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Légiférer et ordonner : le parlement hors jeu?

« Pas de régime conventionnel, pas de régime présidentiel : la voie devant nous est
étroite, c’est celle du régime parlementaire ». M. Debré. Pour Michel Debré, l’un des
fondateurs de la république, la Vème République est un régime parlementaire puisque le
gouvernement est contrôlée et responsable devant les assemblées comme le dispose
l’article 24 de la constitution.

Le parlement devrait donc être normalement et logiquement au coeur des institutions


françaises, cependant depuis le début de la Vème République et de plus en plus, il est
normal de constater que le parlement est de plus en plus mis en retrait notamment par la
concurrence du pouvoir exécutif, c’est à dire le président de la république et le premier
ministre nommé par le président de la république. Cependant, il est vrai que les
constituants de la Vème République, pour ne pas reproduire les erreurs de la 3ème et de
la 4ème république ayant donné lieu à la mise en place de régime d’assemblées avec un
pouvoir exécutif quasi inexistant, ont décidé de mettre en place un régime parlementaire
mais avec un parlement rationalisé a n de garantir une certaine stabilité.

A n de s’intéresser au régime parlementaire de la Vème République, il est nécessaire


d’utiliser le droit constitutionnel pour réunir les connaissances nécessaires.

Par parlement, il faut entendre un ensemble de personnes élues lors des élections
législatives au su rage universel direct pour la chambre basse et au su rage indirect pour
la chambre haute. Ces personnes représentent les citoyens dans des assemblées,
notamment l’assemblée nationale et le sénat sous la Vème République. Ces assemblées
sont chargées de légiférer et de contrôler le gouvernement. Les compétences des
assemblées sont notamment régies dans l’article 34 de la constitution qui xe le domaine
de la loi. Avec cet article, il est possible de comprendre que le parlement crée la loi
notamment à l’aide d’un débat suivi d’un vote.

Au contraire, l’article 37 de la constitution xe le domaine du règlement, donc tous ce qui


est en dehors de la loi.

L’intérêt du sujet est ici, de comprendre et de savoir si le parlement malgré le fait que la
Vème République est un régime parlementaire, s’est vu remplacer progressivement son
rôle propre par l’exécutif. C’est à dire s’il n’a pas perdu son rôle de contrôle face au
gouvernement, si il est toujours utile sous la Vème République. Et même si le
gouvernement n’a pas totalement emprise sur le gouvernement. C’est à dire si le
parlement peut encore décider librement des lois qu’il vote ou si celles ci sont dominées
par l’exécutif.

Pour cela, il faut commencer par voir que le pouvoir des parlementaires est a aibli (I)
notamment par l’organisation même des institutions mises en place par la constitution de
1958, et ensuite que cet a aiblissement s’accompagne d’une présence de l’exécutif de
plus en plus renforcée (II).

I- Le pouvoir des parlementaires a aiblis

Le pouvoir des parlementaires est donc a aibli par la constitution, en e et cet


a aiblissement est l’impact d’un parlement rationalisé (A) et amènent des possibilités
pour se faire entendre très restreintes pour les parlementaires (B).

A) L’impact d’un parlement rationalisé

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La mise en place de la rationalisation du parlement entraine deux impacts majeurs sur la
Vème République, tout d’abord les motions de censures sont devenues ine caces car
irréalisables (1). De plus, depuis la mise en place du quinquennat en 2000, l’exécutif se
retrouve avec la majorité à l’assemblée, ce qui lui permet d’avoir un avantage
considérable pour le vote des lois (2).

1- Des motions de censures n’étant pas réalisables et ine caces

La motion de censure est l’une des armes dont dispose le parlement. Malheureusement,
sous le régime actuel la mise en place de cette motion de censure est devenue di cile
voire impossible à mettre en place. En e et, l’article 49 alinéa 2 de la constitution donne
cette possibilité au parlement, c’est à dire que l’Assemblée nationale peut mettre en
cause la responsabilité du gouvernement par une motion de censure mais celle-ci doit
être signée par minimum 1/10ème de l’assemblée, il n’est possible de n’en déposer que
trois durant une session ordinaire et une durant une session extraordinaire par an. Par la
suite, pour le vote il y a un délai de 48heures après le dépôt ce qui laisse le temps aux
députés de ré échir ou de se faire in uencer… De plus, pour que la motion de censure
passe, il faut que la majorité soit atteinte au vote, tout en sachant que les personnes
s’abstenant sont comptabilisés comme étant contre cette motion de censure et que voter
contre le gouvernement revient à manifester expressément son hostilité. Finalement, les
motions de censure sont devenus non un moyen de contrôler le gouvernement mais un
moyen pour créer un débat. Pour con rmer cela, il su t de voir que la seule motion de
censure ayant abouti sous la Vème République est celle contre le gouvernement de
Georges Pompidou en 1962, date à laquelle le fait majoritaire n’était pas encore établi.

Ces motions de censures ine caces sont notamment possible grâce au fait majoritaire
qui est une garantie de garder le pouvoir pour l’exécutif.

2- Un fait majoritaire permettant l’exercice du pouvoir librement par l’exécutif

Les motions de censures sont devenues de moins en moins e caces par la mise en
place du fait majoritaire, en e et avec cette majorité à l’Assemblée nationale, on demande
au parlement d’être le soutien de l’exécutif mais aussi le lieu de la critique et du contrôle.
De plus, la rationalisation du parlement mis en place par la constitution de la Vème
République contribue à ce phénomène. En e et, la rationalisation du parlement
correspond à un ensemble de techniques en droit constitutionnel visant à contrôler le
parlement et empêcher la dérive parlementaire a n d’avoir une stabilité politique. En
France, l’article 49 alinéa 1 de la constitution dispose que le premier ministre peut
engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. Pour cela,
il a deux options : soit il pose une question de con ance, soit il fait une déclaration de
politique générale. Ces deux possibilités ne sont maintenant en réalité utilisées a n de
faire passer une loi dont les débats au parlement s’éternisent… En e et, l’exécutif
sachant qu’il a la majorité au parlement, a une garantie : celle de ne pas voir ces
déclaration de politique générale ou la question de con ance refusée car la majorité des
parlementaires le soutient.

B) Des possibilités restreintes pour les parlementaires

La constitution de 1958 o re donc des possibilités restreintes pour les parlementaires a n


qu’ils se fassent entendre. En e et, avec la mise en place du fait majoritaire, l’opposition
est réduite au droit d’amendement (1) et les commissions parlementaires ne sont en
réalité qu’une façade a n que le gouvernement puisse encadrer (2).

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1- Une opposition réduite au droit d’amendement

Le fait majoritaire permet d’allier stabilité et e cacité a n d’avoir une démocratie


décisionnelle, cependant dans cette démocratie l’opposition se retrouve parfois sans
grand rôle à jouer. Les seules possibilités a n qu’elles se fassent entendre passent par
des droits car elle ne peut rien obtenir du vote. Par exemple, une révision
constitutionnelle de 1974 a permis à 60 députés de saisir le conseil constitutionnel pour
véri er la constitutionnalité d’une loi ou encore l’invention des questions à l’Assemblée
nationale dont 50% sont pour l’opposition avec le droit de poser la première question.
L’opposition a donc des droits mais nalement, la seule façon de montrer son
mécontentement avec un projet de loi reste le droit d’amendement. Il est donc possible
de dire que l’opposition est réduite au droit d’amendement car lors du vote, le fait
majoritaire fait que peu importe le projet de lois, il passera. Tout en sachant que ce droit
d’amendement est encadre, par exemple l’article 40 de la constitution un amendement
d’encadrement nancier n’est pas recevable ainsi qu’un encadrement matériel prévu à
l’article 41 de la constitution.

2- Des commissions parlementaires encadrées

Les commissions parlementaires ont un statut constitutionnel a n de mieux les encadrer


prévu à l’article 43 de la constitution. L’encadrement était un élément majeur de
rationalisation du parlementarisme, en e et les commissions étaient très puissances sous
les 3ème et 4ème république, elles étaient devenus des contre ministères, les
constituants ont alors voulu empêcher cela de se reproduire. Ils ont alors limité leur
nombre, mis en place le principe de la commission spéciale, c’est à dire qui est dissoute
après l’adoption du texte. Cependant, il est vrai que ces commissions ont retrouvé un
peu de pouvoir lors de la révision constitutionnelle de 2008, mais elles restent toujours
encadrées. En e et, le nombre de commission a été augmenté de 6 à 8 donc il reste
toujours limité. De plus le texte amendé par la commission est examiné à moins que la
commission ne parvient pas à adopter un texte faute de temps ou rejet, c’est alors le
texte initial du gouvernement qui est discuté en séance.

II- Une présence de l’exécutif de plus en plus renforcée sur le rôle du parlement

La constitution de 1958 permet alors à l’exécutif d’être présent sur le plan législatif,
notamment par un contrôle puissant sur l’assemblée (A) ainsi qu’avec la possibilité
d’imposer sa décision au parlement (B).

A) Un contrôle puissant sur l’assemblée

L’exécutif a donc un contrôle puissant sur l’assemblée, notamment car il choisit l’ordre du
jour (1) et que si les débats n’avancent pas assez vite, il a toujours la possibilité de faire
des ordonnances (2).

1- Le choix déterminant des sessions et de l’ordre du jour

Le gouvernement choisit donc les sujets abordés à l’assemblée puisqu’il choisit la


session ordinaire et contrôle les sessions extraordinaires. Depuis 1995, il y a des limites
constitutionnelles pour mieux contrôler les assemblées qui ont un rôle limité pour les
sessions ordinaires puisque les semaines et jours de séances sont choisis par l’exécutif.
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Tandis que pour les sessions extraordinaires, il y a un énorme contrôle du parlement car il
s’agit d’une initiative du premier ministre sur un ordre du jour déterminé largement
contrôlé par le président de la république notamment avec l’utilisation de l’article 30 de la
constitution. En e et l’article 30 dispose que les sessions extraordinaires sont ouvertes et
closes par décret du président de la république et depuis une vingtaine elles sont
devenues excessivement extraordinaires voire systématiques en Juillet et Septembre.

2- l’usage d’ordonnances de plus en plus fréquent

Le fait que le gouvernement ait de plus en plus recours aux ordonnances montre qu’il
n’est plus obligée de passer par l’assemblée a n de faire passer une loi. Alors même si
les ordonnances sont permises par l’article 38 de la constitution et peuvent parfois être
utiles a n de gérer la complexité comme pour transposer une disposition du droit de
l’Union européenne ou encore a n de préserver le parlement pour qu’ils se concentrent
sur les sujets méritant un débat. Cependant elles sont toutefois généralement
contestables, en e et depuis des années il y a une utilisation massive face à l’urgence ou
tout simplement car il s’agit d’un recours facile. Cela entraine donc une dépossession
discutable du parlement, puisque préparées et adoptées par le gouvernement puis
directement adoptées, les ordonnances sont en réalité des projets de lois devenant
directement des lois sans passer par la case parlement. Ces ordonnances font donc
gagner du temps mais empêche le bon déroulement d’un débat parlementaire et
démocratique. Le gouvernement montre donc par ces ordonnances qu’il est très puissant
et qu’il peut se passer de l’assemblée. Par exemple, depuis la crise sanitaire en 2020 les
ordonnances sont de plus en plus fréquentes avec sans doute un usage excessif.

B) La possibilité d’une décision imposée

L’exécutif peut si les assemblées n’ont pas réussi à se mettre d’accord utiliser l’armement
lourd a n de contraindre l’assemblée avec notamment l’article 49-3 de la constitution (1)
ou encore en utilisant le principe du vote bloqué (2).

1- La mise en place de l’armement lourd : le 49-3

L’exécutif a la possibilité de contraindre le vote. Notamment en engageant sa


responsabilité par l’utilisation de l’article 49-3 de la constitution a n d’adopter un texte
sans le voter. Le premier ministre peut utiliser cet article après délibération du conseil des
ministres, à n’importe quel moment de ma discussion à l’assemblée nationale et sur les
projets de loi de nances ou de nancement de la sécurité sociale et sur un autre texte
par session de puis la révision de 2008. L’utilisation de cet article revient pour le
gouvernement à dire « ce texte est vital pour moi, soit vous l’acceptez et me maintenez
en vie, soit vous le rejetez et me mettez à mort ». Donc les parlementaires ne discutent
plus du texte mais du maintien ou du renvoi du gouvernement.

2- Contraindre le droit d’amendement avec le vote bloqué

L’exécutif a une deuxième possibilité : celle de contraindre le droit d’amendement. Pour


cela, il utilise l’article 44 alinéa 3 de la constitution. L’utilisation de cet article fait que le
gouvernement demande à l’assemblée de se prononcer par un seul vote sur tout ou une
partie du texte en discussion, en ne retenant que les amendements proposés et validés
par lui. Les parlementaires ne peuvent donc plus modi er le projet de loi, c’est à prendre
ou à laisser.

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