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INSTITUTION RURALES

«L'institution rurale», dans son sens le plus général, se réfère à différents types
d'organisations, de marchés, de contrats, de normes culturelles et de règles informelles ou
formelles qui définissent les droits d'accès aux biens et aux services, ainsi que l'accès à la
gestion d'un espace donné ou à ses ressources naturelles.
Quel rôle peuvent jouer les acteurs locaux, organisés dans des structures et
institutions rurales formelles, dans la gestion durable des ressources naturelles
et la construction des territoires ruraux ?

Volet 1 : Le rôle des institutions rurales dans le développemen

La démarche fondamentale qui découle des stratégies de développement agricole et rural


durable définie ces dernières années, s’appuie sur le principe d’une gouvernance locale
assurée par la présence «d’organisations rurales fortes, représentatives des populations
agricoles et rurales et s’impliquant effectivement dans les projets de développement rural
local»
Les structures organisationnelles sont considérées comme le creuset de l’action collective des
producteurs agricoles et des communautés rurales pour gérer leurs ressources naturelles ou
économiques, pour participer aux processus de décision économique ou pour assurer les
formes de représentation et de défense des intérêts des populations appartenant au monde
et/ou à l’espace rural.
Les organisations agricoles et rurales rassemblent de multiples acteurs sociaux. Elles
concernent autant l’institution communautaire ou villageoise organisée sur un mode
traditionnel (associations de douars, djemâa), que les structures associatives, les
Organisations professionnelles agricoles (OPA), les coopératives ou les groupements
économiques d’intérêt commun constitués dans une commune rurale sur une base juridique
moderne. Elles sont impliquées dans les relations avec les structures publiques et services
extérieurs de l’État, ainsi que celles qui relèvent des collectivités locales.

• Les changements du paysage institutionnel et organisationnel agricole et rural.


Des changements du paysage institutionnel et organisationnel agricole et rural sont intervenus
dans le paysage institutionnel, en rapport notamment avec le processus de réformes
économiques et de décentralisation administrative engagée au Maroc.
Il a fallu attendre les années 1980 pour que plusieurs éléments convergent pour confier plus
de droits à la société civile et à ses organisations.
Les éléments qui ont contribué au changement d’attitude de l’État à l’égard des organisations
non gouvernementales sont notamment :
• L’application des politiques d’ajustement structurel, qui implique le retrait relatif de
l’État,
• NB : Les politiques d’ajustement structurel entrent dans le cadre d’un programme de
réformes économiques que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale
ont mis en place pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques
de sortir de leur crise économique,)
• Les pressions européennes pour l’élargissement des libertés démocratiques,
• La promotion de politiques de décentralisation
L’État, qui s’était proclamé comme le moteur du développement des organisations
professionnelles et des organisations rurales en général, va les reconnaître comme des
entités légales pouvant constituer des relais locaux de dynamisation économique et de
régulation sociale.
La mise en œuvre des réformes dans le cadre de l’application des politiques d’ajustement
structurel impliquait, par ailleurs, le transfert au profit d’organisations agricoles et/ou
rurales des activités que l’État n’assumait plus.
L’État va reconnaître les organisations professionnelles et les organisations rurales comme
des entités légales pouvant constituer des relais locaux de dynamisation économique et de
régulation sociale, ainsi il va transférer les activités qu’il assumait au profit d’organisations
agricoles et/ou rurales.
Le processus de construction des institutions du développement rural est un phénomène
récent qui correspond aux années de crise (1980). Il se déroule avec des modes
d’intervention directe de la puissance publique.
Les droits de propriété, les structures d’encadrement, et de services, les formes
d’intervention et d’organisation de la puissance publique ainsi que les politiques rurales
évolueront de façon sensible, au cours des années 1980-1990
A partir du début des années 1980 on assiste à des changements à plusieurs niveaux qui ont
favorisé la promotion d’organisations rurales :
• Désengagement de l’État de certaines activités ou de services en agriculture ex: la
cession au secteur privé des services de santé animale (campagne de
vaccination), le transfère progressivement des prestations à caractère commercial
assurées par les ORMVA au secteur privé
• La libéralisation du commerce des produits agricoles,
• Le changement du mode d’intervention dans le développement agricole au profit de
formes partenariales,.
• Développement des Chambres d’agriculture dont le rôle est l’encadrement de
proximité des agriculteurs.
• Renforcement de l’organisation interprofessionnelle dont l’objectif est de coordonner
l’activité de filières professionnelles, (fédération interprofessionnelles du secteur
avicole, association interprofessionnelle des producteurs de bananes, centre technique
interprofessionnel des oléagineux).
La nouvelle stratégie de développement rural intégré, qui a pour ambition de réduire
l’ampleur des retards du monde rural, vise la satisfaction des besoins essentiels des
populations en termes d’équipement (eau, assainissement, routes, électricité, logement, etc.)
et de services de base (scolarisation, alphabétisation, soins de santé, etc.) en s’appuyant sur
les associations.
Ces associations couvrent de nombreux et divers secteurs d’activités autour, soit de produits
(fruits et légumes, céréales et légumineuses, semences et plants, ovins et caprins, plantes
sucrières...), soit de services (Approvisionnement en facteurs de production, export,
microcrédit...), soit d’actions de développent local.
On remarque aussi que de nouvelles organisations agricoles et rurales émergent
indépendamment d’impulsions institutionnelles et de programmes gouvernementaux.
Ces différentes organisations relèvent d’initiatives sectorielles (gestion de l’eau, producteurs
fermiers...) mais aussi d’initiatives plus globales (développement local).
Cette émergence est liée au foisonnement d’initiatives collectives qui se manifestent
aujourd’hui dans le milieu rural.
Des habitants se sont organisés et mobilisés pour prendre en charge leur développement
(services, valorisation, d’une production), résoudre un problème commun, défendre des
valeurs (protection environnement, solidarité...), ce qui s’exprime notamment à travers le
mouvement associatif.
Au Maroc, de nombreuses associations ont ainsi vu le jour sur la base d’initiatives locales.
Elles se présentent comme solution endogène à une situation de crise vécue dans un douar
ou une communauté villageoise
Des coopératives sont créées sous la pression des besoins, des coopératives de services ont
été constituées par des éleveurs afin de profiter des avantages accordés par l’État en matière
de distribution d’intrants (aliments du bétail) et mise à disposition de services (vétérinaires,
formation).
Le développement d’associations professionnelles ou d’organisations rurales a été favorisé
par l’apparition de nouvelles élites, liée notamment aux progrès enregistrés par le système
scolaire réalisés dans le pays.
C’est ainsi que certaines zones rurales ont su tirer profit de l’installation d’un réseau de lycées
agricoles ou de centres de formation professionnelle
La crise de l’emploi qui a affecté les diplômés de l’enseignement technique supérieur, a
conduit de jeunes promoteurs de projets, des femmes, d’anciens fonctionnaires mis en
retraite anticipée, à utiliser les opportunités offertes par le nouveau cadre institutionnel.
Ces diplômés ont été à la base de l’initiative de projets ruraux innovants développés dans le
cadre du mouvement associatif local, régional ou national (promotion de produits de terroir,
production biologique, valorisation de ressources locales telles les plantes aromatiques et
médicinales, création de gîtes ruraux, tourisme de montagne, unités de première
transformation...).
L’émergence des organisations agricoles et rurales a profité également, de la présence de
leaders d’opinion,(c’est-à-dire des personnes dont l'opinion ou les choix sont susceptibles
d'influencer un grand nombre d'individus), originaires du milieu rural qui, par leurs qualités
personnelles ou leur influence politique ou professionnelle, parviennent à regrouper, au sein
d’une organisation des intérêts parfois divers (lutte pour la préservation de l’environnement,
défense des patrimoines religieux, organisation de fêtes locales et de rassemblements
culturels).
Ces leaders d’opinion ont permis à des populations d’être ainsi présentes dans les instances
de représentation locale (commissions et conseils d’élus locaux, comités techniques de
sélection des projets...).
Cependant les dynamiques observées dans le développement des organisations se heurtent
toutefois à des contraintes et contradictions qui ont fait obstacle à la réalisation de leurs
objectifs et de leurs activités.
Séance 4
• Les contraintes et défis dans les processus d’intervention des institutions rurales
• Ressources financières
La situation financière des organisations agricoles et rurales est une question cruciale car elle
conditionne souvent leurs possibilités d’action et constitue un indice sérieux pour leur
durabilité.
Le constat est que de nombreuses organisations agricoles et rurales sont victimes d’une
grande fragilité financière.
• Cas : les chambres d’Agriculture
La loi la loi n° 27-08 de 2009, portant statut des chambres d'agriculture, stipule que Les
chambres d'agriculture, sont des établissements publics à caractère professionnel dotés de la
personnalité morale et de l'autonomie financière.
Les organes d'administration et de gestion des chambres se composent de l'assemblée
générale, du bureau, des commissions ainsi que d'un secrétariat général d'une direction.
Les chambres sont les représentants des secteurs de l'agriculture auprès des pouvoirs publics
locaux, provinciaux, régionaux et nationaux.
Les chambres d'agriculture représentent et défendent les intérêts des agriculteurs et des
éleveurs dans leurs circonscriptions territoriales.
Les chambres d’Agriculture participent, à l'échelon local, provincial, régional ou national, à
l'élaboration de plans ou options se rapportant à l'activité agricole et au développement rural
en vue de développer des partenariats dans ces domaines avec les organismes
gouvernementaux et non gouvernementaux.
Les Chambres d’agriculture sont très dépendantes de l’administration étatique :
• elles le sont en matière de patrimoine : les locaux qu’elles occupent leurs sont
concédés par l’État ;
• elles le sont en matière de ressources financières: leur fonctionnement dépend en
grande partie des subventions budgétaires ;
L’attribution de subventions est une source de pouvoir que ni les directions des services
agricoles, ni l’administration centrale ne veulent déléguer, même partiellement, aux
différents acteurs organisés au sein des Chambres.
Pourtant, ce serait un moyen important pour leur donner plus de dynamisme dans
l’encadrement de la profession agricole.
Sur le plan de l’organisation administrative et financière, les Chambres d’Agriculture sont
sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, et soumises au contrôle du ministère des
Finances.
Ainsi la forte dépendance financière des organisations rurales par rapport aux structures
centrales et au budget des structures gouvernementales, affecte leur niveau d’intervention
et/ou de leurs champs d’action.
• Régime foncier
Le régime foncier est un élément important de l'interrelation entre la terre, l'homme et la
combinaison des facteurs et des moyens de production mis en œuvre pour une utilisation
efficiente.
L’agriculture dans les pays en voie de développement est, en effet, confrontée à la gestion de
plus en plus de défis de grande envergure notamment, la sécurité alimentaire, la raréfaction
des ressources naturelles ainsi que les retombées d’une mondialisation qui met en
concurrence des agricultures peu modernisées, avec des agricultures des pays développés
fortement subventionnées.
Dans ce contexte contraignant, le système de propriété foncière ne doit pas constituer une
contrainte aux préalables du développement agricole : investissement et productivité
agricole.
Les problèmes rencontrés pratiquement sont étroitement liés à la nature de régime foncier
qui oscille entre l’immatriculé qui se caractérise par la garantie qu’il offre et les propriétés
non immatriculées soumises à des risques.
La propriété foncière doit être sécurisée pour favoriser l’investissement agricole ainsi qu’un
usage efficient des ressources. La sécurisation de la propriété foncière est assurée par
l’inscription des droits du propriétaire par le biais de l’immatriculation foncière.
La situation foncière des exploitations agricoles au Maroc se caractérise par un morcellement
excessif des propriétés agricoles, une indivision importante qui touche la majorité des
exploitations, une pluralité des statuts fonciers, une insécurité foncière, un marché foncier
peu actif, des modes de faire valoir indirect précaires et une déperdition accrue des terrains
agricoles suite à l’extension de l’urbanisation.
Les structures foncières des terres agricoles au Maroc sont caractérisées par l'existence de
plusieurs statuts fonciers différents les uns des autres en ce qui concerne leur historique, les
législations qui les régissent, les rapports de droit entre l'homme et la terre et les
conséquences sur la mise en valeur agricole.
La complexité du régime juridique foncier au Maroc pour un investisseur résulte de plusieurs
facteurs et principalement de la diversité des statuts juridiques de la réserve foncière : les
terres dites « collectives » les «Habous» ou les «Guich» coexistent avec le «melk» et des
terres appartenant au domaine privé de l’Etat dont les caractéristiques sont très différentes.
Les systèmes fonciers marocains incluent une multiplicité de règles, lois, coutumes,
traditions, perceptions et règlements qui se chevauchent et qui déterminent la façon dont
les gens utilisent, contrôlent et transfèrent les terres.
Les dispositions institutionnelles et les normes socio-économiques et socioculturelles vécues
durant toute l'histoire du Maroc contribuent actuellement de différentes façons à la
formation d'un complexe d'interrogations en relation avec la terre et le développement
agricole.
Les questions afférentes aux régimes fonciers marocains ont toujours constitué un domaine
de réflexion pour le développement de l'agriculture marocaine sans pour autant que ces
débats aboutissent à une vision claire sur les éléments constituant réellement une
problématique.
Même dans les cas où des problèmes sont définis, sur la base d'hypothèses, les programmes
d'action ne sont pas matérialisés par des réalisations concrètes et de portée nationale pour
améliorer les structures foncières.
Durant la dernière décennie l'Etat marocain a manifesté un intérêt aux problèmes liés à la
diversité des modes d'accès à la terre, à la multiplicité des statuts fonciers, à l'utilisation et la
conservation des ressources naturelles.
Le débat risque de se prolonger et hypothèque, par voie de conséquence, l'élaboration d'un
code global du foncier et d'un programme d'action à long terme sur le terrain dans la
perspective d'une restructuration foncière nationale compatible avec les impératifs de
développement agricole.
Les terres collectives et "guich" sous leurs formes actuelles, sont considérées comme des
obstacles majeurs au développement agricole, car elles n’offrent pas les conditions de
sécurité et de stabilité nécessaires à l’intensification agricole et à l’investissement privé. En
plus la majorité de ces terres "guich" sont situées dans les zones urbaines.
Toutes les solutions envisagées préconisent la "melkisation" (la privatisation) de ces terres,
comme si les terres de propriété privée "melk", constituent un modèle à méditer en matière
d'intensification agricole et d'investissement privé.
Les terres "melk" qui représentent le vrai visage de l'agriculture marocaine connaissent, à
l'image des autres statuts tous les problèmes imaginables : insécurité sur la terre, l'ignorance,
la pauvreté, la marginalisation, la malnutrition, l'absence d'infrastructures sanitaires et socio
économiques, main d'œuvre non qualifiée, mal encadrée, insuffisance des ressources de
financement, etc.
Le foncier constitue ainsi l’obstacle important pour l’investissement au Maroc, il est à
l’origine de l’activité économique agricole, industrielle, touristique ou autre, ainsi, son
assainissement constitue une priorité des parties prenantes. (Cf. volet 2 du cours: Le régime
de la propriété foncière au Maroc)
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Volet 2 : Le régime de la propriété foncière au Maroc

Le régime foncier se réfère aux règles, aux autorités, aux institutions, aux droits et aux
normes qui régissent l'accès et le contrôle sur les terres et les ressources connexes.
Il définit les règles et les droits qui régissent l'appropriation, la culture et l'utilisation des
ressources naturelles dans un espace ou un terrain donné. Il gouverne qui peut utiliser
quelles ressources, combien de temps et sous quelles conditions.
• Définition du régime foncier
La FAO définit le régime foncier comme: « le rapport, défini par la loi ou la coutume, qui
existe entre des individus ou des groupes d’une part et les terres d’autre part. (Par souci de
simplicité, le terme «terre», tel qu’utilisé ici, inclut aussi les autres ressources naturelles
comme l’eau et les arbres ».
C’est une institution, c’est-à-dire un ensemble de règles élaborées par une société pour régir
le comportement de ses membres.
Ces règles définissent la répartition des droits de propriété sur les terres, les modalités
d’attribution des droits d’utilisation, de contrôle et de transfert des terres ainsi que les
responsabilités et limitations correspondantes.
Plus simplement, le régime foncier détermine qui peut utiliser quelles ressources pendant
combien de temps et dans quelles conditions.
• L’histoire du foncier
La propriété immobilière constitue un élément indispensable à la vie de l’Homme, un substrat
sur lequel l’être humain exerce ses activités journalières primordiales pour sa survie, mais elle
a le caractère d’un facteur identitaire d’où elle tire sa valeur humaine, à laquelle la stabilité
sociale des individus et des sociétés sont liées étroitement.
En plus de cette assurance personnelle, la propriété immobilière représente un moyen de
placement sans risque.
A l’antiquité, l’Homme n’a pas connu le terme « la propriété foncière », mais seulement le
terme « territoire » ou terre de tribu, un territoire imposé par la force militaire et le pouvoir
politique d’une collectivité, et de sa réputation devant les autres tribus.
Le choix de ces terres n’était pas au hasard, il était conditionné par la richesse de son sol, de
sa proximité aux ressources en eau, et de sa topographie : une altitude élevée garantit une
sécurité envers les menaces militaires.
Avec l’apparition de l’Islam, la sacralité du territoire s’est fondue pour le compte de la
communauté musulmane, autrement dit de l’autorité de l’état sur le patrimoine des gens,
pour des raisons d’intérêt collectif.
Ce démembrement de la notion du territoire a généré un droit de propriété appelée « la
propriété éminente » (RAQABA) ce droit appartenant à l’état musulman reflétant sa
souveraineté et son intégrité, ainsi qu’un droit en usufruit dont bénéficie la tribu.
Autrement dit :
Il y a un dignitaire ou souverain d’un coté, qui exerce le pouvoir permanent sur les terres
au non de la communauté musulmane et, de l’autre coté, des tribus qui occupent ces terres
et qui en détiennent l’usufruit.
(l’usufruit : intifa3, tassarouf, menfa3a)
Au Maroc de 1912 à 1956, après la signature de la convention du protectorat, l’occupant
français a instauré un système de réglementation foncière, qui lui a facilité l’exploitation des
terres fertiles, et cela en :
• Créant les formules juridiques permettant l’installation de l’occupation des terres,
• Assurant la sécurité de la propriété coloniale et l’ordre établi à la campagne ;
• Adoptant un régime de propriété foncière permettant le développement de
l’exploitation capitaliste ;
Le principe fondateur de ce système de réglementation foncière est l’établissement d’un
registre foncier ou livre foncier dans lequel toute information, relative aux biens et aux droits
lui sont affectés, est citée avec le maximum de traçabilité juridique et technique possibles [ le
bien est acheté ou hérité (actes), sa délimitation (non de riverains), sa superficie, les
plantations (types d’arbres ), etc..]
Il s’agit de doter les propriétaires d’une attestation inattaquable et de force probante devant
les tiers.
Il faut attendre la constitution de 7 décembre 1962 où pour la première fois la propriété
privée demeure un droit constitutionnel. « Le droit de propriété demeure garanti. La loi peut
en limiter l'étendue et l'exercice si les exigences du développement économique et social
planifié de la nation en dictent la nécessité. Il ne peut être procédé à expropriation que
dans les cas et les formes prévus par la loi. »
Nb : Expropriation : L’Etat prend la terre à quelqu’un pour intérêt général
Dans un souci de confirmer les dispositions de la constitution, le législateur a mis en place un
ensemble de textes tendant à mettre en adéquation les droits musulmans préexistant avec
les textes fonciers édictés sous l’indépendance.
Les dits textes constituent un arsenal juridique d’un caractère moderne et surtout « social »
marquant ainsi l’importance de l’intérêt public.
• Les sources du droit foncier
• Les préceptes du rite malékite
L’Ecole malékite avait un apport non négligeable dans la définition du foncier. Elle considère
l’immeuble comme « tout bien qui ne peut être déplacé, ou qu’il ne peut plus être déplacé
sans qu’il change de nature»
Cela signifie que le terme immeuble regroupe la terre et tout objet qui lui est affecté, soit des
arbres, les constructions….etc., donc leur déplacement introduit le changement de leur
nature, actuellement les textes juridiques s’inspirent des résidus de l’école Malékite.
3.2 La coutume
La coutume est une source importante du droit foncier marocain. En effet, les pratiques ont
joué un rôle fondamental sur les relations qu'entretiennent les personnes en tant
qu'individus ou en tant que groupes à l'égard de la terre.
Il s’agit de règles, principes, procédures et pratiques de par lesquelles une société définit son
contrôle sur la terre ; sa gestion ainsi que les modes d’exploitation des ressources et les
moyens de production en usage.
3.3 La source écrite (ou Droit positif)
Elle est constituée par les textes qui contiennent les règles formant le droit foncier, parmi ces
textes, les uns sont d’origine législative, d’autres d’origine réglementaire.
Avant l’indépendance : le droit régissant le foncier marocain ne faisait pas partie du domaine
de la loi, c'est-à-dire qu’il n’appartenait pas au législateur, seul le sultan qui était l’auteur du
texte.
Après l’indépendance : un dualisme de source venait d’apparaitre, combinant à la fois la voie
législative et réglementaire
3.4 La source jurisprudentielle
L’abondance législative ou réglementaire et parfois la contradiction des textes, le juge devait
forger le droit foncier, en s’inspirant du fort pouvoir discrétionnaire.
L’objectif est d’aboutir à des traitements similaires, du fait que les jugements antérieurs sont
caractérisés par la force de la chose jugée.
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Volet 2 : Le régime de la propriété foncière au Maroc (suite)


4. Diversité des régimes juridiques(5 types)
L’examen des statuts fonciers au Maroc fait ressortir une diversité de régimes
juridiques, fruit de la succession des statuts fonciers qui se sont succédés au cours de
l’histoire.
Outre la propriété privée, on peut distinguer comme autres formes juridiques
possédant des caractéristiques spécifiques et des modes de gestion propres :les biens
habous,les terres collectives, les terrains guich.Nous aborderons également les
principaux régimes domaniaux(public et privé) des Collectivités publiques ainsi que le
cas particulier du domaine forestier et maritime
• Les habous :
Les habous sont des biens religieux qui représentent un patrimoine considérable.
Le habous peut être défini comme :
« un acte juridique par lequel une personne, en vue d’être agréable à Dieu, se dépouille
d’un ou plusieurs de ses biens, généralement immeubles, et les met hors du commerce,
en les affectant à perpétuité à une œuvre pieuse, charitable ou sociale »
Cette affectation peut être:
• soit d’une manière absolue exclusive de toute restriction – habous public –,
• soit en réservant la jouissance de ces biens à une ou plusieurs personnes
déterminées – habous de famille [ à l’extinction des bénéficiaires, le habous de
famille devient habous public  ]
Le habous trouve son origine dans un hadith du prophète rapportant une directive qui
prévoit l’immobilisation d’un fonds, de sorte qu’il ne soit ni donné ni vendu et que ses
revenus reviennent à l’aumône. Ce bien est donc par nature inaliénable et insaisissable.
Pour ce qui est de cette nature « inaliénable et insaisissable», il faut signaler qu’il existe
plusieurs exceptions :
Les biens habous peuvent être aliénés:
• par voie d’adjudication aux enchères publiques mais avec obligation de réutiliser le
surplus de la vente,
• peuvent faire l’objet d’expropriation pour cause d’utilité publique.
Les biens habous comprennent :
• Les habous publics : des immeubles et fonds de commerce urbains ainsi que des
exploitations agricoles. Les revenus générés par ces habous publics furent très
utiles par le passé pour assurer dans les petites localités des activités d’intérêt
collectif (entretien des mosquées, écoles coraniques, bains maures…). Ils sont
gérés par le ministère des Habous.
• Les habous de famille : ce sont des biens dont la jouissance est réservée à une ou
plusieurs personnes déterminées jusqu’à l’extinction des bénéficiaires. Le bien
devient dès lors habous public.
Ces biens sont soumis au contrôle de l’administration des habous et sont soumis
à des règles spécifiques (autorisation préalable de l’administration des habous
pour l’échange ou la location par exemple).
• Les habous de zaouia : ce sont des biens constitués au profit d’une confrérie
religieuse. Ils sont gérés par le moquadem de la zaouia concernée et soumis au
contrôle de l’administration des habous.
Le ministère des Habous gère aujourd’hui un patrimoine urbain et rural important qui
en fait un acteur incontournable de toute politique foncière au Maroc
• Les terres collectives :
Les terres collectives sont soumises à la tutelle du ministère de l’Intérieur. Elles sont
probablement les formes les plus anciennes d’occupation des sols au Maroc et
constituent une réserve foncière vitale pour le monde rural.
A l’origine, ce sont essentiellement des terres de tribu, le terme « collectif » a été
instauré sous le Protectorat, et est devenu dans le langage courant un terme désignant
des propriétés inaliénables de collectivités ethniques.
Avant le Protectorat, ces terres ne disposaient pas d’un statut juridique spécifique mais
plutôt d’une occupation de fait de territoires plus ou moins stables par des tribus
itinérantes. Le Protectorat va s’y intéresser pour à la fois protéger les terres de ces
tribus et en contrôler la population.
Le Dahir de 1919 définit un régime juridique aux terres collectives avec les
caractéristiques de gestion ci-après :
• Reconnaissance de la propriété de terres collectives aux seules collectivités
ethniques ;
• Consécration du caractère inaliénable, insaisissable des terres collectives ;
• Compétence des seules jmaâs (assemblées de délégués et de notables) en matière
de gestion des biens collectifs ;
• Octroi d’un simple droit de jouissance au chef de foyer ayant droit.
La jmaâ gère les biens collectifs (y compris les terres) et ce, pour tout ce qui concerne le
partage de la terre entre ayants droit collectivistes (chefs de foyer), la mise en valeur du
patrimoine collectif ou encore le retrait de lots ;
Les terres collectives constituent néanmoins, aujourd’hui un enjeu important pour le
développement agricole et rural du Maroc.
Elles représentent une superficie estimée à quelque 12 millions d’hectares et restent
vitales pour la masse paysanne et pauvre du pays
4.3 Les terres guich
Les terres guich sont des terres que l’Etat makhzenien avait concédées en jouissance à
des tribus en contrepartie d’un service rendu, à caractère militaire. C’estun potentiel
foncier tombé en extinction.On les trouvait principalement autour des villes impériales
comme Meknès, Fès, Marrakech ou encore Rabat.
Au début du Protectorat, la superficie de ces terres était de 768 000 hectares.
L’administration du Protectorat privatisa une partie de ces terres (22 % du total) au
profit de leurs détenteurs et préleva une autre partie (8 %) au profit des colons dans les
régions de Meknès, Fès, Tadla, Sidi Kacem.
En échange de ces prélèvements, elle accorda aux collectivités guich ainsi amputées, la
pleine propriété sur les superficies restantes (c’est la collectivité guich qui est
propriétaire de la terre),
A la différence des terres collectives des tribus, l’Etat conserve le droit éminent des
terres guich, elles sont donc inscrites au domaine privé de l’Etat.Ce qui revient à dire
que l’Etat possède le droit de propriété sans exploiter lui même les terres.
Les collectivités guich sont titulaires à titre collectif de l’usufruit (menfaa) résultant
d’une concession du souverain ; et les ayants droit, membres de la collectivité guich,
sont titulaires d’un simple droit de jouissance (intifaa).
A l’instar du droit de propriété des terres collectives, le droit de menfaa est aussi
inaliénable, insaisissable et imprescriptible. Enfin, ces terres peuvent faire l’objet
d’expropriation.
Il ne reste aujourd’hui qu’environ 200 000 hectares de terres guich, presque
entièrement localisés dans le Haouz de Marrakech. Mais les anciennes terres guich
conservent souvent cette dénomination, notamment celles transformées en terres
collectives. Cette confusion est accentuée par la non-réglementation de ces terres :
aucun texte ne les régit.
A l’instar du droit de propriété des terres collectives, le droit de menfaa est aussi
inaliénable, insaisissable et imprescriptible.
• Inaliénable : ne pouvant être cédées ou vendues ;
• Imprescriptible  : ne pouvant être acquises par prescription acquisitive comme
c’est le cas pour le melk
• Insaisissable : ne pouvant faire l’objet de saisie, ces terres ne peuvent pas non plus
servir de garantie aux prêts hypothécaires ;
Séance 7

Volet 2 : Le régime de la propriété foncière au Maroc (suite)


4.4 Le domaine des collectivités publiques
Avant la période coloniale, il n’y avait pas de distinction entre domaine de l’Etat et
domaine privé du souverain.
En 1912, la distinction a été introduite dans la législation du Protectorat par la création
d’une commission de révision des biens makhzen. Tout au long du Protectorat,
l’administration utilisa les biens du domaine privé de l’Etat, soit pour les attribuer à des
colons « officiels », soit pour les affecter à différents usages administratifs.
Aujourd’hui, le domaine public de l’Etat (routes, ports, rivages, etc.) est placé sous le
contrôle et la gestion du ministère de l’Equipement. Il est imprescriptible et inaliénable
mais peut être déclassé en domaine privé.
Quant au domaine privé de l’Etat, il se compose de tout bien appartenant à une
collectivité publique et qui ne fait pas partie du domaine public. Le domaine privé de
l’Etat,(hors domaine forestier), est géré par la Direction des domaines du Ministère de
l’Economie et des Finances et par des sociétés d’Etat pour les terres agricoles (SODEA,
SOGETA) avant la création de l’ADA (Agence pour le Développement Agricole). Les
terres agricoles relevant du domaine privé de l’Etat sont louées actuellement aux privés
par l’ADA, suite à des appels d’offres.
Le domaine forestierest géré par le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts, en charge de
9 millions d’hectares dont à peine 10 000 seraient immatriculés, mais 82 % de ce
patrimoine est délimité, la délimitation constituant une étape qui favorise
l’immatriculation.
Ce domaine est lui aussi inaliénable, imprescriptible et insaisissable.
Ces règles ont pour but d’assurer la prédominance de l’intérêt public sur l’intérêt privé.
Ainsi le dahir du 10 octobre 1917 relatif à la conservation et à l’exploitation des forêts
dispose dans son article 1er que « les forêts sont soumises au régime forestier et font
partie du domaine privé de l’Etat »
Le Domaine public maritimeest constitué pour l'essentiel du rivage de la mer (donc de
la plus grande partie des plages) et du sol et sous-sol de la mer jusqu'à la limite des eaux
territoriales.
Parmi les usages normaux du Domaine Public maritime entre lesquels l'administration
est amenée à arbitrer, on peut citer : l'usage balnéaire pour les plages, l'accueil de
cultures marines sur les espaces propices, l'implantation d'ouvrages portuaires et de
sécurité maritime et enfin son maintien comme espace naturel.
4.5 Le domaine privé
En ce qui concerne la propriété privée au Maroc, on distingue les biens immatriculés de
ceux qui ne le sont pas (melk).
• Le melk
Le régime biens non immatriculés est fondé sur la notion de possession appelé l’hyazat,
et présentant des caractéristiques propres : le bien melk.
Se juxtapose, au côté du bien melk, le système d’immatriculation foncière mis en place
sous le Protectorat et conservé après l’Indépendance.
Le Melk, qui équivaut à la possession, est une propriété privée qui peut appartenir à
titre individuel à une ou plusieurs personnes.C’est le régime foncier le plus répandu en
matière de propriété foncière.
Le fondement juridique de la propriété melk se trouve dans la possessionqui doit
êtrepaisible, publique, exercée à titre de propriétaire, non interrompue, et cela
pendant une durée de dix ans (ou pendant quarante ans, lorsque la possession joue à
l’encontre de parents, d’alliés ou de copropriétaires),
Les éléments caractérisant la possession sont :
• Une possession continue : c’est à dire un usage normal et régulier du bien
• Une possession paisible : Il ne faut donc pas que le possesseur soit entré en
possession par la force. Par exemple : recours à l’expulsion du propriétaire par la
force pour pouvoir s’y installer. 
• Une possession publique : la possession doit donc être exercée sans
dissimulation et donc de manière apparente, au vu et au su des tiers.  C’est-à-dire
celui qui se prétend possesseur ne dissimule pas le bien pour empêcher le
véritable propriétaire d’agir pour mettre fin à la possession.
• Une possession non-équivoque : la possession ne doit pas être ambiguë.
Exemple : Si le propriétaire d’un bien melk autorise un voisin à utiliser son terrain
pour le pâturage de ses animaux, son voisin n'en est pas propriétaire ni
possesseur.
Le régime melk désigne la propriété immobilière régie par le droit musulman de rite
malékite.Dans ce régime, le droit de propriété et le droit de jouissance sont entre les
mains d’une même personne (c’est la même personne qui détient le bien et qui
l’exploite). Ce droit de pleine propriété privative est individuel, mais aussi il peut être
une propriété familiale appartenant à plusieurs héritiers.
L’immeuble melk fait l’objet de la pleine propriété privative fondée sur une occupation
sans contestation qui doit être prouvée par un acte de propriété traditionnel (moulkiya)
établi par les notaires de droit musulman (adoul) et authentifié par le juge de
l’authentification des actes (cadi taoutik) et inscrit dans le registre de propriété tenu au
tribunal de première instance.
Il convient de noter que la propriété melk est aussi très souvent indivise,(exploitation en
groupe, la part de chacun n’est pas déterminée, Chiya3) situation résultant le plus
souvent d’une transmission successorale,
Le partage en nature met en principe fin à l’indivision, à l’amiable ou de manière
judiciaire.
Si l’immeuble n’est pas partageable en nature, il peut être mis fin à l’indivision par la
licitation (mouzaida fi chiya3) ou la vente d’une quote-part indivise par un
copropriétaire, avec le droit de retrait appelé droit de chéfaa.
• Les terres immatriculées
La procédure d’immatriculation foncière est « l’ensemble des étapes juridiques et
techniques, ayant pour but de donner un point de départ à la propriété foncière et
cela par son inscription sur des livres fonciers, pour que l’immeuble bénéficie d’une
existence juridique et matérielle propre ».
Le système consiste à faire immatriculer, sur des registres spéciaux « les livres
fonciers »,.,. les immeubles et fonds avec toutes leurs caractéristiques de situation,
délimitation, contenance, ainsi que leur appartenance, droits réels existants...
permettant d'élaborer une fiche signalétique complète .
L'immatriculation foncière est une formalité, pour établir un titre foncier, qui soumet la
terre considérée au Droit immobilier moderne.
L'immatriculation au Maroc présente deux caractères notables :
• Elle est facultativeet n'a lieu que sur demande des intéressés :propriétaires,
détenteurs de droits réels ;
• Elle est spécialepour chaque immeuble : l’immatriculation groupée pour biens
est très rare.
L'aboutissement de cette procédure est marqué par l'élaborationd'un titre
foncier.
Au Maroc, l'immatriculation reste très limitée malgré le discours officiel brandissant les
avantages indéniables que peut procurer cette opération, la surface immatriculée en
presque un siècle représente, dans le milieu rural, environ 10% de la superficie agricole
utile.
Parmi les raisons du retard de l'immatriculation au Maroc, il y a lieu de citer :
• La complexité des procédures législatives : justifier l’existence ou l’étendue du droit
de propriété du requérant, les limites de la parcelle en cause, l’exercice d’un droit
réel susceptible de figurer sur le titre foncier….
• La lenteur administrative : demande du requérant, publication au BO, bornage,
litiges en cas d’opposition des riverains, litige devant les tribunaux….
• L’ignorance de la part des agriculteurs des avantages qu'offre cette
opération,garantir ses droits sur la propriété, hypothèque pour avoir des crédits….
• Le caractère facultatif de l'immatriculation
• Le coût exorbitant de cette opération : droits payés à la conservation foncière.
• Des procédures d’immatriculation complexes et longues.
L’absence d’immatriculation concerne une proportion assez significative des biens en
milieu rural. Il en résultela coexistence de biens immobiliers immatriculés et non
immatriculés.
Sauf dispositions juridiques particulières qui interdisent la cession des terres agricoles,
notamment le dahir n°1-75-643 du 23 avril 1975 qui interdit aux étrangers et aux
sociétés anonymes d’acquérir des propriétés agricoles situées en dehors des périmètres
urbains, les terres sous statut melk sont cessibles et transmissibles par voie de cession,
de succession et de don.
Dans les transactions immobilières, la mobilité des terres dans le marché foncier ne
cause pas de problème quel que soit le régime juridique de la propriété (immatriculée
ou non). L’immatriculation offre aux acquéreurs la sécurité de droit de propriété et la
possibilité d’accès aux crédits auprès des organismes financiers pour les investisseurs
(hypothèque).
L’immatriculation des terres tous statuts confondus reste un objectif prioritaire pour
l’Etat marocain
Séance 8

Volet 3 : Types de contrat de culture

L'agriculture sous contrat permet au secteur de la petite agriculture d'accéder à la


vulgarisation, à la mécanisation, aux semences, aux engrais et au crédit, ainsi qu'à des
marchés garantis et rentables pour l'écoulement de la production.
L'agriculture sous contrat peut contribuer à la fois à accroître le revenu des cultivateurs
et à assurer une plus grande rentabilité aux promoteurs.
• Définition d’un contrat
Le contrat, ou l’acte contractuel, est un instrument normal de la vie économique.Il est
défini comme « un instrument de mise en œuvre juridique des rapports économiques
nécessaires à l’échange de richesses et de services ».
Exemple : Acheter une voiture, louer un local ou une maison, travailler pour autrui ou
faire travailler autrui pour soi.
Le droit des contrats constitue une matière juridique très importante à laquelle le
législateur s’est intéressé dès le début du protectorat. Le Dahir du 9 ramadan 1331, (12
septembre 1913) formant Code des obligations et des contrats en constitue
d’ailleurs la preuve puisqu’il demeure toujours en vigueur.
Le contrat est donc un acte juridique constatant la volonté concordante de deux ou
plusieurs personnes en vue de produire des effets juridiques.Il s’agit donc d’un accord de
volonté librement consenti, accepté, volontairement assuré. En somme, c’est une
convention génératrice d’obligations.
Le rapport contractuel intervient donc entre plusieurs partenaires appelés les parties ; il
s’agit du créancier qui est en droit d’exiger de l’autre partie appelée débiteur une
certaine prestation, une créance, …
Le contrat a un caractère obligatoire qui lui donne « force de loi ». Il se forme par un
simple échange des volontés, c’est la rencontre simultanée d’une offre et d’une
acceptation.
Le législateur exige dans de nombreux cas qu’un acte soit passé par écrit, à peine de
nullité du contrat. Dans ces hypothèses, l’écrit est requis non plus pour la preuve mais
pour la validité du contrat.Mais dans la majorité des cas l’écrit est exigé, non pour la
validité du contrat mais pour une question de preuve. Le principe est que la preuve des
actes juridiques se fait par écrit
On distinguera :
• Les contrats usuels, d’origine traditionnelle qui s’apparentent au louage
• Le régime du bail rural tel qu’il découle du droit en vigueur
• Les contrats traditionnels
Le code des investissements agricoles précise que les terres comprises dans les
périmètres d’irrigation ne peuvent être exploitées que de manière directe par le
propriétaire ou indirecte par le locataire.
Ainsi tous les modes de faire valoir indirect qui ne correspondent pas juridiquement au
concept de louage, se trouvent ipso facto exclus.
NB : L’exploitation indirecte des terres en irrigué ne peut se faire que par location
Le contrat de location peut prévoir le versement d’un prix en numéraire, ou paiement
du prix par prélèvement d’une part des récoltes.
On distinguera :
• Les contrats de culture régis par le Droit musulman
• Les contrats coutumiers à parts de récolte
• Les contrats de culture régis par le Droit musulman
Le fikh organise trois conventions qu’il distingue nettement du louage : le contrat de
musâqat, le contrat de muzaraaet le contrat de mogharasa
• Le contrat de musâqat
Il est défini comme un « contrat portant sur un travail destiné à subvenir au besoin des
plantes, moyennant une contrevaleur qui ne provient pas d’autre chose que des fruits
desdites plantes et conclu selon les formules autres que celles de la vente, du louage ».
La part du travailleur est généralement fixée à la moitié des fruits, et sa tâche se limite à
l’entretien, et non pas à tout le cycle de production
Les jurisconsultes musulmans dénient à ce contrat la qualification de louage de choses
(kira) ou de louage de service ou d’ouvrage (Ijar).
• Le contrat de muzaraa
Dans un contrat de muzaraa« Le propriétaire fait apport de son terrain et d’une partie
des semences : le co-contractant assure le travail et avance lui-même sa part de
semences qui ne peut être inférieur à celle du propriétaire. La quotte part de chacun
dans la récolte est égale à son apport en semences ».
Pour le fikh, c’est un contrat d’association de culture qui se soumet aux règles de la
chirka
• Le contrat de mogharasa
Il se définit comme étant la convention par laquelle«le propriétaire d’un terrain charge
une personne de planter des arbres et s’engage en contrepartie à lui reconnaître la
propriété d’une fraction déterminée de l’ensemble, dès que les arbres donneront des
fruits ou au bout d’un délai convenu dans l’acte ».
Le preneur accède ainsi au statut de co-propriétaire. Il peut même faire cesser
l’indivision en exigeant le partage.
Les effets que produit ce contrat lui enlèvent toute ressemblance avec le bail, celui-ci
consistant toujours à céder au preneur la jouissance temporaire d’un bien avec
obligation de le restituer intégralement au bailleur, au terme convenu.
2.2 Les contrats coutumiers à parts de récoltes
Les plus connus sont le contrat de Khamessat et le contrat de terebaât ou rebbaâ.
Etant des conventions orales et non admises par le fikh orthodoxe, leurs caractères
demeurent imprécis et probablement variables selon les régions.
De manière générale, il s’agit de contrats par lesquels le propriétaire fournit la terre, les
semences et le matériel d’exploitation.
Le co-contractant apporte son travail qui est rémunéré par le quint (1/5)(khoumous), ou
le quart (1/4)(roubou).
Séance 9

Volet 3 : Types de contrat de culture et d’élevage (suite)

3. Le régime du bail rural


• Les contrats traditionnels de culture à la lumière des règles du D.O.C
Avant le protectorat, les relations contractuelles étaient régies par le droit musulman
relevant du rite malékite.
Les autorités du protectorat se sont empressées de faire adopter le Dahir (9 ramadan
1331) formant Code des obligations et des contrats (DOC).
Ce code toujours en vigueur, constitue la base de toute la réglementation contractuelle.
Trois contrats nommés dans le D.O.C. peuvent présenter des similitudes avec les
contrats traditionnels qui se pratiquent encore dans l’agriculture.
Il s’agit du louage de services, louage des choseset l’association contractuelle.
• Le louage de services.
Le DOC détermine les conditions d’emploi et de rémunération des salariés agricoles.
Ainsi le DOC ne s’applique pas aux travailleurs non rémunérés en espèces, tels que les
khammès et autres travailleurs à parts de récoltes.
La qualité de salarié est refusée à tous les travailleurs à parts de récoltes.
• Le louage des choses
Le DOC stipule que « le louage des choses est un contrat par lequel l’une des parties
cède à l’autre la jouissance d’une chose mobilière ou immobilière pendant un certain
temps, moyennant un prixdéterminé que l’autre partie s’oblige à lui payer ».
• L’association contractuelle
Le prix peut consister en une portion ou part indivise des produits de la chose louée.
Dans les baux de biens ruraux, on peut stipuler que le preneur, outre une somme
déterminée en numéraire ou une redevance en produits sera tenu de faire certains
travaux déterminés considérés comme faisant partie du prix.
Les règles du louage que pose le D.O.C. admettent de manière tellement large la liberté
contractuelle correspondant parfaitement aux caractères principaux des contrats
traditionnels de culture.
3.2 Le bail à ferme
En tant que contrat de louage de choses, le bail à ferme est subordonné, quant à ses
conditions de formation et d’exécution, au régime général du louage tel qu’il découle du
D.O.C.
Les dispositions particulières qui concernent le bail à ferme sont relatives:
• à la durée de la location ;
• à la jouissance du preneur et aux circonstances de son exonération de l’obligation de
payer le loyer ;
• aux modalités de la restitution des lieux.
Lorsque le bail porte sur un terrain compris dans un périmètre irrigué, il doit obéir en
plus, aux dispositions particulières du code des investissements agricoles.
• La durée de la location du bail à ferme
La durée présumée du bail à ferme correspond au temps qui est nécessaire au locataire
pour recueillir les fruits de la chose.
Elle prend effet à la date convenue par les parties et à défaut, le 13 septembre du
calendrier grégorien et expire après les récoltes ou le cas échéant, à la levée de la
dernière sole, c’est-à-dire la dernière pièce de terre soumise à l'assolement.
Toutefois, lorsque le bail à ferme porte sur un terrain irrigué, la location à l’année
s’entend pour une période de douze mois pleins.
Un préavis de six mois est en effet nécessaire pour éviter la reconduction de la location
pour une nouvelle période égale à la première.
En revanche, aucune formalité n’est requise pour la résolution du bail à durée ferme.
Celle-ci peut atteindre quarante années.
Cependant, quelle que soit la durée de la location, le preneur maintenu dans les lieux
par le bailleur à l’expiration du terme conventionnel peut prétendre au renouvellement
de son contrat pour une période égale à celle qui s’achève.
• La jouissance et l’exonération du preneur
Les lieux loués se destinent aux cultures stipulées dans le contrat.
A défaut de précision, on présume que le locataire est autorisé à les affecter à toutes les
cultures susceptibles d’être faites sur des soles de même qualité.
Le preneur ne peut toutefois ni réaliser des travaux ni intoduire des changements de
cultures de nature à porter préjudice au bailleur, même après la restitution des lieux.
Les prérogatives les plus importantes du preneur à ferme sont relatives à l’entretien de
la chose et à son exonération de payer le loyer.
Le D.O.C. étend l’obligation d’entretien qui pèse sur le bailleur à tous les travaux
nécessaires à la jouissance tels que « l’ouverture et entretien des fossés d’écoulement,
curage des canaux entretien des chemins, sentiers et haies, réparations locatives des
bâtiments ruraux et des silos ».
• Les obligations attachées à la restitution
En matière de bail à ferme, les règles particulières qu’introduit le D.O.C. sont relatives à
l’établissement d’un inventaire et d’une évaluation par les deux parties lors de l’entrée
dans les lieux, chaque fois que le bail comprend des ustensiles, du bétail ou des
provisions telles que du foin, de la paille ou des engrais. La rédaction d’un état des lieux
demeure par ailleurs facultative.
Le locataire répond de toutes les détériorations qui lui sont imputables à moins qu’elles
ne soient occasionnées par la force majeure, un cas fortuit ou par l’usage ordinaire de la
chose.
3.3 Les particularités du bail portant sur des terres situées dans les périmètres irrigués
Le code des investissements agricoles soumet à des règles particulières les conventions
de louage relatives à des terres comprises dans les périmètres de mise en valeur.
Il impose dans tous les cas la rédaction d’un contrat écrit qui doit être mentionné dans
des registres spéciaux ouverts par l’autorité administrative.
Ce contrat doit obligatoirement porter référence de l’état civil des parties, de la
situation, de la consistance, du numéro du titre foncier ou de la réquisition
d’immatriculation de l’immeuble concerné, de la nature et de la durée du bail, ainsi que
du montant du loyer.
Dans tous les cas, la durée de la location doit correspondre à un ou plusieurs cycles de
rotation des cultures prévues dans le plan d’assolement.
Séance 10

Volet 4 : Les collectivités territoriales  : rôle de la Région

La région est une pièce maîtresse à même de compléter et de parfaire l'édifice


institutionnel du Royaume.
Elle fournit une instance, où les représentants des populations pourront débattre à
travers leurs élus au sein des collectivités locales et des organisations
socioprofessionnelles, des aspirations et des projets de leur région.
La constitution de 2011 a érigé la région en qualité de personne morale distincte de
l'État, disposant d'un pouvoir réglementaire pour l’exercice de ses attributions.
La région dispose d'un organe délibérant, le conseil régional élu, d'un organe exécutif,
le président, élu par l'assemblée.
L'action régionale s'exécute sous le contrôle du wali de la région, représentant le
pouvoir central.
La loi donne de réelles attributions au conseil pour agir dans sa région.
En plus de l’aménagement territorial, le conseil doit également prévoir un programme
de développement. Sans oublier un rôle accentué en matière de développement
économique, via le soutien aux entreprises, et la promotion du tourisme. Le texte
prévoit également un établissement public pour chaque région afin de gérer les grands
projets. L’établissement prendra la forme d’une « agence régionale d’exécution de
projets » qui bénéficiera d’une autonomie morale...
1.Les Compétences propres :
Les Compétences propres à la région portent sur le développement régional :
développement économique, formation professionnelle, formation continue et
emploi, développement rural, transport régional, conservation du patrimoine culturel
de la région, gestion des parcs régionaux, etc.
2. Les compétences partagées :
Le pouvoir central, représenté notamment par les walis et le gouvernement, va devoir
transférer un certain nombre de compétences au profit des régions. Cela, dans
différents secteurs, comme celui de l’industrie, de la santé, du commerce, de
l’éducation, de la culture ou encore du sport.
Les compétences partagées sont notamment:
• Développement économique: amélioration de l'attractivité régionale pour les
investissements, emploi, recherche scientifique.
• Développement rural: création de pôles agricoles, électrification et adduction
d'eau potable aux villages isolés, etc.
• Environnement: gestion des ressources naturelles, et lutte contre la pollution et
la désertification, gestion des parcs protégés, et des forêts.
• Compétences transférables
Ce sont des compétences étatiques qui seront graduellement transférées aux régions.
Il s'agit notamment de:
• Équipements et infrastructures régionaux;
• Industrie;
• Santé;
• Commerce;
• Enseignement;
• Culture;
• Sport;
• Énergie, eau et environnement.
Dans ce cadre de transfert de compétences, le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche
Maritime a décliné le Plan Maroc Vert en plans agricoles régionaux et a construit une
offre agricole régionalisée, en s’engageant avec ses partenaires régionaux autour
d’objectifs communs, mobilisant les fonds régionaux et nationaux, les organismes de
crédit, les investisseurs, ainsi que les autres bailleurs de fonds désireux de soutenir le
Maroc, dans la mise en œuvre du Plan Maroc Vert.
Il s’agit d’une approche qui consiste en la mise en place de nouvelles dynamiques de
développement agricole dans les territoires, sur la base des orientations fixées au
niveau national et d’un diagnostic régional.
L’élaboration du Plan Régional Agricole est un exemple concret de transfert de
compétences du Ministère de l’Agriculture au régions.

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