son emploi est moins généralisé à cause des diffi-
cultés de mise en œuvre liées souvent à des conditions climatiques pas toujours fa-
vorables. Pour les charpentes courantes, on préfère l'emploi de boulons.
Les principaux avantages qu'offre l'emploi de la soudure sont:
- la réalisation d'assemblages rigides, donc peu déformables,
- une diminution du temps de préparation des pièces de l'assemblage par rapport
au boulonnage, notamment dans le cas de soudures non pénétrées (pas de
trous à percer, réduction du nombre de couvre-joints et de platines),
- une simplification des assemblages,
- une amélioration de l'apparence de la construction,
- la réalisation d'un assemblage étanche.
Elle nécessite par contre certaines précautions de mise en œuvre, notamment:
- le recours à un personnel qualifié,
- la protection des soudeurs sur le chantier contre les intempéries,
- l'utilisation de procédés de contrôles de qualité.

9.2. Connaissances générales


(tiré de [15])

9.2.1. Principe du soudage


Le principe du soudage consiste à créer une continuité de la matière entre deux piè-
ces différentes. Dans le domaine de la construction métallique, la continuité est ob-
tenue par la création d'un cordon de soudure provenant de la fusion d'une partie des
pièces à assembler (ci-après dénommées métal de base) et d'un métal d'apport
sous forme d'électrode. La fusion est provoquée par le passage d'un courant électri-
que de forte intensité entre l'électrode et le métal de base au travers d'un arc électri-
que ainsi créé. La figure 9.1 définit la terminologie relative aux cordons de soudure.
On peut remarquer que le soudage n'est pas un collage des pièces mais une réelle
continuité de matière dans la mesure où il y a mélange des différents métaux en fu-
sion. La limite géométrique du cordon ne correspond d'ailleurs pas à la limite des
pièces constituant le métal de base (fig. 9.2)

Figure 9.1 Figure 9.2

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Construction métallique 9.1
C. Deschenaux
9.2.2. Le phénomène thermique
La fusion de l'acier se produisant à plus de 1'300 °C, la formation du cordon de sou-
dure a lieu à cette température. Le refroidissement du cordon s'accompagne, d'une
part, d'un risque de trempe, d'autre part, d'un retrait thermique et, enfin, de contrain-
tes résiduelles.

a) La trempe
La trempe d'un acier correspond à son refroidis-
sement brusque depuis une température supé-
rieure à 900 °C jusqu'à la température ambiante.
Elle a pour conséquence de "figer" la structure
cristalline du matériau dans une configuration
bien particulière. Une fois trempé (refroidi), l'acier
possède une dureté plus grande mais est devenu
beaucoup plus fragile.
Dans le cas d'une soudure, la température du
cordon en fusion est de l'ordre de 1'300 °C. Le Figure 9.3
métal de base, qui est à température ambiante, a une grande capacité à absorber la
chaleur car son coefficient de conduction thermique est fort. Il permet ainsi un refroi-
dissement très rapide du métal en fusion. Les conditions de trempe sont alors ré-
unies. Le cordon, mais aussi une zone voisine, subissent la trempe: on l'appelle
Zone Affectée Thermiquement (ZAT) (fig. 9.3).

La trempe du joint est très préjudiciable pour la structure car elle rend fragile le lieu
de transmission des efforts d'une pièce à l'autre. En génie civil, une rupture fragile
est toujours plus dangereuse qu'une rupture ductile. Pour supprimer l'effet de
trempe, trois techniques existent.
- Le préchauffage: il consiste à chauffer le métal de base à une température d'en-
viron 80 °C avant soudage de manière à ce qu'il y ait équilibre entre la quantité
de chaleur du cordon et celle contenue dans le métal de base favorisant ainsi un
refroidissement beaucoup plus lent du joint soudé.
- Le post-chauffage : la quantité de chaleur perdue par le cordon est partiellement
restituée par un chauffage immédiat après soudage afin de limiter la vitesse de
refroidissement.
- La haute intensité électrique de soudage: une haute intensité électrique conduit à
obtenir une grande quantité de chaleur dans le cordon et dans le métal de base,
laquelle mettra plus de temps à être évacuée.

b) Le retrait thermique

Sous l'effet du refroidissement, le cordon


se rétrécit dans ses trois directions prin-
cipales (fig. 9.4).

Figure 9.4

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Construction métallique 9.2
C. Deschenaux
c) Le retrait longitudinal
Il a pour effet de faire fléchir la pièce. Prenons l'exem-
ple du soudage d'un plat de renfort sur la semelle su-
périeure d'un IPE. Le retrait longitudinal tend au rac-
courcissement de la semelle supérieure et crée une
flèche vers le bas (fig. 9.5).
Les remèdes pour éviter une déformation trop grande
sont l'exécution d'une contreflèche avant soudage, le Figure 9.5
redressage mécanique après soudage et la conception
d'un soudage symétrique, lorsque cela est possible.

d) Le retrait transversal
Les conséquences du retrait transversal se traduisent
souvent par des déformations angulaires (fig. 9.6).

e) Le retrait dans l'épaisseur


Ce retrait a moins de conséquences sur les déforma-
tions que le retrait transversal, mais il peut entraîner
des contraintes importantes. Figure 9.6
f) Les contraintes résiduelles
Le cordon de soudure en fusion n'est pas libre de se
rétracter lors de son refroidissement. En effet, le métal
de base contrarie le retrait total du cordon. De ce fait, il
apparaît des contraintes de traction au sein du cordon
et des contraintes de compression dans le métal de
base (fig. 9.7). Comme pour la trempe, ce phénomène Figure 9.7
de contraintes résiduelles est d'autant plus faible que
le refroidissement est lent et uniforme.

9.2.3. Les procédés de soudage en construction en acier

a) Les fonctions
En plus des fonctions essentielles que sont la fusion et l'apport de métal nécessaire
à la création du cordon de soudure, les procédés doivent protéger chimiquement le
cordon en fusion. En effet, l'hydrogène existant par décomposition de la vapeur
d'eau à très haute température est très préjudiciable à la résistance mécanique de la
soudure car il favorise la création d'inclusions susceptibles d'amorcer des microfissu-
res.
L'hydrogène est présent dans l'environnement général du poste de soudage (vapeur
d'eau) mais aussi dans les graisses ou dans l'oxydation du métal de base. Dans ces
derniers cas, un nettoyage peut diminuer sa présence. En ce qui concerne les condi-
tions atmosphériques, c'est le procédé lui-même qui devra protéger le cordon de
l'hydrogène, soit par une protection solide, soit par une protectIon gazeuse.

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Construction métallique 9.3
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b) Le soudage manuel à l'arc
Un circuit électrique d'une intensité
pouvant atteindre 500 A est créé en-
tre le métal de base et une électrode
filiforme de 3 à 8 mm de diamètre
destinée, sous l'effet du courant élec-
trique, à fondre pour constituer le mé- Figure 9.8
tal d'apport (fig. 9.8). Cette électrode
est enrobée d'un laitier qui fond à
haute température. Dans le cordon
en fusion, le laitier surnage puis dur-
cit, assurant alors la fonction de pro-
tection vis-à-vis de l'atmosphère am-
biante (fig. 9.9). De plus, la carapace
Figure 9.9
de laitier permet de réduire le rayon-
nement thermique du cordon vers
l'extérieur. Après refroidissement, ce
laitier durci est enlevé avec un pic et
une brosse métallique. Le procédé de
soudure à l'arc est préférentiellement
utilisé sur chantier.

9.2.4. Terminologie et qualification des joints soudés


Pour définir complètement un joint soudé, il faut consi-
dérer sa forme, pour le calcul et sa position dans l'es-
pace, pour la mise en œuvre.

a) Position dans l'espace


Quatre types de position sont à considérer (fig. 9.10)
- soudure à plat
- soudure horizontale,
- soudure verticale,
- soudure au plafond.

Figure 9.10

b) Géométrie de l'assemblage
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Construction métallique 9.4
C. Deschenaux
Le tableau ci-dessous tiré de [N1], définit les différents types de soudure en fonction
de la géométrie des pièces à assembler.

Figure 9.11

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C. Deschenaux
9.3. Défauts

9.3.1. Anomalies
Les joints soudés peuvent présenter des imperfections externes ou internes appe-
lées anomalies. On parle de défaut quand la taille ou le nombre des anomalies dé-
passent les valeurs limites prescrites dans les normes.
Les anomalies peuvent être externes, c'est-à-dire visibles à l'œil nu, ou internes à la
soudure. Dans ce dernier cas, elles ne pourront être décelées qu'au moyen de
contrôles appropriés (cf. para. 9.3.4). La figure 9.12 représente quelques anomalies
des soudures.

Décalage des bords Sous-épaisseur Manque de pénétration

Surépaisseur Entaille de la racine Fissures

Figure 9.12

9.3.2. Ruptures fragiles


Plusieurs facteurs propices au développement d'une rupture fragile sont réunis au
voisinage d'un joint soudé, à savoir
- la modification possible des propriétés métallurgiques et mécaniques de l'acier
de base (cf. para. 9.2.2),
- la présence d'anomalies constituant des amorces de fissures qui peuvent en-
suite se propager par fatigue,
- les concentrations de contrainte au droit des soudures,
- l'augmentation des contraintes locales due aux contraintes résiduelles.
Il y a lieu de prêter une attention particulière au phénomène de rupture fragile lors-
qu'un assemblage comporte beaucoup de soudure, soit en nombre, soit en épais-
seur. Ajoutons que le danger de rupture fragile est plus grand à basse température
et lors d'une mise en charge soudaine.

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9.3.3. Fatigue
Des fissures de fatigue peuvent se développer dans les constructions soumises à
des charges variables. Ces fissures prennent souvent naissance au droit des ano-
malies des soudures et se propagent sous l'action des sollicitations répétées. On
tiendra compte de ce problème dans le dimensionnement des ouvrages soumis à
des charges répétées.

9.4. Contrôles
Pour détecter les anomalies dans les soudures, il existe plusieurs procédés qui peu-
vent être classés en deux catégories principales, suivant qu'ils sont destructifs ou
non.

9.4.1. Contrôles non destructifs


a) Les examens visuels
La configuration externe des soudures peut être évaluée à l'œil nu ou à la loupe. On
pourra détecter de cette façon les surépaisseurs et sousépaisseurs, le décalage des
bords ainsi que les défauts tels caniveaux, cratères, pores et inclusions.
b) Les examens par ressuage et par magnétoscopie
Ces examens permettent de déceler uniquement les fissures superficielles ou celles
débouchant en surface des joints soudés. Ces examens sont faciles à exécuter et ne
demandent que très peu de matériel; ils sont relativement fiables.
c) Les examens ultrasoniques
Les examens par ultrasons, qui nécessitent un manipulateur très expérimenté, per-
mettent de localiser des anomalies telles que les fissures et les défauts de collage
avec une bonne précision en grandeur et en direction.
d) Les examens par radiographie
Les examens par radiographie (rayons X) sont utilisés pour révéler des anomalies
volumiques telles que les pores ou les inclusions de laitier à l'intérieur de la soudure
mais les fissures sont très difficiles à détecter.

9.4.2. Contrôles destructifs


Les contrôles destructifs s'appliquent rarement aux ouvrages construits. Ils sont gé-
néralement entrepris sur des éprouvettes dans le but de vérifier un procédé de sou-
dage. Ils comprennent les macrographies et les micrographies.

La norme décrit à l’article le type et l'étendue des différents examens qu'il faut entre-
prendre selon la classe de qualité de la soudure.

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9.5. Exécution

9.5.1. Aptitude au soudage


L’aptitude au soudage doit être évaluée en tenant compte de la soudabilité du maté-
riau, des possibilités de soudage et des dispositions constructives. Le comportement
des matériaux de base et des matériaux d’apport peut être évalué en fonction de
certains paramètres de soudage (type de cordon, position et procédé de soudage,
etc.), à l’aide de la qualification du mode opératoire de soudage.
Des mesures particulières sont nécessaires pour les travaux de soudage de pièces
de forte épaisseur de même que pour des températures de matériau inférieures à +
5 °C. Les pièces sont de forte épaisseur si:
– t > 30 mm pour les aciers de construction jusqu’à S 355
– t > 25 mm pour les aciers à plus haute résistance.
De telles mesures peuvent comprendre entre autres:
– la prise en considération de spécifications supplémentaires du fournisseur
– l’ordre d’exécution des cordons de soudure
– le préchauffage
– le contrôle de la température durant le soudage
– le traitement thermique ultérieur au soudage (postchauffage).
Lors du choix des dispositions constructives, il faut tenir compte du fait que certains
matériaux ne peuvent pas être soudés, ou ne peuvent l’être qu’en respectant des
conditions très strictes:
– le soudage est interdit pour les aciers de précontrainte, les tiges d’ancrage et les
boulons à haute résistance
– les aciers à haute teneur en carbone (par ex. E295, E335 ou E360 selon la
norme SN EN 10 025) ne peuvent être soudés que dans des conditions particu-
lières
– pour le soudage des aciers d’armature, voir la norme SIA 262
– le soudage est interdit pour les éléments d’acier coulé en continu, non traités
thermiquement, tant qu’aucune qualification du mode opératoire de soudage n’a
été effectuée pour la livraison concernée.
Selon les matériaux et l’épaisseur des pièces à assembler, les zones à souder doi-
vent, le cas échéant, être préchauffées. Le préchauffage peut avoir les objectifs sui-
vants:
– éviter les durcissements des zones affectées par la chaleur en réduisant la vi-
tesse de refroidissement
– réduire les contraintes résiduelles dues au soudage par l’allongement préalable
des pièces et par l’abaissement de la limite d’élasticité du matériau
– éviter la formation de fissures générées par l’hydrogène dans le cas des aciers
soudables à grains fins à haute résistance; ce point est en particulier à prendre
en considération pour des aciers à grains fins améliorés (condition de livraison Q
selon la norme SIA 263, chiffre 1.2.7).

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9.5.2. Classification et qualité des soudures
Lors du dimensionnement, on attribuera aux soudures l'une des quatre classes de
qualité données ci-dessous
Classe A Qualité spéciale
- pour les cordons fortement sollicités dans des éléments de construc-
tion spéciaux, hormis les charpentes métalliques usuelles, par
exemple les conduites forcées. les éléments de centrales nucléaires
à hautes exigences de sécurité
Classe B Qualité supérieure, exigence élevée
- pour les soudures complètement pénétrées dans les éléments où la
plastification des sections est admise pour toutes les soudures dont
la rupture aurait des conséquences graves
- pour les détails de construction où la résistance à la fatigue est for-
tement mise à contribution
Classe C Qualité normale, exigence moyenne
- pour les soudures complètement pénétrées dans les éléments où les
sections restent élastiques
- pour les cordons d'angle porteurs (cas normal)
- pour les détails de construction où la résistance à la fatigue est fai-
blement mise à contribution
Classe D Qualité minimale, exigence modérée
- pour les soudures faiblement sollicitées ou constructives
- pas autorisées en cas de fatigue, de chocs, de températures infé-
rieures à -10°C.
Pour chacune de ces classes, les normes SN EN 25817 prescrivent
- des valeurs limites pour les défauts internes et externes à la soudure,
- des mesures minimales à prendre lors de la fabrication,
- des exigences relatives aux contrôles
Le choix de la classe de qualité est primordial aussi bien pour la sécurité de la struc-
ture que pour l'économie de la fabrication et du montage. L'ingénieur prêtera donc
une attention particulière à ce choix qui est dicté par les critères suivants:
- conséquences d'une rupture pour l'utilisateur ou l'environnement,
- nature et importance des actions et des sollicitations,
- sensibilité du détail de construction à la fatigue ou à la rupture fragile,
- type de comportement (élastique ou plastique) de la section.
Genre de construction Partie de construction Classes de quali- Remarques

Halle industrielle - pannes C resp D
moyenne - sommiers C
- colonnes C
- contreventements C
Halle lourde - pannes C Classes selon les épaisseurs
- sommiers B ou C des éléments et le degré de
- colonnes B ou C fatigue
- voies de roulement B

Pont métallique tous les éléments selon types risques élevés pour les utili-
d'éléments sateurs et l'environnement,
B ou C fatigue, effets dynamiques,
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Construction métallique 9.9
C. Deschenaux
etc.

Remarques
- Il est pratiquement impossible de réaliser un cordon d'angle de classe A ou B.
- Pour les classes de qualité A ou B, les éléments de construction doivent être
conçus de façon à ne présenter aucune entrave aux opérations de soudage ou
de contrôle.
- La durée du soudage et la difficulté à respecter les valeurs limites des critères
d'évaluation des différentes classes de qualité dépendent de la position de sou-
dage (p. 9.7). Ainsi, les soudures de qualité A requièrent une position en gout-
tière ou, au minimum, à plat.

9.5.3. Coûts
Le coût d'un cordon de soudure est essentiellement dû:
- au choix de la classe de qualité et aux contrôles correspondants,
- à la forme de la soudure (chanfrein et aire de la section de soudure)
- à la position de soudage, au procédé de soudage
- aux déformations imposées et entravées lors du soudage
- au traitement ultérieur des soudures.

9.6. Dispositions constructives

9.6.1. Dimensions des cordons d'angle

9.6.1.1. Sections de calcul


Les sections de calcul d'un cordon d'angle sont définies par la hauteur a (dimension
de la gorge) ou le côté s (dimension de contact) du plus grand triangle pouvant être
inscrit à l'intérieur de la soudure. La hauteur a est aussi communément appelée
épaisseur du cordon.

Figure 9.13
8.5.1.3 Epaisseur efficace
Le soudage sous flux de poudre engendre une grande
profondeur de pénétration (voir figure 9.14). Pour la
détermination de l’épaisseur efficace du cordon
d’angle aeff, la dimension géométrique de la section de
gorge ageom peut être augmentée de 2 mm.
aeff = ageom + 2 mm
ageom dimension géométrique de la section de gorge
aeff épaisseur efficace de la soudure d’angle, y com-
Figure 9.14
pris la profondeur de pénétration
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9.6.1.2. Dimension de gorge
Epaisseur minimale
La gorge d'une soudure d'angle ne doit pas être inférieure à 3 mm. Les épaisseurs
minimales des cordons sont données en fonction de l’épaisseur maximale des piè-
ces à souder. En cas de tôles épaisses assemblées au moyen de cordons trop min-
ces, la perte de chaleur peut être telle que la fusion complète du matériau de base
soit impossible. D'autre part, il faut éviter la trempe du métal déposé et le risque de
fissures dû aux contraintes résiduelles, et enfin garantir constructivement une résis-
tance ultime minimale. La figure ci-dessous donne les hauteurs minimales de la sec-
tion de gorge.
amin [mm]

10

8
7
6
5
4
3

17 35 75
tmax [mm]
12 25 50

Figure 9.15

Epaisseur maximale
Afin de restreindre l'apport de chaleur, l'épais-
t2
seur maximale de la gorge est limitée par la a<0.7t1
plus mince des pièces à assembler, selon la re- <05t2
lation
amax=0.7tmin (9.1)
t1

Dans le cas d'un cordon d'angle posé des deux


côtés d'une tôle (assemblage en T), la dimen-
sion a de la gorge ne devrait pas dépasser la
a

demi-épaisseur de la tôle afin de ne pas la brû-


ler totalement lors du soudage et pour éviter
une fragilité trop élevée. Figure 9 16
restriction

9.6.1.3. Longueurs des cordons d'angle


Aucune

Les cordons d'angle doivent avoir une longueur


minimale de:
P P
lmin=40 mm
La résistance des cordons d'angle des assembla- lmin<l<lmax
ges à clin doit être réduite si leur longueur dépasse
150 a.
Figure 9.17
Cette disposition ne s'applique pas lorsque les for-
ces sont introduites de façon continue, ce qui est le cas quand la répartition des
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contraintes le long de la soudure correspond à la répartition des contraintes dans le
métal de base adjacent (exemple : la soudure de front de la fig. 9.17 ou soudure as-
semblant les semelles d'une poutre à âme pleine).

9.6.2. Arrachement lamellaire


En cas de traction dans le sens de l’épaisseur, les Disposition
sensible améliorée
éventuelles doublures et le risque d'un arrachement
lamellaire de la matière de base doivent être considé-
rées. Ce problème peut être résolu au moyen de dis-
positions constructives adéquates telles, par exemple,
celles recommandées par [N1] & 6.6.3 (Figure 9.18).

Figure 9.18

9.6.3. Soudures d'angle réalisées d'un seul côté


Une soudure d'angle réalisée d'un seul côté
ne doit pas être utilisée pour transmettre un N N
moment fléchissant autour de l'axe longitudi-
nal de la soudure; elle ne doit pas non plus
transmettre un effort de traction significatif
perpendiculaire à l'axe longitudinal de la sou-
dure, qui produirait effectivement ce type de
moment fléchissant. Par contre, une telle sou-
dure peut être utilisée tout le long du périmè-
tre d'un profil creux (fig. 9.19). Satsfaisant Non satisfaisant

Figure 9.19

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C. Deschenaux
9.6.4. Soudures d'angle discontinues
Les dispositions prescrites à
l’article 7.2.6 de la norme SIA 263
sont illustrées dans la figure 9.20.
Pour les soudures discontinues,
on prêtera une attention toute par-
ticulière à la protection contre la
corrosion.

Figure 9.20

9.7. Dimensionnement des soudures complètement pénétrées


Un cordon de soudure est considéré comme complète-
ment pénétré si le matériau d’apport et le métal de base
sont complètement fusionnés dans toute l’épaisseur de
l’assemblage.
Les soudures partiellement pénétrées seront considérées
comme des soudures complètement pénétrées si les
conditions suivantes sont satisfaites (voir figure 9.2):
anom1 + anom 2 ≥ t
cnom ≤ t / 5, max. 3mm
anom1 , anom 2 : sections de gorge des cordons de soudure
Figure 9.21

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Les soudures complètement pénétrées dans des zones avec plastification de la sec-
tion doivent avoir la classe de qualité B.
Les soudures complètement pénétrées ne doivent pas être discontinues.
La résistance ultime d’une soudure complètement pénétrée est égale à celle du plus
faible des éléments assemblés, puisque la résistance du matériau d’apport doit cor-
respondre au moins à celle du métal de base.
Les soudures partiellement pénétrées doivent être considérées comme des cordons
d’angle.

9.8. Dimensionnement des cordons d’angle


La vérification d’un cordon d’angle
consiste à contrôler la résistance de la
section de gorge et celle de contact.
Pour cela, on calcule tout d’abord la ré-
sultante FEd de toutes les forces agis-
sant sur le cordon de soudure de la fa-
çon illustrée dans la figure 9.22

Figure 9.22

Puis en admettant que la résistance d’une telle soudure est indépendante de la di-
rection de la sollicitation, on détermine la résistance de calcul de la façon indiquée
ci-dessous :
0.6 f uE
Résistance de la section de gorge a Fa , Rd = aΔL (9.2)
γM2
0.8 f y
Résistance de la section de contacts Fs , Rd = smin ΔL (9.3)
γM2
avec : a, smin : dimensions du cordon d’angle définies dans le para. 9.6.1
ΔL : longueur du cordon d’angle
fUE : résistance à la traction du matériau d’apport,
en général, fuE = 510 N/mm2
fy : limite d’élasticité du métal de base

Finalement, on contrôle la résistance d’un cordon d’angle en vérifiant l’inégalité ci-


dessous :
FEd ≤ FRd = min { Fa , Rd , Fs , Rd } (9.4)

Remarques
Si les sections de contact sont perpendiculaires l’une à l’autre ( s = 2a ) et si la résis-
tance à la traction du matériau d’apport vaut fuE = 510 N/mm2 , alors
- la section de contact est déterminante dans les assemblages en acier S 235
- la section de gorge est déterminante dans les assemblages en acier S 355

EIA-FR, GC
Construction métallique 9.14
C. Deschenaux
La norme relève encore les points ci-dessous :
Pour les aciers à haute résistance ou les aciers spéciaux, il faut employer un maté-
riau d’apport dont la résistance à la traction fuE correspond à la valeur minimale spéci-
fiée de la résistance à la traction du matériau de base.
Dans la mesure du possible, les interruptions dans les cordons de soudure porteurs
doivent être évitées.
La longueur efficace d’un cordon d’angle est égale à la longueur totale du cordon ré-
alisé.

Exemples
Attache d’un gousset en console, calcul élastique
sh 2 sh 2
Caractéristiques des soudures, section de contact : As ,V = 2hs, Ws , y = 2 =
6 3

Soudures τEd σEd

VEd
h

e s

Figure 9.23

Contrainte fictive dans la section de contact


2 2
⎛M ⎞ ⎛ VEd ⎞
2
⎛ 3eVEd ⎞ ⎛ VEd ⎞
2
9e2VEd2 VEd2
ρ s , Ed ,max = σ 2
+τ 2
= ⎜ Ed ⎟⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜ 2 ⎟
+⎜ ⎟ = s 2 h 4 + 4s 2 h2
s , Ed ,max s , Ed ⎜ ⎝ sh ⎠ ⎝ 2sh ⎠
⎝ Ws , y ⎠ ⎝ As ,v ⎠
VEd 9e2 1
ρ s , Ed ,max = +
sh h2 4

Le flux maximal est donc égal à:

VEd 9e2 1
qEd ,max = ρ s , Ed ,max ⋅ s = + (9.5)
h h2 4

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Assemblage de cornières

Dans les cornières attachées


par une aile, l’excentricité de la
soudure à clin d’extrémité peut
être négligée pour autant que
la longueur totale de la sou-
dure soit égale à celle donnée
dans la tabelle ci-contre tirée
de [16] (Figure 9.24).

Figure 9.24

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