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Recherche sur la responsabilité politique du gouvernement

Master 1 en Droit public et sciences politiques

Elaboré par : Me Jihane ELAZZIOUI

Année universitaire 2019 – 2020


Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

Sommaire

Partie première : La nature de la responsabilité politique du gouvernement


dans les systèmes politiques contemporains

Premiere Section : La responsabilité politique du gouvernement dans les régimes


parlementaires
Deuxième Section : La responsabilité du gouvernement dans le régime semi
présidentiel

Partie seconde : l’ organisation de responsabilité politique du gouvernement


dans la constitution marocaine et les autres constitutions comparées (
française,tunisienne)
Premiere Section : responsabilité du gouvernement devant le Parlement

Deuxième Section : responsabilité du gouvernement devant le chef d’Etat

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

Introduction général

« Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité ».
Cette définition du ministre a été donné par Ambrose GwinettBierce en 1906.
Dans cette citation, cet écrivain américain met en lumière la responsabilité dont font preuve les
ministres c'est à dire le Gouvernement. D'après lui, les ministres auraient de bien trop grands
pouvoirs comparé à leurs responsabilités qui ne seraient pas proportionnées à leurs capacités à agir
dans la vie publique. 1 Cette responsabilité politique du Gouvernement étant l'obligation, pour les
membres d'un gouvernement, de quitter leurs fonctions lorsqu'ils n'ont plus la confiance de
l'autorité politique devant laquelle ils sont « responsables ».

C’est ainsi que L'État moderne est basé - maintenant - sur l'idée de responsabilité ; les
gouvernements, les individus, et les partis politiques sont tous responsables, mais la responsabilité
de l’un est différente de celle de l'autre, c'est une responsabilité proportionnée aux actions, à
l'activité et au pouvoir que possède tout ou chacun.La règle générale en politique et en
administration exige l'existence d'une responsabilité là où il y a du pouvoir, Et vice versa là où il
n'y a pas de pouvoir, ou il n'y a pas de responsabilité.
Si le gouvernement est cet organe qui exerce de nombreux pouvoirs importants dans le domaine
législatif et exécutif, cela le mettrait dans la cage de la responsabilité que ce soit devant le
Parlement en tant que représentant du peuple ou même devant le chef de l'État En plus de la capacité
du Parlement de déplacer la responsabilité politique du gouvernement à travers des mécanismes ,
tels que la motion de contrôle et le retrait de la confiance et d'autres moyens, l'institution du
président de l'État dispose également de mécanismes et de moyens non moins

1 « Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité ».

Cette définition du ministre a été donné par Ambrose GwinettBierce en 1906.

Dans cette citation, cet écrivain américain met en lumière la responsabilité dont font preuve les ministres c'est à
dire le Gouvernement. D'après lui, les ministres auraient de bien trop grands pouvoirs comparé à leurs
responsabilités qui ne seraient pas proportionnées à leurs capacités à agir dans la vie publique.

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

Importants que ceux détenus par le Parlement dans la responsabilisation du gouvernement pour ses
actions.
Par ailleurs, dans certains pays la responsabilité politique du gouvernement devant le Parlement ne
dépasse pas parfois la fonction de contrôle indirect, Même si nous supposons que le Parlement est
parvenu à dissoudre le gouvernement, soit en votant contre la question de confiance, soit en faveur
de la motion de censure. Rien n'empêchera alors le chef de l'État de constituer un nouveau
gouvernement .En outre, le rejet présidentiel d'un gouvernement le pousse à révoquer et à nommer
un nouveau gouvernement de son choix, de ce fait, il en résulte que la responsabilité du
gouvernement envers le président est absolue, en revanche elle est relative devant le Parlement.

La responsabilité du gouvernement devant le chef de l'Etat est apparue dans les républiques
présidentielle et semi-présidentielle, A travers celle-ci le chef de l'Etat révoque deux membres du
gouvernement, Dans le cas où ce dernier prend des mesures contraires au programme politique du
président, et il n'est pas étrange que la législation constitutionnelle accorde au chef de l'exécutif de
l'État (le Premier ministre) le droit de demander aux membres de son gouvernement de présenter
leur démission (individuellement ou collectivement) ; Ce type a trouvé ses applications dans les
États parlementaires, républicains et royaux (Royaume-Uni, Japon, Italie, Inde ... etc). En ce qui
concerne le régime semi-présidentiel ou les hybrides comme par exemple celui de la Ve République
ou le gouvernement est responsable devant le chef d’Etat Cependant, cette responsabilité du
gouvernement devant le chef de l'État qui en théorie est inexistante, mais résultant d'une coutume
institutionnelle de la Ve République est limitée, car il est des cas où le président de la République
a moins de prise sur ses ministres.
Par conséquent, il semble pertinent d’étudier la spécificité que représente le principe de
responsabilité du gouvernement puisqu’ il est considéré comme l’un des plus importants
déterminants du rapport entre l’exécutif et le législatif. Alors c’est quoi Le rapport entre le type du
régime et la nature de responsabilité ? Et quelle sont les exigences constitutionnelles qui peuvent
être déduites de la constitution de 2011 (Maroc) de 1958 (française) et éventuellement de la
constitution tunisienne de 2014 sur l’engagement de responsabilité politique du gouvernement ?

Les développements s'ordonneront autour de deux idées principales, d'une part « La nature de la
responsabilité du gouvernement dans les systèmes politiques contemporains » (I) et d'autre part

« L’organisation de responsabilité du gouvernement devant le parlement et le chef d’Etat dans la


constitution marocaine et les autres constitutions comparées (française, tunisienne) » II.

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

Partie première : La nature de la responsabilité du gouvernement dans le


systèmes politiques contemporains
La nature ou la typologie qui est prise en compte de nos jours est celle qui se base sur la séparation
des pouvoirs rigide ou souple.

Premiere Section : La responsabilité politique du gouvernement dans les régimes


parlementaires

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

La responsabilité politique du gouvernement et la dissolution ;C’est la pièce maitresse du régime


parlementaire, elle permet, associée au droit de dissolution, d’apporter une solution aux conflits
susceptibles de survenir entre le gouvernement et la majorité parlementaire, dont pourtant il est
issu.

La mise en cause de la responsabilité politique du gouvernement peut conduire à la constitution


d’un nouveau qui aura la confiance de la majorité.

La responsabilité politique du gouvernement peut revêtir deux significations. Dans le premier cas,
il s’agit d’un moyen de pression du gouvernement, qui pose la question de confiance ou engage sa
responsabilité, sur sa majorité, c’est-à-dire sur ceux qui doivent normalement lui apporter leur
soutien parce qu’ils appartiennent au même parti. En effet, s’il constate chez ces derniers des
réserves à l’égard de sa politique générale ou d’un projet de loi important, il peut engager son
existence devant l’assemblée afin de les mettre devant leurs propres responsabilités.

Dans le second cas, il s’agit d’un moyen d’action de l’assemblée sur le gouvernement. Les
parlementaires peuvent vouloir obliger celui-ci à démissionner parce qu’ils désapprouvent sa
politique. Logiquement l’initiative doit alors venir des membres de l’opposition, qui déposent une
motion de censure en espérant y rallier une partie de la majorité.

Une autre question qui se pose sur la forme du régime parlementaire (dualiste ou moniste) ; C’est
sous sa forme dualiste que le régime parlementaire a d’abord été pratiqué, le roi ne faisait pas que
régner il gouvernait aussi, pour une part.
En ce régime, le gouvernement est politiquement responsable devant l’assemblée et devant le roi
qui participe activement à l’exercice du pouvoir.
En effet, ni la révocation du chef du gouvernement par le chef de l’Etat, ni sa censure par
l’assemblée ne pourraient suffire à rétablir l’harmonie. C’est pourquoi le régime dualiste est
justement critiqué, il ne présente aucun des avantages attendus du régime parlementaire, puisqu’il
met directement en cause le chef de l’Etat et peut conduire au blocage. Ainsi, il fut abandonné par
tous les pays qui l’ont pratiqué.

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

« La double responsabilité politique ne subsiste plus que dans les régimes mixtes » .

Chapitre deuxième : La responsabilité du gouvernement dans le régime semi


présidentiel
Or, dans la doctrine française du moins, aussi bien juridique que politiste, il n’existe pas de
classification plus discutée que celle des régimes politiques. Axée, pour l’essentiel, autour d’une
distinction binaire entre « régime parlementaire » et « régime présidentiel », dont la Grande-
Bretagne et les États-Unis seraient, respectivement, les représentants les plus célèbres 2elle a
d’autant plus passionné les débats que la Ve République semble irréductible à toute classification 
3
marquée par une prépondérance incontestable du chef de l’État en période dite de « concordance
des majorités », son fonctionnement semble radicalement différent en période de « cohabitation » 
4
D’où le besoin d’introduire, à côté des catégories classiques, des catégories intermédiaires 5 ou

2 En effet, l’opposition entre l’Europe et les États-Unis, plutôt présupposée que démontrée, se trouve à l’origine de
la classification. V. Richard Moulin, Le présidentialisme et la classification des régimes politiques, Paris, LGDJ,
1978, p. 19 s.
3Dans sa conférence de presse du 11 avril 1961, Charles de Gaulle a pu ainsi soutenir que la Constitution de 1958 «
est à la fois parlementaire et présidentielle ».
4 Selonune appellation à la paternité controversée : le terme apparaît dans un article d’Edouard Balladur au
quotidien Le Monde du 16 septembre 1983, mais il prend sa signification particulière avec François Mitterrand en
1986. V. Marie-Anne Cohendet, La Cohabitation. Leçons d’une expérience, Paris, PUF, 1993.
5Allusion est faite ici à la qualification de la Ve République de « régime semi-présidentiel » ; v. sur ce sujet Jean-
Claude Colliard, « Sur le qualificatif de semi-présidentiel », in Mélanges en l’honneur de Patrice Gélard, Paris,
Montchrestien, 2000, p. 229 s

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

encore d’admettre l’existence de régimes « hybrides »6  sinon « bâtards »7  de sorte qu’il faudrait
plutôt parler des classifications et non de la classification des régimes politiques. Fondées sur des
critères variables selon les auteurs, ces classifications ne sont pas à l’abri des critiques. Ainsi,
certains auteurs fondent la distinction sur le seul critère de la responsabilité politique de l’exécutif
devant le Parlement trait par excellence du régime parlementaire, tandis que d’autres y ajoutent
l’existence d’un droit de dissolution au profit de l’exécutif  ou encore l’élection du chef de l’État
au suffrage universel Mais, si l’on admet le premier critère, il faut expliquer, ensuite, en quoi
l’impeachment américain n’est pas une forme de responsabilité politique, certes exceptionnelle,
ou au moins comment établir une distinction nette entre responsabilité politique et responsabilité
pénale, si ce n’est sur les effets des sanctions infligées . La difficulté disparaît lorsqu’on ajoute le
critère de l’existence d’un droit de dissolution, mais le prix à payer n’en est pas moins lourd
puisque « s’il est très répandu, il n’existe pas dans des régimes indiscutablement parlementaires
et ne peut donc être retenu comme un élément nécessaire de la définition ». De même, l’élection
du Président de la République, ou plutôt du chef de l’État indépendamment de son appellation, au
suffrage universel direct peut être un élément-clef dans l’organisation des institutions, dans la
mesure où un organe démocratiquement élu dispose, en principe, d’une légitimité accrue, mais
elle n’exclut pas pour autant la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Ainsi, au
lieu d’établir une nouvelle classification, ce critère induit en réalité une sous-classification de la
classification de base : aussi bien dans des régimes qualifiés de « parlementaires » que dans des
régimes qualifiées de « présidentiels » selon le critère de la responsabilité, le chef de l’État peut
être élu au suffrage universel, direct ou indirect .

Partie seconde : l’ organisation de responsabilité politique du gouvernement


dans la constitution marocaine et les autres constitutions comparées
(française,tunisienne)
Premiere Section : responsabilité du gouvernement devant le Parlement
La Ve République a mis en place un régime politique hybride présentant certaines des
caractéristiques des régimes présidentiels, et pour l’essentiel des caractéristiques des régimes
parlementaires, au premier rang desquelles la possibilité pour l’Assemblée nationale de mettre en
cause la responsabilité du Gouvernement.
L’article 20 de la Constitution de 1958 dispose que le Gouvernement « est responsable devant le
Parlement dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 49 et 50 » 8 . Ces

6 Ainsi Pierre Avril, Le régime politique de la Ve République, mise à jour de la 4e éd., Paris, LGDJ, 1979, p. 69.
7 Roger G. Schwarzenberg, Cours de droit constitutionnel et d’institutions politiques, Paris, 1969-1970, p. 606.
8 Ainsi,
déjà à la fin du XIXe siècle, Adhémar Esmein, Éléments de droit constitutionnel, Paris, 1896. V. également
Philippe Lauvaux, Les grandes démocraties contemporaines, 3e éd. refondue, Paris, PUF, 2004, p. 192 ; Marie-

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

conditions et procédures marquent le souci des rédacteurs de concilier deux notions souvent
antagonistes : responsabilité gouvernementale et stabilité gouvernementale. 9

L’article 50 limite le pouvoir de sanction à la seule Assemblée nationale : « Lorsque


l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou
une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au
Président de la République la démission du Gouvernement. ». 10 Ces situations sont les seules dans
lesquelles le Premier ministre est tenu de présenter la démission de son équipe.

Trois procédures de mise en cause de la responsabilité du Gouvernement devant


l’Assemblée nationale sont définies par l’article 49 dans son alinéa 1 l’engagement de la
responsabilité du gouvernement sur son programme ou sur une déclaration de politique générale.
alinéa 2 portant sur le dépôt d'une motion de censure à l'initiative des députés il prévoit également
dans son dernier alinéa, une procédure d’approbation d’une déclaration de politique générale
devant le Sénat, laquelle ne peut, cependant, entraîner la démission du Gouvernement en cas de
vote négatif.11
Par ailleurs, la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a institué deux nouvelles
procédures de contrôle qui ne peuvent en aucun cas mettre en cause la responsabilité du
Gouvernement : le vote d’une résolution par l’une des deux assemblées (article 34-1) et les
déclarations pouvant faire l’objet d’un vote (article 50-1). Dans ces deux derniers cas, un vote
défavorable n’oblige pas non plus le Gouvernement à démissionner. L'article 49, alinéa 1:
engagement de la responsabilité du gouvernement sur son programme ou sur une déclaration de
politique générale :
Cette procédure relève de l’initiative du Gouvernement et doit faire l’objet d’une
délibération en Conseil des ministre .Le Premier ministre, et lui seul, peut engager la responsabilité

Anne Cohendet, « La classification des régimes, un outil pertinent dans une conception instrumentale du droit
constitutionnel », in L’architecture du droit. Mélanges en l’honneur du professeur Michel Troper, Paris, Economica,
2006, p. 299 s. (not. p. 305).
9 L’article 20 de la Constitution de 1958
10 L’article 50 de la Constitution de 1958
11 L’article 49 de la Constitution de 1958

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

du Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur son programme ou sur une déclaration de
politique générale.

Aux termes de l’article 152 du Règlement de l’Assemblée, il revient à la Conférence des


présidents d’organiser le débat. L’article 132 indique qu’elle attribue un temps global aux groupes
(dont la moitié à l’opposition) et aux non-inscrits. En pratique, les débats ont été organisés selon
des modalités adaptées à chaque cas d’espèce (prise en compte ou non de l’importance numérique
des groupes, explications de vote, etc.). 12

Pour ce qui de l’exemple marocain, Le gouvernement est responsable devant le Roi et devant
le Parlement. Devant le Parlement, sa responsabilité est engagée au moment de sa nomination,
« article 47 »13 lors d'une déclaration de politique générale ou le vote d'un texte et enfin lorsque le
Parlement décide de lui retirer sa confiance « article 88 ».14
Après sa nomination, le Premier Ministre se présente devant chacune des deux chambres
pour décliner les grandes lignes de son programme. Débattu devant chaque chambre, le programme
n'entraîne de vote que devant la chambre des Représentants. A la chambre des Conseillers, la
procédure se restreint à un simple débat.

La demande de confiance sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte
à ce stade, seule la chambre des Représentants peut accorder ou refuser sa confiance au
gouvernement sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte. Le refus de
confiance à la majorité absolue des membres composant la chambre des Représentants entraîne la
démission collective du gouvernement. A ce niveau également, la chambre des Conseillers n'est
pas impliquée.
La motion de censure : la chambre des Représentants peut sanctionner le gouvernement par le vote,
à la majorité absolue, d'une motion de censure. Celle-ci votée, entraîne la démission collective du
gouvernement.

Concernant la législation tunisienne, Depuis 2015, le régime politique tunisien a connu une
certaine stabilité institutionnelle, dans la mesure où il n’ya pas eu de crises graves ayant entrainé
la chute des gouvernements suite à l’adoption d’une motion de censure par l’ARP ou de dissolution

12 l’article 152 du Règlement de l’Assemblée


13 L’article 47 de la Constitution de 2011
14 L’article 88 de la Constitution de 2011

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

de cette dernière. Cela s’explique d’un côté par les dispositions constitutionnelles quitendent à
rationaliser le recours à de tels mécanismes.

En effet, selon « l’article 97 alinéa 2 de la Constitution « (…) le retrait de confiance au


Gouvernement requiert l’approbation de la majorité absolue des membres de l’Assemblée et la
présentation d'un candidat en remplacement du Chef du Gouvernement dont la candidature doit
être approuvée lors du même vote (…) ». Ne disposant pas d’une majorité solide, la technique de
la motion de censure constructive prévue par l’article 97 permet au régime tunisien « (…) d’éviter
les renversements intempestifs de gouvernement qui se produisent parfois à la suite de
mouvementsd’humeur d’une assemblée (…) ». De plus, cette technique évite les cas où des
formations politiques antagonistes se rallient ponctuellement pour faire tomber le Gouvernement
sans pouvoir s’entendre pour en former un nouveau. En responsabilisant l’Assemblée, la technique
de la motion de censure constructive joue un rôle dissuasif lui permettant de contribuer à la stabilité
politique « (…) du seul fait de son existence (…) ». 15

Deuxième section : responsabilité du gouvernement devant le chef d’Etat


L’analyse exhaustive des pouvoirs attribués au roi relativise le basculement – parfois
annoncé par les commentateurs – de la Constitution marocaine vers un parlementarisme de type
moniste, c’est-à-dire comparable à celui que peuvent connaître les monarchies européennes.
Elle témoigne, d’une part, de la persistance d’un « roi acteur » dont l’habituelle ubiquité
constitutionnelle est loin d’avoir totalement disparu.
Celle-ci se manifeste, d’abord, à travers la participation évidente du monarque à l’exercice même
du pouvoir exécutif. Par les prérogatives qu’il parvient à préserver, le roi en assume en effet la
codirection effective, notamment en ce qui concerne la composition du gouvernement, dont il peut
librement révoquer les ministres. Le roi en détient également les attributions les plus sensibles, au
regard de ses pouvoirs propres sur le plan diplomatique et militaire, mais aussi des attributions
confiées au Conseil des ministres, dont il conserve la présidence. De la sorte, en instituant un
partage jusqu’alors inédit du pouvoir exécutif, la Constitution implique une inévitable

15 L’article 97 de la Constitution de 2014

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

collaboration – ou « cohabitation » ? – entre le roi (toujours « acteur ») et le chef du gouvernement


(enfin « acteur ») 16

Cependant, dans la constitution française ou le gouvernement est responsable devant le


président mais cette responsabilité du gouvernement devant le chef de l'État qui en théorie est
inexistante, mais résultant d'une coutume institutionnelle de la Ve République est limitée, car il est
des cas où le président de la République a moins de prise sur ses ministres. II Les limites de la
responsabilité du gouvernement devant le président de la République La responsabilité du
Gouvernement devant le président de la République reste cependant limitée notamment lorsqu'il y
a cohabitation ou quand les ministres décident de démissionner volontairement, ce qui leur permet
d'agir avant le chef d'État La cohabitation : un gouvernement plus indépendant face au chef de
l'État Lorsqu'il y a un cas de cohabitation en France, le Gouvernement est beaucoup plus
indépendant vis-à-vis du président de la République et n'est plus responsable devant lui.
La démission volontaire des ministres : un moyen d'agir pour les ministres avant le président
de la République Les ministres dans le cadre de la Ve République ont la possibilité de démissionner
volontairement de leur fonction. Cela signifie qu'en faisant cela un ministre ne se fait pas révoquer
par le président de la République, mais le décide de son propre chef. Il engage ainsi lui même sa
responsabilité soit parce qu'il est en désaccord avec le chef de l'État ou le chef du gouvernement.
Il est notamment arrivé plusieurs fois sous la Ve République qu'un chef de gouvernement
démissionne volontairement, car était en désaccord avec le chef de l'État. Par exemple, en 1991
Michel Rocard alors Premier ministre sous Mitterrand s'opposait constamment au chef d'État quant
à sa politique économique et décide par la suite de démissionner volontairement.

La responsabilité du gouvernement devant le président de la République sous la Ve


République Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité Cette
définition du ministre a été donnée par Ambrose GwinettBierce en 1906. Dans cette citation, cet
écrivain américain met en lumière la responsabilité dont font preuve les ministres c'est-à-dire le
Gouvernement. D'après lui, les ministres auraient de bien trop grands pouvoirs comparés à leur
responsabilité qui ne serait pas proportionnée à leur capacité à agir dans la vie publique.
En effet, cet article dispose que Le Président de la République nomme le Premier ministre.
Il met fin à ses fonctions sur la présentation de celui-ci de la démission du Gouvernement Cela
signifie que lorsqu'un Premier ministre souhaite mettre fin à ses fonctions lorsqu'il perd aux
élections législatives par exemple, il doit remettre la démission du Gouvernement au président de
la République. Autrement dit, si un Premier ministre met fin à ses fonctions il rend l'ensemble du
Gouvernement responsable et l'oblige à démissionner avec lui.

16David Melloni, « Le nouvel ordre constitutionnel marocain : de la “monarchie gouvernante” à la “monarchie


parlementaire” ? », in Centre d’études internationales (dir.), La Constitution marocaine de 2011, op. cit., p. 31.

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

Alors que pour le model tunisien Le gouvernement émane du Parlement. Le président de la


République charge le candidat du parti politiqueou la coalition ayant obtenu le plus grand nombre
de sièges au sein de l’ARP de former le gouvernement (article 89 de la Constitution) 17 . Le
gouvernement n’est pas constitutionnellement sous la tutelle du président de la République et est
seulement responsable devant l’ARP ( article 95 de la Constitution). 18 Le président n’apas non plus
le droit de démettre le chef du Gouvernement de ses fonctions, mais dispose de la possibilité de
demander à l’ARP le vote de confiance sur la poursuite de l’action du gouvernement (article 99 de
la Constitution). Bien que le président de la République ait eu des différends relativement
importants avec les deux chefs du Gouvernement depuis 2015, cette prérogative n’a pas été utilisée.
Durant la crise politique de l’été 2016 entre le président et de chef du Gouvernement, l’option de
mettre en œuvre l’article 99 n’a pas été publiquement évoquée74. En revanche, durant la crise
politique de 2018, le recours audit article 99 a été évoqué comme une option envisageable au cas
où la crise perdure, mais n’a pas été mise en œuvre. Le recours à l’article 99 est politiquement
sensible à deux égards pour le président de la République.19

Premièrement, il installe un bras de fer politique frontal entre les deux têtes de l’exécutif.
Dans ce cas, le président doit descendre dans l’arène politique et prendre des risques qu’il peut
éviter en poussant le chef du Gouvernement à la démission ou encore en usant de son influence
pour qu’une motion de censure soit initiée par la Parlement75. Deuxièmement, si l’ARP renouvelle
sa confiance au chef du Gouvernement lors de deux votes, « le président de la République est réputé
démissionnaire »76.
Le chef du Gouvernement dispose, quant à lui, constitutionnellement de prérogatives plus
larges que celles du chef de l’État. Il lui revient de déterminer la politique générale de l’État et de
veiller à sa mise en œuvre (article 91 de la Constitution). En outre, le chef de l’État se voit imposer
une obligation de consultation du chef du Gouvernement en ce qui concerne les dispositions de

17 article 89 de la Constitution tunisienne


18 article 95 de la Constitution tunisienne
19Dans le cas de H. Essid, ce dernier n’a pas résisté la pression politique exercée par le président de la République.
Au lieu de démissionner, H. Essid a préféré se remettre au

vote de confiance du Parlement selon les dispositions de l’article 98. Cela a permis de mettre le Parlement au
milieu du jeu politique et d’éviter une démission qui aurait été

perçue comme une capitulation

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Responsabilité politique du gouvernement devant le parlement et devant le chef de l’Etat

l’article 77 alinéa 1er77, de la nomination aux emplois supérieurs militaires, diplomatiques, et de


la sûreté nationale (article 78 alinéa 3 de la Constitution),2021

20
Article 97 : « Une motion de censure peut être votée à l’encontre du Gouvernement suite à une demande
motivée présentée au Président de l’Assemblée des Représentants

du Peuple par le tiers de ses membres au moins. ».


21Article 99 : « (…) En cas de renouvellement de la confiance à deux reprises, le Président de la République est
réputé démissionnaire »

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