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Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUET BOIGNY de YAMOUSSOUKRO

Département G.C.A.A.

COURS DE
CORROSION DES MATERIAUX METALLIQUES
(30 heures)

ENSEIGNANT : Dr GUEU S. ; Maître Assistant.


Département de formation de de Recherche Génie Chimique et Agro Alimentaire
(GCAA) – Laboratoire des Procédés Industriels de Synthèse de l’Environnement et
des Energies Nouvelles (LA.P.I.S.E.N).

1
SOMMAIRE

CHAPITRE I : ASPECTS THERMODYNAMIQUES DE LA CORROSION .…..Page 1

CHAPITRE II : ASPECTS CINETIQUES DE LA CORROSION ………………Page 17

CHAPITRE III : DIVERSES FORMES DE CORROSION …………......………Page 26

CHAPITRE IV : LUTTE CONTRE LA CORROSION ………………...…..……Page 33

2
La corrosion?
Quelques images de la corrosion

CHAPITRE I: ASPECTS THERMODYNAMIQUES DE LA CORROSION


I: Généralités
I-1: Définition
Le nom « corrosion » vient du latin « corroder » qui signifie ronger ou attaquer. En effet, la corrosion
est une dégradation du matériau ou de ses propriétés (physicochimiques, mécaniques, etc.) par
interaction chimique avec le milieu environnant.
On distingue la corrosion humide et la corrosion sèche. La première étant la plus répandue, notre cours
ne se limitera qu’à elle (corrosion humide).

I-2) Pourquoi lutter contre la corrosion?


 Eviter la perte en matériau (raison économique)
On estime que, pour ce qui concerne l’acier, ¼ de la production mondiale serait détruite chaque année
par la corrosion si l’on n’y prenait garde.
 Eviter que les édifices tombent en ruine et qu’ils causent des accidents (raison sécuritaire)
Exple 1 : Le 4 mars 1965, un gazoduc corrodé éclata en Louisiane en provoquant un incendie qui
causa la mort de 17 personnes.
Exple 2 : Le mardi 06 septembre 2016 à 15h05, un incident s’est produit sur le pont ferroviaire du
fleuve N’ZI, suite à un affaissement partiel d’une des travées de cet ouvrage_ ce pont est vieux de 100
ans.

1
 Pour des raisons esthétiques
Maintenir les statues ou autres objets d’art en bon état.
La tour Eiffel, inaugurée en 1889, est une tour d’acier de 324 mètres de hauteur. Ce monument est
devenu le symbole de la capitale française, et un site touristique de premier plan avec 7,1 millions de
visiteurs dont 75 % d'étrangers en 2011.
Pourquoi faire une étude sur la corrosion?
Il importe de développer notre connaissance de la lutte contre la corrosion au même titre que celui du
développement des industries de pointe.
Les évaluations des coûts de la corrosion et de l’anticorrosion varient entre 1,5 et 5% du PNB dans les
pays industrialisés. Ceci comprend les pertes en métal, les frais d’entretien et de réparation, le coût des
études de la protection.
Aux états unis, le coût a été évalué entre 5 et 8 milliards de dollars par an.

I-3) Facteurs de corrosion humide


Mise en évidence expérimentale
Quatre clous en acier dégraissés sont placés chacun dans un tube à essai. On ajoute alors:
 Dans le premier tube, quelques cristaux de chlorure de calcium anhydre, qui ont la propriété
d’absorber la vapeur d’eau;
 Dans le deuxième, de l’eau, portée pendant quelques minutes à ébullition afin de la désaérer,
et de la vaseline qui forme une couche à la surface de l’eau (en se refroidissant, cette couche
constitue un bouchon qui empêche tout contact entre la solution et l’air);
 Dans le troisième, de l’eau distillée, de manière à couvrir le clou à moitié;
 Dans le quatrième, de l’eau salée en quantité semblable.

2
On bouche soigneusement les deux premiers tubes, plus légèrement les deux autres.
La corrosion étant toujours lente, on laisse reposer les tubes pendant 24H au moins, avant d’examiner
leur contenu.

Observations
On constate que le premier clou semble inattaqué; en revanche, des traces brunes de rouille sont visibles
sur les autres.
La quantité de rouille formée croit lorsque l’on passe du deuxième au troisième tube et du troisième au
quatrième.
Conclusion
La présence simultanée de dioxygène et d’eau est un facteur favorable à la corrosion; il en est de même
de la présence d’ions, même s’ils ne participent pas au bilan des réactions.

II: Notions de potentiel d’électrode ou potentiel électrochimique


Soit une lame métallique (métal M) plongeant dans une solution oxydante. Il existe une différence de
potentiel entre la lame métallique et la solution.
Par définition, cette différence de potentiel est appelée potentiel d’électrode.

3
Ce potentiel est caractéristique du couple mis en jeu.
La réaction d’oxydo-réduction mise en jeu est traduite par l’équation suivante :
M Mn+ + ne-
L’équation précédente peut-être généralisée par: νréd ν’ OX + ne-

La relation de Nernst (établit en 1889) permet de connaître le potentiel d’électrode à l’équilibre :


𝑅𝑇 𝑎 ν’
E = E°OX/Réd + 𝐿𝑛 ν𝑜𝑥 relation de Nernst :
𝑛𝐹 𝑎𝑟é𝑑

E = Potentiel d’électrode
E° = Potentiel normal ou standard du couple OX/Réd en présence
R = Constante des gaz parfaits ; R = 8,314 J.K-1
T = température absolue ; T = 298 K
F = Nombre de Faraday ; F = 96500 Coulomb et
n = Nombre d’électrons mis en jeu au cours de la réaction.

En remplaçant le logarithme népérien par le logarithme décimal, la relation devient :


𝑅𝑇 𝐿𝑛10 ν’
𝑎𝑜𝑥
E = E°OX/Réd + 𝑛𝐹
𝐿𝑜𝑔 ν
𝑎𝑟é𝑑

8,314 𝑥 298 𝐿𝑛10 ν’


𝑎𝑜𝑥
E = E°OX/Réd + 𝑛 𝑥 96500
𝐿𝑜𝑔 ν
𝑎𝑟é𝑑

0,059 ν’
𝑎𝑜𝑥
E = E°OX/Réd + 𝑛
𝐿𝑜𝑔 ν
𝑎𝑟é𝑑
Relation de Nernst à 25°C

Avec asolide =1 ; aespèce soluble = concentration ; agaz = pression partielle

4
III) Applications de la relation de Nernst
Exemple 1
Fe Fe2+ + 2 e-
0,059
E = E°Fe2+/Fe + 𝑙𝑜𝑔 [𝐹𝑒 2+ ]
2

Exemple 2
Cl2(g) + 2 e- 2 Cl-
0,059 𝑃𝐶𝑙2𝑔
E = E°Cl2/Cl + 2
𝑙𝑜𝑔 [𝐶𝑙−]2

Exemple 3
Cr2O72- + 14 H+ + 6 e- 2 Cr3+ + 7 H2O
0,059 [𝑐𝑟2𝑂7]. [𝐻+]14
E = E°Cr2O7/Cr + 6
𝑙𝑜𝑔 [𝐶𝑟3+]2

IV- Prévention des réactions rédox en solution aqueuse


Expérience 1 : on immerge de la paille de fer dans une solution de sulfate de cuivre II

Observation :
on observe rapidement sur la paille de fer un dépôt rouge. Au bout de quelque temps, on observe la
décoloration de la solution de cuivre II qui passe du bleu turquoise au vert.
Conclusion :
Du cuivre solide s’est déposé.
Les ions Cu2+ ont disparu en grande partie.
Des ions Fe2+ sont apparus dans la solution.

5
Les deux demi équation s’écrivent : Fe Fe2+ + 2e-
Cu2+ + 2e- Cu
L’équation globale, l’équation bilan de la réaction s’écrit :
Cu2+ + Fe Cu + Fe2+
Expérience 2 : On verse une solution transparente de nitrate d’argent sur des copeaux de cuivre

Observation :
on observe rapidement un dépôt grisâtre sur les copeaux
Au bout de quelque temps, on observe une coloration de la solution qui devient légèrement bleue.
Conclusion :
De l’argent solide s’est déposé.
Les ions Ag+ ont disparu en grande partie.
Des ions Cu2+ sont apparus dans la solution.
Les deux demi équation s’écrivent : 2Ag+ + 2e- 2Ag
Cu Cu2+ + 2e-
L’équation globale, l’équation bilan de la réaction s’écrit :
2Ag+ + Cu 2Ag + Cu2+

NB : Les deux expériences précédentes traduisent que les réactions rédox se déroulent dans un sens
bien précis. Pour le savoir, on fait appel à la classification électrochimique.

6
La règle du Gamma
La classification électrochimique permet de prévoir la réaction entre 2 couples oxydant réducteur en
utilisant la règle du GAMMA:
Un oxydant peut oxyder tout réducteur place en dessous de lui dans la classification.
En traçant la lettre gamma, la branche descendante indique les réactifs et la branche montante indique
les produits de la réaction possible.

Exercice d’application
Exemple 1)
On dépose des morceaux d’aluminium (Al) dans une solution d’acide chlorhydrique (représenté par
l’ion H3O+ dans la classification électrochimique). Y a t-il une réaction ? Justifier

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Exemple 2)
Au cours de travaux pratiques se déroulant pendant le cours de sciences physiques, Amélie laisse
tomber sa bague en argent (de formule Ag) dans une solution d’acide chlorhydrique. Cette bague sera
t-elle attaquée par l’acide chlorhydrique ? Justifier.

V : Diagramme potentiel-pH (E-pH) ou Diagramme de POURBAIX


L’application de la formule de Nernst fournit le potentiel de la solution sous la forme :
0,059 𝑎 ν’ [𝐻 + ]𝑚
E = E°OX/Réd + 𝑛
𝐿𝑜𝑔 𝑜𝑥𝑎ν Relation de Nernst à 25°C
𝑟é𝑑

𝑚 0,059 𝑎 ν’
E = E°OX/Réd – 0,059 𝑛
𝑝𝐻 + 𝑛
𝐿𝑜𝑔 𝑎ν𝑜𝑥
𝑟é𝑑

La droite E = f(pH) pour un couple rédox partage le plan en deux régions. Ces deux régions
correspondent à la prédominance d’une entité par rapport à l’autre.

𝑎 ν’ ν’ ν 𝑚
Si 𝑎ν𝑜𝑥 > 1 c à d 𝑎𝑜𝑥 > 𝑎𝑟é𝑑 alors le potentiel E est supérieur à E°OX/Réd - 0,059 𝑛
𝑝𝐻
𝑟é𝑑

L’on se situe ainsi dans la partie du plan supérieure à la droite : C’est le domaine de prédominance de
l’oxydant.

E (V)

pH

1 La partie supérieure correspond au domaine de formation de la forme oxydée


2 La partie inférieure correspond au domaine de formation de la forme réduite

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VI : Application
VI-1 : Diagramme de Pourbaix du solvant eau
Choix des espèces
Dans la molécule d’eau, les nombres d’oxydation (n.o) respectifs des éléments hydrogène et oxygène
sont +I et –II. L’eau peut donc :
- Soit jouer le rôle d’oxydant et subir une réaction de réduction au cours de laquelle le n.o de
l’élément hydrogène diminue (celui de l’oxygène ne peut plus diminuer): on obtient, en
général, l’élément hydrogène au degré 0, c’est-à-dire le corps simple dihydrogène H2 ;

- Soit jouer le rôle de réducteur et subir une réaction d’oxydation au cours de laquelle le n.o de
l’élément oxygène augmente (celui de l’élément hydrogène ne peut plus augmenter) : on
obtient en général, l’élément oxygène au degré 0, c’est-à-dire le corps simple dioxygène O2.

L’eau oxydante : couple H2O/H2


Le caractère oxydant de l’eau est lié à la présence de l’élément hydrogène avec un n.o égal à +I. Il en
est de même pour les ions H3O+ qui, en solution, sont en équilibre acido-basique avec les molécules
d’eau.
Le caractère oxydant de l’eau est donc traduit de la même manière par les deux couples H3O+/H2, et
H2O/H2. Néanmoins, il est recommandé d’utiliser de préférence le couple H3O+/H2 pour les deux
raisons suivantes :
- Les potentiels standards des différents couples redox sont définis à pH = 0 et l’écriture des
demi-réactions électrochimiques fait donc toujours intervenir des ions H3O+.
- L’établissement d’un diagramme E-pH nécessite d’exprimer les potentiels en fonction du pH,
ce qui est plus commode quand les couples considérés font intervenir les ions H3O+ plutôt que
les molécules d’eau ou les ions hydroxyde OH-.

 Le couple H2O/H2 ou H3O+/H2


2 H3O+ + 2 e- = H2 + 2H2O
0,059 [𝐻3𝑂+]2
E = E°H3O+/H2 + 2
𝐿𝑜𝑔 𝑃𝐻2

0,059 0,059
E = E°H3O+/H2 + 𝐿𝑜𝑔 [𝐻3𝑂+ ]2 − 𝐿𝑜𝑔 𝑃𝐻2
2 2
0,059
E = E°H3O+/H2 - 0,059 𝑝𝐻 – 𝐿𝑜𝑔 𝑃𝐻2 Avec E°H3O+/H2 = 0,0 V
2
0,059
E = −0,059 𝑝𝐻 − 2
𝐿𝑜𝑔 𝑃𝐻2 Si PH2 = Ptracé = 1 bar alors

E = −0,059 𝑝𝐻

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L’eau réductrice : couple O2/H2O
Le caractère réducteur de l’eau est lié à la présence de l’élément oxygène avec un n.o égal à -II.
 Le couple O2/H2O :
6 H2O = O2 + 4H3O+ + 4 e-
0,059
E = E°O2/H2O + 𝐿𝑜𝑔([𝐻3𝑂+ ]4 . 𝑃𝑂2 )
4
0,059 0,059
E = E°O2/H2O + 4
𝐿𝑜𝑔[𝐻3𝑂+ ]4 + 4
𝐿𝑜𝑔𝑃𝑂2
0,059 𝑥 4 0,059
E = E°O2/H2O + 4
𝐿𝑜𝑔[𝐻3𝑂+ ] + 4 𝐿𝑜𝑔𝑃𝑂2 E°O2/H2O = 1,23 V
0,059
E = E°O2/H2O - 0,059 pH + 4
𝐿𝑜𝑔𝑃𝑂2 Si PO2 = Ptracé = 1 bar alors

E = 1,23 – 0,059 pH

Commentaires du diagramme

Entre les deux droites, l’eau ne peut être réduite ni oxydée : ce domaine du plan (pH ; E) est le
domaine de stabilité de l’eau.

En-dessous de la droite - 0,06 pH, la réduction de l’eau se poursuit selon :


2 H3O+ + 2 e- H2 + 2H2O

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Cette réduction s’accompagne d’une augmentation du pH du milieu réactionnel puisqu’elle
consomme les ions hydroniums de la solution.
Si le milieu réactionnel a un pH neutre ou basique, cette réaction est mieux traduite par la demi-
équation mettant en jeu les espèces majoritaires :
2 H2O + 2 e- H 2 + 2OH-

Au-dessus de la droite 1,23-0,06 pH, l’oxydation de l’eau se poursuit selon :


6 H2O O2 + 4H3O+ + 4 e-
Cette oxydation s’accompagne d’une diminution du pH du milieu réactionnel puisqu’elle fournit les
ions hydroniums.
Si le milieu réactionnel a un pH basique, cette réaction est mieux traduite par la demi-équation
mettant en jeu les espèces majoritaires :
4 OH- 2H2O + O2 + 4 e-

VI-2) Diagramme de Pourbaix simplifié du fer


Données thermodynamiques à 25°C
Fe2+ + 2 e- Fe E°Fe2/Fe = -0,44 V
Fe3+ + e- Fe2+ E°Fe3/Fe2 = + 0,771 V
pKS1 Fe(OH)2 = 15,1 soit KS1 = 10-15,1 ;pKS2 Fe(OH)3 = 37,4 soit KS2 = 10-37,4
Fe(OH)2(s) Fe2+ + 2 OH-
Fe(OH)3(s) Fe3+ + 3 OH-

NB : Le diagramme est établit pour une concentration totale en fer soluble C = 0,1 mol/L.
Le fer apparaît sous trois formes d’oxydation :

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Détermination des zones de prédominance des ions et des hydroxydes :
**pH d’apparition de Fe(OH)3
Dans la zone de prédominance de Fe3+ : [Fe3+] = 0,1 M
Le premier gain de Fe(OH)3 apparaît quand [Fe3+].[OH-]3 = KS2 = 10-pKS2
[Fe3+].[OH-]3 = KS2 = 10-pKS2
10−37,4
[Fe3+].[OH-]3 = 10-37,4 d’où [OH-]3 = [𝐹𝑒 3+ ]

10−37,4
[OH-]3 = 0,1
= 10−36,4

Soit [OH-] = 10−12,13 de là on trouve [H+] = 10-1,87 Soit le pH = 1,87

**pH d’apparition de Fe(OH)2


Dans la zone de prédominance de Fe2+ : [Fe2+] = 0,1 M
Le premier gain de Fe(OH)2 apparaît quand [Fe2+].[OH-]2 = KS2 = 10-pKS2
[Fe2+].[OH-]2 = KS2 = 10-pKS2
10−15,1
[Fe2+].[OH-]2 = 10-15,1 d’où [OH-]2 = [𝐹𝑒 2+ ]

10−15,1
[OH-]2 = = 10−14,1
0,1

Soit [OH-] = 10−7,05 de là on trouve [H+] = 10-6,95 Soit le pH = 6,95

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(1) Frontière entre Fe3+/Fe2+ ; 0≤ pH ≤ 1,87
Fe3+ + e- Fe2+

[𝐹𝑒 3+ ]
E1 = E°Fe3/Fe2 + 0,059 Log [𝐹𝑒 2+]

[Fe3+] + [Fe2+] = 0,1 M


 Sur la frontière, [Fe3+] = [Fe2+] = 5 10-2 M
D’où E1 = E°Fe3/Fe2 + 0,059 Log 1
E1 = E°Fe3/Fe2 + 0
E1 = 0,771 V pour 0≤ pH ≤ 1,87
(2) Frontière entre Fe(OH)3/Fe2+ ; 1,87≤ pH ≤ 6,95
Fe(OH)3 + 3 H+ + e- Fe2+ + 3 H2O

[𝐻 + ]3
E2 = E°Fe(OH)3/Fe2 + 0,059 Log [𝐹𝑒 2+]

E2 = E°Fe(OH)3/Fe2 + 0,059 x 3 Log [H+] – 0,059 Log [Fe2+]


E2 = E°Fe(OH)3/Fe2 - 0,059 Log [Fe2+] – 0,177 pH
 Sur la frontière entre un ion et une espèce soluble, [Fe2+] = C = 0,1 M
E2 = E°Fe(OH)3/Fe2 - 0,059 Log (10-1) – 0,177 pH
E2 = E°Fe(OH)3/Fe2 + 0,059 – 0,177 pH
Par continuité, à pH = 1,87; E2 = E1
D’où E2 = 0,771 = E°Fe(OH)3/Fe2 + 0,059 – 0,177 x 1,87
E°Fe(OH)3/Fe2 = 0,771 – 0,059 + 0,33
E°Fe(OH)3/Fe2 = 1,042 V

Soit E2 = 1,042 + 0,059 – 0,177 pH


E2 = 1,101 – 0,177 pH pour 1,87 ≤ pH ≤ 6,95

(3) Frontière entre Fe(OH)3/ Fe(OH)2 ; 6,95≤ pH


Fe(OH)3 + H+ + e- Fe(OH)2 + H2O
E3 = E°Fe(OH)2/Fe(OH)3 - 0,059 pH
Par continuité à pH = 6,95 ; E3 = E2 = 1,101 – 0,177 x 6,95 = -0,129 V
-0,129 = E°Fe(OH)2/Fe(OH)3 - 0,059 x 6,95

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E°Fe(OH)2/Fe(OH)3 = 0,281 V
E3 = 0,281 – 0,059 pH ; pour 6,95 ≤ pH ≤ 14

(4) Frontière entre Fe2+/ Fe ; pH ≤ 6,95


Fe2+ + 2e- Fe
0,059
E4 = E°Fe2/Fe + 2
𝐿𝑜𝑔 [𝐹𝑒 2+ ] avec [Fe2+] = 0,1 M
0,059
E4 = -0,44 + 2
𝐿𝑜𝑔 10−1

E4 = -0,47 V pour 0 ≤ pH ≤ 6,95


(5) Frontière entre Fe(OH)2 / Fe ; 6,95 ≤ pH
Fe(OH)2 + 2H+ + 2e- Fe + 2 H2O
0,059 [𝐻 + ]2
E5 = E°Fe(OH)2/Fe + 𝐿𝑜𝑔
2 1
0,059 𝑥 2
E5 = E°Fe(OH)2/Fe - 𝑝𝐻
2

E5 = E°Fe(OH)2/Fe - 0,059 pH
Par continuité à pH = 6,95 ; E5 = E4 = E°Fe(OH)2/Fe - 0,059 x 6,95 = -0,47
D’où E°Fe(OH)2/Fe = -0,06 V

Finalement on a:
E5 = -0,06 – 0,059 pH pour 6,95≤ pH ≤ 14

14
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EXERCICE
Diagramme potentiel pH de l'aluminium : concentration de tracé en élément aluminium c = 10-3 mol/L
1. Donner le nombre d'oxydation de l'élément aluminium dans les quatre espèces chimiques Al,
Al3+, Al(OH)3 , Al(OH)4-. Donner le nom de Al(OH)3 .
2. Calculer le pH d'apparition du précipité Al(OH)3 , puis indiquer son domaine de stabilité.
Calculer le pH de disparition du précipité Al(OH)3 , c'est à dire le pH de formation du complexe
Al(OH)4-. Indiquer le domaine de stabilité de ce complexe.

Etablir le diagramme E-pH de l’aluminium.


Données : potentiel redox standard : Al3+/Al : -1,66 V ; Al(OH)3 / Al : -1,55 V.
Produit de solubilité Al(OH)3 : Ks= 10-36,3.
Al(OH)3 + 2H2O = Al(OH)4- + H3O+ K= 10-14,6.
Utilisation du diagramme pour prévoir l'action de l'eau sur l'aluminium
- Quelle réaction peut avoir lieu si on met de l'eau dans un récipient en aluminium ? En réalité on
observe aucune réaction, proposer une explication.

16
CHAPITRE II: ASPECTS CINETIQUES DE LA CORROSION

Lorsqu’on mesure le potentiel pris par une électrode métallique plongée dans un électrolyte par rapport
à une électrode de référence, on mesure le potentiel d’équilibre (appelé aussi potentiel de dissolution,
potentiel libre, potentiel à l’abandon, tension mixte métal/électrolyte, …). La valeur de ce potentiel
caractérise l’équilibre thermodynamique du système formé par le métal considéré en contact avec
l’électrolyte considéré.
Du point de vue cinétique, cet équilibre correspond à l’égalité des vitesses d’oxydation et de réduction
qui ont lieu simultanément à la surface du métal. La valeur de ce potentiel d’équilibre est calculée à
partir de l’équation de Nernst.
Dans le cas où l’interface métal-solution est traversé par un courant, la tension d’électrode E s’écarte de
la valeur d’équilibre Ei=0 (ou valeur à courant nul).
On appelle surtension η la quantité définie par : η = E – Ei=0

I- Equation de Butler-Volmer
Réd Ox + ze-
La quantité d’électricité q qui traverse l’électrode est:
qa = zƑnox qc = zƑnréd

𝑑𝑞
Ce qui correspond à une intensité i =
𝑑𝑡
𝑑𝑞𝑎 𝑑𝑛𝑜𝑥 𝑑𝑞𝑐 𝑑𝑛𝑟𝑒𝑑
ia = =𝑧Ƒ = 𝑧Ƒ𝜗𝑎 ic = =𝑧Ƒ = 𝑧Ƒ𝜗𝑐
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

On définit ainsi une vitesse de réaction anodique 𝜗a et une vitesse de réaction cathodique 𝜗c auxquelles
correspondent les intensités de courant ia et ic.
i : Intensité de courant de transfert de charge (A).
z : nombre de valence de l’élément
Ƒ : constante de Faraday (96500 C.mol-1)
n : nombre de mol
𝜗 : vitesse de réaction (mol.s-1)

Les vitesses de réaction sont proportionnelles aux concentrations des espèces réagissant et dépendent de
la barrière d’énergie correspondant à la rupture des liaisons atomiques (enthalpies libre d’activation) en
suivant la loi d’Arrhénius:
−∆𝐺𝑎∗
Soit pour la réaction anodique: 𝜗𝑎 = 𝑘𝑟é𝑑 . 𝐶𝑟é𝑑 . exp( 𝑅𝑇
)

−∆𝐺𝑐∗
Soit pour la réaction cathodique: 𝜗𝑐 = 𝑘𝑜𝑥 . 𝐶𝑜𝑥 . exp( 𝑅𝑇
)

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Kréd et Kox sont des constantes, Créd et Cox des concentrations en espèces,
∆𝐺𝑎∗ et ∆𝐺𝑐∗ : Variations d’enthalpie libre électrochimique d’activation des réactions anodique et
cathodique,
L’enthalpie libre électrochimique d’activation peut se décomposer en enthalpie libre chimique

d’activation (qui ne dépend pas du potentiel) ∆𝐺𝑐ℎ et en énergie électrique du transfert des charges au
potentiel Δϕ qui se répartit, pour les réactions partielles, selon les relations:

Réaction partielle anodique: ∆𝐺𝑎∗ = ∆𝐺𝑎,𝑐ℎ − 𝛼 𝑧Ƒ𝛥𝜑

Réaction partielle cathodique: ∆𝐺𝑐∗ = ∆𝐺𝑐,𝑐ℎ + (1 − 𝛼) 𝑧Ƒ𝛥𝜑

Δϕ représente la variation de potentiel à l’interface métal-solution et 𝛼 est le coefficient de transfert de


charges (0< 𝛼 < 1) traduisant le rapport de transfert de charges entre les deux réactions partielles
anodique et cathodique.
On obtient pour les valeurs absolues des intensités de courant anodique et cathodique:

−∆𝐺𝑎,𝑐ℎ 𝛼𝑧Ƒ
𝑖𝑎 = 𝑧Ƒ𝑘𝑟é𝑑 . 𝐶𝑟é𝑑 . exp( 𝑅𝑇
).exp( 𝑅𝑇 𝛥𝜑)

−∆𝐺𝑐,𝑐ℎ (1−𝛼)𝑧Ƒ
𝑖𝑐 = 𝑧Ƒ𝑘𝑜𝑥 . 𝐶𝑜𝑥 . exp( 𝑅𝑇
).exp(- 𝑅𝑇
𝛥𝜑)

La variation de potentiel à l’interface est donnée par: 𝛥𝜑 = E – Eréf


La vitesse V de la réaction électrochimique est donnée par V = 𝜗𝑎 - 𝜗𝑐 ou encore intensité de courant I
= ia - ic
En regroupant les termes qui ne dépendent pas du potentiel E dans les constantes K’réd et K’ox on obtient:
𝛼𝑧Ƒ (1−𝛼)𝑧Ƒ
𝐼 = 𝑖𝑎 − 𝑖𝑐 = 𝑧Ƒ𝑘′𝑟é𝑑 . 𝐶𝑟é𝑑 .exp( 𝑅𝑇 𝐸) − 𝑧Ƒ𝑘 ′ 𝑜𝑥 . 𝐶𝑜𝑥 . exp(- 𝑅𝑇
𝐸)

Avec

∆𝐺𝑖,𝑐ℎ +𝜒𝑖 𝐸𝑟é𝑓
𝑘 ′ 𝑖 = 𝑘𝑖 . exp (− ) ; 𝜒𝑟é𝑑 = - 𝛼𝑧Ƒ et 𝜒𝑜𝑥 =(1-𝛼)𝑧Ƒ
𝑅𝑇

Lorsque la réaction d’oxydo-réduction est à l’équilibre, l’intensité de courant d’échange I (ou la vitesse
globale V) est nulle. Cela ne signifie pas « qu’il ne se passe rien » mais seulement qu’il y a égalité des
réactions partielles anodique et cathodique, soit |ia| = |ic| = |I0|
I0 est l’intensité de courant d’échange de la réaction d’électrode à l’équilibre. Par définition, le potentiel
est alors égal au potentiel réversible de l’électrode tel que défini par la relation de Nernst.
𝛼𝑧Ƒ (1−𝛼)𝑧Ƒ
𝐼0 = 𝑧Ƒ𝑘′𝑟é𝑑 . 𝐶𝑟é𝑑 .exp( 𝐸 ) = 𝑧Ƒ𝑘′𝑜𝑥 . 𝐶𝑜𝑥 . exp(- 𝐸𝑟é𝑣 )
𝑅𝑇 𝑟é𝑣 𝑅𝑇

Si l’on introduit l’expression de I0 dans celle de I, sachant que E = 𝜂 + Erév on obtient:

𝜶𝒛Ƒ (𝟏−𝜶)𝒛Ƒ
I = 𝑰𝟎 [𝐞𝐱𝐩 ( 𝑹𝑻 𝜼) − exp(- 𝑹𝑻
𝜼)] Equation de Butler-Volmer de l’électrode

Avec η = E-Erév, surtension ou écart de potentiel par rapport à la valeur d’équilibre Erév pour laquelle ia
= ic = I0 en valeurs absolues.
II: Loi de Tafel

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Dans le cas d’une surtension anodique ηa , on aura donc:
𝛼𝑧Ƒ
I = 𝑖𝑎 = 𝐼0 exp ( 𝑅𝑇 𝜂𝑎 )

Dans le cas d’une surtension cathodique ηc , on aura donc:


(1−𝛼)𝑧Ƒ
I = 𝑖𝑐 = 𝐼0 exp (- 𝜂𝑐 )
𝑅𝑇

𝑅𝑇 𝐼 2,3 𝑅𝑇 𝐼 𝐼
𝑆𝑜𝑖𝑡 : ηa= 𝛼𝑧Ƒ ln 𝐼 = 𝛼𝑧Ƒ
log (𝐼 ) = βa 𝑙𝑜𝑔 (𝐼 ) 𝑙𝑜𝑖 𝑑𝑒 𝑇𝑎𝑓𝑒𝑙
0 0 0

2,3 𝑅𝑇
Avec βa coefficient de Tafel anodique : βa =
𝛼𝑧Ƒ

2,3 𝑅𝑇 𝐼 𝐼
𝐷𝑒 𝑚ê𝑚𝑒: ηc= − (1−𝛼)𝑧Ƒ log ( ) = - βc 𝑙𝑜𝑔 ( ) 𝑙𝑜𝑖 𝑑𝑒 𝑇𝑎𝑓𝑒𝑙
𝐼0 𝐼0

2,3 𝑅𝑇
Avec βc coefficient de Tafel cathodique: βc = (1−𝛼)𝑧Ƒ

III: Courbe Intensité-potentiel


1) Schéma du montage

Un générateur de tension variable permet d’imposer une d.d.p entre l’électrode de travail et la contre
électrode U = (VET – VCE)

Si (VET – VCE) > 0, le courant i arrive sur l’ET, donc les électrons s’en éloignent et ET joue le rôle
d’anode; dans ce cas ia est comptée positivement
Si (VET – VCE) < 0, le courant i sort de l’ET, ET joue le rôle de cathode; dans ce cas i c est comptée
négativement.
On mesure à chaque instant VET – Vref , ce qui conduit au potentiel VET qu’on note E.

19
On mesure de même l’intensité traversant ET.

E.T qui joue le rôle d’anode.

I (A)

E (V)

E.T qui joue le rôle de cathode.

I (A)

E (V)

2) Allure des courbes intensité-potentiel

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Deux cas de figures peuvent se présenter : système rapide et système lent
Système rapide
Le système est dit rapide lorsque l’intensité prend des valeurs significatives dès que le potentiel s’écarte
du potentiel thermodynamique.

Si le système est rapide, le potentiel pris par le conducteur électronique à courant nul est parfaitement
défini et est égal au potentiel thermodynamique calculé avec la loi de Nernst.

Système lent
Les échanges électroniques du couple sur l’électrode sont lents. Ainsi, pour des valeurs de potentiel
éloignées du potentiel d’équilibre, l’on ne décèle pas de courant mesurable. Il existe donc une plage
de potentiel pour laquelle l’intensité I qui traverse l’ET reste quasi-nulle.

Les surtensions ɳ0a et ɳ0c sont appelées surtensions à vide.


ɳ0a et ɳ0c dépendent du couple rédox considéré mais aussi de la nature et de l’état de surface du
conducteur électronique.
Par exemple, la surtension pour le dégagement de H2 vaut environ -0,1 V (platine), -0,4 V (fer), -0,8 V
(zinc), -1,4 V (mercure).
Remarque : bien souvent l’indice «0» est omis. et ɳa et ɳc doivent alors être interprétées comme les
surtensions à partir desquelles l’intensité devient appréciable. Par définition, ɳ = Eappliquée – Eéq

IV) : Condition de corrosion

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Exple 1) : Action de l’acide chlorhydrique sur le métal plomb

Aucun dégagement de H2

Dégagement de H2 : le métal plomb est attaqué

Ces expériences montrent qu’il y a un blocage cinétique de l’attaque du plomb par les ions H3O+.
Ceci est dû à la surtension cathodique du couple H3O+/H2O sur une surface de plomb.
Cette surtension qui dépend du métal sur lequel s’effectue le dégagement gazeux, est négligeable sur
le platine ce qui permet l’attaque du métal plomb.

Exple 2) : Action des ions H3O+ sur le métal zinc

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Zn + 2 H3O+ Zn2+ + 2H2O + H2
Constante d’équilibre K° de la réaction à 298 K de l’ordre de 1025, pourtant le dégagement de H2 observé
est très variable :
- pratiquement nul avec du zinc amalgamé (alliage zinc-mercure).
- très faible avec du zinc pur
- abondant avec un métal impur
Pour expliquer ces différents comportements, regardons les courbes intensité-potentiel obtenues.

La surtension cathodique du couple H3O+ est faible sur une surface de zinc impur, forte sur du zinc
pur, très forte sur du zinc amalgamé.

Condition cinétique
Pour qu’il ait corrosion du métal M, il faut:
Ea,i≠0 < Ec,i≠0
Soit Ea,i=0 + ηa < Ec,i=0 + ηc donc Ec,i=0 - Ea,i=0 > ηa - ηc

ou encore 𝑬𝑵 𝑵
𝒐𝒙/𝒓é𝒅 − 𝑬𝑴𝒏+/𝑴 > ηa - ηc

𝑁
Avec 𝐸𝑜𝑥/𝑟é𝑑 potentiel de Nernst du couple ox/réd (dans lequel est plongé le métal)

Condition Thermodynamique

𝑬𝑵 𝑵 𝑵 𝑵
𝒐𝒙/𝒓é𝒅 > 𝑬𝑴𝒏+/𝑴 càd 𝑬𝒐𝒙/𝒓é𝒅 -𝑬𝑴𝒏+/𝑴 > 0

Ainsi, si la condition cinétique est satisfaite, et que ηa - ηc > 0 alors la condition thermodynamique est
satisfaite:

ηa - ηc > 0 soit ηc < ηa


V) : Diagramme E = f(log I) ou diagramme d’Evans
Il est plus intéressant d’utiliser un diagramme d’Evans E = f(log I) pour profiter de la loi de Tafel

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𝑅𝑇 𝐼 2,3 𝑅𝑇 𝐼 𝐼
ηa= 𝛼𝑧Ƒ ln 𝐼 = 𝛼𝑧Ƒ
log (𝐼 ) = βa 𝑙𝑜𝑔 (𝐼 ) 𝐿𝑜𝑖 𝑑𝑒 𝑇𝑎𝑓𝑒𝑙
0 0 0

2,3 𝑅𝑇 𝐼 𝐼
ηc= − (1−𝛼)𝑧Ƒ log (𝐼 ) = - βc 𝑙𝑜𝑔 (𝐼 ) 𝑙𝑜𝑖 𝑑𝑒 𝑇𝑎𝑓𝑒𝑙
0 0

Les deux droites se coupent en un point M dont les coordonnées sont:


 Ecorr potentiel mixte ou potentiel de corrosion
 Log Icorr qui permet d’atteindre le courant de corrosion Icorr et donc la vitesse de corrosion.

Vitesse de corrosion
La vitesse de corrosion d’une réaction chimique peut être définit comme le nombre de moles d’atomes
réagissant par unité de temps.
On a: I = zƑv
𝐼
Soit v = 𝑧𝐹
𝑛 𝐼
On a: 𝑡 = 𝑧𝐹
𝑚 𝐼
𝑀𝑡
= 𝑧𝐹
𝑚 𝑀𝐼
= 𝑎𝑝𝑝𝑒𝑙é 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑟𝑟𝑜𝑠𝑖𝑜𝑛
𝑡 𝑧𝐹
𝑀𝐼𝑡
On en déduit la masse de métal oxydée : m= 𝑧𝐹

Avec m en (g); M en g/mol; I en (A); t en (s) z = nbre de valence; F 96500C.


Exercice d’application
Une lame de zinc pur est immergée dans une solution aqueuse de pH = 0 et dans laquelle [Zn 2+] = 10-6
mol.L-1

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-Tracer le diagramme d’Evans du système
- Déterminer Ecorr er Icorr
- Déterminer le taux de corrosion m/t

E° (V) I0(A) /b/


Zn2+/Zn -0,76 10-5 0,03
H+/H2 0,0 10-11 sur zinc 0,12

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CHAPITRE III: DIVERSES FORMES DE CORROSION
I) Pile de corrosion
Comme mentionné au chapitre précédent, la corrosion métallique fait intervenir les réactions
électrochimiques (oxydation et réduction).
Ces réactions électrochimiques prennent naissance lorsque deux parties d’une même structure (ou
deux zones d’un même matériau) possède un potentiel électrique différent formant ainsi une pile
électrochimique que l’on appelle pile de corrosion.
Comme toutes les piles, les piles de corrosion se composent d’une partie anodique (potentiel le plus
bas ou pole négatif) et d’une partie cathodique (potentiel le plus haut ou pole positif) connectées entre
elles et en contact avec un électrolyte.

Qu’est ce qui provoque la formation de pile de corrosion?


La formation de micropile dans un métal est induite par la présence d’hétérogénéités physique et ou
chimique.
L’hétérogénéité peut être soit :
 Hétérogénéité de composition du milieu environnant
 Hétérogénéité occasionnée par les conditions d’emploi
 Hétérogénéité de surface
 Hétérogénéité structurale ou occasionnée par la mise en œuvre

Tout dispositif métallique présentant des hétérogénéités mis en contact d’un électrolyte, est susceptible
de se corroder

II) Corrosion par aération différentielle


Expérience d’Evian
Début Après une journée

26
Interprétation
En haut où [O2] est élevée, le fer sert de cathode : ½ O2 + H2O +2e- 2 OH-

En bas où [O2] est faible, le fer sert d’anode : Fe(S) Fe2+(aq) + 2e-

Au milieu
Fe2+(aq) + 2OH-(aq) Fe(OH)2
2Fe(OH)2(S) + ½ O2(aq) + H2O 2Fe(OH)3(S),

Exemple 1: Corrosion des poteaux immergés

Exemple 2: Corrosion d’une plaque de fer

27
A l’intérieur de la goutte, où la concentration en dioxygène est faible, le fer tend à passer dans la solution
sous la forme d’ions fer II.
Fe(S) Fe2+(aq) + 2e-
Les électrons libérés par cette réaction vont réduire O2 dissous à l’interface air-eau :
½ O2 + H2O +2e- 2 OH-
Le milieu conducteur permet la migration des ions
Fe2+(aq) + 2OH-(aq) Fe(OH)2
L’hydroxyde de fer (II) n’est pas stable en solution aqueuse aérée, il se transforme en hydroxyde de fer
(III) :
2Fe(OH)2(S) + ½ O2(aq) + H2O 2Fe(OH)3(S), Fe2O3, 3H2O (rouille)

Exemple 3: Corrosion des canalisations enterrées


Ce type de corrosion arrive lorsqu’une canalisation enterrée traverse divers types de sols (sableux,
argileux, etc.).

Notons bien que la corrosion du fer a lieu dans la zone la moins riche en dioxygène.
La formation de rouille en consommant le dioxygène, accentue la corrosion!

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Exemple 4: Bateau en mer

III : Corrosion galvanique ou bi-métallique


La corrosion galvanique intervient lorsque deux métaux différents sont en contact entre eux.
Ainsi, si le fer est couplé avec un métal plus noble, comme le cuivre, il verra sa corrosion augmenter.
Par contre, s’il est couplé avec un métal moins noble, comme le zinc, c’est ce dernier qui va se corroder
plus rapidement en protégeant, de ce fait, le fer.

Exemple 1: Boulon en cuivre sur une plaque de fer

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Comportement cathodique
½ O2 + H2O +2e- 2 OH-
Comportement anodique
Fe(S) Fe2+(aq) + 2e-

Bilan de la réaction :
2Fe2+(aq) + 4OH-(aq) 2Fe(OH)2
2Fe(OH)2(S) + ½ O2(aq) + H2O 2Fe(OH)3(S), Fe2O3, 3H2O (rouille)

Exemple 2: Choix du gouvernail

IV: Corrosion par piqure


Elle se localise en certains points de la surface métallique. Ce type de corrosion peut avoir plusieurs
origines, par exemple percement du métal, défaut de surface (dégradation de la couche protectrice,
peinture).

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V : Corrosion uniforme
Elle se manifeste avec la même vitesse en tous les points du métal. Les caractéristiques mécaniques du
métal rapportées à l’unité de section ou de longueur ne sont pas modifiées.

31
VI : Corrosion biochimique
Ce n'est pas à proprement parler une forme de corrosion, mais un procédé de détérioration résultant de
l'activité d'organismes vivants.
C’est l’attaque bactérienne des métaux, en particulier dans les canalisations enterrées. Le mécanisme
de ce mode de corrosion est complexe.

Production de substances corrosives telles que CO2, H2S, H2SO4, NH3 ou d’un acide organique.
Par exemple, on a observé des cas de corrosion dans les canalisations enterrées, au voisinage des joints
contenants du soufre.
Celui-ci permet le développement de colonies de Thiobacilles dont le métabolisme détermine la
formation d’acide sulfurique qui attaque le métal.

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CHAPITRE IV : LUTTE CONTRE LA CORROSION
Pourquoi doit-on lutter contre la corrosion métallique?
La protection contre la corrosion doit être un souci permanent en vue de garantir la résistance des
installations métalliques ou toute autre construction, d’éviter les pertes financières, de préserver l’aspect
esthétique des objets d’art (bijoux, monuments, statuts, médailles, etc.).

Les moyens de lutte contre la corrosion peuvent être classés en :


Moyens naturels : Choix judicieux de matériaux
Contrôle du milieu corrosif: agir sur le pH, la température
Emploi d’additifs chimiques à faible concentration :
C’est le cas des inhibiteurs de corrosion et des bactéricides.
Revêtements :
Constituer une barrière entre le milieu agressif et le métal.
Protection électrochimique :
Modifier le comportement électrochimique du métal

I) Choix judicieux de matériaux


On peut lutter contre la corrosion en faisant, à l’origine un choix judicieux du matériau à utiliser. Par
exemple, choisir d’utiliser une tuyauterie en PVC à la place d’une tuyauterie métallique. Si le matériau
est métallique, on peut alors faire une bon choix du design.

Non Non Non OK

33
II : Inhibiteur de corrosion
La protection contre la corrosion peut s’effectuer en utilisant un inhibiteur de corrosion dont le rôle est
d’empêcher ou de ralentir celle-ci.
On distingue les inhibiteurs cathodique, anodique et mixte.
Exemple d’inhibiteurs cathodiques :
Sels de Mg et de Zn
Exemple d’inhibiteurs anodiques :
Na2CO3 ; Na2PO4 ; Na2SiO4 ; Na2CrO4

L’utilisation d’un inhibiteur cathodique vise à rendre la réduction de l’eau plus difficile, ce qui
correspond à une valeur de logJ0 plus faible au potentiel de corrosion qui se trouve alors abaisser.

34
Dans le cas d’un inhibiteur anodique, cela se traduit par une plus difficile oxydation du métal avec une
valeur de logJ0 abaissée ainsi qu’une augmentation du potentiel de corrosion observée.

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III : Revêtements
Les revêtements doivent présenter une adhérence sans discontinuité ni fissure, imperméables au milieu
corrodant, durs et résistants aux détériorations mécaniques.
III-1 : Revêtement non métallique
La première idée de protection d'un métal de la corrosion consiste à empêcher tout contact entre l'eau et
le métal, ce qu'on réalise par:
peinture, goudron, films plastiques divers, enrobage dans une céramique, etc.

III-2 : Revêtement par un autre métal


On dépose une couche d'un autre métal résistant mieux à la corrosion.
Le comportement de ce dépôt métallique, vis-à-vis d'une rayure ou d'une rupture diffère selon la nature
du métal :
Deux cas de figure peuvent se présenter :
 Revêtement par un métal moins réducteur (revêtement noble)
 Revêtement par un métal plus réducteur (revêtement sacrificiel)

Revêtement par un métal moins réducteur (revêtement noble)


Très bonne protection tant que le revêtement n’est pas fissuré, écaillé ou rayé,…

Mais si le métal à protéger est mis à nu accidentellement, il se produit en ce point une corrosion
(corrosion par piqure).

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Revêtement par un métal plus réducteur (revêtement sacrificiel)
Le métal protecteur est soumis à une corrosion uniforme ou le cas échéant à une corrosion d’aération
différentielle par exemple
Si le métal à protéger est accidentellement mis à nu, le métal reste protégé (cathode).

Exemple : Acier galvanisé (acier recouvert de zinc)

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Comment se fait le revêtement?
Ce dépôt peut être réalisé soit par électrolyse (chromage, nickelage, argenture, électrozingage,…), soit
par immersion dans un bain de métal fondu (galvanisation) ou encore par parkérisation.
- Par électrolyse

- Par galvanisation
La galvanisation à chaud au trempé consiste à revêtir et à lier de l'acier avec du zinc en immergeant
l'acier dans un bain de zinc en fusion à 450 °C environ. Il se forme un alliage Zn-Fe en surface.

- Parkérisation
Ici la formation de la couche superficielle protectrice est due à une réaction chimique.
En plongeant une pièce d’acier dans une solution chaude contenant des ions phosphate (phosphate de
zinc par exemple) ou de l’acide phosphorique, H3PO4, on provoque l’apparition d’une couche de
phosphate de fer Fe3(PO4)2 imperméable. Cette opération, la parkérisation, est utilisée dans l’industrie
automobile pour protéger les carrosseries.

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Remarque : Dans le cas de l’aluminium, une couche superficielle d’oxyde se forme spontanément.
Cependant, afin de renforcer la protection de l’aluminium, on provoque la croissance de la couche
d’oxyde par anodisation, c’est-à-dire, au cours d’une électrolyse où la pièce d’aluminium joue le rôle
d’anode. L’aluminium anodisé est de plus en plus utilisé dans la construction.
Certains métaux peuvent, en présence d’un oxydant, former à leur surface un film d’oxyde fin, adhérent
et continu. Ils sont pratiquement inertes même dans des milieux agressifs comme le milieu marin. C’est
le cas du chrome, de l’aluminium, du titane, …. Cette propriété est mise en œuvre pour la protection de
l’acier.
L’acier ordinaire est un alliage de fer et de carbone contenant de 0,15 % à 0,85 % (en masse) de carbone
; la présence de carbone améliore beaucoup les propriétés mécaniques du fer sans pour autant réduire sa
vulnérabilité à la corrosion. En revanche, si l’on ajoute du chrome au fer, l’alliage obtenu résiste
beaucoup mieux à la corrosion. Dès que le pourcentage massique en chrome dépasse 12 % environ,
on obtient de l’acier inoxydable.

En général, les aciers inoxydables contiennent, en plus du chrome, des métaux comme le nickel ou le
molybdène ; le chrome et le nickel coûtant cher, les aciers inoxydables sont réservés à des usages
particuliers.
85 % de l’acier utilisé est donc de l’acier ordinaire qu’il est nécessaire de protéger contre la corrosion.

IV : Protection électrochimique
IV-1 : Protection cathodique par anode sacrificielle
Ce mode de protection met à profit la corrosion bimétallique.
Cette protection est réalisée en connectant le métal à protéger à un autre moins noble que lui. On crée
ainsi une pile dans laquelle le métal à protéger est le pôle positif (cathode), et l’autre métal le pôle
négatif (anode).
Exemple : Protection cathodique par anode sacrificielle d’une citerne

39
40
Cette technique est utilisée pour les ouvrages enterrés ou immergés:
-Canalisations diverses,
-Pipeline ou sealines à longue distance ;
-Ouvrages immergés :
-Carènes de gros navires,
-Rideaux de palplanche,
-Estacades ,
-Docks flottants (bassins où amarrent les navires),
-Ouvrages posés sur les fond marins,
-Plateformes pétrolières,
-Châteaux d’eau métalliques, etc.

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IV-2 : Protection cathodique par courant imposé
Le principe reste le même que précédemment. Dans ce cas, on utilise une source de courant continu dont
le pôle négatif est relié au métal à protéger (cathode) et le pôle positif est relié à l’autre métal (l’anode).
La pièce à protéger est donc à un potentiel trop bas pour être oxydée, on se situe dans son domaine
d’immunité. Elle est alors siège d’une réduction, par exemple de l’eau du milieu.
Exemple: Protection cathodique par courant imposé d’une canalisation

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IV-3 : Protection anodique par courant imposé
La protection anodique assez peu utilisée, consiste à maintenir le potentiel d’un alliage passivable dans
un domaine de passivation stable en élevant son potentiel sous l’effet d’un faible courant anodique.
Exemple: Protection anodique par courant imposé d’une canalisation

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