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De nombreux chercheurs voient dans le modèle japonais la réponse aux problèmes de motivation
et de productivité, que vivent les organisations tant en Amérique qu'en Europe. Devant la limite de la
théorie des organisations traditionnelles, la recherche d'une autre voie s'impose et l'Orient offre une
direction pour enfin atteindre l'efficacité tant recherchée. De Taylor à Herzberg les organisations tentent,
dans un premier temps, de légitimer leur ascendant sur le travailleur puis, par la suite, d'intégrer ce
dernier à sa finalité économique, mais chaque fois les résultats anticipés firent place à d'autres malaises
encore plus profonds.
De tout temps on fait appel à l'individualisme dans les organisations occidentales contrairement
à l'Orient qu’elle s'attache au collectivisme. Y a-t-il dans cette façon de voir et d'agir l'explication au fait
que la productivité japonaise est deux fois supérieure à celle des Etats-Unis ?
William Ouchi s'est intéressé aux méthodes de gestion japonaise et dans son ouvrage "La théorie
Z" il tente d'explorer plus à fond la transférabilité de ses éléments puis, pour en arriver à une ébauche de
sa théorie Z.
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Chapitre 1 : Le modèle Japonais
Section 1 : Les caractéristiques majeurs du système Japonais1
1. Politique de recrutement :
2. Promotion et rémunération :
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La théorie Z de Ouchi, Doc étudiant
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3. Management de l’emploi :
Le mécanisme de l’emploi à vie est le suivant : Une fois par an, à l’époque où les jeunes
gens sortent diplômés du lycée ou de l’université, les grandes sociétés procèdent au recrutement
du personnel.
Au japon, les hommes sont spécialisés dans les connaissances de leur entreprise et sont
facilement interchangeable au sein de l’entreprise, mais difficilement interchangeable entre
entreprise. Les gens font carrières dans une seule entreprise, dans plusieurs spécialités.
Il est difficile de prendre un travailleur d’une entreprise, de le transférer dans une autre
entreprise et de compter sur lui pour être pleinement productif. Les japonais ne se spécialisent
pas seulement dans un domaine technique ils le font aussi dans une entreprise déterminée, où
ils apprennent à faire fonctionner le mieux possible un secteur d’activité bien précis.
Il en ressort qu’alors que les américains sont formés à la mise en place d’objectifs précis,
se déclinant en indicateurs mesurables et quantifiables, les japonais eux sont d’abord
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William Ouchi, Théorie Z, Faire face au défi japonais, Inter éditions, 1982
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Sensibilisés aux valeurs fondamentales et à la philosophie de l’entreprise, le tout constituant la
culture de l’entreprise, se matérialisant par un ensemble de symboles, de cérémonies et de
moyens, à partir desquels chacun est amené à tirer les meilleurs objectifs possibles pour
l’entreprise, dans quelque situation que ce soit.
Cette situation est d’autant plus facile du fait de l’emploi à vie et du fait que les salariés
auront occupés suffisamment de postes différents dans l’entreprise pour créer une culture
commune.
Lors d’une décision importante dans une entreprise japonaise, tous ceux qui sont
impliqués sont invités à participer.
Dans le cas où cela touche un nombre important de personnes, une équipe réduite est
chargée de rencontrer l’ensemble des personnes, l’une après l’autre, et à chaque modification
importante elle contactera tous les responsables, ceci jusqu’à l’obtention d’un consensus.
Ainsi, dans la mentalité japonaise, tout ce qui est important résulte de l’effort d’une
équipe. Il est donc impossible d’accorder un blâme ou un éloge individuel.
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Les entreprises japonaises n’étant pas intéressées par l’évaluation immédiate des
réalisations individuelles, cela permet une économie importante des coûts de gestion engendrés
notamment par la comptabilité analytique, et le traitement de l’information.
L’entreprise japonaise donne lieu par contre à des relations inclusives, de par son
histoire, et du fait qu’au moment de l’urbanisation, les entreprises durent prendre en charge la
formation complète des jeunes afin de convaincre leurs parents de l’intérêt pour eux de se faire
embaucher. De plus, les structures sociales du féodalisme avaient préparé les japonais à un
certain paternalisme. Cela entraîne une intimité désarmant les actions malhonnêtes au sein du
groupe.
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Un remplacement rapide entraîne une évaluation et une production accélérée.
Cela peut provoquer l’hystérie des cadres qui changent d’employeur si la promotion n’est pas
assez rapide.
Une rotation importante entraîne une formation rapide, d’où une simplification
des tâches, donc un travail ennuyeux pour le personnel, propice à la démission.
En ce qui concerne les responsables, la spécialisation est plus élevée, entraînant
une standardisation des comportements remplaçant l’intimité en tant que mécanisme de
coordination. D’où un cloisonnement des fonctions au sein d’une même entreprise.
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Chapitre 2 : La théorie Z et sa mise en œuvre
William Ouchi a développé Théorie Z après avoir réalisé une étude comparative des
pratiques de gestion japonaise et américaine. La théorie Z est un modèle intégré de motivation.
La théorie Z suggère que les grandes organisations complexes sont des systèmes humains et
que leur efficacité dépend de la qualité de l'humanisme utilisé. Une organisation de type Z
présente trois caractéristiques principales : confiance, subtilité et intimité.
La confiance mutuelle entre les membres d'une organisation réduit les conflits et conduit
au travail d'équipe. La subtilité exige une sensibilité envers les autres et une productivité
supérieure. L'intimité implique préoccupation, soutien et désintéressement discipliné.
Par la discussion
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William OUCHI "La théorie Z"
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2. Phase deux : examinez la philosophie de votre entreprise
Elle ne peut s’inventer de toute pièce, aussi afin de la mettre en lumière, il faut étudier
les grandes décisions des dernières années et voir ce qui les sous-tendait.
Les structures formelles ne sont mises en place que pour pallier les faiblesses
occasionnelles en matière de coopération ou d’information.
L’entreprise efficace sera celle qui fonctionnera en coordination tacite, tel un clan.
Elles sont d’une importance capitale pour une entreprise Z, dont la force réside en sa
souplesse d’adaptation au changement. Les relations formelles sont ambiguës et les contours
de responsabilité non précisément définis. Cependant, la philosophie d’entreprise,
compréhensible par tous, permet d’aborder à la fois le subtil et le complexe.
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Avant la formation à la prise de décision participative, il faut d’abord commencer par
les méthodes de résolution de problèmes. Il existe 2 grands types :
A chaque innovation dans l’entreprise, il est primordial qu’un test soit réalisé, afin de
vérifier si les objectifs sont atteints. Ce test convaincra les sceptiques, et inversement calmera
l’enthousiasme des inconditionnels.
D’autre part, les cadres supérieurs doivent s’évaluer avant toute répercussion :
Plus tard, chaque cadre pourra se livrer à une évaluation personnelle. En effet, chaque
cadre doit se sentir :
Moins harassé, car ces collaborateurs ont de moins en moins besoin d’aide,
Moins satisfait, car il se met à douter de ses qualités de gestionnaire.
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Enfin, "l’entreprise Z ne connaît la réussite que lorsque les travailleurs à la chaîne
réagissent à la critique de leurs clients, et que chaque membre de l’entreprise participe vraiment
au sein d’une structure égalitaire et cohérente."
La négociation avec les syndicats est un des éléments les plus sensibles du
développement d’une entreprise. Ceux-ci doivent être associés très rapidement au processus de
changement, et il faut élaborer une philosophie systématique des relations avec le personnel.
Des retouches effectuées par les professeurs James Medoff de Harvard et Kathryn
Abraham du MIT, ont montré que la productivité était supérieure dans les entreprises
syndiquées par rapport aux entreprises non syndiquées.
L’entreprise qui passe d’un style de gestion autocratique à un style démocratique doit
absolument gagner la confiance de ses employés. Le syndicat, dans un environnement sain,
pourra constituer un canal de communication avec eux.
Il faut donc que la direction et les syndicats soient convaincus de la valeur des stimulants
permettant de faire naître des relations de travail productives. La direction et les syndicats
n’arrivant pas à œuvrer pour ces changements abaissent la productivité et peuvent conduire à
la disparition pure et simple de l’entreprise.
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Le destin de la plupart des sociétés est lié à la stabilité de l’emploi. Le point essentiel de
la stabilité de l’emploi étant l’évaluation et la promotion lente.
On constate que les cadres qui continuent à passer d’un poste à l’autre d’une même
société, sans avoir pour autant de promotion hiérarchique, conservent leur enthousiasme et leur
efficacité. Un certain nombre de sociétés ont ainsi mis en place des programmes de rotation
systématique de leurs salariés. Cependant des sociétés continuent à surestimer la valeur de la
spécialisation et à sous-estimer l’importance de la connaissance pluri départementale. Il est de
l’intérêt de chacun d’encourager le mélange d’experts travaillant sur le même problème, chacun
des éléments de l’entreprise Z étant liés ensemble afin de constituer un système coopératif.
Contrairement à ce qui s’est habituellement fait dans les entreprises classiques, la théorie
Z est partisane d’une introduction au changement commençant par le sommet de la hiérarchie.
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Il faut commencer par établir la compréhension et la confiance aux niveaux supérieurs
de la hiérarchie. Ce n’est qu’après l’apparition de ces résultats qu’il faut envisager une action
au plus bas niveau, et qu’un programme durable de changement pourra avoir lieu dans les usines
et ateliers. Pour faire disparaître le scepticisme, il faut plus d’actes que de mots.
Dans le cas où on a réussi à instaurer une justice dans les salaires, une stabilité de
l’emploi et la coordination interdépartementale, leurs effets doivent déjà se faire sentir en
termes de productivité et de fidélité du personnel.
Il faut privilégier l’interrogation des salariés en tant que groupes et non au moyen de
boîte à idées anonymes, et ne pas hésiter à mettre leurs suggestions en application.
Cependant, elle ne peut être inventée de toutes pièces et ne peut se développer que
lorsque les changements de type Z sont en route.
Il faut régulièrement faire des séances de questions réponses expliquant notamment les
points forts et les points faibles de la société, et son rôle sur le marché. Ces discussions sont la
clef de
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Section 2 : Caractéristiques de la théorie Z5
Les caractéristiques distinctives de la théorie Z sont les suivantes :
1. Confiance mutuelle :
Selon Ouchi, la confiance, l'intégrité et la franchise sont des ingrédients essentiels d'une
organisation efficace. Lorsqu'il y a confiance et ouverture entre les employés, les groupes de
travail, le syndicat et la direction, les conflits sont réduits au minimum et les employés
coopèrent pleinement pour atteindre les objectifs de l'organisation.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour établir un lien fort entre l'entreprise et ses
employés. Les employés peuvent se voir attribuer un emploi à vie, ce qui conduit à la loyauté
envers l'entreprise. Dans des conditions économiques défavorables, les actionnaires peuvent
renoncer aux dividendes pour éviter le licenciement de travailleurs. Les promotions peuvent
être ralenties.
La théorie Z suggère que l'implication des employés dans des domaines connexes
améliore leur engagement et leur performance. L'implication implique une participation
significative des employés au processus de prise de décision, en particulier dans les domaines
qui les concernent directement. Une telle participation génère un sens des responsabilités et
accroît l’enthousiasme pour la mise en œuvre des décisions. Les hauts responsables servent de
facilitateurs plutôt que de décideurs.
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La théorie Z de Ouchi, Doc étudiant
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4. Organisation intégrée :
Sous Théorie Z, l’accent est mis sur le partage d’informations et de ressources plutôt
que sur un graphique, des divisions ou toute structure formelle. Une organisation intégrée met
l’accent sur la rotation des emplois, ce qui améliore la compréhension de l’interdépendance des
tâches. Une telle compréhension conduit à l'esprit de groupe.
5. Coordination:
Le rôle du dirigeant devrait être de coordonner les efforts des êtres humains. Afin de
développer une culture et un sentiment de classe communs au sein de l'organisation, le
responsable doit utiliser les processus de communication, de discussion et d'analyse.
Le système de contrôle organisationnel devrait être informel. À cette fin, l'accent devrait
être mis sur la confiance mutuelle et la coopération plutôt que sur les relations entre supérieurs
et subordonnés.
Ainsi, la théorie Z est un système hybride qui intègre les forces de la direction
américaine (liberté individuelle, prise de risque, prise de décision rapide, etc.) et de la direction
japonaise (sécurité de l'emploi, prise de décision en groupe, cohésion sociale, souci holistique
des employés, etc.) systèmes.
Les sociétés japonaises opérant aux États-Unis ont utilisé avec succès la théorie Z. Après
une collaboration entre des sociétés japonaises et indiennes, certains experts ont suggéré
d'appliquer cette théorie en Inde, à MarutiUdyog, qui collabore avec Suzuki Motors du Japon,
une tentative a appliqué la théorie Z.
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Le lieu de travail a été conçu sur le modèle japonais, qui implique des bureaux ouverts.
Le même uniforme a été introduit pour tous les employés, quelle que soit leur désignation. De
même, il existe une cantine commune pour tous. Ces pratiques devraient permettre d'éviter les
différences de statut et les sentiments de classe parmi les employés, facilitant ainsi le travail
d'équipe au sein de l'entreprise.
Chaque division et service d’une entreprise Z se réunit au moins tous les trimestres, avec
une grande réunion tous les ans.
A ces réunions, les discussions sont à chaque fois suivies d’une courte pièce satirique,
dont le but est de remettre les pieds sur terre aux cadres touchés par la réussite et le succès.
Une jeune anthropologue a démontré tout récemment, que contrairement à l’idée qui
prévalait, dans la plupart des civilisations, l’appartenance à un groupe ne restreignait pas
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http://lirsa.cnam.fr/medias/fichier/ouchihtml 1263552741670.html
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Forcément la liberté personnelle, mais pouvait être un moyen de canaliser des émotions
individuelles, en les permettant de totalement s’exprimer.
La formation de groupes peut être pour une société Z, plus la conséquence que la cause
de la bonne santé de l’entreprise.
Il est important de faire déplacer les gens au sein de l’entreprise, afin qu’ils connaissent
d’autres services et d’autres expériences. Ainsi, on placera souvent un cadre à un poste
apparemment moins élevé afin de lui permettre d’acquérir une autre perspective.
Dans une société Z, les bénéfices représentent la prime que le client verse à la société
pour la part qu’elle prend à la résolution de ses problèmes. Plus le travail sera bien fait, plus
cette rémunération sera importante.
Cette conception de la valeur fait donc reculer l’efficacité telles qu’elle est définie
généralement, car, pour une société de type Z, être efficace signifie être professionnel et non
économiser des coûts de production.
6. L’œuf ou la poule
Toutes les entreprises Z ne sont pas faites sur le même moule, et se sont forgées avec le
temps, sous l’impulsion de leurs fondateurs.
Quand la société est contrôlée par son fondateur, il n’a pas à justifier ses décisions sur
le long terme, et celles-ci peuvent avoir une certaine subtilité.
Inversement, quand la société est aux mains de nombreux actionnaires, ceux-ci n’ont
pas le degré d’intimité suffisant pour posséder une conscience aiguë de sa complexité.
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Une forme concentrée de contrôle peut être une condition au développement d’une
société Z
7. Un environnement solidaire
Les fiefs : c’est le cas de sociétés telles que Kodak ou Procter &Gamble. Elles
regroupent la majorité de leurs employés dans des villes petites ou moyennes, ce qui entraîne
le développement d’un réseau complet de relations globales. Ce réseau assujettit les salariés à
leurs rôles religieux, civiques ou de voisinage. Le danger de ce type d’organisation peut être
l’émergence du paternalisme, contraire à l’esprit égalitaire de la société Z.
L’environnement caractéristique de l’armée et de certaines grandes entreprises
industrielles, lesquelles déplacent si souvent leurs employés, qu’ils ont à peine le temps de
s’intégrer dans le tissu social. Les salariés s’adaptent souvent en développant une culture
homogène au sein de la structure de travail.
Le troisième environnement est celui des sociétés telles que Hewlett Packard, ou
Texas Instruments, implantés dans des cadres idylliques. Dans ce cas, chacun semble venir
d’autre part, et n’ont pour la plupart pas d’amis intimes ou de liens familiaux ou sociaux. Aussi,
sur leur lieu de travail, ils développent leur sentiment d’appartenance à quelque chose ainsi que
leur attachement profond et durable à d’autres êtres humains.
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Ouchi, William, Théorie Z; faire face au défi japonais, Paris, Inter éditions, 1982
PASCALE, R.T., ATHOS, A.G. Le management est-il un art Japonais, Les éditions
d'organisation, Paris, 1985, p. 76.
« La dimension humaine de l’entreprise ». McGregor Douglas.Paris.Gauthier Villars, 1969.
http://lirsa.cnam.fr/medias/fichier/ouchihtml 1263552741670.html
https://fr.bestarticleonline.com/william-ouchi-s-theory-z-motivation
https://www.doc-etudiant.fr/Social/.../Cours-La-theorie-z-de-ouchi-117990.html
https://d1n7iqsz6ob2ad.cloudfront.net/document/pdf/5384a3b01d402
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