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Analyse fonctionnelle

29.09.2020

1 Dualité et convexité
Définition 1.1. a) Une partie K d’un espace affine E est convexe s’il contient
avec deux points aussi le segment que les joint:

x, y ∈ K ⇒ (1 − t)x + ty ∈ K, ∀t ∈ [0, 1] (??)

b) Soit K une partie convexe d’un espace affine E. Une fonction f : K → R à


valeurs réelles sur K est une fonction convexe si le ”surgraphe” {(x, r) ∈
K × R, f (x) ≤ r} est une partie convexe de E × R. La fonction f est donc
convexe ssi

f ((1 − t)x + ty) ≤ (1 − t)f (x) + tf (y), ∀t ∈ [0, 1].

Exemple 1.2. 1) Une boule ouverte ou fermé dans un espace normé est convexe.

2) L’intersection d’une famille quelconque de convexes est convexe.

3) La réunion des convexes n’est engénéral pas convexe.

4) Une fonction f : I → R définie sur un intervalle et 2-fois continument


dérivable est convexe si et seulement si f 00 (x) ≥ 0, ∀x ∈ I.
5) Les fonctions f (x) = x2k , exp(x), − ln(x), |x| sont convexes sur leurs domaines
de définition. Les fonctions g(x) = sin(x), cos(x), ln(x) ne le sont pas.
Le concept d’ensemble convexe et de fonction convexe est extrêmement puissant
en analyse et analyse fonctionnelle.

Une fonction ` : E → R sur un espace vectoriel réel est quasihomogène si

`(λx) = λ`(x), ∀λ ∈ R+ , ∀x ∈ E.

Une fonction quasihomogène p : E → R est convexe si et seulement si

p(x + y) ≤ p(x) + p(y), ∀x, y ∈ E.

Le résultat clé de ce chapitre est le


Théorème 1.3. (Hahn-Banach I) Soit V un espace vectoriel réel et soit p : V → R
une fonction quasihomogène et convexe, i.e.

p(x + y) ≤ p(x) + p(y), p(λx) = λp(x), ∀x, y ∈ V, ∀λ ∈ R+ .

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Soit W ⊂ V un sous-espace vectoriel et soit ` : W → R une fonction linéaire
telle que ` ≤ p partout sur W . Alors on peut prolonger ` à une fonction linéaire
`0 : V → R telle que `0 ≤ p partout sur V .

La démonstration du version originale du théorème est donnée en plusieurs


étapes. L’essentielle est la suivante:

Lemme 1.4. Le théorème est valable pour les sous-espaces de codimension un.

Proof: Soit W ⊂ V un sous-espace de codimension un et soit x ∈ V \W .


L’espace vectoriel de dimension un Rx est ainsi un sous-espace complementaire de
W dans V . Soit ` : W → R une fonction linéaire. Les prolongations de ` à une
fonction linéaire sur V correpondent biunivoquement aux fonctions linéaires sur Rx
,i.e. donner un prolongation `0 de ` équivaut à donner le nombre réel α = `0 (x).
Il faut montrer qu’on peut chosir α tel que `0 ≤ p sur V . Comme `0 et p sont
quasihomogène il suffit d’assurer `0 (w ± x) ≤ p(w ± x) pour tout w ∈ W . Cela
conduit aux conditions

p(w + x) ≥ `0 (w + x) = `0 (w) + `0 (x) = `(w) + α, ∀w ∈ W

ou
α ≤ inf (p(w + x) − `(w))
w∈W

et
p(w0 − x) ≥ `0 (w0 − x) = `0 (w0 ) − `0 (x) = `(w0 ) − α, ∀w0 ∈ W
ou
α ≥ sup (`(w0 ) − p(w0 − x)) .
w0 ∈W

Une prolongation de ` sur V qui est majorée par p existe alors si et seulement si

sup (`(w0 ) − p(w0 − x)) ≤ inf (p(w + x) − `(w)) .


w0 ∈W w∈W

Soient alors w, w0 ∈ W . On a

`(w0 ) − p(w0 − x) ≤ p(w + x) − `(w)

ssi
`(w) + `(w0 ) ≤ p(w + x) + p(w0 − x).
Or

`(w)+`(w0 ) = `(w +w0 ) ≤ p(w +w0 ) = p((w +x)+(w0 −x)) ≤ p(w +x)+p(w0 −x)

et le lemme est démontré. 


Comme V est en général de dimension infinie (non dénombrable) on ne peut
pas déduire le théorème du lemme précédent par une récurrence. La théorie des
ensembles propose une récurrence généralisée, qui est basée sur ”l’axiom de choix”.
Sa formulation précise est donné dans le

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Axiom 1.5. (Lemme de Zorn) Soit X un ensemble partiellement ordonné (i.e.
muni d’une relation d’ordre). Si tout sous-ensemble S ⊂ X totalement ordonné (i.e.
s, s0 ∈ S ⇒ s ≤ s0 ∨ s0 ≤ s) possède un majorant (i.e. ∃t ∈ X : s ≤ t, ∀s ∈ S),
alors il existe un élément maximal de X (i.e. ∃x ∈ X : x ≤ y ⇒ x = y, ∀y ∈ X).

Démonstration: (du théorème de Hahn-Banach) Appliquons le lemme de Zorn


à l’ensemble

X = {(V 0 , f 0 ), W ⊂ V 0 ⊂ V sousespace, f 0 : V 0 → R linéaire, f 0 ≤ p, f |W = `}.

muni de l’ordre

(V 0 , f 0 ) ≤ (V 00 , f 00 ) ⇔ V 0 ⊂ V 00 ∧ f 00 |V 0 = f 0 .

Soit
S S = (Vi , fi )i∈I un sousensemble de X totalement ordonné. Dans ce cas VS =
Vi est un sousespace linéaire contenant tous les Vi , i ∈ I et fS = lim fi est une
i∈I i∈I
0
fonction linéaire sur V qui prolonge tous les fi , i ∈ I et satisfait fS ≤ p. Autrement
dit (VS , fS ) est un majorant de S. Le lemme de Zorn entraine donc l’existence d’un
élément maximal (V 0 , f 0 ) de X. Supposons que V 0 6= V . Soit x ∈ V \V 0 et soit
V 00 = V 0 + Rx. D’après le lemme précédent on peut prolonger f 0 à une fonction
linéaire f 00 sur V 00 telle que f 00 ≤ p. Par conséquence (V 0 , f 0 ) ≤ (V 00 , f 00 ) dans X et
(V 0 , f 0 ) 6= (V 00 , f 00 ). Contradiction ! Alors V 0 = V et `0 = f 0 est une prolongation de
` à V qui satisfait `0 ≤ p. 

Rappelons que l’espace dual d’un espace vectoriel topologique est l’espace
E ∗ = L(E, K), K = R, C des fonctions linéaires continues ou bornées sur E. Il
peut bien arriver qu’un espace vectoriel topologique de dimension infinie n’admet
aucune fonction linéaire apart 0. Un des buts principal de ce chapitre sera de mon-
trer l’existence de plaines de fonctions linéaires bornées sur un espace normé. Le
dual d’un espace normé, qui est un espace de Banach est d’habitude très grand.

Donnons quelques exemples:


∗ ∗
(`2 ) ' `2 , (c0 )∗ ' `1 , (`1 ) ' `∞ , (C(X, R))∗ ' M(X).
Ici ' signifie un isomorphisme canonique isométrique, C(X, R) est l’espace des fonc-
tions continues sur un espace métrique compact X, et M(X) est l’espace des mesures
de Radon sur X.

Le résultat clé de ce chapitre est le


Une conséquences important du théorème de Hahn-Banach est le

Théorème 1.6. (Hahn-Banach II) Soit V un espace normé réel ou complexe et soit
f ∈ W ∗ une fonction linéaire bornée sur un sousespace vectoriel W ⊂ V . Alors il
existe une fonction linéaire bornée f 0 ∈ V ∗ telle que

f 0 |W = f, et k f 0 kV ∗ = k f kW ∗ .

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Démonstration: Le cas réel:
On peut supposer que k f kW ∗ = 1. Appliquons le théoreme de Hahn-Banach à
` = f et p =k − kV . Comme f (w) ≤k w k= p(w), ∀w ∈ W on trouve alors une
fonction linéaire f 0 ; V → R telle que f 0 |W = f et f 0 ≤ p. Alors

f 0 (x) ≤ p(x) =k x kV et −f 0 (x) = f (−x) ≤ p(−x) = k −x kV =k x kV

i.e. f 0 prolonge f et satisfait k f 0 parallelV ∗ = 1. 

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