Vous êtes sur la page 1sur 47

HEGEL

Cours d’hypokhâgnes sur La Phénoménologie de l’Esprit de Hegel.

Ce cours a été donné au lycée Camille Sée à Paris dans les années 60. Il a été recopié
à partir des notes d’une élève par une élève de cette élève ( e-mail si vous avez besoin
d'aide).
Utiliser l’édition Aubier/ Philosophie de l’esprit pour les références.

HEGEL

L’existence de Hegel
Hegel s’est servi de sa vie pour son oeuvre. Au 17e et au 18 e siècles la vie et l’œuvre
étaient choses entièrement séparées. Il en est ainsi pour Kant qui a d’ailleurs eu une
vie extrêmement régulière. C’est à partir d’Hegel que la vie et l’œuvre sont dans une
espèce d’influence réciproque : la vie alimente l’œuvre et l’œuvre permet de vivre.
Mais la philosophie de Hegel est nourrie aussi par une réflexion constante et
passionnée sur les problèmes de son temps. Il fait un effort pour supporter son
époque. L’histoire sous sa forme personnelle aussi bien que collective joue un très
grand rôle. Hegel a intégré à son système tout le champs de l’expérience humaine. Il
avait l’ambition de toute philosophie : synthétiser l’expérience humaine. En France
Rousseau va faire de son existence le sujet de ses livres et de ses livres un soutien
pour exister. Ce va et vient entre l’œuvre et la vie nous le trouvons aussi chez
Chateaubriand. Mais aucun des deux autres n’est philosophe. Hegel est
exclusivement un philosophe qui prétend restituer sur le plan de la philosophie tous
les aspects de l’existence de l’homme, y compris les expériences les plus confuses et
les plus négatives, celles qui semblaient relever de la plainte ou du poème tragique.
La vie prend donc une très grande importance.
Ces expériences si profondément concrètes s’expriment dans un langage abstrait.
Hegel a élargi le domaine de réflexion de la philosophie. « La lecture de gazettes
étaient sa prière du matin. »
Hegel est né en 1770 à Stuttgart. Brillantes études. En 1770 deux influences se
mêlent : lumières de l’Aufklärung de Wolf et le ‘Sturm und Drang’ qui récusait la
philosophie froide de Wolf. Hegel entre au séminaire protestant de Tübingen pour
devenir pasteur. Il y rencontre Schelling et Hölderlin, poète qui a écrit ses poèmes
dans la folie. Schelling était un génie précoce et tumultueux qui est devenu le chef de
file des trois amis. Chacun apportait quelque chose. Hölderlin, son goût pour la
Grèce, pour l’harmonie entre nature et esprit, sa ‘Sehnsucht’ vers la Grèce. Schelling,
le refus d’une philosophie partant du cogito, le désir d’une synthèse de la nature et de
l’esprit. Hegel suivait les deux autres avec admiration.
Lettre de 1796 de Schelling à Hegel : ‘la poésie…redevient le pédagogue de
l’humanité’. Contre le rationalisme sec des philosophes du 18e. ‘Seule la poésie
survivra aux autres sciences et aux autres arts’.
Thème de la valeur unique de la poésie. Tentative pour lier poésie et philosophie par
l’intermédiaire de la création d’une nouvelle mythologie ‘au service des idées, au
service de la raison’. ‘Aussi longtemps que nous n’aurons pas transformé les idées en
oeuvres d’art, c’est à dire en mythes, elles n’auront aucun intérêt pour le peuple’.
La philosophie doit être à tout le monde, et pas seulement à une petite élite. Pour
redonner une âme au peuple, il faut une philosophie ; elle est pour le peuple, elle doit
être l’âme de la collectivité. Ce n’est pas une solution de salut individuel. Pour
qu’elle soit accessible au peuple, il faut que les idées deviennent des oeuvres d’art.
‘Les éclairés et les non-éclairés devront finalement se donner la main.’ Ce qui
annonce Marx. ‘La mythologie doit devenir philosophie…pour rendre les
philosophes présents dans le monde sensible.’ Il y a une possibilité d’épanouissement
individuel au sein de la collectivité. ‘Aucune force ne sera plus refoulée’, elle se situe
sur le plan de la pensée, pas du tout sur un plan social ou économique.
Idée fondamentale d’une nouvelle religion : Auguste Comte. Voulait recréer une
société organique, d’unité d’esprit et voulait pour ce faire une nouvelle religion de
l’humanité. Tous les réformateurs dits socialistes-utopistes éprouvaient le besoin de
s’organiser de façon quasi religieuse. Il faut une nouvelle doctrine aux peuples
ébranlés par les révolutions. Il n’est nullement question de transformer la raison.
C’est au sein de ce peuple que l’individu pourra donner sa mesure. Cette entreprise
sera la nouvelle religion.
Hegel n’a pas conservé tous les thèmes de Schelling, mais il ne les a pas vraiment
abandonnés.

En 1793 il devient précepteur et va d’abord à Berne où il écrit une vie de Jésus très
sèche (1795). L’année suivante il part pour Francfort. En 1800 il reste dans ‘la
malheureuse Francfort’ où il suit avec passion les évènements politiques. Il étudie la
constitution de l’état de Würtemberg et commence une sévère critique de
l’Allemagne bourgeoise. Il lit Machiavel avec sympathie en y voyant la ‘sainte
nécessité’ des philosophes : Kant, Fichte. Hölderlin ne donnait plus de ses nouvelles ;
il était chez une jeune femme qui lui a inspiré des poèmes ; très malheureux il
n’écrivait plus.
Hegel traverse une crise d’hypocondrie et tout en lisant énormément il est très
malheureux :’l’état de l’homme que l’époque a repoussé dans un monde intérieur ne
peut, quand il veut se maintenir dans celui-ci, être qu’une mort éternelle. Sa douleur
est unie à la conscience des limites qui lui font mépriser la vie telle qu’elle lui est
permise.’ Epoque d’incompréhension qui vous force à chercher votre pâture en vous-
même. (Novalis : goût de la mort). Idée qu’on peut souffrir métaphysiquement de son
époque (exprimée déjà dans Rousseau). Thème capital du marxisme - c’est la
conscience malheureuse. La vie ne peut être qu’une mort éternelle parce que la vie
intérieure ne suffit pas à alimenter une vie. Pour que l’esprit se développe il faut
qu’il accepte de devenir autre que lui-même, de vivre au sein du monde, de
participer au travail, aux techniques, qui sont apparemment autres que lui. L’esprit
doit accepter le contraire de lui-même, se perdre pour se trouver.
Pour cela Hegel sera obligé de construire une philosophie de la réconciliation de la
conscience et de ce qui semble être l’opposé de la conscience. C’est sa philosophie
qui fait sortir Hegel de sa crise. Préparation d’un livre de 1800 à 1807 qui montre la
conscience en face du monde et toutes les expériences de séparation et de malheur,
que l’on voit se transformer en expériences positives jusqu’au moment de cette
réconciliation définitive et totale, le savoir absolu.

Comment peut-on vivre l’existence ? Comment peut-on vivre quand on est en


même temps une existence ?
Cette crise donne à la Phénoménologie de l’Esprit un aspect parfois dramatique de
‘grave et douloureux travail du négatif’ : ‘la conscience malheureuse’. Sentiment très
aigu du fait que la conscience est d’abord séparation d’avec le monde, et que c’est
seulement par un grand trajet métaphysique que l’on peut parvenir à se réconcilier
avec lui.
Chez Gide on trouve un état de tension, de sympathie avec le monde par lequel il
cherche sa réconciliation. Aujourd’hui, alcool, mouvement, la vitesse, musique très
simple, amour. Cf L’amour et l’accident de Denis de Rougemont, Nadja d’André
Breton : ‘l’amour fou’. Le sentiment est un mode de réconciliation, le mode
privilégié. Pour qui sonne le glas. La religion, l’art. Contemplation des oeuvres d’art.
La philosophie est certainement une façon de s’insérer dans le monde réel au lieu de
le nier.
Chez Hegel ceci est particulièrement net. La philosophie n’est pas destinée à nous
fournir une sagesse ni une méthode pour découvrir le vrai. Elle doit nous permettre de
vivre. Les autres modes de réconciliation sont des modes en soi, mais non pour soi,
c’est à dire que ceux qui les vivent n’en comprennent pas le sens profond. C’est
pourquoi ‘la philosophie est la vérité des étapes précédentes’. Celui qui dégage le
sens de toutes les expériences précédentes, c’est le philosophe. Au moment où il
comprend que tout a un sens on a le savoir absolu.
Sa crise a été surmontée par Hegel au bout de deux ans :
-Il a hérité d’un peu d’argent de son père (mort).
-Il est allé rejoindre Schelling qui enseignait la philosophie à Iéna.
-Il a passé une thèse et est devenu l’assistant de Schelling.
Schelling a fondé un journal qui a publié des articles de Hegel en 1802 et 1803 : un
sur le scepticisme, sur Les rapports de la foi et du savoir dans le livre de Schelling :
Glauben und Wissen. Hegel attaquait surtout Fichte qui partait d’une sorte de cogito,
point de départ subjectiviste et Hegel déjà à ce moment là se sépare du pathos de
Schelling.
La campagne napoléonienne conduit les troupes aux environs de Iéna. Pour Hegel
elle représentait encore l’héritage de la révolution et un certain libéralisme. Tableau
représentant Hegel finissant la Phénoménologie pendant que tonnaient les canons de
Iéna.
Le 13 octobre la Phénoménologie est finie. L’empereur fait son entrée dans les rues
de Iéna. Théorie du grand homme qui accouche de l’histoire, inspirée de Napoléon.
Il continue de travailler à Iéna pendant quelque temps. N’ayant plus d’argent, il est
obligé de diriger un journal politique à Bamberg. Il quitte Iéna en mars 1807. La
Phénoménologie le brouille avec Schelling car il accusait l’absolu de Schelling d’être
‘la nuit où toutes les vaches sont noires’.
On le nomme directeur du gymnasium de Nürmberg de 1808 à 1816. On publie la
Propédeutique. Il se marie et a deux enfants. De 1812 à 1816 il écrit La Science de la
Logique. C’est Hippolyte qui a introduit Hegel en France à la libération.
A partir de cette période Hegel enseigne à Berlin où il a succédé à Fichte. Jusqu’à sa
mort il publie des ouvrages : La philosophie du droit, Les leçons d’esthétique et
Leçon sur la Philosophie de l’Histoire. La fin de la vie de Hegel est occupée par un
statut très brillant. Son influence est assez pesante et dés la fin de sa vie on voit sa
doctrine se scinder en deux groupes, les hégéliens de droite et les hégéliens de gauche
:Feuerbach et Marx. Deux orientations tout à fait différentes. La philosophie
hégélienne est une philosophie de réconciliation de l’homme et du monde, de la
pensée et du réel. Monde signifie aussi bien nature que culture.
Monde de la culture : tout ce qui indique une élaboration par l’homme. C’est le
travail humain, les institutions politiques, l’art, la religion, les structures sociales, les
structures juridiques, la philosophie elle-même. A notre époque on parle plus de
culture que de civilisation. Cette réconciliation peut entraîner deux attitudes, l’une
incarnée par les hégéliens de droite, l’autre par les hégéliens de gauche.
La première attitude consiste à donner mon assentiment à l’ordre établi : ‘Tout ce qui
est réel est rationnel’, c’est à dire tout ce qui est a un sens, logos immanent.

La deuxième attitude dit qu’il n’y a pas de raison pour que le monde choque l’homme
puisque les deux sont réconciliés. Puisque tout est pensable, pourquoi laisser l’état de
choses tel qu’il est ? La religion ou la morale sans critique ? Pourquoi ne pas
transformer cette réalité qui ne peut pas s’opposer intellectuellement à nous ? ‘Tout
ce qui est rationnel est réel’. La pensée peut s’incarner dans le réel et l’histoire n’a
qu’à se plier aux injonctions de la pensée. Mais cette attitude active n’aurait pas été
possible si tout le travail théorique de Hegel n’avait pas été fait avant. Marx est le fils
infidèle de Hegel. Il se sert de l’optimisme hégélien. Il y a un rapport dialectique qui
est satisfait ou bien qui peut le devenir entre l’homme et le monde.
Caractère conquérant de marxisme. Chez Hegel les conflits se résolvent par les idées,
par une nouvelle synthèse intellectuelle. Mais les idées sont toujours accompagnées
par une attitude existentielle. C’est une solution intellectuelle, une solution de
professeur. La solution envisagée par Marx est la révolution. Il faut une
transformation des structures économiques. On ne peut pas procéder par réformisme.
Dans le système des luttes des classes dans laquelle nous sommes, les petites
réformes sont arrachées à la classe dirigeante, et ne sont pas assez importantes. La
réconciliation exige une transformation complète qui est destinée à créer un homme
nouveau réconcilié avec les autres hommes.
LA PHENOMENOLOGIE DE L’ESPRIT
La Phénoménologie avait d’abord été envisagée par Hegel comme une introduction à
un cours de philosophie, puis elle a pris de l’ampleur et a fini par se suffire à elle-
même.
La première partie n’est pas historique. Elle nous décrit les différentes attitudes
possibles de la conscience en face du monde. Mais les étapes ne sont pas tirées du
développement chronologique de l’histoire. Elle occupe le premier livre qui est le
plus important pour Hegel.
-conscience
-conscience de soi
-raison
Dans la deuxième partie Hegel suit le développement chronologique de l’histoire et
décrit les étapes de l’histoire de l’esprit.
-l’esprit (moralité)
-la religion (chapitre sur l’art)
-le savoir absolu.
L’ouvrage lui-même est une phénoménologie: science des phénomènes tel qu’ils nous
apparaissent. Science des phénomènes. Le mot « phénomène » n’a pas le même sens
que chez Kant ; ici c’est ce que vit ma conscience sans esprit critique, au sein d’une
certaine naïveté, au niveau de la sensation, de l’attitude religieuse…Husserl a créé le
mouvement phénoménologique en 1907. C’est une façon de philosopher, une
méthode qui consiste à décrire les phénomènes, c’est à dire l’expérience vécue dans
sa naïveté. On essaye de dégager l’essence de la perception, de l’imaginaire, de la
conscience. L’essence d’une chose est ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est. Dégager
l’essence d’une région comme disait Husserl.
Qu’est-ce qui différencie la tentative de Husserl de l’œuvre de Hegel ? La
phénoménologie de Husserl est une suite de descriptions qui forment une sorte de
mosaïque. Pas de mise en perspective véritable des différentes régions. La
phénoménologie se solde par un demi-échec pour n’avoir pas réussi à englober ses
découvertes dans un système.
Chez Hegel les étapes s’enchaînent, et chaque description appelle la synthèse
suivante. Quand il était jeune il avait pour but de décrire ‘la pure vie’ – mouvement
qu’il n’y a pas chez Husserl est l’ idée que tout se tient, intuition de la totalité. La
dialectique suppose thèse et anti-thèse. Ce qui manque à Husserl c’est la négativité
qui engendre un progrès. La Phénoménologie se présente comme une suite
d’acceptations, puis de reprises de soi jusqu’au savoir absolu. Jusque là la conscience
est malheureuse. C’est pour cela que sa phénoménologie est si vivante.
Pourquoi la Phénoménologie est une façon originale de philosopher ?
La philosophie de Kant est une philosophie de la critique, elle exclut la naïveté.
Tandis qu’ici il ne s’agit pas de critiquer mais de revivre l’expérience de la
conscience naïve telle qu’elle-même la vit. Le philosophe va chercher à élucider cette
expérience commune de la conscience qui est toujours vécue dans une certaine
obscurité. Souvent ce que nous sentons n’accède pas au langage, et le sens même de
nos conduites nous échappe en partie. C’est le philosophe qui décèle le sens véritable
de l’attitude religieuse des juifs p.ex. pour qui Dieu compense un extrême malheur.
Ces expériences sont pour nous des solutions provisoires. Elles sont absolument
nécessaires, ce sont des réconciliations de plus en plus parfaites avec ce qui n’est pas
nous.
Introduction, p.65 – critique de Kant : avant d’atteindre les choses telles qu’elles sont,
critique de la raison par laquelle on atteint l’absolu. Résumé des conclusions de Kant.
Mais Hegel réserve déjà l’idée de la morale. Hegel va vouloir montrer que nous
pourrons nous emparer de l’absolu. Altération par les catégories, l’espace et le temps.
Idée du milieu passif, plutôt espace et temps. (p.66) Pour faire la critique des moyens
de connaître je suis encore obligé de m’en servir. Kant aurait dit que l’esprit est
parfaitement apte à juger sa faculté de connaître qui est confirmée par les résultats
obtenus. Hegel, lui, se place sur un plan purement théorique. A supposer même que je
puisse extraire de l’acte de connaître l’apport de l’instrument, ceci ne me rapproche
toujours pas du contenu de la connaissance. L’absolu est déjà près de nous ; accord
entre l’esprit et son monde. La connaissance de l’instrument n’ajoutera ni n’enlèvera
rien. L’absolu au contraire change avec l’esprit qui le pense, il a une histoire, il est
vivant, il se développe. La substance est sujet.
Kant

Sujet Objet chose en soi


phénomène
Hegel
Totalité sujet - objet

(Sujet Objet) ( ) = être

On part de la totalité donnée naïvement. L’être même est tout à la fois. La substance
est vivante, elle est sujet, c’est à dire que l’être est vie. Au moment du savoir absolu
je retrouverai le premier accord entre l’être et le monde, ce que j’ai vécu dans
l’inconscience ou dans l’ignorance. En partant d’une critique kantienne on ne peut
jamais réconcilier la pensée et le réel.
Nous sentons déjà naïvement qu’il y a un accord entre nous et le monde. Pour arriver
à le savoir il faut en faire l’histoire. Le sujet découvre petit à petit ses propres
dimensions. L’objet va changer en même temps que le sujet va changer. Nous
croyons que l’expérience de la perception est la plus concrète, mais c’est en fait la
plus abstraite. A la fin de nos expériences nous serons au concret même.
C’est pour cela que Hegel dit que l’absolu change aussi. Le lieu vide est la chose en
soi, déduction faite de l’instrument. Poser le problème de la connaissance d’une façon
critique est une erreur. Il faut faire confiance à l’esprit.
P.66-67 : Hegel ne veut pas admettre de connaissance relative, de connaissance
critique.
P.67 : Critique de l’orgueil de la science et nécessité d’une phénoménologie. Vérité
scientifique est relative. Vérité de type phénoménale. Il va falloir définir absolu et
connaissance. Ce n’est pas parce que on fait une critique de Kant qu’on ne doit pas
tenir compte de la solution kantienne. Hegel commence par penser à Schelling qui
prétendait se placer tout de suite dans le savoir absolu. Ici Hegel parle de la
conscience commune. Il va falloir vivre les opérations naïves de la conscience et en
extraire la profondeur.
P.68 : tout a un sens, et les erreurs sont riches. Optimisme hégélien. Tout s’explique,
tout a une portée et une importance. Science signifie savoir. Si le savoir nie le savoir
non-philosophique, il est faux. Tout se tient et le savoir philosophique et le non-savoir
sont liés par un lien dialectique. Au lieu de faire une critique de ce non-savoir, je vais
le vivre jusqu’au moment où les contradictions vont me pousser plus loin.
Lien originel entre la connaissance de l’objet et la conscience. Il faut un pont.
Remarques de Platon dans le Ménon : comment puis-je apprendre quelque chose que
je ne connais pas du tout ? Comment puis-je m’emparer de l’être si j’en suis séparé ?
Il faut un lien originaire entre lui et moi, entre l’être et sa pensée, l’objet et son savoir.
Chez Platon c’est la réminiscence. Apprendre, c’est se souvenir, c’est réapprendre.
L’absolu est déjà près de nous. Aussi imparfaites que soient les ombres elles sont un
reflet du soleil. La doctrine est annoncée dans le Ménon pour la première fois.
Schelling part d’une sorte de savoir absolu : fusion du savoir et de la nature.
S’installe dans un résultat. Pour Hegel on ne peut partir que d’un accord naïf entre
l’homme et le monde. Il ne faut pas d’opposition dogmatique. Contre le savoir
s’élève le non-savoir. On ne peut pas imposer à la conscience commune une
réconciliation globale avec le monde.
Objet n’est pas seulement objet sensible, mais Gegenstand : transcendance, art,
religion, Dieu…
La science pourrait dire qu’il y a une partie d’elle-même dans la conscience
commune. Pour Platon quand nous voyons quelqu’un de beau, nous y voyons un
pressentiment de la beauté éternelle. De même dans le Timée Platon s’appuie sur le
sentiment d’une harmonie bienheureuse du cosmos.
Bas de la p. 68 : être = affirmation de fait.
Connaissance phénoménale chercherait ses arguments hors d’elle-même en
s’appuyant sur le non-savoir. Deux arguments contre Platon par ex.
Dialectique du phénomène pour découvrir le savoir, mais re-descente du savoir au
phénomène. Dialectique de travers.
Chez Hegel dialectique constante phénomène - noumène. Si je pars de la
connaissance phénoménale pour justifier la philosophique je tombe dans des
difficultés inextricables. Je vais partir de la conscience naïve telle qu’elle sait son
objet tout en ne le sachant pas, telle qu’elle vit son savoir.
Le premier savoir c’est la perception de l’objet. On part du savoir phénoménal (bas
p.68). L’ambition de Husserl est exactement la même. Le philosophe n’invente rien, il
ne fait que reprendre ce qui a été vécu : ‘ l’oiseau de Minerve ne prend son vol qu’à
la tombée de la nuit’. C’est un commentateur de l’évènement. Finalement il vit bien
ce que les autres vivent mal.
Une phénoménologie est également nécessaire à cause de la structure de la
conscience, qui est concept de savoir ou savoir non réel
Haut p.69 : ‘libre science’. Ce que je vais faire semble loin de la philosophie. Je suis
asservi aux phénomènes. Mais je m’achemine vers la philosophie. Idée romantique de
la purification. Mais limites car chez Hegel les aventures sont seulement
intellectuelles. Kierkegaard dit que tout rentre dans le système de Hegel sauf
l’existence. Les conflits entre la conscience et le monde st toujours résolus par des
solutions intellectuelles, changements d’attitude intellectuelles ¹ Marx. Chez Hegel
on change d’idéologie. Kierkegaard et Marx se retrouvent pour critiquer la solution
intellectuelle.
La conscience est ambition de savoir absolu. Kant nous montrait l’esprit toujours
anxieux de faire un système. L’esprit humain a besoin intellectuellement de Dieu.
Kant a fait le procès de cette attitude de totalisation.
La conscience ne sait pas ce qu’elle voudrait savoir, elle n’a qu’un savoir incomplet
ou savoir abstrait extrait du tout.
Caractère douloureux du trajet de la conscience.
Doute hégélien.
Doute cartésien.
Doute sceptique.

La conscience s’aperçoit que son savoir n’est pas complet. Déception qu’elle ne peut
pas éviter. ‘La conscience est pour elle-même son propre concept.’ (p.71). La nature
de l’esprit est profondément inquiète. Le héros gidien fait un effort constant pour en
rester là ; il faut qu’il trouve sans cesse de nouvelles sensations. Pour Hegel l’esprit
se dépasse sans cesse. Thème de la conscience malheureuse. Partout sauf au début et
à la fin. Au début : naïvement conciliée. Fin : réconciliée avec son concept.
Chez Sartre la conscience reste sur le mode du pour- soi. La conscience a conscience
d’être, elle s’apparaît à elle-même. Je me sens exister, recul virtuel devant moi-même.
Dédoublement de la conscience. Sartre a opposé cette manière d’être de la conscience
à la manière d’être des objets. Objets existent sur le mode de l’en-soi. Cette distance
qui existe dans toute conscience est une forme de malheur parce que je ne suis jamais
complètement ce que je suis .
Résultat : les choses me fascinent parce qu’elles ont cette plénitude que je ne peux
pas atteindre.

Absolu s’envole
Kant
voie critique
phénoménologie
absolu déjà là Schelling s’installe dans l’absolu. Solution
mais seulement en discutable, ne se fonde pas. La philosophie
partie ne se justifie pas

Savoir abs :
il est vie, phénomène : fantôme de l’abs, reflet
temporalité,
invention

Capture de l’abs. Ne nous paraît pas nécessaire.


Dépend de la connaissance phénoménale
Chez Sartre la conscience est de mauvaise foi. Projet d’être : ‘elle se transcende vers
des fins’ – S. de Beauvoir. Elle voudrait acquérir substantialité, épaisseur. On n’est
jamais complètement ce que l’on est. Deux manières pour surmonter cela :
1.se faire de soi une chose en adoptant un personnage, p.ex. le garçon de café.
Pente pour fuire le fait que notre conscience ne coïncide jamais avec elle-même
et notre propre liberté.
2.S’assumer soi-même. Actes. Mes actes me font. ‘Faire et en faisant se faire’.
Je sors du domaine de la conscience fluctuante.
Hegel résout le problème intellectuellement. La conscience deviendra son propre
concept après une démarche intellectuelle. Chez Sartre : esquisse de morale. Solution
individuelle. Problème : nos actes nous donnent-ils cette cohésion ? Hegel : l’individu
n’est qu’une abstraction. Je crois posséder le savoir, mais il m’échappe d’où
déception. Gide, Colette, F.Sagan tiennent le monde sur le plan du récit. ‘Les choses
véritables sont celles qu’on raconte’. Mais cette déception est positive. Nous la
sentons comme malheureuse.
Critique du doute cartésien. Descartes dit que tout est faux, mais il n’explique pas
pourquoi on est arrivé à dire des choses fausses, pourquoi on a pu dire ce que disaient
les scolastiques. Pour Hegel il faut rentrer dans la non- vérité du savoir phénoménal.
Tout est plus ou moins vrai, et au lieu de balayer la connaissance sensible, il faut
pouvoir la présenter jusqu’au moment où le doute viendra d’elle-même. C’est le
caractère résolu du doute cartésien qui gène Hegel. C’est dit en trois lignes : le monde
sensible nous gêne quelquefois, donc nous allons dire qu’il nous trompe toujours. De
quelques erreurs Descartes passe à la fausseté totale du monde sensible. Et ce qui est
douteux sera considéré comme faux.
Ce que Hegel reproche aussi à Descartes c’est qu’on retourne au point de départ
(6e méditation) sans avoir acquis quelque chose de nouveau.
En effet pour Hegel, l’objet et le sujet se modifient en même temps. Quand j’ai
dépassé la certitude sensible, j’ai changé et si je la retrouve, je ne serai pas retourné
exactement à mon point de départ parce que j’aurai changé. Je retrouve mon point de
départ mais dilué, situé dans le savoir absolu.
Chez Descartes je retrouve mon point de départ au niveau même du sensible. C’est
toujours le même monde. Il faut cependant dire que ce n’est pas tout à fait le même.
J’ai découvert Dieu, la véracité divine, la valeur des mathématiques et enfin que le
monde sensible existe, mais que la sensation ne m’apprend rien sur lui, si ce n’est
qu’il existe. Les mathématiques sont sur le fond du monde. Je dois recourir aux
mathématiques. Hegel est donc un peu injuste quand il dit que Descartes retourne à
son point de départ. Mais sa critique est plus juste quand il critique le caractère forcé
du doute cartésien.
Doute de Hegel : La Phénoménologie va revivre l’expérience sans la forcer, la hâter
ou la bousculer. Critique la résolution cartésienne « immédiatement achevée et
actualisée » (p.70). Hégélianisme prend tout le chemin dans ses nuances.
Doute sceptique : Hegel insiste sur le caractère positif du négatif. Les périodes de
crise de la vie sont ou des catastrophes, ou on comprend qu’elles ont amené à un état
nouveau. Idée reprise par le marxisme. Grand optimisme.
Doute sceptique : je doute de tout. Le scepticisme est un moment de l’histoire de la
conscience.
‘manière de voir unilatérale’ :voir le négatif sans son positif. Il y a une vérité du
scepticisme comme étape. Il en parle p.167 et 171, et le voit comme plus profond que
le doute cartésien.
Pour devenir sceptique je suis obligé de me fonder sur des expériences. Ce que Hegel
critique c’est le fait de couper le scepticisme des expériences sur lesquelles il se
fonde, de voir ‘le pur néant’ là où il y a seulement un néant déterminé (p.70). Le
néant déterminé ne touche qu’à une région du savoir. Les sceptiques partaient des
erreurs des sens, mais amplifiaient. Sautaient à l’idée qu’il n’y avait aucun savoir.
Partant de quelques expériences, je fais un acte arbitraire en refusant de me rappeler
ce dont je suis parti. Si je ne coupe pas le scepticisme des expériences qui m’ont
rendu sceptique il y a des domaines du savoir qui sont épargnés.
Dés le début la conscience distingue bien le savoir et la vérité . Si je m ‘interroge sur
la qualité de mon savoir ; il devient pour moi un objet d’étude. Je le relativise alors et
c’est une entreprise absurde.
Il y a en la conscience un pour- un- autre. La monade est une unité spirituelle. Ici
contraire de la monade. Toutes ces monades sont sans portes ni fenêtres. Chaque
monade développe ses virtualités dans un mouvement uniquement intérieur. Le sujet
conscient est ouvert. Ceci est dit contre Descartes .
Descartes proclame : je pense, je suis. Hegel n’aime pas Descartes. Le cogito de
Hegel est un cogito ouvert. Sa conscience n’est pas cartésienne . Chez Husserl
exactement la même chose : la conscience est conscience de quelque chose. Etre
conscient c’est être habité par autre que soi. Ceci va entraîner l’idée qu’il faut que
l’homme s’aliène pour se retrouver .
Dans ce pour-un-autre il y a le moment du savoir qui occupe la conscience.
Complexité de la conscience a pour objet :
•L’objet sensible
•L’objet mathématique
•Dieu
•L’objet d’art
•Une autre conscience
L’objet c’est le Gegenstand (Pour Durkheim objet est aussi la représentation de la
conscience collective. La conscience pose en face de soi son autre spontanément.)
Sujet et objet vont changer en même temps . Au niveau de la philosophie naïve
l’objet est celui de la connaissance sensible.
Pour Fichte le moi pose en face de lui le non-moi. Décision libre. Pour Hegel la
conscience naïve voit en face d’elle-même un objet , et ne se rend pas compte que cet
objet fait partie d’un tout. Pas de déduction de l’objet à partir de la conscience. La
conscience aura des démêlés avec son objet. Pas d’idéalisme subjectif.
Phénoménologie : science de l’expérience de la conscience. L’absolu n’est plus
substance, mais sujet. Si la conscience ne veut pas s’enfoncer dans l’objet, elle
n’aboutit à rien. L’ expression « idéalisme objectif » est fausse dans les intentions de
Hegel.
Spontanément la conscience distingue son savoir de l’objet, et l’objet tel qu’il est en
soi . L’objet tel qu’il est en soi c’est l’objet réel. Mon savoir peut lui être inadéquat.
Dans ce cas je suis dans la non-vérité.
Si on immobilise la vérité on en fait une chose. Le rapport à l’objet est un rapport
vivant.
VII La dialectique est expérience et l’expérience dialectique

Mouvement dans la conscience qui aboutit à créer un nouvel objet.


Chez Husserl , l’esprit enregistre l’expérience qui se déroule dans sa richesse et sa
continuité régulière.
Chez Kant le sujet ne se modifie pas. Catégories et forme de la sensibilité restent.
Chez Hegel totalité sujet-objet qui change sans cesse de région. Ce qui ne change pas
c’est ce que vit la conscience, que l’objet devienne adéquat au concept. P. 71
Le mot dialectique ne signifie pas seulement opposition intellectuelle entre thèse et
anti-thèse.
P.75 : côté scientifique : regard lucide, sans préjugés : le phénoménologue décrit ce
qui se passe mais ensuite Hegel dira « pour nous ». Après avoir décrit, il essaye de
montrer en quoi l’expérience naïve est illusoire . Nous pourrions penser que Hegel va
forcer l’expérience –mais non, il fait un aparté – et puis la pièce reprend. Le
commentaire de Hegel éclaire ce qui se passe mais ne le modifie pas.
Essence : ce qui fait que la chose est telle qu’elle est. Mais cette essence est en
rapport avec nous.
Sujet : certitude et vérité.
Mais Hegel ne veut pas scinder l’en-soi de l’objet et le pour-nous. Nous n’avons pas
de raison d’opérer cette scission : pourquoi en rejeter l’un dans l’inconnaissable ?
Merleau-Ponty : voir la maison vue de nulle part. La scission finit toujours par se
produire.
P. 75 bas : la rose décrite est l’anéantissement de la rose immédiate. C’est le langage
qui est dans le vrai.
P. 76 la succession des expériences semble contingente. Nécessité non seulement
dans le but, mais dans l’ordre du développement.
Découverte du mouvement de la négativité. D’habitude on escamote cette négation.
Dans un nouveau savoir l’objet est nié et conservé .
Tout a un sens, rien n’a un sens absolu. Toute expérience conduit à une expérience
plus satisfaisante. Si la conscience rendait justice à la réflexion elle n’abandonnerait
pas ses premières expériences. C’est au philosophe de montrer que quand la réflexion
quitte un premier objet qui l’a déçue elle fait surgir le deuxième. Il ne fait pas montrer
une expérience pointilliste.
Milieu p. 76 Conversion de la conscience. La conscience qui décrit la rose n’est plus
la conscience qui regarde la rose . Elle s’est modifiée, peut-être même avec une
certaine douleur. L’esprit se change aussi.
Cette idée sera reprise par Marx. Dans la praxis non seulement l’objet change ms moi
aussi. Ceux qui n’ont pas cette expérience n’ont pas cette conscience. Chaque
expérience me change.
P.P.79 la conscience vit l’apparition du nouvel objet sans s’en rendre compte.
Les objets st seulement des points de vue.
« selon le cpt de l"expérience-même » P. 77 contre Husserl Cherche un système total.
Mouvement de réconciliation : tout est pensable.
Totalité immanente à l’expérience dés le début. A besoin de la conscience pour
s’exprimer . Les deux termes sont liés .

A : CONSCIENCE

La certitude sensible
Sujets possibles : le langage – le sensible. La théorie de la forme inventée par des
allemands soutient que nous percevons toujours des figures sur un fond. La
perception n’est pas une mosaïque de sensations mais se donne comme un tout.
Ce chapitre n’est pas encore l’objet perçu, mais seulement la présence du sensible.
L’immédiat : il y a un immédiat : l’expérience brute et ineffable d’un monde extérieur
à la conscience. A partir du moment où je parle, où je suis sujet parlant, l’immédiat
est médiatisé par le langage. Le sujet temporel médiatise ce qu’il sent parce que il
subit le temps .
Immédiat c’est sans intermédiaire et c’est tout de suite.
Pour Bergson la 1ère activité de l’homme c’est l’outil, ce n’est pas le langage. Il n’a
jamais été contre l’expression, il a seulement dit qu’elle trahissait la vie spirituelle.
Préface à ce chapitre
1ère phrase : nous n’allons pas réfléchir sur un savoir élaboré. Nous n’allons pas partir
de la connaissance scientifique, ni même de la perception, objet constitué avec toutes
ses propriétés.
Opposition entre appréhension et conception. Nous faisons alors une 1 ère expérience,
celle de la richesse du monde qui nous entoure, infinie dans l ‘espace et dans le
temps. Dans l’Esthétique Transcendantale Kant explique que l’espace et le temps sont
des formes à priori de la sensibilité. J’ai l’intuition de grandeurs infinies données que
sont l’espace et le temps. Conclusion : comme dans l’expérience je ne vois jamais
que le fini, il faut que cette idée soit une idée de ma sensibilité, non tirée de
l’expérience.
Hegel ne tire pas de conclusion semblable. Ce qui l’intéresse c’est de décrire.
Kant dans les antinomies ® problème : y a t-il des atomes ou non ? Dialectique qui ne
peut trouver aucune solution.
Bachelard : atome = société mathématique cf La terre et les rêveries de la volonté.
Nous souhaitons entrer au cœur de la matière. Certains objets appellent l’imagination
de la matière .
Cette connaissance est aussi la plus vrai. Pas de négation encore en jeu, pas de
comparaison avec quelque chose. Je n’ai pas dit A n’ = pas non –A, j’ai dit A = A .
Pour Hegel c’est la négation qui enrichit. Cette certitude est la plus pauvre parce que
l’objet est seul. Un monde riche est un monde rempli de rapports . Quelqu’un de
cultivé s’ennuie rarement.
Pour Hegel l’être est abstrait. Rien n’est plus vague que l’être. Tout le possède. L’être
= Néant.
Certains contacts brutaux avec la nature nous plongent dans l’insatisfaction. On en
profite d’une façon sommaire, et il n’en reste rien. C’est tout de même un choix. Gide
n’aurait pas dit cela.
Pas de satisfaction pour Hegel quand ma conscience est seule. Je suis d’autant plus
que je fais partie de la collectivité. Donc l ‘objet est pauvre et le sujet aussi.
Merleau-Ponty part du corps que Hegel n’a pas vu. Le 1 er philosophe à avoir parlé de
l’importance du corps est Maine de Biran : l’expérience de la liberté est d’abord une
expérience musculaire. Hegel a négligé le cas où notre corps se fond dans l’univers,
qui ne font pas intervenir le concept. Possession douloureuse du monde chez Proust.
Respect de l’objet en Orient : façon de prendre contact : union du corps et de l’esprit.
En occident le corps est considéré comme une machine. Mais distinction de Merleau-
Ponty.
P. 82 développé :pas de processus
Deux manières pour un objet de s’enrichir :
-avoir des qualités
-être situé par rapport d’autres objets
rapport immédiat : aucune dialectique de moi à la chose
p. 82 bas : mais à côté de l’immédiat dialectique implicite, mouvement interne encore
endormi .

La principale différence c’est la scission sujet - objet.


Nous ne sommes pas chez Parménide. L’être n’est pas seul. Il y a la trilogie être-
sujet-objet.

LA CERTITUDE SENSIBLE
L’immédiat comporte déjà la différence entre l’essence et l’exemple.
P.83 : majesté de l’objet, humilité de la conscience devant les choses. C’est l’attitude
naïve. C’est une attitude empiriste. L’esprit n’est rien, le monde extérieur est tout.
La conscience est conscience thétique ou positionnelle de l’objet et non thétique de
soi.
Hegel va montrer que c’est à l’intérieur même de cette visée de l’objet que surgit ma
déception. Je ne vais pas atteindre ce que je croyais atteindre.
P.83 bas : quand je définis l’objet je dis qu’il est ici et maintenant. Je ne peux dire que
cela parce qu’il ne s’agit pas encore de la perception.
Le maintenant a le caractère de l’avoir-été (84) Le maintenant passé est un
maintenant qui n’est plus, et son n’être- plus se définit par rapport au maintenant qui
n’est plus. Chaque terme n’existe que par la médiation de son contraire. Lien
dialectique.
Ce maintenant qui avait l’air d’être immédiat est médiatisé parce qu’il se définit par
rapport aux autres. Croyant dire le singulier on évoque tous les maintenant et on dit
l’universel.

L’universel est le vrai de la certitude sensible

Nous pensions arriver au singulier et à l’original, mais il n’en est rien. Nous croyons
que le langage appréhende l’originalité, au contraire tant qu’on ne parle pas on ne
passe pas à l’universel. La richesse vient du contact avec les autres, elle ne vient pas
de l’expérience brute.
Le langage nous tire sur un plan que nous ne pensions pas aborder en parlant.
Quand je dis "c’est" c’est comme si je disais rien, et dans la Grande Logique être et
néant seront identifiés.
C’est le langage qui est le vrai. p 84, postulat fondamental de la phénoménologie.
P 85 l’objet est devenu l’universel. En face de lui notre avis qui est reste singulier
pour nous. Maintenant nous allons nous intéresser au sujet. Même dialectique dans
Gide, l’eau est fraîche, puis c’est la soif du sujet qui est irremplaçable. En fin de
compte le sujet l’emporte.
$2 Le sujet

Deux points de vue qui se heurtent dés que surgit Autrui (86) Husserl Meditations
Cartésiennes. Ce qui est extraordinaire, c’est d’avoir un alter ego. Le surgissement
d’autrui chez Hegel ne se fait pas attendre. Prise au sérieux de l’existence d’autrui.
"Le moi n’est peut-être qu’une notation commode" Valéry
"je est un autre" Rimbaud

Mais notre corps-sujet nos fournit une individualité. Discutable p86 : quand je dis ce
moi, je dis tous les moi.
Objet universel et moi universel - Troisième étape ne peut être définitive. Ce
troisième aspect va aussi être fissuré par le négatif, et la certitude sensible va se
transformer en perception.
$3 Synthèse

Deux mouvements : d’abord la synthèse paraît accomplie, puis elle est sue fragile et
devient alors perception.
Immédiat et naiveté.
Transformation en médiation.
La certitude sensible se donne comme un tout qui se caractérise par le fait qu’il est
immédiat.
Nourritures terrestres: moment où le monde se donne comme un tout p.87
Mais ici la conscience semble s’être réfugiée dans le caractère immédiat de ses
sensations et ne plus pouvoir outrepasser le limite. Il va falloir introduire la réflexion
philosophique. Dialectique qui s’appuie sur la structure du temps et l’impossibilité de
saisir l’instant.
Hegel s’était intéressé au scepticisme, et préferait le scepticisme antique.
Héraclite : tout passe ; lorsque je désigne une chose elle n’est déjà plus ce que je
voulais dire.
Philosophes de Mégare ne parlaient plus!
Aussi le mouvement paraît peu de chose à côté de l’ordre du monde établi par la
science.
L’idée d’un temps fluide, non-structuré a été reprise par Bergson. Bergson fait un
esthétisme de la durée. Transformation quasi-esthétique des choses. Idée proche des
grecs.
Pour Hegel je peux vivre l’instant mais non pas le dire.
P.88 "n’est aucunement essence" là, essence est synonyme de l’être.
Pour Sartre mon passé est du pour-soi devenu en-soi. Il est figé, il est lourd. L’enfer
commence quand je ne peux plus éclairer mon passé par mon présent. cf Huis Clos
Ici il s’agit de montrer que l’immédiat en religion est toujours médiation.

Indiquer c’est faire l’expérience que le maintenant est universel et une synthèse. P.89
C’est le maintenant de l’immédiat qui est sauvé par le maintenant du langage. Cf
Bergson critique du langage. Le mot stabilise, universalise la mobilité. Pour Bergson
le mot nous empêche d’appréhender la mobilité des choses.
Même raisonnement pour l’ici. Ces idées annoncent le passage vers la perception.
Chose a de multiples qualités unies par une synthèse.
Tout est déjà en mouvement au niveau de notre certitude sensible.
Bas p.89 – haut p.90 : Quand le langage intervient, stabilisation . Perd l’immédiat de
l’objet et son originalité, l’immédiat du sujet et son originalité, et la fraîcheur de
l’instant . Mais obtient la stabilité de la chose.
Mais dans le phénomène de l’attention, la mobilité du temps disparaît.
Contestation sujet-objet dés le début de l’expérience .
Cela n’a aucun sens de parler des choses extérieures au point où nous en sommes. En
choisissant le langage, Hegel abandonne l’individu.
Aristote et Platon : on ne peut pas définir avec des mots l’individualité originale de
chaque chose. Platon dans Le Sophiste compare le philosphe à un cuisinier qui peut
dépécer une volaille en morceaux bien nets. Le philosophe classe les objets et sait
ainsi éclaircir leur nature. Mais il y a un moment où ces divisions s’arrêtent.
Principe d’individuation : ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est.
L’individualité de chacun reste en suspens.
Doctrine chrétienne : chaque chose et chaque homme reçoit une essence individuelle,
personnelle. Chez Leibniz il est impossible de saisir cette essence. Aux yeux de Dieu
tout est différent, aux nôtres pas .
Problème repris par Hegel et l’existentialisme.
Hegel : ici nous voyons que le langage n’est pas apte à saisir la singularité immédiate.
Ce singulier, cet immédiat n’ont pas d’intérêt. Expérience pauvre et l’homme doit
choisir le langage , donc la dialectique, l’universel. Je n’ai pas d’essence individuelle.
Sartre : pas d’essence ni pour l’homme, ni pour l’humanité, bien moins pour les
choses. Pour lui le point de départ c’est que je ne peux pas dire l’existence, je ne peux
que la subir. S’y ajoute l’idée du corps – sujet.
Sartre et Hegel disent la même chose, mais l’un valorise quelque chose que l’autre ne
valorise pas. Expérience existentielle est pauvre pour Hegel.
Sartre : ampleur de l’être-là .
Pour Sartre cette individualité s’entoure de désespoir, tandis que pour Hegel, cela n’a
pas d’intérêt. Ce qui est intéressant est ce qui vient après : la réflexion… Hegel
prétend retrouver la véritable existence par le concept. Expérience brute que l’esprit
ne peut pas traduire. Hegel passe et Sartre insiste.
Pour une philosophie comme celle de Bergson qui veut retrouver les choses dans leur
singularité, je ne peux pas le faire par la réflexion mais par l’intuition :
•je tourne autour quand je prends sur la chose des points de vue au moyen de
l’intelligence. Ce travail reste toujours superficiel. Les concepts sont des
vêtements de confection : ils seront toujours trop larges.
•L’intuition n’est pas un acte intellectuel, mais une coincidence quasi
sympathique .
Pour Hegel l’individu n’a pas d’importance, il est abstrait .
Dans l’acte de percevoir quelque chose demeure de la certitude sensible.

II :LA PERCEPTION

Chez Kant , la distinction du noumène et du phénomène reste infranchissable ; alors


que chez Hegel ils sont deux moments d’une totalisation active, deux termes qui sont
en rapport dialectique. Hegel parle d’illusion car notre erreur sera de solidifier un
moment de la perception comme l’essentiel de la perception. Pour Bergson les choses
sont des points de vue immobiles pris sur le mouvant, des solidifications d’une
expérience fluide et dynamique en vue de l’utilité immédiate. Mais pour lui le
mouvant est une sorte de courant spirituel, fond des choses et de l’esprit par-delà de
la réflexion, par-delà le concept, tandis que chez Hegel il faudra rendre justice à la
réflexion, l’esprit sera enrichi.
La certitude sensible visait le singulier, l’ineffable tandis que dans l’univers perçu
nous nous situons dans une universalité .
Pour nous –p.93- : l’apport du philosophe est de relier ces expériences apparemment
éparses . Le singulier renvoie à l’universel, c’est là le lien, mais je ne m’en aperçois
pas . Ce lien est révélateur d’un logos .
Les étapes distinguées par Hegel ne sont pas temporelles, du moins dans la 1 ère partie
de la Phénoménologie , mais il s’agit d’un découpage en aspect de la vie de l’esprit.
L’objet a un certain nombre de qualités que je découvre, et il est l’unité de tous les
mouvements que je fais pour le comprendre. Mon analyse est une dilatation, l’objet
est une contraction. Objet et sujet sont deux versants d’un acte total . Le lien , la
caractéristique fondamentale des deux, c’est d’être universels. Merleau-Ponty :
nécéssité de se libérer du cogito cartésien.
Il n’y a rien d’inessentiel, tout est moment de l’essence. P.94. Ce qui fait la richesse
d’un objet, c’est les rapports qu’il entretient avec les autres objets par la médiation du
négatif.
Le principe de l’universel est dans sa simplicité un principe médiat : c’est à dire que
tout objet est objet en général, relié à tous les autres objets. La richesse naît de la
relation.
I Le concept simple de la chose
Notre déception n’est pas absolue ; elle est conditionnée par le chemin que nous
avons suivi, et ce qui est nié est conservé. C’est l’indifférence qui nous libère des
choses, et non la négation violente. Hegel est le 1er à l’avoir dit et c’est très vrai.
Le sensible devient un ensemble de propriétés des choses.
Dépasser = nier et conserver
Immédiateté universelle :union illogique en apparence, mais vrai dans le fond . C’est
à la limite de ce qu’on peut concevoir.
Si on n’admet pas à côté du même , l’autre, il n’y a ni langage, ni philosophie et l’on
aboutit à Parménide, dit Platon dans Le Sophiste. C’est l’autre qui relie toutes les
catégories intelectuelles.
Il y a beaucoup de propriétés, ce qui complique le problème. Milieu = substance qui a
des attributs ou des modes – substance de la philosophie scolastique. Si Socrate rit,
c’est un mode (exemple d’Aristote)
Idée platonicienne : le ciel participe de la blancheur. Ce qu’il y a de plus général pour
une chose, c’est d’être spatio-temporelle (p.95), mais l’ici et le maintenant ne sont
pas si simples non plus. Hegel intellectualise un peu : l’ici ne fait pas penser à tous
les autres ici qui ne sont pas là. Merleau-Ponty parlerait d’un monde pré-conceptuel.
Problème avec Merleau-Ponty et l’Husserl de la fin qui veulent ce monde plus riche
que le monde conceptuel.
Les difficultés de Hegel viennent de ce que la perception ne peut pas relever d’une
étude entièrement intellectuelle.
II La perception contradictoire de la chose(p.97)
Distinction entre ce que la chose est en vérité et mon savoir de la chose. Je distingue
de moi-même certitude et vérité. Je reconnaîs en moi la possibilité de l’illusion
(p.97), mais je ne vois que cela ; il y a un travail d’interprétation qui ne s’achève
jamais.
«Il faut donner à l’indéterminé une valeur positive » Merleau – Ponty
Il faut admettre qu’il y a du « bougé » dans la perception. Cf poêmes de Ponge. Il y a
une vie de l’objet, de là le désir de construire des objets surréels.
P.98 : j’ai crû l’objet un, mais il ne l’est pas. Lorsque j’admets qu’il y a discontinuité
des propriétés, je suis renvoyé à la continuité de l’objet, et réciproquement.
NB : au niveau du perçu j’admets que l’objet que je saisis est un objet parmi d’autres,
ce n’est plus le ceci ineffable. La perception c’est l’univers quotidien.
L’objet comme savoir est mouvement, et le savoir comme objet est figé. Ni homme,
ni idée sont seuls, séparés, il n’y a qu’un mouvement à deux versants. C’est pourquoi
l’absolu est sujet, et non pas substance, c’est ce mouvement dont substance et sujet
sont des versants. La phénoménologie est une propédeutique. Où allons-nous ?
Difficile à dire. L’absolu n’est pas un connaître mais ce mouvement, donc on ouvre la
voie à philosophie perspective (sic), il est impossible de répondre à la question : où
allons-nous ? où va l’esprit ?
Puisque le savoir absolu n’est pas une conclusion, il reste à faire le reste du trajet.
Problème résolu par Marx : plus de problème de compréhension du monde, d’où
attitude pratique : transformer le monde.
Perception : Hegel laisse tomber mon être-en-situation, le caractère d’évènement
propre au vécu.
Mon mouvement est qualifié d’universel abstrait. Chaqur objet est vu comme
n’importe quel objet. Mais l’ambition de Hegel est de saisirl’universel concret, celui
dans lequel je réussis à glisser la singularité, l’originalité du réel (p ex la perception
de l’artiste) . Œuvre d’art :émotion excessivement singulière, et absolument
universelle.
Renversement de son idée de la perception abstraite, communément elle est jugée
concrète.
L’absolu est vie parce qu’il y a en lui la différence entre sujet et objet.
Philosophies de type empiriste ont figé l’essentiel dans l’objet, les philosophies
idéalistes ont figé l’essentiel dans l’esprit.
Autre transition : montrer que dans le singulier il y a l’universel.
Chose = ensemble simple de multiples termes ds le milieu de la choséité.
Chez Leibniz même principe que chez Platon.
Principe des indiscernables :aucun être n’est semblable à aucun autre être. Chaque
monade est distinct des autres .
Suite du cours p. 97
II Le sujet n’a apparemment rien à faire. Conscience est déterminée comme
percevante. Sentiment d’une possibilité de progrès, aussi bien que d’erreur. Mais
sujet et objet sont deux versants d’une seule et même chose, et l’objet a aussi des
possibilités d’erreurs .
Merleau-Ponty dit que pour comprendre les phénomènes d’hallucination, il faut
admettre que le monde perçu n’est pas un monde clair.
P. 98 : je vois d’abord l’objet comme choséité en général, puis il se différencie, et je
le vois comme un aux propriétés déterminées, la propriété devient celle de tous les
fauteuils, mais si je m’intéresse à son caractère unique la propriété disparaît en tant
que telle, et alors je reviens à la certitude sensible. La conscience s’aperçoit que ce
mouvement de va et vient entre la singularité et l’universalité vient d’elle : réflexion
de l’esprit. La conscience a cessé d’être passive. Travail de la conscience en dehors
de l’objet. Mélange de mon savoir et de l’objet lui-même.
Berkeley : esse est percipi. Pas d’effondrement quand je ne perçois pas les choses car
les autres ou Dieu les voit.
La conscience sait qu’elle a accompli un certain travail ; elle reconnaît sa
participation active. Capable de corriger sa perception de l’objet.
Conclusion du II (p.102) :si je peux réfléchir sur la chose, c’est que la chose est
réflexion en elle-même, mouvement figé.
L’objet, somme de ses apparitions, au -delà de chaque apparition (Husserl) maison
vue de nulle part.
III Le mouvement vers l’universalité inconditionnée et vers le règne de l’entendement

Synthèse des deux mouvements précédents, et glissement vers l’étape suivante.


La chose maintenant va s’appeler l’universalité inconditionnée.
Donc l’objet va être la forme (au sens de la physique de l’époque). De même le sujet
ne reçoit plus le même nom, ce n’est plus le même sujet, la conscience deviendra
l’entendement .
P. 102 bas : Hegel pense à Kant : ne veut pas admettre une coupure entre le
phénomène et la chose en soi. Rapport dialectique. La « mauvaise foi « kantienne
c’est de ne s’être pas aperçu de l’importance du phénomène , d’avoir oublié le trajet
qui mène à la chose en soi.
Solution de Hegel ici :il expulse la duplication de l’univers des choses. Elude le
problème.
Leibniz dit que chaque chose est différente des autres, et que chaque conscience est
un point de vue sur l’univers. La possibilité de connaître est Dieu. Hegel veut écarter
une solution subjectiviste : il ne veut pas que nous ayons des points de vue , ce qui
empêche une conscience collective. Chez Hegel la conscience devient raison, puis
esprit, semblable pour tous. Voilà pourquoi je suis obligé d’accepter que la chose ait
en elle un être-autre, l’opposition entre ses diverses propriétés, l’opposition entre son
unité et la multiplicité de ses propriétés.
P. 104-105 : Hegel montre que l’opération qui consiste à doter la conscience d’un
point de vue et la chose d’une originalité propre, à la manière de Leibniz, n’est pas
acceptable. Je partage mon acte de connaître avec d’autres consciences.
1er choix de Hegel : celui du lagage : c’est le langage qui est le plus vrai.
2e choix : en n’acceptant pas la solution de Leibniz, il évite que chaque chose et
chaque conscience soit un bastion absolument original. Ouverture dans chaque chose,
façon de n’être pas entièrement soi, d’être aussi pour un autre.
La vrai maison chez Leibniz, c’est la maison vue de nulle part, c’est à dire vue par
Dieu, et c’est l’essence de la maison.
Chez Hegel au contraire la chose est à la fois ce qu’elle est en soi et ce qu’elle est
pour moi. Sartre dit : je suis moi, mais je suis aussi obligé d’accepter ce que les autres
pensent de moi. De même pour la chose : ce que pensent d’elle ses spectateurs lui
appartient autant que ce qu’elle est en soi ; elle n’est plus repliée sur sa propre vérité
en soi, de même que chaque monade n’est plus sans portes ni fenêtres, mais obligée
d’accepter le regard d’autrui.
P.107 , 4e ligne : essentialité et inessentialité, singularité et universalité sont le
contenu de l’entendement. On frôle ici la solution kantienne : découverte des
catégories à l’occasion d’une présence sensible.
Solution idéaliste : Brunschvicq : « le réel n’est que la piqûre d’épingle qui met le
travail de l’esprit en marche ». A fin p. 107 le perçu se quitte lui-même.
On peut reprocher à Hegel d’avoir démoralisé pour nous notre vision rassurante de la
perception. Mais il répondrait
1.la perception est déjà près de l’absolu, dc connaissance, et Hegel la valorise
plus que ses prédécesseurs.
2.ce n’est pas le philosphe qui décide de passer plus loin, mais les
contradictions inhérentes à la perception qui la font se dépasser.
On pourrait s’en arrêter là. Mais Hegel va toujours plus loin, et il y a dans son travail
des choix .

III La force et l’entendement

Maintenant l’objet est concept et nous le savons. Idée très audacieuse pour l’époque
que la physique des forces est autant une physique des idées qu’une physique
expérimentale. Il y a d’abord une idée, remplaçable par d’autres façons de se
représenter le réel. Plus la physique a progressé, plus l’analyse est abstraite. Le fond
des choses ce sont peut-être des nombres et des concepts, comme l’avait pensé déjà
Pythagore. Sur le plan des sciences on peut très bien être hégélien.
Deux physiques : une théorique, une expérimentale.
P 109 : toute force en appelle une autre contraire. Cet ensemble de forces donne à la
fois l’universel inconditionné, qui immédiatement appelle son contraire. Il ne faut pas
le prendre en soi, mais d’un seul coup en-soi et pour-soi. Quand la conscience aura
compris que cette force aperçue dans les choses est elle également, Hegel pourra dire
que « la nature, c’est de l’esprit caché », et le problème sera résolu en ce qui concerne
le monde extérieur. Il aura oublié un peu l’adversité quotidienne du monde, mais il le
reprendra pour montrer que le travail humain réduit l’opposition de la matière. On
passera alors au problème d’autrui. Ceci se retrouve chez Marx. Rien n’est
impossible, il n’y a pas d’obscurité, la science peut connaître le réel et l’esprit le
transformer. Le but de l’histoire n’est pas la lutte des classes, mais la transformation
de la nature.
L’objet est le concept stabilisé et le mouvement y est inclus de façon plus visible que
dans le cas de la perception. Deux poussées, une qui est celle de la force, et
dialectiquement son contraire.
« Le mouvement qui se présentait auparavant comme l’auto-destruction de concepts
contradictoires a donc ici la forme objective et est le mouvement de la force ». p 114
On aboutit à l’idée d’un intérieur des choses sous forme de lois immanentes du
phénomène, décelées sous l’apparence : « sous le visible compliqué, décèle
l’invisible simple » PERRIN
L’alchimie pense que les choses ont une âme, lutte difficile de la science contre ceci
pour un intérieur des choses comme lois des phénomènes. Cf Bachelard : il y a deux
intérieurs des choses : celui de l’alchimiste et du poète, celui de la science.
La force : milieu des matières déployées : toutes les propriétés de la chose reposent
dans la force qui est leur milieu. En face de toute force surgit une autre.
L’idée d’un intérieur des choses mène dangereusement à celle d’un monde supra-
sensible. Mais c’est une fausse coupure parce que phénomène et loi sont liés comme
essence et existence. Dans la physique moderne difficile de trouver le phénomène qui
correspond à la loi.
Loi = image calme du phénomène changeant. Jeu de force règlé renvoie à la loi d’où
2e intérieur des choses : le changement est englobé dans une loi stable, mais de
nouveau risque de croire que l’intérieur est plus profond que l’extérieur. Platon
abandonne cet extérieur, p.ex, il en reste aux idées.
La loi intègre la différence et sa perfection nous donne envie de ne plus nous
intéresser qu’à elle. Mais il va en quelque sorte redescendre dans la caverne, et
montrer que le monde sensible et le règne des lois c’est la même chose.
Idée d’infinité : inclut à la fois lois et phénomène. Platon nous montrait le philosophe
semblable au cuisinier, part de l’objet et essaye de le classer dans des idées de plus en
plus adaptées, mais il y a un moment d’arrêt, et où le concept me manque pour aller
plus en avant. On pouvait croire après le chapitre sur la certitude sensible chez Hegel
qu’on ne peut pas dire l’individualité absolue. Mais Hegel ne veut rien laisser, et
introduit un concept profondément romantique, le concept d’infinité.
L’infinité c’est la contradiction en mouvement entre la loi et le phénomène,
l’apparence et le sens de l’apparence. La mer est toujours elle-même, p ex, mais avec
des vagues. (p.135)
Ce concept est utile car si le fond des choses est infinité, c’est à dire diversité des
phénomènes et simplicité des lois, chacun renvoyant à l’autre, l’esprit ne fait
qu’accepter son propre mouvement qui consiste à aller de la multitude du perçu à la
profondeur des lois. C’est l’hypostase du mouvement de l’esprit lui-même.
L’infinité c’est ce qui permet d’englober la vie.
P 136, 2e § :
« Cette infinité si simple où le concept absolu doit être nommé l’essence simple de la
vie, l’âme du monde, le sang universel, qui omniprésent n’est ni troublé ni
interrompu dans son cours par aucune différence, qui est plutôt lui-même toutes les
différences, aussi bien que leur être-supprimé, il a des pulsations en lui-même sans se
mouvoir, il tremble dans ses profondeurs sans être inquièt. »
cf la mer
p 140, §2 :
à travers la loi, saisie du phénomène. « En fait l’entendement fait seulement
l’expérience de soi-même . »
Cet entendement est déjà entendement collectif. Phénomène = médiation entre
l’esprit et l’Esprit, entre moi savant et la loi intelligible. Joue un rôle beaucoup plus
grand qu’il ne semble d’où problème : ai-je le droit de le résorber dans l’infinité ?
Hegel le laisse en route (cf p 140) bien que son rôle soit fondamental. Philosophie
circulaire de Hegel, mais il faut bien rentrer par un bout. Où s’insérer ? au niv du
phénomène , bien que Hegel dit que l’infini est déjà là. Donc problème de la valeur
du commencement. Pour Fichte intuition fatale.
Danger du réalisme des idées à la manière platonicienne. Si je coupe loi et
phénomène, substantialisation de la loi. Mais si j’identifie loi et sujet connaissant, je
risque de manquer la valeur des lois, de noyer leur vérité dans mes certitudes. Plus
rien n’est vrai absolument ou tout est vrai . Dans le savoir absolu toutes les vaches
sont noires . Mais Hegel dirait que la différence subsiste au sein du savoir absolu, et
que l’esprit invente. Conscience de soi est celle qui sait que la nature est de l’esprit
caché. Perspective idéaliste. Absolu parce que l’objet c’est moi. Donc objet comme
adversaire vient de vues superficielles. Problème : est-ce que tout est construction de
l’esprit ?
Sartre : l’homme est la seule aventure qui arrive à l’être.
Bachelard : valeur épistémologique va du rationnel au réel.
Problème de la science : puis-je dire n’importe quoi ? nominalisme de Poincaré et
Duheim. Le concept de force pour Poincaré est une convention.
Débat dans les mathématiques : axiomatique de Hilbert. 1891 : les fondements des
mathématiques - au départ de toutes les géométries il y a des conventions arbitraires
qu’il faut dégager. Méta-géométrie :ensemble où viennent se ranger toutes les
géométries. Formalisme de Hilbert. Mais cependant ils partent d’une certaine
intuition de l’espace.
Sujets : formalisme et intuition.
Qu’est ce qu’un objet mathématique ?
Problème actuel de savoir s’il y a une structure du réel qui constituerait une sorte
d’objectivité. L’esprit ne se retrouve alors pas tout entier dans le réel, ce n’est plus un
idéalisme absolu. La science classique sauvait idéalisme et réalisme grâce à Dieu qui
a rendu le monde compréhensible. Kant laisse subsister la chose en soi. Son idéalisme
n’est pas absolu.
Chez Hegel en même temps que l’objectivité du monde extérieur disparaît le sujet
individuel. Problème : comment je saisis un monde de lois objectif ? Hegel montrera
que c’est une illusion. On ne peut pas être idéaliste tout de suite. L’idéalisme est le
résultat d’une expérience. On ne peut pas le prescrire dogmatiquement.
Sujet : qu’est-ce que l’idéalisme ? Montrer que c’est le résultat des expériences
d’opposition à l’objet, mais ce n’est qu’un résultat provisoire, il faut tenter d’y
intégrer un réalisme, passer de l’idéalisme abstrait à l’idéalisme concret.

B : LA CONSCIENCE DE SOI

IV vérité de la certitude de soi-même

I p. 145 : le concept absolu est celui qui enserre les différences. Ici le concept de ce
vrai … signifie conception qui disparaît .
Le savoir scientifique est conscience, donc conscience est à soi-même le vrai. La
vérité est intérieure à l’esprit.
Problème : qu’est-ce qui va être l’être-autre puisqu’il n’y a plus d’oppostion entre
l’objet et moi ? Ce sera autrui.
Le 1er être-autre est que mon savoir scientifique et moi ne sont pas tout à fait la même
chose, mais pas de contradiction .
Chez Kant les catégories sont la terre natale de la vérité. Chez Hegel c’est le
mouvement même de l’esprit qui suscite le vrai (p 146) L’objet non-pensé est
toujours concept, la chose en soi n’est qu’un cas limite qui ne se présente jamais.
Dans l’expérience nous pensons toujours, l’esprit est toujours au travail, et c’est ce
que Hegel a compris. Maintenant nous nous rendons compte que le vrai est œuvre de
l’esprit. Il s’agit toujours de l’esprit collectif, je peux faire une erreur individuelle ;
chaque découverte à chaque époque est le vrai.
Moi=moi est une idée fichtéenne, mais résultat de tout un travail de l’esprit .
La conscience ne se retrouve dans l’objet qu’au prix d’un effort, et d’une suite de
déceptions qui lui montre que l’esprit n’est pas aussi indépendant d’elle qu’elle ne
l’imaginait. Cette façon de prendre l’objet au sérieux, d’être en un sens fasciné par
l’objet, caractérise l’étape de la conscience.
La conscience de soi au contraire se retrouve dans l’objet ; elle sait même si par
moments elle l’oublie, que l’objet est sa propre réflexion à elle, c’est à dire qu’elle est
conscience de soi dans l’objet.
Passage de la conscience à la conscience de soi assuré par une vision scientifique des
choses :
-la force
-la loi
-l’infinité, c’est à dire le mouvement que recouvre chaque loi de la nature, et la
diversité de ces lois, auxquelles s’ajoute l’idée d’unité. L’infinité est plus que les lois,
c’est la vie même enserrée par des lois, et dont les lois sont les squelettes.
Pour Bergson aussi mouvant est essentiel, mais chez Hegel ce sont les concepts qui se
meuvent les uns par rapport aux autres, tout est idée, il y a une historique des idées,
tandis que chez Bergson le mouvant ne peut pas être pensé par l’intelligence. Il y a
pour Bergson deux univers : celui de l’intelligence, de la science, du concept , qui
découpe dans la durée des prises, des points fixes utiles à l’action pratique ; celui de
la durée où nous pénétrons uniquement par l’intelligence. Le mouvant est une
inventivité pure sans histoire. Le saint, l’homme libre, la vie biologique sont
inventeurs, et la science manque l’essentiel parce qu’ elle ne peut pas mettre en
formule l’invention.
Terre natale de la vérité : il y a vérité lorsque l’esprit comprend que le réel c’est lui.
Risque de tout idéalisme : qu’il n’y ait plus de vrai. Problème : le monde est-il
seulement mon délire, ou notre délire collectif ?
Mais je ne suis pas aussi libre que je l’imagine parce que ce contact avec l’objet de
ma conscience sensible, percevante, scientifique, je ne l’ai pas entièrement perdu.
Quelque chose est demeuré de mes expériences précédentes : la présence du monde
réel. Il faut cesser de considérer la conscience comme fermée sur elle-même. Dés le
début l’absolu est près de nous.
L’idéalisme est le résultat d’un processus, il n’est donc pas abandon de la réalité. Ce
n’est pas un délire car c’est à travers des expériences que je suis parvenu à dire que
l’esprit est actif dans la connaissance.
Chez Descartes c’est le sensible aussi qui mène au cogito, mais pour que le cogito
soit possible il fallait abandonner totalement le sensible.
Différence : marge où l’on s’outrepasse ;quand la conscience supprime cette
différence, elle n’est plus l’acte de s’outrepasser elle-même. Dés qu’elle oublie
qu’elle est intentionnelle (Husserl) la conscience devient tautologique.
Le phénomène existe encore en face de la conscience de soi (147) mais il n’est pas
grand chose. Le phénomène c’est en réalité l’apparition « du bout de l’oreille » d’une
loi.
Thème du désir : le phénomène qu’on avait escamoté à la fin de la perception. Pas de
fond des choses, c’est moi qui le fait, donc suppression du moyen terme qui
réapparaît maintenant. Pour supprimer l’objet il va falloir le consommer, le digérer.
II La vie

Début du § : l’objet boude. La vie est un déroulement temporel qui se trouve en face
de nous, et qui n’est pas tout à fait nous. Pulsation de la vie. Très romantique : voir la
vie partout.
L’objet conserve une certaine indépendence dans laquelle est inclus tout le travil
réflexif que j’ai opéré sur lui – chaque objet emprisonne l’esprit, la vie, le
mouvement sous son apparence stable.
Vérité de la certitude de soi-même signifie ce que la certitude de soi-même est
véritablement. Par un mouvement dialectique elle va s’apparaître d’une manière plus
profonde et cette manière est ce que Hegel appelle la vérité de la certitude de soi-
même.
La vérité de la conscience religieuse, c’est la conscience philosophique, dernière
étape du savoir, qui comprend que la transcendance est l’œuvre de la conscience elle-
même.
Chaque étape est la vérité de l’étape précédente : elle en dégage le sens. Sens
profond, immanent au vécu dans son obscurité. C’est toujours la philosophie qui dit
la vérité du vécu. Ce n’est pas quelque chose d’extérieur au monde comme chez
Platon les idées, mais le sens profond de l’expérience vécue. Cette vérité chez Hegel
est toujours postérieure à l’expérience. La conscience a besoin de l’absolu, l’absolu
doit être réveillé par la conscience comme la belle au bois dormant a besoin du
prince. Il faut qu’il n’y ait pas de postulat du départ (Fichte, Schelling, Descartes) . Il
ne faut pas une intuition fulgurante de départ.
Cette façon de distinguer certitude et vérité, et de rendre toujours la vérité postérieure
à la certitude comporte un grand danger pour le sujet individuel : je ne sais jamais ce
que je vis, la naïveté est toujours première.
Chez Marx ceci devient que je vis certains évènements, mais que je n’en dégage pas
le sens véritable . Donc le parti doit m’injecter une prise de conscience, d’où
problème des rapports entre le parti et mes propres désirs.
Conséquence : on peut être dans l’illusion totale du sens de son action.
Deuxiémement, on pourra me faire un procès parce que j’ai subjectivement crû servir
la révolution alors que objectivement mes erreurs ont servi la contre-révolution. D’où
condamnation et obligation de reconnaître que ma certitude n’était pas la vérité.
Troisièmement, la vérité n’appartient pas à celui qui la vit, mais soit à un groupe, ou à
un médécin ou à un philosophe.
La vérité n’est pas d’un groupe, mais on ne peut pas avoir raison seul absolument.
Merleau-Ponty : « la vérité exige trois termes : moi, les autres et le vrai ».
Chez Descartes tout homme est capable spontanément de distinguer la vérité. Danger
de ne pas donner une petite lumière naturelle à chaque homme, chez Hegel
problème :pourquoi certains en restent-ils au niveau de la première certitude ?
Si on n’admet pas que j’ai en moi le ressort de l’initiative, l’expérience d’une certaine
liberté, on dépossède l’homme de toute possibilité de salut, de connaissance .
Platon : deux modes d’accès aux idées :
-le maître – Socrate
-l’amour
mais Hegel soutient que ce sont les contradictions de la conscience qui amorcent le
processus philosphique, mais dans la mesure où il oppose la conscience naïve à la
conscience philosophique est-ce qu’il est aussi spectateur qu’il le dit, est-ce que la
conscience naïve peut sortir de sa naïveté sans que le philosophe intervienne ?
Hegel dit bien que l’oiseau de Minerve prend son vol à la tombée de la nuit, mais s’il
n’y a pas de philosophe est-ce que l’expérience restera inconsciente ? Chez Hegel il
n’y a pas de point de départ, le choc initial n’est pas décrit.
Certitude et vérité, au lieu de ne se rejoindre qu’au niveau du savoir absolu sont
ensemble dés le début. Le problème général est de savoir si je peux comprendre ce
que je vis moi-même ou s’il faut l’intervention d’un maître, du psychanalyste. Il faut
une complicité entre le réel et nous, une assurance, que la conscience individuelle
possède le fil d’Ariane.
Problème de la vérité comme prise de conscience ou comme certitude immédiate.
Une sorte de solution dans l’acte morale : je suis à la fois certain et dans le vrai.
Dans la Phénoménologie si grande opposition entre la conscience naturelle et le
philosophe, que nous nous demandons s’il n’y a pas une coupure entre la conscience
philosophique et la conscience naturelle. Pas de choc initial chez Hegel.
Problème de la vie du sage spinoziste ou de celui qui est arrivé au savoir absolu.
Quand je dis moi=moi (p.146) sans doute pour le philosophe est-ce un
appauvrissement, je me replie sur moi-même, c’est à dire que j’ai un moment
d’orgueil, où je me rends compte de mon importance. Si le monde est ma «
représentation » c’est moi qui porte le vrai, le monde n’est que phénoménal et la
vérité c’est « l’unité de la conscience de soi avec soi-même » (p.147)
Cet orgueil fait que la conscience devient désir.
C’est la dimension de la vie introduite dans le système qui fait de moi un moi qui
désire. L’infinité va devenir la vie. Hegel prend soudain conscience de la vie, mais
passage très obscur sur la conscience de l’homme.
Passage très peu clair p 147
La vie est une réflexion qui n’est pas consciente de soi. C’est une réflexion en soi .
« La nature est un artiste qui s’ignore » Aristote
L’instinct est utile, rationnel , l’animal « joue » sa réflexion, il n’en prend pas
conscience.
Ce qui est surprenant, c’est que le vivant soit ici entendu comme vivant biologique.
Le mouvement continue parce que l’unité acquise par la science est en même temps
acte de se repousser soi-même, elle se scinde et il y a face à face la conscience de soi
et la vie. Beaucoup de philosophes en son t restés à l’orgueilleux réalisme du
physicien. Pourquoi est-ce que ici le mouvement continue ?
Confluence en une seule notion de deux intuitions différentes : (1) la vie en tant que
mouvement biologique qui produit les individus et les résorbe en son sein, car la mort
est un aspect de la vie. Ce qui a fait dire à M. Kojève que toute la philosophie de
Hegel était orientée autour du problème de la disparition de la mort. La mort est
comprise dans la vie, et la croissance des enfants est la mort des parents. Intuition de
type cosmique. Même intuition chez Spinoza dans Deus sive natura : la substance
produit une infinité de choses en une infinité de modes.
Proposition XVI du 1er livre de l’Ethique : dans la notion de production, d’une
expansion de l’être, intuition vitaliste venant d’une source biologique. L’être se
définit d’une manière dynamique et non pas statique.
Chez Platon l’être est immobile, l’idée de bien aussi.
Au contraire des philosophies comme celles de Spinoza ou de Hegel introduisent le
mouvement dans l’être grâce à la vie qui a une sorte de productivité.
Ce qui est original chez les deux, c’est d’avoir superposé à cette intuition une
intelligibilité complète de cet élan.
(2) Idée de vie de l’esprit, c’est à dire mouvement qui va de la thèse à l’antithèse,
mouvement de la négativité, de la contradiction. Mais entre ces deux vies, il y a un
hiatus. La vie vivante nous paraît aveugle. Antinomie entre l’opacité de la vie vivante
et la clarté de la vie de l’esprit dans son caractère cartésien.
Chez Spinoza et Hegel, tentative pour réunir ces deux vies. Chez Spinoza ordre de la
vie biologique est aussi clair que le déroulement mathématique, mais nous ne nous en
apercevons que dans la connaissance du 3e genre qui nous fait comprendre que tout
ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel. Mais nous avons du
mal à saisir ce développement logique immanent.
Hegel sent beaucoup plus l’oppostion entre la vie biologique et la vie de l’esprit,
parce que il a un sens aigu de la contradiction (chez Spinoza tout est Dieu donc pas
de négativité). Chez Spinoza il n’y a pas de creux alors que chez Hegel la conscience
est un creux dans l’être. Aucune dialectique chez Spinoza, pas de milieu entre l’erreur
et la vérité. Il n’y a que des sauts du 1er genre au 2e, du 2e au 3e.
La mort n’est pas une véritable dialectique , elle est résorption dans quelque chose de
plus grand qu’elle, tandis que pour la vie de l’esprit, quand je dis le contraire de ce
que j’avais dit, c’est un tremplin vers un mieux.
Son problème est de prendre de la vie vivante tout ce qui peut entrer dans la vie de
l’esprit, et il laissera le caractère de morne répétition qui ne peut pas entrer dans la vie
de l’esprit qui , elle, progresse toujours. Un Bergson insisterait au contraire sur le
caractère inventif de la vie. Pour Hegel la vie n’a pas d’histoire. L’évolutionnisme n’a
pas encore été inventé. Apparition de l’individu, et disparition forment des figures
imparfaites de la thèse et de l’anti-thèse : mouvement de l’individu distinct à l’unité
de la vie, de l’unité à la diversité et de la diversité à l’unité. Mais il n’y a pas de
dialectique véritable de la vie.
Il faut que les oppositions aient un sens, et même si Hegel avait connu l’évolution,il
n’aurait pas changé et pensé pour autant que la vie fût histoire.
De même que la vie se scinde pour produire un animal particulier qui est un être-autre
par rapport à elle, l’absolu se scinde pour produire le sujet et l’objet. La différence est
que la conscience sait ces différences, tandis que la vie ne se sait pas comme
profusion d’espèces. La vie se contente d’être sans conscience de soi. La conscience
est consciente, et des différences, et de son unité (p.148)
La vie et la conscience paraissent totalament indépendantes l’une de l’autre. Pour
Brunschwicq un philosophe déraille dés qu’il tente de comprendre le vivant, et les
progrès de la philosophie sont liés à ceux des mathématiques.
Entre la conscience et son objet –ici la vie – il existe un cordon ombilical qui ne sera
jamais tranché, c’est la réflexion, et la vie n’est pas aussi indépendante de moi que je
le prétends. Elle l’est si peu que je la désire et que je peux la consommer. Le moi se
trouve devant la vie dans une fascination, prélude de toute dialectique.
Je vais manger la pomme pour essayer de réduire l’être-autre à moi. La conscience de
soi désire réduire la vie de sorte que le désir semble être lié à l’idée de la destruction
de l’objet. Très ambigü, car je détruis l’objet pour un mieux, pour un progrès. La
consommation de la pomme n’est pas la fin d’une étape, c’est le commencement
d’une nouvelle appropriation du monde.
Idée du temps : la vie c’est le temps.
P. 152 : seule la conscience peut penser la vie. Passage du moi = moi au moi = vie. La
conscience de soi souhaite absorber la profusion de la vie, supprimer son être-autre et
donc elle la désire. Dans la tradition classique, le désir est dépendance, et la
satisfaction de ce désir supprime cette dépendance. Ici au contraire il s’agit d’un désir
impérialiste, désir pour faire disparaître l’objet, impérialisme du moi. Le désir
hégélien n’a rien à voir avec les autres désirs. Chez Sartre la conscience est toujours
manque, chez Hegel elle est toujours manque aussi, mais elle est active. La
conscience malheureuse est active et ingénieuse.
Bas p.152 : on retombe à la conception classique. J’ai besoin de l’objet mais chez
Hegel j’en ai besoin pour en triompher.
P.153 : il faut que l’objet inclut en lui une certaine négativité (il faut donc que j’aie en
face de moi une autre conscience de soi) pour me libérer de lui. On passe de la
pomme à une autre conscience de soi. L’objet soit est trop loin de moi, soit je
l’anéantis quand il est matériel, et je n’ai plus son support ; il faut donc que je trouve
en face de moi quelque chose qui nourisse l’affirmation moi = moi, un objet
dépendant et indépendant, une autre conscience de soi.
Un objet me confirme très mal que je suis conscience de soi ; posséder des choses,
nous croyons que cela nous donne un moi = moi plus puissant, mais ce qu’il faut
c’est une autre conscience de soi qui donne de façon permanente la reconnaissance.
D’ailleurs en général on a des objets pour obtenir la reconnaissance des autres.
P. 154 : on aboutit à une totalité qui sera l’esprit. « Un moi qui est un nous et un nous
qui est un moi.

A : DEPENDANCE ET INDEPENDENCE DE LA CONSCIENCE DE SOI –


DOMINATION ET SERVITUDE
On donne habituellement une interprètation purement psychique de la reconnaissance
des consciences de soi. Elle est incomplète et néglige complètment le fait que la
reconnaissance des consciences de soi est une des étapes de la réconciliation de la
conscience malheureuse avec le réel. Cette reconnaissance n’a pas seulement un sens
psychique, mais aussi un sens ontologique. Elle donne une meilleure appréhension de
l’être, et non pas seulement une meilleure appréhension d’autrui en tant qu’unité
psychique.
Glissement de l’objet matériel désiré au désir d’une autre conscience de soi. Ce
glissement est le passage de quelque chose d’abstrait à quelque chose de plus concret,
à quelque chose qui est plus près de l’être. Ce qui manque à la pomme c’est le
mouvement de la négativité. Quand elle glisse à une autre conscience de soi, la
conscience n’abandonne pas sa préoccupation qui est de saisir la pulpe de l’être.
Autrui est à ce moment-là l’incarnation de l’ontologie : l’être a pour moi le visage
d’autrui.
L’essence de la conscience de soi est dialectique, c’est à dire qu’elle est en même
temps elle-même et son contraire ; elle est le phénomène, la pomme, l’autre. Son
essence naît quand elle sait qu’il n’y a pas d’être –autre indépendant d’elle. (p 145)
NB : la conscience de soi est dialecticienne alors que la conscience seule ne l’était
pas.
Autrui apparaît comme venant de l’extérieur (p.156). Il se produit un choc. Son
surgissement est encore plus important que son regard. Autrui est d’abord l’étranger,
comme le disent les analyses de Merleau-Ponty. Autrui ne me vole pas mon monde
(Sartre) mais il transporte un monde avec lui. La conscience aspire à s’emparer de
cette extériorité.
Hegel saute tout de suite au résultat du choc des deux consciences. Double
déterioration.
-je me perds parce que autrui me paraît plus important que moi.
-je le perds parce que je sais bien qu’il est moi, tandis que dans le regard sartrien il y
en a un qui triomphe sur l’autre. Ici nous sommes tous deux déteriorés.
Mais la conscience redevient elle-même et par là l’autre, puisqu’il est moi, redevient
lui-même.
Danger de la conscience qui se refuse à dialectiser la situation, de l’étranger qui reste
à la porte. Il n’y a pas de progrès dans la quête de l’être sans l’opération d’autrui
(p.157). Si autrui se dérobe à son rôle de médiateur pour l’ontologie, alors impasse, la
dialectique est cassée.
LA LUTTE DES CONSCIENCES DE SOI OPPOSEES
Il y a lutte parce que je veux être bien sûr d’avoir en face de moi une autre conscience
de soi. Pour le savoir je vais voir si cet étranger n’a pas peur de la mort, donc je vais
enter en lutte evec lui pour voir s’il brave la mort.
« Chaque conscience recherche la mort de l’autre » ne signifie pas que je veux la
mort, l’anéantissement de l’autre mais je cherche un interlocuteur valable.
Les consciences de soi qui ont peur deviennent l’esclave, et on aboutit au maître et à
l’esclave.
L’esclave n’est pas reconnu par le maître comme conscience de soi. Le maître lui a
prouvé une certaine indépendance à l’égard de la vie. En face de lui, il n’a pas
d’interlocuteur valable, donc pas de reconnaissance. La maître est aussi malheureux
que l’esclave. Celui qui commande ne reçoit pas non plus la plénitude.
Mais il y a des cas où la dialectique s’arrête, dans le cas de l’union de deux
tempéraments, de l’ajustement des défauts. Hegel est une fois de plus trop optimiste.
Cette idée a été reprise par Marx quand il explique que la bourgeoisie est déchirée par
ses propres contradictions, que le bourgeois est aussi malheureux que le prolétaire.
Chez Nietzsche, au contraire, le maître est satisfait.
Pour Hegel on ne peut se sentir bien que dans l’égalité, et l’inégalité n’est qu’une
étape, mais ne peut pas constituer une solution.
L’esclave travaille et le maître est oisif. L’esclave va récupérer sa conscience de soi
par le travail, par lequel il imprime sa marque sur la matière. Pour Marx c’est celui
qui travaille manuellement qui se développe, pendant que le maître prend du recul en
fumant un gros cigare dans son hamac !
Deux façons pour devenir conscience de soi : la guerre ou le travail. C’était la
première fois en philosophie que le travail recevait un statut. Il en avait déjà eu un en
théologie : punition à la sortie du paradis, et un encore meilleur dans le
protestantisme, ce qui a fait dire que le capitalisme est né du protestantisme (thèse de
Max Weber).
Je découvre par cette expérience qu’il est très important d’être vivant.
La vie chez Hegel : « la vie est la position naturelle de la conscience, l’indépendance
sans l’absolue négativité. » (p.160)
Le vivant est soit si indépendant que je ne peux pas m’assimiler à lui, soit si
dépendant que je le détruis. C’est donc une impasse. La vie est la Selbständigkeit,
sans aucune possibilité de se dépasser elle-même, de prendre une dimension
historique. Pas de tension dialectique entre le vivant et moi. C’est seulement le travail
qui créera une histoire de mes rapports avec l’objet ; par lui je forme l’objet et je me
forme.
Le maître est condamné à une sorte d’immobilité parce que son rapport au monde est
rapport de destruction et de jouissance.
Hegel n’en vient pas tout de suite au travail , il commence par la rencontre des deux
consciences de soi.
Une autre conscience de soi est l’indépendance, mais avec l’absolue négativité, c’est
à dire la capacité d’outrepasser les limites et de s’outrepasser soi-même. La
conscience demande à l’autre de bien montrer qu’elle possède la négativité en plus ;
qu’elle a quelque chose de plus que la pomme.
Il faut donc que par un côté je transcende mon être-là naturel. Deux moyens : soit
braver la mort pour montrer que je suis détaché de la vie, soit par le travail dépasser
tout être-là limité, faire reculer les contours de ce qui est donné au profit de ce qui est
construit.
Apparemment ces deux solutions sont équivalentes. C’est à dire je fais tout aussi bien
la preuve de ma transcendence par le combat que par le travail, mais Hegel fait
remarquer que la première « solution » risque de terminer la dialectique. La mort
naturelle n’est donc pas le vrai chemin, puisque tout s’arrête ; il faut opérer sur autrui
une négation spirituelle, pour qu’il manifeste sa transcendence à travers elle , et entre
dans la suite du processus. C’est à travers une contestation spirituelle que chaque
conscience sera sollicitée de manifester sa transcendence.
Lecture : Kojève p. 168
Le désir est lié à la vie, mais il est plus que la vie. Le moi est un « vide avide ».
Consommer n’est pas le seul objectif, ce qui explique que les régimes socialistes
subsistent malgré le manque de consommation.
Pour qu’il ait conscience, pour qu’il y ait philosophie, il faut transcendence par
rapport au donné, et ceci n’est possible que si le désiré porte non pas sur un être
donné, mais sur un non-être.
Postulats chez Hegel : existence de mon désir qui n’est pas seulement biologique
puisqu’il peut se porter vers une autre conscience, et l’existence de plusieurs
conscience capables de désirer. Nous sommes donc dans un monde où nous ne
sommes pas seuls, tandis que chez Descartes il n’y a pas d’autrui. On ne peut pas
déduire autrui, il est là. C’est un des aspects, une des structures de l’existence.
« L’homme risquera sa vie biologique pour satisfaire son désir non-biologique. »
Kojève (170) Il y a là aussi peut-être la structure d’une morale.
Cf Contrat Social de Rousseau où le moi passe avec tous les autres moi un contrat, et
crée ainsi une puissance, celle de l’état dont la force repose sur l’union de nos
volontés, auxquelles nous nous soumettons sans être opprimés.
Problème de savoir si l’être humain est désir à la façon hégélienne.
Freud dirait que l’être humain est désir de plaisir, d’autres diraient que l’homme est
désir de Dieu.
« C’est l’existence d’une différence entre maître et esclave, ou plutôt la possibilité
d’une différence entre le futur maître et le futur esclave qui est la 4 e et dernière
prémisse de la Phénoménologie. »

III DOMINATION ET SERVITUDE

La reconnaissance des consciences n’est pas traîtée dans ses conséquences sociales et
politiques. Ceci est traité dans le 2e livre,dans le monde juridique.
Hegel très jeune avait déjà pensé à ces rapports d’un maître et d’un esclave à travers
des réflexions sur le judaïsme, et aussi dans des réflexions sur la loi kantienne qui est
le maître.
Il en a conservé l’idée d’une opposition qui est vécue comme insurmontable,
oppostion des contraires. Le peuple juif pose un Dieu fort qui est son contraire, et en
face duquel la conscience judaïque mesure son infinie misère. Préfiguration de la
conscience malheureuse, opposition entre l’absolu ou l’essentiel et l’inessentiel.
Hegel s’intéresse plus à l’esclave qu’au maître, parce que le maître n’amorce aucune
dialectique.
Le maître vient de braver la mort, donc il est maintenant la conscience qui est pour-
soi et non plus seulement le concept de cette conscience. (p.161) Il n’a pu prendre
conscience de soi qu’en dominant l’esclave.
L’esclave en resté au niveau du vivant.
Le maître est d’abord désir d’objets naturels,et d’autre part il est tourné vers cette
conscience de l’esclave qui elle aussi est définie par la choséité de même que dans la
vie nous désirons à la fois des choses et d’autres consciences de soi. (A la fin Hegel
oubliera la vie biologique). Le maître est conscience de soi par la médiation de (a) les
objets qu’il consomme (b)l’esclave qui est en face de lui.
L’esclave devient doublement médiateur (a) il l’est parce que s’il n’y avait pas eu la
peur de l’esclave je ne serais pas devenu le maître (b) parce que c’est lui qui me
procure les objets que je consomme.
Le maître se rapporte médiatement à l’esclave. Il dépend de l’esclave pour devenir
maître puis pour jouir des choses, et sa prise de conscience n’est qu’une étape, la
jouissance n’introduit pas une véritable dialectique, et c’est le sourd, le douloureux
travail de l’esclave qui amènera une véritable dialectique.
L’esclave : pour qu’il amorce la suite de la dialectique, il faut que pèse sur lui une
véritable terreur, la crainte de la mort qui est le « maître absolu » et qui fait que
l’esclave va finir par s’émanciper.
Dans le marxisme, plus ça va mal, plus l’avenir est en marche, car c’est à travers la
terreur de la mort que l’homme forge un autre monde. Grand optimisme car il existe
des oppressions qui n’amènent pas des lendemains chantantes. Force quasi
messianique de ces conceptions. Les communistes sont contre les réformes qui ne
changent rien à la structure, et ne font que retarder une transformation radicale.
Socialistes au contraire veulent procéder par de petites touches.
Problème : est-ce que l’on peut échapper à la dialectique du maître et de l’esclave ?
Individuellement, oui. Ce n’est pas ma psychologie individuelle qui vit cette
dialectique, elle est toujours à l’horizon, c’est un champs d’expérience possible.
Collectivement, non. Il y a une sorte de fatalité. Pour que l’histoire se développe il
faut qu’il y ait d’abord des esclaves et des maîtres.
Dans la vie c’est une dimension très fréquente dans nos rapports avec autrui.
Innocence y échappe, dans l’univers de Giraudoux p.ex.
Maître a trois difficultés :
-n’est comme il est que par l’esclave.
-l’esclave est médiateur entre le maître et l’être. Dans la cité d’Aristote tout le monde
travaille et le philosophe pense. Mais selon Hegel pour que ma pensée soit bonne, il
faut que je m’enfonce dans la substantialité des choses. Il faut que l’esprit s’aliène.
-maître cherche la reconnaissance : cherche l’apparition au-dessus du monde
biologique d’un monde humain. Cherche découverte d’une capacité infinie de
dépassement.
Le sens véritable et profond de ce qui se passe au niveau du maître a sa clé dans
l’esclave, et nous ne comprendrons bien ce qui se passe dans le cas du maître qu’en
explorant ce qui se passe chez l’esclave (p.163 bas) . Dialectique : explication d’une
chose par son contraire.
P164 : dans l’idée d’une certaine douleur nécessaire, Hegel n’a pas dépassé son
époque romantique. Danger de la politique du pire.
Pour Hegel la peur est une 1ère approximation vers la conscience de soi. Peur de la
mort a déjà commencé à détacher l’esclave de la vie. Angoisse absolue : l’esclave a
toujours peur que le maître ne le tue.
Le travail commence par la destruction : je commence par dissoudre ce qui est.
La peur de l’esclave n’est pas stérile ; obligation d’obéir au maître. Cette peur force à
travailler sur le monde naturel, à porter une main sacrilège sur la nature. L’esclave se
libère de la choséité. Ce travail est de la dissolution de la matière. (p.164) Ce
détachement d’abord vécu par l’esclave à l’intérieur de lui-même est maintenant vécu
à l’extérieur dans la praxis. L’esclave vit dans le monde du fait, d’une liberté absolue
à l’égard de la choséité. Cette attitude technique suppose un détachment du naturel.
La formation de l’objet et du sujet
Il faut rapprocher le travail de l’acte de consommer. Dans la consommation du maître
il manque un changement véritable du sujet. Si l’homme n’a pas des rapports
permanents avec le monde, sa subjectivité reste abstraite, son âme reste vide. Car
l’âme est vide et s’occuper exclusivement de consommation engendre l’ennui.
Sociétés capitalistes y poussent la femme, dans sociétés socialistes on croit à autre
chose.
Rapport au temps dans le travail (p.165) : l’homme du désir est l’homme de l’instant
(Dom Juan, Gide, Sagan). Dans le travail la temporalité est ressentie comme longue.
Je forme des objets permanents. Dans les sociétés primitives très peu de choses sont
permanentes (Lévy-Strauss, Tristes Tropiques). Il y a des peuples qui refusent la
permanence. Cf aussi le stade du dandysme chez Kierkegaard.
Ce que le travail apporte à l’esclave :
-contact avec le concret
-donne à l ‘esclave une certaine permanence intérieure. La conscience se reconnaît
dans l’objet permanent, et quelque chose de la permanence de cet objet passe en elle.
Donne une substantialité.
Dans le sport affrontement du concret, donne substantialité au sujet sans transformer
le monde .
Hegel dit que le travail détruit en même temps la peur de l’être-là naturel, puisque
celui-ci est transformé. Mais limite : je ne peux pas supprimer ma propre mort. Il
semble que le fait de transformer le monde me rende ma propre mort indifférente. Je
suis sauvé et éternel parce que j’ai transformé le monde.
Par le travail je crée un monde humain radicalement différent du monde naturel, et je
crée un moi humain différent du moi naturel. Donc la mort de ce moi est dépassée.
Esquisse de différents nivaux de liberté (p.166) : il y a une liberté en face d’un
secteur de l’expérience, c’est la liberté d’une conscience qui n’a pas chancelé.
Liberté absolue : liberté de l’esclave détaché de tout par la peur et le travail.
On aboutit à une griserie, un orgueil de la conscience de soi qui prend deux visages
(a) stoïcisme (b) scepticisme.

B : LIBERTE DE LA CONSCIENCE DE SOI : STOÏCISME-SCEPTICISME


ET LA CONSCIENCE MALHEUREUSE

Introduction : comment Hegel passe de l’acte de travailler à celui de penser ?


Pour Hegel penser est travailler. Dans le travail je m’objective et en même temps je
garde toujours le maître devant moi ; l’aventure de l’esclave n’est pas finie.
Définition de la pensée : penser, ce n’est pas du tout avoir des idées ou juger. Penser
c’est être dans une certaine attitude d’échanges positifs dans le monde, c’est à dire se
retrouver dans les choses et retrouver les choses en soi, c’est idéaliser le réel et
substantialiser le spirituel.
Chez Heidegger – Was heißt denken ?- penser c’est s’ouvrir aux mystères de l’être,
entrer dans la clairière de l’ouvert, ce n’est pas connaître.
Hegel : la pensée n’est pas une faculté distincte que nous aurions de temps en temps.
C’est la vie même de la conscience. Un concept est un acte de l’esprit qui est
immédiatement nous-mêmes. Il ne faut pas choséifier, stabiliser les idées. (Platon ,
Descartes) A partir de Kant seulement on ne sépare pas les idées de l’esprit. Les
catégories sont seulement des formes. La pensée est mon intimité même avec moi-
même. Aucune distance entre mes pensées et moi. Définition intellectualiste entraîne
l’idée que si j’arrive à tout penser je peux découvrir une façon d’être en face des
choses qui sera la liberté. Mais il manque à cette conscience pensante la diversité du
réel.
LE STOÏCISME

C’est la conscience de la conscience de soi. La conscience est chose qui pense. Chez
Spinoza elle est chose qui désire (conatus). Husserl : intentionnalité. Chez Merleau-
Ponty la conscience se saisit comme claire-obscure. Je suis mon être-au-monde. Fait
d’être son corps, je suis mes gestes, ma parole, dans tout ce que l’acte de parler a à la
fois de clair et d’obscur. Je suis une conscience-corps aux prises avec le monde. Cas
limite : le cogito cartésien, quand je coupe mes fils intentionnels avec le monde.
J’existe dans une certaine ambigüité d’où grande richesse du monde. Etre en pleine
clarté ce n’est plus vivre.
« jamais on ne contemple l’idée, ni la liberté face à face. » Sens et non-sens
(Cézanne)
L’expérience est surdéterminée, chaque expérience a plusieurs origines, plusieurs
raisons d’être, une seule explication n’est jamais juste.
Postulat fondamental de la morale stoïcienne: l’essentiel de l’homme est la pensée.
Pour Hegel la liberté est absolue, puisqu’il n’y a pas d’obscurité, mais on la trouve
par la réflexion, en comprenant que les obstacles auxquels on se heurte ne sont pas
des obstacles véritables. Mais problème du heurt entre le sujet individuel et l’histoire.
Ce qui est vrai et bon sera ce que je juge vrai et bon, même si objectivement c’est
faux et mauvais. Si je pense que la souffrance n’est pas un mal, elle cesse d’être un
mal. Ainsi suis-je toujours libre en face de ce qui est puisque c’est moi qui lui donne
son visage. L’impassibilitédans le stoicïsme n’était pas une fin en soi, elle était le
moyen pour nous de ne pas nous désaccorder avec ce cosmos profondément bon,
rationnel. Le sage est celui qui est en accord avec l’univers. Mais les modernes ont
isolé la morale du stoïcisme et ont oublié sa cosmologie. Hegel donne une
présentation moderne du stoïcisme.
Façon stoïcienne d’éliminer les difficultés par la pensée. Estompe tout relief bon ou
mauvais de l’évènement. Façon pour l’esclave de se rendre maître sans aucune
révolution ; c’est le « ça n’a pas d’importance ».
Reproche de Hegel : la liberté stoïcienne est refus de la vie (p.169). Elle est abstraite.
D’une certaine façon tout dépend de nous. Pas de distinction véritable entre ce qui
dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Danger du stoïcisme : retrait du monde,
orgueil du stoïcien, et « belle âme » romantique. Celui qui prétend ne pas souffrir se
dérobe au vécu.
L’être-là naturel est encore là, car la pensée ne peut pas dissoudre le réel du monde, et
de toute manière elle recevrait d’abord des évènements sans avoir agi sur eux.
La conscience stoïcienne a en elle le monde, mais telle qu’elle le pense, donc elle se
retrouve elle-même, en face d’elle même.
Deux façons de penser (p 170) :
Ou bien je pense de façon formelle. Peu importe le contenu. Ou alors le contenu de ce
que je pense modifie ma pensée.
Stoïcien : pure possession de la pensée. Mais manque le véritable concept ou pensée
nourrie de la sève des choses, dialectique, qui ne subit pas le donné mais l’enveloppe
réflexivement.
Scepticisme sera expérience limite.

LE SCEPTICISME
Réalise ce que le stoïcisme voulait réaliser sans y parvenir. Tout ce qui est est soumis
au doute. Le monde en est fluidifié, manifestation de la négativité de l’esprit. Pas une
attitude aussi sceptique que l’attitude stoïque.
Pourquoi Hegel soutient-il que dans le scepticisme la conscience atteint la «
négativité réelle » ?
Est-il exact de dire que le scepticisme représente la négativité réelle ?
La conscience a sans cesse posé en dehors d’elle quelque chose qu’elle considérait
comme essentielle en se posant elle-même devant cet essentiel comme l’inessentiel.
S’est humiliée de deux façons : 1) sur le plan ontologique, plan de l’être et de la
hiérarchie des êtres, la conscience a considéré que ce qui était en dehors d’elle était
bien plus qu’elle-même. 2) dit que la vérité est hors d’elle, et que elle-même n’a que
sa propre certitude.
Conscience naïve opère spontanément une scission :

Se place elle-même en face de l’être et du vrai a)être


comme :
b) vrai du côté d’un essentiel défini comme
a)inessentielle externe et transcendant
b)incertaine -être-là sensible, il y a
-objet –unité et multiplicité des propriétés
-Force – loi – infinité
entendement -vie
passage conscience à conscience de soi -le maître
l’esclave -le maître
le stoïcien

Nous avons toujours vu la conscience se définir comme l’inessentiel. Le scepticisme


lui nie qu’il y ait un essentiel. Conscience qui ne prend rien absolument au sérieux,
tandis que jusqu’alors la conscience avait pris très au sérieux un certain nombre
d’aspects de l’expérience. Mais il lui manque l’être. Descartes : tout ce qui n’est pas
évident sera considéré comme faux. Ne jamais affirmer comme vrai ce dont on n’est
pas sûr. Sa phase sceptique est très importante. Il faut une vigilance de l’esprit.
Scepticisme = 1ère prise de conscience de la dialectique. Avant involontaire. La
dialectique, c’est moi, pourrait dire la conscience sceptique.
Certitude et vérité se confondent dans une expérience qui se définirait comme celle
de la liberté de l’esprit. Le déterminé disparaît, ou la différence. Le monde est un
tissu de relations et aucun objet ne mérite qu’on lui attribue une essence propre et
originale. Donc il disparaît parce que il est toujours en relation avec d’autres objets.
C’est donc la pensée qui détient l’essence de l’objet, donc idéalisme.
Il y a négativité réelle parce que l’esprit comprend pour la 1 ère fois que l’essentiel est
en lui.
Cette négativité est-elle aussi réelle que le dit Hegel ?
Le scepticisme est une attitude profondément intellectuelle. Pour cette raison a été
attaquée par les marxistes et les existentialistes. Remettre tout en question sur le plan
des idées ne change rien. Il ne faut pas que l’esprit critique empêche d’agir. Malraux :
« toute action vous rend manichéen ». Contraire de l’esprit critique.
Dilemme : agir et perdre son esprit critique, ou ne pas agir et garder son esprit
critique. On introduit donc l’esprit critique dans l’action. Cf dans le Parti
Communiste.
Paradoxe sartrien de la liberté absolu de la conscience en situation, d’où tentatives de
réconciliation de Merleau-Ponty.
Cogito hégélien : la conscience est l’absolu inquiétude dialectique (p.174)
Chez Descartes : res cogitans = chose qui pense. Substantialisation du mouvement de
l’esprit.
Hegel perd substantialité du moi individuel , et l’idée des structures a priori de la
conscience.
La conscience sait qu’elle est liberté, mais ne sait pas comment se définir. Tiraillée
entre l’aspect singulier contingent du scepticisme, et comme conscience qui détient
l’essentialité. La conscience sceptique chancelle toute entière. Elle a en elle à la fois
l’essentiel et l’inessentiel. Après ce mouvement on arrivera à l’essentiel hors de moi,
mais sous la forme de la religion.
La conscience malheureuse est la définition même de la conscience chez Hegel. Se
définit comme conscience religieuse. ( fait de l’époque due à la grande influence de
l’église catholique sur le romantisme allemand). Etape historique mais de valeur
éternelle. La conscience malheureuse est une des pentes de la conscience. Il y a aussi
une pente heureuse (classiques grecs, Descartes…) Chez Platon je peux toujours
harmoniser les différents aspects de mon être. Je peux vivre au niveau du cœur, de la
passion, au niveau des guerriers (cf la cité, ne jamais laisser un guerrier gouverner !),
au niveau de la raison qui établit la juste mesure. C’est l’esprit chez Platon qui donne
à chaque chose sa juste proportion. Vie bien conduite, idée que le drame n’est pas en
soi productif.
Chez Hegel la souffrance, le déchirement sont productifs et féconds, et ce n’est
jamais en se dérobant à une expérience douloureuse que la conscience progresse. Doit
au contraire s’enfoncer ds ses aspirations les plus déchirées. Problème : est-ce
volontairement que j’approfondis mes contradictions ? est-ce une technique ou est-ce
une fatalité ? est-ce que la conscience se fait conscience malheureuse, ou est-ce
qu’elle est de par sa structure même conscience malheureuse ? Chez Hegel c’est dans
sa structure même. Rimbaud p.ex : dérèglement systématique de tous les sens. Cf
aussi les surréalistes qui d’ailleurs se réclament de Hegel. Mais chez eux c’est une
technique délibérée.
Marxistes : fatalité du but de l’histoire, mais part des hommes : prise de conscience et
accélération. Mais ceci reste ambigu. A tout moment les masses peuvent refuser de
prendre conscience. D’une manière générale : optimisme et souplesse en face des
réactions politiques.
L’ambiguité de la conscience malheureuse demeure. L’hégélianisme est ambigu parce
que tantôt la conscience malheureuse c’est l’esprit tout entier, collectif, qui vit une
expérience qu’il ne peut pas éviter, et qui sera féconde, mais il ne le sait pas, tantôt la
conscience malheureuse est une attitude existentielle individuelle, à laquelle personne
n’a le droit de se dérober sous peine de tomber dans la tautologie du moi=moi.
III LA CONSCIENCE MALHEUREUSE

Victoire et repos de l’unité (p.177) Ce sera le savoir absolu


P.177 (a) Son caractère contingent et son caractère essentiel sont deux essences
séparées, et ces deux aspects sont vécues par elle comme inconciliables.
Hegélianisme = philosophie moniste, mais on ne peut jamais adhérer à un monisme
absolu, il y a chez Hegel le réel et le rationnel qui en sont deux faces. Inversément les
dualismes sont toujours obligés de chercher un principe d’unité. Chez Descartes :
Dieu
1) la solution peut être esthétique, peut être morale.
2) dire que ce sont des jeux d’idées, sur le plan intellectuel pas de solution, c’est le
plan de l’action qui importe.
3) ou expliquer ce que c’est que le savoir absolu
4) ou donner une solution heidegerienne. Voilà ce qui arrive comme impasses quand
la métaphysique veut se mouvoir dans la clarté des concepts. Philosopher c’est
s’ouvrir aux mystères de l’être. Solution de type irrationnaliste qu’on peut faire aussi
avec
5) Bergson (durée, vécu, intuition).
Heidegger dit : Hegel est vrai dans la mesure où la métaphysique est vrai.
La conscience qui vit la contradiction se blâme de la vivre (p.177 « elle même … se
place du côté de la conscience changeante…comme étant l’inessentiel »).

Monisme : conscience simple ou concept ou réflexion


¯ ¯
Dualisme : conscience inessentielle conscience essentielle
Hegel pense au peuple juif qui tire de son abattement dans le désert un Dieu tout-
puissant Javeh.
Engels : « un homme pauvre a un Dieu riche ».
Mais Hegel n’est pas religieux parce qu’il pense que c ‘est l’esprit humain qui crée
Dieu.
Nivaux du judaïsme : Dieu est tout, je ne suis rien ® attitude d’Abraham. Mais pour
Hegel il faut une synthèse entre la conscience de l’immuable et la conscience du
singulier. Ceci aboutit au Christ envisagé par Hegel comme une conciliation.
P.178 bas : naissance de l’existence singulière au sein de l’immuable et vice versa.
Critique de l’incarnation : n’est pas une véritable solution parce qu’ elle est située
dans l’espace et dans le temps. Dieu est apparu mais a disparu.
Problème : comment atteindre cet être qui n’est plus là pour la conscience croyante,
comment devenir lui ? Hegel décrit alors trois manières de viser la transcendance :
(1)ferveur (p.181)
(2)travail, praxis (p.184)
(3) se nier soi-même (p.188)
(1) La ferveur : « ne se comporte pas à l’égard de son objet comme pensante »
(p.182) « une pensée musicale qui ne parvient pas au concept » (p.193) Cette pensée
est supérieure au stoïcisme et au scepticisme. Paradoxal. Cette conscience fervente
réussit à être à la fois dans l’universel et dans le singulier :
-attachée à un Dieu profondément singulier (parce qu’ il a été homme) et
profondément universel parce qu’il est Dieu.
-elle-même vit sa singularité, ne la renie plus (¹ stoïcien), puisqu’ elle a une attitude
irrationnelle.
Donc son expérience est plus riche et plus complète que celle de la conscience
stoïque et de la conscience sceptique. Réunit des aspects contradictoires ® synthèse
beaucoup plus riche.
La philosophie de Hegel est moins intellectuelle qu’on ne le prétend.
Accord entre deux sensibilités de la nostalgie (p.183). Mais cette attitude n’est qu’une
étape.
La conscience malheureuse est une conscience divisée à l’intérieur d’elle même entre
l’essentiel et l’inessentiel et qui espère sans cesse s’emparer de l’essentiel et
supprimer sa propre division. « Le repos de l’unité ». La victoire n’est pas la saisie
d’une harmonie intérieure (comme chez Bergson au niveau de l’acte libre, moi
superficiel – moi profond = inspiration, durée, moi authentique qui se développe dans
un temps toujours renouvelé. Je suis dans le temps véritable chaque fois que je crée.
Acte libre est inspiré, sans raison, parfois contre toute raison. Le rôle de la volonté est
estompé, l’acte peut être volontaire, mais ce n’est pas une volonté qui délibère. C’est
un acte imprévisible, anhistorique. C’est l’acte où je me retrouve au fond de moi. Le
bergsonisme est une philosophie irrationnaliste : l’essentiel échappe à l’intelligence
logique, à la raison. Il est élan, force, avec toujours une certaine conception du temps
obscure et féconde. L’unité du sujet réside dans une certaine qualité de sa vie
intérieure,une forme d’inspiration. Mon moi profond communique souverainement
avec l’élan vital qui parcourt et anime la matière. Dans cet élan n’entre pas le
concept.)
Descartes : dans le cogito je me ressaisis d’abord dans une intuition simple, et pas si
simple du tout à la fois. Il manque les relations avec le monde. Solipsisme. Dieu est le
seul moyen de réconciliation. Je vais montrer que je suis en Dieu, et que le monde
aussi est dans l’orbite divine. Etre que je connais mais que je ne comprends pas.
Dieu a créé le monde et m’a créé ® je peux connaître et comprendre le monde.
Hegel ne veut pas du tout ce genre de solution parce que Dieu est encore un aspect de
l’esprit humain. Le repos de l’unité ce sera l’esprit au travail dans une histoire
compréhensible et projetant le temps pour se découvrir lui-même. L’obscurité est de
comprendre ce que Hegel met sous le mot « esprit » (comme de comparaison ce qu’il
y a sous le mot de substance.)
Chez Sartre la victoire et le repos de l’unité ne sont jamais atteints.
Hegel est le premier existentialiste avant l’existentialisme.
L’âme pieuse : il lui manque quelque chose ; son dialogue avec l’âme divine ne
passera pas par le concept. Il lui manque aussi la dimension de l’universel. Dans la
personne du Christ, ambiguité du surgissement historique et du Dieu universel. Il y a
déjà au niveau de ce dialogue des âmes une reconnaissance des consciences (p.183).
Cette âme fervente n’est pas satisfaite parce qu’elle fait une certaine expérience du
sépulchre du Christ qui devient le symbole de l’échec de cette attitude. Elle a compris
qu’elle ne pouvait pas saisir le Christ comme personne temporelle. Cherche
l’essentiel dans le sépulchre ; à travers les croisades elle va se saisir elle-même puis
en s’anéantissant deviendra raison.
P.185 : c’est cette fois la conscience au travail. Mais ne sait pas qu’elle a l’essentiel
au fond d’elle-même, que le sépulchre est en elle. Cette conscience est donc aliénée,
mais aliénation positive parce qu’ elle permet un progrès. Chez Marx négative : dans
toutes les sociétés à classes, l’homme n’est pas lui-même, mais il est aliéné. Dans la
société sans classe la véritable histoire des hommes va commencer. Plus l’homme
sera aliéné, plus le renversement se fera. Pire mène au mieux.
Chez Hegel l’aliénation est presque un devoir. Sinon tautologie vide du moi = moi.
La conscience part pour la croisade pour étreindre quelque chose de plus concret que
par la ferveur. Le comble serait la réunion de la ferveur et de la praxis. Cette
conscience essaye de se rendre solide elle-même par ce travail de la croisade.
Enrichissement et sanctification de soi. Mon départ et mon action me modifient
(dialectique).
L’univers lui-même prend un autre aspect. Au niveau du travail de l ‘esclave je ne le
respectais pas . Or ici l’univers du croisé est créé par Dieu et possède une sorte
d’éternité sainte en tant que création divine . Tous les existants singuliers sont en
rapport avec ce qui est immuable, éternel, universel. Non seulement personne du
Christ réalise synthèse essentiel-inessentiel, mais grâce à lui aussi, l’univers tout
entier n’est plus coupé de la transcendance. Le travail du croisé est très différent du
travail de l’esclave. Croisé conquiert son salut dans univers entièrement respectable.
Conséquence : le croisé parti avec l’idée de fortifier son moi par l’action s’aperçoit
que finalement c’est en oubliant complètement son moi qu’il le sauvera. Tout ce que
je peux faire pour me sauver c’est d’anéantir mon existence singulière devant
l’amplitude divine. Dieu est tout et je ne suis rien.
Le 3e terme (p 188) est une synthèse, mais dans laquelle l’un des termes disparaît.
Au niveau de la raison en tout homme il y a un certain oubli de soi, la raison voit les
choses sous l’angle du nécessaire, et d’une certaine éternité. Je suis obligé d’oublier
une partie de moi-même. La philosophie s’est toujours interrogée sur ce moi
singulier, contingent, qui sait qu’il doit mourir (Malraux) et sur cette faculté de
s’éléver au dessus de l’existence singulière vers des vérités. Mon moi raisonnable est
un peu aussi celui de tout le monde. Moi anonyme ou pure subjectivité ?
Hegel adopte cette idée à savoir que au niveau de la raison nous en sommes à un moi
qui est un nous, ou un nous qui est un moi. Il y a une sorte de dépossession de moi-
même. Il ne faut pas dire que cette raison n’est pas nous. Mais Hegel est parfaitement
conscient du fait quepour naître à la raison il faut mourir à soi.
Mais ce qui est très surprenant, c’est que ce passage soit obtenu par la religion, et par
le mystère de l’incarnation . Il faut en conclure que la raison elle-même est une forme
du sacré et qu’il y a une sainteté de la raison. La raison humaine est sainte parce qu’
on l’atteint par une sorte d’ascétisme.
On voit ici le tempérament de Hegel : extraordinaire qu’on aboutisse à une dimension
collective qui n’est même pas d’ordre affectif, et à une rationnalité. On aboutit à une
raison qui connaît et à une raison qui pose la loi morale. Le chapître suivant est une
réflexion sur la kantisme.

L’ESPRIT
Le monde kantien est un monde où la loi vient d’ailleurs, elle ne vient pas du monde
phénoménal. La raison n’appartient pas davantage à la nature. Raison et monde sont
séparés encore que dans l’acte de connnaître il y ait une collusion entre l’esprit et la
matière de la connaissance,et que dans l’acte moral je réalise la synthèse d’un moi
phénoménal et d’un moi nouménal. Quand je fais mon devoir mon action peut
s’expliquer sur deux plans :
-plan causal de la nature
-je suis absolument autonome et j’ai posé mon action librement par pur respect pour
la loi.
Ce que Hegel redoute par-dessus tout c’est cette coupure entre le monde et l’absolu.
En réfléchissant sur la raison kantienne il s’applique à montrer que cette séparation
phénomène-noumène ne se justifie pas (fin du 1er volume). Essaye de donner un
exemple historique concret d’un accord entre l’homme et son monde qui vienne
soutenir sa condamnation théorique de Kant. Veut montrer qu’il y a eu une époque où
les hommes n’ont pas vécu cette scission. C’est la belle totalité grecque.
Tous les allemands de cette époque ont été très influencés par la Grèce (cf Hölderlin,
camarade de classe de Hegel). Cette belle totalité grecque lui paraîtra imparfaite.
C’est quelque chose de donné, de non-lucide, elle n’est pas consciente de son propre
prix. La négativité y sommeille.
Le savoir absolu sera la belle totalité grecque plus la réflexion.
Il est normal qu’une critique du kantisme aboutisse à l’acceptation de l’historicité de
l’esprit. La raison kantienne corsetée dans ses catégories est encore substance, elle
permane à travers le temps. La raison kantienne est aussi morte que la raison
cartésienne. Ce mot doit se transformer dés lors que la raison est historique ® Hegel
emploie un autre mot : l’esprit.
A : L’ESPRIT VRAI – L’ORDRE ETHIQUE

La sittlichkeit est la morale produite par une époque, et qui ne brutalise pas le sujet
moral, mais le laisse en paix au sein de sa collectivité. On a accusé Hegel d’avoir
détruit tout fondement de la morale.
Au sein de cette sittlichkeit il y a une sorte d’unité entre les consciences et leur
monde, et c’est l’action m qui va réintroduire une espèce de division au sein de cette
unité.
L’esprit se divise lui-même et il y a une scission, mais intérieure, entre Créon et
Antigone p.ex. Cette scission est tragique, mais ne revêt pas le caractère éperdu de la
conscience malheureuse. En effet elle est opérée par l’esprit lui-même, ce n’est plus
quelque chose qu’il subit comme s’il était exclu de l’essentiel (p 15).
La famille – p 29 – est encore une figure de l’esprit. La femme = loi de l’ombre,
l’homme = loi du jour.
Il naît au sein de l’esprit un conflit entre l’homme et la femme, le conflit de Créon et
d’Antigone.
En outre pour Hegel la loi divine est fortifiée par le couple du frère et de la sœur.
Cette belle totalité grecque est condamnée par une scission de l’esprit lui-même.
L’esprit représente un passage historique. On arrive au 3 e terme : le savoir absolu,
synthèse entre historicité et anhistoricité.
Le 1er volume est le passage par l’histoire (grecque, monde romain, Aufklärung,
terreur). Le 3e mouvement est le chapître sur le savoir absolu.
Définition du savoir absolu p. 308. Savoir que je suis toujours à l’intérieur de la
pensée, quoi qu’il m’arrive. Il n’y a rien d’impensable. Grand optimisme hégelien. Il
n’y a plus de chose en soi du tout, il n’ y a plus d’inconnaissable.
Mais il ne faut pas croire que je ne pâtirai plus, mais je pourrai toujours finalement
tout penser.
Pourquoi faut-il que je découvre mes propres capacités ? Hegel essaye de justifier
cette obligation pour l’esprit de se découvrir à travers l’histoire.
Réponse p 304 : « dans l’expérience la substance du savoir est là plus tôt ». L’être est
là d’abord sans se savoir lui-même. Il y a un donné qui est à élucider. Il y a un
mystère à élucider (cf philosophie de Heidegger). Hegel part de là : la substance est là
avant la forme.
FIN

Vous aimerez peut-être aussi