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Fragmentation

Généralités. Théorie
par Pierre BLAZY
Professeur à l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL)
Directeur du Centre de Recherche sur la Valorisation des Minerais (CRVM)
Jacques YVON
Docteur ès Sciences
Ingénieur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Laboratoire Environnement Minéralurgie LEM URA 235
et El-Aïd JDID
Docteur ès Sciences
Ingénieur de Recherche au Centre de Recherche sur la Valorisation des Minerais (CRVM)
Laboratoire Environnement Minéralurgie LEM URA 235

1. Aspects physiques de la fragmentation............................................ A 5 050 - 2


1.1 Phénomène de rupture ............................................................................... — 2
1.2 Fragilisation.................................................................................................. — 3
1.3 Adjuvants de mouture................................................................................. — 3
2. Quantification des phénomènes de la fragmentation ................... — 4
2.1 Lois énergétiques ........................................................................................ — 4
2.1.1 Loi de Rittinger.................................................................................... — 4
2.1.2 Loi de Kick ........................................................................................... — 4
2.1.3 Loi de Bond ......................................................................................... — 4
2.1.4 Autres relations................................................................................... — 4
2.1.5 Commentaires..................................................................................... — 5
2.2 Aptitude à la fragmentation........................................................................ — 5
2.3 Lois de distribution granulométrique ........................................................ — 5
2.4 Formulation mathématique d’un processus de fragmentation............... — 6
3. Mesures dimensionnelles ...................................................................... — 7
3.1 Évaluation de la finesse .............................................................................. — 7
3.1.1 Mesure de la taille .............................................................................. — 7
3.1.2 Mesure de la surface spécifique........................................................ — 9
3.1.3 Mesure de paramètres indirectement liés à la taille........................ — 9
3.2 Détermination de la forme.......................................................................... — 9
3.2.1 Détermination directe......................................................................... — 9
3.2.2 Écart au comportement des sphères lisses...................................... — 9
3.2.3 Exploitation des isothermes d’adsorption........................................ — 9
3.2.4 Couplage de mesures granulométriques ......................................... — 10
4. Variation des propriétés massiques et superficielles.................... — 10
4.1 Ordre structural............................................................................................ — 10
4.2 Énergétique superficielle ............................................................................ — 10
8 - 1992

4.3 Effets mécanochimiques............................................................................. — 10


5. Pollutions lors de la fragmentation.................................................... — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. A 5 050
A 5 050

a fragmentation est l’opération par laquelle on cherche à réduire la taille et/ou


L à augmenter la surface développée de l’unité de masse (surface spécifique)
de particules solides. Son efficacité est toujours évaluée par une mesure de
l’accroissement de la finesse. Les sollicitations mécaniques accroissent l’énergie

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libre des matériaux, qui va se convertir sous différentes formes. L’énergie de


contrainte élastique est ainsi transformée en énergie élastique des défauts de
réseau ponctuels (à l’échelle atomique), linéaires (dislocations, macles), plans
(défauts d’empilement, joints de grains) ou volumiques (désordres structuraux).
La conversion de plus grandes quantités d’énergie libre en énergie de surface
engendre alors la fracturation. D’autres modes de conversion d’énergie libre se
manifestent par l’amorphisation (massique ou superficielle), l’agglomération, les
transitions polymorphiques, les décompositions ou les synthèses mécano-
chimiques.
La fragmentation peut avoir des finalités diverses :
— réduire les dimensions soit pour faciliter la manutention, le conditionnement
ou l’utilisation, soit pour libérer les constituants avant une opération séparative ;
— éliminer, avant une mise en œuvre, des zones de rupture potentielle
(libération d’unités quasi monocristallines) ;
— augmenter la réactivité vis-à-vis de processus dont la cinétique dépend de
la finesse ou du degré de désordre ;
— homogénéiser (mélanges, dilutions solides, dosages) ;
— conférer des spécifications de forme, de texture, de distribution granulomé-
trique ;
— modifier la fonctionnalité soit sous l’effet de l’activation mécanochimique,
soit en profitant de la création de nouvelles surfaces pour y implanter les groupes
fonctionnels désirés.
La fragmentation cherche toujours à satisfaire des exigences relatives à des
utilisations ultérieures et vise, généralement, au moins un des buts prioritaires
parmi ceux mentionnés précédemment. Les autres effets, généralement iné-
vitables, seront pénalisants s’ils engendrent des comportements indésirables,
mais valorisants si on peut les mettre à profit pour améliorer les propriétés
d’usage des substances.

1. Aspects physiques On note que l’aptitude à la rupture n’est pas une caractéristique
intrinsèque, elle dépend non seulement de la géométrie et de l’état
de la fragmentation de fissuration mais aussi de facteurs externes ; ainsi l’élévation de
pression hydrostatique engendre la fermeture de certains défauts
plans et le glissement concommitant de leurs commissures, ce qui
explique la tendance au comportement ductile observé dans ce cas.
1.1 Phénomène de rupture Le critère de rupture de Mac Clintock-Walsh (1962) prend en compte
cette propriété. De même, il existe toujours une taille limite de la
fragmentation, car lorsqu’une fissure traverse un grain, l’énergie
La fragmentation des solides résulte de l’action d’un champ de consommée est proportionnelle à la section du grain alors que
contraintes engendré par des forces de contact (compression, l’énergie élastique disponible l’est à son volume ; or, le rapport
cisaillement, torsion, flexion, attrition, plus rarement traction). Ce volume / section décroît quand la finesse augmente. Au-dessous
champ varie donc avec l’intensité et la distribution des forces, avec d’une certaine taille, le champ de contraintes ne peut plus assurer
la nature, la forme et les discontinuités structurales du solide. Il la propagation.
varie aussi avec la dynamique des déformations. La répartition des Rehbinder (1928) déduisit des résultats de Griffith que, pour favo-
contraintes induit le réseau des fissures dont la densité et l’orienta- riser la propagation des fissures, il fallait abaisser l’énergie libre de
tion conditionnent la dimension et la forme des fragments et, par leurs parois, notamment à l’aide d’agents promoteurs de rupture ;
conséquent, la finesse. principe qui suppose que le front de propagation est accessible au
Griffith (1920), cherchant à établir des critères de rupture, envisage fluide de fragmentation et selon lequel tout fluide mouillant devrait
que ce phénomène résulte de deux mécanismes, l’amorçage et la favoriser la fragmentation. Cela n’est expérimentalement vrai que
propagation. Il définit un critère d’amorçage fonction des propriétés pour des vitesses de propagation inférieures à 10 m · s –1, alors qu’en
intrinsèques du matériau (principalement, sa résistance à la traction) rupture fragile elles sont de l’ordre de 10 3 m · s –1. Malgré son intérêt,
et un critère de propagation (connu sous le nom de critère de cette conception ne rend pas compte non plus de l’action spécifique
Griffith ). Ce dernier est fondé sur des considérations dynamiques : des molécules de grande taille ni des espèces dissoutes.
la mise sous contrainte conduit le solide à emmagasiner de l’énergie
Aussi Westwood (1962 à 1982) suggéra-t-il que les espèces
élastique ; lors de l’apparition d’une fissure, une fraction de cette
adsorbées influaient directement sur le déplacement des
énergie doit être convertie et si elle excède l’énergie requise pour
discontinuités (clivages, dislocations, lacunes), en modifiant leur
la formation de nouvelles surfaces, la fissure se propage. Bien qu’elle
environnement électronique lors des sollicitations mécaniques.
ne permette pas réellement d’évaluer la fragmentation en termes
Cette approche permet de comprendre pourquoi certains solides se
énergétiques, cette conception sert de fondement à la majeure partie
fragmentent d’autant mieux que, dans le fluide où ils se trouvent,
des lois énergétiques de la fragmentation (Rittinger, Kick et Bond).

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la valeur absolue de leur charge électrique superficielle est plus La fragilisation chimique consiste à faire réagir partiellement le
grande ; la répulsion coulombienne est alors plus forte et la mobilité matériau avec un fluide pour améliorer sa broyabilité ; certains
des dislocations augmentée. La conception de Westwood rend copeaux métalliques sont, par exemple, traités à chaud en atmo-
compte d’un certain nombre de faits expérimentaux, mais elle sphère d’azote, de sorte que la formation d’oxynitrures limite leur
explique très mal l’amorphisation précoce lors de broyages flexibilité.
modérés, à sec ou dans les liquides non polaires.
Les conceptions précédentes postulent que les propriétés macro-
scopiques du solide sont constantes pendant que se développe la
fragmentation. Or, l’application de contraintes modifie sévèrement
1.3 Adjuvants de mouture
certaines propriétés chimiques des solides. Des considérations dues
à Hillig et Charles (1965) envisagent que la formation et l’avance de Les conditions de broyage peuvent être améliorées en ajoutant,
fissures peuvent se faire sous l’effet de contraintes macroscopiques en faibles quantités, certaines substances au milieu de fragmenta-
plus faibles que celles répondant au critère de Griffith, la progression tion, sous forme solide, liquide ou vapeur. Il est ainsi possible de
se faisant par corrosion, processus plus lent que la rupture réduire le temps ou d’augmenter la capacité de broyage, de diminuer
fragile (§ 1.2) car limité par la cinétique des réactions chimiques cor- l’usure, de prévenir le colmatage et d’obtenir des produits finis plus
respondantes. On peut probablement rattacher à ce type de facilement manipulables.
comportement une bonne partie des ruptures en milieu liquide, dites
par fatigue. Compte tenu du médiocre rendement des opérations de
fragmentation, on a aussi cherché à économiser de l’énergie.
Papirer (1981 à 1990) tient compte du fait que les solides minéraux Malheureusement, une lecture critique de la littérature (Lartiges,
immergés dans des milieux polaires (eau, méthanol) présentent à 1989) révèle que l’effet des adjuvants n’a fait l’objet que d’analyses
leur surface une couche de solvant liée dont l’épaisseur est voisine très fragmentaires, ne mettant pas en évidence les mécanismes mis
de 12 × 10 –10 m. Cette couche, fortement structurée, est suffisam- en jeu. Dans les quelques cas où il est réellement possible d’exprimer
ment élastique pour protéger le solide, le minéral ne se rompant que la production de fines en fonction de l’énergie spécifiquement
si la résistance du film est vaincue, donc selon les discontinuités consacrée à produire de la surface, aucun gain énergétique significa-
structurales majeures. L’intérêt de cette conception est de bien tif n’est prouvé.
expliquer, d’une part, la rupture des solides anisotropes selon leurs
lignes de faiblesse structurale et sans altérations notables de l’ordre Deux modes d’action principaux peuvent être retenus.
en milieu polaire, d’autre part, le meilleur rendement initial, — Le premier concerne l’usage d’antimottants (composés
l’amorphisation précoce, puis le développement de l’agrégation présentant une fonction polaire amine, sulfonate ou acide carbo-
mécanochimique lorsque les couches liées sont déstructurées (par xylique et une ou plusieurs chaînes hydrophobes alkyles ou aryles)
des rupteurs de liaison hydrogène) ou inexistantes (milieux non dont les lois de fixation sur les divers supports sont déductibles des
polaires). principes de l’adsorption ; ces adjuvants, habituellement employés
à sec, préviennent l’agglomération et améliorent l’efficacité des
sélecteurs pneumatiques.
1.2 Fragilisation — Le second, tirant parti du principe de Westwood, recherche une
composition du fluide de fragmentation pour laquelle la valeur
absolue de la charge superficielle des particules à broyer est maxi-
Un matériau est dit fragile quand il se rompt avant de dépasser male (l’usage des dispersants classiques polyphosphates, poly-
sa limite élastique. On appelle communément fragilité le comporte- acrylates et silicates s’y rattache, ainsi que celui des déprimants
ment mécanique d’un solide qui se rompt sans déformation habituellement employés en flottation des minerais). Sur le plan
préalable importante et la fragilisation résulte donc de toute ampli- fondamental, on ne peut pas encore distinguer la contribution des
fication de cette propriété. Dans la pratique, il existe divers modes diverses classes de paramètres, comme les propriétés visco-
de fragilisation, le plus souvent fondés sur un accroissement de la élastiques des suspensions, la tendance à l’agrégation quand on se
fissuration préexistante de solides ou d’agrégats minéraux. rapproche du point de charge nulle (valeur du pH pour laquelle le
nombre de charges positives est égal au nombre de charges
La fragilisation mécanique est en général implicite et résulte de négatives sur la surface du solide), ou encore l’influence de la charge
la fissuration induite par les opérations d’abattage, de débitage ou de surface sur la mobilité des discontinuités cristallines.
de concassage.
Ces deux modes d’action expliquent assez bien pourquoi les addi-
La fragilisation thermique peut se faire : tifs ne sont efficaces que dans un intervalle très étroit de quantités
— par choc(s) thermique(s) en exploitant la dilatation différentielle ajoutées. Par exemple, si on considère que les antimottants sont effi-
des composants, suivis parfois d’une trempe rapide, éventuellement caces seulement quand les chaînes hydrophobes sont tournées vers
dans un réactif chimique (cas de l’exfoliation de la muscovite) ; l’extérieur, l’efficacité, qui est maximale à la monocouche (recouvre-
— par destruction thermique, au moins partielle, d’un composant ment de 1) ne se manifeste que pour des recouvrements compris
(libération des phosphates naturellement indurés, par déstabilisa- entre 0,7 et 1,3.
tion de la gangue carbonatée) ; En marge de ces deux modes d’action, il existe encore une multi-
— par traitement à très basse température (broyage dit tude de résultats atypiques dont l’interprétation est délicate du fait
cryogénique jusqu’à 77 K) de matières comme les métaux ductiles
que peu de renseignements concernant les solides ou les fluides sont
ou les polymères organiques dont le comportement à la température disponibles et du fait aussi que les paramètres de conduite et l’inci-
ambiante est plastique. dence des adjuvants sur les techniques de mesure de la finesse sont
La fragilisation électrique repose sur la formation de plasmas omis ou mal relatés. On peut citer l’utilisation des alcools complexes
induite dans les matériaux humides par des impulsions à haute ou des acides gras (stéarique, oléique) pour le broyage des métaux,
tension, jusqu’à 200 kV. Un procédé fondé sur ce principe a été utilisé celle du noir de fumée pour le broyage du ciment, l’ajustement de
comme préalable à la délamination des kaolinites. la teneur en eau dans le broyage à sec des carbonates cristallins
La fragilisation par champ électromagnétique fait appel à l’éléva- et du talc, l’utilisation de polyglycols pour la micronisation à sec des
tion locale de la température due aux micro-ondes ou à des hautes carbonates, l’adjonction de citrate de sodium pour le broyage de
fréquences, qui engendre une vaporisation ou crée des micro- l’alumine et celle des chlorhydrates d’amines pour le broyage du
plasmas. Elle concerne les matériaux hétérogènes où les constantes quartz, etc.
diélectriques sont fortement contrastées.

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La compréhension des mécanismes par lesquels certains additifs 2.1.2 Loi de Kick
peuvent améliorer la marche des broyeurs reste à élucider. Elle se
réfère au problème plus général de l’influence du fluide. Des analyses Pour Kick (1885), l’énergie nécessaire pour fragmenter un matériau
exploratoires, tentées dans divers systèmes (Papirer et al., 1981 à homogène est proportionnelle à la variation du volume, donc au rap-
1990), montrent que l’efficacité dépend du type de rupture (par port de réduction R = D1 /D 2 . Cette deuxième loi de la fragmentation
exemple, les ions K+ en solution aqueuse aident la fragmentation s’écrit alors :
de la muscovite dans les broyeurs à boulets, à l’inverse des broyeurs dE = – K k dV (4)
par attrition où ils la limitent), des propriétés physiques du liquide
(viscosité et cohésion), des interactions spécifiques avec le solide soit dE ′ = – K k dV / V = K k′ dD / D (5)
(les acides de Lewis sont des promoteurs de rupture de la muscovite
dans les broyeurs à boulets) et de l’influence des additifs sur l’état et l’on obtient alors après intégration :
de structuration du fluide au voisinage de la surface solide.
E ′ = K ′k In ( D 1 /D 2 ) = K ′k InR (6)

Le travail nécessaire pour réduire une tonne de matériau est donc


le même pour un rapport de réduction donné, quelle que soit la
2. Quantification dimension initiale du matériau. Cela n’est évidemment pas
des phénomènes compatible avec la pratique. De plus, le matériau à fragmenter n’est
pas homogène et la fragmentation dépend alors de ses imperfections
de la fragmentation (fissures, dislocations, etc.).

Les tentatives de quantification ont fait l’objet de multiples 2.1.3 Loi de Bond
travaux théoriques recouvrant aussi bien les aspects énergétiques
et granulométriques que ceux des transformations ayant lieu dans Comme aucune des deux précédentes lois ne s’accordait bien avec
les appareils de fragmentation. l’ensemble des résultats observés lors des opérations de fragmenta-
tion industrielle, Bond (1951) a proposé, en analysant une multitude
de résultats expérimentaux, une troisième loi qui postule que
l’énergie spécifique requise est inversement proportionnelle à la
2.1 Lois énergétiques racine carrée de la nouvelle surface produite. Cette loi se veut un
compromis entre celles de Rittinger et de Kick. La forme générale
de la loi de Bond s’écrit :
Trois principales théories ont été émises pour décrire la relation
qui existe entre l’énergie consommée E par le matériau et la W = Wi [(100/D2 )0,5 – (100/D1)0,5] (7)
réduction de la dimension D de ce matériau lors de la fragmentation. 0,5 0,5
Jusqu’à présent, les hypothèses avancées pour élaborer cette rela- ou W = 10 W i ( 1/ D 2 – 1/ D 1 ) (8)
tion ne sont pas rigoureusement prouvées puisque l’on ne sait
toujours pas mesurer la quantité d’énergie réellement absorbée par D 1 et D 2 sont les dimensions, en micromètres, des grains
les particules au cours de leur fragmentation. On ne peut mesurer respectivement avant et après fragmentation, choisies comme
que l’énergie totale consommée par l’appareil de fragmentation. correspondant à la dimension D 80 de la maille carrée laissant passer
80 % en masse du matériau, et W i une constante appelée indice
énergétique (work index) que l’on détermine expérimentalement par
2.1.1 Loi de Rittinger des essais de fragmentation réalisés au laboratoire (article
Fragmentation. Applications [A 5 070] dans ce traité).
Von Rittinger (1867) postule que l’énergie consommée E est direc-
tement proportionnelle à la quantité de surface nouvellement créée. 2.1.4 Autres relations
Il écrit alors la relation :
E = K r (S 2 – S1 ) (1)
L’insuffisance des lois de Rittinger, Kick et Bond et leur nature
avec Kr constante qui dépend à la fois du matériau et de contradictoire ont conduit à rechercher d’autres relations entre la
l’appareil de fragmentation, réduction dimensionnelle et l’énergie consommée.
S1 et S2 surfaces des particules, respectivement, avant et Ainsi, Svensson et Murkes (1957) considèrent que dans
après fragmentation. l’expression de Bond l’exposant de 100/D n’est pas une constante
et contestent le choix du D 80 . Ils proposent alors une relation plus
Si l’on considère l’énergie spécifique E ′ par unité de volume, on
générale de la forme :
peut écrire :
E ′ = E /V = K r (S2 /V – S1 /V ) (2) E ′ = K sm [(100/D2 )n – (100/D 1 )n ] (9)
E ′ = K r (1/D 2 – 1/D 1) (3) avec D (µm) dimension moyenne des particules qui peut être
avec D1 et D 2 dimensions initiale et finale des particules, obtenue en première approximation par la moyenne
géométrique des dimensions D10 , D 30 , D 50 , D 70
V volume du matériau. et D 90 ,
Le point faible de cette loi réside dans le fait que Rittinger n’a pas K sm constante,
tenu compte de la déformation du matériau avant sa fragmentation.
La quantité de surface produite ne peut être proportionnelle au travail n paramètre à déterminer pour chaque matériau et
nécessaire fourni que si elle est proportionnelle au produit de la pour un mode de fragmentation donné.
contrainte appliquée par la longueur de déformation. Charles (1957) propose une loi générale de la forme :

dE = – K c (dD/D n ) (10)
avec K c constante.

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Après intégration de la relation (10), on retrouve pour n = 1 la loi d’essais basé sur la variation de la surface spécifique en fonction
de Kick, pour n = 1,5 la loi de Bond et pour n = 2 la loi de Rittinger. de la durée de broyage. En effet, Papadakis considère que le
Pour Hukki (1961), la relation qui lie l’énergie à la réduction des comportement des matériaux dans les broyeurs est la résultante de
dimensions des particules est une relation composite de celles deux facteurs, l’aptitude à la rupture et l’aptitude à l’agglomération.
établies par Rittinger, Kick et Bond, qui s’écrit : L’agglomération expliquerait, au moins partiellement, le fait que
l’augmentation de la surface spécifique croît moins vite que l’énergie
dE = – K h dD /D f (D ) (11) dépensée (sujet de controverses sur la loi de Rittinger, § 2.1.1).
L’indice d’abrasion caractérise l’usure des pièces en contact avec
avec K h constante.
la matière à fragmenter et par conséquent la durée de vie de ces
En plus des hypothèses posées par les auteurs des trois premières pièces et il est déterminé par l’usure d’un matériau de référence en
lois énergétiques, il prend en compte la probabilité de fragmentation présence d’un échantillon de matière à fragmenter.
f (D ) des grains en fonction de leurs dimensions initiales. Cette
probabilité est égale à l’unité pour les grosses particules et tend vers
zéro pour les particules ultrafines.
2.3 Lois de distribution granulométrique
2.1.5 Commentaires Un matériau morcelé peut être considéré comme un ensemble de
grains de dimensions diverses. Il est donc important de pouvoir
Tous les travaux menés pour déterminer l’énergie nécessaire à la caractériser la distribution granulométrique de ces grains avant et
réduction des dimensions des matériaux n’ont pu à ce jour aboutir après fragmentation. Pour ce faire, différentes lois ont été déve-
à une formulation mathématique satisfaisante établissant une loppées à partir de résultats expérimentaux.
relation fidèle entre l’énergie consommée et la dimension des Gaudin (1926) propose la relation :
particules dans tous les domaines de la fragmentation, du
concassage au broyage ultrafin. Toutefois, les nombreux essais de Y = (x /D )m (12)
fragmentation effectués sur différents matériaux montrent que la loi avec D dimension du plus gros grain (100 % de passant au tamis
de Rittinger est compatible avec une fragmentation fine à ultrafine, d’ouverture de maille D ),
que la loi de Kick s’applique bien dans le cas d’une fragmentation
grossière et que la loi de Bond couvre les domaines du broyage Y taux massique cumulé du passant au tamis d’ouverture
grossier à fin. Cette dernière loi est d’ailleurs utilisée pour la de maille x,
dimensionnement des broyeurs. m constante.
Les autres lois sont généralement d’un maniement difficile et se Cette relation est la forme générale d’une loi géométrique établie
heurtent particulièrement à la complexité des calculs et /ou des précédemment par Stadtler (1910) et Martin, Bowes et Turner
essais pour la détermination de certains paramètres (constante de (1926). En représentation logarithmique, on obtient une droite de
proportionnalité, valeur de l’exposant n, etc.). pente m pour des valeurs de Y comprises entre 0 et 80 %. Au-delà
Quelle que soit la loi adoptée, il apparaît que, pour le broyage fin de 80 %, la linéarité n’est plus vérifiée.
à ultrafin, la consommation énergétique augmente de façon non Rosin et Rammler (1933) suggèrent la relation :
toujours linéaire avec la finesse des particules.
r = 100 exp (– b x n ) (13)
avec r pourcentage massique cumulé du refus au tamis d’ouver-
ture de maille x ,
2.2 Aptitude à la fragmentation
b constante de finesse,
n constante de dispersion de la granulométrie.
Sur le plan de la pratique, on a essayé de caractériser, a priori,
Cette relation a été modifiée par Bennett (1936) qui l’écrit :
l’aptitude ou la résistance des matériaux à se laisser fragmenter à
partir des propriétés telles que la dureté, la compacité, la résistance r = exp [(x /x ′ )n ] (14)
à la compression, à la flexion et au choc, etc. Cette aptitude est quanti-
fiée par des paramètres comme l’indice de friabilité de Hardgrove, avec x ′ constante dimensionnelle.
l’indice énergétique de Bond, l’indice d’aptitude à l’agglomération En choisissant une échelle logarithmique pour les abscisses
de Papadakis, l’indice d’abrasion, qui sont déterminés à partir (ouvertures des mailles des tamis) et une échelle double loga-
d’échantillons moyens prélevés sur les matériaux à fragmenter et rithmique pour les ordonnées (refus cumulés), on obtient une droite.
qui ont pour objectif d’orienter le choix et les caractéristiques de Anselm (1946) montre qu’une granulométrie peut être caractérisée
l’appareil de fragmentation. par deux coefficients, déterminés à partir de cette droite :
Nota : les méthodes les plus utilisées pour la détermination de ces indices sont décrites
dans l’article Fragmentation. Applications [A 5 070] de ce traité.
— la pente n de la droite, fonction de la dureté et de la nature
des matériaux ; sa valeur est rarement inférieure à 0,6 et, quand
L’indice de Hardgrove caractérise la friabilité des matériaux et elle est supérieure à 3, la distribution de Gauss convient mieux que
concerne donc les matières friables comme le charbon, les la loi de répartition de Rosin-Rammler [relation (13)] ;
phosphates, etc. Le test est mené dans un broyeur vertical à billes, — le degré de finesse, défini comme étant la maille correspondant
à piste fixe, l’indice de friabilité s’exprimant en fonction de la masse à 36,8 % de refus, est égal à l’inverse de la constante de finesse b
du passant à une maille de 200 mesh (§ 2.3), obtenue à l’issue d’un pour une valeur de n = 1.
protocole d’essai rigoureux.
Kolmogoroff (1978) donne, pour une fragmentation homogène,
L’indice de Bond est défini comme étant l’énergie consommée une relation de la répartition de type logarithmique-normale :
pour réduire un matériau de dimension initiale théoriquement
infinie à un produit final dont 80 % en masse passe au travers d’un Y = Φ In (x /d ) p (15)
tamis pourvu de mailles carrées de 100 µm de côté. Deux proto-
coles d’essais, l’un en broyeur à boulets et l’autre en broyeur à avec Y taux massique cumulé du passant au tamis d’ouver-
barres, ont été développés par Bond. ture de maille x,
L’indice de Papadakis est défini comme étant le coefficient d’apti- d et p constantes,
tude à l’agglomération qui représente la fraction de surface perdue Φ fonction d’erreur de la loi de distribution normale ou
suite à l’agglomération des particules, mesurée selon un protocole distribution de Gauss.

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D’autres considérations théoriques fondées sur la connaissance décompose en une suite d’étapes unitaires, constituées chacune de
des défauts dans les arêtes, les aires et les volumes et sur le nombre deux opérations principales qui sont la sélection d’une fraction du
des microfissures dans un fragment pris séparément ont permis à matériau et la fragmentation de cette fraction de matériau. Il
Gilvarry (1961) et à Gaudin et Meloy (1962) d’établir d’autres rela- introduit les notions de probabilité de fragmentation Pi (y ), définie
tions de distribution granulométrique. Ils écrivent, respectivement, comme étant la probabilité qu’a une particule de dimension y pour
les relations : être fragmentée à la i e étape du processus de fragmentation, et de
Y = 1 – exp [– (γ x ) – (γ s x 2 ) – (γ v x 3)] (16) distribution granulométrique D (x, y ), qui est la distribution
massique cumulée des particules de dimension x < y provenant de
Y = 1 – (1 – x /x 0 )α (17) la fragmentation d’une masse unitaire de dimension y.
D’autres chercheurs ont donc pris le concept d’Epstein [Broadbent
avec Y taux massique ou volumique cumulé du passant et Callcott (1956), Sedlatschek et Bass (1953), Austin, Klimpel, Luckie
au tamis d’ouverture de maille x, et leurs collaborateurs (1964 à 1988), Reid (1965), Herbst et
x0 dimension initiale du fragment, Fuerstenau (1972 à 1980)] pour aboutir à la modélisation, la simula-
α nombre de fissures dans le fragment, tion et la prévision des distributions granulométriques des processus
de fragmentation.
γ, γ s et γ v densités de défauts respectivement sur les arêtes,
les surfaces et dans les volumes des fragments. L’étude du processus de fragmentation repose donc sur deux
grandeurs fondamentales, la fonction de sélection et la fonction de
Toutes les lois de distribution granulométrique rapportées ci-avant fragmentation, qui doivent être considérées comme des fonctions
ne sont que d’un usage limité et il est difficile, a priori, de prévoir continues dans le temps et discrètes par rapport aux dimensions
quelle relation s’ajuste le mieux à la distribution granulométrique des différentes tranches granulométriques.
d’un produit fragmenté. Néanmoins, la loi de Rosin-Rammler-
Bennett [relation (14)] semble décrire le mieux cette distribution La fonction de sélection caractérise la proportion de particules
granulométrique. d’une tranche granulométrique donnée, qui est fragmentée par
unité de temps. Elle exprime donc la vitesse d’évolution de la
En pratique, la détermination de la distribution granulométrique masse de cette tranche au cours de la fragmentation.
se fait par un classement dimensionnel à travers une série de tamis
d’ouvertures de maille décroissantes. Si la série est constituée de Si l’on désigne par m i la masse des particules de la i e tranche à
n tamis, elle donne lieu à (n + 1) tranches granulométriques limitées l’instant t, la variation de masse par unité de temps de cette tranche
chacune par les dimensions des ouvertures de maille de deux tamis s’écrit :
successifs. Ainsi la i e tranche contient les grains passant au tamis dm i ( t )/dt = – s i m i ( t ) avec 0  s i  1 (18)
(i – 1) d’ouverture de maille x (i – 1) et refusés par le tamis i d’ouverture
Comme chaque tranche est caractérisée par une valeur s,
de maille x i . Les dimensions de ces grains sont donc comprises entre
l’ensemble des valeurs si forme les éléments de la matrice de sélec-
x (i – 1) et x i . Quant à la tranche (n + 1), elle contient le passant au tion qui s’écrit sous la forme d’une matrice diagonale :
n e tamis d’ouverture de maille xn . Les ouvertures de maille des tamis
sont en progression géométrique de raison r > 1.

 
s 1 0 0 ... 0 ... 0
Il existe plusieurs séries de tamis dont les plus utilisées sont :
0 s 2 0 ... 0 ... 0
— les tamis normalisés français de l’AFNOR (Association
...

...

...
...
...

Française de normalisation), de raison r = 10 10 ; S =


— les tamis normalisés allemands DIN (Deutsches Institut für 0 0 0 ... s i ... 0
Normung) numérotés en nombre de mailles par centimètre ;
...

...

...
...

...

— les tamis Tyler numérotés en mesh (mailles par pouce de 0 0 0 ... 0 ... s n
25,4 mm), de raison r = 4 2 , le tamis de base étant le tamis
200 mesh, d’ouverture de maille 74 µm ; La valeur de sn pour la tranche granulométrique la plus fine est
— les tamis BS (British Standard) qui ne diffèrent de la série nulle puisque cette tranche ne peut, théoriquement, donner nais-
Tyler que par le diamètre du fil, soit une ouverture de maille de sance à d’autres particules plus fines.
63 µm pour le tamis 200 mesh au lieu de 74 µm. La fonction de fragmentation caractérise la distribution granulo-
La représentation graphique de la distribution granulométrique métrique obtenue à partir d’une tranche fragmentée au cours d’une
s’obtient alors en portant le taux massique des passants cumulés, étape élémentaire du processus de fragmentation. Cette fonction Bi, j
ou des refus cumulés, en ordonnée et les ouvertures des mailles décrit donc le pourcentage cumulé des particules de la tranche j frag-
des tamis en abscisse, sur une échelle conforme avec l’une des lois mentées et passant au travers du tamis i dont la maille d’ouverture
de distribution granulométrique rapportées ci-avant. est inférieure à celle du tamis j (donc i > j ) et s’écrit, pour les n
tranches granulométriques, sous une forme matricielle :

2.4 Formulation mathématique

 
B 1,1 1 1 ... 1
d’un processus de fragmentation
B 2,1 B 2,2 1 ... 1
B = B 3,1 B 3,2 B 3, 3 ... 1
Pour caractériser la transformation granulométrique qui se
...

...

...

...

produit au cours d’un processus de fragmentation, des modèles


mathématiques ont été élaborés à partir du concept de Epstein B n,1 B n, 2 B n, 3 ... B n,n
(1948). Cet auteur considère qu’une opération de fragmentation se

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La fonction de fragmentation peut aussi représenter le pour- 3.1 Évaluation de la finesse


centage bi, j de la tranche granulométrique fragmentée j qui se
retrouve dans la tranche i et dans ce cas elle s’écrit sous forme de 3.1.1 Mesure de la taille
la matrice triangulaire :
La mesure des distributions de taille constitue l’analyse granulo-

 
0 0 0 ... 0 métrique quand elle respecte un certain nombre de règles formulées
b 2,1 0 0 ... 0 par Matheron (1975) qui en a établi le fondement axiomatique. Allen
(1982) et Barth (1984) exposent en détail les différentes techniques
B = b 3,1 b 3,2 0 ... 0 de mesures résumées dans le tableau 1. (0)
...

...

...

...

b n,1 b n,2 b n, 3 ... 1 3.1.1.1 Mesures directes et méthodes apparentées


Ces méthodes sont en général des analyses grain à grain ; leur
mise en œuvre, souvent fastidieuse, est généralement réservée à
Dans cette matrice triangulaire on a bi, j = 0 si j  i , bn, n = 1 et l’étalonnage des mesures indirectes.
n
Les fragments macroscopiques peuvent être mesurés à l’aide
chacune des colonnes doit vérifier la relation ∑ bi, j = 1.
d’un mètre, d’un pied à coulisse, d’un palmer, etc. Des abaques
i=j
imprimés figurant des images de poudres permettent aussi une
Le bilan matière montre que la variation massique d’une tranche évaluation globale de la taille par comparaison visuelle directe ;
granulométrique i, pendant un temps de fragmentation t, est due à : leur utilisation est limitée aux fractions presque monodisperses de
— la disparition des grains fragmentés qui étaient initialement à grains presque sphériques supérieurs à 125 µm, car ils rendent très
la dimension i, soit – si mi (t ) ; mal compte des distributions.
— l’apparition de grains fragmentés provenant des différentes Pour les fragments de faibles dimensions, on doit utiliser des
n techniques microscopiques qui fournissent au moins une vue
tranches j de dimensions plus grossières, soit ∑ b i,j s j m j ( t ) . projetée des particules sur le plan d’observation, pouvant être traitée
j=1 par les techniques d’analyse d’images. Un des intérêts de ces
Cette variation s’écrit alors : méthodes est de proposer une large panoplie de quantificateurs de
taille, une grande variété de procédures d’analyse et la possibilité
n de discerner la nature des espèces. En microscopie photonique, la
dm i ( t )/dt = ∑ bi,j sj mj ( t ) – si mi ( t ) (19) dimension dans le sens parallèle à la projection est accessible à l’aide
j=1 du micromètre de mise au point (matériaux transparents) ou par
mesure d’ombre portée en éclairage oblique. Les microscopes
ou, sous forme matricielle : électroniques offrent aussi cette dernière possibilité, à condition que
dM (t )/dt = (B – I ) S M (t ) (20) la préparation ait subi un dépôt par vaporisation oblique d’un
composé opaque (or ou chrome). Les mesures par microscopie béné-
avec B matrice triangulaire de fragmentation, ficient souvent d’un préjugé favorable car on les considère à tort
I matrice identité, comme des déterminations directes ; or, elles posent toujours des
problèmes d’échantillonnage, parfois de définition de taille ou de
M (t ) vecteur colonne exprimant les masses par tranche pondération pratiquement insolubles. C’est notamment le cas des
granulométrique, fines particules anisotropes polydisperses.
S matrice diagonale de sélection.
3.1.1.2 Mesures fondées sur des lois de comportement
Communément, pour des produits grossiers à fins, on utilise des
3. Mesures dimensionnelles techniques de criblage et de tamisage, à sec ou en suspension (§ 2.3).
Ces opérations consistent à fractionner le produit en le faisant passer
à travers une surface munie d’orifices calibrés et à peser les fractions
Toute mesure de dimension suppose une définition. Celle-ci est ainsi obtenues. Les conditions affectant la qualité de cette opération
immédiate dans le cas de particules à géométrie simple (assimi- sont discutées par Hinde (1976). Aujourd’hui, on dispose d’instru-
lables à des sphères, des cubes, etc.), mais problématique si les ments permettant d’établir des courbes de distribution granulomé-
particules ont des formes complexes, par exemple s’il s’agit de trique par l’intermédiaire de diverses lois de comportement ; on
polyèdres non convexes ou de particules ramifiées. Ces mesures donne ci-après le principe des méthodes les plus répandues.
permettent de contrôler le fonctionnement des installations ou la
qualité des produits broyés. 3.1.1.2.1 Méthodes fondées sur les propriétés optiques
Une particule a des dimensions physiques données et une On distingue quatre types de mesure.
population de particules est décrite par leur distribution dont la
signification est très différente selon qu’elle est pondérée en nombre Mesure de la turbidité : le coefficient d’extinction dépend, entre
ou en masse. Une distribution étroite est dite monodisperse, dans autres, du carré du rayon des particules supposées sphériques.
le cas contraire, elle est dite polydisperse. Mesure par diffraction dans le visible : c’est principalement la
Bien que souvent la détermination directe soit techniquement diffraction de Fraunhofer (valable quand la taille des particules est
possible, des raisons pratiques font que les dimensions sont grande devant la longueur d’onde). L’angle de diffraction varie
analysées à travers des lois de comportement qui ne fournissent pas comme l’inverse du diamètre des particules, l’intensité diffractée est
les dimensions physiques des objets, mais des dimensions dites proportionnelle à l’abondance.
équivalentes du point de vue du comportement considéré. Une Mesure par diffraction quasiélastique : il s’agit de la mesure de
détermination des dimensions n’a donc un sens que si la méthode la constante de diffusion translationnelle des particules soumises
de mesure est donnée en référence. Le raccordement des distribu- au mouvement brownien, par spectroscopie d’autocorrélation de
tions de taille ou la comparaison de résultats livrés par des outils photons.
différents peuvent donc être incertains si les particules sont de
natures différentes et si leur sphéricité est médiocre ; la justesse ou
la cohérence des résultats ne sont pas pour autant en cause.

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FRAGMENTATION ______________________________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Caractéristiques des principales méthodes de détermination de la taille


Méthodes Domaine de taille Fluide de mesure Prise d’essai réelle Remarques
Mesure directe ......................... > 250 µm air théoriquement illimitée

Abaques ................................... 125 µm à 5 mm air qq g risque d’erreurs liées


à la polydispersité
Microscopies


• photonique ............................ 2 µm à 1 mm liquide, air, composite qq 100 mg se prêtent à l’analyse
• électronique .......................... 0,000 5 à 5 µm vide qq µg d’images
• électronique ombrée ............ 0,03 à 5 µm vide qq µg
Criblage .................................... 1 à 200 mm liquide, air théoriquement illimitée ...........................................
Tamisage


• sec .......................................... 25 µm à 5 mm liquide, air qq 100 g
• humide ................................... 10 µm à 1 mm liquide (dispersant) qq 100 g méthode longue, matériel
coûteux et fragile
• microtamisage humide ........ 1 à 20 µm liquide (dispersant) qq g
Optiques
• turbidité ................................. 0,5 à 50 µm liquide qq g très spécifique
• diffraction .............................. 0,1 µm à 2 mm liquide, air qq mg ............................................
• diffusion ................................. 0,002 à 2 µm liquide, air qq mg ............................................
• diffusion centrale des très lourde, analyse d’agré-
rayons X ................................ 0,01 µm liquide, air qq mg gats possible
Déplacement gêné
— champ de gravité
• mesure de pression 
en colonne.............................. 30 à 150 µm liquide qq 100 g à qq kg 
• lévigation 
• élutriation 
...................... 3 à 100 µm liquide qq 10 g 



• pipetage et pesée 
............. 0,5 à 50 µm liquide qq g
• densimétrie  biais liés aux différences
• photosédimentométrie ......... 0,2 à 100 µm liquide qq 100 mg  de densités entre les grains

— champ centrifuge 
• humide et pesée ................... 0,002 à 25 µm liquide qq 100 mg 

• sec et pesée ........................... 0,02 à 25 µm gaz qq 100 mg 
• avec photosédimentométrie 0,02 à 100 µm liquide qq 100 mg 

— cyclonage et pesée ............. 3 à 100 µm liquide, gaz théoriquement illimitée 
Chromatographiques .............. 0,002 à 2 µm liquide qq 10 mg
Électriques
• conductimétrie ...................... 0,5 à 100 µm liquide conducteur qq 100 mg conductivité superficielle
• charge induite ....................... 1 à 30 µm liquide, gaz qq g ............................................
qq quelques.

Mesure par diffraction des rayons X aux petits angles : le rayon Ces méthodes se rapportent à une mesure de quantités de par-
du halo diffusé croît comme l’inverse du diamètre des particules ; ticules ayant parcouru une distance donnée dans un fluide visqueux,
la méthode permet aussi l’analyse texturale des agrégats en termes sous l’effet d’un champ de gravité ou d’un champ centrifuge.
de géométrie fractale.
■ La sédimentation libre est mise en œuvre dans l’une ou l’autre
des techniques suivantes :
3.1.1.2.2 Méthodes fondées sur le déplacement gêné
des particules — pipetage et pesée ;
— densimétrie ou photodensimétrie ;
Elles exploitent la loi de Stokes : — balance de Martin ;
— mesure de densité optique transmise d’un rayonnement X ou
V = 2 a 2 (ds – d f ) γ /9η (21)
γ (photosédimentométrie) ;
avec V vitesse de chute, — mesure de pression en colonnes de sédimentation.
a rayon sphérique équivalent de la particule, ■ La sédimentation forcée est mise en œuvre dans l’une ou l’autre
ds densité du solide, des techniques suivantes :
df densité du fluide, — centrifugation avec extraction et pesée, ou mesure in situ de
densité optique transmise (photosédimentométrie) ;
γ accélération due à la pesanteur ou au champ centrifuge, — cyclonage (pour des tailles supérieures à 3 µm) et pesée.
η viscosité du fluide.

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■ Pour la lévigation, les particules soumises à un courant de fluide 3.1.3 Mesure de paramètres
ascendant sont récupérées dans des récipients tronconiques d’angle indirectement liés à la taille
croissant (élutriateurs), disposés en cascade, où elles se stabilisent
quand l’effet des forces gravitaires compense le déplacement dû au
Il est possible d’évaluer l’état de division par l’intermédiaire de
fluide.
paramètres très indirects comme les températures de changement
de phase ou de propriétés magnétiques, les vitesses initiales de
3.1.1.2.3 Méthodes chromatographiques dissolution, les capacités d’échange d’ions, les viscosités des sus-
Il s’agit d’un ensemble de techniques de fractionnement associées pensions, les densités apparentes, etc. ou certains paramètres de
à divers outils de détection. Ces techniques adaptées aux particules conduite des installations de fragmentation.
très fines dérivent directement des techniques de mesure des tailles
de molécules. Elles ne sont pas encore très développées, mais offrent
d’intéressantes perspectives, notamment pour la discrimination de 3.2 Détermination de la forme
très petites particules. On peut mentionner le fractionnement par
couplage flux-force (FFF), la chromatographie supercritique et les
La caractérisation numérique de la forme nécessite de nombreux
chromatographies hydrodynamiques, à colonne remplie ou
paramètres dès que l’on s’écarte des particules à géométrie simple.
capillaire.
Une façon de procéder est d’évaluer l’écart à la sphéricité. Plus
spécifiquement, on caractérise la lamellarité des particules applaties
3.1.1.2.4 Méthodes fondées sur les propriétés électriques et l’acicularité des particules allongées.
Les particules passent à travers la fenêtre d’une électrode
conductimétrique dont elles modifient la conductance en fonction
de leur volume et de leur résistivité (méthode de Coulter). D’autres 3.2.1 Détermination directe
mesures font appel à la charge induite par effet Corona ou à la capa-
cité diélectrique d’un lit de particules. L’analyse d’images est l’outil privilégié des déterminations
morphologiques, car elle offre une grande diversité de paramètres
d’appréciation de la forme et les développements récents de
3.1.2 Mesure de la surface spécifique procédures automatisées en atténuent le caractère fastidieux. On
renouvelle cependant les remarques relatives aux défauts
3.1.2.1 Mesures directes et calcul d’échantillonnage des mesures directes (§ 3.1.1.1).
On renouvelle ici les réserves faites précédemment quant aux
méthodes microscopiques de détermination de la taille (§ 3.1.1.1).
3.2.2 Écart au comportement des sphères lisses
3.1.2.2 Adsorption de molécules d’encombrement connu
Cette technique est fondée sur la différence de comportement de
Ces techniques sont les plus répandues, elles consistent à particules induite par leur forme. En général, elle nécessite deux
déterminer la quantité de molécules nécessaire à la formation d’une opérations, l’une de fractionnement en classes de diamètres équi-
monocouche. Dans le cas des gaz parfaits, la détermination est effec- valents aussi étroites que possible, et l’autre de discrimination au
tuée par volumétrie et la surface spécifique S est donnée par la sein de chaque classe. Le cascadographe à tamis est fondé sur la
relation : mesure, en fonction du temps, des composantes d’une fraction
S = sNAVm /V0 (22) retenues dans une colonne de tamis ayant tous la même ouverture ;
les particules traversent cette colonne d’autant plus vite qu’elles sont
avec NA nombre d’Avogadro, sphériques et non rugueuses ; la fraction initiale est obtenue par
V0 volume molaire, tamisage, à l’ouverture considérée, pendant un temps suffisamment
Vm volume nécessaire pour constituer la monocouche, élevé pour que le passant par unité de temps devienne négligeable.
L’analyse par chromatographie de fractions obtenues par centrifuga-
s encombrement (section) de la molécule. tion se rapproche de cette technique.
Plusieurs méthodes (dont la méthode BET due à Brunauer, Emmet
et Teller en 1938) sont disponibles pour calculer V m et pour
s’affranchir des contributions des diverses porosités. 3.2.3 Exploitation des isothermes d’adsorption

3.1.2.3 Calorimétrie d’immersion Ces mesures sont applicables quand les diverses faces des
On mesure par microcalorimétrie isotherme le travail d’adhésion minéraux présentent une réactivité propre vis-à-vis d’un adsorbat
entre un liquide et un film de ce même liquide préalablement déposé donné. L’exploitation des isothermes d’adsorption permet de
en phase vapeur à la surface du solide. Pour un liquide donné, ce quantifier les différentes surfaces, éventuellement les différentes
travail est proportionnel à l’aire de l’interface. C’est la seule méthode porosités, et par conséquent de remonter aux caractéristiques de
qui ne nécessite pas la connaissance de l’encombrement (méthode forme. Ces méthodes sont très bien adaptées au cas des silicates
de Harkins et Jura). lamellaires. La détermination pratique des quantités adsorbées à
l’interface solide-solution étant très lourde, on préfère procéder par
calorimétrie d’adsorption à basse température. Le développement
3.1.2.4 Perméamétrie de la volumétrie continue d’adsorption à basse température a récem-
La perméabilité aux gaz d’une couche poreuse constituée par ment conduit à des installations légères qui autorisent les mesures
l’échantillon préparé dans des conditions standards est liée à la de routine. On peut rapprocher de ces méthodes celles qui opèrent
surface spécifique des particules (méthode de Lea et Nurse, méthode par mesure des capacités d’échange d’ions lorsque les réactions sont
de Blaine). différentes selon les faces.

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FRAGMENTATION ______________________________________________________________________________________________________________________

3.2.4 Couplage de mesures granulométriques initialement en solution, et les sites superficiels du minéral ont lieu
sur une distribution de concentration d’équilibre de l’adsorbat, les
Une série de propositions dues à Baudet et al. (1990) permet de classes de sites correspondant aux interactions les plus fortes étant
tirer parti de la différence de définition des diamètres mesurés pour remplies pour les concentrations d’équilibre les plus faibles.
estimer des facteurs de forme, mais la méthode est limitée aux cas Corrélativement, tout domaine énergétique homogène est rempli
où la forme est peu liée à la taille. dans un intervalle très étroit des concentrations d’équilibre.
Soit une espèce minérale prise dans un état de référence et une
fraction de celle-ci fragmentée de telle sorte que les sites super-
ficiels ne changent pas de nature (surface stable) ; on peut résumer
4. Variation des propriétés en quelques points les effets superficiels du broyage :
— les domaines énergétiquement homogènes sur le produit de
massiques et superficielles référence ne le sont plus sur le produit broyé ; il y a lissage des
énergies et augmentation de l’hétérogénéité ;
— le remplissage des sites se fait à des concentrations d’équilibre
Les variations des propriétés massiques et superficielles ne sont plus élevées sur le produit broyé que sur le produit de référence ;
notables que dans les opérations de broyage fin et ultrafin, sus- il y a chute de la réactivité superficielle ;
ceptibles de modifier l’ordre structural, les énergies superficielles — pour certains minéraux non clivables comme le quartz, la
et la nature des interfaces solide-air. fragmentation à sec perturbe les couches superficielles, leur
conférant les propriétés de la variété amorphe ;
— pour certains minéraux clivables comme la biotite, la
fragmentation à sec, à l’inverse de la fragmentation en voie humide,
4.1 Ordre structural active la surface.
Ces observations intéressent des minéraux qualifiables de stables,
malgré l’altération significative de quelques propriétés résultant par
En général, toute opération de fragmentation prolongée apporte
exemple du lessivage sélectif de certains constituants et de la
un désordre qui, à l’échelle de l’organisation cristalline, se manifeste
formation, lors de séchage, de nouveaux composés comme des
par une dégradation dans la régularité de la périodicité. Cette
carbonates ou des hydroxydes ; ce qui est le cas des chlorites
altération et la diminution du nombre de plans diffractant en phase
magnésiennes.
sont qualitativement révélées par la diminution d’intensité et
l’élargissement des réflexions du spectre de diffraction X ; Mais la réactivité de certains matériaux est telle que les composés
quantitativement, on peut l’apprécier en mesurant la longueur des superficiels de la phase broyée diffèrent beaucoup de ceux de la
domaines d’interaction élastique (domaines cohérents). Cette phase initiale. Pour les sulfures, la nature des composés superficiels
grandeur, déductible de la largeur angulaire à mi-intensité, est très dépend étroitement des conditions d’acidité et d’oxydation, du
facile d’accès (loi de Scherrer) ; elle offre le double intérêt de ren- régulateur de pH et des corps broyants.
seigner sur les chutes d’ordre selon les différentes directions
cristallographiques et, en général, d’être insensible à l’apparition de
nouvelles phases. Dans de rares cas où la substance à broyer est
le siège de contraintes élastiques résiduelles, la fragmentation 4.3 Effets mécanochimiques
engendre, dans ses stades précoces, leur relaxation, et il s’ensuit
une paradoxale amélioration de l’ordre qui se traduit par une
augmentation du domaine cohérent. On désigne sous ce nom un ensemble de phénomènes physico-
chimiques qui se produisent sous l’effet de broyages prolongés. Au
La diffraction X est certainement une des plus sûres techniques front d’une fissure, les déformations inélastiques intéressent de très
d’évaluation de la cristallinité, pour peu qu’un minimum de précau- petits volumes où la dissipation d’énergie engendre des échauffe-
tions élémentaires soient prises (variations de forme et d’orientation, ments locaux très importants auxquels on a longtemps attribué
problèmes de gonflement), mais elle n’est pas la seule. Les mesures l’origine des effets mécanochimiques ; on sait en fait aujourd’hui
de solubilité, fondées sur le fait qu’une substance cristallisée est qu’ils se développent selon des mécanismes originaux, différents
moins soluble que la variété amorphe correspondante, sont de ceux qui règlent les réactions thermochimiques classiques. On
probablement les plus employées. Cependant, elles se heurtent à peut distinguer :
des difficultés liées aux cinétiques, aux recristallisations et au les-
— les effets d’enrobage, par exemple la métallisation de particules
sivage sélectif de certaines espèces.
dures par cobroyage prolongé avec des métaux ductiles ;
La spectrophotométrie d’absorption dans l’infrarouge a l’intérêt — les transitions polymorphiques ;
de fournir des mesures de l’ordre local, sous réserve que les — les réactions chimiques à basse température ;
affectations de bandes d’absorption soient sans équivoque, ce qui — l’obtention de propriétés anormales (spinelles à degré
peut poser problème lorsque la nature des groupements fonction- d’inversion inhabituel, températures de transition magnétique
nels, notamment superficiels, évolue. Plus généralement, on peut modifiées) ;
mesurer la chute d’ordre à l’aide de toute méthode spectroscopique — les effets d’agrégation et d’alliage.
qui rend compte de la distribution des environnements.
Il est connu depuis longtemps que la fragmentation prolongée
de mélange de particules métalliques engendre la formation de
solutions solides. Le procédé paraît avantageux quand :
4.2 Énergétique superficielle — un des éléments est très volatil ou présente une pression de
vapeur élevée ;
— les métaux présentent des températures de fusion éloignées ;
La fragmentation, même lorsqu’elle est modérée, influe fortement — l’alliage fondu a une forte tendance à la ségrégation.
sur les propriétés superficielles dont l’altération est généralement Ce procédé a récemment pris de l’importance dans la production
analysée à travers l’adsorption des molécules sondes en interaction d’alliages légers à base d’aluminium, de magnésium, de lithium et
forte avec le minéral. Par exemple, selon le formalisme proposé par de titane, car il concurrence économiquement les procédés
Cases (1979), toute surface minérale est énergétiquement hétéro- d’atomisation et de solidification rapide.
gène, en ce sens que les interactions entre des molécules sondes,

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5. Pollutions en fer pour le broyage des ferrites destinées au frittage), ou encore


dans un matériau facile à éliminer par la suite (corps en fer pour
lors de la fragmentation le broyage de quartz optique, le fer étant éliminé par lavage
chlorhydrique) ; on peut utiliser des revêtements en polymères
organiques (polyuréthanne, caoutchouc, nylon, etc.) ou choisir des
Traditionnellement, la contamination lors des opérations de substances très dures (céramiques spéciales, aciers trempés
fragmentation résulte de l’usure des outils. Les produits d’usure spéciaux).
peuvent être gênants à plusieurs titres : ils peuvent être colorés, abra- Actuellement, le broyage fin de substances, où le maintien de
sifs ou constitués d’agents prohibés dans l’utilisation finale. Ils
spécifications ultérieures strictes nécessite la préservation d’une
peuvent aussi empoisonner les surfaces en précipitant sur celles-ci grande pureté (graphite, nitrures, carbures, oxydes réfractaires,
(hydroxydes de fer). céramiques électro-optiques, etc.), change significativement
La contamination peut être limitée : l’approche de la fragmentation. Ainsi, les fluides eau ou air peuvent
— en ajustant les paramètres de conduite, notamment la vitesse, être polluants au même titre que les impuretés métalliques. Le
le débit, le taux de remplissage, les rapports quantitatifs procédé de fragmentation peut donc être choisi moins selon son coût
solide/solide + eau et solide + eau/corps broyants ; que pour son caractère non polluant. Par exemple, on a recours au
— en adaptant la nature des corps broyants, des blindages et des broyage par jets fluides opposés pour rompre les particules les unes
organes de brassage à chaque cas ; on peut les choisir dans le même contre les autres en limitant la pollution métallique ; de même, on
matériau que la substance à broyer ou dans un matériau donnant, peut opérer en milieu anhydre, par exemple dans les alcanes, pour
dans la suite du procédé, la même descendance que celui-ci (corps rompre les particules à l’abri de l’eau atmosphérique.

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P
O
U
Fragmentation R
Généralités. Théorie E
par Pierre BLAZY N
Professeur à l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL)
Directeur du Centre de Recherche sur la Valorisation des Minerais (CRVM)
Jacques YVON
Docteur ès Sciences
Ingénieur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
S
et
Laboratoire Environnement Minéralurgie LEM URA 235
El-Aïd JDID
A
Docteur ès Sciences
Ingénieur de Recherche au Centre de Recherche sur la Valorisation des Minerais (CRVM)
V
Laboratoire Environnement Minéralurgie LEM URA 235
O
I
Bibliographie R
Aspects physiques de la fragmentation SHI (G.C.). – Mechanics of fracture. Vol 1 Noordholb BROADBENT (S.R.) et CALLCOTT (T.G.). – A matrix
ANDRES (M.). – Désintégration des roches par Int. Publ. Leyden (1973). analysis of processes involving particle assem-
impulsions électriques. Nouvelles techniques WESTWOOD (A.R.C.). – The Rehbinder effect and blies. Phil. Trans. Roy. Soc. Lond. ser. A 249,
de broyage et économies d’énergies AFME,
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