Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Extension et coopération
CHAPITRE 17
Les établissements multiples
4001
Généralités
Notion d'établissement
4002
L'entreprise est une entité juridique et économique. Elle peut comprendre plusieurs
établissements qui correspondent à des entités techniques ou géographiques. Selon le
décret 49-1134 du 2 août 1949 relatif à la nomenclature des entreprises, « l'établissement
est une usine, un atelier, un bureau, etc. où travaillent une ou plusieurs personnes pour le
compte d'une même autorité directrice… L'entreprise est une organisation économique de
forme juridique déterminée (propriété individuelle ou collective) constituée pour la production
de biens destinés à la vente, ou de services rémunérés. Une entreprise peut être constituée
par un ou plusieurs établissements ».
L'établissement comprend un groupe de salariés exerçant sous une même autorité, en un
lieu indépendant de l'établissement principal, une activité caractérisée. En pratique, la notion
d'établissement secondaire, au sens large, est employée dans le but de marquer l'isolement
d'une partie de l'entreprise à l'intérieur de son ensemble, en ce qui concerne sa situation
géographique, s'accompagnant d'une individualité économique ou technique assortie d'un
plus ou moins grand degré d'autonomie de gestion. L'établissement peut se situer en France
ou à l'étranger.
La notion d'établissement ne doit pas être confondue avec celle de service (ou département ) qui est une
subdivision de l'entreprise chargée de remplir une fonction déterminée et qui dispose parfois d'une organisation
comptable propre isolant certaines catégories d'opérations sous sa responsabilité.
Notion de succursale
4003
La succursale est un démembrement d'une société qui en est la seule propriétaire, jouissant
à des degrés divers d'une autonomie administrative, financière et comptable, mais n'ayant
pas de personnalité juridique distincte.
La succursale est un établissement caractérisé par l'indépendance de l'exploitation :
elle gère en direct une clientèle ; elle dispose de moyens de production propres et elle est
gérée par un représentant de l'entreprise doté de pouvoirs suffisants pour agir comme un
exploitant. Cette gestion est parfois confiée à un gérant mandataire jouissant d'un statut
spécial et notamment responsable des marchandises qui lui sont confiées.
Ne constitue pas une succursale l'établissement ayant à sa tête un directeur qui n'a aucune responsabilité dans le
recrutement et l'administration du personnel, la gestion financière et commerciale de la succursale et dont les
interventions sont limitées à celles d'un intermédiaire d'exécution (Cass. soc. 10 février 1971, Bull. 1971, V, n° 99,
p. 81) .
La succursale ne doit pas être confondue avec la filiale. En effet, la succursale n'a pas de
personnalité morale et, même si elle a sa clientèle rattachée, elle agit toujours au nom de
l'entreprise dont elle fait partie.
Aspects économiques de l'établissement
4004
Les établissements secondaires reflètent des situations très diverses :
- Sur le plan technique, ils sont soit des centres d'exploitation de matières premières, soit des centres de
production ou de transformation, soit des entrepôts ou des unités de vente, soit des centres prestataires de
services.
- Sur le plan historique, ils peuvent provenir de la localisation des sources de matières premières ou d'énergie,
de la localisation du marché, d'une politique de décentralisation ou d'extension.
- Sur le plan sectoriel, les entreprises à établissements multiples se rencontrent dans tous les secteurs
économiques et en particulier dans les services et la distribution.
L'autonomie de l'établissement est purement une autonomie de gestion qui résulte d'une
délégation de pouvoirs et ne fait pas obstacle à sa subordination à l'entreprise. Cette
autonomie est très diverse selon les situations ; elle concerne notamment les moyens de
gestion (investissements, personnel), les achats (budgets, négociations, etc.), les ventes
(fixation des prix). Elle trouve ses limites dans le respect des règles communes à
l'entreprise.
Aspects juridiques de l'établissement
4005
L'établissement n'a pas de personnalité juridique. Cependant :
- la création en France d'établissements secondaires permanents (succursales, agences, bureaux,) fait
l'objet d'une immatriculation secondaire ou complémentaire au registre du commerce et des sociétés (voir
Mémento sociétés n° 27351 s. ) ;
- la création en France d'une succursale de société étrangère est soumise à certaines formalités (voir
Mémento sociétés n° 29011 s. ) : déclaration d'investissement direct, obtention d'une carte de commerçant
étranger (sauf pour les ressortissants des états membres de l'Espace économique européen et les titulaires d'une
carte de résident), formalités de publicité (dépôt au greffe du tribunal de commerce de certains documents,
immatriculation au registre du commerce et des sociétés pour laquelle existe une procédure simplifiée pour
certaines sociétés soumises à la législation d'un État membre de la CE) ;
- la notion d'établissement intervient pour la désignation des délégués du personnel, des représentants du comité
d'entreprise et des délégués syndicaux, pour les procédures de licenciement et d'expression des salariés et le
versement des cotisations de Sécurité sociale (voir Mémento social n° 7756 , 7885 , 5735 , 4352 et 3384 .
Aspects fiscaux de l'établissement
4006
La notion d'établissement intervient dans la réglementation relative aux impôts et taxes suivants :
- impôt sur le revenu : l'impôt est établi au lieu de la résidence du contribuable ou en cas de pluralité de
résidences en France, au lieu du principal établissement (voir Mémento fiscal n° 363 ) ;
- impôt sur les sociétés : il atteint seulement les bénéfices des sociétés exploitées en France et ceux dont
l'imposition est attribuée à la France par une convention internationale relative aux doubles impositions (voir
Mémento fiscal n° 3166 ). Les entreprises exploitées en France s'entendent des établissements stables pour les
entreprises étrangères (voir Mémento fiscal n° 7514 ). Il est dérogé à cette règle lorsqu'il y a imposition du
bénéfice mondial (voir Mémento fiscal n° 3170 ). Lorsqu'ils sont implantés en France, les quartiers généraux et les
centres logistiques de groupes internationaux, ainsi que le personnel détaché temporairement dans ces structures,
font l'objet d'une imposition particulière ( BOI 13 G-1-97 ) ;
- taxe professionnelle : le lieu d'imposition est la commune où l'entreprise a des locaux ou des terrains.
Disposant par hypothèse de locaux, tout établissement fait donc l'objet d'une imposition distincte. Les lieux
d'imposition des immobilisations, véhicules et personnel dont l'entreprise dispose dans plusieurs communes sont
l'objet de dispositions particulières (voir Mémento fiscal n° 3900 ) ;
- taxe foncière : les établissements industriels font l'objet d'un régime particulier d'imposition : leur valeur
locative est déterminée à partir de données comptables (voir Mémento fiscal n° 3750 ).
- TVA : cette taxe comporte un caractère territorial et s'applique seulement aux opérations imposables
considérées comme faites en France, voir Mémento fiscal n° 4300 s. Sur l'importance de la notion
d'établissement stable pour l'imposition des prestations de services, voir Mémento fiscal n° 4440 .
SECTION I
Établissements français d'une entreprise française
Principes généraux
4010
a. La comptabilité des entreprises à établissements multiples n'est soumise à aucune
réglementation spécifique et doit respecter l'ensemble des normes comptables
habituelles.
Le plan comptable professionnel des entreprises à commerces multiples et son guide d'application ne
comportent aucune disposition particulière concernant leurs succursales.
b. La tenue d'une comptabilité par établissement n'est pas obligatoire. Il en résulte
que la tenue de registres comptables, cotés et paraphés, propres à l'établissement n'est pas
requise.
La tenue du livre de paie n'est plus obligatoire depuis le 1er août 1998 mais il doit être conservé 5 ans à compter
de sa clôture et être mis à disposition de l'inspecteur du travail dans le délai fixé par ce dernier (voir n° 958 et
Mémento social n° 8542 ).
c. Aucune règle n'impose que la comptabilité d'une entreprise soit tenue en un même lieu.
La comptabilité relative à l'établissement peut donc :
- soit être tenue entièrement par l'établissement (comptabilité autonome) : à la clôture de
l'exercice, les comptes de l'établissement sont intégrés à ceux de l'entreprise (voir I) ;
- soit être tenue directement par l'entreprise (comptabilité non autonome) :
l'établissement ne tient alors aucune comptabilité (voir II) ;
- soit être tenue pour partie dans l'établissement et pour partie directement dans la
comptabilité de l'entreprise : il y a conjugaison des deux précédents procédés.
Exemple :
Les mouvements de marchandises et les prestations peuvent être constatés à l'aide de pièces justificatives
internes.
Pour l'ensemble de l'entreprise, les comptes 186 et 187 présentent des soldes qui
s'annulent.
II. Utilisation de la comptabilité analytique
Lorsque chacun des établissements tient une comptabilité analytique distincte dans le cadre
d'une comptabilité générale unique pour l'ensemble des établissements, le compte 18 n'est
pas utilisé. Les cessions internes sont enregistrées en comptabilité analytique ; la
comptabilité générale n'enregistre que les opérations faites avec les tiers (PCG, art. 441/18-
1-C) .
III. Utilisation d'une autre méthode
Le PCG (art. 441/18-1-C) l'autorise mais n'en explicite aucune.
Valorisation des cessions internes
4014-2
Les entreprises peuvent évaluer les cessions internes soit au coût du produit cédé ou
du service fourni, soit pour une valeur différente de ce coût (les prix des cessions
internes peuvent être fixés en fonction des besoins de gestion et, en particulier, refléter soit
le coût réel, soit un coût préétabli, soit un prix de vente prévisionnel, soit un coût additionné
d'une marge, soit encore un prix librement débattu entre établissements). Mais dans ce
dernier cas, les stocks de produits fabriqués par l'établissement cessionnaire avec des
éléments fournis par l'établissement cédant sont évalués au coût de production pour
l'entreprise, abstraction faite du résultat fictif inclus dans le prix de cession de ces éléments (
PCG, art. 441/18-1-B ). Voir n° 4022 .
Tenue du journal général de l'entreprise
4015
Les totaux des mouvements enregistrés dans les journaux et les comptes propres à
l'établissement doivent être récapitulés mensuellement au journal général coté et
paraphé de l'entreprise. A notre avis, il est inutile de procéder au préalable au virement
des comptes de l'établissement dans les comptes de l'entreprise.
Exemple : Journal général.
Établissement de situations
Il diffère selon que la situation est intermédiaire ou annuelle.
Situations internes périodiques
4020
(mensuelles, trimestrielles, etc.) :
I. Situation comptable de l'établissement
Le compte de résultat (limité éventuellement aux éléments d'exploitation) et, le cas échéant,
le bilan de l'établissement secondaire sont établis sur la base de la balance des comptes
propres à l'établissement.
Le compte de résultat (éventuellement limité aux éléments d'exploitation) de chaque
établissement s'obtient par la totalisation des divers comptes de charges et de produits et
des comptes 186/187 « Produits et prestations de services échangés entre établissements »
(PCG, art. 441/18-1-B) .
II. Situation comptable de l'entité
(tous établissements réunis) Pour l'établissement de situations intermédiaires extra-
comptables, la méthode du cumul est la plus utilisée.
Si les stocks ont été évalués à un montant supérieur au coût d'achat ou de production, un retraitement doit
être opéré (voir n° 4022 ).
Il est procédé de la manière suivante :
- la balance (ou directement la situation comptable) est établie hors comptabilité par
regroupement des comptes analogues du siège et du (ou des) établissement(s) ;
- les opérations entre le siège et l'établissement s'annulent extra-comptablement : les
comptes de liaison 181 et de cession interne 186/187 regroupés présentent un solde nul
après compensation des soldes réciproques ;
- il n'est pas possible de laisser subsister une différence ; il convient donc d'analyser les
écarts qui proviennent notamment de décalages dans la période comptable retenue pour
certaines opérations.
Exemple :
Établissement de la balance annuelle de l'entreprise
4022
Pour l'ensemble de l'entreprise, les comptes 186 et 187 présentent des soldes qui s'annulent
: les sommes portées au crédit du compte 187 par les établissements fournisseurs et les
sommes inscrites au débit du compte 186 par les établissements clients s'équilibrent entre
eux ( PCG, art. 441/18-1-B ).
I. Dans la comptabilité de l'établissement,
les totaux de tous les comptes sont virés au compte de liaison qui se trouve ainsi soldé.
II. Dans la comptabilité du siège,
le compte de liaison de l'établissement est soldé par des écritures symétriques, faisant
apparaître les totaux des comptes de l'établissement au sein des comptes analogues au
siège. Les opérations internes sont ainsi annulées (les comptes 181 et 186/187 sont soldés)
et le résultat provenant de l'établissement se trouve intégré au résultat global de l'entreprise.
A la clôture des comptes, la méthode du cumul doit être exclue car elle ne permet pas de solder les comptes de
résultat.
Éventuellement, il est nécessaire de rectifier la valeur des stocks afin que ceux-ci soient
valorisés au coût réel pour l'entreprise. Écriture : débit (ou crédit) du stock final (classe 3) par
le crédit (ou débit) du compte « Variations de stocks » (compte 603 ou 713).
Réouverture des comptes au début de l'exercice
4023
I. Dans la comptabilité du siège, les comptes relatifs à l'établissement sont virés à ce
dernier par l'intermédiaire du compte 181 « Liaison établissement X » auquel est intégré le
résultat de l'exercice précédent.
II. Dans la comptabilité de l'établissement, seuls les comptes de résultat sont soldés par
l'intermédiaire du compte 181 « Liaison siège ». Les comptes de bilan sont repris lors de la
réouverture des comptes.
Pour dégager un résultat significatif par établissement, il est nécessaire que les opérations
entre établissements soient enregistrées. Elles peuvent l'être, selon l'option choisie, soit au
coût d'achat (ou de revient), soit au prix de vente (prix du marché ou prix de cession interne)
(voir I. Comptabilité autonome). Ces opérations ne doivent pas apparaître dans le compte de
résultat de l'entreprise.
Les états comptables de l'établissement (compte de résultat, partiel ou total, et
éventuellement bilan) sont établis par le regroupement des sous-comptes propres à
l'établissement. Ils sont de nature purement interne.
SECTION II
Établissements étrangers d'une entreprise française
Généralités
4045
Un établissement situé à l'étranger bénéficie en principe d'une large autonomie et est
soumis aux lois et règlements locaux, notamment sur les plans comptable et fiscal.
Juridiquement, il ne bénéficie pas de la personnalité morale et reste un simple prolongement
de la société française.
Fiscalement, une entreprise n'est pas passible de l'IS à raison des opérations extra-territoriales effectuées
dans un établissement autonome (voir Mémento fiscal n° 3167 et dérogation concernant le bénéfice
mondial, n° 3170 ).
Cette méthode nous paraît la plus simple sur le plan pratique. L'utilisation d'un cours interne permet l'élimination
des comptes réciproques dont le solde après conversion est de même montant et de sens contraire.
4048-2
Méthode des comptes en plusieurs monnaies
Les comptes de liaison sont dédoublés dans les deux monnaies, celle du siège (francs ou
euros) et celle du pays de l'établissement étranger. Les opérations sont enregistrées au
cours de la transaction.
Lorsque les opérations sont effectuées :
- dans la devise du siège (francs ou euros), l'établissement suit le compte de liaison dans
sa devise et extra-comptablement en francs ou en euros ;
- dans la devise de l'établissement, le siège suit le compte de liaison en francs ou en euros
et extra-comptablement en devises.
Exemple : (1) « Achat » par l'établissement au siège de marchandises pour 100 000 (cours
du jour de la transaction : 1 D = 4,80), soit 20 833 D
(2) « Achat » par le siège à l'établissement de marchandises pour 50 000 D (cours du jour
de la transaction : 1 D = 4,50), soit 225 000 en monnaie nationale
(3) Règlement par le siège des 50 000 D au taux de 4,70
(4) Ajustement de fin d'exercice, le taux de la devise D étant de 4,70 (soit 21 276 D pour
100 000).
I. Comptabilité de l'établissement
(en milliers de la devise D et arrondie) :
4048-3
Méthode de la comptabilité plurimonétaire
Le siège et l'établissement tiennent chacun une comptabilité au cours français (francs ou
euros) et une comptabilité complète en devises. Les opérations sont enregistrées
uniquement dans la comptabilité de la devise dans laquelle elles sont libellées.
I. En cours d'exercice
Les opérations provoquant un transfert d'une monnaie dans une autre et faisant intervenir
les deux comptabilités transitent par un sous-compte du compte 58 « Virements internes »
intitulé par exemple « Comptabilité devises X » ou « Transitoire monnaie nationale-
devises ». Ce compte fonctionne comme un compte de liaison et permet le passage d'une
comptabilité à l'autre.
Exemple : (1) « Achat » par le siège à l'établissement de marchandises pour 100 000 D
(cours au jour de la transaction : 1 D = 4,80) ;
(2) Achat de devises D par le siège (cours au jour de règlement : 1 D = 4,90) ;
(3) Règlement de l'achat (1) par le siège.
a. Comptabilité du siège (en milliers d'unités de monnaie nationale et devises ) :
):
II. A la clôture de l'exercice
Les soldes des comptes en devises sont convertis au cours français (francs ou euros) et
virés dans la comptabilité-monnaie nationale par l'intermédiaire des comptes transitoires.
Ceux-ci sont soldés par la constatation des différences de change au compte 666 « Pertes
de change » ou 766 « Gains de change ».
Exemple : Reprise de l'exemple précédent, le cours à la clôture de l'exercice étant de 1 D =
4,92.
a. Comptabilité du siège :
b. Comptabilité de l'établissement :
Cette méthode, qui réduit le nombre des conversions, est recommandée lorsqu'il existe un nombre
important d'opérations plurimonétaires.
SECTION III
Établissements français d'une entreprise étrangère
4060
SECTION III
Établissements français d'une entreprise étrangère
4060
Les établissements créés en France par les entreprises étrangères n'ont pas la personnalité
juridique ; ils sont donc régis par la loi nationale de ces entreprises dont ils sont les
émanations. Mais ils sont soumis à certaines formalités lors de leur création et aux textes
fiscaux dans les conditions de droit commun.
Ouverture d'un établissement
4061
Avant d'ouvrir la première succursale ou agence en France d'une société étrangère, la personne qui agit en son
nom doit effectuer le dépôt au greffe du Tribunal de commerce de deux copies certifiées conformes des statuts
de la société, traduits le cas échéant en français.
L'entreprise étrangère doit en outre demander son immatriculation au registre du commerce et des sociétés dans
un délai de quinze jours (voir Mémento sociétés n° 29011 s. ).
Si le directeur responsable de l'établissement est de nationalité étrangère (voir Mémento sociétés n° 326 et
29011 ), il doit justifier de la possession d'une carte de commerçant étranger. Toutefois, les ressortissants des
États membres de la l'Espace économique européen et les titulaires de la carte de résident en sont dispensés.
Aspects fiscaux
4062
La société étrangère qui crée un établissement en France est redevable de l'IS à raison des bénéfices réputés
réalisés par cet établissement. Ces bénéfices sont considérés comme distribués pour leur totalité à des associés
non résidents et soumis, sauf preuve contraire et sous réserve de l'application des conventions internationales,
outre l'IS, à la retenue à la source ( Mémento fiscal n° 2321 s. et 3166 ).
En cas de plus-value à long terme, voir n° 3207-2 .
Aspects comptables
4063
Il n'existe pas de dispositions particulières pour la tenue de la comptabilité d'un
établissement étranger en France.
En principe, n'ayant pas la personnalité juridique et n'étant pas commerçant, un
établissement étranger en France n'est pas soumis aux règles comptables du Code de
commerce et notamment, n'a pas à établir de comptes annuels. Toutefois, en pratique, ayant
à établir une déclaration fiscale de ses résultats, il paraît utile de tenir une comptabilité
conforme aux règles du Code du commerce. Celle-ci peut l'être en langue étrangère, mais
une traduction peut devoir être présentée à la demande de l'administration (CGI, art. 54) .
Publicité
4064
Toute société commerciale étrangère ayant ouvert un établissement en France doit déposer
chaque année au greffe deux exemplaires de ses documents comptables dans le délai
prévu par la législation de l'État dont relève le siège de la société (art. 55 du décret n° 84-
406 du 30 mai 1984) .
Il s'agit des documents comptables, traduits en langue française s'ils sont en langue étrangère, que la société
étrangère a établis, fait contrôler et publiés dans l'État où elle a son siège (et non ceux de l'établissement en
France).
Dans le cas où la société a plusieurs succursales en France ne relevant pas du greffe du
même tribunal, elle peut effectuer ce dépôt auprès du greffe de son choix dont relève l'un
des établissements.
Pour les modalités pratiques du dépôt, voir n° 5050 s.
Sanctions : il semble qu'en cas de défaut de dépôt au greffe des documents comptables requis, aucune sanction
ne devrait trouver à s'appliquer (celle-ci ne paraissant s'appliquer qu'à la liste des mentions commerciales
obligatoires).
SECTION IV
Information et contrôle
Contrôle interne
4070
L'existence d'établissements secondaires nécessite l'aménagement du contrôle interne. La
délégation de pouvoirs, l'isolement et un environnement juridique et économique spécifiques
justifient la mise en place d'un dispositif de contrôle interne à même de garantir la
fiabilité et l'homogénéité des procédures, de manière à assurer :
- la rigueur de la gestion de l'établissement et l'application des directives du siège,
- la validité et l'homogénéité des informations comptables.
Le dispositif de contrôle interne est fonction de l'autonomie donnée à l'établissement. Il
comporte normalement :
a. La dévolution des attributions et responsabilités Au niveau de l'entreprise, la dissociation entre
l'établissement et le siège est un élément de la séparation de fonctions normalement incompatibles
(ordonnancement, paiement). En revanche, au sein de l'établissement, la faiblesse éventuelle des effectifs peut ne
pas permettre une séparation normale des fonctions.
b. Les contrôles Les moyens habituels sont mis en œuvre dans les établissements multiples. Il y a lieu de
retenir en particulier :
- un contrôle des pièces justificatives adressées par l'établissement (contrôle en principe purement
administratif) ;
- un système d'avances de trésorerie, dont l'utilisation est appuyée par des relevés et pièces justificatives ;
- un contrôle des états comptables : révision des comptes et contrôles globaux par « recoupements » ;
- un examen systématique des opérations anormales et des « incidents » (par exemple : détection et examen
des opérations d'un montant unitaire supérieur à un chiffre donné réalisées sans l'autorisation préalable du siège) ;
- une vérification sur place, en particulier des inventaires, dans le cas où les pièces justificatives ne sont pas
adressées au siège.
c. La mise en place d'un service d'audit interne Le nombre et l'importance des établissements
secondaires peuvent justifier la création d'un service de contrôle (ou d'inspection). L'existence d'un tel service est
un élément de normalisation et de liaison entre le siège et les établissements. Ses investigations peuvent être soit
limitées aux fonctions administrative et comptable, soit étendues aux conditions de la gestion des établissements.
Le contrôle interne porte notamment sur les points suivants :
- fiabilité des documents comptables établis par l'établissement ;
- normalisation des procédures et circulation correcte des informations ;
- protection des actifs : budgets d'investissement, inventaires physiques, assurances, etc. ;
- frais généraux : application des instructions et procédures relatives aux salaires, commissions, etc. ;
- affaires réalisées : procédures relatives aux approvisionnements (négociation avec les fournisseurs, gestion des
stocks) et aux ventes (conditions générales et cas particuliers : offres de prix, rabais, etc.) ;
- relations entre l'établissement et les tiers : désignation de responsables, limites de pouvoirs, contrôles (visas
multiples, comptes rendus périodiques, etc).
Contrôle externe
4080
Le commissaire aux comptes certifie la régularité, la sincérité et l'image fidèle des comptes
annuels. Ces derniers comprennent les opérations des établissements tant en France qu'à
l'étranger.
Le contrôle externe porte donc également sur les établissements étrangers. A cet
effet, le commissaire peut être conduit soit à effectuer lui-même ce contrôle, soit à le faire
effectuer par un réviseur local (comme pour les comptes consolidés).
Normes de présentation
Principe général
4085
Les comptes relatifs à un établissement secondaire sont intégrés aux comptes de
l'entreprise en application du principe selon lequel il existe une seule entité juridique.
Aucun texte n'impose de norme spécifique pour la présentation des comptes des
entreprises à établissements multiples.
Présentation des comptes annuels
4086
Pour la présentation du bilan et du compte de résultat, les comptes relatifs à l'établissement
secondaire sont contractés (comptabilité autonome) ou confondus (comptabilité intégrée)
avec les comptes analogues de l'entreprise.
Il ne peut être envisagé de faire simplement figurer dans les comptes de l'entreprise le solde du compte de liaison
relatif à l'établissement (Bull. COB n° 89, janvier 1977, p. 7 s. et 10 s.) .
Il est évident que lorsque la spécificité et l'importance de l'établissement sont de nature à infléchir la signification
des comptes annuels, leur bonne compréhension justifie des informations complémentaires. Ces dispositions
peuvent notamment être prises lorsque l'établissement situé à l'étranger est dans une situation qui se détériore
gravement et de manière continue au point de mettre en cause son existence.
A notre avis, lorsqu'un établissement est situé à l'étranger, il peut, dans certains cas, être utile de faire ressortir
les comptes de l'établissement, notamment si des risques pèsent sur sa situation financière. Dans ce cas, trois
modalités semblent possibles :
- présenter sur une même ligne, mais dans des colonnes séparées, les comptes du siège et ceux de
l'établissement, cumulés dans une dernière colonne ;
- isoler les comptes actifs et passifs de l'établissement sur une ou plusieurs lignes au bas du bilan, de manière à
faire apparaître un sous-bilan siège et un sous-bilan établissement ;
- présenter les comptes de l'établissement dans l'annexe.
Présentation fiscale
4089
Les sociétés et personnes morales exerçant partiellement leur activité à l'étranger sont
tenues de produire deux séries de tableaux normalisés (D. adm. 4G-3327 n° 11) :
- la première (tableaux n° 2050 à 2057) regroupe les éléments comptables concernant
l'ensemble des activités exercées quelle que soit leur localisation ;
- la seconde (tableaux n° 2050 à 2059-C) mentionne les éléments afférents aux seules
opérations dont le résultat est imposable en France, dès lors que ce dernier est réalisé
dans les entreprises exploitées en France ou que son imposition est attribuée à la France
par une convention internationale.
Les tableaux de la seconde série doivent être établis dans les conditions suivantes :
1. Bilan (n° 2050 et 2051 ou n° 2033-A) :
- le total du bilan figurant sur les tableaux à caractère fiscal doit être identique à celui du bilan comptable ;
- les éléments actifs et passifs qui sont rattachables aux activités exercées hors de France sont extournés
des postes correspondants ;
- en vue d'assurer la concordance avec le total du bilan, le montant total des postes ainsi extournés doit
être compris respectivement dans les comptes de régularisation actif et passif (lignes CH et EB des
tableaux n° 2050 et 2051 ; lignes 92 et 174 du tableau n° 2033-A) ;
- la ventilation des comptes de régularisation doit être annexée aux tableaux à caractère fiscal.
2. Autres tableaux (n° 2052 à 2059-C ou 2033-B à 2033-D) : Ces tableaux ne doivent mentionner que
les opérations courantes ou exceptionnelles qui participent à la réalisation des résultats imposables en
France.
Cette seconde présentation est purement d'ordre fiscal. Elle ne concerne pas les
comptes à publier (Bull. COB, n° 89, janvier 1977, p. 7 s. et 10 s.) .
CHAPITRE 18
Les opérations de coopération
4101