Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Expose D.C Master1
Expose D.C Master1
Sommaire
1
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
Introduction général
« Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité ».
Cette définition du ministre a été donné par Ambrose GwinettBierce en 1906.
Dans cette citation, cet écrivain américain met en lumière la responsabilité dont font preuve les
ministres c'est à dire le Gouvernement. D'après lui, les ministres auraient de bien trop grands
pouvoirs comparé à leurs responsabilités qui ne seraient pas proportionnées à leurs capacités à agir
dans la vie publique. 1 Cette responsabilité politique du Gouvernement étant l'obligation, pour les
membres d'un gouvernement, de quitter leurs fonctions lorsqu'ils n'ont plus la confiance de
l'autorité politique devant laquelle ils sont « responsables ».
C’est ainsi que L'État moderne est basé - maintenant - sur l'idée de responsabilité ; les
gouvernements, les individus, et les partis politiques sont tous responsables, mais la responsabilité
de l’un est différente de celle de l'autre, c'est une responsabilité proportionnée aux actions, à
l'activité et au pouvoir que possède tout ou chacun.La règle générale en politique et en
administration exige l'existence d'une responsabilité là où il y a du pouvoir, Et vice versa là où il
n'y a pas de pouvoir, ou il n'y a pas de responsabilité.
Si le gouvernement est cet organe qui exerce de nombreux pouvoirs importants dans le domaine
législatif et exécutif, cela le mettrait dans la cage de la responsabilité que ce soit devant le
Parlement en tant que représentant du peuple ou même devant le chef de l'État En plus de la capacité
du Parlement de déplacer la responsabilité politique du gouvernement à travers des mécanismes ,
tels que la motion de contrôle et le retrait de la confiance et d'autres moyens, l'institution du
président de l'État dispose également de mécanismes et de moyens non moins
1 « Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité ».
Dans cette citation, cet écrivain américain met en lumière la responsabilité dont font preuve les ministres c'est à
dire le Gouvernement. D'après lui, les ministres auraient de bien trop grands pouvoirs comparé à leurs
responsabilités qui ne seraient pas proportionnées à leurs capacités à agir dans la vie publique.
2
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
Importants que ceux détenus par le Parlement dans la responsabilisation du gouvernement pour ses
actions.
Par ailleurs, dans certains pays la responsabilité politique du gouvernement devant le Parlement ne
dépasse pas parfois la fonction de contrôle indirect, Même si nous supposons que le Parlement est
parvenu à dissoudre le gouvernement, soit en votant contre la question de confiance, soit en faveur
de la motion de censure. Rien n'empêchera alors le chef de l'État de constituer un nouveau
gouvernement .En outre, le rejet présidentiel d'un gouvernement le pousse à révoquer et à nommer
un nouveau gouvernement de son choix, de ce fait, il en résulte que la responsabilité du
gouvernement envers le président est absolue, en revanche elle est relative devant le Parlement.
La responsabilité du gouvernement devant le chef de l'Etat est apparue dans les républiques
présidentielle et semi-présidentielle, A travers celle-ci le chef de l'Etat révoque deux membres du
gouvernement, Dans le cas où ce dernier prend des mesures contraires au programme politique du
président, et il n'est pas étrange que la législation constitutionnelle accorde au chef de l'exécutif de
l'État (le Premier ministre) le droit de demander aux membres de son gouvernement de présenter
leur démission (individuellement ou collectivement) ; Ce type a trouvé ses applications dans les
États parlementaires, républicains et royaux (Royaume-Uni, Japon, Italie, Inde ... etc). En ce qui
concerne le régime semi-présidentiel ou les hybrides comme par exemple celui de la Ve République
ou le gouvernement est responsable devant le chef d’Etat Cependant, cette responsabilité du
gouvernement devant le chef de l'État qui en théorie est inexistante, mais résultant d'une coutume
institutionnelle de la Ve République est limitée, car il est des cas où le président de la République
a moins de prise sur ses ministres.
Par conséquent, il semble pertinent d’étudier la spécificité que représente le principe de
responsabilité du gouvernement puisqu’ il est considéré comme l’un des plus importants
déterminants du rapport entre l’exécutif et le législatif. Alors c’est quoi Le rapport entre le type du
régime et la nature de responsabilité ? Et quelle sont les exigences constitutionnelles qui peuvent
être déduites de la constitution de 2011 (Maroc) de 1958 (française) et éventuellement de la
constitution tunisienne de 2014 sur l’engagement de responsabilité politique du gouvernement ?
Les développements s'ordonneront autour de deux idées principales, d'une part « La nature de la
responsabilité du gouvernement dans les systèmes politiques contemporains » (I) et d'autre part
3
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
4
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
La responsabilité politique du gouvernement peut revêtir deux significations. Dans le premier cas,
il s’agit d’un moyen de pression du gouvernement, qui pose la question de confiance ou engage sa
responsabilité, sur sa majorité, c’est-à-dire sur ceux qui doivent normalement lui apporter leur
soutien parce qu’ils appartiennent au même parti. En effet, s’il constate chez ces derniers des
réserves à l’égard de sa politique générale ou d’un projet de loi important, il peut engager son
existence devant l’assemblée afin de les mettre devant leurs propres responsabilités.
Dans le second cas, il s’agit d’un moyen d’action de l’assemblée sur le gouvernement. Les
parlementaires peuvent vouloir obliger celui-ci à démissionner parce qu’ils désapprouvent sa
politique. Logiquement l’initiative doit alors venir des membres de l’opposition, qui déposent une
motion de censure en espérant y rallier une partie de la majorité.
Une autre question qui se pose sur la forme du régime parlementaire (dualiste ou moniste) ; C’est
sous sa forme dualiste que le régime parlementaire a d’abord été pratiqué, le roi ne faisait pas que
régner il gouvernait aussi, pour une part.
En ce régime, le gouvernement est politiquement responsable devant l’assemblée et devant le roi
qui participe activement à l’exercice du pouvoir.
En effet, ni la révocation du chef du gouvernement par le chef de l’Etat, ni sa censure par
l’assemblée ne pourraient suffire à rétablir l’harmonie. C’est pourquoi le régime dualiste est
justement critiqué, il ne présente aucun des avantages attendus du régime parlementaire, puisqu’il
met directement en cause le chef de l’Etat et peut conduire au blocage. Ainsi, il fut abandonné par
tous les pays qui l’ont pratiqué.
5
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
« La double responsabilité politique ne subsiste plus que dans les régimes mixtes » .
2 En effet, l’opposition entre l’Europe et les États-Unis, plutôt présupposée que démontrée, se trouve à l’origine de
la classification. V. Richard Moulin, Le présidentialisme et la classification des régimes politiques, Paris, LGDJ,
1978, p. 19 s.
3Dans sa conférence de presse du 11 avril 1961, Charles de Gaulle a pu ainsi soutenir que la Constitution de 1958 «
est à la fois parlementaire et présidentielle ».
4 Selonune appellation à la paternité controversée : le terme apparaît dans un article d’Edouard Balladur au
quotidien Le Monde du 16 septembre 1983, mais il prend sa signification particulière avec François Mitterrand en
1986. V. Marie-Anne Cohendet, La Cohabitation. Leçons d’une expérience, Paris, PUF, 1993.
5Allusion est faite ici à la qualification de la Ve République de « régime semi-présidentiel » ; v. sur ce sujet Jean-
Claude Colliard, « Sur le qualificatif de semi-présidentiel », in Mélanges en l’honneur de Patrice Gélard, Paris,
Montchrestien, 2000, p. 229 s
6
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
encore d’admettre l’existence de régimes « hybrides »6 sinon « bâtards »7 de sorte qu’il faudrait
plutôt parler des classifications et non de la classification des régimes politiques. Fondées sur des
critères variables selon les auteurs, ces classifications ne sont pas à l’abri des critiques. Ainsi,
certains auteurs fondent la distinction sur le seul critère de la responsabilité politique de l’exécutif
devant le Parlement trait par excellence du régime parlementaire, tandis que d’autres y ajoutent
l’existence d’un droit de dissolution au profit de l’exécutif ou encore l’élection du chef de l’État
au suffrage universel Mais, si l’on admet le premier critère, il faut expliquer, ensuite, en quoi
l’impeachment américain n’est pas une forme de responsabilité politique, certes exceptionnelle,
ou au moins comment établir une distinction nette entre responsabilité politique et responsabilité
pénale, si ce n’est sur les effets des sanctions infligées . La difficulté disparaît lorsqu’on ajoute le
critère de l’existence d’un droit de dissolution, mais le prix à payer n’en est pas moins lourd
puisque « s’il est très répandu, il n’existe pas dans des régimes indiscutablement parlementaires
et ne peut donc être retenu comme un élément nécessaire de la définition ». De même, l’élection
du Président de la République, ou plutôt du chef de l’État indépendamment de son appellation, au
suffrage universel direct peut être un élément-clef dans l’organisation des institutions, dans la
mesure où un organe démocratiquement élu dispose, en principe, d’une légitimité accrue, mais
elle n’exclut pas pour autant la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Ainsi, au
lieu d’établir une nouvelle classification, ce critère induit en réalité une sous-classification de la
classification de base : aussi bien dans des régimes qualifiés de « parlementaires » que dans des
régimes qualifiées de « présidentiels » selon le critère de la responsabilité, le chef de l’État peut
être élu au suffrage universel, direct ou indirect .
6 Ainsi Pierre Avril, Le régime politique de la Ve République, mise à jour de la 4e éd., Paris, LGDJ, 1979, p. 69.
7 Roger G. Schwarzenberg, Cours de droit constitutionnel et d’institutions politiques, Paris, 1969-1970, p. 606.
8 Ainsi,
déjà à la fin du XIXe siècle, Adhémar Esmein, Éléments de droit constitutionnel, Paris, 1896. V. également
Philippe Lauvaux, Les grandes démocraties contemporaines, 3e éd. refondue, Paris, PUF, 2004, p. 192 ; Marie-
7
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
conditions et procédures marquent le souci des rédacteurs de concilier deux notions souvent
antagonistes : responsabilité gouvernementale et stabilité gouvernementale. 9
Anne Cohendet, « La classification des régimes, un outil pertinent dans une conception instrumentale du droit
constitutionnel », in L’architecture du droit. Mélanges en l’honneur du professeur Michel Troper, Paris, Economica,
2006, p. 299 s. (not. p. 305).
9 L’article 20 de la Constitution de 1958
10 L’article 50 de la Constitution de 1958
11 L’article 49 de la Constitution de 1958
8
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
du Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur son programme ou sur une déclaration de
politique générale.
Pour ce qui de l’exemple marocain, Le gouvernement est responsable devant le Roi et devant
le Parlement. Devant le Parlement, sa responsabilité est engagée au moment de sa nomination,
« article 47 »13 lors d'une déclaration de politique générale ou le vote d'un texte et enfin lorsque le
Parlement décide de lui retirer sa confiance « article 88 ».14
Après sa nomination, le Premier Ministre se présente devant chacune des deux chambres
pour décliner les grandes lignes de son programme. Débattu devant chaque chambre, le programme
n'entraîne de vote que devant la chambre des Représentants. A la chambre des Conseillers, la
procédure se restreint à un simple débat.
La demande de confiance sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte
à ce stade, seule la chambre des Représentants peut accorder ou refuser sa confiance au
gouvernement sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte. Le refus de
confiance à la majorité absolue des membres composant la chambre des Représentants entraîne la
démission collective du gouvernement. A ce niveau également, la chambre des Conseillers n'est
pas impliquée.
La motion de censure : la chambre des Représentants peut sanctionner le gouvernement par le vote,
à la majorité absolue, d'une motion de censure. Celle-ci votée, entraîne la démission collective du
gouvernement.
Concernant la législation tunisienne, Depuis 2015, le régime politique tunisien a connu une
certaine stabilité institutionnelle, dans la mesure où il n’ya pas eu de crises graves ayant entrainé
la chute des gouvernements suite à l’adoption d’une motion de censure par l’ARP ou de dissolution
9
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
de cette dernière. Cela s’explique d’un côté par les dispositions constitutionnelles quitendent à
rationaliser le recours à de tels mécanismes.
10
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
11
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
Premièrement, il installe un bras de fer politique frontal entre les deux têtes de l’exécutif.
Dans ce cas, le président doit descendre dans l’arène politique et prendre des risques qu’il peut
éviter en poussant le chef du Gouvernement à la démission ou encore en usant de son influence
pour qu’une motion de censure soit initiée par la Parlement75. Deuxièmement, si l’ARP renouvelle
sa confiance au chef du Gouvernement lors de deux votes, « le président de la République est réputé
démissionnaire »76.
Le chef du Gouvernement dispose, quant à lui, constitutionnellement de prérogatives plus
larges que celles du chef de l’État. Il lui revient de déterminer la politique générale de l’État et de
veiller à sa mise en œuvre (article 91 de la Constitution). En outre, le chef de l’État se voit imposer
une obligation de consultation du chef du Gouvernement en ce qui concerne les dispositions de
vote de confiance du Parlement selon les dispositions de l’article 98. Cela a permis de mettre le Parlement au
milieu du jeu politique et d’éviter une démission qui aurait été
12
Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat
20
Article 97 : « Une motion de censure peut être votée à l’encontre du Gouvernement suite à une demande
motivée présentée au Président de l’Assemblée des Représentants
13