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MB7 : Bactériologie B2 - Physiologie bactérienne

PHYSIOLOGIE BACTÉRIENNE

Objectifs lesquelles la source d’énergie est un élément organi-


que. La plupart des bactéries d’intérêt médical sont
Connaître : des bactéries chimioorganotrophes.
• les principaux éléments de la physiologie bacté- La source de carbone nécessaire à la vie bactérienne
rienne : peut être le dioxyde de carbone qui est la source de
- les conditions de la croissance bactérienne: carbone exclusive pour les bactéries autotrophes alors
* nutritionnelles que les bactéries dites hétérotrophes utilisent le car-
* environnementales bone de substances organiques diverses comme un
- la croissance bactérienne proprement dite : alcool, l’acide acétique, l’acide lactique, des sucres
* division bactérienne divers, …).
* dynamique de la croissance Les bactéries doivent également trouver dans leur
• leurs implications dans la conduite d’un examen environnement une source d’azote et une source de
bactériologique et donc le diagnostic d’une infection soufre. Les bactéries ont des besoins inorganiques
bactérienne (exemple du phosphore). Les autres éléments néces-
saires à la vie bactérienne sont les ions comme le
sodium, le potassium, le magnésium, le chlore ; divers
Plan oligo-éléments comme le manganèse, le nickel, le
zinc, le sélénium, … ; divers facteurs de croissance
Principaux éléments de Implication lors de
comme des acides aminés (acide folique, acide nicoti-
la physiologie bacté- l’examen bactériologi- nique, …) ou des dérivés de l’hème et des vitamines
rienne que
: B6 (pyridoxine), K et dérivées, ...
Besoins nutritifs Choix des milieux de
culture
2.2. Les milieux de culture
Conditions environne- Choix de la température Leur composition doit permettre la croissance
mentales et de l’atmosphère bactérienne et doit donc tenir compte des besoins
d’incubation des milieux nutritifs des bactéries. La composition de base de ces
de culture milieux comprend :
Division bactérienne Délais de croissance et de • des substrats nutritifs : acides aminés, peptides,
rendu des résultats bases nucléiques, sucres, …,
Dynamique de la crois- Dénombrement, identifi- • un système tampon assurant la constance du pH
sance cation et antibiogramme • des sels minéraux,
• des vitamines,
1. Définition • d’autres facteurs de croissance pour certaines bacté-
ries dites exigeantes : sang, protéines, hémoglobine,
La physiologie bactérienne est la science des fonc- vitamines supplémentaires.
tions et des constantes du fonctionnement normal
des bactéries. On distingue plusieurs types de milieux de
culture selon leur composition :
- les milieux synthétiques de composition définie,
- les milieux semi-synthétiques qui sont des milieux
2. Besoins nutritifs des bactéries et milieux
synthétiques additionnés d'un extrait d’organismes
de culture comme un extrait de levures contenant des facteurs
de croissance pour les bactéries,
2.1. Les besoins nutritifs des bactéries - des milieux complexes de réalisation empirique
Les bactéries sont des organismes vivants devant (extraits de viande, de levure, extraits enzymatiques,
trouver dans l’environnement l’ensemble des subs- protéines ou peptones).
tances nécessaires à leur énergie et à leurs synthèses
cellulaires. On distingue également les milieux de culture
Leur source d’énergie peut être de nature lumi- selon leur fonction :
neuse (bactéries phototrophes) ou représentée par des - les milieux d’isolement permettant la croissance
composés minéraux ou organiques divers : on parle de plusieurs espèces bactériennes,
alors de bactéries chimiotrophes. Parmi cette dernière - les milieux d’enrichissement permettant de favo-
catégorie de bactéries, on distingue les bactéries chi- riser la croissance d’une espèce en faible quantité dans
miolithotrophes tirant leur d’énergie d’un élément un échantillon,
minéral et les bactéries chimioorganotrophes pour

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- les milieux enrichis permettant la croissance des (NaCl) pour leur croissance ; d’autres sont dites halo-
bactéries exigeantes, tolérantes.
- les milieux sélectifs favorisant la croissance d’un • La pression mécanique ou hydrostatique : les
type bactérien particulier tout en inhibant celle des bactéries ont une bonne tolérance générale à la pres-
autres types bactériens (exemple des milieux sélectifs sion ; certaines espèces vivants dans les grands fonds
pour les bactéries à Gram positif contenant des anti- marins supportent une pression très importantes et
biotiques inhibiteurs des bactéries à Gram négatif). sont dites barophiles.
• La température : cinq catégories de bactéries sont
Ces milieux peuvent se présenter sous forme différenciées sur la base de leur fourchette de tempé-
liquide : bouillons de culture en tubes ou en flacons ratures de croissance :
(exemple des flacons d’hémoculture). La croissance - les bactéries mésophiles dont la croissance est pos-
bactérienne peut alors être objectivée par un trouble sible de 10 à 45°C mais ayant une température opti-
du bouillon après incubation de 2 à 15 jours à 37° C male de croissance comprise entre 30 et 37°C et
le plus souvent. Les milieux solides sont le plus parmi lesquelles se trouvent la plupart des bactéries
souvent des milieux gélosés en boîte de Pétri. Après d’intérêt médical,
incubation de 24 à 72 heures à 37° C, la croissance - les bactéries psychrophiles poussant de -15 à 20°C
bactérienne est objectivée par la mise en évidence de (optimum : 5-10°C) (exemple : Listeria monocytogenes,
colonies bactériennes à la surface du milieu gélosé. agent de la listériose, dont la croissance est optimale à
Chaque bactérie présente initialement dans la température des réfrigérateurs),
l’échantillon cultivé va donner une colonie. - les bactéries psychrotropes se développant à des
températures de -5 à 35°C (optimum : 20-25°C),
Colonie - les bactéries thermophiles poussent de 45 à 70°C,
bactérienne - les bactéries hyperthermophiles peuvant croître à
des températures > à 80°C.
• L’oxygène moléculaire
Les bactéries possèdent des modes respiratoires va-
riés : certaines nécessitent de l’oxygène pour leur
croissance alors que, pour d’autres, l’oxygène peut
Figure 1. Croissance bactérienne sur milieu gélosé contenant être délétère.
du sang de mouton
(à gauche : un seul type de colonies, à droite : culture polymi- On distingue :
crobienne). 1. Les bactéries aérobies strictes (exemple : Pseudo-
monas) nécessitant une teneur en oxygène moléculaire
Afin de permettre la croissance d’un maximum de suffisante pour pouvoir se multiplier,
bactéries, un panel de différents milieux de culture 2. Les bactéries micro-aérophiles (exemple : Campy-
variable selon l’analyse à effectuer sera utilisé : une lobacter) se développant uniquement lorsque la teneur
combinaison de deux milieux de culture est le plus en oxygène moléculaire est réduite,
souvent utilisée pour la mise en culture des urines 3. Les bactéries aéro-anaérobies facultatives
dans le cadre d’un examen cytobactériologique des (exemple : Escherichia coli) dont la croissance n’est pas
urines (ECBU) alors qu'on peut être amené à ense- affectée par la concentration en oxygène moléculaire,
mencer jusqu'à neuf milieux de culture différents lors 4. Les bactéries anaérobies strictes ne se dévelop-
de la réalisation d’une coproculture. pant qu’en absence d’oxygène (exemple : Clostridium).

3. Conditions environnementales et condi-


tions d’analyse
3.1. Conditions environnementales Croissance
Plusieurs facteurs environnementaux vont condi- bactérienne
tionner la croissance bactérienne :
• Le pH : certaines bactéries se développent à pH
compris entre 6 et 8 : elles sont appelées bactéries
neutrophiles (exemple : Escherichia coli), d’autres se
développeront préférentiellement à pH alcalin (>8) et
sont appelées bactéries alcalinophiles (exemple : Pseu- 1 2 3 4
domonas). Enfin, la croissance de certaines bactéries
dites acidophiles est optimale à pH acide (<6) (exem- Figure 2. Représentation schématique des différents modes
ple : Lactobacillus). respiratoires dans le monde bactérien.
• La pression osmotique : les bactéries ont une
bonne tolérance générale au sel. Certaines bactéries 3.2. Conditions d’analyse bactériologique
dites halophiles nécessitent du chlorure de sodium En pratique, afin de pouvoir réunir les conditions
environnementales favorables à la croissance d’un

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maximum de bactéries différentes, les laboratoires de


bactériologie disposent d’étuves permettant Tableau 1. Temps de génération de quelques espèces bacté-
l’incubation des milieux de culture ensemencés à riennes.
diverses températures (30°C, 37°C, …) et des systè- Bactérie In vitro In vivo
mes permettant la création des atmosphères microaé- (min) (h)
rophiles et anaérobies (exemple : jarres avec généra-
teurs d’atmosphère particulière). Escherichia coli 20-40 5
Staphylococcus aureus 40 3-5
Pseudomonas aeruginosa 40 4
4. Division bactérienne, délai de croissance Mycobacterium
et délai des résultats tuberculosis 120-240 24-48

4.1. Division bactérienne 4.3. Délais d’obtention des résultats de l’analyse


La croissance bactérienne est un accroissement cytobactériologique
ordonné et coordonné de tous les composants de la Les délais de croissance bactérienne condition-
bactérie. Le nombre de bactéries augmente entraînant nent le délai de l’analyse et donc du rendu des résul-
un appauvrissement du milieu de culture en nutri- tats. L’analyse cytobactériologique des urines permet-
ments et un enrichissement du milieu en sous- tant le diagnostic d’une infection urinaire à entérobac-
produits du métabolisme. térie (Escherichia coli ou Klebsiella pneumoniae par exem-
Les bactéries sont des organismes asexués dont la ple) durera dans la plupart des cas 48 heures environ
reproduction a lieu par division cellulaire ou repro- alors que le diagnostic bactériologique d’un cas de
duction binaire encore appelée scissiparité. tuberculose causé par Mycobacterium tuberculosis peut
La reproduction se fait selon trois phases : nécessiter un délai de 4 semaines.
- Allongement de la bactérie,
- Duplication des constituants,
- Séparation
5. Dynamique de la croissance bactérienne
et implication dans le diagnostic bactériolo-
gique
5.1. Dynamique de la croissance bactérienne
La croissance bactérienne est un phénomène
dynamique qui comporte six phases représentées
schématiquement dans la figure suivante.
Figure 3. Bactérie en cours de division
(la flèche représente la zone de future séparation des deux
bactéries néo-formées).

Une bactérie mère va donc engendrer deux bacté-


ries filles identiques qui pourront à leur tour se diviser
par scissiparité. L’ensemble des bactéries issues d’une
même cellule mère formera une colonie bactérienne.

Figure 5. Courbe de croissance bactérienne en milieu liquide


adapté non renouvelé
Etc, …Î 1 colonie bactérienne (en abscisse figure le temps d’incubation et en ordonnée la
valeur logarithmique du nombre de bactéries).
Figure 4. Représentation schématique de la division bacté-
rienne par scissiparité. - Phase 1 : phase de latence : la croissance est nulle,
il y a accoutumance des bactéries à l’environnement,
4.2. Délais de croissance - Phase 2 : phase d’accélération avec augmentation
Le temps de division et les délais de croissance de la vitesse de croissance,
dépendent de l’espèce bactérienne et des conditions - Phase 3 : phase de croissance exponentielle
du milieu extérieur (favorables ou défavorables). durant laquelle le taux de croissance est maximal,

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- Phase 4 : phase de ralentissement : la vitesse de


croissance diminue, il y a épuisement des nutriments
du milieu de culture et accumulation des déchets,
- Phase 5 : phase stationnaire : il y a un arrêt de la
reproduction due à un facteur limitant dans
l’environnement, le taux de croissance est nul et le
taux de division égale le taux d’autolyse,
- Phase 6 : phase de déclin : les ressources sont
épuisées et le nombre de bactéries diminue.

5.2. Application au dénombrement bactérien


Le dénombrement des bactéries par unité de
volume d’échantillon analysé se fait après culture et
permet d’apprécier la quantité de bactéries viables. Figure 6 : Etude du métabolisme glucidique de Escherichia coli
L’ensemencement d’un volume défini d’échantillon (en haut) et de Klebsiella pneumoniae (en bas). Si la bactérie
sur milieu de culture gélosé permettra, après dénom- peut métaboliser le glucide présent, la cupule devient jaune ; si
brement des colonies bactériennes obtenues après elle ne peut utiliser le sucre testé comme source de carbone, la
incubation, de calculer les bactéries présentes dans cupule reste bleue. (MAN : mannitol, INO : inositol, SOR :
l’échantillon analysé. Le résultat est exprimé en Uni- sorbitol, RHA : rhamnose, SAC : saccharose, MEL : melibiose,
tés Formant Colonie par millilitre (UFC/ml). AMY : amygdaline, ARA : arabinose). Alors que Klebsiella
Exemple : la culture de 100 l d’un liquide de pneumoniae est capable de métaboliser l’ensemble des huit
glucides testés, Escherichia coli ne peut en utiliser que quatre.
lavage broncho-alvéolaire (LBA) permet de dénom-
brer 70 colonies bactériennes aprsè 48 heures
d’incubation à 37°C, la numération bactérienne est 5.4. Application à la détermination de la sensibilité /
donc de 700 UFC/ml de LBA. (le seuil à partir du- résistance bactérienne aux antibiotiques
quel la quantité de bactéries est considérée comme L’étude de la croissance bactérienne en présence
de différents antibiotiques permet de définir pour
significative est de 104 UFC/ml de LBA).
De même, des systèmes appelés lames immergées ou chaque bactérie analysée un profil de sensibilité /
résistance aux différentes molécules antibiotiques.
Uricult® permettent la numération des bactéries
présentes dans un échantillon d’urine au moment du
prélèvement et permettront une estimation fiable de Disque
ce nombre ne tenant pas compte d’une multiplication d’antibiotique
bactérienne éventuelle durant le délai (chaque disque
d’acheminement des échantillons au laboratoire. contient un antibioti-
Le dénombrement est d’une importance capitale que différent)
dans la plupart des analyses bactériologiques puisque
la quantité de bactéries présente dans l’échantillon
conditionne la réalisation éventuelle d’un antibio-
gramme (voir ci-après) ainsi que l’instauration d’une
antibiothérapie chez le patient. Par exemple, un dé-
nombrement bactérien de 103 UFC/ml d’urine n’est
pas considéré comme significatif d’une infection
bactérienne. Souche résistante Souche sensible
à l’antibiotique testé (crois- à l’antibiotique testé
sance au contact du disque) (inhibition de la crois-
5.3. Application à l’identification bactérienne sance autour du disque)
L’identification des bactéries repose sur l’étude de
leur croissance en présence de divers substrats ou
Figure 7 : Antibiogramme selon la méthode des disques ou de
étude du métabolisme bactérien, on peut ainsi diffusion en milieu gélosé.
étudier le métabolisme protéique ou le métabolisme
glucidique des bactéries par exemple. La combinaison
des différents résultats obtenus permet de définir le 6. Conduite d’un examen cytobactériologi-
profil métabolique de la bactérie analysée ce qui per- que
met de l’identifier. Nous donnons ci-après l’exemple
de l’étude du métabolisme glucidique de deux bacilles Le déroulement de l’examen cytobactériologique
à Gram négatif réalisée en galeries miniaturisées per- d’un échantillon dépend donc de la physiologie bacté-
mettant l’étude simultanée d’un panel de plusieurs rienne à chacune de ses étapes.
substrats. On peut par exemple schématiser le déroulement
d’un examen cytobactériologique des urines comme
dans la figure 8.
La durée totale d’un tel examen est donc comprise
entre 48 et 72 heures.

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- pour isoler, dénombrer et identifier la ou


les bactéries en cause,
- pour déterminer leur sensibilité aux anti-
J0 biotiques,
Examen direct (GB, GR, bactéries, …) et mise en culture
• Lors de la réalisation de contrôles de stérilité ou de
densité microbienne dans certains locaux (air des
J1 1 type de Plusieurs types Plusieurs types
blocs opératoires, surfaces, …)
colonies de de
isolées colonies isolées colonies non isolées • Lors du contrôle de la qualité microbiologique des
aliments, des eaux, des médicaments, des produits
cosmétiques, etc.
Numération Connaître la physiologie bactérienne est donc indis-
Identification(s) Réisolement pensable pour la conduite raisonnée d’un examen
Antibiogramme(s) éventuel(s)
cytobactériologique puisqu’il convient de maîtriser les
conditions de réalisation de la culture bactérienne
(besoins nutritifs et conditions environnementales
J2 Résultat Identification et respectés).
antibiogramme éventuel

Pour en savoir plus


J3 Résultat
* http://www.phem.fr/bio puis « Les bactéries »
Figure 8 : Les étapes et les délais de réalisation d’un examen * Campus de microbiologie médicale :
cytobactériologique des urines.
http://www.microbes-edu.org avec
(GB, globules blancs ; GR, globules rouges)
http://www.microbes-edu.org/etudiant/etudiants.html

7. Conclusion * Précis de bactériologie clinique. Coordinateurs : J. Freney, F.


Renaud, W. Hansen, C. Bollet. Editions ESKA, 2000.
L’intérêt de l’étude de la croissance bactérienne
est multiple : * Microbiologie générale et Santé – Coordinateur : C. Bosgi-
• Lors d’une maladie infectieuse : raud. Editions ESKA, 2003.

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