«L'institution rurale», dans son sens le plus général, se réfère à différents types
d'organisations, de marchés, de contrats, de normes culturelles et de règles informelles ou
formelles qui définissent les droits d'accès aux biens et aux services, ainsi que l'accès à la
gestion d'un espace donné ou à ses ressources naturelles.
Quel rôle peuvent jouer les acteurs locaux, organisés dans des structures et
institutions rurales formelles, dans la gestion durable des ressources naturelles
et la construction des territoires ruraux ?
Le régime foncier se réfère aux règles, aux autorités, aux institutions, aux droits et aux
normes qui régissent l'accès et le contrôle sur les terres et les ressources connexes.
Il définit les règles et les droits qui régissent l'appropriation, la culture et l'utilisation des
ressources naturelles dans un espace ou un terrain donné. Il gouverne qui peut utiliser
quelles ressources, combien de temps et sous quelles conditions.
• Définition du régime foncier
La FAO définit le régime foncier comme: « le rapport, défini par la loi ou la coutume, qui
existe entre des individus ou des groupes d’une part et les terres d’autre part. (Par souci de
simplicité, le terme «terre», tel qu’utilisé ici, inclut aussi les autres ressources naturelles
comme l’eau et les arbres ».
C’est une institution, c’est-à-dire un ensemble de règles élaborées par une société pour régir
le comportement de ses membres.
Ces règles définissent la répartition des droits de propriété sur les terres, les modalités
d’attribution des droits d’utilisation, de contrôle et de transfert des terres ainsi que les
responsabilités et limitations correspondantes.
Plus simplement, le régime foncier détermine qui peut utiliser quelles ressources pendant
combien de temps et dans quelles conditions.
• L’histoire du foncier
La propriété immobilière constitue un élément indispensable à la vie de l’Homme, un substrat
sur lequel l’être humain exerce ses activités journalières primordiales pour sa survie, mais elle
a le caractère d’un facteur identitaire d’où elle tire sa valeur humaine, à laquelle la stabilité
sociale des individus et des sociétés sont liées étroitement.
En plus de cette assurance personnelle, la propriété immobilière représente un moyen de
placement sans risque.
A l’antiquité, l’Homme n’a pas connu le terme « la propriété foncière », mais seulement le
terme « territoire » ou terre de tribu, un territoire imposé par la force militaire et le pouvoir
politique d’une collectivité, et de sa réputation devant les autres tribus.
Le choix de ces terres n’était pas au hasard, il était conditionné par la richesse de son sol, de
sa proximité aux ressources en eau, et de sa topographie : une altitude élevée garantit une
sécurité envers les menaces militaires.
Avec l’apparition de l’Islam, la sacralité du territoire s’est fondue pour le compte de la
communauté musulmane, autrement dit de l’autorité de l’état sur le patrimoine des gens,
pour des raisons d’intérêt collectif.
Ce démembrement de la notion du territoire a généré un droit de propriété appelée « la
propriété éminente » (RAQABA) ce droit appartenant à l’état musulman reflétant sa
souveraineté et son intégrité, ainsi qu’un droit en usufruit dont bénéficie la tribu.
Autrement dit :
Il y a un dignitaire ou souverain d’un coté, qui exerce le pouvoir permanent sur les terres
au non de la communauté musulmane et, de l’autre coté, des tribus qui occupent ces terres
et qui en détiennent l’usufruit.
(l’usufruit : intifa3, tassarouf, menfa3a)
Au Maroc de 1912 à 1956, après la signature de la convention du protectorat, l’occupant
français a instauré un système de réglementation foncière, qui lui a facilité l’exploitation des
terres fertiles, et cela en :
• Créant les formules juridiques permettant l’installation de l’occupation des terres,
• Assurant la sécurité de la propriété coloniale et l’ordre établi à la campagne ;
• Adoptant un régime de propriété foncière permettant le développement de
l’exploitation capitaliste ;
Le principe fondateur de ce système de réglementation foncière est l’établissement d’un
registre foncier ou livre foncier dans lequel toute information, relative aux biens et aux droits
lui sont affectés, est citée avec le maximum de traçabilité juridique et technique possibles [ le
bien est acheté ou hérité (actes), sa délimitation (non de riverains), sa superficie, les
plantations (types d’arbres ), etc..]
Il s’agit de doter les propriétaires d’une attestation inattaquable et de force probante devant
les tiers.
Il faut attendre la constitution de 7 décembre 1962 où pour la première fois la propriété
privée demeure un droit constitutionnel. « Le droit de propriété demeure garanti. La loi peut
en limiter l'étendue et l'exercice si les exigences du développement économique et social
planifié de la nation en dictent la nécessité. Il ne peut être procédé à expropriation que
dans les cas et les formes prévus par la loi. »
Nb : Expropriation : L’Etat prend la terre à quelqu’un pour intérêt général
Dans un souci de confirmer les dispositions de la constitution, le législateur a mis en place un
ensemble de textes tendant à mettre en adéquation les droits musulmans préexistant avec
les textes fonciers édictés sous l’indépendance.
Les dits textes constituent un arsenal juridique d’un caractère moderne et surtout « social »
marquant ainsi l’importance de l’intérêt public.
• Les sources du droit foncier
• Les préceptes du rite malékite
L’Ecole malékite avait un apport non négligeable dans la définition du foncier. Elle considère
l’immeuble comme « tout bien qui ne peut être déplacé, ou qu’il ne peut plus être déplacé
sans qu’il change de nature»
Cela signifie que le terme immeuble regroupe la terre et tout objet qui lui est affecté, soit des
arbres, les constructions….etc., donc leur déplacement introduit le changement de leur
nature, actuellement les textes juridiques s’inspirent des résidus de l’école Malékite.
3.2 La coutume
La coutume est une source importante du droit foncier marocain. En effet, les pratiques ont
joué un rôle fondamental sur les relations qu'entretiennent les personnes en tant
qu'individus ou en tant que groupes à l'égard de la terre.
Il s’agit de règles, principes, procédures et pratiques de par lesquelles une société définit son
contrôle sur la terre ; sa gestion ainsi que les modes d’exploitation des ressources et les
moyens de production en usage.
3.3 La source écrite (ou Droit positif)
Elle est constituée par les textes qui contiennent les règles formant le droit foncier, parmi ces
textes, les uns sont d’origine législative, d’autres d’origine réglementaire.
Avant l’indépendance : le droit régissant le foncier marocain ne faisait pas partie du domaine
de la loi, c'est-à-dire qu’il n’appartenait pas au législateur, seul le sultan qui était l’auteur du
texte.
Après l’indépendance : un dualisme de source venait d’apparaitre, combinant à la fois la voie
législative et réglementaire
3.4 La source jurisprudentielle
L’abondance législative ou réglementaire et parfois la contradiction des textes, le juge devait
forger le droit foncier, en s’inspirant du fort pouvoir discrétionnaire.
L’objectif est d’aboutir à des traitements similaires, du fait que les jugements antérieurs sont
caractérisés par la force de la chose jugée.
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