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LE DEVELOPPEMENT

1. Qu’est-ce que le développement?


Le développement résulte de la transformation des structures qui accompagnent la
croissance, il a donc un aspect qualitatif.
Le développement est un PROCESSUS par lequel une société parvient à couvrir (à
satisfaire) des besoins qu’elle juge fondamentaux (se nourrir, se vêtir, se loger, recevoir
une instruction …). La hiérarchisation de ses besoins peut toutefois être différente d’un
pays à l’autre d’où la difficulté d’apprécier le développement !
Deux formes de développement sont définies par l’ONU, le PNUD, le BIT (Bureau
International du Travail) … : le développement humain est celui qui se doit de
satisfaire les besoins fondamentaux (physiologiques et culturels) et qui se doit
également de toucher l’ensemble de la population.

 le développement durable qui ne peut exister que si la croissance s’accompagne


d’une réelle sauvegarde de l’environnement et d’une préservation du
patrimoine pour les générations futures.
Dans les pays développés, croissance et développement vont souvent de pair, mais dans les
pays sous-développés, on peut constater parfois une croissance sans développement
conséquent (sans amélioration des conditions de vie …)
NB : Qu’est-ce qu’une société sous-développée ?
- c’est une société ou la technique est peu évoluée (imitation plutôt qu’invention)
- c’est une société qui est largement rurale
- c’est une société de pénurie dans laquelle les besoins ne sont pas couverts…
La société sous-développée correspond en fait à une phase de l’histoire où toutes les
sociétés sont définies par rapport à un modèle de développement universel correspondant
aux pays développés.
NB à les pays développés ne sont pas > aux autres, leurs cultures ne sont pas > aux autres !
à le sous-développement résulte donc de l’hégémonie, de la domination des sociétés
d’Europe Occidentale (c’est en cela que la notion de sous-développement est une notion
toute RELATIVE).

Thème de réflexion : le développement est–il synonyme de progrès ?  

2. Les indicateurs de mesure du développement


Deux types d’indicateurs sont distingués :
2.1. Les indicateurs simples ou élémentaires
L’indicateur le plus utilisé est celui du revenu par habitant et ce malgré les inconvénients
cités c- dessus (limites du PIB).
D’autres indicateurs nécessitant une masse importante de statistiques nationales ont été
élaborés par des non-économistes : sociologues, démographes, nutritionnistes, etc..
Exemples : Quelques indicateurs :
- Espérance de vie à la naissance
- Taux de mortalité infantile
- Nombre de médecins par habitants
- Ration alimentaire en Kcal/jour/habitant
- Taux d’électrification
- Taux de desserte (ou d’accès) à l’eau potable
2.1. Les indicateurs composites ou complexes
A. L’indicateur de développement humain
L'indicateur de développement humain proposé par le PNUD se fonde sur une conception du
développement humain défini comme " le processus conduisant à l'élargissement de la gamme des
possibilités qui s'offrent à chacun. Les possibilités de choix offertes aux individus ne sont ni finies
ni statiques. Cependant, quel que soit le stade de développement, les trois possibilités essentielles
sont celles de vivre longtemps et en bonne santé, d’acquérir des connaissances et de pouvoir
accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes. Le développement
humain ne s’arrête pas pour autant à ce niveau. Nombreux sont ceux qui accordent une grande
valeur à d’autres possibilités de choix, qui vont de la liberté politique, économique et sociale, à
l’opportunité de faire preuve de créativité et de productivité, de pouvoir vivre dans le respect de soi-
même et dans le respect des droits de l’homme ".
L’IDH est un indicateur publié par les Nations Unies depuis 1990 ( issue du PNUD = Programme
des Nations Unies pour le Développement). Dans l’IDH, le PIB ne constitue qu’un élément de sa
composition car il a été construit pour apporter des informations sur le niveau de bien être d’une
population et sur ses progrès socio-économiques.
B. La méthodologie de calcul de l'IDH
Indicateur synthétique du développement, l’IDH comporte trois éléments pour lesquels des valeurs
maximales et minimales ont été fixées :
 L’espérance de vie à la naissance : 25 ans – 85 ans,
 Le niveau d’éducation composé pour 2/3 du taux d’alphabétisation des adultes (minimum
0% ; maximum 100%) et pour 1/3 du taux brut de scolarisation combiné (tous niveaux
confondus) (minimum 0% ; maximum 100%),
 Le niveau de vie mesuré par PIB réel par habitant (exprimé en PPA) (minimum 100,
maximum 40000).
L’interprétation de l’IDH
L’IDH est compris entre 0 et 1 .
- les pays à développement humain élevé ont un IDH égal ou > à 0,8
- les pays à développement moyen ont un IDH compris entre 0,5 et 0,8
- les pays à développement faible ont un IDH < à 0,5.
Le calcul de tous les indicateurs entrant dans la composition de l’IDH se calculent de la façon
suivante :

Le revenu est considéré comme contribuant, au delà d'un certain seuil, de façon décroissante au
développement humain. Pour ce faire, on utilise la formule d'Atkinson W(y) = (1/(1 -  )) (y1- )où
W(y) représente l'utilité du revenu et  mesure l'importance du rendement décroissant du revenu. 
exprime l'élasticité de l'utilité marginale du revenu par rapport au revenu. Si  = 0, les rendements
sont constants. Si  tend vers 1, l'équation devient W(y) = log y. Ainsi, la valeur de W(y) prise en
compte dans le calcul de l'IDH s'accroît parallèlement à l'augmentation du revenu, l'étendue des
revenus étant divisée en multiples du seuil de revenu mondial moyen (y*), soit 5835 dollars en
termes de PPA pour 1994. On obtient :

La valeur corrigée du revenu maximum de 40 000 dollars (PPA) se situe entre 7 y* et 8 y*. Selon la
formule retenue, la valeur corrigée du revenu maximum s’établit à 6311 dollars (PPA).
Il apparaît que plus le revenu est élevé par rapport au seuil, plus les effets des rendements
décroissants se répercutent sur la contribution du revenu au développement humain.
" Le principal problème de cette formule est qu’elle opère une très forte correction au-delà de la
valeur de seuil (y*) ce qui pénalise de fait les pays dans lesquels le revenu est supérieur à cette
valeur ". Cette forte correction fait perdre au revenu sa pertinence en tant qu’indicateur de
" substitution de l’ensemble des aspects du développement humain non pris en compte par la
longévité, la santé et le savoir ".
Depuis 1999, un nouveau traitement du revenu a été adopté visant à pallier les problèmes
précédents. Le raisonnement et le mode de traitement s’inspire des travaux de S. Anand et A. Sen
(1999).
Le revenu est maintenant déterminé par la formule suivante :

Ce nouveau mode de calcul autorise une correction moins sévère du revenu. De plus, cette
correction s’applique à tous les revenus et non seulement à ceux situés au-delà d’un certain seuil.
" Enfin l’asymptote se dessine relativement tard, ce qui évite de pénaliser les pays à revenu
intermédiaire ".
 
Exemple de calcul de l’IDH
 Nous prendrons l'exemple de deux pays pour illustrer le calcul de l'IDH : un pays industrialisés,
l'Allemagne, et un pays en développement, la Chine.
 Pays Espérance de Taux d'alphabétisation Taux brut de scolarisation PIB réel par
vie (années) des adultes (%) tous niveaux confondus (%) habitant
scolarisation, (PPA)  

Allemagne 77,2 99,0 88,1 21 260

Chine 69,8 82,9 68,9 3 130


Indicateur d'espérance de vie
Allemagne = 77,2 - 25 = 52,2 = 0,870
                      85 – 25      60
Chine = 69,8 – 25 = 44,8 = 0,747
             85 – 25         60
Indicateur d'alphabétisation des adultes
Allemagne = 99,0 - 0 = 99,0 = 0,990
                    100 - 0       100
Chine = 82,9 - 0 = 82,9 = 0,829
             100 - 0       100
Indicateur de scolarisation combiné
Allemagne = 88,1 - 0 = 0,881
                      100 - 0
Chine = 68,9 - 0 = 0,689
              100 - 0
Indicateur de niveau d'éducation
Allemagne = [2(0,990)+ 1(0,881)]/3 = 0,954
Chine = [2(0,829) + 1(0,689)]1/3 = 0,782
Indicateur de PIB réel corrigé par habitant (en PPA)
Allemagne = log(21 260) - log(100) = 0,895
                     log (40 000) - log ( 100)
Chine = log(3 130) - log(100)   = 0,575
             log(40 000) - log(100)
L'IDH est simplement la moyenne arithmétique simple des trois indicateurs de durée de vie, de
niveau d'éducation et de PIB réel corrigé par habitant (en PPA), ce qui donne pour l'Allemagne et la
Chine les résultats suivants :
Pays Indicateur Indicateur de Indicateur de PIB réel Somme des IDH
d'espérance de vie niveau d'éducation corrigé par habitant indicateurs

Allemagne 0,870 0,954 0,895 2,719 0,906

Chine 0,747 0,782 0,575 2,104 0,701


C. L'IDH contesté
Etant donné que pour chacune des dimensions envisagées (longévité, accès aux ressources, niveau
d'éducation) on calcule une distance relative dont la valeur se situe entre 0 et 1, il semblerait que
l'IDH soit une mesure normative. S'il en était ainsi, une valeur de l'IDH égale à 1 correspondrait au
bonheur parfait. En réalité, il ne peut y avoir de limite et l'IDH doit être envisagé comme une
mesure des aptitudes humaines à vivre longtemps et en bonne santé, à communiquer et à participer
à la vie de la communauté, et à disposer de ressources suffisantes pour s'assurer une vie convenable.
En fait, l’IDH est un indicateur relatif.
Les questions principales posées aux concepteurs de l'IDH sont les suivantes :
1. Pourquoi retenir trois dimensions seulement?
2. Les variables choisies pour mesurer les dimensions sont-elles pertinentes? et pour chaque
dimension, les variables associées sont-elles trop ou pas assez nombreuses?
3. Les mesures effectuées sont-elles sujettes aux erreurs d'estimation, et dans l'affirmative ces
erreurs faussent-elles les résultats obtenus?
4. Le choix du minimum et du maximum est-il justifié ou bien arbitraire? Quelle est la
sensibilité des indicateurs à des choix différents concernant les maxima et les minima?
5. Pourquoi retenir une pondération égale pour chaque élément? Quelle est la sensibilité du
résultat aux variations de pondération?
Malgré les réserves et les critiques que l'on peut adresser à l'IDH, il faut reconnaître que cet
indicateur a le mérite d'exister.
D. La mesure des disparités sociologiques entre les sexes
Depuis 1995, le PNUD s’intéresse à l’égalité des sexes et la participation des femmes à travers deux
indicateurs.
1. L’indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH)
L’ISDH part de l’IDH, mais tient compte des inégalités sociologiques entre les sexes. Plus les écarts
touchant les domaines couverts par l’IDH sont importants, plus l’ISDH du pays considéré est faible
par rapport à son IDH. En fait, l’ISDH est tout simplement un IDH corrigé en fonction des
inégalités entre les sexes.
Dans son rapport de 1999, le PNUD a calculé l’ISDH pour 143 pays. Il apparaît que, dans tous les
cas, l’ISDH se révèle inférieur à l’IDH, traduisant le fait " qu’aucun pays ne traite les femmes aussi
bien que les hommes ". Pour 43 pays, le classement selon l’ISDH est inférieur au rang obtenu pour
l’IDH, ce qui dénote une discrimination entre les sexes. En fait, les avancées dans le développement
humain ne sont pas également réparties entre hommes et femmes. Par contre pou 60 pays, le rang
obtenu pour l’ISDH est meilleur que celui occupé pour l’IDH. Cela indique une répartition plus
équitable du développement humain entre hommes et femmes.
Valeurs comparées de l’IDH et de l’ISDH pour certains pays
Pays IDH ISDH
Canada 0,932 0,928

France 0,918 0,916

Maroc 0,582 0,565

Côte d’Ivoire 0,422 0,404

Niger 0,298 0,286


Source : PNUD 1999, op. cit.
2. L’indicateur de participation des femmes (IPF)
Cet indicateur mesure la participation des femmes à la vie économique et professionnelle et aux
prises de décisions politiques. " Il se concentre sur la participation et mesure les inégalités
sociologiques entre les sexes en termes de représentation et de pouvoir de décision dans certains
domaines clef de la sphère économique et politique ". Il tient compte de la part respective des
femmes et des hommes en termes de sièges parlementaires, de fonctions administratives et
d’encadrement, de professions libérales et techniques, ainsi que leurs part respective des revenus du
travail. Les valeurs de l’indicateur s’échelonnent de 0 à 1, le niveau le plus élevé traduisant une
égalité parfaite entre les sexes. Plus l’écart hommes - femmes est important, plus l’IPF est faible.
Indicateur de la participation des femmes (IPF) pour certains pays
Pays IPF Pays IPF

Norvège 0,810 Brésil 0,367

France 0,499 Tunisie 0,353

Portugal 0,571 Maroc 0,301

Pologne 0,504 Mauritanie 0,197

Surinam 0,457 Niger 0,120


Source : PNUD, 1999.
Le PNUD (1999) a calculé l’IPF pour 102 pays. Les 3 premiers sont des pays scandinaves Norvège
(1), Suède (2), Danemark (3)… Les derniers du classement sont le Niger (0,120), le Pakistan
(0,176) et le Togo (0185) . Certains pays en développement surclassent des pays industrialisés
beaucoup plus riches sur le plan de l’égalité des sexes dans les activités politiques économiques et
professionnelles.

E. L’indicateur de la pauvreté humaine (IPH) IMPORTANT


" Un indicateur de la pauvreté humaine (IPH) mesure la misère dans quatre grands aspects de la vie
humaine : la capacité de vivre longtemps et en bonne santé, le savoir, les moyens économiques et la
participation à la vie sociale. Ces aspects de la misère sont les mêmes pour tous les pays, qu'ils
soient industrialisés ou en développement. Seuls les critères les mesurant varient, pour tenir compte
des différences dans les réalités de ces pays et en raison des limites que posent les données ". Le
PNUD a donc conçu deux versions de l’IPH : l’IPH-1 pour les pays en développement et l’IPH-2
pour les pays industrialisés.
Pour les pays en développement, " l’IPH-1 s’attache aux déficits rencontrés dans trois domaines
essentiels de l’existence humaine, et qui sont eux-mêmes déjà globalement pris en compte dans
l’IDH ", mais envisage ces aspects sous l’angle des déficits. L’insuffisance en termes de longévité
est représentée par la proportion d’individus risquant de décéder avant l’âge de 40 ans ( P1). Le
défaut d’instruction est traduit par la proportion d’adultes analphabètes (P2). Le troisième aspect, le
manque de conditions de vie décentes sur le plan économique en général est représenté par un sous
indicateur composite (P3) composé de 3 variables : le pourcentage d’individus privés d’accès à l’eau
potable (P31) ; celui des personnes privées d’accès aux services de santé (P 32) et celui des enfants de
moins de 5 ans souffrant d’insuffisance pondérale modérée ou aiguë (P33) (malnutrition).
La composante P3 est la moyenne arithmétique des trois variables P31, P32 et P33 :

L’IPH-1 se calcule alors ainsi :

Pour le Panama, le calcul est le suivant :


% P1 P2 P31 P32 P33

Panama 6,4 8,9 7,0 18,0 7,0


 
Calcul de P3 :

Calcul de l’IPH-1 :

Le tableau suivant révèle la proportion importante de pauvres dans les pays à faible revenu, et
particulièrement dans les pays situés sur le continent africain. De nombreux facteurs explicatifs
peuvent être mis en avant : géo-climatiques, politiques, économiques et sociaux.
 
Indicateur de la pauvreté humaine (IPH-1) pour certains pays en développement
Pays pourcentages Pays pourcentages

Barbade 2,6 Mali 52,8

Trinité et Tobago 3,5 Ethiopie 55,8

Chili 4,8 Sierra Leone 57,7

Costa Rica 4,1 Burkina Faso 59,3

Thaïlande 18,7 Niger 65,5


Source : PNUD, 1999…
Le PNUD, dans son rapport de 1999 a calculé l ‘IPH-1 pour 92 pays. La pauvreté humaine
s’échelonne entre 2,6% de la population à la Barbade et 65,5% au Niger. Il convient de signaler que
dans 37 pays sur 92, la pauvreté humaine touche plus du tiers de la population.
2. " L'indicateur de la pauvreté humaine pour les pays industrialises (IPH-2) se concentre sur quatre
aspects du dénuement qui sont très proches de ceux envisagés dans le cadre de l'IDH - la longévité,
le savoir, les conditions de vie et l'exclusion. La première forme de manque se mesure ainsi en
termes de longévité - c'est la probabilité de décéder à un âge relativement précoce. La deuxième,
qui a trait à l'instruction, consiste à se trouver exclu du monde de la lecture et de la communication.
La troisième concerne l'absence d'accès à des conditions de vie décentes, et s'attache en particulier à
ce que procure l'économie dans son ensemble. Enfin, la quatrième a trait à l'absence de participation
à la vie de la société, ou exclusion ".
L'IPH-2 comporte 4 composantes : a) le pourcentage d'individus risquant de décéder avant l'âge de
soixante ans (P1), b) le pourcentage de personnes illettrées, selon la définition qu'en donne l'OCDE
(P2), c) le pourcentage d'individus vivant en deçà du seuil de pauvreté correspondant à la demie
médiane (1er quartile) du revenu individuel disponible (P3), d) le pourcentage de la population active
en situation de chômage de longue durée, c'est-à-dire depuis plus de 12 mois (P4).
L’IPH-2 se calcule alors ainsi :

Pour les Etats-Unis, le calcul est le suivant :


% P1 P2 P3 P4

Etats-Unis 12,6 20,7 19,1 0,5


 
Calcul de l’IPH-2 :
Indicateur de la pauvreté humaine (IPH-2) pour certains pays industrialisés
Pays pourcentages Pays pourcentages

Suède 7,0 France 11,9

Pays-Bas 8,3 Japon 12,0

Allemagne 10,4 Royaume-Uni 15,1

Italie 11,6 Irlande 15,3

Finlande 11,9 Etats-Unis 16,5


Source : PNUD, 1999…
 
Le PNUD a calculé l’IPH-2 pour 17 pays industrialisés. La Suède est le pays où la pauvreté
humaine est la moins répandue. Suivent ensuite dans le classement les Pays-Bas et l’Allemagne ; les
pays les plus touchés par la pauvreté sont les USA, le Royaume-Uni et l’Irlande.
La profusion d’indicateurs tentant de cerner une ou plusieurs dimensions du processus de
développement illustre la difficulté de la démarche. Malgré les progrès réalisés, la définition d’un
critère unique apparaît encore largement utopique.
CHAPITRE 3 : SOUS-DÉVELOPPEMENT ET DÉVELOPPEMENT
On a longtemps assimilé le sous-développement à un retard technologique ou à une sclérose des
mentalités. Or le développement est un phénomène cumulatif à long terme. L'expérience des
transferts de technologie au bénéfice de nombreux pays en cours de développement a révélé qu'une
introduction exogène dans un secteur d'activité n'induit pas automatiquement une dynamique de
développement, même si, à court terme, la nouvelle technique importée accélère la croissance du
secteur concerné. Peu maîtrisées, les technologies importées débouchent souvent sur des
déséquilibres chroniques provoqués par les importations de biens intermédiaires ou les
investissements qu'elles nécessitent.

DEFINITIONS
TIERS-MONDE
PVD

SECTION 1 : Les caractéristiques et les causes du sous-développement

- Le 1 /3 Monde comprend 121 Etats, de l'Amérique Latine, d'Asie, d'Afrique .


- Ce sont tous des PVD et qui connaissent tous des problèmes économiques :

 Agriculture archaïque, secteur trop développé et non productif.

 Croissance démographique très forte et bas niveau de vie.

 Nature hostile et industries peu développées.


Tout cela constituent des caractères communs aux PVD.

A. CRITERES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES PVD


1. Démographie galopante
La population augmente et cette augmentation n'est pas le résultat des pays industriels.
3 Hommes sur 4 vivent dans le 1/3 Monde.
L'accroissement naturel atteint plus de 2 %
2. Natalité très forte
On parle de forte natalité à partir de 20 pr mille ( Cas du Brésil et du Mexique)
- Les raisons en sont:

 Traditions et mentalités + religion: La natalité a toujours été un rattachement à la famille


traditionnelle.

 Enfants qui coûtent très peu ( forte Main d'œuvre, donc source de revenus)
 Progrès de la médecine: Beaucoup de naissances à terme viables.

 Utilisation des moyens de contraception avance lentement; dans la plupart des Etats, faute
de pouvoir changer les mentalités, on pratique une politique anti nataliste, mais les résultats
sont plutôt limités.
Ex: La Chine: On les oblige à ne faire qu'un enfant par foyer, maximum deux; au delà, on pénalise
financièrement les ménages, ou on oblige l'avortement.
- Dans la plupart des pays, les politiques sont à dominance antinatalistes, natatives: Propagande,
aide financière, campagne d'information pour la contraception...
3. Une population jeune ( la 1/2 de la population)
- Problème du développement économique
- La mortalité dans les PVD a diminué éormément (6 à 8 Pr. mille)
* Raisons:

 Taux de mortalité infantile élevé: 116 Pr. Mille (malgré l'aide d'associations internationales:
UNICEF; Croix Rouge... )

 _ Médecine moderne ( épidémies enrayées.. )

 _OMS et aide au 1/3 Monde: Création d'hôpitaux et de dispensaires; utilisation de vaccins.

 Famines plus rares. ( Grâce au FAO)


* Ce problème d'accroissement démographique va inquiéter les pays riches (Crainte d'une
éventuelle invasion des gens du Sud )
Ex: En Afrique: Tx Nat= 40 à 50 pr mille
Tx Mort= 20 pr mille
En Inde: TN = 36 pr mille
TM =20 pr mille
Brésil:42 % de la population a moins de 15 ans.

4. Les politiques anti natalistes


* Résultats de limitation des naissances sont très variables selon les Etats.
_ En Inde, les classes urbaines réalisent mieux qu'il y a 20 ans, l'avantage de réduire le nombre
d'enfants.
( Programmes de stérilisation masculine, avec aide financière)
_ En Chine, politique beaucoup plus dure et qui obtient un succès sans précédents dans aucun autre
pays. Slogan " Un couple, Un enfant"
5. NIVEAU DE VIE
5.1. Le revenu
- On le voit d'abord au niveau de vie qui est très bas.
_ Ce revenu correspond à un PNB/Hab de 10 à 30 fois inférieur à ceux des pays riches.
* En Inde: 1/3 de la population en dessous du seuil de pauvreté absolu.
_ 30 Millions d'Hab a un revenu comparable à celui de l'Europe Occidentale.
* Dans le cas des Emirats Arabes, le revenu est excessif, car il repose sur "la vérité du pétrole"
_ En général ,dans les PVD, le PNB est très bas : < 2000 Dollars /Hab /an
* L'Afrique ne représente que 3% du PNB mondial
* L'Europe " 28% " "
* Le Japon " 10% " "
5.2. Malnutrition et sous nutrition
* On note une insuffisance alimentaire en viande et légumes, mais une hyper consommation de
céréales et de blé
* La malnutrition touche 10 à 15% de la population mondiale.
- 2/3 souffrent de faim; 10% de la population mondiale ont - de 1500 calories /jour, d'ou
faiblesses physiques (carences, scorbut... ),et intellectuelles.
5.3. L'analphabétisme
50% de la population mondiale manque d'enseignants et d'écoles.
On a essayé d'améliorer le niveau de l'enseignement
Ex: En Afrique: distribution de radios dans les écoles
_ Mais il faut des moyens financiers ( encore un aspect des causes du sous-développement)
5.4. AMPLEUR DES INÉGALITÉS SOCIALES
- Il existe une partie minoritaire de la population qui possède une grande partie du pays.
* Au Mexique; les 20% plus riches possèdent 50% du revenu national.
_ Cela pose des problèmes d'ordre humain:
* Bas niveau de vie
* Tensions sociales
( Lutte des classes entre propriétaires et agriculteurs.), et contribue à l'instabilité du pays.
_ Le chômage est trés important.
* Peu d'industries multiplication de petits métiers(parasitaires); concurrence, bas salaires...
_ L'Etat est trop pauvre pour payer des allocations familiales.
Aspect de villes du 1/3 monde.( bidonville)
- A noter un contraste très important entre les quartiers riches et les quartiers pauvres
(rejetés en périphérie dans les zones les plus insalubres; pas d'eau, pas d'électricité... )
- Quartiers souvent à côté des usines et qui grandissent trop vite à cause de l'exode rural.
- Contraste avec les quartiers de commerce, héritage de la colonisation et de la
modernisation.
- Contrastes avec les quartiers des affaires ( centres ville) où le luxe déborde de partout.
B. CRITERES ECONOMIQUES
1. LES CAUSES
- Les PVD sont surtout dans la zone chaude (tropicale et équatoriale)= Chaleur excessive,
accompagnée de sécheresse ( Sahel ) ou d'inondations ( Inde)
_ Les sols sont souvent craquelés , infertiles ou lessivés( lavés par les pluies abondantes de tout
leurs sel minéraux)
* On peut y remédier en construisant des barrages afin de permettre l'irrigation...Mais il faut des
moyens financiers.
* Progrès médicaux ont fait baisser la mortalité, sans pour autant modifier la forte natalité =>
explosion démographique
* Paralysie des structures
- Religion interdit certains modes de cultures (ex: l'alimentation en Inde (végétarienne))
- Obstacles aux formes agraires
- Domination de la ville sur la campagne...
* Enfin ces PVD, nouvellement indépendants, sont souvent très instables.
- Leur fragilité intérieure ( ethnies rivales, problèmes raciaux et religieux...) + leurs rivalités de
voisinage (ex: Amérique centrale, Afrique noire, Moyen Orient.. )y multiplient les dépenses.
- IL ne faut pas négliger que les effets de domination extérieure sont évidents:
ex : En URSS et Europe centrale.
C'est surtout au moment de la décolonisation que se manifeste le sous développement.
2. DIFFICULTES DE L'AGRICULTURE
Se caractérise comme étant retardataire
peu productive
traditionnelle
2.1. Conditions naturelles
(Reliefs, sols, climats.. )
* Climat équatorial: obstacle : Forets humides et forets denses
* Climat tropical: pluies incertaines, sols séchés ( ex: Cuvette du Niger; du Tchad)=> zone
profondément marquée par la sécheresse, sans compter les régions désertiques (Sahara) proprement
incultes.
* Zones très arrosées: En Inde :2 Indes:
- Inde sèche ( pas assez d'eau: problèmes d'irrigation)
- Inde humide ( beaucoup d'irrigation; endiguement des fleuves)
- Manque de capitaux
" " technologie
Absence d'électricité
Pas assez d'engrais, de machines ( en Inde: utilisation de bouses de vaches à la place d'engrais)
2.2. Conditions humaines
- Mauvaises => manque de qualification de la MO : Cela empêche la modernisation.
2.3. Inégale répartition des terres
- Monde rural traditionnel, mais perturbé par la surpopulation et le manque de terres.
- C'est un système ouvert à l'extérieur, qu'entretiennent les cultures d'exportation, et les industries
implantées; d'ou un monde urbain croissant car beaucoup de mouvements migratoires.
- Les petites exploitations ne sont pas rentables et font vivre une population trés nombreuse..
- Pas assez de terres consacrées aux cultures vivrières => Problèmes de la faim.
Ex: Brésil: 12% des terres pour l'agriculture
52% " " " les pâturages
20% " " " les forêts
* Le reste est en friches ou en jachère.
* 52,2% des paysans occupent 2,8% de la surface cultivée
* 44 000 propriétaires occupent 59,8% des terres appropriées.
- En Inde: Majorité des paysans petites exploitations
1/3 des cultures < 20 Ha
Bcp sont locataires de la terre.
2.4. Une agriculture vivrière, traditionnelle délaissée
- Cela concerne les petites propriétés.
* Méthodes archaïques : cultures sur brûlis (Asie, Afrique)
2 conséquences: fertilité du sol pas énorme
rendements baissent très vite
Ex; le Sénégal: au bout d'une année, les terres sont abandonnées
Riziculture (Asie du Sud Est) qui est irriguée, développée à la production, le riz exige beaucoup de
MO
* Systèmes d'irrigation rudimentaire
ex: Nord de l'Afrique = troncs d'arbres, bambous creusés...
Inde: on utilise des jeunes pour faire circuler l'eau dans un système à roue à pédales.
- La production alimentaire est souvent faible et insuffisante.
- Si les cultures vivrières se développent peu, c'est que les gouvernements (en souhaitant des
denrées agricoles à bon marché, pour des raisons de paix et pour financer d'autres activités)
découragent les agriculteurs.
 
3. CULTURES D'EXPORTATION, PLANTATION DE PRODUITS TROPICAUX
- Ces cultures destinées sont des cultures de produits tropicaux (café, cacao, arachides, soja... )dont
la culture a été implantée et développée par les colonies.
- Ces cultures continuent à être exploitées car elles constituent les recettes des PVD
1° caractéristique: ces plantations sont implantées sur les meilleures terres ( ex: Terra Rossa... )
2° caractéristique: Cultures sur grandes propriétés, avec MO à bon marché.
Ces grandes propriétés ont des machines et une partie des terres sont inexploitées. Ils exportent
leurs produits; cela empêche le développement des cultures vivrières et place les PVD sous la
dépendance des pays industriels.
4. EFFORTS DE MODERNISATION
- But: augmenter la rentabilité de l'agriculture.
2 aspects:
4.1. Réformes agraires
- Redistribution plus équitable des terres
- Lutter contre l'inégalité des propriétés, mal exploitées.
- Mettre en cultures de nouvelles terres.
* Tous les PVD en Afrique ont tenté ces réformes agraires.
- Celles ci varient selon l'idéologie: 2 Types
* Indochine: Collectivisation
* Pays à économie privée: confiscation, moyennant une indemnité d'une partie des grandes
propriétés.
- Les terres confisquées sont redistribuées avec paiement de mensualités, aux paysans.
- Le problème est que ces paysans peuvent difficilement racheter ces terres.
- L'Etat ne peut pas faire les travaux d'infrastructures, et au bout de quelques années, les petits
propriétaires disparaissent, rachetés par des gros propriétaires.
- Les résultats de ces réformes agraires sont souvent limités dans les pays à économie privée.
* Au Brésil, les paysans pauvres s'installent sur des terres cultivées.
4.2. La "Révolution Verte"
( Développée dans la plupart des PVD, à partir de 1976)
= Effort de transformation radicale des cultures.
Se caractérise par:
* Accroissement de l'irrigation: Construction de barrages, multiplication des puits.
- Les puits sont équipés de tuyaux: eaux de la nappe phréatique est extraite par des pompes, plus par
des norias.
- Amélioration des méthodes d'irrigation ( goutte à goutte) dans les PVD.
* Augmentation des exploitations
- Grâce à la mécanisation, à l'électrification; création de hangars de stockage; utilisation d'engrais et
de toutes sortes de produits chimiques; recherche économique pour améliorer le rendement...
- Problèmes: Manque de capitaux (eau et machines sont chères)
- Seuls les riches peuvent en profiter et avoir des résultats.
- Conséquences: Les riches sont de plus en plus riches
Les pauvres sont de plus en plus pauvres.
_ Manque de paysans bien formés On se heurte au problème de l'analphabétisation
au manque de locaux
les méthodes nouvelles viennent des pays riches, d'où dépendance du 1/3 Monde.
- Organisation du F.A.O. ( Food and Agricultural Organisation) qui envoie un eaide technique et
financière (formation de paysans, construction de barrages... )
4.3. Les résultats.
- Progrès dans les production agricoles, mais ces progrès sont irréguliers (aléas climatiques,
inondations ou sécheresse... )
- Cette production augmente dans tous les domaines, mais pas assez par rapport à la croissance
démographique.
- Si la population augmente, on doit puiser dans les stocks de céréales ( c-à-d : Importer )
Ex ; en Inde: obligation d'importer des céréales, dans les bonnes années , on stocke.
- Malgré les progrès agricoles, pas d'amélioration sensible des rations alimentaires.
Cette situation se retrouve dans tous les PVD , et l'explosion démographique en est la cause N° 1 .
SECTION  2: Les analyses du sous-développement.

Comment expliquer le sous-développement ?


Plusieurs analyses divergentes existent, qui s'efforcent de fournir une explication plausible : on
trouve :.

 l'analyse libérale - L'analyse du sous développement en terme de retard.

 l'analyse qualifiée de « moderniste ».

 l'analyse marxiste en terme de dépendance et de domination.

A -- L'analyse libérale du sous-développement.


On connaît le point de vue des libéraux sur cette question : -- l'existence d'un marché mondial
caractérisé par une assez grande liberté de circulation des marchandises et une concurrence
incontestable, devrait permettre à chaque pays de se spécialiser dans là où les productions pour
lesquelles il est le mieux placé. En retrouve ici la théorie de David Ricardo sur la division
internationale du travail. En bref, grâce à l'échange international, chaque pays devrait pouvoir
s'approvisionner au meilleur compte, et, de cette manière, les progrès économiques des uns
devraient pouvoir se diffuser auprès des autres via le commerce mondial.
Or, manifestement, un tiers au moins de l'humanité est exclu de ce développement. Dès lors, les
libéraux ont le choix entre deux explications.
1 -- les facteurs spécifiques.
Le premier facteur consiste à expliquer l'absence ou l'insuffisance de développement par des raisons
climatiques, religieuses, culturelles, etc.... On a vu ainsi apparaître toute une littérature sur l'absence
de mentalité d'entreprise, sur le poids des traditions ou même encore sur le caractère conservateur
de telle ou telle religion dans les pays sous-développés -- on a même placé les pauvres vaches
sacrées de l'Inde sur le banc des accusés du blocage du progrès (en même temps que la circulation
automobile !).
Il est évident que de telles explications n'expliquent rien : les mentalités où les comportements
religieux sont autant le fruit des circonstances économiques que l'inverse. Quant à l'esprit
d'entreprise, il ne naitt que lorsque les conditions le permettent : à quoi bon entreprendre quand rien
ne peut réussir ? Jacques Austruy a montré de façon convaincante (dans « le scandale du
développement ») tout comme John K. Galbraith (dans « théorie de la pauvreté de masse ») que
lorsque les tentatives de changement sont à peu près condamnées à échouer, l'attitude la plus
rationnelle consiste à ne rien faire. En clair, expliquer l'absence de développement par tel ou tel
facteur sociologique, c'est en fait expliquer l'absence de développement...... par l'absence de
développement, dans la mesure où les facteurs sociologiques en question sont souvent le fruit de
l'absence de développement ! ! .
L'économiste américain Rostow a soutenu la thèse que tout pays passe par 5 stades successifs au
cours de sa vie économique (voir modèles de développement).
B. -- l'analyse moderniste.
Cette analyse est née des insuffisances de l'analyse précédente et du refus de certains de se situer
dans l'un des deux courants idéologiques qui, aujourd'hui, inspirent la plupart des analyses, à savoir
le courant libéral et le courant marxiste.
L'idée de base de cette analyse consiste à dire qu'une économie sous-développée n'est pas seulement
une économie moins développée mais qu'il s'agit d'une économie dont la structure est différente.
Par conséquent, pour analyser le sous-développement, il convient de mettre en évidence les
éléments de cette structure caractéristique. Pour les tenants de cette thèse la spécificité des
structures des pays en voie de développement tient dans le dualisme, l'excentration, et la
domination.
1 -- Le dualisme.
Ce qui frappe, dans une économie sous-développée, c'est la juxtaposition du moderne le plus
moderne et du traditionnel le plus traditionnel. L'eau courante n'existe pas dans tous les villages
mais les téléphones portables marchent bien. Tout se passe comme si deux mondes se
juxtaposaient : l'un marqué par la modernité, l'autre par la tradition. Ces deux mondes ne sont pas
complètement étrangers l'un à l'autre : les femmes de ménage qui entretiennent les appartements
climatisés ou les bureaux de l'administration vivent dans les habitations traditionnelles. Mais ces
deux mondes n'entretiennent que très peu de relations. Entre les cadres de la haute administration,
complètement intégrés au mode de vie occidentale, et le reste de la population, en général attachée à
un mode de vie rural, le divorce est complet. Ce phénomène est qualifié de « dualisme ».
Le dualisme  a des conséquences très importantes dans la mesure où il entraîne la non-intégration
économique. Dans une économie développée, le secteur productif est généralement composé de
plusieurs branches (par exemple, l'agriculture, l'industrie, les services) qui entretiennent d'étroits
rapports commerciaux - chacune fournit aux autres les produits ou les services nécessaires à sa
propre production. Dans les pays en voie de développement, au contraire,  chaque branche a
tendance à acheter à l'étranger ses consommations intermédiaires, faute de trouver dans le pays
même ce dont elle a besoin. De plus, dans une économie sous-développée, lorsqu'une branche
connaît un mouvement de croissance, elle ne le transmet pas aux autres branches, mais à ses
fournisseurs étrangers !  Pour les tenants de la thèse « moderniste », c'est le dualisme qui provoque
ce phénomène.
2 -- l'excentration.
Ce terme recouvre une réalité très simple : dans un pays en voie de développement, la production
nationale n'est généralement pas destinée à satisfaire les besoins du pays lui-même, mais est destiné
à être exportée sur le marché mondial. Il s'agit là d'une conséquence historique de la colonisation
dans la mesure où, le plus souvent, le rôle des colonies était de fournir les matières premières dont
la métropole avait besoin. C'est ainsi que se sont constitués les grands secteurs d'exportation, soit de
produits agricoles, soit de produits minéraux. Certes, en théorie, cette spécialisation n'est pas
forcément nuisible : le pouvoir d'achat procuré par ces exportations peut servir à acheter ce que le
pays ne produit pas par lui-même et dont il peut avoir besoin. Mais, dans la pratique, il n'en est pas
ainsi, et cela pour trois raisons : .
Première raison : la production est imposée.
En général, les pays sous-développés n'ont guère le choix. Par exemple, la Zambie n'est pas libre de
produire ou de ne pas produire du cuivre. Ce dernier représente plus de 60 % de ses ressources
d'exportation - le pays est donc contraint d'essayer d'en vendre le plus possible. Or, la concurrence
entre les fournisseurs pousse certains pays, pour survivre, à continuer à produire à prix bas ce qui
accentue la pression à la baisse sur les salaires. L'excentration a donc provoqué une exploitation de
la main-d'oeuvre locale et un appauvrissement croissant.
Deuxième raison : l'excentration accentue la dépendance.
Beaucoup de pays en voie de développement sont confinés dans des mono-productions destinées au
marché mondial. Du même coup, ils sont très dépendants des fluctuations de prix ou de débouchés
sur le marché mondial.
Par exemple, en Afrique, seule la côte est dotée d'infrastructures dignes de ce nom et les voies de
communication à l'intérieur du continent n'existent que lorsqu'elles se révèlent nécessaires pour
évacuer telle ou telle ressource destinée au marché mondial.
L'excentration modèle ainsi toute la structure économique du pays : production, salaires, prix,
infrastructures.
Troisième raison : la domination.
Il s'agit tout d'abord d'une domination économique. En effet, la plupart des firmes du secteur
moderne, qui fournissent la quasi-totalité des recettes fiscales et des ressources en devises, sont des
filiales de firmes étrangères. Les investissements dépendent donc de la stratégie internationale de
ces firmes.
La domination est ensuite technologique : la plupart des brevets, des techniques, des secrets de
fabrication, des techniques de gestion sont importés de pays étrangers.
La domination est enfin culturelle : dans la plupart des pays en voie de développement, les
nouvelles internationales, les bandes dessinées, les films et même les concerts ou manifestations
culturelles proviennent d'occident.
C : l'analyse marxiste.
Dans ses grandes lignes, l'analyse marxiste ne désavoue pas l'analyse moderniste. Elle s'efforce
cependant d'aller plus loin et de montrer que les trois caractéristiques structurelles mises en
évidence par l'analyse moderniste ne sont pas indépendantes l'une de l'autre.
Pour les tenants de l'analyse marxiste, le sous-développement doit être analysé d'une part comme un
phénomène de dépendance des pays en voie de développement vis-à-vis des pays développés et
d'autre part comme un phénomène historiquement daté qui a pris naissance avec le colonialisme.
L'analyse marxiste met l'accent sur un certain nombre d'éléments :.
-- l'inégalité des termes de l'échange :
L'analyse marxiste estime que le dualisme n'est qu'une apparence et que, en réalité, le secteur
qualifié de "moderne" repose sur le secteur qualifié de « traditionnel ». Il s'agit de ce que l'on
appelle « l'inégalité des termes de l'échange ».
Les pays sous-développés sont de plus en plus intégrés au marché mondial. Ils y jouent un rôle
essentiel en raison du bas prix de la main-d'oeuvre. La main-d'oeuvre locale et payer à la limite de
la subsistance et, du même coup, le surplus que pourrait faire naître le travail de la main-d'oeuvre
locale est ristourné, pour une part aux propriétaires du capital sous forme de profits plus élevés et
pour une autre part aux consommateurs des pays développés sous forme de bas prix de vente. En
clair, les travailleurs des pays en voie de développement sont incapables, avec leurs salaires de
misère, d'acheter plus que le strict minimum vital et ne fournissent ainsi donc aucun
débouché intéressant pour une industrie locale. Pour l'analyse marxiste, les bas salaires sont
donc une forme de pillage international dans la mesure où le surplus est transféré à d'autres qu'à
ceux qui produisent et dans la mesure où cela provoque un blocage à toute forme
d'autodéveloppement.
- Sur la question de la raison d'être de ces bas salaires, l'analyse marxiste diffère
profondément de l'analyse moderniste.
Pour les marxistes, le chômage massif est la principale explication aux bas salaires -- mais pourquoi
ce chômage massif ? Parce que, répond l'analyse marxiste, le capitalisme a détruit les structures
traditionnelles du pays. Par exemple, l'artisanat traditionnel a été laminé par la concurrence de la
production capitaliste.
Devant cette misère croissante, cette surexploitation éhontée, comment se fait-il que la révolte ne
gronde pas ? L'explication est claire : dans tous les pays du tiers-monde, le capitalisme a pris le soin
d'entretenir une couche de fonctionnaires, d'administrateurs, de représentants plus ou moins
parasitaires, mais dont la fonction sociale est de maintenir l'ordre est d'éviter soigneusement que les
conditions de fonctionnement de cette structure d'exportation ne soit remise en cause.
- Le rôle de la bourgeoisie locale : Pour les marxistes, cette bourgeoisie locale a donc intérêt à ce
que le chômage, source de bas salaires, se maintienne, puisque sa richesse et ses privilèges en
dépendent. C'est ainsi que, dans la plupart des pays du tiers-monde, règne une inégalité beaucoup
plus grande que chez nous. Pour les marxistes, le dualisme qui frappe tant les observateurs n'en
est pas un : ce sont les différentes facettes d'une même réalité, celle de l'exploitation des forces
de travail d'une main-d'oeuvre prolétarienne.
LES autres analyses du développement et de la croissance économiques

1. Les analyses néo-schumpeteriennes


Rosenberg et Frischtak sont les représentants de cette mouvance qui cherche à démontrer le lien
entre innovation et cycle long. Selon eux, le progrès technique aura des incidences en amont et en
aval de l'industrie concernée.
En amont tout d'abord, l'innovation initiale va conditionner des décisions supplémentaires
d'investissements dans le secteur des biens de production qui entraîneront elles-mêmes une seconde
vague d'innovations.
Pour ce qui est de l'aval, il s'agit de la baisse des prix où l'innovation entrera comme composante.
Par cette baisse des prix, on aura différents phénomènes telles l'expansion de la taille du marché,
celle de l'investissement et du progrès technique dans la branche concernée.
Pour les raisons évoquées, l'innovation influencera la croissance économique selon cette mouvance
(exemple de la chimie qui a une influence considérable dans le secteur du textile).

2. L'approche en terme de découpage évolutionniste (étapes) de Rostow (voir ci-dessus)

3. Les théories de la croissance endogène


a) Caractéristiques
S'appuyant sur les travaux réalisés dans le domaine de l'économie industrielle, les nouvelles théories
de la croissance économique appelées théories de la croissance endogène considèrent ce
comportement comme un phénomène économique. En effet, c'est à partir du comportement des
agents en terme d'investissements entre autres que l'on vient aborder ce thème, ce qui vient trancher
avec les anciennes théories. Les caractéristiques principales sont notamment la présence de
rendements d'échelle croissants, l'abandon des modèles de concurrence pure et parfaite (cf. modèle
de Romer où il y a instauration d'une situation de monopole sur le marché des biens intermédiaires)
et la multiplicité des sources de la croissance. En effet, là où la théorie néoclassique ne voyait
qu'une seule source (l'accumulation du capital physique), les théoriciens de cette mouvance en
détectent plusieurs tels l'investissement en capital physique, en capital public, en capital humain ;
l'apprentissage par la pratique ; la division du travail ; et la recherche et l'innovation technologique.
Elles attribuent au progrès technique un rôle moteur dans la croissance dépassant les anciennes
théories sur deux points :
- la considération du progrès technique comme relevant d'une activité économique rémunérée,
- la modélisation plus poussée et riche des formes de la technique et de la révolution.
Il s'agit précisément de s'attacher aux implications du progrès technique dans la croissance qui revêt
ici un caractère endogène (= stock de connaissances homogènes) contrairement au modèle
néoclassique où il se définissait comme une variable exogène.
 
b) Nature et incidences du progrès technique
Il est important de noter que c'est d'abord les caractéristiques du progrès technique, de l'innovation
qui expliquent ce rôle moteur dans la croissance économique. En effet, il se définit comme un stock
de connaissances homogènes. Or, celles-ci sont assimilables à la fois à un bien cumulatif et public.
On les qualifiera de cumulatives dans le sens où chaque découverte s'appuie sur d'autres (=
impulsion, point de départ) découvertes, et contribuent à accroître le stock de connaissances pour
les générations futures ; et de publiques dans la mesure où le savoir pourra servir à d'autres
simultanément et à moindre coût. Chaque chercheur contribuera donc à accroître la productivité
d'autres chercheurs, ce qui est nécessaire à la croissance auto-entretenue (= externalité au coeur de
la croissance).
Outre le fait que ces théories de la croissance endogène introduisent des structures de concurrence
imparfaite (concurrence monopolistique), elles poussent la modélisation du progrès technique, ce
qui nous permet de comprendre davantage les incidences sur la croissance. Celle-ci est synonyme
d'augmentation du bien-être dans l'économie. Or, le progrès technique, parce qu'il permet
l'augmentation de la qualité des biens (augmentation de la satisfaction), mais également de leur
quantité (augmentation du volume), aura précisément une incidence sur le bien-être. Via les
différenciations horizontale (augmentation de la diversité) et verticale (augmentation de la qualité)
des biens de consommation ou de production, on voit se dessiner deux trajectoires de croissance
légèrement différentes (croissance par addition pour la première et croissance par augmentation de
la qualité pour la seconde).
Dans le cas de la différenciation horizontale par exemple, pour ce qui est des biens de
consommation, on aura deux situations envisageables :
- soit l'individu a un optimum de variété et plus on augmente le nombre de variétés disponibles sur
le marché, plus on a de chance de s'approcher de cet optimum,
- soit du fait de la préférence de la diversité, plus on augmente le nombre de biens, plus les
individus seront satisfaits.
Pour ce qui est des biens de production, un choix plus grand permet à chaque producteur d'avoir
accès à du matériel adéquat aux besoins (de plus en plus précis) entraînant de ce fait une plus
grande productivité (plus on a d'outils différents plus la productivité augmente).
Dans le cas de la différenciation verticale, on aura un phénomène de destruction créatrice puisque
l'on aura un nouveau bien qui remplira une fonction d'une meilleure façon que le précédent (cas de
la caméra et du camescope), ce qui veut dire que le neuf chasse l'ancien, du fait d'un meilleur
rapport qualité/prix qui aura pour conséquence une hausse de l'utilité.
Mais à côté de cette idée de différenciation, il existe une autre dimension du progrès technique.
Aussi, un certain nombre de modèles qui jugent l'approche précédente réductrice admettent
l'hétérogénéité et l'organisation des innovations. On peut citer par exemple les deux modèles de
Young pour illustrer cette alternative. L'un d'eux souligne la plausibilité que chaque innovation
puisse être complémentaire de certaines technologies existantes et en même temps se substituer à
d'autres (exemple de l'informatique avec la mise en service d'un nouveau microprocesseur qui
entraîne une hausse de la vente d'ordinateurs ayant une mémoire à plus grande capacité et en même
temps le déclin de ceux à faible mémoire).
Au vu de toutes ces caractéristiques des théories de la croissance endogène et du mécanisme
qu'elles considèrent, on comprend mieux dans quelle mesure on peut établir une relation positive
entre progrès technique et croissance économique (caractère public et cumulatif, différenciation,
complémentarité...). Ces théories font véritablement du progrès technique un moteur de la
croissance.
SECTION : 3 :
MODÈLES ET THÉORIES DE CROISSANCE ET DE DÉVELOPPEMENT
Les économistes du développement ont tenté d'adapter les théories de la croissance aux spécificités
des pays en voie de développement.
Le modèle de Rostow
Dans un modèle constitué d'étapes de développement successives et universelles, l'économiste
américain Walt Whitman Rostow analysait le sous-développement comme un retard dans le
démarrage (take-off) de la dynamique de croissance. Certains soulignaient l'importance des facteurs
exogènes dans ce démarrage; pour d'autres, les facteurs internes, comme le niveau de l'épargne,
constituaient les principaux déterminants. Mais tous les économistes considèrent la sortie du «cercle
vicieux» comme le préalable au développement.
L'économiste américain Rostow a soutenu la thèse que tout pays passe par 5 stades successifs au
cours de sa vie économique :
Première étape : la société traditionnelle.
« Travail et terre ». La société traditionnelle se caractérise par la prédominance de l'activité agricole
et une très faible productivité.
Deuxième étape : le pré-décollage.
Cette phase se caractérise par l'apparition d'entrepreneurs capables d'innover.
Troisième étape : le décollage.
Le décollage se caractérise par une augmentation du taux d'investissement qui passe de 5 à 10 % du
PNB. D'après Rostow, cela aurait été le cas de la France de 1830 à 1870 et du Japon de 1885 à
1905.
Quatrième étape : le passage à la maturité.
Il se caractérise par une nouvelle augmentation du taux d'investissement qui passe de 10 % à 20 %
du PNB ainsi que par l'apparition de nouveaux secteurs économiques.
Cinquième étape : la société de consommation de masse.
Elle se caractérise par une grande diversification de la production et un ralentissement de la
croissance.
Cette thèse a été très critiquée pour différentes raisons :.
- Tout d'abord, la thèse de Rostow se repose sur une vision linéaire de l'histoire qui est assez
contestable : les bons sont les Américains (modèle de société de consommation de masse à
atteindre) qui montrent la voie. Les États-Unis préfigurent donc ce que seront, tôt ou tard,
l'ensemble des pays du monde. Pour certains, la théorie de Rostow serait, dans le domaine du
développement, l'équivalent de ce que soutenait Frédéric Taylor dans le domaine de l'organisation
du travail : pour chaque problème, il existe une « one best way » c'est-à-dire une seule et bonne
solution.
- Ensuite, pour Rostow , l'histoire se déroule de façon implacable. On ne brûle pas les étapes,
dit Rostow. Chaque pays doit passer par un certain nombre de stades un peu comme un homme
avant d'être adulte. Or ce n'est pas ainsi que les choses se passent : les structures sociales, pas plus
que l'environnement économique des pays que l'on appelle aujourd'hui sous-développés, ne sont
analogues à celles des pays européens du XVIIe siècle. Ces pays ne sont pas simplement en retard,
ils sont différents. Lorsque notre pays était -- pour reprendre le vocabulaire de Rostow   "au stade de
la transition", il n'existait pas de marché mondial, ni de division internationale du travail au sein de
laquelle nous aurions produit des matières premières pour d'autres pays. Nous n'avions pas affaire à
des ennemis potentiels dotés d'armes atomiques ou de chasseurs-bombardiers, nous n'avions pas de
colonisateurs ayant marqué nos pays de leurs empreintes. Pour résumer, l'Inde des années 2000 n'est
pas analogue à la France de 1750 !
Enfin, la plupart des spécialistes du développement montrent que les conditions économiques d'un «
démarrage » sont aujourd'hui bien plus difficiles à réunir qu'au siècle dernier, et le deviennent
davantage au fur et à mesure que les pays développés avancés modèlent le marché mondial -- il
n'est en effet plus question aujourd'hui de produire du fer dans des forges plus ou moins artisanales
comme il en existait le long de bien des cours d'eau en France au XVIIIe siècle.
Comme on le voit, l'analyse libérale incite à la prudence puisque la seule attitude rationnelle est
d'attendre que le pays parcourt les étapes de la croissance économique. L'analyse libérale fait
confiance à dynamique du marché de la concurrence pour provoquer les changements nécessaires
dans les pays concernés, et ces changements, estime-t-elle, finiront tôt ou tard par se produire. Le
sous-développement se résorbera de lui-même !

Le modèle de Lewis
En voulant adapter la théorie de la croissance aux problèmes des pays en voie de développement,
Arthur Lewis proposa de prendre en compte le caractère dual de ces sociétés, où coexistent un
secteur traditionnel, avec un surplus de main-d'œuvre, et un secteur moderne, capable de se
développer grâce à la faiblesse de coûts salariaux maintenus sous la pression d'une offre illimitée de
main-d'œuvre provenant du premier secteur. Il espérait ainsi pouvoir dépasser pendant une longue
période le freinage de croissance induit par le plein emploi des facteurs. Mais, ne pouvant fonder
leur croissance, comme au début de la révolution industrielle européenne il y a deux siècles, par
l'utilisation de technologies simples fondées sur la main-d'œuvre, les pays en voie de
développement ont vu les modèles de croissance dualiste se heurter, dans leur mise en œuvre, aux
contraintes de financement.

Croissance déséquilibrée et croissance durable


En matière de développement, les années 1960 furent marquées par le débat entre les partisans de
deux types de croissance: équilibrée ou déséquilibrée. Le premier point de vue adoptait les
enseignements du modèle orthodoxe de croissance, tandis que le second, plus volontariste,
préconisait la concentration des efforts d'investissements dans des secteurs sélectionnés, afin de
créer des pôles de croissance capables de remettre en cause le cercle vicieux du sous-
développement. De cette réflexion sont issus quatre modèles de croissance: la croissance
déséquilibrée, la croissance ouverte, la croissance endogène et la croissance durable.
La croissance déséquilibrée
L'idée de croissance déséquilibrée, formulée par Albert Hirschman en 1958, a rencontré un vif
intérêt dans les pays du tiers-monde riches en ressources naturelles et accédant à leur indépendance.
Mais, cumulées sur une longue période, et trop concentrées sur un seul secteur d'activité, comme en
Algérie, les politiques de croissance déséquilibrée ont souvent renforcé les blocages. Peu capables
de diffuser une dynamique économique sur l'ensemble du tissu productif, les «activités motrices»
ont contribué à la mise en place d'économies fondées sur la redistribution et ont conduit à l'abandon
progressif de l'agriculture, de l'artisanat et des petites unités de production. Menée au nom de
l'indépendance nationale, cette politique débouchait, paradoxalement, sur une dépendance
alimentaire et financière accrue.

La croissance ouverte
Face à l'échec des modèles volontaristes de développement, les organisations internationales ont
commencé à préconiser, vers la fin des années 1970, des modèles de «croissance ouverte» avec,
dans un premier temps, le recours aux politiques dites d'«ajustement structurel», qui visent au
rétablissement des grands équilibres macroéconomiques. Privilégiant le désengagement progressif
de l'État des activités commerciales et industrielles et l'ouverture des pays aux flux d'échanges
internationaux, ces politiques ont pu donner en matière de croissance des résultats fort divergents.
Fréquemment comprises comme un programme prioritaire de réduction massive des dépenses
publiques sociales, elles ont souvent participé au creusement de l'écart entre les indicateurs de
croissance et les indicateurs de développement humain.
La croissance endogène
Sur un plan plus théorique, c'est au milieu des années 1980 que les économistes occidentaux ont
commencé à orienter leurs recherches vers un dépassement du clivage existant dans l'analyse
économique entre la croissance et le développement. Au lieu de considérer que le taux de croissance
est exogène ou naturel et qu'il est déterminé par la croissance démographique et un progrès
technique exogène, la nouvelle théorie, dite de «croissance endogène», tente de relier la croissance
économique aux caractéristiques internes de l'économie. Dès lors, l'expérience cumulée dans
l'activité économique, les dépenses publiques d'éducation et de santé, le stock des investissements
déjà réalisés, notamment dans le domaine de la recherche, apparaissent comme des facteurs
endogènes de croissance, c'est-à-dire des facteurs décisifs qui l'alimentent et s'alimentent d'elle.
Le développement durable
Dans les années 1970, Celso Furtado proposa le concept d'«éco-développement». Une décennie
plus tard cette proposition, sous le nom de «développement durable», a rencontré un très large écho
auprès des économistes soucieux des problèmes écologiques. Le concept de croissance durable
préconise en effet d'inscrire la croissance économique dans la longue durée en intégrant aussi bien
les coûts à court terme (des matières premières, de la main-d'œuvre et des capitaux) que les coûts à
long terme liés à l'exploitation des ressources non renouvelables, à la dégradation de
l'environnement et à la déstructuration des rapports sociaux existants. Or ce sont des problèmes qui
concernent aussi bien le Nord que le Sud. Les économistes redécouvrent ainsi, avec le concept de
croissance durable, que le problème du développement n'est pas seulement celui des pays «en voie
de développement», mais aussi celui des pays développés, et que la finalité du développement ne
peut jamais être réduite aux buts propres à l'activité économique et encore moins à l'accroissement
des indicateurs monétaires.
Conclusion
Echec des modèles des pays développés
ASPECTS INTERNATIONAUX DU DÉVELOPPEMENT:
1. LE TIERS MONDE DANS LES RELATIONS ÉCONOMIQUES
INTERNATIONALES.
2. LE RÔLE DES ORGANISMES INTERNATIONAUX.
3. LES THÉORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DU
DÉVELOPPEMENT.
POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT:
1. L'AGRICULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT.
2. L'INDUSTRIALISATION. EXPÉRIENCES NATIONALES DE
DÉVELOPPEMENT.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Manuels
 GUILLAUMONT Patrick, Economie du développement, Coll. Thémis, P.U.F, Paris, 1985,
3 volumes.
 MC GILLIS Malcom, Economie du développement, De Boeck Press, Paris, Bruxelles, 1998
(traduction de la 4ème éd. américaine par Baron-Renault).

Ouvrages généraux
 AMIN Samir, Mondialisation et accumulation, L'Harmattan, Paris, 1993.
 ASSIDON Elsa, Les théories économiques du développement, Coll. "Repères", la
Découverte, Paris, 1992.
 BEN HAMMOUDA Hakim, L'économie politique du post ajustement, Karthala, Paris,
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 BAIROCH Paul, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du
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 BRAUDEL Fernand, Civilisation matérielle, économie, capitalisme, XV-XVIIIème siècles,
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 COMELIAU Christian, Les relations Nord-Sud, Coll. "Repères", la Découverte, 1991.
 COMELIAU Christian, Les impasses de la modernité. Critique de la marchandisation du
monde, Coll. "Economie humaine", Le Seuil, Paris, 2000.
 DALY Herman, Steady State Economics, 2ème éd., Island Press, Washington D.C., 1991.
 HIRSCHMAN Albert O., Stratégie de développement économique, Economie et
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 HIRSCHMAN Albert O., L'économie comme science morale et politique, EHESS-
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 HOBSBAWN Eric, L'âge des extrêmes. Histoire du court XXème siècle, éd. Complexe,
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 HUGON Philippe, L'économie de l'Afrique, Coll. "Repères", la Découverte, Paris, 1993.
 MEIER Gérald M. et SEERS Dudley (éd.), Les pionniers du développement, Economica,
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 OMAN Charles et WIGNARAJA G., L'évolution de la pensée économique sur le
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 PERRET Bernard et ROUSTANG Guy, L'économie contre la société. Affronter la crise de
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 SENGHAAS Dieter, The European Experience. A Historical Critique of Development
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 TOYE John, Dilemmas of Development, B. Blackwell, London, 2nd Edition, 1993.

Documents et périodiques
 Banque mondiale: Rapport sur le développement dans le monde.
 FMI: Rapport annuel.
 PNUD: Rapport mondial sur le développement humain.
 OCDE: Coopération pour le développement.
 CNUCED: Rapport sur le commerce et le développement.
 CEPII L'économie mondiale, La Découverte, Paris, annuel.

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