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Soins infirmiers en

Gériatrie
IDE 3

« Les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain.


Les vieux d’aujourd’hui sont les jeunes d’hier. »

Par M. NJINZEU Yvan Lionnel


MScN
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 doit être capable de prendre soin de façon
holistique et parfaite une personne âgée malade.
Objectifs spécifiques :
De manière spécifique, il devra être capable de :
• Connaitre les aspects biologiques, fonctionnels et relationnels du vieillissement normal
• Prendre en soin, une personne âgée souffrant de :
Déficit neurosensoriel
Troubles nutritionnels
Troubles de la marche et de l’équilibre
Confusion
Démences
Troubles du transit intestinal
Ostéoporose
Arthrose
Troubles respiratoires

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SI en gériatrie – IDE 3 par M. NJINZEU N. Yvan Lionnel
M. NJINZEU

Chapitre 1 : Le vieillissement normal


Objectifs :
- Expliquer les aspects fonctionnels, biologiques et psychologiques du vieillissement normal
- Expliquer le vieillissement en fonction des 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson

A- Définition et concepts en gérontologie


-Vieillesse
C’est la dernière période de la vie humaine. Elle connait plusieurs définitions. L’OMS retient le critère
d’âge de 65 ans et plus. Du point de vue biologique, le vieillissement commence au moins dès la
puberté et c’est un processus continu pendant toute la vie adulte. Du point de vue social, les
caractéristiques des membres de la société qui sont considérés comme étant âgés varient selon le
contexte culturel et d’une génération à l’autre. Du point de vue économique, les personnes âgées sont
parfois définies en fonction de la retraite quand elles cessent de faire partie de la main d’œuvre active.
Sur le plan médical, l’âge de 75 ans, voire 80 ans, est plus pertinent

-Gérontologie
C’est la science qui étudie le vieillissement sous tous ses aspects : biomédical, culturel,
démographique, socio-économique…

-Gériatrie
C’est la discipline médicale qui prend en charge les personnes âgées malades de même que la
pédiatrie, qui elle s’occupe des enfants malades.

-Vieillissement
Le vieillissement est un processus physiologique inévitable lié à des mécanismes moléculaires,
cellulaires, tissulaires, provoquant des modifications biologiques, morphologiques et psychologiques,
consécutives à l’action du temps. Il est la résultante des effets intriqués de facteurs génétiques
(vieillissement intrinsèque) et de facteurs environnementaux auxquels est soumis l’organisme tout au
long de sa vie. Notons que le vieillissement est un processus lent et progressif qui doit être distingué
des manifestations des maladies. En gros, le vieillissement n’est pas toujours l’apanage des maladies.

-Sénescence : Phénomène physiologique et programmée. Elle concerne tous les organes, toutes les
cellules du corps humain qui se mettent à vieillir. Ce vieillissement entraîne un ralentissement de
l'activité de l'organisme et des fonctions vitales, créant un affaiblissement général de l'organisme puis
sa mort.

-Sénilité ou vieillissement pathologique : Détérioration pathologique des facultés physiques et


psychiques d'une personne âgée. Le terme de sénilité est employé dans le langage courant pour
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décrire, chez une personne âgée, une atteinte simultanée des facultés physiques et psychiques (→
vieillesse).

-Longévité maximale
La longévité maximale d’une espèce est la durée de vie maximale observée pour cette espèce. Dans
l’espèce humaine, le record de longévité est de 122 ans.

-Espérance de vie
C’est le nombre moyen d’années de vie restant des personnes d’une certaine classe d’âge à un
moment donné. L’espérance de vie sans incapacité (EVSI) est le nombre moyen d’années de vie sans
incapacité.

a- Type de vieillissement
-Vieillissement réussi (ROWE et KHAN)
Il correspond au maintien d’un haut niveau de fonctionnement cognitif et physiologique, à l’absence de
maladie ou de handicaps associés et au maintien de l’engagement dans les activités sociales et/ou
productives

-Vieillissement habituel ou usuel


Il s’agit d’atteintes de certaines fonctions physiologiques (cérébrale, artérielle, urinaire, cardiaque), liées
à l’âge. C’est également la réduction des réserves adaptatives.

-Vieillissement pathologique
Il est plus rapide que la normale.

b- Modifications physiologiques
Trois mots résument le vieillissement biophysiologique :
- Involution : elle se traduit par une régression anatomique et physiologique des organes.
- La sclérose : elle provoque une perte d’élasticité au niveau des organes et de ce qui soutient
les organes (tendons, ligaments, etc.)
- La surcharge : elle est essentiellement graisseuse ; elle vise à compenser l’involution de la
masse musculaire
Tableau 1 : Composition corporelle selon l’âge
Eau corporelle totale Masse maigre Masse adipeuse

25 ans 62% 23% 15%


75 ans 53% 17% 25%

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Tableau 2 : Résumé des modifications physiologiques du sujet âgé


Secteur Augmentation Diminution
Masse musculaire
Volume plasmatique
Composition corporelle Graisse
Eau totale
Albumine plasmatique
Débit sanguin
Mémoire
Cerveau
Coordination
Seuil de tolérance
Cœur Masse cardiaque Débit
Taille
Foie
Métabolisme
Filtration glomérulaire
Reins Néphrons
Sécrétion
Sécrétions digestives
Transport actif des substances
Système digestif
Péristaltisme
Vidange gastrique
Epaisseur des vaisseaux
Système vasculaire Résistance vasculaire périphérique

B- Vieillissement et besoins fondamentaux


On se réfère aux 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson :
Respirer
De tout l’organisme, c’est l’appareil respiratoire qui est le plus atteint. C’est lui qui subit la plus grande
diminution fonctionnelle au cours du vieillissement :
- Les volumes respiratoires sont réduits à cause de la perte d’élasticité du tissu pulmonaire et
des muscles respiratoires
- La surface d’échanges gazeux est réduite à cause de la baisse du nombre d’alvéoles
fonctionnelles
- Une fréquente cyphose dorsale accentue la diminution des volumes pulmonaires
- Une hyperproduction de mucus associée à une activité ciliaire ralentie favorise l’encombrement
bronchique. La toux devenant moins efficace, le désencombrement bronchique n’est que
partiel, ce qui favorise les infections bronchiques
Boire et manger
Ce sont sans doute ceux qui s’adaptent le mieux au cours du vieillissement ; néanmoins :
- La sécrétion de salive diminue, et cette dernière devient plus épaisse et assure une moindre
protection de la muqueuse buccale ;
- La mastication peut être altérée
- Le péristaltisme intestinal ralentit et peut se compliquer de constipation, voire de fécalome ;
- Le temps de vidange gastrique est allongé, ce qui favorise le reflux gastro-œsophagien (RGO)
- Une hypogueusie et une anosmie induite par le vieillissement cérébral peuvent modifier le
rapport du sujet âgé à l’alimentation.

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- La sensation de soif diminue


Eliminer
Appareil digestif : induites par les problèmes du boire et manger
Appareil urinaire haut : Au niveau des reins, le nombre de néphrons fonctionnels va décroître (40% des
glomérules se sclérosent). Ce phénomène entraîne un déficit d’excrétion des déchets, aggravé en cas
d’hypohydratation.
Appareil urinaire bas : Au niveau vésical, la situation est différente que l’on soit chez l’homme ou chez la
femme.
- Chez l’homme : l’hypertrophie de la prostate entraine une compression de l’urètre ; les
mictions sont alors + fréquentes mais peu abondantes ; le début et le maintien du jet mictionnel
sont gênés.
- Chez la femme : les muscles lisses et les sphincters perdent une partie de leur tonicité (c’est
augmenté par la baisse de la production d’œstrogènes due à la ménopause. L’incontinence
urinaire devient fréquente, surtout lors des efforts.
Se mouvoir. Avoir une bonne posture
Muscles
La masse musculaire diminue et perd une partie de son potentiel contractile. La conduction sensorielle
et la conduction motrice s’altèrent.
Os
Le tissu osseux se fragilise, surtout chez la femme ménopausée, chez qui une ostéoporose est
fréquente :
- Le tassement vertébral entraîne une cyphose dorsolombaire
Vue
On observe un déficit visuel induit par une baisse de l’acuité et de l’accommodation, à une diminution
du champ visuel et de la perception de profondeur de champ.
Equilibre
Un déficit vestibulaire, due à une diminution du nombre de cellules ciliées, modifie la perception du
corps dans l’espace et le maintien de l’équilibre.
Capacités à l’effort
Au niveau du cœur, le vieillissement touche plus le myocarde entrainant une altération de la capacité de
contraction ventriculaire et une diminution du volume systolique d’éjection. Ces modifications causent
une diminution du débit cardiaque et à la limitation des capacités de réaction du cœur lors d’efforts
intenses. Au niveau vasculaire, une athérosclérose s’installe progressivement. La pression artérielle
peut dépasser les chiffres limites de 160/90 mmHg.

Dormir et se reposer
La qualité et la quantité du sommeil se modifient :
- Le temps d’endormissement peut s’allonger
- Le sommeil est plus léger

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- Les réveils nocturnes sont plus nombreux, plus longs, souvent générés par des envies
fréquentes d’uriner.

Se vêtir et se dévêtir
Les modifications physiques nécessitent souvent l’achat de nouveaux vêtements plus seyant et plus
amples.
Les pieds subissent aussi quelques transformations, ainsi le choix de nouvelles chaussures souples,
confortables, stables et bien enveloppantes (afin d’éviter toute blessure et chute) s’impose.
Il faut que les chaussures et les vêtements soient faciles à enfiler, à fermer et à ôter

Maintenir la température du corps dans les limites normales


Le mécanisme de thermorégulation s’altère avec l’âge :
- La température corporelle s’abaisse légèrement, pouvant atteindre 36°C.
La peau s’amincit et devient moins vascularisée. Cela favorise les déperditions calorifiques. Les
capacités d’adaptation physiologique à des situations de fortes chaleurs ou de grands froids sont moins
performantes et nécessitent un ajustement vestimentaire et une vigilance sur les conditions thermiques
de l’environnement.

Être propre et protéger ses téguments


Le système tégumentaire subit de grandes transformations avec l’âge :
- L’épiderme s’amincit et se renouvelle moins vite
- La diminution de collagène rend la peau moins élastique et moins souple
- L’activité ralentie des glandes sébacées est responsable d’une sècheresse cutanée
- Une atrophie des glandes sudoripares diminue la sudation. les difficultés physiques de la PA et
la baisse de ses motivations peuvent altérer les soins d’hygiène.

Eviter les dangers


Infections
Avec l’âge, les différents mécanismes de défense vont s’altérer. Les PA sont plus sensibles aux
infections du fait d’une immunité moins performante.
Décompensations
Par ailleurs, les PA présentent des situations de polypathologies notamment chroniques, avec une
polymédication aux effets indésirables parfois exacerbés ou capitalisés et responsables de
décompensations (cardiaque, rénale, respiratoire, etc.).
Chutes
Les déficits sensoriels, associés aux troubles de la mobilité et de l’équilibre, rendent les PA plus
vulnérables aux accidents, notamment aux chutes.

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Communiquer avec ses semblables


Vue et audition
L’altération des fonctions sensorielles modifie les capacités de communication des PA :
- Une presbyacousie ou une surdité les gêne pour suivre une conversation
- Une baisse de l’acuité visuelle les empêche de voir leur interlocuteur.
Ces différents handicaps peuvent être à l’origine d’un isolement social.
Toucher
Malgré une réduction des sensations tactiles, le toucher perdure et il est même renforcé et privilégié
dans la communication de la PA.
Sexualité
Elle se modifie parfois sans altération de la libido :
- Chez la femme : après la ménopause, il y a une régression utérine et vaginale ainsi qu’une
diminution des sécrétions vaginales. Les organes génitaux externes diminuent en taille mais
conservent leur sensibilité.
- Chez l’homme : les changements hormonaux sont plus lents. Les testicules s’atrophient
légèrement et la prostate s’hypertrophie, l’érection s’obtient plus lentement et nécessite un plus
grand nombre de stimuli, la lubrification précoïtale peut disparaitre totalement ; la
spermatogenèse diminue mais persiste.

Agir selon ses valeurs et ses croyances


Au cours du vieillissement, le SN central et le système périphérique se modifient. Des lésions
histologiques dégénératives apparaissent. Ces problèmes empêchent la PA d’être autonome et d’avoir
un système neuromusculaire efficace. Ce qui ne lui permet pas d’agir pleinement selon ses valeurs et
ses croyances, par conséquent de satisfaire ce besoin. Une baisse de l’activité des neurotransmetteurs
(acétylcholine, dopamine, noradrénaline, sérotonine) perturbe la transmission de l’influx nerveux et est
responsable de troubles moteurs (rigidité, tremblements) mais aussi amnésiques et émotionnels.

S’occuper en vue de se réaliser


Les transformations biophysiologiques liées à l’âge obligent parfois la personne à modifier, voire à
arrêter, certaines de ses activités antérieures. L’activité du système musculo-squelettique et SN peut
rendre difficile une activité qui demande souplesse et finesse des mouvements. Les modifications
sensorielles peuvent empêcher de pratiquer une activité où la vue, l’ouïe, le toucher sont
indispensables. Ces situations sont responsables d’une altération de l’estime de soi ou susceptibles
d’engendrer un isolement social voire même une dépression.

Se recréer
La diminution des différentes capacités de la personne génère des difficultés à se récréer. La capacité
d’accepter et de vivre sa nouvelle situation est fonction des loisirs antérieurs et de la volonté de les
poursuivre ou de pouvoir les modifier. La diminution de la force musculaire, les troubles de l’équilibre ne
permettent plus de pratiquer des loisirs très physiques.

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Apprendre
Avec l’âge apparaissent des déficits cognitifs qui, associés à des troubles mnésiques, visuels et auditifs,
peuvent limiter les capacités d’apprentissage. La fatigabilité ne permet pas toujours à la PA de se
concentrer pour intégrer de nouvelles connaissances. Ses expériences de vie, ses acquis variés doivent
être mobilisés régulièrement pour maintenir son niveau de connaissances. Le rôle infirmier consiste à
aider le sujet âgé à conserver ses acquis plutôt qu’à apprendre de nouvelles choses.

Exercice de compréhension :
Répondre aux questions
1- Quelle est la différence entre vieillissement habituel et vieillissement pathologique?
2- Entre une PA et un jeune, lequel des deux a :
- La plus grande masse maigre
- La plus grande masse adipeuse
3- Qu’est ce qui peut expliquer les infections bronchiques chez la PA ?
4- C’est quoi : une hypogueusie, une anosmie, une hypoxie, une presbyacousie
5- Pourquoi la PA ne peut-elle plus pleinement se recréer ?

Chapitre 2 : Affections du pied


Objectifs : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 doit être capable de :
- Prendre en soin une PA ayant une affection du pied
- Veiller à une bonne hygiène des pieds d’une PA

Les affections du pied, sont des pathologies d’alerte, dues le plus souvent à des négligences. Ces
négligences sont elles-mêmes imputables aux difficultés des PA ; du fait que dans sa vieillesse, il ne
soit plus capable de satisfaire totalement tous ses besoins fondamentaux. Ces affections sont
responsables de troubles de la marche.

1- Différentes pathologies
Maladies des ongles
L’onychose est une hypertrophie de l’ongle. La courbure transversale de l’ongle augmente souvent avec
l’âge et provoque l’apparition d’ongles incarnés douloureux. Ces lésions accentuent la fréquence des
mycoses.

Affections cutanées

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Les frictions ou les pressions répétées provoquent des lésions d’hyperkératose. Elles apparaissent
sous forme de callosité, de cors et de durillons. Les infections mycosiques surtout, sont également
fréquentes avec lésions.
Les affections cutanées qui surviennent chez un sujet diabétique ou artéritique (plaies torpides,
ulcérations, gangrène) nécessitent une surveillance médicale et infirmière spéciale. Il faut signaler au
médecin, un point de nécrose, l’extension d’une plaie… bref toute modification d’une plaie chez ce type
de patient.

Problèmes biomécaniques
Ils résultent de voûtes plantaires déformées (pieds plats, pieds creux), de déformations de l’avant-pied
(hallux valgus, orteils en griffe) ou de douleurs provoquées par des hyper-appuis plantaires (tête des
métatarsiens) sont extrêmement fréquents.

2- Traitement
En fonction du type d’atteinte, le traitement peut être médicamenteux, fonctionnel (rééducation,
chaussures, semelles) ou parfois chirurgical.

Rôle de l’infirmier
- Dans tous les cas, il faut s’assurer d’une bonne hygiène des pieds et des ongles chez le patient
âgé.
- Chez les patients à risque (diabétique, artéritique), il faut surveiller les téguments.
- L’infirmier doit donner des conseils sur le choix de bonnes chaussures souples. Surtout, il faut
expliquer pourquoi il faut préférer des chaussures fermées, antidérapantes. Pour ceux qui ont
des pieds déformés, il faut conseiller des chaussures adaptées aux pieds déformés.
- Pour tous ceux qui en ont besoin, organiser des rendez-vous réguliers avec le pédicure et le
podologue.
- A la moindre anomalie, prévenir le médecin.

Exercices de compréhension
1- Définir les mots qui sont en gras dans le cours.
2- Quelles peuvent être les conséquences des problèmes biomécaniques pour la PA ?

Chapitre 3 : Arthrose
Prérequis : notions d’anatomie de l’appareil locomoteur
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin une PA
souffrant d’arthrose
Obejctifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre et citer les différents types d’arthrose

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- Connaitre et citer les manifestations de l’arthrose


- Connaitre les différentes thérapeutiques utilisées dans la prise en soin d’une PA souffrant
d’arthrose

1- Définition
L’arthrose est une pathologie qui concerne 100% des personnes de plus de 80 ans. Généralement, elle
est définie comme une maladie des articulations qui se traduit par une dégénérescence des cartilages
aboutissant à leur lente destruction. Elle peut toucher l’ensemble des articulations et on parle alors de
maladie « arthrosique ». Dans le cas où elle touche seulement certaines articulations et survient de
façon isolée, il s’agit alors :
- D’arthrose post-traumatique
- D’arthrose sur articulation mal axée
- D’arthrose en relation avec un excès pondéral
Lorsqu’elle concerne les articulations importantes du membre inférieur, elle provoque une incapacité à
la marche. On l’appelle coxarthrose si l’atteinte porte sur la hanche et gonarthrose si elle porte sur les
genoux.
Les atteintes de la colonne provoquent d’importants phénomènes douloureux et limitent les activités.
Celles de la main ou de l’épaule génèrent des incapacités dans la vie quotidienne (lors de la toilette, de
l’habillage, pour cuisiner, etc.).

2- Manifestations cliniques
L’arthrose est une maladie qui se caractérise par des douleurs localisées principalement au niveau de
l’articulation :
- Pli de l’aine ou douleur irradiant vers le genou pour la hanche
- Face interne pour le genou
- Irradiations vers le haut de la fesse dans l’arthrose dorsolombaire.
En plus des douleurs, à l’examen médical, le médecin notera une raideur articulaire, une limitation des
mouvements, des phénomènes de craquements et parfois un épanchement articulaire (œdème à
l’articulation). Tous ces phénomènes sont majorés à l’appui (pour ce qui concerne les membres
inférieurs) et lors des mouvements. La personne décrit classiquement un phénomène de « dérouillage »
matinal (c’est-à-dire, la personne va se craquer les articulations au réveil).

3- Traitement
Ici, nous avons trois types de traitements :
a- Le traitement de la douleur
En fonction des cas, des situations, la prescription comprend des antalgiques, des anti-inflammatoires,
des traitements locaux kinésithérapiques (électrothérapie) et des infiltrations.
L’OMS propose un schéma thérapeutique en 3 paliers :

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- Pour une douleur allant de faible à modérée : médicaments de palier I (antalgiques


périphériques (antalgiques non narcotiques [Ibuprofène, Diclofénac, acide niflumique, etc.],
paracétamol, anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS)
- Pour une douleur allant de modérée à sévère : médicaments de palier II qui vont associer un
antalgique central morphinique faible (codéine ou dextropropoxyphène) et un antalgique
périphérique comme le paracétamol
- Pour une douleur intense ou rebelle : médicaments de palier III, antalgiques centraux forts à
base de morphine :
➢ Respecter leur mode d’administration
➢ Privilégier la voie orale chez la PA
➢ Lorsque le soulagement est insuffisant, il existe des patchs dermiques qui agissent
vers la 8e heure avec une durée d’action pouvant aller jusqu’à 3 jours.
Rôle de l’infirmier : Surveillance : risque respiratoire et risque de constipation
Autres antalgiques :
- Les anticonvulsivants : pour les douleurs neurogènes
- Les benzodiazépines : ils ont une action anxiolytique et myorelaxante
- Les corticoïdes (anti-inflammatoires stéroïdiens) : ils sont utilisés dans le cas des pathologies
inflammatoires de type rhumatismal.
Sachant que le vieillissement biologique (diminution de la filtration glomérulaire, diminution de la masse
maigre au profit d’une masse grasse (adipeuse), hypoalbuminémie de dénutrition) modifie la
pharmacocinétique des antalgiques, la posologie des médicaments antalgiques est donc adaptée à ces
modifications physiologiques et/ou pathologiques afin d’éviter le surdosage.
Pour qu’un traitement antalgique soit efficace, l’infirmier doit veiller à ce que ces antalgiques soient pris
de façon régulière et à des heures fixes. Il ne faut pas attendre la réapparition de la douleur pour
redonner un antalgique. En même temps, il faudra surveiller l’apparition d’effets indésirables, qui sont
encore plus néfastes chez la PA.

Médicament de l’arthrose (diacéréine) :


- Action : inhibition de l’interleukine 1 qui altère le cartilage
- Indications : traitement symptomatique des manifestations fonctionnelles de l’arthrose
- Contre-indications : déconseillé en cas d’insuffisance hépatique sévère
- Effets indésirables : on peut avoir des diarrhées fréquentes, une coloration rougeâtre des
urines ;
- Substance : la diacéréine est administrée per os pour une durée de six mois au maximum. Un
délai de 30 à 40 jours est nécessaire avant de voir apparaître un effet antalgique.

b- Traitement d’entretien de la fonction articulaire


Il favorise la mobilisation avec massages, mais aussi l’utilisation d’aides à la marche (une canne
controlatérale soulage le genou en réduisant de dix fois la contrainte qui s’y exerce en appui unipodal
lors de la marche).

c- Traitement prothétique
Une articulation détruite peut être remplacée par une prothèse (hanche, genou, épaule, petites
articulations).

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L’arthrose représente un important domaine de la recherche. De nouvelles thérapeutiques apparaissent


avec des médicaments qui protègent les cartilages. Ils devraient même être capables, dans un futur
proche, de les régénérer. Des gels injectables sont actuellement à l’étude.

d- Rôle de l’infirmier
L’infirmier se doit :
- D’assurer le suivi des traitements, donner les conseils d’hygiène de vie, en l’occurrence :
• Bien utiliser sa canne
• Eviter l’excès de poids
- Expliquer au patient âgé comment gérer les crises douloureuses.
- De prendre en charge les étapes pré- et postopératoires éventuelles.
- D’accompagner psychologiquement les personnes atteintes d’une maladie qui n’est pas
mortelle, mais qui est chronique et handicapante dans le quotidien.
A l’installation
S’assurer que la personne est confortablement installée, utiliser préférablement des matelas ou des
coussins qui maintiennent la personne dans une position adaptée. Il faut se faire aider d’un kiné. Lors
des soins d’hygiène, favoriser une mobilisation douce de chaque articulation en dehors des crises
douloureuses.
Massages et relaxation
- Réaliser des massages doux
- Favoriser toutes les méthodes de relaxation (même les bains chauds)
- Mettre en place des ateliers de musicologie
Relation d’aide et écoute active
- Favoriser l’expression de la personne pour retrouver des ressources internes ou externes
- Préparer la visite du psychologue si nécessaire (en cas de douleur psychogène, de repli, etc.)
Resocialisation
- Favoriser le lien social
- Favoriser et respecter les temps de visite des membres de la famille ou d’amis.

Exercices de compréhension :
1- Définir les termes en gras
2- Repréciser le rôle de l’infirmier dans la prise en soin (PES) d’une PA souffrant d’arthrose.

Chapitre 4 : Arythmie
Prérequis : notions en cardiologie, en soins infirmiers en cardiologie

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Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de bien prendre en soin une
PA souffrant d’arythmie
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre les manifestations cliniques d’une ACFA
- Connaitre ses causes
- Connaitre le traitement d’une ACFA, surtout chez la PA

L’arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA) est le trouble du rythme cardiaque le plus
fréquent chez le sujet âgé. Sa prévalence est de 2 à 4% après 60 ans et de 50% au-delà de 90 ans.

1- Clinique
Cliniquement, sa présence est signalée par des palpitations, des lipothymies, des épisodes de
dyspnée. Mais, le plus souvent, elle est parfaitement asymptomatique et est découverte fortuitement
lors d’un examen médical. A l’auscultation, c’est l’irrégularité des bruits du cœur, qui peut parfois être
repérée par l’infirmier par la prise de la fréquence cardiaque au pouls radial, qui alerte le médecin.
Le diagnostic se fait sur l’ECG qui montre :
- Une absence d’onde P sinusale
- Des complexes ventriculaires irréguliers, souvent rapides (100/min)

2- Etiologie
On retrouve comme causes :
- La cardiopathie ischémique
- L’HTA
- L’hyperthyroidie. La correction de cette dysrégulation hormonale entraîne souvent un retour
spontané au rythme sinusal.

3- Traitement
Si l’arythmie est asymptomatique et que la PA ne présente aucun signe de complications, l’arythmie est
souvent respectée c’est-à-dire, elle ne constitue pas un problème de santé. Le risque ou le bénéfice du
traitement anticoagulant est délicatement discuté après 80 ans, car la marge entre l’apparition d’une
complication ou d’une normalisation du rythme sinusal est très étroite. La PA est habituellement traité
par aspirine à dose préventive cardiovasculaire (160mg/jr) sauf contre-indication.
Par contre, chez le sujet jeune, la régularisation de l’arythmie est importante à prendre en compte dès
sa survenue. Le rythme sinusal doit redevenir régulier. Pour cela, on utilise des médicaments
cardiotropes comme les digitaliques, l’amiodarone et ceux de la classe des inhibiteurs calciques.
Eventuellement, un choc électrique externe peut être nécessaire. Dès la découverte de l’arythmie, le
malade est mis sous traitement anticoagulant.
Le rôle de l’infirmier ici consiste à surveiller dans ce cas les effets du traitement anticoagulant.

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Exercices de compréhension
1- Définir les mots qui sont en gras dans le cours
2- Donnez deux exemples de digitaliques

Chapitre 5 : les Bronchopneumopathies


Prérequis : notions de soins infirmiers en pneumologie
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin une PA
présentant une broncho-pneumopathie
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de:
- Définir et présenter les manifestations cliniques d’une broncho-pneumopathie
- Connaitre et donner les causes d’une bronchopneumopathie
- Connaitre et pouvoir apporter un traitement efficace à une PA présentant une
bronchopneumopathie
- Réaliser des soins infirmiers de qualité chez ce type de patient

1- Définition
La bronchopneumopathie, qui est l’infection des bronches et du parenchyme pulmonaire, est une cause
importante de décès chez le sujet âgé. Sa fréquence est élevée, cycliques lors des épidémies (c’est-à-
dire, en fonction des épidémies elle est présente), mais aussi (c’est le plus grave) liée à des facteurs
propres au malade tels que:
- Une moindre résistance aux infections
- Une mauvaise qualité de ventilation
- Des difficultés de déglutition avec une grande fréquence de fausses routes (origine parfois
neurologique)
- Des régurgitations

2- Manifestations cliniques
Elle associe :
- Un état fébrile
- Une toux avec expectoration
- Une asthénie et une anorexie
- Enfin, une baisse rapide de l’état général.
La dyspnée et la polypnée sont fréquentes. A l’auscultation, on retrouve les signes caractéristiques d’un
foyer pulmonaire et/ou des râles bronchiques.
La radiographie du thorax, lorsqu’elle peut être réalisée dans de bonnes conditions, montre des
opacités parenchymateuses, systématisées ou non. Elle peut mettre en évidence, éventuellement,
d’autres facteurs (cardiaque, néoplasique, tuberculeux).

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3- Etiologie
Il convient de distinguer :
- La bronchopathie épidémique d’origine bactérienne (à pneumocoque) ou virale. Les
infections épidémiques à Haemophilus influenzae sont fréquentes chez les personnes
porteuses d’une BPCO (asthme, bronchite chronique, emphysème). Les infections à
staphylocoque doré sont plus fréquentes en milieu hospitalier. Leur traitement fait appel aux
antibiotiques et à la vaccination (antipneumocoque) recommandée chez les PA.
- La broncho-pneumopathie d’inhalation qui se produit lors de régurgitations (cas des
maladies œsophagiennes) ou de troubles de la déglutition. Les germes sont fréquemment des
bacilles à gram négatif (klebsiella pneumoniae) ou des germes anaérobies. L’antibiothérapie
(ATB) utilisée est différente de celle des pneumopathies épidémiques.

4- Traitement
Il consiste en :
- Une ATB large ou orientée si on dispose du germe responsable et de sa sensibilité
- Une réhydratation et une renutrition
- Une kinésithérapie respiratoire comprenant des aspirations et des exercices d’expectoration.

a- Soins infirmiers
Surveillance infirmière
Elle porte sur :
- Les différents paramètres : fréquence et amplitude respiratoires, température, pouls, pression
artérielle
- Le niveau de l’encombrement bronchique nécessitant parfois des aspirations bronchiques à
réaliser efficacement mais peu fréquemment pour éviter les irritations, une kinésithérapie
respiratoire pour faciliter le désencombrement et l’expectoration
- L’état d’hydratation de la personne.
Toutes ces données sont notées sur des feuilles de suivi, placées dans le dossier de soins.
Soins de prévention
Il convient :
- De s’assurer que la personne est suffisamment couverte
- D’éviter les fausses routes
- De conseiller le plus souvent possible aux personnes âgées de se faire vacciner (vaccin
antipneumococcique)
- De mener une politique de conviction sur la nocivité du tabac, ceci dans le but d’amener ceux
qui fumaient à arrêter.

Exercices de compréhension :

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M. NJINZEU

1- Donner la définition de BPCO


2- Donner les caractéristiques d’un foyer pulmonaire
3- Essayer d’expliquer pourquoi les infections à staphylocoque doré sont plus fréquentes en milieu
hospitalier.
4- Pouvez-vous essayer d’expliquer pourquoi la réhydratation intervient dans le traitement et la
surveillance infirmière d’une PA souffrant de bronchopneumopathie ?

Chapitre 6 : les Chutes


Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin, de façon
efficace, une PA victime de chutes.
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre les causes des chutes chez la PA
- Connaitre les conséquences des chutes chez la PA
- Réaliser ses soins infirmiers chez un patient âgé, victime de chutes

Les chutes sont trop fréquentes chez les personnes âgées. Leurs survenues doivent toujours être
considérées comme un évènement grave. Elles impliquent chez le médecin comme chez l’infirmier, de
ne jamais banaliser la chute chez le sujet âgé. Il faut garder à l’esprit qu’après 65 ans, la survenue
d’une chute doit inciter le praticien à déterminer sa cause, à rechercher ses complications directes et
indirectes, et prévenir les très probables récidives (prochaines chutes).
La prise en charge de leurs causes et conséquences doit rester une priorité permanente.

1- Causes
On peut les repartir en causes extrinsèques et intrinsèques.
a- Causes extrinsèques
Tous les éléments de l’environnement sont à examiner :
- L’état des chaussures en premier, facteur fréquent d’instabilité et de chutes
- La présence de tapis, de sols glissants, d’inégalités de terrain, d’escaliers peu accessibles, de
seuils de porte, etc.
- L’éclairage : c’est un élément très important car plus le sujet vieillit, plus il a besoin de
distinguer les éventuels obstacles

b- Causes intrinsèques
Chute avec malaise
L’origine est soit cardiovasculaire (trouble du rythme, hypotension), métabolique (hypoglycémie) ou
neurologique (accident vasculaire transitoire, absence d’épilepsie).

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Chute sans malaise


A l’examen médical, on apprécie en premier l’état des pieds, à la recherche de déformations ; la
mobilité des chevilles, des genoux et des hanches à la recherche d’une quelconque raideur. On
recherche ensuite une maladie de Parkinson, un syndrome post-chute (encore appelé régression
psychomotrice), dont l’existence est à la fois la cause et la conséquence des chutes (ce syndrome est
très fréquent).
La psychomotricité peut être touchée. Elle est examinée par des tests d’équilibre et de marche dont les
perturbations évoquent des diagnostics précis.
Enfin, ne pas oublier de procéder à un examen ophtalmologique car la vue est un élément majeur dans
l’équilibre, la baisse de l’acuité visuelle étant souvent en cause.

Chute avec ou sans malaise


La prise médicamenteuse est à suspecter car de nombreuses molécules sont potentiellement
responsables de chutes.

2- Conséquences
Elles peuvent découler sur des traumatismes de deux ordres :
a- Traumatismes physiques
Traumatismes bénins
Ils entrainent une immobilisation temporaire qui ne saurait être exempte de risques
Fractures
Les plus fréquentes sont :
- Les tassements vertébraux
- Les fractures du poignet
- Les fractures de l’humérus
- Les fractures du col du fémur. Bien que ces dernières soient maintenant facilement opérables,
elles sont plus graves en raison du pronostic vital qu’elles mettent en jeu.

b- Traumatisme psychologique
La PA qui tombe peut présenter un syndrome « post-chute ». Ce dernier associe des signes physiques
(rétropulsion, collage au sol, hypertonie) et une anxiété dans laquelle prédomine la peur de retomber.
Ils disparaissent en position allongée. Les conséquences sont importantes. La peur de retomber peut
aller jusqu’à la panique à l’idée d’être en position debout. Le simple fait de se rappeler de la douleur
passée lors du choc effraie la personne âgée qui peut sombrer dans un ESPT (état de stress post-
traumatique). Ainsi, le refus de se déplacer peut aussi conduire à un état grabataire.

3- Complications des chutes


Elles peuvent être :

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- Mécaniques - Sociales
- Traumatiques - Perte d’autonomie pour les activités de
- Métaboliques la vie quotidienne
- Psychomotrices - Admission en institution, maison de
- Psychologiques retraite

4- Prise en charge thérapeutique


Le médecin met en route une enquête étiologique comprenant :
- La vérification des médicaments prescrits ou non (automédication)
- La prise de la TA couché, assis et debout ; une chute de plus de 20 mmHg avec malaise
signale une hypotension orthostatique
- Une enquête cardiologique, neurologique, métabolique
- Une évaluation des conséquences psychologiques de la chute et ses répercussions dans le
contexte social (la vie sociale du patient)
- Un examen de la marche et de l’équilibre à partir des tests de Tinetti. Ce test analyse l’équilibre
au cours de diverses situations de la vie quotidienne.

5- Soins infirmiers
Au moment de la chute
Il faut :
- S’assurer de la permanence des fonctions vitales (pouls, respiration, éveil)
- Rassurer la personne, quelle que soit la situation
- Vérifier l’intégrité osseuse du sujet avant de le relever (éviter de le relever brusquement, de
peur qu’en cas de fracture l’on aggrave le traumatisme)
- Prévenir le médecin

Dans un 2e temps
• Assurer le traitement médical selon les prescriptions (médicaments, rééducation)
• Vérifier l’état des chaussures et des lunettes (adaptation, propreté).
• Procéder à un examen de l’environnement :
- Obstacles à supprimer (s’il y en a, les éliminer)
- Barres d’appui à placer (dans les WC par exemple)
- Eclairages à modifier, etc.

• Envisager les aides personnelles à mettre en place :


- Aide à domicile (si possible)
- Aide à distance (en institution ou à domicile, usage des téléalarmes ou sonnette)

• Penser à la mise en place éventuelle d’aides à la marche (cannes, déambulateurs).


• Participer à la stimulation à la marche pour prévenir d’autres chutes
- Accompagner le sujet
- Rassurer le sujet
- Savoir faire les bons gestes pour le sécuriser : se tenir à côté et non devant la PA par exemple.

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- Proposer de fréquents déplacements et plus tard des marches quotidiennes.

• Mettre en place un plan de soin guide « risque de chute ».


Pour résumer, voici la CAT devant un cas de chute d’une PA :

Exercices de compréhension
1- Définir les termes qui sont en gras dans le cours
2- Parlant des tests de Tinetti, ils concernent la marche et l’équilibre. Présenter dans un tableau,
les tests de marche et d’équilibre de Tinetti

Chapitre 7 : Fractures de l’extrémité


supérieure du fémur (FESF)
Prérequis : anatomie de l’appareil locomoteur
Objectif général : à la fin de cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin efficacement
une PA victime d’une fracture de l’extrémité supérieure du fémur.
Objectifs spécifiques : de manière spécifique, il devra être capable de :
- Reconnaitre les signes cliniques d’une FESF du fémur
- Connaitre le traitement approprié pour une FESF
- Apporter des soins infirmiers de qualité à une PA victime d’une FESF

Les FESF sont directement en rapport avec la fréquence des chutes et la fragilité osseuse
(ostéoporose).

1- Clinique

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Application des SI en Gériatrie
Après une chute, même minime, la personne se plaint :
- De douleurs (typiquement situées au pli de l’aine)
- D’une impotence fonctionnelle
- D’une attitude du membre inférieur en rotation externe avec un raccourcissement du membre
atteint.
Attention toutefois aux PA atteintes de démence qui peuvent ne pas déclarer leur douleur suite à une
chute.

2- Radiologie
Elle confirme la fracture et son type exact :
- Fracture vraie du col du fémur : son degré de déplacement est alors apprécié selon la
classification de Garden ;
- Fracture trans-trochantérienne, plus ou moins déplacée.

3- Traitement
Il est en principe chirurgical. Seules des personnes en extrême fin de vie, ou totalement impotentes
avec un fracture non déplacée, ne sont pas opérées. Toutefois, l’intervention est toujours préférable, car
elle assure un nursing indolore. Elle est bien sûr à réaliser avec le consentement éclairé de la PA ou de
la personne de confiance.
Deux grands types de chirurgie sont effectués :
- Ostéosynthèse : l’intervention, après réduction, c’est-à-dire remise en place des surfaces
osseuses, s’effectue avec des clous, des plaques ou des vis ;
- Arthroplastie : l’intervention assure un remplacement prothétique de la tête du fémur seule
(prothèse céphalique) ou de la tête et du cotyle (prothèse totale de hanche).

4- Soins infirmiers
Nursing
C’est la clé de la survie et de la récupération fonctionnelle du sujet âgé.
Prendre en considération :
- Le traitement de la douleur : il est prioritaire
- L’hydratation : elle est adaptée aux besoins. Elle peut aussi se faire avec des perfusions sous-
cutanées si l’état du sujet le nécessite.
- La prévention d’escarres : elle impose une installation adéquate, vérifiée toutes les 2 heures,
sans cesse corrigée, en tenant compte des impératifs qu’impose une prothèse. Elle utilise
toutes les possibilités de matelas et de coussins.
- La prévention de la thrombose veineuse : injecter l’héparine de bas poids moléculaire en sous-
cutané, sur prescription, et s’assurer de la pose de bas de contention dès les premiers levers.
- La nutrition : elle est suivie soigneusement de même que les apports de suppléments
protidiques (préparations liquides ou gels enrichis)
- La prévention de la constipation et de la rétention d’urines : ces complications sont fréquentes
dans cette pathologie. Veiller à noter la quantité et la fréquence des selles et des urines ;

21
Application des SI en Gériatrie
s’assurer que le patient reçoit un régime suffisamment riche en fibres et une hydratation
suffisante (1,5 l/jr) ; demander au besoin la prescription de laxatifs doux.

Aspects fonctionnels
La mobilisation est précoce, dès le 1er jour postopératoire. Elle est douce, indolore et répétée. Le lever
est aussi précoce que possible, avec appui (si le chirurgien l’autorise) et suivi d’une confortable
installation au fauteuil.
Dès que possible, l’opéré est confié au kinésithérapeute qui le remet en position verticale et lui
réapprend à marcher.
Pour le maintien de l’état général :
- Veiller à la propreté de la plaie opératoire
- Surveiller les constantes en vue de détecter un état infectieux ou une thrombose veineuse
- Faire tousser et respirer le patient en s’aidant, si nécessaire, d’un petit spiromètre.
Penser également au facteur psychique de l’opéré. La fracture est souvent vécue par les PA comme le
« début de la fin ». Le rassurer, lui redonner confiance sur les possibilités fonctionnelles de son corps.
Ce sont des éléments relationnels importants de la prise en charge. Dans certains cas, un traitement
psychothérapeutique apporte une aide au travail de kinésithérapie.

Prévention de la rechute
Une bonne prise en charge assure et évalue :
- Un traitement conjoint de l’ostéoporose
- Des conseils pour la vie quotidienne afin d’éviter d’autres chutes (chaussures fermées
adaptées, supprimer les tapis…)
- La réinstallation du domicile en fonction du handicap de la personne (pour les personnes
porteuses de prothèse, de barres d’appui, etc.)
- La prescription d’aides à la marche (canne, déambulateur, fauteuil roulant) ou d’autres objets
ergonomiques utiles (pince pour ramasser un objet au sol, enfile-bas, etc.).
A noter qu’une personne ayant chuté rechute une fois sur trois (1/3) par peur de tomber.

Education du patient porteur de prothèse


Expliquer et montrer ce qu’il faut faire.
Montrer les mouvements de flexion, d’adduction et de rotation interne interdits.
Signaler qu’au lit, il faut éviter de croiser les jambes. Préciser que la personne peut dormir sans
problème sur le côté opéré mais doit mettre un coussin entre les genoux si elle dort du côté non opéré
pendant les premières semaines.
Pour le lever, préciser qu’il se fait du côté opposé à la prothèse, que la personne doit tendre les jambes,
serrer les genoux en se redressant. S’informer de la qualité de la literie et expliquer au besoin les
risques d’un lit bas et mou. Au lit, la personne opérée doit aussi éviter de venir prendre quelque chose
au pied du lit : relever une couverture par exemple.

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Application des SI en Gériatrie
Pour se chausser, expliquer à la PA qu’elle doit s’asseoir, se chausser, puis se lever en s’aidant des
membres supérieurs.

Pour la toilette, conseiller au patient de s’asseoir le plus possible, d’équiper la douche (préférable au
bain) de tapis antidérapants et de barres d’appui, de siège-douche. En ce qui concerne les W-C,
expliquer que les cabinets à la turque sont à éviter. Qu’il faut aménager les toilettes (rehausser les W-C,
poser une barre d’appui, etc.)
Pour l’habillement, insister sur le fait de ne pas mettre un slip ou un pantalon en se tenant sur un pied.
Enfin, expliquer au patient que, dans la journée, il doit éviter de s’asseoir sur un fauteuil trop bas ou de
rester debout trop longtemps, de faire un demi-tour en appui sur le côté de la prothèse.

Chapitre 8: Escarres
Prérequis : soins infirmiers en dermatologie
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prévenir et de traiter les
escarres chez une PA
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra :
- Connaitre les stades évolutifs et les principales localisations des escarres
- Connaitre les facteurs de risque de survenue des escarres chez la PA
- Connaitre le traitement et apporter des soins infirmiers de qualité chez une PA ayant des
escarres

1- Description
L’escarre est un trouble trophique cutané et sous-cutané. C’est une lésion ischémique tissulaire liée à
une compression prolongée des tissus contre un plan dur. Le temps de compression et la force de
compression sont des éléments déterminants d’apparition de l’escarre.

a- Stades évolutifs
Altération
On décrit 5 stades :
- Stade 0 : sujet à risque et documenté
- Stade 1 : rougeur de la peau
- Stade 2 : ouverture cutanée avec atteinte de l’épiderme et du derme
- Stade 3 : nécrose sèche ou humide avec destruction du tissu sous-cutané
- Stade 4 : destruction des muscles, mise à nu de l’os.
Reconstruction
Lors de la reconstruction tissulaire, les stades évolutifs sont :
- L’escarre constituée

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- L’escarre détergée
- L’escarre au stade de la granulation
- L’escarre cicatrisée avec épidermisation
Si l’évolution est négative, l’escarre peut s’aggraver ou être récidivante.

b- Bactériologie
L’escarre infecté est rare mais nécessite un traitement par voie générale s’il est nocif et prédominant.
Dans ce cas, l’escarre s’accompagne généralement d’une rougeur et d’un œdème des tissus
environnants et de signes généraux (fièvre, etc.). La colonisation bactérienne de l’escarre est
physiologique.

c- Localisations
L’escarre survient sur des localisations préférentielles :
- Le sacrum
- Le trochanter
- L’ischion
- Les malléoles
- Les talons

2- Facteurs de risque

Les pressions prolongées, avec leurs corollaires que sont les frictions et les macérations, provoquent
des lésions chez les sujets à risque. En l’occurrence lorsque les personnes sont en situation de :
- Restriction de mobilité : c’est le premier facteur de risque. Ses causes sont multiples :
paralysies, douleurs, perte de sensibilité, excès de médications, fractures ;

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Application des SI en Gériatrie
- Fragilité de la microcirculation locale : elle favorise l’apparition d’escarres. Il s’agit des effets
conjugués du vieillissement et de la pathologie (artérite, chutes tensionnelles, anémies)
- Diminution du matelas graisseux et musculaire : c’est un facteur important. Elle est
partiellement liée au vieillissement mais surtout à l’état nutritionnel, facteur primordial de la
protection tissulaire.
- Facteurs cutanés locaux : ils peuvent jouer un rôle comme le dessèchement de la peau
(habituel avec l’âge), une plus grande sensibilité aux infections (en cas de macération, par
exemple) et aux phénomènes d’étirement et de frictions ;
- Etat psychique anormal : chez le sujet âgé, c’est un facteur de risque ; suivre attentivement les
sujets dépressifs, ceux en régression ou en état confusionnel.

3- Prévention
Elle repose sur :
- Le traitement des pathologies constituant des facteurs de risque après évaluation attentive et
planifiée ; l’équipe de soins insiste sur la nutrition et la mobilisation
- La mise en place de supports appropriés comme les matelas anti escarres et les coussins
- Le changement de position toutes les trois heures, chez le sujet à risque, à augmenter si un
début de rougeur apparaît.
Seul l’effleurage a une véritable incidence bénéfique sur la circulation locale. Le massage des parties
molles est contesté : il altère la microcirculation sanguine.

4- Evaluation du risque
Cette étape est essentielle afin de prévenir l’apparition d’escarres. Il existe plusieurs échelles
d’évaluation du risque préconisées par la conférence de consensus de 2001 :
- Norton (1962) : la plus utilisée, validée pour les âges >65 ans.
- Waterlaw (1985) : validée pour tous les âges
- Braden et Bergström : validée par conférence de consensus de l’ANAES

5- Traitement
Il comporte, outre l’application des trois mesures prises en prévention :
- Matelas : les soignants choisissent les supports les plus appropriés
- Mobilisation et suppléments nutritionnels protidiques systématiquement
- Soins locaux associant détersion, absorption des exsudats, cicatrisation, lutte éventuelle contre
l’infection, selon le stade évolutif et le degré de l’escarre.
- Les soins sont appliqués selon des protocoles de service.

a- Chirurgie
Elle peut se faire à différents stades de l’escarre. Une détersion chirurgicale des tissus nécrosés
favorise le bourgeonnement et la cicatrisation. Des greffes cutanées peuvent être envisagées pour
augmenter la cicatrisation. La chirurgie est limitée en fonction de l’état général de la personne,

25
Application des SI en Gériatrie
notamment de son état cutané et de ses capacités d’adopter dans un premier temps une position
évitant toute pression sur le tissu greffé.

b- Soins infirmiers
Installation
Si la situation médicale de la personne le permet, effectuer des changements de position à intervalles
réguliers, toutes les 2 ou 3 heures. Ils diminuent les pressions sur les proéminences osseuses et
favorisent la vascularisation tissulaire. Pour cela, placer la personne en décubitus dorsal, puis latéral
droit, puis latéral gauche, puis ventral. Cette dernière position est plus difficile chez une personne âgée
car elle limite la fonction respiratoire. Chaque position et le temps seront inscrits sur la feuille de suivi.
S’assurer régulièrement que les draps du lit sont secs et ne présentent aucun pli ou ne contiennent
aucun corps étranger (miettes de pain, vêtements, matériel médical, etc.). Attention : des draps trop
tirés constituant un plan dur.
Favoriser le lever et la mise au fauteuil, même pour un temps court, et ce, le plus tôt possible. Les
précautions d’installation de la personne sont là encore indispensables. Un coussin sous le siège limite
la pression sacrée.
Noter les actes sur une grille de changement de position. La feuille est jointe au dossier de soins.

Hygiène corporelle
La peau de la personne doit être propre et sèche. Inspecter les plis cutanés et vérifier qu’ils sont bien
séchés.
En cas de sueurs ou d’incontinence urinaire et/ou fécale, mener une surveillance rapprochée. La
personne est changée dès qu’elle est souillée. Lorsqu’une escarre apparaît et que la personne souffre
d’incontinence, protéger la plaie avec un pansement imperméable afin d’éviter toute surinfection. Chez
l’homme, le port d’un étui pénien peut limiter les risques de macération. De même, lors d’épisodes e
diarrhées très liquides, une sonde rectale connectée à un sac collecteur peut aider à protéger la peau
au niveau du siège.

Effleurages
Ils sont préventifs. Ils servent à favoriser le confort et le bien-être de la personne.
Les massages sur une zone érythémateuse avec pétrissage et décollement cutanés sont à proscrire. Ils
aggravent la destruction cutanée.
L’effleurage est doux, réalisé à mains nues car l’utilisation de gants en matière plastique ou caoutchouc
brûle la peau. Il intéresse tout particulièrement les zones très exposées (occiput, épaules, hanches,
sacrum, genoux, coudes, talons, malléoles). Des crèmes ou des huiles peuvent être utilisées pour
favoriser l’effleurage. Mais ces produits sont des médicaments et ne peuvent être utilisés que dans le
cadre de prescriptions médicales ou de l’application d’un protocole. Les produits contenant de l’alcool
(alcool modifié, eau de Cologne) ou les produits colorés sont à proscrire. Les premiers assèchent la
peau et les seconds masquent l’état cutané.

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Application des SI en Gériatrie
Alimentation et hydratation
S’assurer que l’alimentation est hyperprotidique et hypercalorique. Cependant, tenir compte des goûts
de la personne et de ses différentes difficultés (troubles de la déglutition, édentement).
Pour éviter des repas au volume trop important qui écœurent la personne, ceux-ci sont fractionnés (5 à
6 repas/jr).
Eventuellement, le médecin peut décider de poser une sonde nasogastrique ou une sonde percutanée
(gastrotomie percutanée endoscopique).
La déshydratation est un risque important chez la PA. S’assurer d’un apport hydrique de 1,5L/jr,
absorbé par petites quantités en restant vigilant aux fausses routes (utilisée de l’eau gélifiée si besoin)
Procéder au besoin aux soins de bouche pour l’hygiène buccodentaire, une hydratation des muqueuses
et un confort de la personne.

Matériel de prévention
De nombreux types de matelas vont contribuer à la prévention des escarres :
- Les mousses creusées permettent de maintenir les talons ou l’occiput dans le vide, donc sans
pression
- Les mousses et les coussins servent à maintenir confortablement la personne dans les
différentes positions. Glissés entre les genoux, ils limitent les pressions et les frictions.
Ces supports nécessitent une surveillance accrue des points d’appui. Ils peuvent constituer un plan dur.

Pansements
Le nettoyage de la plaie est réalisé au sérum physiologique, l’usage des antiseptiques est à proscrire.
Un nettoyage à l’eau stérile est douloureux.

Soins d’escarres
Les soins proposés ici sont consensuels. Se référer avant tout aux protocoles établis dans la structure.
Face aux risques d’escarres, le rôle infirmier préventif est fondamental. Une analyse très précise de la
situation de la personne et une connaissance parfaite de ses facteurs de risque permettent, en
collaboration avec les autres soignants, de proposer un projet de soins individualisé. La réussite du
projet, donc l’absence d’apparition d’escarres, dépend en grande partie de la rigueur et de la continuité
avec laquelle les soins sont prodigués.
L’escarre épuise et fait souffrir la personne. Demeurer vigilant quant à l’apparition d’une douleur. Un
antalgique préventif prescrit par le médecin est souvent indispensable avant de faire un pansement.

Exercices de compréhension
1- Citez les stades évolutifs de l’escarre :
- Lors de l’altération
- Lors de la reconstruction

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Application des SI en Gériatrie
2- Quelles sont les zones où apparaissent le plus les escarres ?
3- Citez les échelles qui permettent d’évaluer le risque d’escarre
4- En quoi consistent les soins infirmiers chez une PA ayant des escarres ?

Chapitre 9 : confusion mentale


Prérequis : cours de psychologie
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de bien prendre en soin un
cas de confusion mentale de la PA
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre les signes cliniques d’une confusion mentale
- Donner les causes d’une confusion mentale
- Apporter un traitement et des soins infirmiers de qualité à une PA victime de confusion mentale

1- Définition
La confusion mentale fait partie des syndromes cérébraux organiques. Elle se caractérise par un
désordre cognitif majeur, d’installation rapide (de quelques heures à quelques jours). Médicalement, il
importe de la différencier d’un état démentiel.

2- Clinique
Dès le début, on retrouvera les signes suivants :
- Une désorientation temporo-spatiale
- Des troubles de la mémoire
- Une perturbation de la capacité d’attention
- Une perturbation du cycle veille-sommeil
Les fausses reconnaissances, les hallucinations, les idées délirantes sont fréquentes.

3- Etiologie
On distingue les causes organiques et les causes médicales
Cause organiques
L’état confusionnel est déclenché par des causes organiques survenant chez des sujets en général
fragilisés par des facteurs prédisposant du type :
- Altérations sensorielles de la vue ou de l’ouïe
- Terrain anxieux
- Evènements intercurrents qui renforcent le sentiment d’angoisse tels les changements dans
l’environnement matériel ou personnel du sujet.
Causes médicales

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Application des SI en Gériatrie
On peut citer :
- Les infections (température élevée)
- Les troubles métaboliques : déshydratation, hyponatrémie, hypokaliémie, hypo- ou
hypercalcémie, acidocétose, hyperuricémie
- L’insuffisance rénale ou hépatique
- L’anémie, l’hypoxémie par insuffisance respiratoire
- La dysthyroïdie
- Une prise de médicaments (effets iatrogènes) : antidépresseurs, anticholinergiques,
barbituriques, digoxine, corticoïdes, avec surdosage ou interactions médicamenteuses
- Les maladies cérébro-vasculaires : AVC, hématome sous-dural, épilepsie, tumeur
- Les pathologies cardiaques : dysrythmies, infarctus
- La postchirurgie, la posthanesthésie
- Des éléments divers : rétention d’urine, constipation

4- Diagnostic
Le diagnostic repose surtout sur l’interrogatoire de l’entourage qui retrouve le caractère récent des
troubles et les facteurs déclenchants. L’examen physique détermine parfois le caractère organique de la
cause.
Les examens biologiques éliminent un dysfonctionnement thyroïdien, métabolique ou hématologique.
L’électroencéphalogramme peut aussi révéler des signes d’épilepsie ou des signes d’origine
métabolique.
Si une chute a été évoquée, le scanner est particulièrement utile pour éliminer un hématome sous-
dural. Mais il peut aussi montrer un AVC passé cliniquement inaperçu.
Une échographie ou un sondage est systématiquement réalisé par le médecin pour éliminer une
possible rétention urinaire.

5- Traitement et soins infirmiers


Le traitement vise d’abord la cause lorsqu’elle est retrouvée (rôle propre et rôle sur prescription).
Il faut toujours tenir compte des dispositions cognitives de la PA : respecter son rythme, agir avec
douceur et sans ambiguïté (je sais ce que je dois faire et je ne change pas à la dernière minute).

*Environnement rassurant et stable


• Environnement calme et bien éclairé.
• Accueil chaleureux, si possible dans une chambre seule. Eviter les transferts de chambre, d’unité de
soins. La stabilité diminue le stress. La PA ne peut plus s’adapter.
• Assurer du personnel stable
• Atmosphère calme autour de la personne, éviter les mouvements brusques et les stimuli nocifs (TV
bruyante)
• Etablir des routines
• Eviter tout désordre de l’environnement

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Application des SI en Gériatrie
• Pas de contention physique sans prescription

*Au niveau de la prise en charge psychique


• Favoriser le contact avec la réalité ne pas entrer dans son délire
• Appeler la personne par son nom ou par celui qu’elle préfère
• Se présenter autant de fois que nécessaire
• Rappeler la date et l’heure, le temps qu’il fait, ce que l’on fait afin de donner un cadre
• Placer des objets familiers dans la chambre : éphéméride, horloge… Ne jamais enlever un objet sans
l’accord de la PA
• Surveillance des troubles du sommeil

*Favoriser la communication
Il faut toujours créer un climat de confiance.
Verbale ou non verbale : même si la PA ne comprend pas toujours le sens des mots, elle est sensible
au climat qui entoure ces mots.
Les PA sont très sensibles à l’attitude et au regard :
• Choisir un moment propice aux échanges (toilette)
• Se placer à hauteur physique de la personne
• Chercher à obtenir un contact visuel
• Attention à l’intonation de la voix
• Ne pas infantiliser la personne
• Donner des ordres simples avec des phrases courtes, en parlant lentement
• Ecouter peut être suffisant

*Au niveau de la prise en charge physique


Promouvoir le plus longtemps possible l’autonomie dans les actes de la vie quotidienne.
• Stimuler et superviser
• Valoriser
• Surveiller et maintenir l’autonomie dans l’élimination (mise en place de routine d’élimination)
• Favoriser le plus possible, les repas plaisir : prise en compte des envies, des besoins. Utiliser les
capacités restantes

*Surveillance de la prise en charge médicamenteuse


• Vérifier la prise

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• Vérifier l’efficacité et réévaluer (le ttt est-il encore nécessaire ?)

*Evaluation
Evaluer si les actions mises en place ont eu un effet sur la PA.

En conclusion :
Ne pas oublier l’importance du travail en équipe.
Le fait d’aborder ce type de patient requiert des qualités particulières :
• empathie,
• patience,
• congruence entre la parole et le geste,
• constance dans la façon de prodiguer des soins,
• attitude instaurant douceur, calme et patience
• au fil du temps développement de compétences

Exercices de compréhension
1- Quelles sont les causes médicales de confusion mentale chez la PA ?
2- Quelle est la clinique d’une confusion mentale chez la PA ?
3- En quoi consiste le rôle de l’infirmier dans la thérapeutique de la confusion mentale chez la
PA ?

Chapitre 10 : Troubles nutritionnels


Prérequis : cours de nutrition
Objectif général : à la fin de ce cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin
efficacement une PA souffrant de trouble nutritionnel.
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Diagnostiquer un trouble nutritionnel chez la PA
- Evaluer l’état nutritionnel d’une PA
- Prendre en soin un trouble nutritionnel
La malnutrition est fréquente dans la population âgée : 4 à 10% des sujets de plus de 65 ans au
domicile, 30 à 50% des sujets de plus de 65ans hospitalisés ou vivant en maison de retraite. Les
problèmes nutritionnels que présentent ces patients sont malheureusement trop fréquemment relégués
au second plan alors que le maintien d’un état nutritionnel adapté est souvent décisif pour l’évolution
globale de la santé et de la qualité de vie du sujet âgé fragile, qu’il soit à domicile ou en milieu
hospitalier.

31
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Notons que les patients dénutris guérissent moins vite, récupèrent plus lentement et développent
davantage de complications, d’où l’importance de pouvoir bien prendre en soin ce problème, surtout
chez les PA.

1- Types de dénutrition
Ils sont essentiellement de deux ordres :
- La dénutrition par manque/insuffisance d’apports : c’est le cas lors de dépression, de
solitude, de pauvreté, mais aussi lors de maladies empêchant toute alimentation (atteintes
neurologiques) ou diminuant l’absorption (atteintes digestives). La malnutrition par excès est
rare ; la plus fréquente est la dénutrition protéinoénergétique aussi appelée malnutrition
protéinoénergétique.
- La dénutrition par hypercatabolisme : elle est liée à des maladies aiguës ou chroniques avec
syndrome inflammatoire.

2- Causes de la dénutrition
Certaines incapacités chroniques empêchent le sujet âgé de pourvoir seul à ses besoins alimentaires
(paralysies, cécité, démence).
Parfois, les moyens financiers réduisent les capacités d’achats alimentaires. La solitude favorise un
laisser-aller nutritionnel. La perte de dents et/ou l’incapacité d’avaler accentuent la difficulté de mâcher.
Il ne faut pas oublier qu’il y a une diminution du goût et de l’odorat. Les sécrétions salivaires comme la
sécrétion acide de l’estomac diminuent. La motilité intestinale se ralentit.

3- Besoins nutritionnels
Il est établi que les besoins nutritionnels restent les mêmes durant toute la vie adulte. Seuls les besoins
énergétiques, qui sont directement liés à l’activité, diminuent. Ainsi, les PA ont besoin des mêmes
apports en protéines, en sucres, en lipides, en vitamines que les plus jeunes, sans oublier les fibres, les
sels minéraux dont le calcium nécessaire à la prévention de l’ostéoporose, les oligo-éléments et une
hydratation suffisante.
Le danger de la dénutrition est important surtout lorsque la PA se met à réduire de façon conséquente
ses apports et surtout lorsqu’elle privilégie un seul type d’aliments (sucré en général) comme le café au
lait, au détriment de la variété qui permet l’équilibre alimentaire.
Voici les apports quotidiens recommandés :
- 1800kcals pour les femmes
- 2000kcals pour les hommes
- 35kcal/kg de poids par jour
- Une répartition quotidienne équilibrée contient :
• 12 à 15% de protides, cela correspond chez la personne âgée à 1,0-1,2 g/kg/j
• 55 à 60% de glucides
• 30 à 35% de lipides

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Une consommation inférieure à 1500 kcal par jour ne peut couvrir les besoins en vitamines et minéraux.

4- Evaluation de l’état nutritionnel


Elle fait partie de l’examen clinique de la PA. Elle est indispensable à l’élaboration d’une stratégie
thérapeutique.
Recueil d’informations
Il se fait grâce à une enquête alimentaire. Toutefois avec l’âge, les troubles de la mémoire et de
l’attention lui donnent peu de fiabilité. C’est pourquoi le personnel soignant doit recueillir avec précision
les apports journaliers pris par la personne (bilan entrées-sorties), et la diététicienne peut calculer à
partir de ces données ce que la personne ingère exactement. L’information peut être apportée par les
proches.

Pesée ou mesures anthropométriques


Le poids corporel est un élément important, non pas tant pour lui-même que pour son évolution. La
constatation d’une perte de poids doit rendre attentif à la nutrition. Le poids est habituellement corrélé à
la taille par l’indice de masse corporelle (IMC (kg/m2) – poids (en kg) sur taille (en m) au carré [P/T2]).
Cette indice est aussi appelé BMI (Body Mass Index). Les plis cutanés (pli tricipital, pli sous-scapulaire)
indiquent l’importance des réserves adipeuses (peu utilisé en pratique courante). En revanche, les
circonférences brachiales ou du mollet apportent une estimation de la masse musculaire, principal
composant de la masse maigre (peu réalisé en pratique courante).

Analyses biologiques
Elles précisent les valeurs de :
- L’albumine : qui reflète l’état de santé global de l’organisme
➢ 3 seuils pathologiques sont reconnus :
▪ Malnutrition modérée : entre 30 et 35 g/l
▪ Malnutrition sévère : inférieur à 30 g/l
▪ Malnutrition grave : inférieur à 25 g/l

- La pré-albumine : abaissée dans les malnutritions et les inflammations et très sensible à la


renutrition.
➢ 3 seuils pathologiques sont reconnus :
▪ Malnutrition modérée : inférieur à 200 mg/l
▪ Malnutrition sévère : inférieur à 150 mg/l
▪ Malnutrition grave : inférieur à 100 mg/l

Les différents paramètres permettant l’évaluation d’une situation de malnutrition protéinoénergétique


peuvent être rassemblés sous la forme de grilles d’évaluations standardisées. La plus fréquemment
employée est la Mini Nutritional Assessment (MNA).
Le MNA est une grille de remplissage rapide. Il est également didactique en ce sens qu’il permet de
mettre en évidence les facteurs de risque de dénutrition à prendre en charge. Il est divisé en 2 parties :

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- Une partie de dépistage composée de 6 items
- Une partie d’évaluation globale comprenant 12 items.
Le score total obtenu est sur 30 points. Ainsi, en fonction du score, plusieurs situations peuvent être
identifiées :
- Score supérieur à 24 : bon état nutritionnel
- Score compris entre 17 et 23,5 : il existe un risque de dénutrition (une prise en charge rapide
et efficace à ce stade est de bon pronostic)
- Score inférieur à 17 : situation de malnutrition protéinoénergétique. Le traitement est alors
étiologique à chaque fois que cela est possible (une renutrition énergétique doit être entreprise
en urgence).

5- Traitement
C’est d’abord celui des causes :
- Traitement antidépresseur
- Resocialisation
- Rééquilibrage des rations alimentaires
- Traitement de la maladie provoquant l’hypercatabolisme ou le manque d’apports.
C’est ensuite la renutrition entérale si elle est possible, avec apports de suppléments protéinés sous
forme :
- De plats enrichis
- De suppléments liquides hyperprotéinés
- De collations
La renutrition associe des aides médicamenteuses prescrites de fer, de vitamines ou de calcium.
En cas de maladie aiguë par exemple, la renutrition peut être parentérale. Elle est proposée
uniquement dans le cas où la voie entérale n’est pas utilisable. Les apports se font alors par voie
intraveineuse. Ils nécessitent la mise en place d’un cathéter central.
De plus, la nourriture liquide donnée par sonde gastrique impose des conditions d’administration
précises :
- En position semi-assise
- Des « passages » en débits réguliers, d’où la nécessité d’un régulateur de débit ou d’une
nutripompe
- Une administration de l’alimentation à température ambiante
- Une surveillance des reflux, surtout s’il existe des troubles de la déglutition.
Pour des PA refusant volontairement l’alimentation, un questionnement éthique est alors nécessaire.

6- Prévention
C’est la base du traitement. Elle repose en grande partie sur toute l’équipe soignante, que ce soit à
l’hôpital, en institution ou à domicile.
- Informer les PA sur les règles élémentaires d’hygiène alimentaire. Au besoin, les lui répéter
patiemment.

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- Créer des ateliers pour apporter les connaissances de base.
- En accord avec le médecin et la diététicienne, corriger la dénutrition à ses débuts.
- Signaler au médecin les alimentations aberrantes.
- S’assurer que la nutrition correspond aux désirs de chaque individu et qu’elle est donnée dans
le cadre de soins personnalisés.

7- Soins infirmiers
Equilibre alimentaire
Réfléchir avec l’équipe pluridisciplinaire pour établir un projet regroupant des objectifs tels que :
- La lutte contre la malnutrition
- L’assurance d’une alimentation optimale (tant en qualité qu’en quantité)
- Le maintien de la socialisation
- La garantie des repères dans le temps et l’espace
- La conservation de la notion de plaisir associé aux repas
Pour chaque individu :
- Etablir des fiches selon ses goûts alimentaires
- Fractionner les repas (4/jr au minimum) en respectant un délai de trois heures entre chaque
prise alimentaire : la PA se rassasie beaucoup plus rapidement que le sujet jeune ;
- Se rappeler que ses besoins énergétiques sont d’environ 1800 à 2000 kcal/24h
- Penser à donner un petit déjeuner copieux : il doit couvrir 30% des besoins de la PA, et
comporter un apport calcique augmenté
- Proposer des plats relevés et parfumés, car la sensation gustative s’amenuise avec l’âge. De
plus, certains traitements médicamenteux altèrent cette perception. Etre cependant vigilant
pour l’apport en sel (à cause des problèmes cardiaques)
- Prévoir, pour les personnes de faible appétit, des préparations enrichies sous un volume
identique
Pour les personnes dépendantes, notamment celles qui ne peuvent pas exprimer leurs besoins :
- Etablir une fiche de surveillance journalière, à la fois qualitative et quantitative
- Peser régulièrement la personne sur une chaise-balance ou sur un lave-personne associé à
une balance
- Augmenter en accord avec le médecin et la diététicienne les apports en fibres et en eau de
manière à lutter contre la diminution du péristaltisme intestinal
- Utiliser, selon les besoins, des aliments adaptés aux troubles de la déglutition (aliments
épaissis, purée, eau gélifiée, etc.), en favorisant leur absorption par une position adaptée
tentant de rapprocher le plus possible menton et sternum.

Choix alimentaires
Prendre en compte le contexte socioculturel des personnes. Ne pas choisir les menus en fonction de
ses propres goûts. Mais privilégier les goûts de la PA. De même, la formule « plateau-repas », repas à
emporter reste peu adaptée aux PA.
S’assurer de la bonne présentation des plats, notamment pour les aliments mixés, et vérifier que le
cadre où les repas sont pris est agréable.

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Repenser au besoin l’horaire des repas, trop souvent très en avance sur les habitudes antérieures.

Exercices de compréhension
1- Quels sont les apports quotidiens recommandés :
- Pour les femmes ?
- Pour les hommes ?

2- Quel est le taux d’albumine traduisant :


- Une malnutrition modérée ?
- Une malnutrition sévère ?
- Une malnutrition grave ?

3- Quel est le taux de pré-albumine traduisant :


- Une malnutrition modérée ?
- Une malnutrition sévère ?
- Une malnutrition grave ?

4- Quels sont les causes de dénutrition chez la PA ?


5- En quoi consiste le rôle de l’infirmier dans la prise en soin de la dénutrition chez la PA ?

Chapitre 11 : Déshydratation
Prérequis : cours de physiologie générale
Objectif général : à la fin de cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin un cas de
déshydratation de la PA
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre et présenter les causes de la déshydratation chez la PA
- Poser le diagnostic de déshydratation chez la PA
- Apporter des soins infirmiers de qualité à une PA déshydratée

1- Définition
La déshydratation chez la PA est un phénomène très fréquent qui doit toujours être surveillé. Souvent,
elle survient chez les sujets qui ne peuvent plus ressentir ou satisfaire leur soif.
La déshydratation de la personne âgée est liée à une perte rapide et non compensée d'une grande
quantité d'eau et d'électrolyte.
Elle peut se dépister cliniquement grâce :
-au pli cutané
- à une perte de poids
- à une diminution de la diurèse

36
Application des SI en Gériatrie
- plus rarement à une tachycardie ou à une hypotension orthostatique.
Dans ce cas, prévenir le médecin et conduire les gestes indispensables à une hydratation correcte et
continue.

2- Causes
• diminution de la sensation de soif
• chaleur
• hyperthermie
• diarrhée, vomissement
• polypathologie
• dépendance et perte d'autonomie
• prise d'un traitement diurétique

3- Facteurs de risques

Facteurs liés à l’âge


L’équilibre hydroélectrolytique devient précaire chez la PA. Au cours du vieillissement, on constate que :
- La masse maigre, notamment les muscles, diminue au détriment de la masse adipeuse. Cette
modification crée une diminution du volume d’eau, essentiellement du secteur extracellulaire
car la masse adipeuse est pauvre en eau.
- Une diminution de la sensibilité du centre hypothalamique altère la sensation de soif ; la
personne boit plus par volonté que par besoin, d’où l’importance de l’informer sur la nécessité
de boire de l’eau
- La fonction rénale s’altère et les pertes hydriques urinaires sont plus importantes
- Le système de régulation hydrique est perturbé. Les tubules rénaux deviennent moins
sensibles à l’ADH. Le système RAA (rénine-angiotensine-aldostérone) a une activité réduite.
Facteurs intercurrents
- La température supérieure à 37°c peut provoquer une perte d’eau supplémentaire de 300 ml.
- Le diabète de type I ou II : peut se déséquilibrer. L’hyperglycémie conséquente peut provoquer
une diurèse osmotique.
- Les troubles digestifs avec diarrhées importantes.
- Des troubles de la déglutition : ils peuvent limiter les apports hydriques.
- La polymédication avec notamment la présence de médicaments diurétiques et de lithium
(normothymique) peut majorer les pertes hydriques.
- La peur de l’incontinence urinaire : elle est parfois maladroitement corrigée par une diminution
des apports hydriques. C’est dire l’importance de l’écoute infirmière.
- L’environnement surchauffé : il peut s’accompagner d’une perte hydrique cutanée.
Une moins bonne adaptation aux fortes chaleurs peut aussi constituer un facteur de risque.

Tableau 1 : les facteurs déclenchants de la déshydratation

37
Application des SI en Gériatrie
4- Clinique
Les mécanismes de la carence en eau sont une perte excessive ou un défaut d’apport, ou les deux.
Ces phénomènes entraînent initialement une diminution du volume du secteur extracellulaire.
Secondairement, pour compenser, un transfert d'eau se fait du secteur intra au secteur extracellulaire.
Ce transfert d'eau est insuffisant pour pallier la déshydratation extracellulaire mais suffisant pour une
déshydratation intracellulaire. La déshydratation chez le sujet âgé est donc le plus souvent mixte, intra
et extracellulaire. Les signes cliniques sont spécifiques, nombreux, rarement tous présents.
• Signe de déshydratation extracellulaire : perte de poids, pli cutané, hypotonie des globes oculaires,
tachycardie, diminution de la pression artérielle, en particulier en position orthostatique et à un stade
extrême, collapsus par hypovolémie responsable d'oligurie.
Ces éléments peuvent être délicats à apprécier chez le sujet âgé.
• Signe de déshydratation intracellulaire : sècheresse des muqueuses, une fébricule à 38°C, et des
troubles neuropsychiques sans parallélisme avec la sévérité de la déshydratation. La soif est rare.
Sur le plan biologique
Toute suspicion clinique de déshydratation, voire toute situation susceptible de l'induire (infection par
exemple) doit faire doser l’hématocrite, la protidémie, la créatininémie et la natrémie.
En présence d'une déshydratation, on observe le plus souvent:
• une augmentation de l'hématocrite et de la protidémie, à comparer aux taux antérieurs
• une augmentation de l'urée sanguine et de façon moins importante de
la créatinine sanguine
• une hypernatrémie en cas de déshydratation principalement
intracellulaire.
Une hyponatrémie ou une natrémie normale n'élimine pas une déshydratation, car le malade peut avoir
perdu « autant d'eau que de sel » voire « plus d'eau que de sel », quand on compare la quantité d'eau
et de sel perdue à une solution isotonique.
En résumé :

38
Application des SI en Gériatrie
5- Soins infirmiers
Rôle de l’infirmière
- Prévention => prise d’une quantité suffisante de liquide, manger du yaourt (eau, Ca2+)
• Compenser toutes les pertes
• Organiser les tournées d’eau
- curatif => faire le bilan des entrées et des sorties
• perfusion : - intraveineuse
- sous cutané abdominale ou cuisse (cette voie d’abord permet d’apporter jusqu’à 2 litres
de sérum glucosé isotonique (5%) ou hypotonique (2,5%).
=>OAP (œdème aigu du poumon) si la surcharge hydrique.
• PA, FR, pulsation et conscience
Efficacité du traitement
- diurèse redevient normale
- amélioration de l’état de santé
- bilan sanguin bon
Surveillance clinique
- Mesurer les paramètres hémodynamiques, pouls et pression artérielle.
- Peser la personne (1 litre d’eau pèse 1kg)
- Vérifier la diurèse et sa régulation
- Surveiller l’état cutané et la disparition du pli cutané
- Surveiller l’état de conscience et la disparition d’un éventuel syndrome confusionnel
Surveillance biologique
Sur prescription :
- Ionogramme sanguin : il montre la normalisation de la natrémie (140 mmol/L) et de la
protidémie (70g/L)
- NFS et taux d’hémoglobine (12 à 16 g/100 ml) ainsi que taux d’hématocrite (40 à 45%).

Technique de soins infirmiers


Comment faire un bilan hydrique ?

39
Application des SI en Gériatrie
Le bilan hydrique est un calcul de l’apport et de la perte des liquides de l’organisme en 24h. Son but est
de :
- Contrôler le fonctionnement rénal
- Prévenir de la déshydratation
- Prévenir l’excès de volume liquidien.

Bilan hydrique
Connaitre le poids habituel de la personne, d’où la nécessité de la peser lors de son entrée dans la
structure pour avoir un poids de référence, puis régulièrement.
Apprécier sa natrémie, témoin de l’eau totale contenue dans l’organisme.
Le volume d’eau à apporter se calcule à partir d’une simple soustraction :
- L’organisme contenant 60% d’eau, le volume d’eau normal est égal à : Poids x 60/100
- Le volume d’eau réel est égal à :
Volume d’eau normal x 140 (natrémie normale en mmol/L) / natrémie réelle (mmol/L)
- Le volume d’eau à apporter est égal à : Volume d’eau normal – Volume d’eau réel.
Il ne faut pas oublier que le volume d’eau à apporter permet de corriger le déficit. Il doit être ajouté aux
1,5L qui composent la ration quotidienne.

Exercice de compréhension
1- Quelle est l’importance de la natrémie ?
2- Sur le plan biologique, quelle est la différence entre une déshydratation extracellulaire et une
déshydratation intracellulaire ?
Quelle est la clinique d’une déshydratation de la PA ?

Chapitre 12 : Incontinence urinaire et


fécale
Prérequis : anatomie et physiologie de système génito-urinaire, affections génito-urinaires
Objectif général : à la fin de cours, l’étudiant IDE 3 devra être capable de prendre en soin un cas de
d’incontinence urinaire de la PA
Objectifs spécifiques : plus spécifiquement, il devra être capable de :
- Connaitre les facteurs de risque d’une incontinence urinaire basse de la PA
- Différencier les différents types d’incontinence urinaire basse de la PA
- Connaitre la sémiologie de l’IUB de la PA
- Connaitre la démarche diagnostique en cas d’IUB de la PA
- Connaitre et appliquer le traitement de l’IUB de la PA

40
Application des SI en Gériatrie
L’incontinence est fréquente et pose un problème grave pour les personnes vieillissantes et âgées.
Souvent cachée elle peut conduire à un isolement qu’il faut éviter. Aborder ce thème de façon
systématique permet une prévention et un traitement à partir d’un diagnostic précis. La prise en charge
médicamenteuse, rééducative et psychologique, voire en dernier recours, chirurgicale s’avère le plus
souvent efficace.

L’incontinence urinaire est définie par une perte involontaire d’urines objectivement constatée. La
prévalence de l’incontinence urinaire permanente dans la population communautaire âgée de plus de
65 ans est élevée. Elle atteint environ 10 % des sujets âgés de 70 à 75 ans et un quart des sujets après
85 ans.

1. Facteurs de risque/Etiologies

Le vieillissement et la dépendance physique et/ou mentale sont les principaux facteurs favorisant la
survenue d'une incontinence urinaire. La survenue d'une incontinence urinaire est fortement liée au
déclin cognitif : 90 % des sujets ayant une démence avérée ont une incontinence urinaire permanente.

2. Mécanismes physiopathologiques

L’incontinence urinaire a des causes multiples et intriquées. On différencie l’incontinence organique


de l’incontinence fonctionnelle. L’incontinence organique rassemble les causes liées aux atteintes du
système vésicosphinctérien. L’incontinence fonctionnelle est liée aux difficultés de tous ordres de la
personne et de son environnement (handicap physique, difficultés de communication, éloignement des
toilettes,...). Dans tous les cas la présence d’une infection urinaire est un facteur aggravant.
L’incontinence urinaire transitoire, en rapport avec une circonstance étiologique aiguë est le plus
souvent réversible. Négligée ou non traitée à temps, elle risque de devenir chronique. L’incontinence
urinaire quel que soit son stade mérite toujours une prise en charge active. Erreur à ne pas commettre :
mettre des couches aux patients âgés dès qu’apparaît une incontinence. Cette façon d’agir est un court-
circuit intellectuel, nocif pour le patient. Ce geste ne peut qu’aggraver l’incontinence et la rendre
définitive. Autre erreur à ne pas commettre : placer une sonde urinaire.

a- Incontinence urinaire transitoire

L’incontinence urinaire transitoire est souvent réversible. Ses étiologies sont :


• les incontinences urinaires fonctionnelles: immobilisation pour thrombose veineuse profonde, fracture
du bassin, accident vasculaire cérébral, toilettes non repérées dans un nouveau lieu de séjour ...
• les causes iatrogènes (tableau 1),
• l’infection urinaire symptomatique ou non, à l’origine d’une irritation vésicale qui entraîne des
contractions vésicales
• le fécalome rectal responsable de contractions vésicales ou d’une rétention aiguë d’urine.
• la confusion mentale et le syndrome de régression psychomotrice.

b- Incontinence urinaire chronique

On décrit différents types d’incontinence urinaire chronique (tableau 2) :


• l’incontinence urinaire fonctionnelle : liée à des pathologies altérant la mobilité et/ou le contrôle
neurologique (maladie de Parkinson, séquelles d’hémiplégie, polyarthrose, démence,..),
41
Application des SI en Gériatrie
• les mictions par regorgement dues à un obstacle ou à une atonie du détrusor,
• l’instabilité vésicale ou impériosité mictionnelle, conséquence de contractions prématurées du
détrusor,
• l’incontinence sphinctérienne ou incontinence d’effort, dûe à une déficience périnéale au moment
d’une hyperpression abdominale brutale : effort de toux, rire, changement de position (notamment au
premier lever le matin).

L’incontinence urinaire mixte est l’association simultanée de plusieurs mécanismes (l'urgence


mictionnelle + incontinence sphinctérienne…).

3. Sémiologie

a- Examen clinique

L’interrogatoire du malade et/ou de son entourage (familial ou professionnels de santé) précise :


• l’ancienneté du symptôme et sa fréquence (incontinence urinaire quotidienne ou non),
• les circonstances déclenchantes (ex : effort),
• la quantité et les horaires des fuites urinaires (utilité d’un calendrier mictionnel), l’existence d’une
impériosité, d’une dysurie, d’une constipation distale ou d’une incontinence fécale associée,
• les antécédents (médicaux, chirurgicaux, obstétricaux),

42
Application des SI en Gériatrie
• les traitements médicamenteux notamment ceux récemment administrés.
Les données de l’anamnèse les plus discriminantes permettant d’évoquer les mécanismes de
l’incontinence urinaire sont résumées dans le tableau 3.

b- Examens complémentaires de première intention

Il s’agit principalement de :
- L’examen cytobactériologique des urines (ECBU), en cas de positivité des bandelettes
réactives, est systématique pour rechercher une infection urinaire basse. Le traitement d’une
infection urinaire symptomatique lors d’une incontinence urinaire récente restaure parfois la
continence urinaire. En cas d’incontinence urinaire chronique, le traitement d’une infection
urinaire est moins efficace.
- Le résidu post-mictionnel (RPM) : Cet examen mesure le volume post-mictionnel, rapporté
au volume mictionnel.
- Un test de remplissage vésical, progressif, à l’eau stérile ou au sérum physiologique tiéde,
détecte les contractions vésicales prématurées ou intempestives et étudie le seuil de perception
du besoin mictionnel. Il est réalisé au lit du malade après la mesure du résidu post-mictionnel
par la sonde mise en place dans la vessie.
- L’examen urodynamique utilise un matériel spécialisé et repose sur des tests dont les plus
utilisés chez la personne âgée sont les suivants : la débimétrie (étude du débit urinaire c’est à
dire la relation volume uriné / unité de temps), la cystomanométrie (mesure de la pression
intra-vésicale durant un remplissage vésical et durant les mictions, grâce à une sonde urétro-
vésicale munie d’un capteur) et la sphinctérométrie (apprécie le tonus du sphincter et donc sa
pression de clôture. Elle est efficace si elle atteint 80 cm d’eau et inefficace si elle est inférieure
à 30 cm d’eau).

c- Démarche diagnostique

L’approche clinique d’un malade âgé incontinent urinaire comporte quatre étapes successives :
1) Recherche d’une incontinence urinaire fonctionnelle liée à l’incapacité du malade à réaliser la miction
dans des conditions satisfaisantes.
2) Recherche et traitement de facteurs aggravants ou précipitants : fécalome, infection urinaire, effets
secondaires de médicaments.
3) Mesure du résidu post-mictionnel. Un résidu nul ou faible est en faveur d’une vessie instable ou
d’une incontinence sphinctérienne. Un résidu important est en faveur d’une vessie atone ou d’un
obstacle urétral.
43
Application des SI en Gériatrie
4) Si besoin, réalisation d’autres explorations

4. Traitement

Le traitement de l’incontinence urinaire implique une approche multidisciplinaire en milieu gériatrique.


Le choix d’un traitement doit répondre à des critères objectifs d’efficacité et prendre en compte les
différentes pathologies ou handicaps du malade.
Le traitement de la composante fonctionnelle de l’incontinence repose principalement sur l’adaptation
optimale du malade à son environnement, connaissance et repérage des lieux, moyens d’appels
accessibles, vêtements commodes, disponibilité de l’entourage, ainsi qu’à l’adaptation de
l’environnement aux possibilités du patient.
Toute infection urinaire symptomatique doit être traitée en préalable. Le traitement de l’incontinence
urinaire organique dépend des étiologies.

a- Moyens thérapeutiques

• Les règles hygiéno-diététiques et comportementales


La gestion des boissons : Le volume quotidien de boissons ne doit pas être réduit comme le font
spontanément certaines personnes âgées incontinentes. En cas d’incontinence à prédominance
nocturne on conseille de reporter la majorité des prises sur la première partie de la journée.
Grille ou calendrier mictionnel des 24 heures : Remplie par le malade ou son entourage, elle précise
l’espacement des mictions, la sensation du besoin, la survenue des pertes urinaires. Elle contribue au
choix et à l’adaptation thérapeutique. Elle permet d’établir des protocoles de mictions urinaires
programmées, destinés à réduire la fréquence et la gravité de l'incontinence. Ces protocoles de soins
sont motivants et efficaces, malgré les difficultés d’utilisation liées à la mobilité des malades et aux
limites liées à des effectifs soignants insuffisants.

• Traitements médicamenteux
Les anticholinergiques (oxybutinine, imipramine) inhibent les contractions vésicales et sont donc
indiqués dans l’urgence mictionnelle. Ils sont contre-indiqués en cas de troubles cognitifs qu’ils peuvent
déclencher ou aggraver, de glaucome à angle fermé et d’obstacle cervicoprostatique patent ou latent où
ils peuvent entraîner une rétention vésicale aiguë.

• La rééducation périnéale et le biofeedback


Leur indication est réservée aux malades motivés. La rééducation périnéale est indiquée, à raison de 2
à 3 séances hebdomadaires, en cas d’hypotonie urétrale associée à une faiblesse musculaire
périnéale. Elle peut être associée à l’électrostimulation. Le biofeedback est indiqué dans la prise en
charge des vessies instables. L’efficacité de ces techniques doit toujours être objectivement mesurée
après deux mois. Ces techniques ont une place primordiale dans la stratégie de la prévention primaire
de l’incontinence urinaire chez l’adulte jeune.

• Le traitement chirurgical
Un traitement chirurgical de l’incontinence urinaire doit être proposé aux malades ayant des mictions
par regorgement pour corriger une sténose urétrale ou une hypertrophie prostatique obstructive. Pour
les femmes âgées ayant des déficiences périnéales majeures, on propose une cervicopexie et, en cas
de contre-indication chirurgicale la pose d’un pessaire reste une solution possible.
Le recours au sphincter artificiel reste exceptionnel.

• Les traitements palliatifs

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L’utilisation de sondages vésicaux (intermittents ou à demeure) est uniquement réservée aux cas de
vessie rétentionnelle. L’utilisation de couches de protection représente aujourd’hui la solution palliative
habituelle. Elle n’est légitime qu’après échec ou non-indication des autres thérapeutiques. Son coût est
élevé et à la charge du malade.
Chez les hommes atteints d’incontinence urinaire sans rétention, l’utilisation d’étui pénien peut être
proposée, si le malade l’accepte et le supporte.

b- Indications

Trois circonstances sont à prendre en compte :


- Vessie instable
Règles hygiéno-diététiques, calendrier mictionnel, anticholinergiques s’ils ne sont pas contre-indiqués,
biofeedback.
- Vessie atone et dyssynergie vésico-sphinctérienne
Cholinergiques, alpha-bloquants en complément si dissynergie, sondages itératifs.
- Obstacle
Alphabloquants, adénomectomie ou résection endoscopique, dilatation urétrale. En cas d’obstacle
prostatique avec résidu post-mictionnel, le traitement chirurgical doit être envisagé.

c- Prévention de l’incontinence urinaire

La prévention de l’incontinence urinaire, par la rééducation périnéale, doit intervenir systématiquement


dans le post-partum. Cette prévention spécifique est différente de la rééducation visant à restaurer une
tonicité de la paroi musculaire abdominale. Le traitement hormonal substitutif de la ménopause est le
second moyen efficace de prévention de la déficience périnéale et sphinctérienne en l’absence de
contre-indications générales. Les autres modalités de prévention primaire ou secondaire passent par
l’éviction ou la réduction de l’iatrogénie (incluant les sondages vésicaux abusifs ou la mise en place
abusive de couches), le traitement d’une constipation distale et la réévaluation périodique des
traitements médicamenteux au long cours.

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