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Mise en solution des matériaux

avant analyse
par Michel VERNET
Ingénieur de Recherche
Responsable du Laboratoire de Chimie au Centre de Recherches Pétrographiques
et Géochimiques (CRPG)
et Kuppusami GOVINDARAJU
Responsable du Laboratoire de Spectrochimie et de Géostandards au CRPG

1. Généralités.................................................................................................. PE 222 - 2
1.1 Analyse sur échantillons solides................................................................. — 2
1.2 Analyse sur solutions................................................................................... — 2
2. Qualité de l’environnement. Pureté des réactifs............................. — 3
2.1 Qualité de l'air............................................................................................... — 3
2.2 Qualité de l'eau............................................................................................. — 3
2.2.1 Récipients utilisés................................................................................ — 4
2.2.2 Réactifs ................................................................................................. — 4
3. Mise en solution par voie humide........................................................ — 4
3.1 Principaux acides utilisés............................................................................. — 4
3.1.1 Acide fluorhydrique............................................................................. — 4
3.1.2 Acide chlorhydrique ............................................................................ — 4
3.1.3 Acide nitrique....................................................................................... — 5
3.1.4 Acide perchlorique .............................................................................. — 5
3.1.5 Acide sulfurique................................................................................... — 5
3.2 Mise en solution des matériaux géologiques et autres matériaux
naturels.......................................................................................................... — 5
3.2.1 Mise en solution avec perte de silice par volatilisation ................... — 5
3.2.2 Mise en solution avec conservation de la silice dans la solution.... — 6
3.3 Mise en solution des matériaux élaborés .................................................. — 8
3.3.1 Analyse des métaux ferreux [5], [9] ................................................... — 8
3.3.2 Analyse des métaux cuivreux ............................................................ — 8
3.3.3 Analyse des alliages d'aluminium ..................................................... — 9
3.3.4 Analyse des alliages à base de nickel-cobalt .................................... — 9
3.3.5 Analyse des autres matrices métalliques.......................................... — 9
4. Mise en solution par voie sèche ........................................................... — 9
4.1 Fusion avec les borates et l’oxyde borique................................................ — 9
4.1.1 Métaborate et tétraborate de lithium................................................. — 9
4.1.2 Métaborate de strontium, borax et oxyde borique .......................... — 10
4.1.3 Minéraux résistants............................................................................. — 10
4.2 Fusion avec les carbonates alcalins............................................................ — 11
4.2.1 Carbonate de sodium et carbonate de potassium............................ — 11
4.2.2 Carbonate de sodium-potassium....................................................... — 11
4.3 Fusion avec les hydroxydes et peroxydes alcalins.................................... — 11
4.3.1 Fusion à l'hydroxyde de sodium........................................................ — 12
4.3.2 Fusion au peroxyde de sodium.......................................................... — 12
4.3.3 Attaque en bombe............................................................................... — 12
4.4 Mise en solution par frittage ....................................................................... — 12
4.4.1 Frittage avec le peroxyde de sodium................................................. — 12
4.4.2 Frittage avec le carbonate de sodium................................................ — 13
4.5 Autres fondants ............................................................................................ — 13
4.5.1 Hydrogénosulfates et disulfates alcalins........................................... — 13
4.5.2 Fluorures alcalins (KF, KHF2, NH4F) ................................................... — 13
4.5.3 Mélanges de fondants......................................................................... — 13
5. Conclusion .................................................................................................. — 13
Références bibliographiques .......................................................................... Doc. PE 222

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L e monde des matériaux est un vaste domaine qui s'accroît sans cesse avec
les « nouveaux matériaux » qui intéressent des secteurs aussi variés que
l'électronique, les transports, le bâtiment, la conquête spatiale ou les biomaté-
riaux. Leur caractérisation fait appel à de nombreuses techniques pour leur des-
cription et l'établissement de leurs propriétés. Une étape importante de la
description des matériaux est la détermination de la composition chimique. La
réalisation de cette analyse chimique, devenue très rapide avec les progrès de
l'instrumentation analytique, comporte un prétraitement de l'échantillon com-
prenant habituellement le broyage, l'homogénéisation et la mise en solution.
Cette dernière étape n'a pas bénéficié de progrès aussi spectaculaires que l'ana-
lyse chimique proprement dite. Elle a cependant son importance car elle permet
d'obtenir un milieu vraiment homogène compatible avec les méthodes analyti-
ques actuelles. Comme nous le verrons, des progrès très significatifs ont été
obtenus pour la rendre plus rapide, mais la variété des matériaux est telle que
cette étape est encore suffisamment complexe pour que certains essayent de
s'en affranchir.

1. Généralités Mais deux causes d’erreurs principales existent :


— le problème de la neutralisation de l'effet de matrice : une
façon de résoudre ce problème est d'utiliser comme étalons des
échantillons solides représentatifs de la matrice des échantillons à
1.1 Analyse sur échantillons solides analyser ;
— le problème de l'homogénéité de la poudre et de la représenta-
tivité de l'échantillon : le broyage doit être le plus fin possible pour
Les méthodes permettant de se soustraire à la mise en solution obtenir une granulométrie convenable et homogène. Mais cette
gagnent du terrain. Les plus anciennes sont la spectrométrie à arc opération peut être contrariée par les risques de contaminations.
ou à étincelle utilisée surtout pour l’analyse chimique des métaux.
D’autres méthodes comme l’activation neutronique ou la fluores-
cence X permettent également de travailler sur des échantillons
massifs ou sur poudre. La spectrométrie d’absorption atomique
1.2 Analyse sur solutions
(SAA) permet également des analyses sur poudres, soit en flamme
par différentes méthodes notamment la méthode de la tige filetée
Ces causes d’erreurs liées à l’analyse sur solide sont actuellement
[11], [12], soit plus récemment par atomisation électrothermique,
mieux résolues à partir d’une mise en solution préalable aussi bien
méthode très prometteuse. Des exemples sont donnés pour les
pour l’analyse des éléments majeurs que des éléments en traces. Il
matériaux géologiques et sidérurgiques, les échantillons biologi-
est plus facile en effet d’apporter les corrections nécessaires à partir
ques et les matières plastiques [1].
d’une solution (concentration, dilution, complexants, tampons, cor-
Une autre technique récente est l’échantillonnage par laser, ou recteurs, modificateurs, etc.) pour rendre une méthode spécifique et
l’ablation laser, couplé à ce nouvel appareil qui assemble deux tech- précise.
niques, un plasma à couplage inductif et un spectromètre de masse
C’est pourquoi les méthodes les plus utilisées actuellement dans
(ICP-MS). 66 éléments sont analysés simultanément, avec une
tous les domaines sont la SAA, l’ICP-AES (spectrométrie d’émission
grande sensibilité, dans des échantillons géologiques mélangés à
atomique dans un plasma à couplage inductif) et depuis peu l’ICP-
de la paraffine et pastillés [13]. Les échantillons métalliques comme
MS, sans oublier la SAM (spectrophotométrie d’absorption molécu-
des aciers faiblement alliés ou des alliages peuvent être volatilisés
laire). Toutes ces méthodes demandent une mise en solution préala-
directement, l’oxyde d’uranium est volatilisé après fusion au tétra-
ble de l’échantillon. Après l’échantillonnage, c’est une autre étape
borate de lithium [14].
importante de l’analyse chimique.
Il existe d’autres techniques encore comme les microsondes laser
On peut traiter de ce sujet en se basant uniquement sur la nature
[15] qui permettent l’analyse directe des surfaces et des solides, la
des matériaux (il semble cependant difficile de faire un recensement
microsonde électronique et la sonde ionique qui permettent de tra-
exhaustif) ou sur les propriétés oxydantes, neutres ou réductrices
vailler sur un échantillon massif après constitution d’une section
des réactifs [2]. Nous avons préféré choisir un plan intermédiaire qui
polie. Ces méthodes permettent l’analyse de quelques µm3 de
nous a semblé plus simple, la mise en solution soit par les acides,
matière et s’adressent surtout à des études particulières comme les
soit par les fondants, en essayant de montrer un certain progrès en
phénomènes de zonation, les inclusions, les études de surfaces,
parallèle avec les perfectionnements de l’appareillage.
l’analyse élémentaire, etc.
Un grand nombre d’exemples ont été choisis sur des matériaux
géologiques mais les méthodes sont transposables à d’autres maté-
Toutes ces méthodes sont intéressantes à plusieurs titres : riaux de même type.
— gain de temps évitant la mise en solution ; La mise en solution est une méthode destructive de l’échantillon
— réduction des risques de contaminations ou de pertes ; qui s’effectue le plus souvent en deux étapes car elle nécessite un
— possibilités pour certaines de travailler sur de petits échan- changement de milieu, d’abord la désagrégation proprement dite de
tillons, quelques mg de matières suffisent. l’échantillon, appelée encore l’attaque, qui demande un milieu très
agressif, ensuite la reprise ou solubilisation du résidu d’attaque qui
permet d’obtenir un milieu compatible avec l’appareillage et les

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méthodes analytiques. L’attaque peut s’effectuer soit par des acides, Mais pour la détermination des éléments à un niveau inférieur ou
soit par des fondants. égal au µg/kg avec des méthodes comme la SAAE (spectrométrie
d’absorption atomique électrothermique), l’ICP-MS ou la spectro-
■ L'attaque par des acides, appelée encore mise en solution par métrie de masse, l’environnement doit être rigoureusement con-
voie humide, est utilisée de préférence pour les matériaux solubles trôlé. On conseille alors le laboratoire propre ou la salle blanche. Ce
dans les acides. L’utilisation d’acides forts concentrés et à chaud est sont des lieux où sont connus et maîtrisés tous les paramètres agis-
le processus le plus général, de même que l’utilisation combinée sant sur la contamination de l’activité [16]. Pour atteindre cet objec-
d’agents acides concentrés et oxydants divers pour les minéralisa- tif, voici les principales normes à mettre en œuvre :
tions par voie humide de matériaux contenant des produits organi-
ques. Les reprises s’effectuent soit par des acides dilués à partir du — d'abord création d'un espace clos par mise en place d'un dis-
résidu sec, soit par simple dilution dans l’eau avant les dosages. positif d'air neuf filtré et climatisé de façon à maintenir dans le labo-
ratoire une légère surpression tout en compensant les dispositifs
■ L'attaque par des fondants, appelée encore la mise en solution d'extraction ;
par voie sèche, a d’abord été utilisée pour les matériaux quasiment — élimination des pièges à poussières en mettant en place des
insolubles dans les acides. Mais avec l’avènement des méthodes surfaces lisses pour les sols et les murs et en recouvrant les surfaces
comme la SAA, l’ICP-AES et l’ICP-MS, la fusion avec les borates poreuses de peintures brillantes à basse teneur en plomb ;
alcalins a tendance à se généraliser. Les fondants permettent de — élimination autant que possible des équipements métalliques
transformer l’échantillon en un produit soluble soit dans l’eau, soit en leur substituant des équivalents en plastique (par exemple : clen-
dans un acide dilué. che de porte, armoire métallique, robinets d'eau) ;
Cette opération ne s’effectue pas sans risques. Il peut se produire — suppression des contaminations par les analystes par utilisa-
soit des gains par contamination, soit des pertes. Ces phénomènes tion de vêtements de protection ;
seront examinés en commençant par les problèmes de contamina- — utilisation de hottes d'aspiration appropriées pour toutes les
tion. opérations dégageant des poussières ou des vapeurs.
Ces salles blanches font l’objet d’un classement issu des normes
américaines et françaises qui détermine leur seuil d’empoussière-
ment (classe 10, 100, …, 100 000). Un laboratoire de classe 100 doit
2. Qualité de avoir moins de 100 particules de 0,5 µm de diamètre par pied cube
d’air (1 ft3 ≈ 28 × 103 cm3).
l’environnement. Pour assurer la maintenance de ces salles, il existe des procédés
Pureté des réactifs de nettoyage, des vêtements spéciaux en tissu 100 % polyester et
des compteurs de particules pour mesurer les niveaux de contami-
nation et caractériser ainsi une salle blanche. Des domaines de plus
en plus nombreux sont concernés par l’utilisation impérative de
Lors des mises en solution des matériaux, les contaminations salle blanche où les contaminations particulaires, chimiques ou bio-
peuvent être apportées essentiellement par l’air, l’eau, les récipients logiques doivent être rigoureusement contrôlées : le secteur hospi-
utilisés et les réactifs. Elles peuvent être des causes d’erreurs dans talier, l’industrie pharmaceutique, l’industrie agroalimentaire,
la justesse des résultats et, par élévation de la valeur du blanc, dimi- l’électronique, l’informatique, la micromécanique, les laboratoires
nuer les limites de détection dans les déterminations des éléments d’analyses utilisant des techniques de pointe à haute sensibilité, etc.
en traces. Aujourd’hui, différents moyens sont disponibles pour se
mettre à l’abri des contaminations.

2.2 Qualité de l'eau


2.1 Qualité de l'air
On observe un certain parallélisme entre la prise de conscience
des problèmes de contamination et les progrès techniques des
L’air ambiant des laboratoires est surtout contaminé par des pous- appareils permettant d’abaisser les limites de détection.
sières et des gaz comme HCl, H2O, CO2, NH3. On a déterminé que les
particules les plus dangereuses pour le blanc d’analyse sont celles Dans les années 1950 où se pratiquait essentiellement la détermi-
dont les diamètres se situent entre 0,1 et 10 µm. Celles inférieures à nation des éléments majeurs et mineurs soit par les méthodes de la
0,1 µm sont peu importantes en masse et n’augmentent pas le blanc chimie analytique classique, soit par les méthodes physiques
de façon appréciable. Les particules supérieures à 10 µm sont faciles comme la spectrographie, un essai à blanc était effectué et sa valeur
à filtrer et restent moins facilement en suspension dans l’air [3]. On retranchée de la lecture donnée. Les blancs dans une certaine
a déterminé aussi les compositions chimiques de ces particules. Cel- mesure étaient faibles car les sensibilités des appareils étaient éga-
les du secteur urbain proviennent en partie de l’échappement des lement faibles. L’eau utilisée était simplement distillée.
automobiles et contiennent du plomb. En milieu rural, ce sont plutôt Dans les années 1960, avec les progrès de l’appareillage et l’arri-
des matériaux siliceux, toutes les variantes sont observées suivant vée de la SAA qui permettait d’atteindre le niveau du ppm, c’est
les saisons et les conditions atmosphériques. l’eau déminéralisée qui a permis d’abaisser les valeurs des blancs.
Des moyens plus ou moins coûteux sont à la disposition des chi- Actuellement, avec des méthodes comme la SAAE, l’ICP-MS, la
mistes pour se garantir contre ces contaminations. Pour les mises chromatographie ionique, on préconise l’utilisation d’une eau ayant
en solution avec des acides, on peut utiliser des récipients fermés, une résistivité de 18 MΩ · cm.
différents systèmes de hottes d’aspiration équipés de filtres, des Des appareils relativement peu onéreux, par combinaison de plu-
hottes à flux laminaires, des boîtes à gants à atmosphère contrôlée, sieurs technologies : osmose inverse, déminéralisation, microfiltra-
etc. Pour des attaques par voie sèche, l’utilisation de fours différents tion, photo-oxydation, permettent de produire une eau de grande
(par exemple pour Na2CO3 et pour LiBO2) est conseillée. Des salles qualité contenant des traces d’éléments à un niveau 10 ou 100 fois
peuvent être réservées uniquement à certaines déterminations inférieur au µg/L.
comme celles des halogénures Cl, Br, I, dans une salle rigoureuse-
ment exempte de HCl. En utilisant ces différents moyens judicieuse-
ment, on peut déjà limiter beaucoup les risques de contamination.

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2.2.1 Récipients utilisés purifications dans le laboratoire. Mais ce sont toujours des opéra-
tions délicates qu’il faut entreprendre dans des locaux propres avec
Les risques de contamination sont plus importants au moment de un appareillage spécial et souvent coûteux (silice, Téflon) [3], [17].
l’attaque que pendant la reprise à cause de l’emploi en général d’aci-
des concentrés et de fondants purs. Ces risques peuvent être dimi-
nués en utilisant de préférence des récipients en plastique, reconnus
pour apporter les contaminations les plus faibles. 3. Mise en solution par voie
Le Téflon, un fluorocarbone, est très utilisé pour les attaques à
des températures voisines de 200 oC. Il en existe différentes varié-
humide
tés, le PTFE (polytétrafluoroéthylène), le PFA (perfluoroalkoxy), le
FEP (fluoroéthylènepropylène), chimiquement inertes ; ils sont sta-
Devant la grande variété des matériaux et bien souvent la com-
bles de – 270 oC à + 260 oC pour le PTFE et le PFA, et jusqu’à 205 oC
plexité de leur composition chimique, la mise en solution par voie
pour le FEP. Le PFA et le FEP sont translucides et le PTFE est blanc
humide, c’est-à-dire avec des acides, est une technique indispensa-
opaque.
ble pour le traitement d’un grand nombre de problèmes particuliers
Pour les températures voisines de 100 oC, d’autres plastiques, les en chimie analytique.
hydrocarbones, sont moins onéreux que le Téflon, comme le poly-
Elle permet en effet :
propylène qui résiste jusqu’à une température de 125 oC et, mieux,
le polyméthylpentène qui tient jusqu’à 175 oC. On les trouve sous — de conserver ou non la silice dans les solutions ;
forme de bécher ou de flacon droit avec couvercle. — d'effectuer des attaques neutres, c'est-à-dire ni oxydantes ni
réductrices, pour déterminer les différents états de valence de cer-
Si des récipients en verre doivent être utilisés, il faut savoir qu’un tains éléments comme le fer ;
certain nombre d’éléments comme Si ou Na sont susceptibles d’être — d'effectuer des minéralisations oxydantes ou non, en milieu
dissous en quantités appréciables [2]. L’utilisation de récipients en ouvert ou fermé, en étuve ou en four à micro-ondes, pour détruire
quartz permet d’abaisser les blancs pour un grand nombre d’élé- les matières organiques,
ments. Le quartz vient en deuxième position après le Téflon pour — d'effectuer des attaques complètes ou des dissolutions partiel-
ses faibles risques de contamination. les ou sélectives pour la détermination d'un élément, d'une espèce
Le platine peut également être utilisé lors de l’attaque acide mais minéralogique ou des différentes formes physico-chimiques d'un
le plus souvent on l’utilise pour les fusions à haute température avec élément. Dans une spécialité récente, la spéciation dans les phases
les carbonates ou les borates alcalins. Avec ces derniers, on préco- solides (particules, sédiments), on pratique des attaques acides
nise un alliage Pt-Au non mouillant qui se déforme moins. On utilise ménagées, des attaques réductrices, des attaques oxydantes, etc.
également des creusets de carbone vitreux, de nickel, d’argent ou de [18].
zirconium pour les fusions à l’hydroxyde de sodium ou au peroxyde
de sodium.
Pour les reprises des attaques avec des acides dilués, les princi-
paux récipients utilisés sont les verres borosilicatés, et tous les réci-
3.1 Principaux acides utilisés
pients en plastique pour les reprises aussi bien acides que basiques,
le plus souvent des béchers ou des flacons droits avec couvercle en
Ce sont des acides forts tels que les acides chlorhydrique, nitri-
polyméthylpentène ; pour les reprises à froid, des flacons droits
que, sulfurique, perchlorique et un acide faible, l’acide fluorhydri-
avec couvercle, moins coûteux en polystyrène, conviennent égale-
que.
ment.
Les risques de contamination augmentent si des contacts prolon-
gés dans les récipients ont lieu soit après les mises en solution, soit 3.1.1 Acide fluorhydrique
lors du stockage des solutions. Les risques augmentent également
avec la pression et la température pour les mises en solution en réci- L’acide fluorhydrique HF présente deux avantages intéressants ; il
pients fermés. Pour limiter ces risques, un nettoyage rigoureux est a la propriété de dissoudre facilement la silice SiO2 pour donner
conseillé soit avec un lave-vaisselle qui rince à l’acide et à l’eau l’acide hexafluorosilicique H2SiF6 soluble en solution acide et il per-
déminéralisée, soit par des traitements aux acides à chaud suivis de met d’enlever la silice des solutions par volatilisation sous forme de
rinçages à l’eau déminéralisée. SiF4. C’est le seul acide qui permet de dissoudre facilement la plu-
part des matériaux silicatés. HF pourrait être utilisé seul mais deux
raisons principales limitent cette utilisation, d’abord certains de ses
2.2.2 Réactifs sels comme ceux de Mg et de Ca sont peu solubles en milieu HF et
ensuite c’est l’acide le plus dangereux de ceux déjà cités non seule-
Les réactifs du commerce sont maintenant d’excellente qualité et ment pour la verrerie, mais surtout pour les analystes. C’est pour-
les blancs qu’ils apportent sont souvent faibles. Les acides de qua- quoi HF est habituellement mélangé avec d'autres acides.
lité « pour analyse » sont vendus avec la liste des principales impu-
HF est disponible en solution à 40 et 48 %, de densités respectives
retés dont les teneurs sont souvent inférieures ou égales au ppm.
1,13 et 1,16 et de normalités environ 23 et 28 N. HF forme un azéo-
Pour l’analyse des éléments en traces, si les réactifs précédents trope avec l’eau qui contient 38,3 % de HF et qui bout à 112 oC. Avec
ne suffisent pas, on trouve des réactifs de haute pureté de qualité SiF4, d’autres fluorures peuvent être perdus par volatilisation
« ultrapur, suprapur ou specpur », dans lesquels les teneurs des comme ceux de B, As(III), Ge, Sb(III).
impuretés sont souvent inférieures au µg/kg (10–3 ppm).
La qualité des fondants s’est également beaucoup améliorée.
Dans la qualité « pour analyse », le carbonate de sodium est mainte- 3.1.2 Acide chlorhydrique
nant livré avec une garantie de pureté de 99,8 % au minimum. Le
métaborate de lithium est vendu avec un niveau d’impuretés métal- L’acide chlorhydrique HCl est disponible en solution à 32 et 37 %,
liques totales ne dépassant pas 10 ppm ; il est cependant souvent de densités et normalités respectives de 1,16 et 1,19, 10 et 12 N. Il
contaminé avec du lanthane. forme un mélange azéotropique avec l’eau d’environ 6 N qui bout à
Si ces niveaux de pureté sont insuffisants, si les niveaux des 110 oC. De nombreux chlorures sont solubles sauf ceux de Pb(II),
blancs sont trop importants, il est toujours possible d’effectuer des Tl(I), Cu(I), Ag(I), Hg(I). HCl est rarement utilisé seul pour les mises

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en solution, hormis dans des cas particuliers comme par exemple En vue de la détermination des éléments minéraux, les matériaux
en solution diluée à l’ébullition pour la mise en solution des carbo- contenant des produits organiques doivent le plus souvent subir un
nates lors de la distinction des carbones libres ou organiques des traitement préalable permettant la destruction de ces produits :
carbones minéraux. Il est par contre très utilisé pour la reprise des — soit par calcination à l'air vers 500 oC avant la solubilisation
attaques car c’est le milieu acide généralement préféré actuellement acide : ce traitement est habituellement suffisant pour assurer la
à cause des techniques de flamme, les effets des interférences étant destruction complète de la matière organique en réduisant les dan-
plus faibles qu’avec l’acide sulfurique ou nitrique. Il faut signaler gers de pertes de la plupart des éléments par volatilisation ; cepen-
que les chlorures de Ge, Hg, Sb(III), As(III) et Sn(IV) peuvent être per- dant, certains comme les halogènes, As, Hg, S, peuvent être
dus par volatilisation. perdus ;
— soit par minéralisation par voie humide avec utilisation combi-
née d'agents acides et oxydants dont les plus courants sont les aci-
3.1.3 Acide nitrique des sulfurique, nitrique, perchlorique, l'eau oxygénée et le
permanganate de potassium [1], [4]. Cette minéralisation peut se
L’acide nitrique HNO3 est habituellement disponible en solution à faire en milieu ouvert ou fermé et actuellement la minéralisation par
68 %, de densité 1,41 et de normalité environ 15 N. C’est à peu près chauffage aux micro-ondes progresse car elle permet d'effectuer
le mélange azéotropique qui bout à 120 oC. La plupart des nitrates des mises en solution beaucoup plus rapidement sans pertes d'élé-
sont solubles. L’acide nitrique est d’abord un oxydant. Il est très uti- ments par volatilisation aussi bien en milieu ouvert que fermé.
lisé pour la mise en solution des sulfures et arséniures y compris la
pyrite, pour la mise en solution de la plupart des métaux et pour
l’oxydation des matières organiques. Le mélange HNO3–HCl dans 3.2.1 Mise en solution avec perte de silice par
un rapport 1 : 3 est appelé eau régale et présente des applications volatilisation
spécifiques dans la dissolution de l’or et des éléments du groupe du
platine. La mise en solution avec perte de silice présente des avantages
importants :
— les solutions sont moins chargées en sels car une grande par-
3.1.4 Acide perchlorique
tie des acides utilisés et la silice ont disparu par évaporation ; cela
est très avantageux pour la SAA ou l'ICP-AES ; de plus l'absence de
L’acide perchlorique HClO4, le plus fort des acides connus, est silice réduit les problèmes d'interférences et la diminution en sels
habituellement disponible en solution à 70 %, de densité 1,67 et de permet d'obtenir des concentrations plus importantes pour les élé-
normalité environ 12 N. Cette solution est très voisine du mélange ments en traces ;
azéotropique contenant 72,4 % d’acide avec un point d’ébullition à — les solutions sont plus stables dans le temps, la silice en effet
203 oC. Les perchlorates sont normalement très solubles sauf ceux tend à s'hydrolyser et à précipiter ;
des alcalins K, Rb, Cs, dont l’insolubilité est mise à profit en chimie — l'absence de HF permet l'utilisation de la verrerie habituelle.
analytique, surtout pour la séparation des alcalins rares Rb et Cs.
Avec l’arrivée des techniques de flamme, HClO4 a remplacé avan- 3.2.1.1 Méthode rapide des années 1950
tageusement H2SO4, car les perchlorates sont solubles à froid en
milieu HCl dilué et la reprise des attaques est en général plus rapide. À cette époque, la méthode rapide de dosage des principaux élé-
Concentré et chaud, comme l’acide nitrique, il a des propriétés oxy- ments d’une roche silicatée était basée sur deux mises en solution,
dantes utilisées pour l'oxydation des matières organiques, mais les une attaque acide H2SO4–HF pour la détermination des éléments
dangers d’explosion en font un acide à utiliser avec précaution. Les majeurs sauf la silice SiO2 perdue par volatilisation, et une attaque à
hottes d’aspiration en bois doivent être remplacées par des hottes l’hydroxyde de sodium pour la détermination de SiO2 et éventuelle-
en matière plastique, de préférence du polypropylène haute densité. ment de l’alumine Al2O3. Avec l’acide sulfurique H2SO4, aller à sec
rend la redissolution très difficile à cause du peu de solubilité des
sulfates, aussi on s’arrête aux fumées blanches abondantes, on
3.1.5 Acide sulfurique reprend par l’eau et on porte à l’ébullition pour obtenir une solution
claire.
L’acide sulfurique H2SO4 est disponible à une concentration de 95- Les principales techniques de dosages étaient la SAM, la photo-
98 %, proche d’un réactif anhydre, de densité 1,84 et de normalité métrie de flamme et la volumétrie [19]. Ces techniques rapides, rem-
36 N. Cet acide bout à 300 oC. Le mélange azéotropique est très voi- plaçant les méthodes gravimétriques, ont elles-mêmes été
sin et bout vers 336 oC. L’acide sulfurique est maintenant beaucoup remplacées par des techniques encore plus rapides comme la SAA,
moins utilisé pour les mises en solution car il provoque des effets l’ICP-AES, techniques sensibles à la concentration et à l’état de vis-
dépresseurs sur le signal des éléments analysés par SAA et beau- cosité des solutions, ce qui a provoqué des changements dans les
coup de sulfates sont peu solubles. Concentré et chaud, il a aussi mises en solution.
des propriétés oxydantes, mais en solution diluée de moitié (envi-
ron 18 N), il est utilisé comme acide neutre en mélange avec HF pour 3.2.1.2 Modes opératoires les plus utilisés actuellement
le dosage du Fe(II) dans les roches et les minéraux silicatés.
L’utilisation de HClO4 a rendu les modalités d’attaque à la fois plus
simples et plus rapides, tout en faisant progresser la faible concen-
tration des solutions. Le fait de pouvoir aller à sec fait disparaître
3.2 Mise en solution des matériaux l’excès d’acide, exige moins de surveillance et laisse le choix de
l’acide pour la reprise, le plus souvent HCl dilué mieux adapté pour
géologiques et autres matériaux les déterminations en flamme, aussi bien par absorption que par
naturels émission. HNO3 dilué est également utilisé. De plus, pour les déter-
minations des éléments en traces, les concentrations des solutions
peuvent être plus importantes qu’avec H2SO4, de l’ordre de 1 g ou
Les matériaux géologiques comprennent les roches éruptives, même 2 g dans 100 mL suivant la nature des échantillons. En géné-
sédimentaires et métamorphiques, les minéraux silicatés et les ral, les matériaux géologiques sont attaqués par un mélange de
minéraux des gîtes, les minerais, les sols et, pour les autres maté- HClO4–HF, à une température d’environ 200 oC jusqu’à siccité. SiO2,
riaux naturels, on distingue essentiellement les matériaux biologi- HF et l’excès de HClO4 s’en vont. La reprise s’effectue par HCl dilué.
ques animaux et végétaux. HClO4 n’éliminant pas aussi bien HF que H2SO4, il est parfois recom-

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mandé, suivant l’utilisation des solutions, de répéter l’évaporation modes opératoires particuliers sont souvent mis en œuvre pour
avec HClO4 seul pour assurer une plus complète volatilisation de HF obtenir une mise en solution complète.
et de SiO2. Bien sûr, la teneur en silice est déterminée à partir d’une
Pour des sulfures, comme la galène ou la pyrite, la présence de
autre mise en solution, le plus souvent par voie sèche.
HNO3 avec HClO4–HF est nécessaire. Pour d'autres comme la blende
■ Rôle de HClO4 ou la pyrrhotite, l'attaque HClO4–HF avec reprise HCl suffit. En géné-
Le principal rôle de l’acide perchlorique [3] est d’augmenter sensi- ral, pour les éléments présents dans la nature sous forme de sulfures
blement la température d’ébullition du mélange d’acides (HClO4 à ou sulfosels comme Mo et Ag, il est préférable d'ajouter HNO3 à
70 % bout à environ 200 oC). Cela a deux conséquences : HClO4–HF.
— l'acide fluorosilicique est efficacement décomposé aux tempé- Les sulfates peu solubles comme la barytine ou la célestine deman-
ratures plus hautes : dent deux mises en solution successives. À l'attaque classique HClO4–
HF et reprise HCl subsiste un insoluble important qui contient les sulfa-
H2SiF6 → SiF4 ↑ + 2 HF tes de baryum, strontium et une partie du plomb. Cet insoluble est
fondu avec Na2CO3 pour transformer les sulfates en carbonates facile-
— HF lui-même est progressivement évaporé du mélange puis- ment solubles.
que l'azéotrope HF–H2O bout à 112 oC.
Par chauffage avec HClO4 à sa température d'ébullition, on peut per-
D’autres fluorures peuvent également être perdus par volatilisa- dre un peu d'acide phosphorique. Aussi, pour la détermination du phos-
tion. On voit que H2SO4 (température d’ébullition de 338 oC) est plus phore dans des phosphates, l'attaque HClO4–HF s'effectue à une
efficace que HClO4 dans ce rôle. température d'environ 100 oC. Avec la reprise HClO4, les solutions res-
Cette méthode de mise en solution n’est pas aussi générale que tent incolores même en présence de fortes teneurs en fer.
certaines méthodes par voie sèche. Des minéraux résistants, même Pour les éléments que l'on peut perdre par volatilisation comme As,
silicatés, ne se dissolvent pas. Il faut alors filtrer la solution et, après Sb, Bi, Se, les attaques se font à une température de 70-80 oC soit par
fusion du résidu avec le mélange Na2CO3 + H3BO3 ou NaOH, KHSO4 le mélange des trois acides HCl, HNO3 et HF, soit par celui de quatre
ou encore KHF2 suivant la nature du résidu, le dissoudre dans HCl acides HCl, HNO3, HClO4 et HF avec reprise HCl ou HNO3 suivant les
dilué. Ensuite, soit il est mélangé avec le filtrat de l’attaque initiale, méthodes de détermination utilisées, SAM, SAA ou SAAE.
soit des prises aliquotes sont effectuées que l’on ajoute à la solution Pour la détermination de Hg, on peut effectuer une attaque à l'eau
principale. La présence d’un résidu fait perdre tout le bénéfice de régale ou, pour les échantillons riches en produits organiques, une atta-
l’attaque acide. que par H2SO4 18 N + HNO3 15 N à environ 100 oC en présence de
■ Cas particuliers KMnO4 que l'on ajoute jusqu'à persistance de la coloration.
De nombreux cas nécessitent des modifications du mode opéra-
toire habituel suivant la nature des matériaux ou suivant les élé- 3.2.2 Mise en solution avec conservation de la
ments à déterminer, majeurs ou en traces, volatils ou non, ou encore
silice dans la solution
suivant les méthodes de détermination utilisées. On peut faire varier
soit les mélanges d’acides soit les températures.
Nota : on trouvera dans l'article [61] Minéraux naturels du traité Constantes physico-
Pour gagner encore du temps, les techniques comme la SAA,
chimiques les propriétés des composés naturels. l’ICP-AES et l’ICP-MS ont exigé une seule mise en solution avec con-
Pour les grands groupes de minéraux silicatés comme le quartz, servation de la silice dans la solution pour pouvoir la déterminer en
les feldspaths, les micas, les amphiboles, les pyroxènes, les argiles, même temps que les autres éléments majeurs. La teneur en sels est
de même que pour les grandes catégories de roches comme les moins élevée qu’avec les techniques de fusion.
roches acides qui renferment plus de 65 % de silice, les roches basi-
ques qui en contiennent entre 40 et 52 % et les roches neutres inter- 3.2.2.1 Acide fluorhydrique seul
médiaires, l’attaque citée avec HClO4–HF convient parfaitement. Si En tenant compte des conditions de sécurité, de nombreux élé-
un résidu subsiste, il est repris par un fondant suivant la méthode ments y compris SiO2 peuvent être déterminés directement et rapi-
habituelle. dement en milieu fluorure, par exemple la totalité des éléments
Mais, parmi les roches sédimentaires comme les roches sulfatées, majeurs et même les fluorures volatils comme ceux de B, As, Ge,
les phosphates, les roches combustibles, ou parmi les minéraux des Sb. D’après certains auteurs, HF seul est plus efficace que mélangé
gîtes comme les sulfures ou les sulfates, ou parmi les minerais, des avec un autre acide minéral [10]. À l’échantillon en poudre humidifié
avec de l’eau pour atténuer la réaction, on ajoute l’acide HF à froid
et avec précaution car la réaction peut dégager beaucoup de cha-
leur. Des pertes de silice sont toujours possibles même à 100 oC
[10], aussi le plus souvent les attaques se font en récipient fermé, de
préférence en Téflon, muni d’un couvercle vissé, et à une tempéra-
ture de 100 à 110 oC [20]. Beaucoup de silicates peuvent être dissous
par ce procédé.
La décomposition sous pression à des températures plus élevées
de 200 à 250 oC est d’une application plus générale. Très peu de
substances résistent à de telles conditions [2].
L’attaque par HF seul, à cause de la forte concentration en ions
fluorures et du fait de la faible solubilité de certains fluorures
comme ceux de Mg, Ca, Sr, Ba, U(IV) et des terres rares, peut provo-
quer des résidus de fluorures peu solubles. Cette propriété peut être
utilisée pour la séparation des terres rares [2]. Pour faciliter à la fois
les manipulations et la dissolution des fluorures précipités, on les
complexe en ajoutant une certaine quantité d’une solution saturée
d’acide borique H3BO3 [3].

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H3BO3 forme des complexes avec HF par deux étapes de réaction dissous soit par HF seul, soit par des mélanges d’acides. Des atta-
exothermique : ques en bombes sont également utilisées pour les matériaux biolo-
giques, le plus souvent pour des problèmes spécifiques [22].
H3BO3 + 3 HF → HBF3OH + 2 H2O
Ce sont surtout Bernas ainsi que Langmyhr et Paus qui ont facilité
HBF3OH + HF → HBF4 + H2O la technique des bombes sous pression. Ils ont utilisé un récipient
en Téflon emboîté étroitement dans un récipient en acier inoxydable
La solution qui en résulte est plus stable et moins agressive. Sous muni d’un couvercle vissé appuyant sur un disque en Téflon assu-
certaines conditions cependant, l’acide fluoroborique peut s’hydro- rant la fermeture étanche. Un grand nombre de matériaux sont atta-
lyser pour redonner HF. qués à 110 oC, mais ces bombes peuvent être utilisées jusqu’à
170 oC pour obtenir des attaques complètes de minéraux réfractai-
3.2.2.2 Acide fluorhydrique avec un ou plusieurs acides res.
Comme pour HF seul, l’attaque se passe en milieu ouvert (il con- Pour des températures plus élevées, on trouve actuellement sur le
vient de ne pas dépasser 112 oC) ou le plus souvent en milieu fermé marché des bombes métalliques recouvertes de Téflon permettant
à 100-110 oC, ou sous pression à des températures plus élevées. des températures de 150 à 275 °C pour les bombes Parr, par exem-
L’agent mouillant n’est plus de l’eau mais un ou plusieurs des aci- ple, et des pressions allant de 80 × 105 à 344 × 105 Pa. En général, un
des forts déjà cités, par exemple de l’acide chlorhydrique, de l’acide dispositif à ressort maintient l’étanchéité malgré les différences de
nitrique ou de l’eau régale. Il est possible dans de nombreux cas de dilatation et limite les phénomènes de fluage du Téflon. Tous les aci-
décomposer complètement des matériaux comme les roches et les des courants peuvent être utilisés sauf l’acide perchlorique qui est à
sols par l’attaque HCl–HF en milieu ouvert ou fermé avec solubilisa- proscrire en raison de réactions violentes possibles. Les bombes
tion de la silice [5], [23]. atteignant les plus hautes pressions sont équipées en général d’un
système de sécurité avec un disque de rupture.
3.2.2.3 Minéraux résistants Price et Whiteside [24] ont utilisé des bombes de type Bernas pour
solubiliser une grande quantité de matériaux siliceux, ciments, silice
La présence de phases minérales résistant aux acides est l’incon- industrielle, sables, verres, laitiers, scories, brique réfractaire conte-
vénient majeur des mises en solution par voie humide. En effet, ces nant jusqu’à 60 % d’alumine. La méthode a été adaptée aux petits
solutions sont souvent utilisées pour déterminer des éléments en échantillons, par exemple pour les recherches archéologiques. Elle
traces qui sont largement contenus dans des phases résistantes tel- a donné satisfaction pour l’attaque de 10 mg de poterie romaine.
les que la chromite, le zircon et les minéraux de terres rares et d’ura-
nium – thorium comme la colombite et la tantalite. Ces minéraux se 3.2.2.5 Minéralisation par micro-ondes
trouvent sous forme de résidus qu’il faut redissoudre en général par
un fondant basique (Na2CO3) pour les résidus acides et inversement C’est en 1975 que sont apparues les méthodes de minéralisation
par un fondant acide (KHSO4 ou mieux K2S2O7) pour les minéraux par micro-ondes [6], [25], beaucoup plus rapides que les méthodes
basiques. De même, les attaques réductrices conviennent pour les de chauffage conventionnelles. On ne contrôle plus la température
substances oxydantes et inversement. Les minéraux que l’on mais la puissance des micro-ondes et le temps de chauffage. Sont
retrouve le plus souvent inattaqués sont les suivants : apparus en même temps les récipients fermés avec valve de sécu-
— des silicates : zircon, tourmaline, axinite, béryl, topaze, rité. Sous l’effet conjugué de l’énergie des micro-ondes et de la pres-
disthène ; sion, la température des réactifs augmente rapidement et le temps
— des oxydes : corindon, rutile, spinelles alumineux et chromifè- nécessaire à la mise en solution est considérablement raccourci. Les
res, cassitérite. produits organiques sont rapidement décomposés sans utiliser
HClO4.
D’une façon générale, la vitesse d’attaque d’un solide est sensi-
blement proportionnelle à la surface du corps à attaquer, donc à la Exemples :
finesse du broyage. Elle s’accroît également avec l’élévation de tem- — la minéralisation des produits alimentaires d'origine animale
pérature [4] et la proportion de minéral insoluble diminue comme est obtenue en milieu ouvert en 35 min alors qu'elle nécessite 18 h
une fonction logarithmique du temps [3]. par la méthode classique [37] ;
Une méthode plus générale, se traduisant surtout par des atta- — elle est obtenue en 30 min en milieu fermé au lieu de 4 h par
ques plus efficaces et une diminution du temps de mise en solution la méthode classique [35].
pour les minéraux résistants et autres matériaux réfractaires ainsi
On trouve en [6] une description approfondie de la préparation
que pour les matériaux contenant des produits organiques tels les
des échantillons par chauffage aux micro-ondes, depuis les considé-
tissus animaux et végétaux, a été obtenue pour les mises en solu-
rations théoriques et techniques jusqu’aux exemples de méthodes
tion par voie humide, d’une part par l’utilisation de récipients fermés
de dissolution dans de nombreux domaines. Des méthodes généra-
encore appelés « bombes » et d’autre part avec les minéralisations
les et spécifiques sont décrites pour :
par micro-ondes. De plus, ces attaques diminuent les pertes par
volatilisation et les risques de contaminations. — les matériaux géologiques et métallurgiques en récipients
ouverts ou fermés par voie humide, ou par fusion avec des fondants
Avant d’examiner plus en détail ces attaques en bombes, voici chauffés par micro-ondes pour les plus réfractaires ;
quelques notions élémentaires de sécurité : — des échantillons biologiques animaux et végétaux et des pro-
— la bombe ne doit jamais être remplie à plus de 10 à 20 % du duits alimentaires dans des récipients en verre ou en Téflon équipés
volume total. Les calculs montrent que, si tout le mélange est vapo- d'un système à reflux ;
risé, la pression peut atteindre 70 à 100 × 105 Pa ; — des échantillons biologiques en vue de la détermination du
— au refroidissement, il est essentiel que la bombe ne soit pas sélénium par SAAE.
ouverte tant que l'équilibre n'est pas complètement établi avec la
D’autres applications encore, tirées de l’industrie pharmaceuti-
température de la pièce.
que, ont amené le remplacement du système micro-Kjeldahl par le
système à micro-ondes demandant moins de temps et moins de
3.2.2.4 Mise en solution en bombes surveillance. Des travaux d’aménagement des fours leur permettent
Dans un premier temps, les facteurs contrôlés ont d’abord été la de résister et de fonctionner à distance dans un environnement
température et le temps de chauffage. Nous avons vu qu’avec de radioactif, pour des opérations de séchage, calcination, mise en
simples récipients en Téflon munis d’un couvercle vissé et à une solution sur des déchets radioactifs. Enfin, un système entièrement
température de 100-110 oC de nombreux silicates pouvaient être robotisé de mise en solution par micro-ondes en récipient fermé est

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présenté. Plusieurs appareils existent sur le marché permettant de Pour ces derniers matériaux, des essais sont parfois nécessaires,
travailler en milieu fermé ou ouvert. mais en général ils peuvent être traités par les méthodes disponi-
bles soit par voie humide, soit par voie sèche.
■ Milieu fermé
En ce qui concerne les métaux et alliages, les mises en solution se
Le four à micro-ondes CEM d’OSI permet de contrôler la puis- font par oxydation, le plus souvent par un mélange d’acides. Les
sance des micro-ondes, la pression de consigne, la durée du palier à métaux suffisamment réducteurs (potentiel standard par rapport à
la pression de consigne et le débit de ventilation. Le contrôleur de l’électrode normale à hydrogène inférieur à 0 V) sont oxydés par les
pression, par son action de régulation de la puissance des micro- ions H+ avec dégagement d’hydrogène ; par exemple :
ondes, permet de suivre et de maîtriser les réactions et d’optimiser
le temps de préparation des échantillons. 5 paliers de pression sont Zn + 2 H+ → Zn2+ + H2 ↑
programmables de 0 à 1,4 × 106 Pa. Ce four peut être équipé soit de
bombes en Téflon résistant à une pression de 8,3 × 105 Pa équipées Les autres sont attaqués par des oxydants plus énergiques
d’une valve de sécurité, soit de bombes haute pression résistant à comme par exemple l’acide nitrique avec dégagement de vapeurs
1,4 × 106 Pa et équipées d’un disque de rupture en Téflon. Ces bom- nitreuses :
bes ont un volume de 120 mL. Dans chaque cas, si le système de

sécurité fonctionne, les vapeurs sont évacuées vers un récipient col- 3 Ag + NO 3 + 4 H+ → 3 Ag+ + NO ↑ + 2 H2O
lecteur également en Téflon. Le plateau tournant peut contenir 12
bombes. Des micro-bombes de 3 ; 5 et 7 mL peuvent également être L’acide sulfurique concentré et chaud, l’acide perchlorique à sa
utilisées [35], [36]. température d’ébullition, peuvent également agir comme oxydants.
On peut attaquer aussi par HCl et un oxydant comme H2O2, Br2,
L’appareil Floyd de Prolabo procède du même principe. Les bom-
ClO3.
bes résistent également à 1,4 × 106 Pa et sont équipées de disque de
sécurité. Connaissant les potentiels standards, il est possible de prévoir
l’attaque des métaux par les acides, mais des perturbations vien-
■ Milieu ouvert nent fausser les prévisions comme les vitesses des réactions, la pas-
Le Microdigest de Prolabo utilise la technique de focalisation des sivation, les impuretés, l’état physique [4]. Comme pour les autres
micro-ondes et travaille en milieu ouvert. Le chauffage par micro- solides, la vitesse d’attaque est beaucoup plus grande avec les
ondes focalisées amène les acides très rapidement à leur tempéra- métaux divisés.
ture d’ébullition et les réactions chimiques sont très rapidement Sans entrer dans les détails, nous distinguerons les grands grou-
mises en œuvre. Les matras en Téflon, Pyrex ou silice, sont surmon- pes de métaux alliés ou non alliés. Les types d’attaques dont il sera
tés d’une colonne de type Vigreux qui assure la récupération de tou- question trouvent leur application dans les laboratoires équipés sur-
tes les vapeurs et neutralise les pertes par volatilisation. tout de SAA et ICP-AES (cf. rubrique Dosages dans le traité Métallur-
Le système ouvert permet l’utilisation de tous les acides, y com- gie).
pris HClO4. H2SO4 est utilisé pour obtenir des températures de
l’ordre de 300 oC. La version automatique permet de programmer
pour 16 matras la puissance des micro-ondes, le temps de chauffage 3.3.1 Analyse des métaux ferreux [5], [9]
et l’ajout des réactifs [25].
Ces méthodes de minéralisation par micro-ondes, en milieu ■ Métaux ferreux non alliés
ouvert ou fermé, ont apporté des progrès importants et sont utili- Deux types de mises en solution sont utilisés soit par les acides
sées maintenant dans de nombreux domaines comme l’agroalimen- HCl + HNO3 avec reprise par HNO3 dilué, soit par HNO3 + HClO4. On
taire [25], [35], [37], la biologie [26], [31], [32], [34], [36], l’étude des va alors jusqu’aux fumées blanches pour insolubiliser la silice que
sols [27], [38], l’environnement [39], [40], les polymères [26], la l’on peut peser, puis on reprend à l’eau.
métallurgie [28], [30], la géologie [7], [26], [27], [29], [40], [41], les
charbons et les cendres volantes [26], les engrais [33], l’industrie ■ Métaux ferreux alliés
pharmaceutique [6], l’industrie nucléaire [6], etc. La mise en solution est effectuée le plus souvent par les trois aci-
des HCl + HNO3 + HClO4, avec reprise du résidu par fusion alcaline
s’il y a lieu. Des mises en solution particulières peuvent être envisa-
gées pour les nuances renfermant des éléments comme Nb, Ta, Zr,
3.3 Mise en solution des matériaux W, B.
élaborés Si les teneurs de ces éléments sont inférieures à 1 % (en masse),
les acides utilisés sont HNO3 + HF ; si elles sont supérieures à 1 %,
les acides utilisés sont HNO3 + HCl + H2SO4 + H3PO4 ; après forma-
Pour tous les matériaux géologiques et autres matériaux naturels, tion de fumées blanches, on reprend à l’eau.
on a vu que de nombreuses méthodes de mise en solution par voie
humide sont disponibles, avec conservation ou non de la silice dans
la solution, en milieu ouvert ou fermé et avec chauffage par micro- 3.3.2 Analyse des métaux cuivreux
ondes. On a vu également que le choix se fait suivant la nature des
matériaux et la nature du travail analytique.
Il s’agit de l’étude des métaux cuivreux comme le bronze, le lai-
Pour les matériaux élaborés qui contiennent des silicates comme ton, les cuproalliages…
les ciments, les verres, les laitiers et les scories, le plus souvent les
attaques acides conviennent parfaitement. Si les teneurs en Al2O3 Dans le cas du cuivre, on pratique une attaque HNO3–HF en
dépassent 35 %, même les attaques en bombes restent parfois bécher de Téflon. C’est une attaque particulièrement indiquée pour
impuissantes ; il est préférable alors d’avoir recours aux mises en la détermination du cuivre par électrolyse. La présence de HF empê-
solution par voie sèche [8], [21]. che la précipitation de Sn(IV) et de Sb(V) qui entraîneraient des
impuretés par adsorption.
Les céramiques et les réfractaires qui présentent à eux seuls des
compositions chimiques très variées sont souvent dans ce cas. On Pour les autres éléments, des déterminations sont réalisables sur
peut considérer les céramiques traditionnelles essentiellement des aliquotes de l’électrolyte. D’autres mises en solution sont égale-
obtenues à partir des silicates (argiles) : porcelaine, faïence, réfrac- ment effectuées comme une attaque par HCl dilué et H2O2 (quelques
taires traditionnels etc., et les céramiques spéciales ou techniques gouttes) ou avec HNO3 concentré (quelques gouttes) [5].
comme les oxydes, les carbures, les nitrures, les borures, etc. [42].

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Pour les déterminations par ICP-AES, la mise en solution par La méthode de mise en solution par fusion aux borates de lithium a
HCl + HNO3 est apparue la plus favorable car la plus rapide. Cepen- été proposée en 1964 par Ingamells [48] comme une méthode
dant, le milieu choisi est inadapté au maintien en solution d’élé- d’analyse rapide pour la préparation de solutions de silicates et
ments tels que le silicium et le soufre. Pour le dosage du silicium, on autres roches. Potts [3] cite plusieurs adaptations de ce mode de
recommande l’attaque par HCl + H2O2 + HF et H3BO3, mais ce milieu mise en solution associé aux déterminations par SAA. Plus récem-
est incompatible avec l’ICP [43]. ment, Crock et al. sont venus renforcer les mérites de cette mise en
solution en confirmant que pour une dissolution complète le
mélange optimal fondant/échantillon était dans un rapport 3/1 [46].
3.3.3 Analyse des alliages d'aluminium Grâce à cette mise au point et à la grande pureté avec laquelle ce
réactif est maintenant livré (excepté parfois les contaminations par
L’aluminium pur est tout à fait inattaquable par l’acide nitrique, le lanthane), grâce surtout à son efficacité, on constate une exten-
par contre les acides non oxydants comme HCl l’attaquent normale- sion considérable de cette mise en solution pour les méthodes
ment sans difficulté. Dans certains cas, l’attaque peut être facilitée comme la SAA, l’ICP-AES et l’ICP-MS, malgré une concentration en
par addition d’oxydants comme HNO3, H2O2. Un résidu de silice sels plus importante que lors des mises en solution par voie
peut être pesé ou dissous par fusion alcaline s’il contient d’autres humide. Mais les avantages contrebalancent nettement les inconvé-
éléments. nients. Les autres fondants plus classiques comme les hydroxydes
L’hydroxyde de sodium, NaOH, attaque facilement tous les allia- et les carbonates alcalins sont encore employés surtout pour les
ges d’aluminium. Ce mode d’attaque est intéressant car l’aluminium déterminations d’anions comme F, Cl, B. Tous les autres fondants
et le silicium passent en solution sous forme de silicate et d’alumi- sont maintenant beaucoup moins utilisés si ce n’est pour des cas
nate. Des modifications sont nécessaires pour les nuances très particuliers.
riches en silice [5].

3.3.4 Analyse des alliages à base de nickel-cobalt 4.1 Fusion avec les borates et l’oxyde
borique
Les attaques se rapprochent de celles utilisées pour les aciers
alliés ou non. Les alliages à haute résistance sont bien attaqués par
La fusion par les différents borates de lithium est examinée en
les mélanges HNO3–HF.
premier parce qu’elle est actuellement la plus répandue pour l’ana-
lyse des matériaux géologiques et élaborés. Elle permet en effet la
détermination à la fois des éléments majeurs et d’un certain nombre
3.3.5 Analyse des autres matrices métalliques
d’éléments en traces. Les caractéristiques du verre obtenu permet-
tent également son emploi par la spectrométrie de fluorescence X.
Nous conseillons de consulter les recueils de normes spécialisées
ou les articles spécialisés de la rubrique Dosages du traité Métallur- Le borax (tétraborate de sodium) et l’oxyde borique B2O3 sont des
gie. fondants alcalin et acide respectivement qui sont relativement peu
utilisés en dépit des avantages qu’ils offrent.
Chaque type d’alliage est mis en solution par une attaque acide
suivant un mode opératoire qui est fonction de son constituant prin-
cipal. 4.1.1 Métaborate et tétraborate de lithium
Exemple :
— l'alliage Mg-Zn est attaqué par le mélange HNO3 – HCl ; On peut les utiliser séparément ou en mélange. La différence
— les métaux précieux comme l'or et le platine sont attaqués par entre le métaborate (LiBO2 )2 ou Li2O-B2O3 qui fond à 845 oC et le

l'eau régale, qui combine l'action oxydante de NO 3 avec la formation tétraborate Li2B4O7 ou Li2O-2B2O3 qui fond à 915 oC se trouve dans
de complexes chlorures. l’acidité plus élevée du tétraborate. Ainsi les matériaux très siliceux,
à l’acidité plus élevée, comme les matériaux silicatés, les sables sili-
En conclusion de cette première partie, il est clair que la qualité ceux, les oxydes acides, s’attaquent mieux avec le métaborate, et
principale de la mise en solution par voie humide est sa souplesse inversement, les matériaux basiques comme les oxydes basiques,
d’utilisation, mais elle doit toujours être utilisée avec une certaine les matériaux très alumineux, les aluminosilicates, les bauxites, les
prudence à cause des minéraux résistants ou des matériaux réfrac- réfractaires, les carbonates, les dolomites, s’attaquent mieux avec le
taires. tétraborate.
D’autres acides sont parfois utilisés comme l’acide phosphorique Des études ont été faites sur l’utilisation de ces deux fondants. Le
[44], l’acide acétique, l’acide m-benzènedisulfonique, etc., le plus mélange tétraborate + métaborate de lithium dans un rapport 1 : 4
souvent pour des cas particuliers [2], [7], [10]. a été reconnu comme le fondant quasi universel. C’est une combi-
Pour pallier les déficiences de la voie humide, des méthodes par naison très précise de 73 % de B2O3 et 27 % de Li2O qui donne un
voie sèche sont également développées qui sont parfois d’une por- mélange eutectique fondant à 832 oC [10]. Elle est efficace dans
tée plus générale. 95 % des cas aussi bien pour la fusion des matériaux siliceux que
des matériaux alumineux ou des silico-calcaires. Enfin, le temps de
la dissolution du culot de fusion dans l’acide nitrique à 3-4 % est de
l’ordre de 10 à 15 min contre 40 à 60 min pour les méta ou tétrabo-
4. Mise en solution par voie rates [21].
L’avantage déterminant de cette méthode d’attaque plus efficace
sèche que les attaques acides est sa quasi-universalité. Les borates alca-
lins sont capables de dissoudre la plupart des roches ou minéraux
pour donner une masse vitreuse transparente souvent colorée, faci-
Effectuer l’analyse complète à partir d’une seule mise en solution lement soluble dans les acides dilués. Les minéraux réfractaires peu
est apparu comme une nécessité avec l’avènement d’une technique solubles à l’attaque acide HClO4–HF comme le zircon, la tourmaline,
d’analyse comme la SAA. Govindaraju a développé la technique de l’axinite, le béryl, la topaze, le disthène et des oxydes comme le
la fusion aux borates à partir de 1958-59 pour la détermination spec- corindon, le rutile, la cassitérite, la chromite s’attaquent le plus sou-
trochimique des éléments majeurs et mineurs dans les silicates [47]. vent sans difficulté. Aussi, à partir de la même attaque, on peut

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déterminer tous les éléments majeurs et un certain nombre d’élé- pour éviter les réductions d’éléments comme Fe, Cu, Pb, Co et les
ments en traces comme Cr, Ni, Co par exemple. retrouver dans le platine [48]. Le rapport fondant sur échantillon est
La présence d’un excès de lithium et d’ions borates en solution est le plus souvent 3 : 1. En général, on reprend par un acide dilué.
un autre avantage important pour les méthodes d’analyse actuelles
car elle est la cause de la stabilité des solutions et d’un effet tampon
qui corrige les interférences dues à la matrice [48]. 4.1.2 Métaborate de strontium, borax et oxyde
borique
Les autres avantages sont d’ordre pratique. La fusion au four avec
reprise par HCl ou HNO3 et agitation magnétique pour la dissolution
se prête bien à l’analyse en série. La mise en œuvre est simple, il n’y ■ Le métaborate de strontium a été choisi par Jeanroy en 1972 [51].
a pas de réactif dangereux comme HF ou HClO4, ni de danger Le correcteur d’interactions, le strontium utilisé en SAA, est ainsi
d’explosion soit par HClO4, soit par les attaques en milieu fermé. Les directement incorporé lors de la fusion, ce qui réduit les manipula-
borates de lithium n’attaquent pas le platine si les conditions oxy- tions et évite une dilution supplémentaire.
dantes sont maintenues. Ils ne mouillent pas l’or ou l’alliage platine- Le tétraborate de strontium est très peu soluble, donc inutilisable.
or des creusets, contrairement à ce qui se passe pour les creusets en En revanche, le métaborate est assez soluble, mais introuvable sur
platine pur de laboratoire dans lesquels le produit de fusion adhère, le marché, il faut donc le fabriquer : c’est la méthode par voie sèche
provoquant des déformations du creuset au moment du refroidisse- qui est préconisée. Les deux constituants, carbonate de strontium et
ment. Le platine contenant 5 % d’or est l’alliage le plus souvent uti- acide borique, sont mélangés dans les proportions de la réaction :
lisé, non seulement pour les mises en solution par voie sèche, mais
aussi pour les préparations concernant la spectrométrie de fluores- SrCO3 + 2 H3BO3 → Sr(BO2)2 + 3 H2O ↑ + CO2 ↑
cence X. Cet alliage possède en effet des propriétés particulières. Il puis on porte au four à 1 000 oC. Le métaborate de strontium seul
n’est pas mouillé par les verres fondus ou les préparations vitreu- fond vers 1 150 oC, et son mélange à un échantillon silicaté abaisse
ses. Ainsi le produit de fusion ne colle pas aux creusets et peut être la température de fusion jusqu’à 1 050 oC. En pratique, l’attaque se
versé quantitativement dans une solution acide. fait au four à induction en creuset de graphite vers 1 200 oC.
■ Modes opératoires les plus courants. ■ Le tétraborate de sodium (encore appelé borax) Na2B4O7 fond à
Pour la fabrication des perles pour la fluorescence X, on a d’abord 878 oC. Les fusions se font surtout en creuset de platine à haute tem-
utilisé le tétraborate de lithium parce qu’on le trouvait plus facile- pérature 1 000 - 1 200 oC. Les produits de fusion sont très visqueux
ment dans le commerce. Maintenant que le métaborate est disponi- et les dissolutions en milieu acide sont parfois lentes. C’est un fon-
ble et d’une grande pureté, il est plus avantageux en général de dant efficace pour les oxydes réfractaires, les minerais de zirconium,
l’utiliser. Il fond à une température plus basse (845 oC) et donne un les minéraux de terres rares, titane, niobium et tantale, les maté-
produit plus fluide qui peut être versé plus facilement [10]. La disso- riaux contenant de l’aluminium, les minerais de fer et les scories.
lution est également plus rapide. L’utilisation du mélange Des métaux et des alliages de ferrotungstène peuvent aussi être
tétraborate + métaborate dans un rapport 1 : 4 fondant à une tempé- amenés en solution. Des mélanges avec les carbonates alcalins sont
rature encore plus basse (832 oC) est de plus en plus fréquente. habituellement préférés. L’apport de sodium a limité son utilisation
Deux modes opératoires sont couramment utilisés, la fusion en [2], [10].
creuset de graphite et la fusion en creuset d'alliage platine-or. Un ■ L'oxyde borique B2O3 fond à 580 oC. Les creusets de platine sont
point essentiel est à signaler dès maintenant : la température est un également recommandés pour les fusions qui se font aussi à haute
facteur important de réussite dans la mise en solution des matériaux température. Des matériaux comme les sables, les silicates d’alumi-
résistants ou réfractaires. Hall recommande une température de nium, la tourmaline, les émaux, le corindon, la fluorine, la cryolithe,
1 100 oC pendant une heure pour attaquer des minéraux comme la etc. sont attaqués. Des difficultés ont été rencontrées pour des sili-
cassitérite, un des plus résistants [49]. En général, les températures cates à haute teneur en magnésium et calcium et des minéraux
utilisées vont de 950 oC à 1 100 oC [47], [50]. comme l’andalousite, le disthène, la topaze. Les minerais de chrome
La fusion en creuset de graphite le plus souvent vitrifié peut avoir ne sont pas attaqués.
lieu dans un four à moufle, ou mieux dans un four à induction sous Pour ces deux fondants, des pertes de SiO2, d’halogènes et d’alca-
atmosphère inerte (azote ou argon) ou dans un four tunnel. lins peuvent se produire [2], [10].
Dans un four à moufle en atmosphère non contrôlée, pour préser-
ver les creusets de l’oxydation, on les place dans des jaquettes en
graphite munies d’un couvercle. Le temps de fusion est de 15 à 4.1.3 Minéraux résistants
30 min [21].
Avec un four à induction où le creuset lui-même (métal ou gra- Dans une étude de Cremer et Schlocker [54], les attaques par le
phite) sert de noyau conducteur, on peut effectuer les attaques sous métaborate de lithium ou le mélange métaborate et tétraborate sont
atmosphère contrôlée, la durée de vie des creusets est prolongée de effectuées en creuset de graphite, la température est fixée à 950 oC
40 à 50 fois [21] et la fusion est très rapide, 3 à 4 min suffisent. La et le facteur temps varie de 15 à 45 min sans progrès significatif.
température de fusion se situe à environ 1 200 oC [7]. Le four à Deux points sont mis en évidence, les minéraux difficiles à attaquer
induction associé à un robot mécanique a permis l’automatisation et la variation, suivant la nature des échantillons, de la viscosité des
de la mise en solution [52]. produits de fusion parfois difficiles ou impossibles à couler. Parmi
les quelque 70 minéraux accessoires des roches ou en inclusions
Avec un four tunnel, la température est mieux fixée qu’avec les
dans les minéraux silicatés qui ont été testés, seuls quelques oxydes
fours précédents, et tous les échantillons sont fondus dans des con-
tels que la chromite, la zincite, la cassitérite, la bunsénite, des sulfu-
ditions identiques. Toutes les étapes de la préparation de l’échan-
res tels que la chalcocite, la chalcopyrite, la galène, la pyrite et des
tillon ont été automatisées [53].
minéraux divers tels que le zircon, la bastnaésite, la monazite ont
Suivant la qualité des creusets, la porosité exagérée de certains présenté de réelles difficultés.
peut entraîner le collage du produit de fusion au creuset et des diffi-
D’après différentes études réalisées, on peut dire qu’en travaillant
cultés au moment de la coulée. Des réductions et des pertes en Fe et
en creuset de platine à 1 050 oC et en effectuant la dissolution dans
Co peuvent également se produire.
le creuset avec un barreau magnétique il est rare d’obtenir un échec.
La fusion en creuset de platine-or, alliage non mouillant, est une Les problèmes de variation de viscosité n’interviennent pas, il suffit
bonne solution pour les fusions aux borates alcalins. Le plus sou- de s’assurer que le produit de fusion a un aspect transparent et
vent la fusion se fait au four à moufle ou sur bec Meker. Il est essen- homogène et que sa dissolution est complète.
tiel, cependant, que les conditions oxydantes soient maintenues

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En cas d’échec, en faisant varier la température jusqu’à 1 200 oC si que Na2CO3, il est préférable de déshydrater K2CO3 avant d’effec-
nécessaire, les rapports fondants sur échantillon et les mélanges tuer la fusion.
métaborate et tétraborate, il est rare que l’on ne trouve pas une solu-
tion. Le zircon ou la cassitérite purs s’attaquent en chauffant jusqu’à
environ 1 200 oC avec du métaborate. Les chromites, suivant leur 4.2.2 Carbonate de sodium-potassium
degré de pureté et leur composition, nécessitent parfois des mélan-
ges de tétraborate et de métaphosphate de lithium LiPO3 pour obte- Ce fondant est intéressant à cause de sa température de fusion
nir une fusion complète vers 1 200 oC. D’autres problèmes peuvent assez basse de 712 oC pour les mises en solution dans la détermina-
parfois se produire comme la formation d’acide polysilicique insolu- tion du bore ou d’autres anions comme les fluorures ou les chloru-
ble à la reprise de l’attaque. Selon Walsh et Howie [55], pour éviter res. Il est recommandé également pour les silicates à haute teneur
ce désagrément, il est important de bien suivre leur mode opéra- en aluminium [2].
toire. Après la fusion, un barreau magnétique est placé dans le creu-
set et l’agitation doit commencer immédiatement. La solution est Les carbonates alcalins de préférence aux hydroxydes sont tou-
stable plusieurs mois. jours très utilisés pour les mises en solution des matériaux pour les
déterminations des anions comme F, Cl, B, car ils permettent d’éli-
Un autre problème dont il faut être conscient est celui des pertes miner le calcium gênant dans la détermination du fluor. En général,
en alcalins et en autres éléments qui peuvent se produire si l’on le rapport fondant sur échantillon est de 5 à 8. Pour la fusion des
dépasse une température de fusion de 950 oC [48]. À partir de notre matériaux silicatés, les roches basiques demandent un rapport fon-
propre expérience [50], on peut dire qu’à 1 050 oC les pertes en alca- dant sur échantillon plus grand que les roches acides. Des miné-
lins sont négligeables, par contre les pertes en fluor sont déjà appré- raux, même finement broyés, comme le zircon et la cassitérite,
ciables à 900 oC. s’attaquent lentement. Un mélange de carbonate et de borate ou
d’acide borique permet une décomposition plus efficace notam-
ment pour les réfractaires ou les minéraux résistants. On retrouve
alors l’efficacité des borates.
4.2 Fusion avec les carbonates alcalins
Au cours des mises en solution par les carbonates, le platine est
attaqué par Na2O, produit de décomposition de Na2CO3 à 900 oC,
Tous les fondants alcalins que nous allons examiner maintenant, pour former du platinate de sodium soluble, quelques mg de platine
carbonates, hydroxydes, peroxydes, sont moins utilisés car ils peuvent être perdus à chaque fusion. La corrosion du platine aug-
nécessitent en général un rapport fondant sur échantillon plus mente avec les conditions oxydantes [10] et la température. Les per-
grand qu’avec les borates, ce qui est moins favorable pour les tes sont réduites sous atmosphère de gaz inerte.
méthodes d’analyses actuelles, et la présence de sodium ou potas-
sium limite leur utilisation. Leur efficacité en général augmente dans
l’ordre : Na2CO3 < NaOH < Na2O2.
4.3 Fusion avec les hydroxydes et
Le carbonate et l’hydroxyde de potassium sont préférés pour la
désagrégation des minerais de tantale et de niobium car les compo- peroxydes alcalins
sés de potassium sont plus solubles dans l’eau chaude que les com-
posés de sodium.
Ces fondants sont plus avantageux que les carbonates à plusieurs
titres :
4.2.1 Carbonate de sodium et carbonate de — les attaques sont plus énergiques ;
potassium — les fusions sont effectuées à des températures plus basses,
l'hydroxyde de sodium fond à 318 oC, l'hydroxyde de potassium à
360 oC et le peroxyde de sodium à 460 oC.
Les températures de fusion du carbonate de sodium et du carbo-
nate de potassium sont respectivement de 853 oC et de 903 oC. Ils Les fusions se font habituellement en creuset de nickel ou
commencent à perdre leur dioxyde de carbone à 800 oC pour le pre- d’argent si ces éléments ne gênent pas. Pour limiter les attaques des
mier et 950 oC pour le second [2]. Na2CO3 anhydre est le plus utilisé. creusets, il ne faut pas dépasser 600 oC pour le nickel et 700 oC pour
l’argent. Des creusets de zirconium et de fer peuvent être aussi utili-
À partir des fusions avec les carbonates alcalins, la plupart des
sés. Le platine est plus attaqué à l’air, KOH l’attaque encore plus. L’or
anions passent en solution dans l’eau, les métaux qui ne donnent résiste mieux mais le métal est trop malléable.
pas d’anions restent à l’état d’oxydes insolubles dans l’eau mais
solubles dans les acides. D’autres métaux comme les alcalino-ter- Si l’on ne veut pas introduire d’impuretés, ce sont les creusets de
reux donnent des carbonates insolubles dans l’eau, cette propriété carbone vitreux qui conviennent le mieux. En effet, le carbone
permet de mettre en solution un minéral comme la barytine en vitreux, appelé ainsi parce qu’il a l’aspect et certaines propriétés
séparant les sulfates du baryum. Et, en présence de silice et d’alu- physiques d’un verre, est un produit de haute pureté. Il résiste bien
mine, des silicoaluminates de sodium peu solubles se forment [4]. aux agents chimiques acides et basiques et présente une excellente
Cette propriété est utilisée pour séparer l’aluminium dans la déter- tenue aux chocs thermiques. La présence de plomb, d’arsenic,
mination du fluor dans les matériaux géologiques [56]. Des élé- d’étain et de soufre n’est pas gênante comme pour le platine. De
ments comme Al(III), V(V), P(V) donnent les anions aluminates, plus, il possède une porosité fermée et, de ce fait, est imperméable
vanadates et phosphates. Cr (III) donne des chromates par oxyda- aux gaz et aux liquides.
tion à l’air au cours de la fusion ou en ajoutant un peu de nitrate ou Au laboratoire, il peut être utilisé :
de Na2O2 au carbonate. Ce mélange est utilisé pour les échantillons — pour la plupart des attaques par voie humide ; il résiste bien
contenant des quantités significatives de sulfures qui s’oxydent en aux acides HCl, HNO3, H2SO4 et HF ; il résiste bien à HClO4 à froid ;
sulfates [10]. Des métaux comme Fe(III), Ti(IV), Zr(IV), Be(II) restent — pour les fusions alcalines jusqu'à 800 oC dans la flamme d'un
insolubles dans l’eau à l’état d’oxydes. Les terres rares donnent des bec Meker ; le creuset peut être utilisé 10 à 15 fois avant que les per-
carbonates insolubles dans l’eau, cette propriété permet de les tes de poids successives ne le fragilisent [57] ;
séparer. Des éléments comme Zn et Pb se partagent entre anions et — pour les attaques alcalines oxydantes avec le peroxyde de
carbonates. Mn(II) passe partiellement à l’état de manganates verts. sodium soit par frittage à 450 oC, soit par fusion jusqu'à 800 oC.
K2CO3 donne sensiblement les mêmes réactions que Na2CO3.
Toutefois, comme nous l’avons déjà vu, certains éléments donnent
des sels plus solubles. Cependant, de nature plus hygroscopique

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4.3.1 Fusion à l'hydroxyde de sodium 4.3.3 Attaque en bombe

Ce mode d’attaque était très utilisé dans les méthodes rapides Ce sont les bombes Parr au peroxyde de sodium les plus répan-
d’analyse des matériaux silicatés dans les années 1950 qui étaient dues. Elles sont constituées d’acier allié et de nickel. L’attaque se fait
basées sur deux mises en solution, une attaque acide et une attaque en système clos donc sans pertes par volatilisation. Les capacités
à l’hydroxyde de sodium pour la détermination de la silice SiO2 et de disponibles vont de 2,5 à 42 mL, soit de 0,085 à 1,3 g d’échantillon
l’alumine Al2O3 [19]. L’attaque se fait sur un lit de NaOH obtenu en mélangé avec 1,5 à 30 g de peroxyde respectivement. Des micro-
évaporant une quantité suffisante d’une solution de NaOH. On dis- bombes ont été développées pour des quantités d’échantillon de
pose ainsi d’une quantité exacte de NaOH et on évite les projections l’ordre du milligramme. Le système de chauffage a lieu par flamme
qui peuvent se produire quand on part de pastilles très hygroscopi- pour les petites et par résistance électrique pour les plus grosses.
ques. Le rapport fondant sur échantillon est en général de 5 à 8 Cela permet de se tenir à distance pendant le chauffage.
comme pour les carbonates. Le chauffage se fait jusqu’au rouge Cette méthode de mise en solution a surtout été utilisée en ana-
sombre à environ 600 oC pendant 5 à 10 min, parfois plus pour les lyse organique (composés organiques, produits pétroliers, caout-
matériaux plus réfractaires. On reprend par de l’eau dans le creuset chouc, polymères, charbons, coke, etc.) pour les déterminations
lui-même et on verse le tout dans un bécher contenant une solution d’halogènes, de phosphore, de soufre, d’arsenic, de bore, de sili-
acide. La dissolution ne se fait pas directement dans le bécher car cium, de sélénium, etc. et ce système est particulièrement efficace
l’hydroxyde de sodium attaque facilement le verre. pour les matériaux qui ne brûlent pas facilement dans l’oxygène et
Comme pour les fusions avec les carbonates, les fusions à qui libèrent des vapeurs corrosives comme HCl.
l’hydroxyde de sodium en présence d’air sont oxydantes et les com- Pour les matériaux qui ne s’oxydent pas facilement, on peut aug-
posés organiques sont détruits. Les éléments donnant des anions menter l’efficacité du chauffage par addition de produits organiques
passent en solution dans l’eau comme Sn, V, Mo, W, As, Sb, P, S, B. tels que l’acide benzoïque, le sucre, le naphtalène. On peut ajouter
Les halogènes donnent des sels solubles, les autres éléments sont également des accélérateurs d’oxydation comme KNO3 ou KClO4 ou
insolubles sous forme d’oxydes comme Fe, Ni, Co, Ti, Zr. Les élé- des modérateurs de réaction par dilution du peroxyde avec du car-
ments susceptibles de former des carbonates, tels les alcalino-ter- bonate de sodium.
reux, passent dans le filtrat (en partie car l’hydroxyde de sodium est
toujours un peu carbonaté), c’est la principale différence avec les On a pu ainsi utiliser ce mode de mise en solution pour l’analyse
carbonates. de sulfures, de matériaux réfractaires, de minerais d’uranium, etc.
Certains ont même pensé que ce procédé pouvait être considéré
Les applications sont encore nombreuses pour certains matériaux comme une méthode générale de mise en solution des minerais,
ou pour la détermination de certains éléments comme Mo et W. Les mais la présence de sodium et les problèmes de sécurité limitent
silicates, les cendres, les scories, les verres sont attaqués, de même son utilisation [2], [10].
que des oxydes comme Al2O3, TiO2, les bauxites, les phosphates
(monazite), les fluorures ainsi que des carbures et des siliciures. Des
nitrures sont décomposés en libérant NH3. Des métaux peuvent être
dissous en particulier l’aluminium et la plupart des non-métaux. 4.4 Mise en solution par frittage
Les avantages de la fusion à la soude sont les suivants : elle évite
la formation d’un état colloïdal de l’acide silicique, ce qui permet
une réaction quantitative avec le molybdate. De plus, en raison Ce sont des réactions entre phases solides, c’est-à-dire que les
d’une température de fusion relativement basse, les halogénures ne substances initiales et les produits de la réaction sont solides. Une
sont pas perdus, comme cela peut se produire à partir des fusions grande variété de processus physico-chimiques accompagnent ces
aux carbonates. As et B sont également retenus quantitativement réactions [7].
dans le mélange [2]. Deux solutions sont possibles ; soit la température de frittage est
fixée légèrement au-dessous de la température de fusion, mais à
température suffisante pour que les solides réagissent [4], soit à
4.3.2 Fusion au peroxyde de sodium température plus élevée mais avec une quantité de fondant insuffi-
sante pour dissoudre complètement l’échantillon, mais suffisante
Na2O2 est disponible en poudre ou en granulés d’environ 1 mm pour le désagréger, le rendant soluble en milieu acide [3]. Ce mode
de diamètre. Son action fortement oxydante est utilisée en dernier d’attaque est intéressant pour deux raisons :
recours quand les autres fondants ont échoué, pour certains réfrac- — il permet d'avoir un rapport fondant sur échantillon plus petit ;
taires, des chromites, des inclusions contenues dans les aciers, les — la température fixée étant en général inférieure à la tempéra-
métaux et alliages résistants, etc. Le réactif peut aussi être utilisé ture de fusion, les creusets sont moins attaqués.
pour détruire les composés organiques qui réagissent avec Na2O2 à
basse température, mais des réactions violentes peuvent survenir,
aussi des précautions de sécurité doivent-elles être prises. 4.4.1 Frittage avec le peroxyde de sodium
Par chauffage au rouge, Na2O2 se décompose en libérant l’oxy-
gène. Son action est identique à celle de l’hydroxyde de sodium La mise en solution par frittage avec Na2O2 a été automatisée
mais ici tous les éléments sont à leur état stable d’oxydation supé- [58]. L’attaque de l’échantillon a lieu en creuset de zirconium dans
rieure. À la reprise des attaques, on fait bouillir au moins pendant un four tunnel à 450 oC par 3 g de Na2O2 pendant un temps déter-
15 min pour détruire le peroxyde de sodium en excès et l’eau oxygé- miné et le produit de frittage est mis en solution par une solution de
née formée. HCl à 10 %. 34 éléments majeurs et traces sont déterminés simulta-
L’inconvénient majeur des fusions avec le peroxyde réside dans la nément.
production d’une réaction violente qui se traduit par un point Cependant, des inconvénients existent [8], [59], la réussite du frit-
d’amorçage très lumineux ayant pour effet la destruction du fond du tage avec Na2O2 est tributaire de conditions strictes. Les facteurs qui
creuset aussi bien en carbone vitreux qu’en fer ou en nickel. Mais, conditionnent le résultat sont la granulométrie, le rapport masse de
en présence d’autres éléments, par exemple de minerais calcaires fondant sur masse d’échantillon, la résistance des matériaux à l’atta-
ou de réfractaires à base de magnésie, certains ont observé que la que, la température et le temps. Les conditions les meilleures sont
fusion était plus calme. Aussi en ajoutant systématiquement 1 g de difficiles à réunir quand on a des produits variés. Si l’on fixe la tem-
Na2CO3 à 5 à 8 g de peroxyde de sodium, la réaction violente a pérature, la masse de peroxyde et le temps d’attaque, le frittage et la
beaucoup moins tendance à se produire [57]. dissolution complète ne sont réussis que pour des séries d’échan-

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tillons de composition homogène. Ces trois facteurs de base doivent 4.5.2 Fluorures alcalins (KF, KHF2, NH4F)
être déterminés soigneusement pour chaque matériau [7]. D’autre
part, l’effet de matrice exercé par le sodium et le potassium est par- De la même façon qu’avec les disulfates, les fluorures alcalins per-
ticulièrement gênant sur l’émission de nombreux éléments dans les mettent d’obtenir des températures de mise en solution plus éle-
méthodes ICP-AES et SAA. Aussi les borates de lithium sont-ils vées qu’avec HF sans avoir recours aux attaques sous pression. On
recommandés. Il est possible de décomposer par cette méthode un utilise en général des creusets de platine. L’hydrogénodifluorure
grand nombre de matériaux. Les rapports fondants sur échantillon KHF2 et le fluorure de potassium KF ont des températures de fusion
peuvent être aussi bas que 1/1. respectivement de 239 oC et 857 oC. Ils sont utilisés pour la désagré-
Les températures utilisées vont de 430 oC à 480 oC pour les maté- gation des silicates résistants et d’oxydes d’éléments qui forment
riaux les plus résistants [3]. des complexes stables avec les fluorures, tels que Be, Nb, Ta, Zr.
Le fluorure d’ammonium NH4F perd NH3 à environ 145 oC pour
donner l’hydrogénodifluorure d’ammonium NH4HF2 qui fond à
4.4.2 Frittage avec le carbonate de sodium 124,6 oC. Ce sont des fondants de basses températures.
Ces hydrogénofluorures d’alcalins et d’ammonium ont été peu
Cette méthode permet également de diminuer la quantité de fon- utilisés en raison de la présence des fluorures qu’il est difficile d’éli-
dant. Certains [7] recommandent de mélanger 1 g d’échantillon fine- miner. Cette difficulté peut être résolue en combinant des fluorures
ment pulvérisé avec 2 g de Na2CO3 et 100 mg de NaNO3, et de et des disulfates ou de l’acide sulfurique.
porter au four à 800 oC pendant 120 à 180 min ou 15 min à 1 200 oC
[10]. Une courte période de 20 min à 750 oC suffit pour décomposer
les roches acides. Il faut une température de 1 000 oC pour décom- 4.5.3 Mélanges de fondants
poser le béryl. Pour les minerais de fer et les minerais de manga-
nèse, 0,5 g d’échantillon est mélangé avec 0,3 g de Na2CO3 et porté
à 1 000 - 1 100 oC. Les mélanges de fondants sont utilisés d’abord pour rendre la
mise en solution plus efficace, comme le mélange
métaborate + tétraborate (§ 4.1.1) ou le mélange carbonate + borax
ou acide borique (§ 4.2.1) ou encore le mélange Na2O2 – NaOH qui
4.5 Autres fondants est considéré par certains plus efficace que Na2O2 seul [3].
D’autres mélanges sont effectués pour obtenir des mises en solu-
tion plus oxydantes comme carbonate + Na2O2 ou NaNO3 ou KNO3.
Ces fondants, examinés en dernier, disulfates et fluorures alcalins, Ce mélange est utilisé comme fondant alcalin oxydant pour la
ne conviennent pas non plus pour les méthodes modernes d’analy- décomposition des sulfures et des arséniures [10]. D’autres mélan-
ses pour les mêmes raisons, la présence d’alcalins et un rapport fon- ges encore sont utilisés pour faire varier la température de fusion
dant sur échantillon trop important. Aussi sont-ils maintenant peu comme le mélange carbonate de sodium et potassium anhydre qui
utilisés si ce n’est pour des cas particuliers. Nous n’en ferons qu’une a une température de fusion plus basse que les sels simples, ou un
présentation succincte, le sujet étant traité en détail dans les ouvra- mélange carbonate + un oxyde (MgO ou ZnO) pour élever la tempé-
ges de Bock [2] et Sulcek et al. [7]. rature de fusion et permettre les réactions à l’état solide à tempéra-
ture élevée.
4.5.1 Hydrogénosulfates et disulfates alcalins

Températures de fusion : 5. Conclusion


Hydrogénosulfates .............. NaHSO4 186 oC KHSO4 219 oC
oC Bien que l’analyse sur échantillons solides fasse de réels progrès,
Disulfates ............................. Na2S2O7 403 K2S2O7 419 oC
la mise en solution par voie humide ou par voie sèche s’avère
encore nécessaire pour les méthodes d’analyses actuelles les plus
Les fusions avec ces fondants permettent d’atteindre des tempé- répandues comme la SAA, l’ICP-AES, et l’ICP-MS.
ratures plus élevées qu’avec l’acide sulfurique. L’hydrogénosulfate Malgré l’importance grandissante de la mise en solution par voie
(appelé aussi sulfate acide) par chauffage ménagé se transforme en sèche, ces deux méthodes, la voie humide et la voie sèche, restent
disulfate (appelé aussi pyrosulfate) avec perte d’eau, qui se trans- complémentaires pour de nombreux problèmes comme celui illus-
forme lui-même en sulfate avec dégagement de SO3 : tré par l’analyse des poussières atmosphériques [45]. On montre
2 NaHSO4 → Na2S2O7 + H2O → Na2SO4 + SO3 ↑ que, pour obtenir des résultats satisfaisants, trois attaques différen-
tes sont nécessaires pour la détermination de 21 éléments :
Le disulfate de potassium commence à se décomposer à environ — une attaque par voie sèche par un mélange de
300 oC et plus rapidement à 500-600 oC. Il est plus efficace que le Na2CO3 + H3BO3 avec reprise HCl pour déterminer Al, Ba, Si, Ti, Ca,
disulfate de sodium qui se décompose rapidement à 400 oC. Le Cr, Fe, Mg, Mn ;
composant actif étant le SO3, très réactif à l’état naissant, il se com- — une attaque acide HF + HNO3 + HCl avec reprise HCl pour la
bine aux oxydes pour donner des sulfates. détermination de K, Li, Na, Zn, Cd, Co, Cu, Ni, Pb, V ;
Les fusions aux disulfates sont particulièrement efficaces pour les — une autre attaque acide HF + HNO3 + H2SO4 + KMnO4 avec
oxydes métalliques comme BeO, Fe2O3, Cr2O3, MoO3, TeO2, TiO2, reprise HCl pour la détermination de As et Sb.
ZrO2, Nb2O5, Ta2O5 et ceux des terres rares, ainsi que pour les miné- Cependant, le temps consacré à la mise en solution, avec l’auto-
raux correspondants tels l’ilménite, la magnétite, la chromite et la matisation possible de cette étape, tend à se réduire et à assurer,
tantalite. Les silicates sont décomposés avec précipitation de silice. dans de bonnes conditions de rapidité et de reproductibilité, l’ali-
L’oxydation des métaux et alliages par fusion au disulfate a été utili- mentation des appareils correspondant à ces méthodes.
sée avec les laitons, les bronzes, les ferrovanadiums et les ferro-
Nous avons vu que le chauffage par micro-ondes permettait
tungstènes, les aciers au tungstène, etc. On peut opérer soit dans
d’automatiser les mises en solution par voie humide en milieu
des creusets de platine qui sont légèrement attaqués, soit en creuset
ouvert (Microdigest de Prolabo) et en milieu fermé (CEM de OSI).
de silice.

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De même, pour les mises en solution par voie sèche, l’appareil


appelé Fluxer bis (Corporation Scientifique Claisse), avec chauffage
par brûleurs à gaz, fusion de l’échantillon par du métaborate ou du
tétraborate de Li, Na ou Sr dans un creuset de platine-or, permet
d’automatiser toutes les opérations courantes y compris la coulée
du produit de fusion et sa reprise [60]. Un autre appareil, le Plasma-
sol (brevet IRSID) utilise le chauffage par hautes fréquences, la
fusion est effectuée dans un creuset de carbone vitreux placé dans
un creuset en alliage de platine chauffé par induction [1]. Nous
avons vu l’automatisation du frittage avec Na2O2 [58] et une auto-
matisation assurée par un four à induction associé à un robot méca-
nique [52]. Enfin, le développement des systèmes robotisés en
laboratoire permet d’automatiser les diverses opérations de prépa-
ration de l’échantillon. Une telle chaîne entièrement robotisée a été
construite par Govindaraju, depuis la pesée de l’échantillon, la
fusion au métaborate de lithium dans un four tunnel, jusqu’à la dis-
solution et les séparations sur résines échangeuses d’ions de cer-
tains éléments (terres rares) [47], [53].
Ainsi, les tâches contraignantes des mises en solution aussi bien
par voie humide que par voie sèche peuvent être réduites comme
l’ont été celles des méthodes d’analyse avec des gains en reproduc-
tibilité, en temps et en efficacité.

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