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LIMITES PROFESSIONNELLES, ALLIANCE Gaëlle de Roussan, c.o.

DE TRAVAIL ET ACCORDAGE EMPATHIQUE


LIMITES PROFESSIONNELLES
C’est quoi une limite professionnelle?
Pourquoi on les dépasse?
- On sort de notre rôle professionnel, la subjectivité est normale et inévitable
- Pas en empathie mais plutôt en sympathie ou antipathie
Impact de ne pas mettre des limites?
- Perte du lien de confiance
- Diminue l’autonomie et l’autodétermination du client
- Moins d’impact des interventions et difficulté à atteindre les objectifs
- Émotions négatives pour le client et l’intervenant
QUAND ON EST PLUS EN EMPATHIE ET QUE LES LIMITES
PROFESSIONNELLES SONT DÉPASSÉES…?

Explicite – Plus facile à identifier Implicite – Plus difficile à identifier


- Contact physique inapproprié - l’intervenant « veut » plus que le client
- Appels répétitifs des clients - l’intervenant se sent personnellement
impliqué dans les difficultés de client et les
- Cadeaux de la part des clients vit comme de l’impuissance, du
- Invitations à faire des activités hors du découragement, etc…
cadre du travail - enjeux de l’intervenant: désir d’être
- Lien de confiance brisé et exprimé par le apprécié ou validé, désir d’être en contrôle
client de la tâche, désir de choisir les objectifs

- Insatisfaction exprimée par le client face - difficulté à tolérer l’inconfort du client


aux objectifs ou la tâche - difficulté à nommer les « choses » difficiles
C’EST QUOI L’ALLIANCE DE
TRAVAIL?
Lien émotif
empathique

Accord Accord
sur les sur la
objectifs tâche

Bordin (1979) – Gaston (1990) – Duncan et Miller (2000)


ÉQUILIBRE DE L’ACCORDAGE ENTRE LE POINT DE VUE
DU CLIENT ET CELUI DE L’INTERVENANT
Désaccordage Accordage Suraccordage
Trop plein du point de vue de Équilibre entre le point de Trop plein du point de vue
l’intervenant vue du client et de du client
l’intervenant
Réactions et émotions Réactions et émotions Réactions et émotions
- Impatience, persuasion et - Tolérer l’inconfort, rester - Pression de répondre à
affrontement présent à soi et empathique toutes les demandes du client
- Retrait et évitement Alliance de travail optimale - Impuissant, découragé et
- Lien émotif solide incompétence
Alliance de travail perturbée - Équilibre entre les éléments
de l’alliance de travail Alliance de travail perturbée
- Lien émotif à risque
- Activités de développement - Déséquilibre centré sur le lien
- Activités compromises sont centrales
- Déséquilibre centré sur les - Activités compromises
activités
Savard (2009) et Lecomte et Savard (2012)
COMMENT RECONNAÎTRE LE SURACCORDAGE ET LE
DÉSACCORDAGE?
Observer:
 Mes émotions!!!
 Les réactions du client.
 Sentiment flou que quelque chose ne va pas.
 Les objectifs ou la tâche n’avancent plus.
Se questionner:
Comment se fait-il que je ne peux pas m’apercevoir que ça ne fonctionne pas avec client?
Comment se fait-il que je ressens que ça ne fonctionne pas et je n’arrive pas à intervenir m’ajuster?
Utiliser le contre-transfert:
 - Avoir l’impression de devoir marcher sur des œufs. - Avoir le sentiment de se faire manipuler. - Se sentir incompétent. - Être
en colère. - Se sentir coupable. - Se sentir responsable (au-delà de son mandat et au-delà de ce qui est nécessaire). - Se
sentir impuissant. - Avoir peur. - Devenir contrôlant ou rejetant. - Être fatigué, épuisé.

Demander de la rétroaction du client


COMMENT RÉTABLIR
L’ACCORDAGE?
Lien émotif
1. Identifier le déséquilibre grâce à nos empathique
émotions
2. Où se situe le déséquilibre dans l’alliance
de travail?
3. Utiliser les habiletés relationnelles pour
rétablir l’alliance de travail: Accord Accord
• Empathie, écoute, reflets, questions
ouvertes?
sur les sur la
• Immédiateté et confrontation au objectifs tâche
besoin
• Mettre des limites claires de manière
chaleureuse

Bordin (1979) – Gaston (1990) – Duncan et Miller (2000)


STRATÉGIES CONCRÈTES – GESTION DE SOI
Gérer ses propres émotions et ses besoins:
o Prendre soin de soi
o Reconnaitre les limites et les accepter
o Reconnaître et gérer ses émotions sans les attribuer aux autres
o « Tu me mets en colère » versus « Quand xxx, je me sens fâché parce que j’ai l’impression d’être agressé. En même
temps, ce n’est pas ton intention, tu as besoin de xxx et moi de … »
o Ce qui veut dire prendre responsabilité pour nos émotions et besoins
o Comprendre la différence entre faute et responsabilité

o Parler en équipe de notre vécu


STRATÉGIES CONCRÈTES – GESTION DE SOI
Aider le client à « reprendre » ses émotions et identifier ses besoins:
- Quand « contexte/idée », tu te sens « émotions » et tu aimerais avoir « besoin ».
- Émotions de base: peur, colère, tristesse, joie, excitation, jalousie, honte, culpabilité, fierté, amour.
- Besoins de base: sécurité, temps, calme, reconnaissance, soutien, collaboration, écoute,
compréhension, liberté, autonomie, etc…
- En d’autres mots, aider le client à prendre responsabilité pour ses émotions et besoins.
STRATÉGIES CONCRÈTES – ALLIANCE DE TRAVAIL
Rétablir le lien émotif
- « J’ai mis beaucoup d’importance sur la tâche/objectif, je me rends compte que quelque chose te
dérange et j’aimerais qu’on prenne le temps d’explorer ce qui ne va pas. »
- « Tu n’as pas l’air bien aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe? »
- Offrir de l’acceptation, de l’ouverture, de l’empathie, de l’écoute… aussi longtemps que
nécessaire à rétablir la relation de confiance.
- Mettre une limite claire, tolérer l’inconfort du client et rétablir le lien de confiance.
Rétablir l’accord sur les objectifs et sur la tâche pour atteindre les objectifs
- Rappeler, valider, changer, ajuster les objectifs: différencier les objectifs de l’intervenant de ceux
du client et s’entendre sur les objectifs communs.
- Est-ce que la façon d’atteindre les objectifs proposée par l’intervenant convient au client?
Vitesse, façon, moment? Rétroaction sur échelle.
CAS 1
L’intervenant rencontre le client dans le cadre une rencontre du suivi de
participation. Une grande sortie est prévue pour la semaine suivante et
le client arrive dans bureau en prenant tout de suite la parole. Il insiste
sur le fait que c’est difficile, tout lui échappe et qu’il est complètement
découragé… bref il ne sait plus quoi faire et a l’air complètement
désemparé. Il demande de l’aide à l’intervenant…
CAS 2
L’intervenant rencontre le client dans le cadre une rencontre du suivi de
participation. Le participant travaille présentement sur ses objectifs
d’autonomie d’hygiène corporelle. L’intervenant sent que le client résiste
et ne veut pas vraiment avancer plus. Le participant est plutôt refermé
et répond souvent par monosyllabes. Quand questionné de manière
directe sur son manque d’implication, il dit que tout est ok. Alors, rassuré
l’intervenant se dit que le client a juste besoin de plus d’encadrement et
devient plus directif. Le client se met alors à progresser sur l’atteinte de
ses objectifs. Toutefois, il commence à s’absenter dernière minute,
malade, trop occupé, oubli…
CAS 3
L’intervenant d’un client soupçonne que le client a un déficit cognitif non
diagnostiqué. Compte tenu de l’état dépressif de celui-ci, il estime qu’il
ne supporterait pas d’être mis au courant de cette nouvelle limite sans un
atteinte grave à son état de santé mentale. Son devoir d'informer le
client entre en conflit avec celui de ne pas détruire ce qui lui reste
d'espoir.
RÉFÉRENCES
Bessette, M. (2012). Changement dans la régulation du contre-transfert avec la clientèle
souffrant d’un trouble de la personnalité après une supervision centrée sur la théorie de
Masterson. Thèse de doctorat inédite : Université du Québec à Trois-Rivières.
Bordin, E.S. (1979). The generalizability of the psychoanalytic concept of the working alliance.
Psychatherapy: Theory, Research, and Practice, 16, p. 252-260.
Duncan, B.L. et Miller, S.D. (2000). The client’s theory of change : Consulting the client in the
integrative process. Journal of Psychotherapy Integration, 10,169-188
Duncan, B. L., Miller, D., Sparks, J.A., Claud, D.A., Reynolds, L. R., Brown, J. et Johnson, L.D.
(2003). The session Rating Scale: Preliminary Psychometric Properties of a « Working »
Alliance Measure. Journal of Brief Therapy, 3(1), p.3-12.
Gaston, L. (1990). The concept of the alliance and its role in psychotherapy: Theoretical and
empirical considerations. Psychotherapy, 27, 143-152.

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