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Hegel
Hegel
Ce cours a été donné au lycée Camille Sée à Paris dans les années 60. Il a été recopié
à partir des notes d’une élève par une élève de cette élève ( e-mail si vous avez besoin
d'aide).
Utiliser l’édition Aubier/ Philosophie de l’esprit pour les références.
HEGEL
L’existence de Hegel
Hegel s’est servi de sa vie pour son oeuvre. Au 17e et au 18 e siècles la vie et l’œuvre
étaient choses entièrement séparées. Il en est ainsi pour Kant qui a d’ailleurs eu une
vie extrêmement régulière. C’est à partir d’Hegel que la vie et l’œuvre sont dans une
espèce d’influence réciproque : la vie alimente l’œuvre et l’œuvre permet de vivre.
Mais la philosophie de Hegel est nourrie aussi par une réflexion constante et
passionnée sur les problèmes de son temps. Il fait un effort pour supporter son
époque. L’histoire sous sa forme personnelle aussi bien que collective joue un très
grand rôle. Hegel a intégré à son système tout le champs de l’expérience humaine. Il
avait l’ambition de toute philosophie : synthétiser l’expérience humaine. En France
Rousseau va faire de son existence le sujet de ses livres et de ses livres un soutien
pour exister. Ce va et vient entre l’œuvre et la vie nous le trouvons aussi chez
Chateaubriand. Mais aucun des deux autres n’est philosophe. Hegel est
exclusivement un philosophe qui prétend restituer sur le plan de la philosophie tous
les aspects de l’existence de l’homme, y compris les expériences les plus confuses et
les plus négatives, celles qui semblaient relever de la plainte ou du poème tragique.
La vie prend donc une très grande importance.
Ces expériences si profondément concrètes s’expriment dans un langage abstrait.
Hegel a élargi le domaine de réflexion de la philosophie. « La lecture de gazettes
étaient sa prière du matin. »
Hegel est né en 1770 à Stuttgart. Brillantes études. En 1770 deux influences se
mêlent : lumières de l’Aufklärung de Wolf et le ‘Sturm und Drang’ qui récusait la
philosophie froide de Wolf. Hegel entre au séminaire protestant de Tübingen pour
devenir pasteur. Il y rencontre Schelling et Hölderlin, poète qui a écrit ses poèmes
dans la folie. Schelling était un génie précoce et tumultueux qui est devenu le chef de
file des trois amis. Chacun apportait quelque chose. Hölderlin, son goût pour la
Grèce, pour l’harmonie entre nature et esprit, sa ‘Sehnsucht’ vers la Grèce. Schelling,
le refus d’une philosophie partant du cogito, le désir d’une synthèse de la nature et de
l’esprit. Hegel suivait les deux autres avec admiration.
Lettre de 1796 de Schelling à Hegel : ‘la poésie…redevient le pédagogue de
l’humanité’. Contre le rationalisme sec des philosophes du 18e. ‘Seule la poésie
survivra aux autres sciences et aux autres arts’.
Thème de la valeur unique de la poésie. Tentative pour lier poésie et philosophie par
l’intermédiaire de la création d’une nouvelle mythologie ‘au service des idées, au
service de la raison’. ‘Aussi longtemps que nous n’aurons pas transformé les idées en
oeuvres d’art, c’est à dire en mythes, elles n’auront aucun intérêt pour le peuple’.
La philosophie doit être à tout le monde, et pas seulement à une petite élite. Pour
redonner une âme au peuple, il faut une philosophie ; elle est pour le peuple, elle doit
être l’âme de la collectivité. Ce n’est pas une solution de salut individuel. Pour
qu’elle soit accessible au peuple, il faut que les idées deviennent des oeuvres d’art.
‘Les éclairés et les non-éclairés devront finalement se donner la main.’ Ce qui
annonce Marx. ‘La mythologie doit devenir philosophie…pour rendre les
philosophes présents dans le monde sensible.’ Il y a une possibilité d’épanouissement
individuel au sein de la collectivité. ‘Aucune force ne sera plus refoulée’, elle se situe
sur le plan de la pensée, pas du tout sur un plan social ou économique.
Idée fondamentale d’une nouvelle religion : Auguste Comte. Voulait recréer une
société organique, d’unité d’esprit et voulait pour ce faire une nouvelle religion de
l’humanité. Tous les réformateurs dits socialistes-utopistes éprouvaient le besoin de
s’organiser de façon quasi religieuse. Il faut une nouvelle doctrine aux peuples
ébranlés par les révolutions. Il n’est nullement question de transformer la raison.
C’est au sein de ce peuple que l’individu pourra donner sa mesure. Cette entreprise
sera la nouvelle religion.
Hegel n’a pas conservé tous les thèmes de Schelling, mais il ne les a pas vraiment
abandonnés.
En 1793 il devient précepteur et va d’abord à Berne où il écrit une vie de Jésus très
sèche (1795). L’année suivante il part pour Francfort. En 1800 il reste dans ‘la
malheureuse Francfort’ où il suit avec passion les évènements politiques. Il étudie la
constitution de l’état de Würtemberg et commence une sévère critique de
l’Allemagne bourgeoise. Il lit Machiavel avec sympathie en y voyant la ‘sainte
nécessité’ des philosophes : Kant, Fichte. Hölderlin ne donnait plus de ses nouvelles ;
il était chez une jeune femme qui lui a inspiré des poèmes ; très malheureux il
n’écrivait plus.
Hegel traverse une crise d’hypocondrie et tout en lisant énormément il est très
malheureux :’l’état de l’homme que l’époque a repoussé dans un monde intérieur ne
peut, quand il veut se maintenir dans celui-ci, être qu’une mort éternelle. Sa douleur
est unie à la conscience des limites qui lui font mépriser la vie telle qu’elle lui est
permise.’ Epoque d’incompréhension qui vous force à chercher votre pâture en vous-
même. (Novalis : goût de la mort). Idée qu’on peut souffrir métaphysiquement de son
époque (exprimée déjà dans Rousseau). Thème capital du marxisme - c’est la
conscience malheureuse. La vie ne peut être qu’une mort éternelle parce que la vie
intérieure ne suffit pas à alimenter une vie. Pour que l’esprit se développe il faut
qu’il accepte de devenir autre que lui-même, de vivre au sein du monde, de
participer au travail, aux techniques, qui sont apparemment autres que lui. L’esprit
doit accepter le contraire de lui-même, se perdre pour se trouver.
Pour cela Hegel sera obligé de construire une philosophie de la réconciliation de la
conscience et de ce qui semble être l’opposé de la conscience. C’est sa philosophie
qui fait sortir Hegel de sa crise. Préparation d’un livre de 1800 à 1807 qui montre la
conscience en face du monde et toutes les expériences de séparation et de malheur,
que l’on voit se transformer en expériences positives jusqu’au moment de cette
réconciliation définitive et totale, le savoir absolu.
La deuxième attitude dit qu’il n’y a pas de raison pour que le monde choque l’homme
puisque les deux sont réconciliés. Puisque tout est pensable, pourquoi laisser l’état de
choses tel qu’il est ? La religion ou la morale sans critique ? Pourquoi ne pas
transformer cette réalité qui ne peut pas s’opposer intellectuellement à nous ? ‘Tout
ce qui est rationnel est réel’. La pensée peut s’incarner dans le réel et l’histoire n’a
qu’à se plier aux injonctions de la pensée. Mais cette attitude active n’aurait pas été
possible si tout le travail théorique de Hegel n’avait pas été fait avant. Marx est le fils
infidèle de Hegel. Il se sert de l’optimisme hégélien. Il y a un rapport dialectique qui
est satisfait ou bien qui peut le devenir entre l’homme et le monde.
Caractère conquérant de marxisme. Chez Hegel les conflits se résolvent par les idées,
par une nouvelle synthèse intellectuelle. Mais les idées sont toujours accompagnées
par une attitude existentielle. C’est une solution intellectuelle, une solution de
professeur. La solution envisagée par Marx est la révolution. Il faut une
transformation des structures économiques. On ne peut pas procéder par réformisme.
Dans le système des luttes des classes dans laquelle nous sommes, les petites
réformes sont arrachées à la classe dirigeante, et ne sont pas assez importantes. La
réconciliation exige une transformation complète qui est destinée à créer un homme
nouveau réconcilié avec les autres hommes.
LA PHENOMENOLOGIE DE L’ESPRIT
La Phénoménologie avait d’abord été envisagée par Hegel comme une introduction à
un cours de philosophie, puis elle a pris de l’ampleur et a fini par se suffire à elle-
même.
La première partie n’est pas historique. Elle nous décrit les différentes attitudes
possibles de la conscience en face du monde. Mais les étapes ne sont pas tirées du
développement chronologique de l’histoire. Elle occupe le premier livre qui est le
plus important pour Hegel.
-conscience
-conscience de soi
-raison
Dans la deuxième partie Hegel suit le développement chronologique de l’histoire et
décrit les étapes de l’histoire de l’esprit.
-l’esprit (moralité)
-la religion (chapitre sur l’art)
-le savoir absolu.
L’ouvrage lui-même est une phénoménologie: science des phénomènes tel qu’ils nous
apparaissent. Science des phénomènes. Le mot « phénomène » n’a pas le même sens
que chez Kant ; ici c’est ce que vit ma conscience sans esprit critique, au sein d’une
certaine naïveté, au niveau de la sensation, de l’attitude religieuse…Husserl a créé le
mouvement phénoménologique en 1907. C’est une façon de philosopher, une
méthode qui consiste à décrire les phénomènes, c’est à dire l’expérience vécue dans
sa naïveté. On essaye de dégager l’essence de la perception, de l’imaginaire, de la
conscience. L’essence d’une chose est ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est. Dégager
l’essence d’une région comme disait Husserl.
Qu’est-ce qui différencie la tentative de Husserl de l’œuvre de Hegel ? La
phénoménologie de Husserl est une suite de descriptions qui forment une sorte de
mosaïque. Pas de mise en perspective véritable des différentes régions. La
phénoménologie se solde par un demi-échec pour n’avoir pas réussi à englober ses
découvertes dans un système.
Chez Hegel les étapes s’enchaînent, et chaque description appelle la synthèse
suivante. Quand il était jeune il avait pour but de décrire ‘la pure vie’ – mouvement
qu’il n’y a pas chez Husserl est l’ idée que tout se tient, intuition de la totalité. La
dialectique suppose thèse et anti-thèse. Ce qui manque à Husserl c’est la négativité
qui engendre un progrès. La Phénoménologie se présente comme une suite
d’acceptations, puis de reprises de soi jusqu’au savoir absolu. Jusque là la conscience
est malheureuse. C’est pour cela que sa phénoménologie est si vivante.
Pourquoi la Phénoménologie est une façon originale de philosopher ?
La philosophie de Kant est une philosophie de la critique, elle exclut la naïveté.
Tandis qu’ici il ne s’agit pas de critiquer mais de revivre l’expérience de la
conscience naïve telle qu’elle-même la vit. Le philosophe va chercher à élucider cette
expérience commune de la conscience qui est toujours vécue dans une certaine
obscurité. Souvent ce que nous sentons n’accède pas au langage, et le sens même de
nos conduites nous échappe en partie. C’est le philosophe qui décèle le sens véritable
de l’attitude religieuse des juifs p.ex. pour qui Dieu compense un extrême malheur.
Ces expériences sont pour nous des solutions provisoires. Elles sont absolument
nécessaires, ce sont des réconciliations de plus en plus parfaites avec ce qui n’est pas
nous.
Introduction, p.65 – critique de Kant : avant d’atteindre les choses telles qu’elles sont,
critique de la raison par laquelle on atteint l’absolu. Résumé des conclusions de Kant.
Mais Hegel réserve déjà l’idée de la morale. Hegel va vouloir montrer que nous
pourrons nous emparer de l’absolu. Altération par les catégories, l’espace et le temps.
Idée du milieu passif, plutôt espace et temps. (p.66) Pour faire la critique des moyens
de connaître je suis encore obligé de m’en servir. Kant aurait dit que l’esprit est
parfaitement apte à juger sa faculté de connaître qui est confirmée par les résultats
obtenus. Hegel, lui, se place sur un plan purement théorique. A supposer même que je
puisse extraire de l’acte de connaître l’apport de l’instrument, ceci ne me rapproche
toujours pas du contenu de la connaissance. L’absolu est déjà près de nous ; accord
entre l’esprit et son monde. La connaissance de l’instrument n’ajoutera ni n’enlèvera
rien. L’absolu au contraire change avec l’esprit qui le pense, il a une histoire, il est
vivant, il se développe. La substance est sujet.
Kant
On part de la totalité donnée naïvement. L’être même est tout à la fois. La substance
est vivante, elle est sujet, c’est à dire que l’être est vie. Au moment du savoir absolu
je retrouverai le premier accord entre l’être et le monde, ce que j’ai vécu dans
l’inconscience ou dans l’ignorance. En partant d’une critique kantienne on ne peut
jamais réconcilier la pensée et le réel.
Nous sentons déjà naïvement qu’il y a un accord entre nous et le monde. Pour arriver
à le savoir il faut en faire l’histoire. Le sujet découvre petit à petit ses propres
dimensions. L’objet va changer en même temps que le sujet va changer. Nous
croyons que l’expérience de la perception est la plus concrète, mais c’est en fait la
plus abstraite. A la fin de nos expériences nous serons au concret même.
C’est pour cela que Hegel dit que l’absolu change aussi. Le lieu vide est la chose en
soi, déduction faite de l’instrument. Poser le problème de la connaissance d’une façon
critique est une erreur. Il faut faire confiance à l’esprit.
P.66-67 : Hegel ne veut pas admettre de connaissance relative, de connaissance
critique.
P.67 : Critique de l’orgueil de la science et nécessité d’une phénoménologie. Vérité
scientifique est relative. Vérité de type phénoménale. Il va falloir définir absolu et
connaissance. Ce n’est pas parce que on fait une critique de Kant qu’on ne doit pas
tenir compte de la solution kantienne. Hegel commence par penser à Schelling qui
prétendait se placer tout de suite dans le savoir absolu. Ici Hegel parle de la
conscience commune. Il va falloir vivre les opérations naïves de la conscience et en
extraire la profondeur.
P.68 : tout a un sens, et les erreurs sont riches. Optimisme hégélien. Tout s’explique,
tout a une portée et une importance. Science signifie savoir. Si le savoir nie le savoir
non-philosophique, il est faux. Tout se tient et le savoir philosophique et le non-savoir
sont liés par un lien dialectique. Au lieu de faire une critique de ce non-savoir, je vais
le vivre jusqu’au moment où les contradictions vont me pousser plus loin.
Lien originel entre la connaissance de l’objet et la conscience. Il faut un pont.
Remarques de Platon dans le Ménon : comment puis-je apprendre quelque chose que
je ne connais pas du tout ? Comment puis-je m’emparer de l’être si j’en suis séparé ?
Il faut un lien originaire entre lui et moi, entre l’être et sa pensée, l’objet et son savoir.
Chez Platon c’est la réminiscence. Apprendre, c’est se souvenir, c’est réapprendre.
L’absolu est déjà près de nous. Aussi imparfaites que soient les ombres elles sont un
reflet du soleil. La doctrine est annoncée dans le Ménon pour la première fois.
Schelling part d’une sorte de savoir absolu : fusion du savoir et de la nature.
S’installe dans un résultat. Pour Hegel on ne peut partir que d’un accord naïf entre
l’homme et le monde. Il ne faut pas d’opposition dogmatique. Contre le savoir
s’élève le non-savoir. On ne peut pas imposer à la conscience commune une
réconciliation globale avec le monde.
Objet n’est pas seulement objet sensible, mais Gegenstand : transcendance, art,
religion, Dieu…
La science pourrait dire qu’il y a une partie d’elle-même dans la conscience
commune. Pour Platon quand nous voyons quelqu’un de beau, nous y voyons un
pressentiment de la beauté éternelle. De même dans le Timée Platon s’appuie sur le
sentiment d’une harmonie bienheureuse du cosmos.
Bas de la p. 68 : être = affirmation de fait.
Connaissance phénoménale chercherait ses arguments hors d’elle-même en
s’appuyant sur le non-savoir. Deux arguments contre Platon par ex.
Dialectique du phénomène pour découvrir le savoir, mais re-descente du savoir au
phénomène. Dialectique de travers.
Chez Hegel dialectique constante phénomène - noumène. Si je pars de la
connaissance phénoménale pour justifier la philosophique je tombe dans des
difficultés inextricables. Je vais partir de la conscience naïve telle qu’elle sait son
objet tout en ne le sachant pas, telle qu’elle vit son savoir.
Le premier savoir c’est la perception de l’objet. On part du savoir phénoménal (bas
p.68). L’ambition de Husserl est exactement la même. Le philosophe n’invente rien, il
ne fait que reprendre ce qui a été vécu : ‘ l’oiseau de Minerve ne prend son vol qu’à
la tombée de la nuit’. C’est un commentateur de l’évènement. Finalement il vit bien
ce que les autres vivent mal.
Une phénoménologie est également nécessaire à cause de la structure de la
conscience, qui est concept de savoir ou savoir non réel
Haut p.69 : ‘libre science’. Ce que je vais faire semble loin de la philosophie. Je suis
asservi aux phénomènes. Mais je m’achemine vers la philosophie. Idée romantique de
la purification. Mais limites car chez Hegel les aventures sont seulement
intellectuelles. Kierkegaard dit que tout rentre dans le système de Hegel sauf
l’existence. Les conflits entre la conscience et le monde st toujours résolus par des
solutions intellectuelles, changements d’attitude intellectuelles ¹ Marx. Chez Hegel
on change d’idéologie. Kierkegaard et Marx se retrouvent pour critiquer la solution
intellectuelle.
La conscience est ambition de savoir absolu. Kant nous montrait l’esprit toujours
anxieux de faire un système. L’esprit humain a besoin intellectuellement de Dieu.
Kant a fait le procès de cette attitude de totalisation.
La conscience ne sait pas ce qu’elle voudrait savoir, elle n’a qu’un savoir incomplet
ou savoir abstrait extrait du tout.
Caractère douloureux du trajet de la conscience.
Doute hégélien.
Doute cartésien.
Doute sceptique.
La conscience s’aperçoit que son savoir n’est pas complet. Déception qu’elle ne peut
pas éviter. ‘La conscience est pour elle-même son propre concept.’ (p.71). La nature
de l’esprit est profondément inquiète. Le héros gidien fait un effort constant pour en
rester là ; il faut qu’il trouve sans cesse de nouvelles sensations. Pour Hegel l’esprit
se dépasse sans cesse. Thème de la conscience malheureuse. Partout sauf au début et
à la fin. Au début : naïvement conciliée. Fin : réconciliée avec son concept.
Chez Sartre la conscience reste sur le mode du pour- soi. La conscience a conscience
d’être, elle s’apparaît à elle-même. Je me sens exister, recul virtuel devant moi-même.
Dédoublement de la conscience. Sartre a opposé cette manière d’être de la conscience
à la manière d’être des objets. Objets existent sur le mode de l’en-soi. Cette distance
qui existe dans toute conscience est une forme de malheur parce que je ne suis jamais
complètement ce que je suis .
Résultat : les choses me fascinent parce qu’elles ont cette plénitude que je ne peux
pas atteindre.
Absolu s’envole
Kant
voie critique
phénoménologie
absolu déjà là Schelling s’installe dans l’absolu. Solution
mais seulement en discutable, ne se fonde pas. La philosophie
partie ne se justifie pas
Savoir abs :
il est vie, phénomène : fantôme de l’abs, reflet
temporalité,
invention
A : CONSCIENCE
La certitude sensible
Sujets possibles : le langage – le sensible. La théorie de la forme inventée par des
allemands soutient que nous percevons toujours des figures sur un fond. La
perception n’est pas une mosaïque de sensations mais se donne comme un tout.
Ce chapitre n’est pas encore l’objet perçu, mais seulement la présence du sensible.
L’immédiat : il y a un immédiat : l’expérience brute et ineffable d’un monde extérieur
à la conscience. A partir du moment où je parle, où je suis sujet parlant, l’immédiat
est médiatisé par le langage. Le sujet temporel médiatise ce qu’il sent parce que il
subit le temps .
Immédiat c’est sans intermédiaire et c’est tout de suite.
Pour Bergson la 1ère activité de l’homme c’est l’outil, ce n’est pas le langage. Il n’a
jamais été contre l’expression, il a seulement dit qu’elle trahissait la vie spirituelle.
Préface à ce chapitre
1ère phrase : nous n’allons pas réfléchir sur un savoir élaboré. Nous n’allons pas partir
de la connaissance scientifique, ni même de la perception, objet constitué avec toutes
ses propriétés.
Opposition entre appréhension et conception. Nous faisons alors une 1 ère expérience,
celle de la richesse du monde qui nous entoure, infinie dans l ‘espace et dans le
temps. Dans l’Esthétique Transcendantale Kant explique que l’espace et le temps sont
des formes à priori de la sensibilité. J’ai l’intuition de grandeurs infinies données que
sont l’espace et le temps. Conclusion : comme dans l’expérience je ne vois jamais
que le fini, il faut que cette idée soit une idée de ma sensibilité, non tirée de
l’expérience.
Hegel ne tire pas de conclusion semblable. Ce qui l’intéresse c’est de décrire.
Kant dans les antinomies ® problème : y a t-il des atomes ou non ? Dialectique qui ne
peut trouver aucune solution.
Bachelard : atome = société mathématique cf La terre et les rêveries de la volonté.
Nous souhaitons entrer au cœur de la matière. Certains objets appellent l’imagination
de la matière .
Cette connaissance est aussi la plus vrai. Pas de négation encore en jeu, pas de
comparaison avec quelque chose. Je n’ai pas dit A n’ = pas non –A, j’ai dit A = A .
Pour Hegel c’est la négation qui enrichit. Cette certitude est la plus pauvre parce que
l’objet est seul. Un monde riche est un monde rempli de rapports . Quelqu’un de
cultivé s’ennuie rarement.
Pour Hegel l’être est abstrait. Rien n’est plus vague que l’être. Tout le possède. L’être
= Néant.
Certains contacts brutaux avec la nature nous plongent dans l’insatisfaction. On en
profite d’une façon sommaire, et il n’en reste rien. C’est tout de même un choix. Gide
n’aurait pas dit cela.
Pas de satisfaction pour Hegel quand ma conscience est seule. Je suis d’autant plus
que je fais partie de la collectivité. Donc l ‘objet est pauvre et le sujet aussi.
Merleau-Ponty part du corps que Hegel n’a pas vu. Le 1 er philosophe à avoir parlé de
l’importance du corps est Maine de Biran : l’expérience de la liberté est d’abord une
expérience musculaire. Hegel a négligé le cas où notre corps se fond dans l’univers,
qui ne font pas intervenir le concept. Possession douloureuse du monde chez Proust.
Respect de l’objet en Orient : façon de prendre contact : union du corps et de l’esprit.
En occident le corps est considéré comme une machine. Mais distinction de Merleau-
Ponty.
P. 82 développé :pas de processus
Deux manières pour un objet de s’enrichir :
-avoir des qualités
-être situé par rapport d’autres objets
rapport immédiat : aucune dialectique de moi à la chose
p. 82 bas : mais à côté de l’immédiat dialectique implicite, mouvement interne encore
endormi .
LA CERTITUDE SENSIBLE
L’immédiat comporte déjà la différence entre l’essence et l’exemple.
P.83 : majesté de l’objet, humilité de la conscience devant les choses. C’est l’attitude
naïve. C’est une attitude empiriste. L’esprit n’est rien, le monde extérieur est tout.
La conscience est conscience thétique ou positionnelle de l’objet et non thétique de
soi.
Hegel va montrer que c’est à l’intérieur même de cette visée de l’objet que surgit ma
déception. Je ne vais pas atteindre ce que je croyais atteindre.
P.83 bas : quand je définis l’objet je dis qu’il est ici et maintenant. Je ne peux dire que
cela parce qu’il ne s’agit pas encore de la perception.
Le maintenant a le caractère de l’avoir-été (84) Le maintenant passé est un
maintenant qui n’est plus, et son n’être- plus se définit par rapport au maintenant qui
n’est plus. Chaque terme n’existe que par la médiation de son contraire. Lien
dialectique.
Ce maintenant qui avait l’air d’être immédiat est médiatisé parce qu’il se définit par
rapport aux autres. Croyant dire le singulier on évoque tous les maintenant et on dit
l’universel.
Nous pensions arriver au singulier et à l’original, mais il n’en est rien. Nous croyons
que le langage appréhende l’originalité, au contraire tant qu’on ne parle pas on ne
passe pas à l’universel. La richesse vient du contact avec les autres, elle ne vient pas
de l’expérience brute.
Le langage nous tire sur un plan que nous ne pensions pas aborder en parlant.
Quand je dis "c’est" c’est comme si je disais rien, et dans la Grande Logique être et
néant seront identifiés.
C’est le langage qui est le vrai. p 84, postulat fondamental de la phénoménologie.
P 85 l’objet est devenu l’universel. En face de lui notre avis qui est reste singulier
pour nous. Maintenant nous allons nous intéresser au sujet. Même dialectique dans
Gide, l’eau est fraîche, puis c’est la soif du sujet qui est irremplaçable. En fin de
compte le sujet l’emporte.
$2 Le sujet
Deux points de vue qui se heurtent dés que surgit Autrui (86) Husserl Meditations
Cartésiennes. Ce qui est extraordinaire, c’est d’avoir un alter ego. Le surgissement
d’autrui chez Hegel ne se fait pas attendre. Prise au sérieux de l’existence d’autrui.
"Le moi n’est peut-être qu’une notation commode" Valéry
"je est un autre" Rimbaud
Mais notre corps-sujet nos fournit une individualité. Discutable p86 : quand je dis ce
moi, je dis tous les moi.
Objet universel et moi universel - Troisième étape ne peut être définitive. Ce
troisième aspect va aussi être fissuré par le négatif, et la certitude sensible va se
transformer en perception.
$3 Synthèse
Deux mouvements : d’abord la synthèse paraît accomplie, puis elle est sue fragile et
devient alors perception.
Immédiat et naiveté.
Transformation en médiation.
La certitude sensible se donne comme un tout qui se caractérise par le fait qu’il est
immédiat.
Nourritures terrestres: moment où le monde se donne comme un tout p.87
Mais ici la conscience semble s’être réfugiée dans le caractère immédiat de ses
sensations et ne plus pouvoir outrepasser le limite. Il va falloir introduire la réflexion
philosophique. Dialectique qui s’appuie sur la structure du temps et l’impossibilité de
saisir l’instant.
Hegel s’était intéressé au scepticisme, et préferait le scepticisme antique.
Héraclite : tout passe ; lorsque je désigne une chose elle n’est déjà plus ce que je
voulais dire.
Philosophes de Mégare ne parlaient plus!
Aussi le mouvement paraît peu de chose à côté de l’ordre du monde établi par la
science.
L’idée d’un temps fluide, non-structuré a été reprise par Bergson. Bergson fait un
esthétisme de la durée. Transformation quasi-esthétique des choses. Idée proche des
grecs.
Pour Hegel je peux vivre l’instant mais non pas le dire.
P.88 "n’est aucunement essence" là, essence est synonyme de l’être.
Pour Sartre mon passé est du pour-soi devenu en-soi. Il est figé, il est lourd. L’enfer
commence quand je ne peux plus éclairer mon passé par mon présent. cf Huis Clos
Ici il s’agit de montrer que l’immédiat en religion est toujours médiation.
Indiquer c’est faire l’expérience que le maintenant est universel et une synthèse. P.89
C’est le maintenant de l’immédiat qui est sauvé par le maintenant du langage. Cf
Bergson critique du langage. Le mot stabilise, universalise la mobilité. Pour Bergson
le mot nous empêche d’appréhender la mobilité des choses.
Même raisonnement pour l’ici. Ces idées annoncent le passage vers la perception.
Chose a de multiples qualités unies par une synthèse.
Tout est déjà en mouvement au niveau de notre certitude sensible.
Bas p.89 – haut p.90 : Quand le langage intervient, stabilisation . Perd l’immédiat de
l’objet et son originalité, l’immédiat du sujet et son originalité, et la fraîcheur de
l’instant . Mais obtient la stabilité de la chose.
Mais dans le phénomène de l’attention, la mobilité du temps disparaît.
Contestation sujet-objet dés le début de l’expérience .
Cela n’a aucun sens de parler des choses extérieures au point où nous en sommes. En
choisissant le langage, Hegel abandonne l’individu.
Aristote et Platon : on ne peut pas définir avec des mots l’individualité originale de
chaque chose. Platon dans Le Sophiste compare le philosphe à un cuisinier qui peut
dépécer une volaille en morceaux bien nets. Le philosophe classe les objets et sait
ainsi éclaircir leur nature. Mais il y a un moment où ces divisions s’arrêtent.
Principe d’individuation : ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est.
L’individualité de chacun reste en suspens.
Doctrine chrétienne : chaque chose et chaque homme reçoit une essence individuelle,
personnelle. Chez Leibniz il est impossible de saisir cette essence. Aux yeux de Dieu
tout est différent, aux nôtres pas .
Problème repris par Hegel et l’existentialisme.
Hegel : ici nous voyons que le langage n’est pas apte à saisir la singularité immédiate.
Ce singulier, cet immédiat n’ont pas d’intérêt. Expérience pauvre et l’homme doit
choisir le langage , donc la dialectique, l’universel. Je n’ai pas d’essence individuelle.
Sartre : pas d’essence ni pour l’homme, ni pour l’humanité, bien moins pour les
choses. Pour lui le point de départ c’est que je ne peux pas dire l’existence, je ne peux
que la subir. S’y ajoute l’idée du corps – sujet.
Sartre et Hegel disent la même chose, mais l’un valorise quelque chose que l’autre ne
valorise pas. Expérience existentielle est pauvre pour Hegel.
Sartre : ampleur de l’être-là .
Pour Sartre cette individualité s’entoure de désespoir, tandis que pour Hegel, cela n’a
pas d’intérêt. Ce qui est intéressant est ce qui vient après : la réflexion… Hegel
prétend retrouver la véritable existence par le concept. Expérience brute que l’esprit
ne peut pas traduire. Hegel passe et Sartre insiste.
Pour une philosophie comme celle de Bergson qui veut retrouver les choses dans leur
singularité, je ne peux pas le faire par la réflexion mais par l’intuition :
•je tourne autour quand je prends sur la chose des points de vue au moyen de
l’intelligence. Ce travail reste toujours superficiel. Les concepts sont des
vêtements de confection : ils seront toujours trop larges.
•L’intuition n’est pas un acte intellectuel, mais une coincidence quasi
sympathique .
Pour Hegel l’individu n’a pas d’importance, il est abstrait .
Dans l’acte de percevoir quelque chose demeure de la certitude sensible.
II :LA PERCEPTION
Maintenant l’objet est concept et nous le savons. Idée très audacieuse pour l’époque
que la physique des forces est autant une physique des idées qu’une physique
expérimentale. Il y a d’abord une idée, remplaçable par d’autres façons de se
représenter le réel. Plus la physique a progressé, plus l’analyse est abstraite. Le fond
des choses ce sont peut-être des nombres et des concepts, comme l’avait pensé déjà
Pythagore. Sur le plan des sciences on peut très bien être hégélien.
Deux physiques : une théorique, une expérimentale.
P 109 : toute force en appelle une autre contraire. Cet ensemble de forces donne à la
fois l’universel inconditionné, qui immédiatement appelle son contraire. Il ne faut pas
le prendre en soi, mais d’un seul coup en-soi et pour-soi. Quand la conscience aura
compris que cette force aperçue dans les choses est elle également, Hegel pourra dire
que « la nature, c’est de l’esprit caché », et le problème sera résolu en ce qui concerne
le monde extérieur. Il aura oublié un peu l’adversité quotidienne du monde, mais il le
reprendra pour montrer que le travail humain réduit l’opposition de la matière. On
passera alors au problème d’autrui. Ceci se retrouve chez Marx. Rien n’est
impossible, il n’y a pas d’obscurité, la science peut connaître le réel et l’esprit le
transformer. Le but de l’histoire n’est pas la lutte des classes, mais la transformation
de la nature.
L’objet est le concept stabilisé et le mouvement y est inclus de façon plus visible que
dans le cas de la perception. Deux poussées, une qui est celle de la force, et
dialectiquement son contraire.
« Le mouvement qui se présentait auparavant comme l’auto-destruction de concepts
contradictoires a donc ici la forme objective et est le mouvement de la force ». p 114
On aboutit à l’idée d’un intérieur des choses sous forme de lois immanentes du
phénomène, décelées sous l’apparence : « sous le visible compliqué, décèle
l’invisible simple » PERRIN
L’alchimie pense que les choses ont une âme, lutte difficile de la science contre ceci
pour un intérieur des choses comme lois des phénomènes. Cf Bachelard : il y a deux
intérieurs des choses : celui de l’alchimiste et du poète, celui de la science.
La force : milieu des matières déployées : toutes les propriétés de la chose reposent
dans la force qui est leur milieu. En face de toute force surgit une autre.
L’idée d’un intérieur des choses mène dangereusement à celle d’un monde supra-
sensible. Mais c’est une fausse coupure parce que phénomène et loi sont liés comme
essence et existence. Dans la physique moderne difficile de trouver le phénomène qui
correspond à la loi.
Loi = image calme du phénomène changeant. Jeu de force règlé renvoie à la loi d’où
2e intérieur des choses : le changement est englobé dans une loi stable, mais de
nouveau risque de croire que l’intérieur est plus profond que l’extérieur. Platon
abandonne cet extérieur, p.ex, il en reste aux idées.
La loi intègre la différence et sa perfection nous donne envie de ne plus nous
intéresser qu’à elle. Mais il va en quelque sorte redescendre dans la caverne, et
montrer que le monde sensible et le règne des lois c’est la même chose.
Idée d’infinité : inclut à la fois lois et phénomène. Platon nous montrait le philosophe
semblable au cuisinier, part de l’objet et essaye de le classer dans des idées de plus en
plus adaptées, mais il y a un moment d’arrêt, et où le concept me manque pour aller
plus en avant. On pouvait croire après le chapitre sur la certitude sensible chez Hegel
qu’on ne peut pas dire l’individualité absolue. Mais Hegel ne veut rien laisser, et
introduit un concept profondément romantique, le concept d’infinité.
L’infinité c’est la contradiction en mouvement entre la loi et le phénomène,
l’apparence et le sens de l’apparence. La mer est toujours elle-même, p ex, mais avec
des vagues. (p.135)
Ce concept est utile car si le fond des choses est infinité, c’est à dire diversité des
phénomènes et simplicité des lois, chacun renvoyant à l’autre, l’esprit ne fait
qu’accepter son propre mouvement qui consiste à aller de la multitude du perçu à la
profondeur des lois. C’est l’hypostase du mouvement de l’esprit lui-même.
L’infinité c’est ce qui permet d’englober la vie.
P 136, 2e § :
« Cette infinité si simple où le concept absolu doit être nommé l’essence simple de la
vie, l’âme du monde, le sang universel, qui omniprésent n’est ni troublé ni
interrompu dans son cours par aucune différence, qui est plutôt lui-même toutes les
différences, aussi bien que leur être-supprimé, il a des pulsations en lui-même sans se
mouvoir, il tremble dans ses profondeurs sans être inquièt. »
cf la mer
p 140, §2 :
à travers la loi, saisie du phénomène. « En fait l’entendement fait seulement
l’expérience de soi-même . »
Cet entendement est déjà entendement collectif. Phénomène = médiation entre
l’esprit et l’Esprit, entre moi savant et la loi intelligible. Joue un rôle beaucoup plus
grand qu’il ne semble d’où problème : ai-je le droit de le résorber dans l’infinité ?
Hegel le laisse en route (cf p 140) bien que son rôle soit fondamental. Philosophie
circulaire de Hegel, mais il faut bien rentrer par un bout. Où s’insérer ? au niv du
phénomène , bien que Hegel dit que l’infini est déjà là. Donc problème de la valeur
du commencement. Pour Fichte intuition fatale.
Danger du réalisme des idées à la manière platonicienne. Si je coupe loi et
phénomène, substantialisation de la loi. Mais si j’identifie loi et sujet connaissant, je
risque de manquer la valeur des lois, de noyer leur vérité dans mes certitudes. Plus
rien n’est vrai absolument ou tout est vrai . Dans le savoir absolu toutes les vaches
sont noires . Mais Hegel dirait que la différence subsiste au sein du savoir absolu, et
que l’esprit invente. Conscience de soi est celle qui sait que la nature est de l’esprit
caché. Perspective idéaliste. Absolu parce que l’objet c’est moi. Donc objet comme
adversaire vient de vues superficielles. Problème : est-ce que tout est construction de
l’esprit ?
Sartre : l’homme est la seule aventure qui arrive à l’être.
Bachelard : valeur épistémologique va du rationnel au réel.
Problème de la science : puis-je dire n’importe quoi ? nominalisme de Poincaré et
Duheim. Le concept de force pour Poincaré est une convention.
Débat dans les mathématiques : axiomatique de Hilbert. 1891 : les fondements des
mathématiques - au départ de toutes les géométries il y a des conventions arbitraires
qu’il faut dégager. Méta-géométrie :ensemble où viennent se ranger toutes les
géométries. Formalisme de Hilbert. Mais cependant ils partent d’une certaine
intuition de l’espace.
Sujets : formalisme et intuition.
Qu’est ce qu’un objet mathématique ?
Problème actuel de savoir s’il y a une structure du réel qui constituerait une sorte
d’objectivité. L’esprit ne se retrouve alors pas tout entier dans le réel, ce n’est plus un
idéalisme absolu. La science classique sauvait idéalisme et réalisme grâce à Dieu qui
a rendu le monde compréhensible. Kant laisse subsister la chose en soi. Son idéalisme
n’est pas absolu.
Chez Hegel en même temps que l’objectivité du monde extérieur disparaît le sujet
individuel. Problème : comment je saisis un monde de lois objectif ? Hegel montrera
que c’est une illusion. On ne peut pas être idéaliste tout de suite. L’idéalisme est le
résultat d’une expérience. On ne peut pas le prescrire dogmatiquement.
Sujet : qu’est-ce que l’idéalisme ? Montrer que c’est le résultat des expériences
d’opposition à l’objet, mais ce n’est qu’un résultat provisoire, il faut tenter d’y
intégrer un réalisme, passer de l’idéalisme abstrait à l’idéalisme concret.
B : LA CONSCIENCE DE SOI
I p. 145 : le concept absolu est celui qui enserre les différences. Ici le concept de ce
vrai … signifie conception qui disparaît .
Le savoir scientifique est conscience, donc conscience est à soi-même le vrai. La
vérité est intérieure à l’esprit.
Problème : qu’est-ce qui va être l’être-autre puisqu’il n’y a plus d’oppostion entre
l’objet et moi ? Ce sera autrui.
Le 1er être-autre est que mon savoir scientifique et moi ne sont pas tout à fait la même
chose, mais pas de contradiction .
Chez Kant les catégories sont la terre natale de la vérité. Chez Hegel c’est le
mouvement même de l’esprit qui suscite le vrai (p 146) L’objet non-pensé est
toujours concept, la chose en soi n’est qu’un cas limite qui ne se présente jamais.
Dans l’expérience nous pensons toujours, l’esprit est toujours au travail, et c’est ce
que Hegel a compris. Maintenant nous nous rendons compte que le vrai est œuvre de
l’esprit. Il s’agit toujours de l’esprit collectif, je peux faire une erreur individuelle ;
chaque découverte à chaque époque est le vrai.
Moi=moi est une idée fichtéenne, mais résultat de tout un travail de l’esprit .
La conscience ne se retrouve dans l’objet qu’au prix d’un effort, et d’une suite de
déceptions qui lui montre que l’esprit n’est pas aussi indépendant d’elle qu’elle ne
l’imaginait. Cette façon de prendre l’objet au sérieux, d’être en un sens fasciné par
l’objet, caractérise l’étape de la conscience.
La conscience de soi au contraire se retrouve dans l’objet ; elle sait même si par
moments elle l’oublie, que l’objet est sa propre réflexion à elle, c’est à dire qu’elle est
conscience de soi dans l’objet.
Passage de la conscience à la conscience de soi assuré par une vision scientifique des
choses :
-la force
-la loi
-l’infinité, c’est à dire le mouvement que recouvre chaque loi de la nature, et la
diversité de ces lois, auxquelles s’ajoute l’idée d’unité. L’infinité est plus que les lois,
c’est la vie même enserrée par des lois, et dont les lois sont les squelettes.
Pour Bergson aussi mouvant est essentiel, mais chez Hegel ce sont les concepts qui se
meuvent les uns par rapport aux autres, tout est idée, il y a une historique des idées,
tandis que chez Bergson le mouvant ne peut pas être pensé par l’intelligence. Il y a
pour Bergson deux univers : celui de l’intelligence, de la science, du concept , qui
découpe dans la durée des prises, des points fixes utiles à l’action pratique ; celui de
la durée où nous pénétrons uniquement par l’intelligence. Le mouvant est une
inventivité pure sans histoire. Le saint, l’homme libre, la vie biologique sont
inventeurs, et la science manque l’essentiel parce qu’ elle ne peut pas mettre en
formule l’invention.
Terre natale de la vérité : il y a vérité lorsque l’esprit comprend que le réel c’est lui.
Risque de tout idéalisme : qu’il n’y ait plus de vrai. Problème : le monde est-il
seulement mon délire, ou notre délire collectif ?
Mais je ne suis pas aussi libre que je l’imagine parce que ce contact avec l’objet de
ma conscience sensible, percevante, scientifique, je ne l’ai pas entièrement perdu.
Quelque chose est demeuré de mes expériences précédentes : la présence du monde
réel. Il faut cesser de considérer la conscience comme fermée sur elle-même. Dés le
début l’absolu est près de nous.
L’idéalisme est le résultat d’un processus, il n’est donc pas abandon de la réalité. Ce
n’est pas un délire car c’est à travers des expériences que je suis parvenu à dire que
l’esprit est actif dans la connaissance.
Chez Descartes c’est le sensible aussi qui mène au cogito, mais pour que le cogito
soit possible il fallait abandonner totalement le sensible.
Différence : marge où l’on s’outrepasse ;quand la conscience supprime cette
différence, elle n’est plus l’acte de s’outrepasser elle-même. Dés qu’elle oublie
qu’elle est intentionnelle (Husserl) la conscience devient tautologique.
Le phénomène existe encore en face de la conscience de soi (147) mais il n’est pas
grand chose. Le phénomène c’est en réalité l’apparition « du bout de l’oreille » d’une
loi.
Thème du désir : le phénomène qu’on avait escamoté à la fin de la perception. Pas de
fond des choses, c’est moi qui le fait, donc suppression du moyen terme qui
réapparaît maintenant. Pour supprimer l’objet il va falloir le consommer, le digérer.
II La vie
Début du § : l’objet boude. La vie est un déroulement temporel qui se trouve en face
de nous, et qui n’est pas tout à fait nous. Pulsation de la vie. Très romantique : voir la
vie partout.
L’objet conserve une certaine indépendence dans laquelle est inclus tout le travil
réflexif que j’ai opéré sur lui – chaque objet emprisonne l’esprit, la vie, le
mouvement sous son apparence stable.
Vérité de la certitude de soi-même signifie ce que la certitude de soi-même est
véritablement. Par un mouvement dialectique elle va s’apparaître d’une manière plus
profonde et cette manière est ce que Hegel appelle la vérité de la certitude de soi-
même.
La vérité de la conscience religieuse, c’est la conscience philosophique, dernière
étape du savoir, qui comprend que la transcendance est l’œuvre de la conscience elle-
même.
Chaque étape est la vérité de l’étape précédente : elle en dégage le sens. Sens
profond, immanent au vécu dans son obscurité. C’est toujours la philosophie qui dit
la vérité du vécu. Ce n’est pas quelque chose d’extérieur au monde comme chez
Platon les idées, mais le sens profond de l’expérience vécue. Cette vérité chez Hegel
est toujours postérieure à l’expérience. La conscience a besoin de l’absolu, l’absolu
doit être réveillé par la conscience comme la belle au bois dormant a besoin du
prince. Il faut qu’il n’y ait pas de postulat du départ (Fichte, Schelling, Descartes) . Il
ne faut pas une intuition fulgurante de départ.
Cette façon de distinguer certitude et vérité, et de rendre toujours la vérité postérieure
à la certitude comporte un grand danger pour le sujet individuel : je ne sais jamais ce
que je vis, la naïveté est toujours première.
Chez Marx ceci devient que je vis certains évènements, mais que je n’en dégage pas
le sens véritable . Donc le parti doit m’injecter une prise de conscience, d’où
problème des rapports entre le parti et mes propres désirs.
Conséquence : on peut être dans l’illusion totale du sens de son action.
Deuxiémement, on pourra me faire un procès parce que j’ai subjectivement crû servir
la révolution alors que objectivement mes erreurs ont servi la contre-révolution. D’où
condamnation et obligation de reconnaître que ma certitude n’était pas la vérité.
Troisièmement, la vérité n’appartient pas à celui qui la vit, mais soit à un groupe, ou à
un médécin ou à un philosophe.
La vérité n’est pas d’un groupe, mais on ne peut pas avoir raison seul absolument.
Merleau-Ponty : « la vérité exige trois termes : moi, les autres et le vrai ».
Chez Descartes tout homme est capable spontanément de distinguer la vérité. Danger
de ne pas donner une petite lumière naturelle à chaque homme, chez Hegel
problème :pourquoi certains en restent-ils au niveau de la première certitude ?
Si on n’admet pas que j’ai en moi le ressort de l’initiative, l’expérience d’une certaine
liberté, on dépossède l’homme de toute possibilité de salut, de connaissance .
Platon : deux modes d’accès aux idées :
-le maître – Socrate
-l’amour
mais Hegel soutient que ce sont les contradictions de la conscience qui amorcent le
processus philosphique, mais dans la mesure où il oppose la conscience naïve à la
conscience philosophique est-ce qu’il est aussi spectateur qu’il le dit, est-ce que la
conscience naïve peut sortir de sa naïveté sans que le philosophe intervienne ?
Hegel dit bien que l’oiseau de Minerve prend son vol à la tombée de la nuit, mais s’il
n’y a pas de philosophe est-ce que l’expérience restera inconsciente ? Chez Hegel il
n’y a pas de point de départ, le choc initial n’est pas décrit.
Certitude et vérité, au lieu de ne se rejoindre qu’au niveau du savoir absolu sont
ensemble dés le début. Le problème général est de savoir si je peux comprendre ce
que je vis moi-même ou s’il faut l’intervention d’un maître, du psychanalyste. Il faut
une complicité entre le réel et nous, une assurance, que la conscience individuelle
possède le fil d’Ariane.
Problème de la vérité comme prise de conscience ou comme certitude immédiate.
Une sorte de solution dans l’acte morale : je suis à la fois certain et dans le vrai.
Dans la Phénoménologie si grande opposition entre la conscience naturelle et le
philosophe, que nous nous demandons s’il n’y a pas une coupure entre la conscience
philosophique et la conscience naturelle. Pas de choc initial chez Hegel.
Problème de la vie du sage spinoziste ou de celui qui est arrivé au savoir absolu.
Quand je dis moi=moi (p.146) sans doute pour le philosophe est-ce un
appauvrissement, je me replie sur moi-même, c’est à dire que j’ai un moment
d’orgueil, où je me rends compte de mon importance. Si le monde est ma «
représentation » c’est moi qui porte le vrai, le monde n’est que phénoménal et la
vérité c’est « l’unité de la conscience de soi avec soi-même » (p.147)
Cet orgueil fait que la conscience devient désir.
C’est la dimension de la vie introduite dans le système qui fait de moi un moi qui
désire. L’infinité va devenir la vie. Hegel prend soudain conscience de la vie, mais
passage très obscur sur la conscience de l’homme.
Passage très peu clair p 147
La vie est une réflexion qui n’est pas consciente de soi. C’est une réflexion en soi .
« La nature est un artiste qui s’ignore » Aristote
L’instinct est utile, rationnel , l’animal « joue » sa réflexion, il n’en prend pas
conscience.
Ce qui est surprenant, c’est que le vivant soit ici entendu comme vivant biologique.
Le mouvement continue parce que l’unité acquise par la science est en même temps
acte de se repousser soi-même, elle se scinde et il y a face à face la conscience de soi
et la vie. Beaucoup de philosophes en son t restés à l’orgueilleux réalisme du
physicien. Pourquoi est-ce que ici le mouvement continue ?
Confluence en une seule notion de deux intuitions différentes : (1) la vie en tant que
mouvement biologique qui produit les individus et les résorbe en son sein, car la mort
est un aspect de la vie. Ce qui a fait dire à M. Kojève que toute la philosophie de
Hegel était orientée autour du problème de la disparition de la mort. La mort est
comprise dans la vie, et la croissance des enfants est la mort des parents. Intuition de
type cosmique. Même intuition chez Spinoza dans Deus sive natura : la substance
produit une infinité de choses en une infinité de modes.
Proposition XVI du 1er livre de l’Ethique : dans la notion de production, d’une
expansion de l’être, intuition vitaliste venant d’une source biologique. L’être se
définit d’une manière dynamique et non pas statique.
Chez Platon l’être est immobile, l’idée de bien aussi.
Au contraire des philosophies comme celles de Spinoza ou de Hegel introduisent le
mouvement dans l’être grâce à la vie qui a une sorte de productivité.
Ce qui est original chez les deux, c’est d’avoir superposé à cette intuition une
intelligibilité complète de cet élan.
(2) Idée de vie de l’esprit, c’est à dire mouvement qui va de la thèse à l’antithèse,
mouvement de la négativité, de la contradiction. Mais entre ces deux vies, il y a un
hiatus. La vie vivante nous paraît aveugle. Antinomie entre l’opacité de la vie vivante
et la clarté de la vie de l’esprit dans son caractère cartésien.
Chez Spinoza et Hegel, tentative pour réunir ces deux vies. Chez Spinoza ordre de la
vie biologique est aussi clair que le déroulement mathématique, mais nous ne nous en
apercevons que dans la connaissance du 3e genre qui nous fait comprendre que tout
ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel. Mais nous avons du
mal à saisir ce développement logique immanent.
Hegel sent beaucoup plus l’oppostion entre la vie biologique et la vie de l’esprit,
parce que il a un sens aigu de la contradiction (chez Spinoza tout est Dieu donc pas
de négativité). Chez Spinoza il n’y a pas de creux alors que chez Hegel la conscience
est un creux dans l’être. Aucune dialectique chez Spinoza, pas de milieu entre l’erreur
et la vérité. Il n’y a que des sauts du 1er genre au 2e, du 2e au 3e.
La mort n’est pas une véritable dialectique , elle est résorption dans quelque chose de
plus grand qu’elle, tandis que pour la vie de l’esprit, quand je dis le contraire de ce
que j’avais dit, c’est un tremplin vers un mieux.
Son problème est de prendre de la vie vivante tout ce qui peut entrer dans la vie de
l’esprit, et il laissera le caractère de morne répétition qui ne peut pas entrer dans la vie
de l’esprit qui , elle, progresse toujours. Un Bergson insisterait au contraire sur le
caractère inventif de la vie. Pour Hegel la vie n’a pas d’histoire. L’évolutionnisme n’a
pas encore été inventé. Apparition de l’individu, et disparition forment des figures
imparfaites de la thèse et de l’anti-thèse : mouvement de l’individu distinct à l’unité
de la vie, de l’unité à la diversité et de la diversité à l’unité. Mais il n’y a pas de
dialectique véritable de la vie.
Il faut que les oppositions aient un sens, et même si Hegel avait connu l’évolution,il
n’aurait pas changé et pensé pour autant que la vie fût histoire.
De même que la vie se scinde pour produire un animal particulier qui est un être-autre
par rapport à elle, l’absolu se scinde pour produire le sujet et l’objet. La différence est
que la conscience sait ces différences, tandis que la vie ne se sait pas comme
profusion d’espèces. La vie se contente d’être sans conscience de soi. La conscience
est consciente, et des différences, et de son unité (p.148)
La vie et la conscience paraissent totalament indépendantes l’une de l’autre. Pour
Brunschwicq un philosophe déraille dés qu’il tente de comprendre le vivant, et les
progrès de la philosophie sont liés à ceux des mathématiques.
Entre la conscience et son objet –ici la vie – il existe un cordon ombilical qui ne sera
jamais tranché, c’est la réflexion, et la vie n’est pas aussi indépendante de moi que je
le prétends. Elle l’est si peu que je la désire et que je peux la consommer. Le moi se
trouve devant la vie dans une fascination, prélude de toute dialectique.
Je vais manger la pomme pour essayer de réduire l’être-autre à moi. La conscience de
soi désire réduire la vie de sorte que le désir semble être lié à l’idée de la destruction
de l’objet. Très ambigü, car je détruis l’objet pour un mieux, pour un progrès. La
consommation de la pomme n’est pas la fin d’une étape, c’est le commencement
d’une nouvelle appropriation du monde.
Idée du temps : la vie c’est le temps.
P. 152 : seule la conscience peut penser la vie. Passage du moi = moi au moi = vie. La
conscience de soi souhaite absorber la profusion de la vie, supprimer son être-autre et
donc elle la désire. Dans la tradition classique, le désir est dépendance, et la
satisfaction de ce désir supprime cette dépendance. Ici au contraire il s’agit d’un désir
impérialiste, désir pour faire disparaître l’objet, impérialisme du moi. Le désir
hégélien n’a rien à voir avec les autres désirs. Chez Sartre la conscience est toujours
manque, chez Hegel elle est toujours manque aussi, mais elle est active. La
conscience malheureuse est active et ingénieuse.
Bas p.152 : on retombe à la conception classique. J’ai besoin de l’objet mais chez
Hegel j’en ai besoin pour en triompher.
P.153 : il faut que l’objet inclut en lui une certaine négativité (il faut donc que j’aie en
face de moi une autre conscience de soi) pour me libérer de lui. On passe de la
pomme à une autre conscience de soi. L’objet soit est trop loin de moi, soit je
l’anéantis quand il est matériel, et je n’ai plus son support ; il faut donc que je trouve
en face de moi quelque chose qui nourisse l’affirmation moi = moi, un objet
dépendant et indépendant, une autre conscience de soi.
Un objet me confirme très mal que je suis conscience de soi ; posséder des choses,
nous croyons que cela nous donne un moi = moi plus puissant, mais ce qu’il faut
c’est une autre conscience de soi qui donne de façon permanente la reconnaissance.
D’ailleurs en général on a des objets pour obtenir la reconnaissance des autres.
P. 154 : on aboutit à une totalité qui sera l’esprit. « Un moi qui est un nous et un nous
qui est un moi.
La reconnaissance des consciences n’est pas traîtée dans ses conséquences sociales et
politiques. Ceci est traité dans le 2e livre,dans le monde juridique.
Hegel très jeune avait déjà pensé à ces rapports d’un maître et d’un esclave à travers
des réflexions sur le judaïsme, et aussi dans des réflexions sur la loi kantienne qui est
le maître.
Il en a conservé l’idée d’une opposition qui est vécue comme insurmontable,
oppostion des contraires. Le peuple juif pose un Dieu fort qui est son contraire, et en
face duquel la conscience judaïque mesure son infinie misère. Préfiguration de la
conscience malheureuse, opposition entre l’absolu ou l’essentiel et l’inessentiel.
Hegel s’intéresse plus à l’esclave qu’au maître, parce que le maître n’amorce aucune
dialectique.
Le maître vient de braver la mort, donc il est maintenant la conscience qui est pour-
soi et non plus seulement le concept de cette conscience. (p.161) Il n’a pu prendre
conscience de soi qu’en dominant l’esclave.
L’esclave en resté au niveau du vivant.
Le maître est d’abord désir d’objets naturels,et d’autre part il est tourné vers cette
conscience de l’esclave qui elle aussi est définie par la choséité de même que dans la
vie nous désirons à la fois des choses et d’autres consciences de soi. (A la fin Hegel
oubliera la vie biologique). Le maître est conscience de soi par la médiation de (a) les
objets qu’il consomme (b)l’esclave qui est en face de lui.
L’esclave devient doublement médiateur (a) il l’est parce que s’il n’y avait pas eu la
peur de l’esclave je ne serais pas devenu le maître (b) parce que c’est lui qui me
procure les objets que je consomme.
Le maître se rapporte médiatement à l’esclave. Il dépend de l’esclave pour devenir
maître puis pour jouir des choses, et sa prise de conscience n’est qu’une étape, la
jouissance n’introduit pas une véritable dialectique, et c’est le sourd, le douloureux
travail de l’esclave qui amènera une véritable dialectique.
L’esclave : pour qu’il amorce la suite de la dialectique, il faut que pèse sur lui une
véritable terreur, la crainte de la mort qui est le « maître absolu » et qui fait que
l’esclave va finir par s’émanciper.
Dans le marxisme, plus ça va mal, plus l’avenir est en marche, car c’est à travers la
terreur de la mort que l’homme forge un autre monde. Grand optimisme car il existe
des oppressions qui n’amènent pas des lendemains chantantes. Force quasi
messianique de ces conceptions. Les communistes sont contre les réformes qui ne
changent rien à la structure, et ne font que retarder une transformation radicale.
Socialistes au contraire veulent procéder par de petites touches.
Problème : est-ce que l’on peut échapper à la dialectique du maître et de l’esclave ?
Individuellement, oui. Ce n’est pas ma psychologie individuelle qui vit cette
dialectique, elle est toujours à l’horizon, c’est un champs d’expérience possible.
Collectivement, non. Il y a une sorte de fatalité. Pour que l’histoire se développe il
faut qu’il y ait d’abord des esclaves et des maîtres.
Dans la vie c’est une dimension très fréquente dans nos rapports avec autrui.
Innocence y échappe, dans l’univers de Giraudoux p.ex.
Maître a trois difficultés :
-n’est comme il est que par l’esclave.
-l’esclave est médiateur entre le maître et l’être. Dans la cité d’Aristote tout le monde
travaille et le philosophe pense. Mais selon Hegel pour que ma pensée soit bonne, il
faut que je m’enfonce dans la substantialité des choses. Il faut que l’esprit s’aliène.
-maître cherche la reconnaissance : cherche l’apparition au-dessus du monde
biologique d’un monde humain. Cherche découverte d’une capacité infinie de
dépassement.
Le sens véritable et profond de ce qui se passe au niveau du maître a sa clé dans
l’esclave, et nous ne comprendrons bien ce qui se passe dans le cas du maître qu’en
explorant ce qui se passe chez l’esclave (p.163 bas) . Dialectique : explication d’une
chose par son contraire.
P164 : dans l’idée d’une certaine douleur nécessaire, Hegel n’a pas dépassé son
époque romantique. Danger de la politique du pire.
Pour Hegel la peur est une 1ère approximation vers la conscience de soi. Peur de la
mort a déjà commencé à détacher l’esclave de la vie. Angoisse absolue : l’esclave a
toujours peur que le maître ne le tue.
Le travail commence par la destruction : je commence par dissoudre ce qui est.
La peur de l’esclave n’est pas stérile ; obligation d’obéir au maître. Cette peur force à
travailler sur le monde naturel, à porter une main sacrilège sur la nature. L’esclave se
libère de la choséité. Ce travail est de la dissolution de la matière. (p.164) Ce
détachement d’abord vécu par l’esclave à l’intérieur de lui-même est maintenant vécu
à l’extérieur dans la praxis. L’esclave vit dans le monde du fait, d’une liberté absolue
à l’égard de la choséité. Cette attitude technique suppose un détachment du naturel.
La formation de l’objet et du sujet
Il faut rapprocher le travail de l’acte de consommer. Dans la consommation du maître
il manque un changement véritable du sujet. Si l’homme n’a pas des rapports
permanents avec le monde, sa subjectivité reste abstraite, son âme reste vide. Car
l’âme est vide et s’occuper exclusivement de consommation engendre l’ennui.
Sociétés capitalistes y poussent la femme, dans sociétés socialistes on croit à autre
chose.
Rapport au temps dans le travail (p.165) : l’homme du désir est l’homme de l’instant
(Dom Juan, Gide, Sagan). Dans le travail la temporalité est ressentie comme longue.
Je forme des objets permanents. Dans les sociétés primitives très peu de choses sont
permanentes (Lévy-Strauss, Tristes Tropiques). Il y a des peuples qui refusent la
permanence. Cf aussi le stade du dandysme chez Kierkegaard.
Ce que le travail apporte à l’esclave :
-contact avec le concret
-donne à l ‘esclave une certaine permanence intérieure. La conscience se reconnaît
dans l’objet permanent, et quelque chose de la permanence de cet objet passe en elle.
Donne une substantialité.
Dans le sport affrontement du concret, donne substantialité au sujet sans transformer
le monde .
Hegel dit que le travail détruit en même temps la peur de l’être-là naturel, puisque
celui-ci est transformé. Mais limite : je ne peux pas supprimer ma propre mort. Il
semble que le fait de transformer le monde me rende ma propre mort indifférente. Je
suis sauvé et éternel parce que j’ai transformé le monde.
Par le travail je crée un monde humain radicalement différent du monde naturel, et je
crée un moi humain différent du moi naturel. Donc la mort de ce moi est dépassée.
Esquisse de différents nivaux de liberté (p.166) : il y a une liberté en face d’un
secteur de l’expérience, c’est la liberté d’une conscience qui n’a pas chancelé.
Liberté absolue : liberté de l’esclave détaché de tout par la peur et le travail.
On aboutit à une griserie, un orgueil de la conscience de soi qui prend deux visages
(a) stoïcisme (b) scepticisme.
C’est la conscience de la conscience de soi. La conscience est chose qui pense. Chez
Spinoza elle est chose qui désire (conatus). Husserl : intentionnalité. Chez Merleau-
Ponty la conscience se saisit comme claire-obscure. Je suis mon être-au-monde. Fait
d’être son corps, je suis mes gestes, ma parole, dans tout ce que l’acte de parler a à la
fois de clair et d’obscur. Je suis une conscience-corps aux prises avec le monde. Cas
limite : le cogito cartésien, quand je coupe mes fils intentionnels avec le monde.
J’existe dans une certaine ambigüité d’où grande richesse du monde. Etre en pleine
clarté ce n’est plus vivre.
« jamais on ne contemple l’idée, ni la liberté face à face. » Sens et non-sens
(Cézanne)
L’expérience est surdéterminée, chaque expérience a plusieurs origines, plusieurs
raisons d’être, une seule explication n’est jamais juste.
Postulat fondamental de la morale stoïcienne: l’essentiel de l’homme est la pensée.
Pour Hegel la liberté est absolue, puisqu’il n’y a pas d’obscurité, mais on la trouve
par la réflexion, en comprenant que les obstacles auxquels on se heurte ne sont pas
des obstacles véritables. Mais problème du heurt entre le sujet individuel et l’histoire.
Ce qui est vrai et bon sera ce que je juge vrai et bon, même si objectivement c’est
faux et mauvais. Si je pense que la souffrance n’est pas un mal, elle cesse d’être un
mal. Ainsi suis-je toujours libre en face de ce qui est puisque c’est moi qui lui donne
son visage. L’impassibilitédans le stoicïsme n’était pas une fin en soi, elle était le
moyen pour nous de ne pas nous désaccorder avec ce cosmos profondément bon,
rationnel. Le sage est celui qui est en accord avec l’univers. Mais les modernes ont
isolé la morale du stoïcisme et ont oublié sa cosmologie. Hegel donne une
présentation moderne du stoïcisme.
Façon stoïcienne d’éliminer les difficultés par la pensée. Estompe tout relief bon ou
mauvais de l’évènement. Façon pour l’esclave de se rendre maître sans aucune
révolution ; c’est le « ça n’a pas d’importance ».
Reproche de Hegel : la liberté stoïcienne est refus de la vie (p.169). Elle est abstraite.
D’une certaine façon tout dépend de nous. Pas de distinction véritable entre ce qui
dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Danger du stoïcisme : retrait du monde,
orgueil du stoïcien, et « belle âme » romantique. Celui qui prétend ne pas souffrir se
dérobe au vécu.
L’être-là naturel est encore là, car la pensée ne peut pas dissoudre le réel du monde, et
de toute manière elle recevrait d’abord des évènements sans avoir agi sur eux.
La conscience stoïcienne a en elle le monde, mais telle qu’elle le pense, donc elle se
retrouve elle-même, en face d’elle même.
Deux façons de penser (p 170) :
Ou bien je pense de façon formelle. Peu importe le contenu. Ou alors le contenu de ce
que je pense modifie ma pensée.
Stoïcien : pure possession de la pensée. Mais manque le véritable concept ou pensée
nourrie de la sève des choses, dialectique, qui ne subit pas le donné mais l’enveloppe
réflexivement.
Scepticisme sera expérience limite.
LE SCEPTICISME
Réalise ce que le stoïcisme voulait réaliser sans y parvenir. Tout ce qui est est soumis
au doute. Le monde en est fluidifié, manifestation de la négativité de l’esprit. Pas une
attitude aussi sceptique que l’attitude stoïque.
Pourquoi Hegel soutient-il que dans le scepticisme la conscience atteint la «
négativité réelle » ?
Est-il exact de dire que le scepticisme représente la négativité réelle ?
La conscience a sans cesse posé en dehors d’elle quelque chose qu’elle considérait
comme essentielle en se posant elle-même devant cet essentiel comme l’inessentiel.
S’est humiliée de deux façons : 1) sur le plan ontologique, plan de l’être et de la
hiérarchie des êtres, la conscience a considéré que ce qui était en dehors d’elle était
bien plus qu’elle-même. 2) dit que la vérité est hors d’elle, et que elle-même n’a que
sa propre certitude.
Conscience naïve opère spontanément une scission :
L’ESPRIT
Le monde kantien est un monde où la loi vient d’ailleurs, elle ne vient pas du monde
phénoménal. La raison n’appartient pas davantage à la nature. Raison et monde sont
séparés encore que dans l’acte de connnaître il y ait une collusion entre l’esprit et la
matière de la connaissance,et que dans l’acte moral je réalise la synthèse d’un moi
phénoménal et d’un moi nouménal. Quand je fais mon devoir mon action peut
s’expliquer sur deux plans :
-plan causal de la nature
-je suis absolument autonome et j’ai posé mon action librement par pur respect pour
la loi.
Ce que Hegel redoute par-dessus tout c’est cette coupure entre le monde et l’absolu.
En réfléchissant sur la raison kantienne il s’applique à montrer que cette séparation
phénomène-noumène ne se justifie pas (fin du 1er volume). Essaye de donner un
exemple historique concret d’un accord entre l’homme et son monde qui vienne
soutenir sa condamnation théorique de Kant. Veut montrer qu’il y a eu une époque où
les hommes n’ont pas vécu cette scission. C’est la belle totalité grecque.
Tous les allemands de cette époque ont été très influencés par la Grèce (cf Hölderlin,
camarade de classe de Hegel). Cette belle totalité grecque lui paraîtra imparfaite.
C’est quelque chose de donné, de non-lucide, elle n’est pas consciente de son propre
prix. La négativité y sommeille.
Le savoir absolu sera la belle totalité grecque plus la réflexion.
Il est normal qu’une critique du kantisme aboutisse à l’acceptation de l’historicité de
l’esprit. La raison kantienne corsetée dans ses catégories est encore substance, elle
permane à travers le temps. La raison kantienne est aussi morte que la raison
cartésienne. Ce mot doit se transformer dés lors que la raison est historique ® Hegel
emploie un autre mot : l’esprit.
A : L’ESPRIT VRAI – L’ORDRE ETHIQUE
La sittlichkeit est la morale produite par une époque, et qui ne brutalise pas le sujet
moral, mais le laisse en paix au sein de sa collectivité. On a accusé Hegel d’avoir
détruit tout fondement de la morale.
Au sein de cette sittlichkeit il y a une sorte d’unité entre les consciences et leur
monde, et c’est l’action m qui va réintroduire une espèce de division au sein de cette
unité.
L’esprit se divise lui-même et il y a une scission, mais intérieure, entre Créon et
Antigone p.ex. Cette scission est tragique, mais ne revêt pas le caractère éperdu de la
conscience malheureuse. En effet elle est opérée par l’esprit lui-même, ce n’est plus
quelque chose qu’il subit comme s’il était exclu de l’essentiel (p 15).
La famille – p 29 – est encore une figure de l’esprit. La femme = loi de l’ombre,
l’homme = loi du jour.
Il naît au sein de l’esprit un conflit entre l’homme et la femme, le conflit de Créon et
d’Antigone.
En outre pour Hegel la loi divine est fortifiée par le couple du frère et de la sœur.
Cette belle totalité grecque est condamnée par une scission de l’esprit lui-même.
L’esprit représente un passage historique. On arrive au 3 e terme : le savoir absolu,
synthèse entre historicité et anhistoricité.
Le 1er volume est le passage par l’histoire (grecque, monde romain, Aufklärung,
terreur). Le 3e mouvement est le chapître sur le savoir absolu.
Définition du savoir absolu p. 308. Savoir que je suis toujours à l’intérieur de la
pensée, quoi qu’il m’arrive. Il n’y a rien d’impensable. Grand optimisme hégelien. Il
n’y a plus de chose en soi du tout, il n’ y a plus d’inconnaissable.
Mais il ne faut pas croire que je ne pâtirai plus, mais je pourrai toujours finalement
tout penser.
Pourquoi faut-il que je découvre mes propres capacités ? Hegel essaye de justifier
cette obligation pour l’esprit de se découvrir à travers l’histoire.
Réponse p 304 : « dans l’expérience la substance du savoir est là plus tôt ». L’être est
là d’abord sans se savoir lui-même. Il y a un donné qui est à élucider. Il y a un
mystère à élucider (cf philosophie de Heidegger). Hegel part de là : la substance est là
avant la forme.
FIN