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CNAM !

2013/2014

FISCALITE INTERNATIONALE
F TURQ - Université Paris Descartes

DOSSIER N° 2 : ÉTABLISSEMENT STABLE

Il résulte des dispositions, tant du CGI marocain (art. 5) que du CGI français (art. 209), que
les bénéfices passibles de l'IS sont constitués, en principe, par les bénéfices réalisés dans
les entreprises exploitées sur le territoire ainsi que par ceux dont l'imposition est attribuée à
l’état par une convention internationale relative aux doubles impositions.

La convention internationale qui peut modifier la portée de la loi fiscale nationale l'emporte,
en droit français, comme en droit marocain, sur une disposition d'une loi de droit interne. Le
présent document analyse la situation en droit interne.

I - LES PRINCIPES
I - 1 – Le territoire

MAROC FRANCE
Au sens du présent Code (*), l'expression « Au regard des règles de territorialité,
au Maroc » s'entend de tout le territoire l'expression « France » s'entend
marocain, des eaux territoriales marocaines, - de la France continentale, de la Corse et
des navire et aéronefs de nationalité des îles du littoral ;
marocaine. - des départements d'outre-mer, de la
Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane
et de la Réunion ;
- du plateau continental.
(*) Code de la nationalité

Aux termes de l'article premier de la Convention internationale sur le plateau continental en


date du 29 avril 1958, l'expression « plateau continental » désigne :
- le lit de la mer et le sous-sol des régions sous-marines adjacentes aux côtes, mais
situées en dehors de la mer territoriale, jusqu'à une profondeur de 200 m ou, au-delà
de cette limite, jusqu'au point où la profondeur des eaux sous-jacentes permet
l'exploitation des ressources naturelles desdites régions ;
- le lit de la mer et le sous-sol des régions sous-marines analogues qui sont adjacentes
aux côtes des îles.

I - 2 - le concept d’exploitation
Les lois marocaines ou françaises ne prévoyant que le principe général de territorialité de

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l'impôt sur les sociétés, on doit s’appuyer sur la jurisprudence et la pratique administrative.

Selon l’OCDE, l’expression « établissement stable » désigne une installation fixe d’affaires
par l’intermédiaire de laquelle une entreprise exerce tout ou partie de son activité.

En France, le Conseil d'État a été amené à définir la notion d'« entreprise exploitée en
France » ou à l'étranger. Bien évidemment, les critères définis par cette juridiction ne
s’appliquent qu’en absence de dispositions conventionnelles. Il en résulte que, sont
imposables, les entreprises :
- qui, sans posséder d'établissement sur le territoire, y utilisent néanmoins le concours
de représentants n'ayant pas de personnalité professionnelle distincte de la leur ; ces
intermédiaires sont considérés comme de véritables préposés exerçant une activité
dans le pays pour le compte de l'entreprise étrangère ;
- ou bien, qui, sans avoir sur le territoire d'établissement ou de représentant qualifié, y
réalisent des opérations formant un cycle commercial complet.

D'ailleurs, les services de la direction générale des Impôts sont constamment sollicités pour
avis, y compris par voie diplomatique. L'absence de jurisprudence ne fait qu'amplifier ces
difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises au quotidien. Le directeur général des
Impôts, Noureddine Bensouda, concède «qu'en matière de fiscalité internationale, il y a bien
des aspects à améliorer dans notre système».
Source : http://www.maghress.com/fr/leconomiste/70719

Inversement, les entreprises peuvent échapper à l'impôt sur les sociétés, non seulement à
raison des profits tirés d'un établissement situé à l'étranger, mais aussi :
- lorsque les opérations qu'elles réalisent habituellement à l'étranger sont effectuées
avec le concours d'intermédiaires n'ayant pas de personnalité professionnelle
indépendante ;
- ou lorsque lesdites opérations forment un cycle commercial complet et se détachent
des autres opérations de l'entreprise.

I - 3 - Exercice habituel d’une activité

a - Établissement
La condition d'exercice habituel d'une activité est notamment remplie lorsque l'entreprise
exploite un « établissement » qui se caractérise, en principe, par l'existence :
- d'un organisme professionnel ;
- dont l'installation présente un certain caractère de permanence ;
- et qui possède une autonomie propre.

Il y a lieu de considérer comme tel toute unité de production ou d'échange formant un


ensemble cohérent, apte à poursuivre certains buts économiques déterminés et siège
d'opérations normalement génératrices de profits. Cet organisme est généralement
concrétisé par une installation matérielle possédant une certaine permanence.

Enfin, l'établissement doit constituer une unité propre ayant une certaine autonomie au sein
de l'entité juridique constituée par l'entreprise. L'autonomie de l'établissement peut être
caractérisée, notamment, par l'existence des éléments suivants ou de certains d'entre eux :
- d'un personnel distinct ou d'un préposé spécialement délégué ;
- de services commerciaux, financiers ou techniques propres ;
- d'une comptabilité séparée de celle du siège ;
- d'un centre de décision.

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En droit marocain, il n'est pas nécessaire, pour qu'une opération soit imposable, qu'elle se
situe dans le cadre d'une activité exercée de manière habituelle. L'opération occasionnelle
est soumise à l'I.S., dès lors qu'en raison de sa nature, elle revêt un caractère lucratif.

Dans la pratique marocaine, la fourniture de services par un prestataire non-résident est


considérée comme un établissement stable si sa durée est de six mois. Cette durée est bien
inférieure dans les conventions avec la Belgique (2,5 mois), l'Algérie (3 mois), la Corée (3
mois), etc. C'est avec le Pakistan que cette durée est la plus faible: un mois.
Source : http://www.maghress.com/fr/leconomiste/70719

MAROC FRANCE
Est réputé établissement stable, sous réserve D'une manière générale, sont
des dispositions des conventions et accords : considérés comme constituant des
- un siège de direction ou d'exploitation ; établissements :
- une succursale, une agence, un magasin - le siège de la direction d'une
de vente ; entreprise ;
- un chantier de construction ou de - une usine ou un atelier de
montage ; fabrication ;
- un bureau ou comptoir d'achats exploité - un bureau, un comptoir d'achat
au Maroc par une société non résidente ou de vente
qui y procède à l'achat de marchandises - une succursale, un magasin,
en vue de leur revente en l’état. une agence ;
- une mine, carrière ou tout autre
Il en est ainsi même si : lieu d'extraction de ressources
- ce bureau ou comptoir est destiné à naturelles ;
approvisionner la société non résidente ou - un chantier nécessitant des
un de ses établissements à l’étranger ; travaux importants, continus, de
- la revente des marchandises et longue durée ainsi que la prise
l'encaissement des fonds n'ont lieu qu'à de décisions techniques par des
l'étranger. responsables se trouvant sur ce
chantier.

L’installation doit présenter une certaine autonomie à l’égard du siège ; c’est d’ailleurs cette
autonomie qui la rend apte à poursuivre les buts économiques qui lui sont assignés. Une
exploitation qui serait pleinement dépendante du siège et qui ne pourrait fonctionner seule
ne pourrait pas être individualisée fiscalement.
Pour être fiscalement « indépendant », il faut que l’établissement le soit d’abord
économiquement. Autrement dit, l’exploitation située à l’étranger, tout en n’étant qu’un
simple démembrement du siège, fonctionne comme si elle était en réalité une entreprise à
part entière. Elle dispose, pour ce faire, d’un personnel distinct, de services commerciaux,
financiers, techniques propres et parfois d’une comptabilité séparée de celle de la société.
En résumé, il faut que la valeur ajoutée qui sera imposable à l’étranger soit personnellement
« imputable » à l’établissement, qu’elle résulte de sa création propre.

Exemple :
Une succursale sans autonomie de gestion qui ne réalise aucune affaire en France, mais
se borne à assurer pour le compte de son siège situé hors de France, auquel est refacturé
l'ensemble des frais qu'elle expose, le suivi et la coordination de budgets de publicité, ne
peut être regardée comme exploitant une entreprise en France, dès lors qu'il n'est pas établi
que son gérant serait investi de pouvoirs lui permettant de conclure des contrats au nom de
la société ou d'intervenir comme instance de décision dans le traitement d'affaires.

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b - Opérations effectuées par des représentants
L'exercice habituel d'une activité peut également s'exercer l'intermédiaire de
« représentants ». Mais il convient de distinguer à cet égard selon que les « représentants »
possèdent ou non une personnalité professionnelle distincte de celle de l'entreprise qui a
recours à leurs services.

Représentants indépendants (commissionnaires, courtiers et d'une manière générale, tous


intermédiaires à statut indépendant) : l'entreprise qui effectue des opérations par leur
entremise dans un pays étranger doit être considérée comme n'exerçant personnellement
aucune activité dans ce pays. Elle doit être regardée comme n'exploitant qu'une seule
entreprise et elle est par suite imposable dans son propre pays à raison de l'ensemble des
bénéfices afférents à cette entreprise, les opérations à destination de l’étranger étant
analysées comme des exportations ou des livraisons intracommunautaires.
Bien entendu, les commissionnaires, courtiers et représentants indépendants demeurent
personnellement imposables à raison des profits qu'ils réalisent dans le cadre de leur activité
professionnelle, les charges engagées par eux n’étant pas des charges de l’entreprise
française.

Représentants sans personnalité professionnelle indépendante de celle de l'entreprise qui


les emploie, agissant pour son compte et apparaissant en fait comme ses préposés
(représentants permanents par exemple) : l'entreprise doit être considérée comme exerçant
directement et personnellement dans le pays en cause une activité imposable.

c - Cycle commercial complet

MAROC FRANCE
Les opérations réalisées au Maroc par une L'exercice habituel d'une activité peut enfin
société non résidente et constituant un cycle résulter de la réalisation d'un cycle
commercial complet sont imposables à commercial complet d'opérations, alors
l'I.S. et ce, même si leur réalisation même que l'entreprise ne posséderait dans
s'effectue en l'absence de tout établissement le pays concerné aucun établissement ou
et sans recours à un représentant mandaté représentant permanent.
à cet effet par ladite société.

Un cycle complet correspond généralement à une série d'opérations commerciales,


industrielles ou artisanales dirigées vers un but déterminé et dont l'ensemble forme un tout
cohérent :
- L'exemple le plus caractéristique du cycle complet est celui des opérations d'achat de
marchandises suivies de leur revente.
- On trouve également le cas d’une société d’assurance étrangère qui, sans
représentant local, prospecte des clients potentiels, encaisse les primes et verse le
capital, le tout à partir de son siège à l’étranger.
- Peuvent également constituer un cycle commercial complet les opérations
d'extraction, de transformation, de lotissement de terrain, de prestations de services
ou les opérations financières, dès lors qu'elles correspondent à l'exercice habituel
d'une activité distincte.

d - Sites internet
L’évolution technologique et l’élargissement du champ géographique sont des éléments dont
tous les systèmes fiscaux doivent tenir compte, ainsi en matière de commerce électronique,

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le Comité des affaires fiscales de l’OCDE a refusé d’appliquer la notion d’établissement
stable aux sites Internet, considérant leur caractère immatériel.
En effet, traditionnellement, le concept d'établissement stable suppose une présence
physique de l'entreprise sur le territoire. Or Internet crée une nouveauté en permettant de
réaliser des opérations commerciales sans disposer nécessairement d'une telle présence.
Ce n'est que dans des cas exceptionnels où l'entreprise étrangère disposerait de son propre
équipement informatique en France et emploierait du personnel pour le faire fonctionner qu'il
serait possible de considérer que cette entreprise dispose d'un établissement stable en
France.

Cette conception traditionnelle permet cependant, s’agissant des serveurs, dans la mesure
où leur appréhension dans l'espace et dans un lieu donné est susceptible d'être effectuée,
de leur appliquer la notion d'établissement stable à l'emplacement où se trouve localisé le
serveur.
Le Comité de l’OCDE a toutefois estimé que :
- la localisation d'un serveur ne permet pas à elle seule de retenir l'existence d'un
établissement stable,
- il est nécessaire, en outre, que le serveur soit à la disposition de l'entreprise
- et que des fonctions essentielles de cette entreprise soient réalisées par
l'intermédiaire du serveur.

Seul le respect de ces trois conditions cumulatives permet en conséquence de retenir


l'existence d'un établissement stable en matière de commerce électronique et donc de
déroger au principe de taxation dans l'Etat de résidence de l'entreprise.

e - Entreprises de navigation maritime ou aérienne


Article 12 de la convention franco-marocaine :
1. Les revenus provenant de l'exploitation, en trafic international, de navires ou d'aéronefs,
ne sont imposables que dans l'Etat contractant où se trouve le domicile fiscal de l'entreprise.
2. Si le siège de la direction effective d'une entreprise de navigation maritime est à bord d'un
navire, ce siège est réputé situé dans l'Etat contractant où se trouve le port d'attache de ce
navire ou, à défaut de port d'attache, dans l'Etat contractant sur le territoire duquel
l'exploitant du navire a son domicile fiscal.

II - APPLICATIONS
Il résulte des principes développés que les bénéfices provenant d'opérations effectuées par
les entreprises d’un état dans les « établissements » qu'elles possèdent à l'étranger ne sont
pas imposables à l'impôt sur les sociétés dans cet état. Les entreprises qui exploitent
exclusivement des établissements situés à l'étranger et ne possèdent en France que leur
siège social échappent généralement à toute taxation dans le pays.
Lorsqu’une personne morale soumise à l’IS a son siège en France, sa quote part de
bénéfice dans une structure fiscalement transparente ayant une activité à l’étranger n’est pas
considérée comme imposable en France.
Corrélativement les charges ou les pertes afférentes aux opérations effectuées à l’étranger
ne sont pas déductibles des bénéfices soumis à l'impôt sur les sociétés de l’état.

Ce principe doit être modulé en raison du caractère « détachable » ou non des opérations à
l’étranger. On peut en effet trouver des opérations réalisées à l'étranger :

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- détachables des autres opérations de l'entreprise
- non détachables des autres opérations de l'entreprise

EXEMPLES D’OPÉRATIONS ÉTRANGÈRES DÉTACHABLES


Etablissement :
Dans le cas d'une entreprise française qui, pendant plusieurs années, a exécuté - dans un
pays étranger qui n'était pas lié à la France par une convention fiscale - des opérations de
forage exigeant la prise de décisions techniques par des responsables se trouvant sur le
chantier, il a été jugé qu'une telle activité devait s'analyser comme celle d'une entreprise
exploitée hors de France, eu égard à la continuité, à l'importance et à l'autonomie technique
des opérations réalisées sur place, alors même que des tâches de direction et de gestion
étaient exécutées en France. (CE, arrêt du 29 juin 1981, n° 16095).

Un chantier à Monaco d'une société française de travaux publics doit être considéré comme
une entreprise exploitée hors de France en raison de la durée, de la continuité et de
l'importance des travaux alors même que certaines tâches de direction, de gestion et
d'approvisionnement sont exercées en France (CE, arrêt du 29 mars 1978, n° 04883).

Ainsi, il a été jugé :


- que dans le cas de la vente d'une usine clés en main à l'étranger, les études
réalisées en France ainsi que les opérations faites à l'étranger dans la mesure où
elles ne sont que l'accessoire de ces études constituent une activité exercée en
France.
- En revanche, doit être regardée comme constituant une activité exercée à l'étranger
par l'entreprise l'ensemble des opérations effectivement réalisées dans le pays
d'implantation de l'usine, telles que la passation et le suivi des contrats, la réalisation
des installations sur le site, la mise en place de l'infrastructure de chantier, les études
d'ingénierie complémentaires exigées sur le site, les modifications des installations
en résultant ou décidées à la suite de défaillance du matériel, la direction, la
supervision et le contrôle du déroulement des opérations de construction, les
opérations de mise en service et les essais de performance, l'étude et les
négociations du financement de l'ensemble du marché ainsi que les opérations
relatives à l'exportation des matériels nécessaires constituent une activité exercée à
l'étranger (CE, arrêt du 17 mai 1989, n° 34 380).

Représentant autonome :
Une société immobilière qui a son siège en France ne peut y être taxée à raison du gain
qu'elle réalise sur la vente d'un immeuble qu'elle possède dans un pays étranger, dès lors
qu'elle a habilité dans ce pays un représentant qualifié, chargé par elle d'y gérer ses
immeubles et, le moment venu, d'en opérer l'aliénation devant notaire. Il y a lieu, en pareil
cas, de réintégrer dans la base d'imposition en France, la quote-part correspondante des
frais généraux d'administration. (CE, arrêt du 5 juin 1937, n° 42274).

Cycle commercial complet :


Le Conseil d'État a jugé que ne pouvaient être imposés en France les profits réalisés par
une entreprise à l'occasion d'actes de commerce faits exclusivement à l'étranger, dès lors
que ces actes se détachaient, par leur mode d'exécution, des opérations - pourtant de même
nature - effectuées en France par cette entreprise et caractérisaient l'exercice habituel d'une
activité commerciale à l'étranger. Il s'agissait, au cas particulier, d'une société qui se livrait
habituellement à l'expédition de fruits et primeurs tant en France qu'à l'étranger. Le
Gouvernement anglais ayant interdit en 1935 l'importation des pommes de terre françaises,
la société s'était vue dans l'obligation, pour conserver ses marchés, de se procurer des

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pommes de terre d'autre provenance. A cet effet, deux associés s'étaient rendus en
Espagne pendant quelques semaines en vue de procéder aux achats nécessaires. En même
temps, un autre associé assurait en Angleterre la vente des marchandises au fur et à
mesure de leur importation d'Espagne. Aucun des intéressés n'avait d'installation fixe à
l'étranger. (CE, arrêt du 14 février 1944, n° 67442).

EXEMPLES D’OPÉRATIONS ÉTRANGÈRES NON DÉTACHABLES

Chantier :
Une société française qui exploitait une verrerie avait conclu un contrat relatif à la
construction, à l'équipement et à la mise en fonctionnement d'une usine de même nature
dans un pays d'Asie. Le contrat comportait une clause d'assistance technique au cours de la
première période de fonctionnement de l'usine, clause en vertu de laquelle la société
percevait des redevances. Au cas d'espèce il a été jugé que :
- d'une part, ni la construction - d'ailleurs exécutée en sous-traitance par une tierce
entreprise - ni l'équipement de ladite usine ne constituaient, pour la société
intéressée, l'exercice habituel à l'étranger d'une activité commerciale détachable de
son activité en France ;
- d'autre part, les prestations fournies au titre de l'assistance technique, ayant été
exécutées à l'aide d'un personnel mis temporairement à la disposition de son
cocontractant, devaient être regardées comme une extension occasionnelle de son
activité, alors même que celle-ci n'aurait pas comporté jusqu'alors de prestations de
l'espèce (CE, arrêt du 3 avril 1968, n° 70822)

Activité commerciale :
Cas d'une entreprise sise en France qui, ayant cédé une usine qu'elle exploitait au Japon, a
consenti à l'acquéreur la location de certains éléments de son matériel industriel moyennant
une redevance en partie fonction des bénéfices, la Haute Assemblée a estimé que la société
ne pouvait être regardée, par le seul fait de ce contrat, comme exerçant habituellement une
activité commerciale à l'étranger, qu'au contraire cette opération rentrait par sa nature, bien
que le matériel fût loué hors de France, dans le cadre de l'exploitation de l'entreprise en
France, et ne pouvait, dans les conditions où elle avait été réalisée, en être détachée,
nonobstant la circonstance qu'un représentant ait été spécialement chargé de surveiller sur
place l'exécution dudit contrat. (CE, arrêt du 5 février 1945, req. n°s 68348, 72132 et 73150).

C'est ainsi qu'une société qui, sans posséder à l'étranger d'agence ou de succursale, y vend
par l'intermédiaire d'une maison de commission ayant une personnalité indépendante de la
sienne, les produits qu'elle fabrique en France, doit être regardée comme exploitant une
seule entreprise sise en France : elle est par suite imposable à raison de l'ensemble des
bénéfices afférents à cette entreprise (CE, arrêt du 18 mars 1932, n°s 16452, 21607 et
24688).

Une société, concessionnaire exclusif en France pour la vente, le montage et la réparation


de matériels d'une firme allemande, avait constitué dans les anciens territoires de l'union
française un réseau de concessionnaires indépendants avec qui elle avait, en tant qu'agent
général de la firme allemande, passé des contrats aux termes desquels, moyennant le
paiement d'une commission, elle faisait livrer auxdits concessionnaires les matériels, fixait
les prix, établissait les factures « pro-forma » et procédait éventuellement aux démarches
nécessaires pour l'obtention des licences d'importation. Le Conseil d'État a considéré que
les opérations effectuées outre-mer étant organisées, contrôlées et gérées par le siège de
l'entreprise en France devaient, bien qu'elles fussent réalisées selon des modalités
différentes de celles utilisées dans notre pays, être regardées comme constituant, non un
cycle commercial distinct, mais le simple prolongement des opérations effectuées par ladite

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entreprise en France, où se situait le centre de décision (CE, arrêt du 5 février 1968, n°
62333).

Cette jurisprudence a été confirmée dans le cas de sociétés françaises achetant,


entreposant et vendant en gros des vins à l'étranger sans y posséder d'établissement stable.
Il a été en effet jugé que ces opérations de commerce international, bien que matériellement
exécutées hors de France, ne pouvaient être regardées comme réalisées par une entreprise
exploitée hors de France dès lors que toutes les décisions relatives à ces opérations étaient
prises en France, où les sociétés avaient leur siège et leur seul établissement, et que tous
les mouvements financiers correspondant à ces transactions étaient également décidés et
réalisés à partir des sièges sociaux (CE, arrêt du 14 mars 1979, n° 07098).

Brevets :
Lorsqu'une entreprise française concède à des sociétés étrangères, moyennant le paiement
de redevances, le droit d'exploiter à l'étranger des brevets lui appartenant, ces redevances
constituent pour elle des recettes qui ne sauraient être détachées de celles qu'elle retire de
son activité en France, sauf en cas d'inscription des droits générateurs des redevances à
l'actif du bilan d'un établissement étranger, si cette inscription est justifiée par l'activité de
l'établissement.

Activités financières :
Sauf si les placements effectués à l'étranger sont détachables des activités du siège en
France (ce qui peut être le cas lorsqu'ils ont un lien étroit avec un établissement installé hors
de France), les produits correspondants sont imposables en France, à défaut, ils sont
réputés effectués à partir de la France.

Activités immobilières :
Il convient de distinguer les deux hypothèses suivantes :
a. Les immeubles situés à l'étranger sont affectés à l'exercice d'une activité
commerciale habituelle dans le pays de leur situation ou constituent de par leur
gestion, l'exploitation d'une véritable entreprise indépendante.
Lorsqu'une entreprise française exerce une activité commerciale habituelle dans le
pays où sont situés les immeubles, les revenus de ces immeubles - qui figurent à
l'actif du bilan de l'établissement étranger - doivent en principe être compris dans
les résultats de l'activité étrangère et échappent par suite à toute imposition en
France.
b. Les immeubles à l'étranger ne sont pas affectés à une activité commerciale
habituelle de la personne morale propriétaire et les conditions de leur gestion ne
sont pas caractéristiques d'une activité détachable de celle du siège.
Dans les situations de ce type, les revenus des immeubles situés à l'étranger sont
imposables en France.

Assurance :
Tel est le cas, également, d'une société effectuant en France -où elle a son siège et ses
bureaux- des opérations de courtage de réassurance ; les opérations de même nature
qu'elle réalise à l'étranger où elle ne dispose d'aucune succursale, ni d'aucun établissement,
et qu'elle effectue, soit par correspondance émanant de son bureau en France, soit par
l'intermédiaire de sous-courtiers installés à l'étranger et ayant une personnalité
indépendante, doivent être regardées comme se rattachant à l'activité exercée en France
(CE, arrêt du 18 juin 1969, n° 68042).

Navigation :
Une compagnie de navigation ayant à l'étranger son siège social où elle ne possède ni local
spécial ni préposé et où elle ne traite aucune affaire, alors qu'elle a en France le siège de sa

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direction, où sont installés ses services techniques, administratifs et commerciaux ainsi que
ceux du contentieux et de la comptabilité, doit être assujettie à l'impôt sur les sociétés au lieu
de ce dernier siège pour l'ensemble de ses activités. Jugé à cet égard, que les opérations de
transport de la compagnie doivent être considérées comme effectuées en France dès lors :
- d'une part, que ladite compagnie ne possède à l'étranger, ni agence, ni succursale et
que, si elle traite certaines opérations de fret par l'intermédiaire d'entreprises
étrangères, celles-ci n'ont pas qualité pour l'engager et gardent une personnalité
commerciale distincte de la sienne ;
- d'autre part, que l'exploitation de ses navires, bien qu'immatriculés hors de France et
effectuant d'un port étranger à un autre port étranger des transports dont le prix est
payé à l'étranger, ne représente pas une activité détachable des autres opérations de
l'entreprise (CE, arrêt du 3 mars 1958, n° 41135).

CAS DES ENTREPRISE ÉTRANGÈRES AYANT DES ACTIVITÉS SUR LE TERRITOIRE


NATIONAL

Les exemples précédents s’appliquaient aux cas d’entreprise ayant leur siège dans un état
(la France ou le Maroc). Par symétrie, les bénéfices réalisés par une entreprise ayant son
siège à l’étranger (hors France ou Maroc) sont imposables dans ce pays, notamment
lorsqu'ils résultent d'opérations constituant l'exercice habituel d'une activité dans ce pays.
Cette condition est réputée remplie lorsque l'entreprise dont le siège est situé à l’étranger :
- exploite un « établissement » sur le territoire national ;
- y réalise des opérations par l'intermédiaire de représentants n'ayant pas de
personnalité professionnelle indépendante ;
- ou encore lorsque les opérations effectuées sur le territoire y forment un cycle
commercial complet.

Quelques observations particulières :


Revenus de valeurs mobilières et d’autres capitaux placés dans un territoire : sous réserve
des dispositions des conventions internationales, ces revenus sont imposables dans l’état
source lorsque le bénéficiaire est une personne morale ayant son siège à l’étranger. En fait,
sauf dispositions conventionnelles, ces produits sont normalement soumis à une retenue à
la source.

Plus-values de cession de droits sociaux : sous réserve des conventions internationales, les
plus-values réalisées par des personnes morales ou organismes, quelle qu'en soit la forme,
ayant leur siège social à l’étranger, doivent donner lieu à imposition dans l’état source.

Participation dans un GIE : Les personnes morales étrangères passibles de l'impôt sur les
sociétés sont personnellement assujetties à cet impôt à raison de la quote-part des
bénéfices des sociétés de personnes ou des GIE, correspondant à leurs droits sociaux.
Cette part de bénéfices est déterminée selon les règles applicables à l'impôt sur les sociétés.

Revenus d’immeubles possédés par une entreprise ayant son siège à l’étranger :
D'une manière générale, lorsqu'une entreprise étrangère exerce dans un territoire une
activité habituelle, les revenus des immeubles qu'elle y possède et qui figurent à son actif
doivent, quelle que soit l'affectation de ces immeubles, être compris dans le bénéfice
imposable dans le territoire.
Lorsqu'elle n'exerce aucune activité habituelle, une société étrangère qui possède un
immeuble à usage commercial ou d'habitation donné en location, est également passible de
l'impôt sur les sociétés, en raison de sa forme ou du caractère lucratif de l'opération, sur les
profits retirés de cette location.

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Dans le cas français, le code contient des dispositions visant les personnes propriétaires de
certains biens immobiliers en France :

Article 990 D
Les personnes morales qui, directement ou par personne interposée, possèdent un ou
plusieurs immeubles situés en France ou sont titulaires de droits réels portant sur ces biens
sont redevables d'une taxe annuelle égale à 3 % de la valeur vénale de ces immeubles ou
droits.
Est réputée posséder des biens ou droits immobiliers en France par personne interposée,
toute personne morale qui détient une participation, quelles qu'en soient la forme et la
quotité, dans une personne morale qui est propriétaire de ces biens ou droits ou détentrice
d'une participation dans une troisième personne morale, elle-même propriétaire des biens ou
droits ou interposée dans la chaîne des participations. Cette disposition s'applique quel que
soit le nombre des personnes morales interposées.

III - DÉTERMINATION DU RÉSULTAT IMPOSABLE


III - I Principes généraux
La détermination des bénéfices ou des pertes ne soulève généralement pas de difficultés
lorsque les opérations nationales et étrangères sont nettement distinctes et effectuées dans
des établissements autonomes dotés d'une comptabilité particulière. Il en est de même
lorsque l'entreprise possède une organisation comptable centralisée telle qu'il soit possible
d'en extraire les éléments propres à chaque établissement ou à chaque branche d'activité
autonome.
En revanche, lorsqu'il n'existe qu'une seule comptabilité qui enregistre les résultats
d'ensemble de l'entreprise, il convient alors de procéder à une ventilation des produits bruts
et des frais et charges communs à l'ensemble de l'exploitation afin de déterminer la fraction
du bénéfice imposable - ou de la perte déductible - que l'entreprise concernée a réalisé dans
chacun des pays.

Un bénéfice imposable dans un territoire ou certains éléments de ce bénéfice (par exemple,


intérêts, dividendes, redevances...) sont parfois également imposables dans un autre État ou
territoire. Il peut en être notamment ainsi lorsque l'Etat ou le territoire concerné, non lié par
une convention fiscale, applique des règles d'imposition différentes.
Dans ce cas, l'impôt supporté à l'étranger sur les bénéfices ou éléments de bénéfices est
admis dans les charges à déduire pour déterminer la base d'imposition dans le territoire
national. En revanche, cet impôt n'est pas traité comme un crédit imputable sur l'impôt dû en
France.
On note que la solution est différente lorsque des bénéfices ou éléments de bénéfices
imposables proviennent d'États ou territoires liés par une convention fiscale.

D'une façon générale, la détermination de cette fraction dépend des conditions de


fonctionnement de l'entreprise.

Ainsi, dans le cas d'une société qui possède en France une fabrique et des services
commerciaux et qui a d'autre part, à l'étranger, un dépôt de marchandises dont la direction

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est confiée à un agent spécial résidant sur place et chargé soit d'exécuter les ordres reçus
du siège, soit de recevoir directement les commandes des clients et d'y pourvoir à l'aide de
marchandises en magasin, le bénéfice réalisé sur les affaires traitées avec l'étranger doit
être regardé comme provenant à la fois de l'entreprise industrielle française et de l'entreprise
commerciale exploitée à l'étranger. Il y a donc lieu de rechercher si et comment ce bénéfice
total doit être réparti en un bénéfice de fabrication imposable en France et un bénéfice de
vente imposable pour partie en France et pour partie à l'étranger.

Dans tous les cas où, ni les conditions de fonctionnement de l'entreprise, ni la comptabilité,
ne permettent de déterminer avec précision les opérations nationales et étrangères, il
convient d'avoir recours à une ventilation forfaitaire. Il y a lieu de noter, toutefois, que le
terme « forfaitaire » employé ici doit être entendu au sens d'« évaluation approchée », mais
faite à partir de données comptables incontestables.

Deux méthodes de ventilation sont à distinguer :


a) La méthode de répartition proportionnelle qui consiste à appliquer au montant du
bénéfice global de l'entreprise un coefficient résultant du rapport de deux grandeurs
préalablement choisies. Parmi les solutions proposées, on trouve :

Bénéfice brut de l’établissement distinct


Bénéfice brut de l’ensemble de l’entreprise

Un comptable peut être étonné par cette méthode de répartition du bénéfice par un rapport
de bénéfices !.
Ou bien, pratique plus répandue :

CA de l’établissement distinct
CA de l’ensemble de l’entreprise

Telles est la méthode retenue par la convention fiscale franco marocaine :

Article 10
4. Lorsque les contribuables dont l'activité s'étend sur les territoires des deux Etats
contractants sont dans l'impossibilité de faire ressortir distinctement et exactement les
bénéfices afférents aux établissement stables situés dans l'un et l'autre Etat, le bénéfice
respectivement imposable par ces Etats peut être déterminé en répartissant les résultats
globaux au prorata du chiffre d'affaires réalisé dans chacun d'eux.

Cette analyse est également applicable pour la répartition de frais communs :

C'est ainsi que, dans le cas d'une société possédant des établissements en France et à
l'étranger, il a été jugé que les frais engagés dans l'intérêt de l'ensemble de l'entreprise,
notamment ceux concernant la gestion du capital et la direction générale de la société,
devaient donner lieu à ventilation. La part de ces frais imputable à l'établissement sis en
France a pu être valablement fixée, dans les circonstances de l'affaire, d'après la proportion
existant entre le chiffre d'affaires de l'établissement français et le chiffre d'affaires global de
la société.

b. La méthode de répartition par comparaison qui permet de reconstituer, à partir de


certains éléments déterminés, le bénéfice de l'établissement en cause, que l'on assimile à

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une entreprise indépendante.
Ce procédé consiste à comparer l'établissement distinct dont il y a lieu de déterminer le
bénéfice imposable, à celui des entreprises similaires, fonctionnant dans les mêmes
conditions, et participant au même processus économique.
Le résultat recherché peut être obtenu en appliquant au chiffre d'affaires de l'établissement
en cause, le pourcentage moyen de bénéfice net constaté dans les entreprises choisies
comme terme de comparaison. Dans ce cas, aucune déduction n'est faite ensuite au titre
des frais généraux de l'établissement ou des frais communs exposés par le siège.
Il est également possible de multiplier le chiffre d'affaires par le coefficient de bénéfice brut
constaté dans ces mêmes entreprises et de retrancher du résultat ainsi obtenu les frais
généraux de l'établissement concerné et une quote-part des frais communs exposés par le
siège.

Mais, dans de nombreux cas et plus spécialement, lorsque l'on se trouve en présence :
- soit d'activités commerciales auxiliaires ou préparatoires réalisées dans un
établissement, tel qu'un bureau d'achat ou un bureau de vente ;
- soit de prestations de services diverses effectuées sur le territoire, par exemple, par
un bureau d'études, ou de publicité, qui, dans l'un et l'autre cas, caractérisent
l'exercice habituel d'une activité imposable, il convient de recourir à la « méthode de
la commission ».

Le bénéfice réputé réalisé sur le territoire doit alors correspondre à celui que réaliserait
l'établissement, le dépôt ou le bureau en cause s'il effectuait pour le compte de tiers les
opérations qu'il exécute pour la société étrangère dont il dépend.
En d'autres termes, ce bénéfice peut être évalué en défalquant les frais exposés localement
du montant des commissions ou rémunérations diverses que l'entreprise étrangère aurait dû
verser à des tiers (représentants ou prestataires de services) pour effectuer les opérations
qu'elle réalise ainsi directement elle-même.

Bien entendu, la méthode de répartition par comparaison ne saurait être retenue que dans le
cas où la comptabilité ne permet pas l'évaluation exacte des résultats de l'activité déployée
ou lorsque la méthode de répartition au prorata du chiffre d'affaires ne peut être retenue.

III - 2 Modalités d’application


Pour déterminer les résultats positifs ou négatifs de l'activité réputée nationale, du point de
vue fiscal, d'une entreprise qui exerce son activité tant dans le territoire qu'à l'étranger, il
convient d'effectuer la ventilation des résultats globaux de l'entreprise d'après sa
comptabilité.
Compte tenu de la nature des opérations effectuées et des conditions particulières
d'exploitation, cette ventilation peut porter :
- soit sur des bénéfices ou revenus ;
- soit sur certaines dépenses communes :
- soit enfin sur les pertes ou déficits subis

a - Ventilation des bénéfices


Dès lors que le bénéfice global d'une entreprise n'est pas réalisé exclusivement sur le
territoire national, il doit faire l'objet d'une ventilation.

b - Ventilation des frais et charges


Les frais et charges afférents aux entreprises exploitées dans le territoire sont normalement
déductibles pour l'assiette de l'impôt sur les sociétés.
En revanche, les frais qui se rapportent à des entreprises dont les résultats ne sont pas
soumis à l'impôt national ne peuvent venir en déduction des bénéfices imposables.

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Il y a lieu de distinguer, parmi les frais et charges d'un établissement, deux catégories
distinctes de dépenses.
- Une première catégorie comprend les dépenses propres à l'établissement qui,
directement imputables à celui-ci, sont facilement déterminables. Il en est ainsi,
notamment, des dépenses de personnel et de direction propres à l'établissement,
des achats de marchandises, matières premières et produits finis, des acquisitions de
matériels et outillages directement affectés à l'établissement, de l'amortissement des
immobilisations sises au lieu d'implantation de l'établissement, etc.
- Une deuxième catégorie englobe les frais et charges pris en compte par le siège de
la direction effective de l'entreprise et qui doivent être, par la suite, partiellement
imputés à chaque établissement distinct. La ventilation de ces charges présente des
difficultés particulières, soit que leur montant ait été comptabilisé globalement, soit
que leur destination apparaisse incertaine.

Cas particulier des intérêts versés par les succursales dans un état à des banques
étrangères.
En ce qui concerne les banques et les autres établissements financiers et de crédit, il
convient de distinguer, dans les relations entre un siège et ses succursales étrangères :
- d'une part, les dotations attribuées aux succursales à titre de quasi-capital ;
- d'autre part, les avances en comptes courants inhérentes à la nature même de
l'activité des établissements, c'est-à-dire le commerce de l'argent.

• Distinction des deux catégories d'opérations


Elle ne peut qu'être faite au cas par cas, en fonction de l'ensemble des caractéristiques de
chaque affaire.

• Prise en compte des intérêts


Les dotations obéissent aux règles prévues pour toutes les opérations purement financières
entre un siège et une succursale. Elles ne peuvent donc pas donner lieu au paiement
d'intérêts susceptibles d'être pris en compte pour le calcul des résultats fiscaux.
En revanche, et sous réserve d'être effectuées dans les mêmes conditions que celles qui
sont pratiquées entre établissements bancaires non apparentés, les avances sont traitées
comme des opérations commerciales.
Ces avances peuvent donc être génératrices d'intérêts. Ces intérêts sont déduits du résultat
fiscal de la succursale et intégrés à celui du siège.

• Incidence des conventions fiscales


La plupart des conventions internationales permettent d'appliquer les règles ci-dessus

Toutefois, l’entreprise reste libre du choix et de la répartition des modes de financement.


L’administration ne saurait remettre en cause le caractère normal du choix arrêté par le seul
siège de la société de financer par l'octroi d'un prêt, de préférence à un apport de fonds
propres (Cour Administrative d'Appel de Versailles, N° 09VE02376 – 08/03/2011)

III - 3 OBLIGATIONS DES SOCIÉTÉS PASSIBLES DE L’IS AYANT DES ACTIVITÉS À


L’ÉTRANGER
Les documents comptables et fiscaux que les entreprises sont tenues de produire doivent
être de nature à justifier l'exactitude des résultats indiqués dans la déclaration à laquelle ils
doivent être joints.
S'agissant de personnes morales passibles de l'impôt sur les sociétés, ces résultats
imposables s'entendent uniquement des bénéfices réalisés dans les entreprises exploitées

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dans le territoire ainsi que ceux dont l'imposition lui est attribuée par une convention
internationale relative aux doubles impositions.

Dans le cas français, les sociétés et personnes morales assimilées exerçant partiellement
leur activité à l'étranger sont tenues de produire deux séries de tableaux normalisés à l'appui
de leur déclaration de résultat :
- la première, regroupant les éléments comptables concernant l'ensemble des
activités exercées quelle que soit leur localisation ;
- la seconde, mentionnant les éléments afférents aux seules opérations dont le
résultat est imposable en France.

Les tableaux de la seconde série doivent être établis dans les conditions suivantes : le total
du bilan figurant sur les tableaux à caractère fiscal doit être identique à celui du bilan
comptable. En conséquence, les éléments actifs et passifs rattachables aux activités
exercées hors de France doivent être extournés des postes correspondants.
En vue d'assurer la concordance avec le total du bilan, le montant total des postes ainsi
extournés doit être compris respectivement dans les comptes de régularisation actif et
passif. La ventilation des comptes de régularisation doit être annexée aux tableaux à
caractère fiscal.
En revanche, les autres tableaux ne doivent mentionner que les opérations courantes ou
exceptionnelles qui participent à la réalisation des résultats imposables en France.

IV LE REGIME DES QUARTIERS GENERAUX ET CENTRES DE COORDINATION


Le quartier général exerce des fonctions de direction, de gestion, de coordination ou de
contrôle. Le centre de logistique exerce des fonctions de stockage, de conditionnement,
d'étiquetage ou de distribution de produits et les activités administratives liées à ces
fonctions.
Ce type d’entité a trois caractéristiques :
- il fait partie d’un groupe,
- il peut n’avoir aucune personnalité juridique,
- il peut n’avoir aucun produit, étant alors un simple centre de coûts.

MAROC FRANCE
Article 2.- Personnes imposables Instruction du 21 janvier
I.- Sont obligatoirement passibles de l’impôt sur les 1997 :
sociétés : On considère comme
… « quartier général » une
5°- les centres de coordination d’une société non société dont le siège est en
résidente ou d’un groupe international dont le siège est France ou un établissement
situé à l’étranger. stable situé en France d'une
Par centre de coordination, il faut entendre toute filiale ou société dont le siège est à
établissement d’une société ou d’un groupe international l'étranger, qui dépend d'un
dont le siège est situé à l’étranger et qui exerce, au seul groupe international contrôlé
profit de cette société ou de ce groupe, des fonctions de depuis la France ou
direction, de gestion, de coordination ou de contrôle. l'étranger, et qui exerce au
seul profit de ce groupe des
Article 8.- Résultat fiscal fonctions de direction, de
… gestion, de coordination ou
IV.- La base imposable des centres de coordination … est de contrôle.
égale à 10 % du montant de leurs dépenses de
fonctionnement. A cette base s’ajoute, le cas échéant, le
résultat des opérations non courantes.

Fiscalité internationale - ISCAE - 2014 14


Modalités d'imposition à l'impôt sur les sociétés
Ce type de structure est souhaité par de nombreux états, des dispositifs fiscaux favorables
ont donc été mis en place : on va de l’exonération totale à une imposition forfaitaire
symbolique.
En droit français comme en droit marocain, sous réserve qu'il s'agisse d'entités passibles de
l'IS, les quartiers généraux ou centres de coordination ont la possibilité d'obtenir à priori de
l'administration l'assurance que le montant de leurs bénéfices imposables à l'IS ne sera pas
remis en cause s'ils le déterminent en fonction d'une marge bénéficiaire pour l'ensemble des
activités qui relèvent des fonctions " quartier général " ou " centres de logistique " , calculée
en appliquant un pourcentage donné au montant des charges d'exploitation courantes.
Le taux de marge retenu est fixé au cas par cas, en fonction des caractéristiques de l'activité
du quartier général et de ses conditions d'exercice, au niveau qui correspond le mieux au
profit qui aurait été réalisé par une entreprise indépendante dans le respect du principe de
pleine concurrence. A titre indicatif, on fait souvent référence à un taux de marge forfaitaire
de 8%.

Le Conseil de l'Union européenne ayant adopté un code de conduite dans le domaine de la


fiscalité des entreprises, destiné à enrayer les mesures fiscales dommageables susceptibles
d'influer sensiblement sur la localisation des activités économiques au sein de la
Communauté, et a critiqué certaines législations : le dispositif français des quartiers
généraux et des centres de logistique (et quelques autres, équivalents) a été identifié comme
« dommageable ».

Dans la mesure où une partie des activités du quartier général ou du centre de logistique
serait sous-traitée, les frais de sous-traitance correspondants seront pris en compte dans les
charges, pour leur totalité.

Exemple :
Soit un quartier général établi en France avec des charges de 900 000 € et qui ne réalise
aucun produit.
L’administration propose un taux de base d’imposition de 8%
Le bénéfice forfaitaire utilisé sera : 8% * 900 000 = 72 000 €

Bien évidemment, dans un cadre fiscal, les charges à retenir sont celles conformes au
règlement du code des impôts. Dans le cas où certaines de ces charges seraient non
déductibles et devraient être réintégrées, par exemple 30 000 €, l’administration retiendrait
comme base d’imposition :

- tout d’abord, le bénéfice forfaitaire : 72 000


- par ailleurs, la réintégration fiscale : 30 000
Soit un total : 102 000

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