La mesure de la performance de l'entreprise n'est pas si simple. Elle est le résultat d'une démarche
poursuivie par l'ensemble de l'entreprise afin d'identifier des indicateurs réels qui reflètent la
situation de l'entreprise.
Cette démarche nécessite un ensemble d'outils de mesure de la performance, qui ont été soumis à
des évolutions en fonction de l'évolution des organisations, du marché, des exigences des clients...
bref, une évolution de l'environnement de l'entreprise.
Ceci étant dit, nous pouvons justifier la division de la performance en performance financière et
performance non-financière. La première est la performance classique et initiale de l'entreprise, la
seconde est le résultat de l'évolution dont nous parlons.
Ce thème a fait l'objet de plusieurs recherches et théories, mais cela ne nous empêche pas de
l'aborder à nouveau vu l'importance qu'il apporte au domaine du contrôle de gestion en particulier
et à la vie de l'entreprise en général.
Selon P. Lorino (1997) « Perception de la notion de performance par les dirigeants des…, « Est
performance dans l’entreprise, tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à atteindre les objectifs
stratégiques ». J.-B. Carriere (1999) conclut alors que la performance n’est rien d’autre que
l’évolution de l’entreprise ou son agrandissement. Cette notion de performance peut se résumer à
l’idée de réussite ou de succès de l’entreprise (M. Boyer, 1999 ; J.-P. Mamboundou, 2003), réussite
ne pouvant être obtenue sans sanction positive du marché (P. Barillot, 2001). Bourguignon (1998)
qualifie cette notion de réussite de réalité subjective et dépendante des représentations internes de
la réussite dans l’entreprise. Quant à W. Azan (2007), il réduit la notion de performance à l’idée de
développement.
Une entreprise performante doit être à la fois efficace et efficiente. Elle est efficace lorsqu'elle
atteint les objectifs qu'elle s'est fixés. Elle est efficiente lorsqu'elle minimise les moyens mis en
œuvre pour atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés.
Le terme « mesure » renvoie à une variable tangible, à des éléments que l’on peut compter, comme
le pourcentage de produits défectueux dans un lot. Le terme « indicateur », quant à lui, désigne une
variable intangible, difficilement mesurable, par exemple le degré de satisfaction des clients.
Enfin, il y a des mesures témoins, qui font état de résultats passés, et des inducteurs qui
correspondent à des facteurs qui sont à l’origine de la performance, donc qui induisent la
performance.
Les systèmes de mesure de la performance ont fait l'objet, depuis le début des années 1990, de
nombreux travaux portant sur leur adaptation aux stratégies organisationnelles ou à l'environnement
économique (Lorino, 1991 ; Malo et Mathé 2000 ; Mavrinac et Siesfeld 1998 ; Bollecker, 2001 ;
Mathieu, 2000). En effet, les évolutions majeures survenues dans la stratégie depuis plusieurs
décennies (Allouche et Schmidt, 1995) – notamment la rénovation des fondements de la
compétitivité par la qualité, les servicion de la transformation des modalités d'évaluation de la
performance.
Par ailleurs, les tenants de la méthode ABC proposent que les systèmes de coût traditionnels
doivent être affinés pour tenir compte de la complexité des processus des entreprises
(Berland, 2009). En synthèse, la méthode ABC poursuit un triple objectif : améliorer la
traçabilité des coûts, modéliser les variables clés de la performance (les inducteurs) et
développer des systèmes de pilotage des coûts stratégiques et transversaux (Wegmann,
2011). Une meilleure compréhension des lois de consommation des coûts indirects par les
produits est obligatoire afin de décider de manière convenable comment les répartir
(Berland, 2009). C’est justement ce point que la méthode ABC cherche à aborder (Cooper et
Kaplan, 1988 ; Wegmann, 2009) et contribue ainsi à faciliter l’exactitude du coût et à mieux
les piloter (Berland, 2009 ; Berliner et Brimson, 1988 ; Jonhson, 1992 ; Mévellec, 2009 ; De
Rongé et Levant, 2010).
Enfin, une baisse durable des coûts de l’entreprise passe par une cartographie claire du
réseau de coûts. Ce qui permettra de faire réduire les coûts n’est pas la méthode de calcul
utilisée mais plutôt son aptitude à encourager de bonnes réactions chez les managers
(Berland N., 2009).
Cependant, la mise en place de l’ABC au sein des entreprises s’est soldée dans nombreux cas
par un échec total. Gervais et Lesage (2006) abordent, au-delà de la complexité de mise en
place (lourdeur parfois excessive, coût élevé, méthodologie difficile à appliquer dans les
secteurs des services), les limites techniques de la méthode. C’est pourquoi les
méthodologies progressent en permanence et l’on peut dénombrer aujourd’hui plusieurs
manières de mettre en œuvre de l’ABC, en fonction des contextes (Wegmann G., 2006) :
agrandissement du périmètre d’analyse des coûts aux clients (Customer Relationship
Management, Bouquin, 2006, p. 228-229), aux fournisseurs (management
interorganisationnel des coûts, Cooper et Slagmulder, 2004) ou simplification de l’ABC
lorsque la situation le permet comme le présentent Kaplan et Anderson (2008) avec le Time-
driven ABC (TDABC ). Le principe général du TDABC est d’expliquer les coûts des différents
inducteurs en équivalents temps (heures de travail), modifiables lorsque les conditions de
production sont modifiées (Wegmann G. et Nozile S., 2010).
Gervais M., Levant Y.et Ducrocq C. (2010) soulignent que le TDABC est né suite aux critiques
faites à l’ABC. L’objectif de base de cette méthode est la surveillance du temps de travail. De
ce fait, Kaplan et Anderson (2008) confirment la différence entre les deux méthodes par le
fait que, dans l’ABC, pour lier les coûts aux activités, on questionne les salariés sur les temps
qu’ils ont passés à ces différentes activités, tandis qu’en TDABC on a seulement estimé le
temps des tâches élémentaires que l’on a multiplié par le nombre de tâches exécutées, puis
par le coût horaire.
Dans ce cadre, l’équation de temps de TDABC est composée des éléments (ou modalités) qui
créent des variations importantes de durée dans l’accomplissement de l’activité de base. Ces
éléments constituent les variables explicatives du temps passé et sont appelés time drivers
ou inducteurs de temps (Gervais M. et al., 2010). Par ailleurs, Kaplan et Anderson (2003,
2004, 2007/2008) critiquent le fait de demander aux salariés d’estimer le pourcentage de
temps passé à leurs différentes activités. Par contre, puisqu’il existe des capacités
inexploitées, le total de ces pourcentages est souvent biaisé à la hausse, et par conséquent
les coûts des inducteurs eux aussi sont biaisés. Les auteurs préfèrent calculer précisément le
temps nécessaire pour réaliser les tâches par une estimation directe en minutes ou en
heures résultant d’observations directes, d’interviews et de recoupements de l’information.
Cela permet d’estimer efficacement le temps d’exécution des activités (Gervais M. et al., op.
cit.).
À cette nouvelle conception du contrôle de gestion, Lorino (1997) paraît associer une logique
de pilotage différente de la logique financière associée au contrôle de gestion « traditionnel
». Dans cette optique, « il ne s’agit plus de partir d’un objectif financier global pour aboutir à
des objectifs financiers analytiques, par désagrégation, mais de partir d’objectifs
stratégiques pour aboutir à des objectifs opérationnels par l’analyse causes-effets » (Lorino,
1997). En outre, plusieurs écrits se basent sur le modèle de tableau de bord prospectif
(Rharmili, 2007). Les deux fondateurs de cet outil, Kaplan et Norton, présentent les diverses
caractéristiques de ce tableau de bord : ils soulignent notamment ses contributions à
traduire la stratégie, à communiquer, à fixer des objectifs, à mettre en cohérence les
initiatives des acteurs et les objectifs de l’organisation (Zian, 2013). Le tableau de bord
prospectif ou équilibré fait ressortir l’insuffisance des indicateurs financiers à piloter
l’activité de l’entreprise (Norton et Kaplan, 1992,1996). Il présente quatre dimensions de la
performance. Chaque dimension est construite sur la base de la vision et la stratégie de
l’entreprise. Les indicateurs de performance dans chaque dimension doivent être fondés sur
la stratégie et liés entre eux afin de permettre à l’organisation d’atteindre la performance
financière et créer de la valeur aux actionnaires.
Résultats financiers
Processus internes
Conclusion :
Face à l’incertitude et à la complexité actuelle du marché, les entreprises ont dû adapter
leurs modes de gestion, en effet, l’analyse de la performance à partir des seuls indicateurs
financiers ne suffit plus à aider les responsables à anticiper et à faire face à la concurrence. Il
est donc préférable de multiplier le nombre d’indicateurs, en retenant l’approche non
financière pour mesurer et piloter la performance. Le balanced scorecard ou tableau de bord
prospectif, offrant une vision équilibrée de la performance globale de l’entreprise.