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Assemblages soudés
9.1. Introduction
(tiré de [1])
La soudure est le moyen d'assemblage le plus fréquemment utilisé pour la fabrica-
tion en atelier. Sur le chantier, son emploi est moins généralisé à cause des diffi-
cultés de mise en œuvre liées souvent à des conditions climatiques pas toujours fa-
vorables. Pour les charpentes courantes, on préfère l'emploi de boulons.
Les principaux avantages qu'offre l'emploi de la soudure sont:
- la réalisation d'assemblages rigides, donc peu déformables,
- une diminution du temps de préparation des pièces de l'assemblage par rapport
au boulonnage, notamment dans le cas de soudures non pénétrées (pas de
trous à percer, réduction du nombre de couvre-joints et de platines),
- une simplification des assemblages,
- une amélioration de l'apparence de la construction,
- la réalisation d'un assemblage étanche.
Elle nécessite par contre certaines précautions de mise en œuvre, notamment:
- le recours à un personnel qualifié,
- la protection des soudeurs sur le chantier contre les intempéries,
- l'utilisation de procédés de contrôles de qualité.
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Construction métallique 9.1
C. Deschenaux
9.2.2. Le phénomène thermique
La fusion de l'acier se produisant à plus de 1'300 °C, la formation du cordon de sou-
dure a lieu à cette température. Le refroidissement du cordon s'accompagne, d'une
part, d'un risque de trempe, d'autre part, d'un retrait thermique et, enfin, de contrain-
tes résiduelles.
a) La trempe
La trempe d'un acier correspond à son refroidis-
sement brusque depuis une température supé-
rieure à 900 °C jusqu'à la température ambiante.
Elle a pour conséquence de "figer" la structure
cristalline du matériau dans une configuration
bien particulière. Une fois trempé (refroidi), l'acier
possède une dureté plus grande mais est devenu
beaucoup plus fragile.
Dans le cas d'une soudure, la température du
cordon en fusion est de l'ordre de 1'300 °C. Le Figure 9.3
métal de base, qui est à température ambiante, a une grande capacité à absorber la
chaleur car son coefficient de conduction thermique est fort. Il permet ainsi un refroi-
dissement très rapide du métal en fusion. Les conditions de trempe sont alors ré-
unies. Le cordon, mais aussi une zone voisine, subissent la trempe: on l'appelle
Zone Affectée Thermiquement (ZAT) (fig. 9.3).
La trempe du joint est très préjudiciable pour la structure car elle rend fragile le lieu
de transmission des efforts d'une pièce à l'autre. En génie civil, une rupture fragile
est toujours plus dangereuse qu'une rupture ductile. Pour supprimer l'effet de
trempe, trois techniques existent.
- Le préchauffage: il consiste à chauffer le métal de base à une température d'en-
viron 80 °C avant soudage de manière à ce qu'il y ait équilibre entre la quantité
de chaleur du cordon et celle contenue dans le métal de base favorisant ainsi un
refroidissement beaucoup plus lent du joint soudé.
- Le post-chauffage : la quantité de chaleur perdue par le cordon est partiellement
restituée par un chauffage immédiat après soudage afin de limiter la vitesse de
refroidissement.
- La haute intensité électrique de soudage: une haute intensité électrique conduit à
obtenir une grande quantité de chaleur dans le cordon et dans le métal de base,
laquelle mettra plus de temps à être évacuée.
b) Le retrait thermique
Figure 9.4
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Construction métallique 9.2
C. Deschenaux
c) Le retrait longitudinal
Il a pour effet de faire fléchir la pièce. Prenons l'exem-
ple du soudage d'un plat de renfort sur la semelle su-
périeure d'un IPE. Le retrait longitudinal tend au rac-
courcissement de la semelle supérieure et crée une
flèche vers le bas (fig. 9.5).
Les remèdes pour éviter une déformation trop grande
sont l'exécution d'une contreflèche avant soudage, le Figure 9.5
redressage mécanique après soudage et la conception
d'un soudage symétrique, lorsque cela est possible.
d) Le retrait transversal
Les conséquences du retrait transversal se traduisent
souvent par des déformations angulaires (fig. 9.6).
a) Les fonctions
En plus des fonctions essentielles que sont la fusion et l'apport de métal nécessaire
à la création du cordon de soudure, les procédés doivent protéger chimiquement le
cordon en fusion. En effet, l'hydrogène existant par décomposition de la vapeur
d'eau à très haute température est très préjudiciable à la résistance mécanique de la
soudure car il favorise la création d'inclusions susceptibles d'amorcer des microfissu-
res.
L'hydrogène est présent dans l'environnement général du poste de soudage (vapeur
d'eau) mais aussi dans les graisses ou dans l'oxydation du métal de base. Dans ces
derniers cas, un nettoyage peut diminuer sa présence. En ce qui concerne les condi-
tions atmosphériques, c'est le procédé lui-même qui devra protéger le cordon de
l'hydrogène, soit par une protection solide, soit par une protectIon gazeuse.
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Construction métallique 9.3
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b) Le soudage manuel à l'arc
Un circuit électrique d'une intensité
pouvant atteindre 500 A est créé en-
tre le métal de base et une électrode
filiforme de 3 à 8 mm de diamètre
destinée, sous l'effet du courant élec-
trique, à fondre pour constituer le mé- Figure 9.8
tal d'apport (fig. 9.8). Cette électrode
est enrobée d'un laitier qui fond à
haute température. Dans le cordon
en fusion, le laitier surnage puis dur-
cit, assurant alors la fonction de pro-
tection vis-à-vis de l'atmosphère am-
biante (fig. 9.9). De plus, la carapace
Figure 9.9
de laitier permet de réduire le rayon-
nement thermique du cordon vers
l'extérieur. Après refroidissement, ce
laitier durci est enlevé avec un pic et
une brosse métallique. Le procédé de
soudure à l'arc est préférentiellement
utilisé sur chantier.
Figure 9.10
b) Géométrie de l'assemblage
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Construction métallique 9.4
C. Deschenaux
Le tableau ci-dessous tiré de [N1], définit les différents types de soudure en fonction
de la géométrie des pièces à assembler.
Figure 9.11
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Construction métallique 9.5
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9.3. Défauts
9.3.1. Anomalies
Les joints soudés peuvent présenter des imperfections externes ou internes appe-
lées anomalies. On parle de défaut quand la taille ou le nombre des anomalies dé-
passent les valeurs limites prescrites dans les normes.
Les anomalies peuvent être externes, c'est-à-dire visibles à l'œil nu, ou internes à la
soudure. Dans ce dernier cas, elles ne pourront être décelées qu'au moyen de
contrôles appropriés (cf. para. 9.3.4). La figure 9.12 représente quelques anomalies
des soudures.
Figure 9.12
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C. Deschenaux
9.3.3. Fatigue
Des fissures de fatigue peuvent se développer dans les constructions soumises à
des charges variables. Ces fissures prennent souvent naissance au droit des ano-
malies des soudures et se propagent sous l'action des sollicitations répétées. On
tiendra compte de ce problème dans le dimensionnement des ouvrages soumis à
des charges répétées.
9.4. Contrôles
Pour détecter les anomalies dans les soudures, il existe plusieurs procédés qui peu-
vent être classés en deux catégories principales, suivant qu'ils sont destructifs ou
non.
La norme décrit à l’article le type et l'étendue des différents examens qu'il faut entre-
prendre selon la classe de qualité de la soudure.
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9.5. Exécution
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9.5.2. Classification et qualité des soudures
Lors du dimensionnement, on attribuera aux soudures l'une des quatre classes de
qualité données ci-dessous
Classe A Qualité spéciale
- pour les cordons fortement sollicités dans des éléments de construc-
tion spéciaux, hormis les charpentes métalliques usuelles, par
exemple les conduites forcées. les éléments de centrales nucléaires
à hautes exigences de sécurité
Classe B Qualité supérieure, exigence élevée
- pour les soudures complètement pénétrées dans les éléments où la
plastification des sections est admise pour toutes les soudures dont
la rupture aurait des conséquences graves
- pour les détails de construction où la résistance à la fatigue est for-
tement mise à contribution
Classe C Qualité normale, exigence moyenne
- pour les soudures complètement pénétrées dans les éléments où les
sections restent élastiques
- pour les cordons d'angle porteurs (cas normal)
- pour les détails de construction où la résistance à la fatigue est fai-
blement mise à contribution
Classe D Qualité minimale, exigence modérée
- pour les soudures faiblement sollicitées ou constructives
- pas autorisées en cas de fatigue, de chocs, de températures infé-
rieures à -10°C.
Pour chacune de ces classes, les normes SN EN 25817 prescrivent
- des valeurs limites pour les défauts internes et externes à la soudure,
- des mesures minimales à prendre lors de la fabrication,
- des exigences relatives aux contrôles
Le choix de la classe de qualité est primordial aussi bien pour la sécurité de la struc-
ture que pour l'économie de la fabrication et du montage. L'ingénieur prêtera donc
une attention particulière à ce choix qui est dicté par les critères suivants:
- conséquences d'une rupture pour l'utilisateur ou l'environnement,
- nature et importance des actions et des sollicitations,
- sensibilité du détail de construction à la fatigue ou à la rupture fragile,
- type de comportement (élastique ou plastique) de la section.
Genre de construction Partie de construction Classes de quali- Remarques
té
Halle industrielle - pannes C resp D
moyenne - sommiers C
- colonnes C
- contreventements C
Halle lourde - pannes C Classes selon les épaisseurs
- sommiers B ou C des éléments et le degré de
- colonnes B ou C fatigue
- voies de roulement B
Pont métallique tous les éléments selon types risques élevés pour les utili-
d'éléments sateurs et l'environnement,
B ou C fatigue, effets dynamiques,
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Construction métallique 9.9
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etc.
Remarques
- Il est pratiquement impossible de réaliser un cordon d'angle de classe A ou B.
- Pour les classes de qualité A ou B, les éléments de construction doivent être
conçus de façon à ne présenter aucune entrave aux opérations de soudage ou
de contrôle.
- La durée du soudage et la difficulté à respecter les valeurs limites des critères
d'évaluation des différentes classes de qualité dépendent de la position de sou-
dage (p. 9.7). Ainsi, les soudures de qualité A requièrent une position en gout-
tière ou, au minimum, à plat.
9.5.3. Coûts
Le coût d'un cordon de soudure est essentiellement dû:
- au choix de la classe de qualité et aux contrôles correspondants,
- à la forme de la soudure (chanfrein et aire de la section de soudure)
- à la position de soudage, au procédé de soudage
- aux déformations imposées et entravées lors du soudage
- au traitement ultérieur des soudures.
Figure 9.13
8.5.1.3 Epaisseur efficace
Le soudage sous flux de poudre engendre une grande
profondeur de pénétration (voir figure 9.14). Pour la
détermination de l’épaisseur efficace du cordon
d’angle aeff, la dimension géométrique de la section de
gorge ageom peut être augmentée de 2 mm.
aeff = ageom + 2 mm
ageom dimension géométrique de la section de gorge
aeff épaisseur efficace de la soudure d’angle, y com-
Figure 9.14
pris la profondeur de pénétration
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9.6.1.2. Dimension de gorge
Epaisseur minimale
La gorge d'une soudure d'angle ne doit pas être inférieure à 3 mm. Les épaisseurs
minimales des cordons sont données en fonction de l’épaisseur maximale des piè-
ces à souder. En cas de tôles épaisses assemblées au moyen de cordons trop min-
ces, la perte de chaleur peut être telle que la fusion complète du matériau de base
soit impossible. D'autre part, il faut éviter la trempe du métal déposé et le risque de
fissures dû aux contraintes résiduelles, et enfin garantir constructivement une résis-
tance ultime minimale. La figure ci-dessous donne les hauteurs minimales de la sec-
tion de gorge.
amin [mm]
10
8
7
6
5
4
3
17 35 75
tmax [mm]
12 25 50
Figure 9.15
Epaisseur maximale
Afin de restreindre l'apport de chaleur, l'épais-
t2
seur maximale de la gorge est limitée par la a<0.7t1
plus mince des pièces à assembler, selon la re- <05t2
lation
amax=0.7tmin (9.1)
t1
Figure 9.18
Figure 9.19
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9.6.4. Soudures d'angle discontinues
Les dispositions prescrites à
l’article 7.2.6 de la norme SIA 263
sont illustrées dans la figure 9.20.
Pour les soudures discontinues,
on prêtera une attention toute par-
ticulière à la protection contre la
corrosion.
Figure 9.20
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Les soudures complètement pénétrées dans des zones avec plastification de la sec-
tion doivent avoir la classe de qualité B.
Les soudures complètement pénétrées ne doivent pas être discontinues.
La résistance ultime d’une soudure complètement pénétrée est égale à celle du plus
faible des éléments assemblés, puisque la résistance du matériau d’apport doit cor-
respondre au moins à celle du métal de base.
Les soudures partiellement pénétrées doivent être considérées comme des cordons
d’angle.
Figure 9.22
Puis en admettant que la résistance d’une telle soudure est indépendante de la di-
rection de la sollicitation, on détermine la résistance de calcul de la façon indiquée
ci-dessous :
0.6 f uE
Résistance de la section de gorge a Fa , Rd = aΔL (9.2)
γM2
0.8 f y
Résistance de la section de contacts Fs , Rd = smin ΔL (9.3)
γM2
avec : a, smin : dimensions du cordon d’angle définies dans le para. 9.6.1
ΔL : longueur du cordon d’angle
fUE : résistance à la traction du matériau d’apport,
en général, fuE = 510 N/mm2
fy : limite d’élasticité du métal de base
Remarques
Si les sections de contact sont perpendiculaires l’une à l’autre ( s = 2a ) et si la résis-
tance à la traction du matériau d’apport vaut fuE = 510 N/mm2 , alors
- la section de contact est déterminante dans les assemblages en acier S 235
- la section de gorge est déterminante dans les assemblages en acier S 355
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La norme relève encore les points ci-dessous :
Pour les aciers à haute résistance ou les aciers spéciaux, il faut employer un maté-
riau d’apport dont la résistance à la traction fuE correspond à la valeur minimale spéci-
fiée de la résistance à la traction du matériau de base.
Dans la mesure du possible, les interruptions dans les cordons de soudure porteurs
doivent être évitées.
La longueur efficace d’un cordon d’angle est égale à la longueur totale du cordon ré-
alisé.
Exemples
Attache d’un gousset en console, calcul élastique
sh 2 sh 2
Caractéristiques des soudures, section de contact : As ,V = 2hs, Ws , y = 2 =
6 3
VEd
h
e s
Figure 9.23
VEd 9e2 1
qEd ,max = ρ s , Ed ,max ⋅ s = + (9.5)
h h2 4
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Assemblage de cornières
Figure 9.24
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