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Selon notre étude, 55 % des entreprises françaises ont été victimes d'une fraude au cours des 24 derniers mois
(contre 37 % au niveau mondial), le nombre de fraudes constatées ayant presque doublé pour les entreprises
françaises depuis 2009.
Ces résultats ne doivent pas être mal interprétés car, à notre avis, l'augmentation des fraudes déclarées n'indique
pas nécessairement que les entreprises sont plus affectées par ce phénomène ils démontrent surtout qu'elles sont
mieux armées pour les détecter. En effet, en partant du constat qu'une fraude dure généralement plusieurs années,
les entreprises ont pris conscience que lutter contre la fraude en amont peut leur permettre d'éviter des coûts, à la
fois financiers et en termes d'image ou de réputation ayant des conséquences sur leur activité.
Modes de détection
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Il est intéressant d'analyser comment, au fil du temps, les fraudes ont été détectées par les entreprises. Les modes
de prévention et de détection des fraudes s'articulent généralement autour des trois principales composantes que
sont les dispositifs de contrôle au sein des entreprises, la culture d'entreprise et la détection par « accident » ou «
par hasard ».
Notre étude de 2001 soulignait que 60 % des fraudes identifiées avaient été découvertes par hasard, alors
qu'aujourd'hui 55 % des fraudes sont identifiées, au niveau mondial, à l'aide de dispositifs de détection et de
prévention — ce pourcentage atteignant même 62 % en France. Ces chiffres démontrent tout le chemin parcouru,
au cours de cette période, par les entreprises pour lutter efficacement contre la fraude.
En effet, si en 2007 les entreprises concentraient leurs efforts sur la culture d'entreprise, avec la mise en place de
codes de conduite, par exemple, elles se sont progressivement orientées en 2009 vers des analyses plus poussées
de leurs principaux risques de fraude. Puis, dans le prolongement de cette réflexion, elles ont commencé à mettre
en place en 2011 des systèmes de détection automatisés permettant d'identifier des transactions qualifiées
d'inhabituelles (écriture comptable enregistrée le dimanche, par exemple) par l'analyse des données disponibles
au sein des systèmes informatiques de l'entreprise. Ce phénomène n'a cessé, depuis, de prendre de l'ampleur
puisque, dans le cadre de cette étude, 25 % des fraudes qui ont été constatées dans le monde ont été identifiées
grâce à ce type de dispositif. Ce pourcentage atteint même 43 % pour les entreprises françaises, la France étant
devenue un des pays leaders en termes de détection.
3,2 en 2011.
Alors que les entreprises de plus de 1 000 employés sont les plus touchées, le nombre de fraudes déclarées est en
baisse, passant de 54 % des entreprises déclarant des fraudes en 2011 à 44 % en 2014. Cette diminution pourrait
s'expliquer en partie par la maturité des plus grandes entreprises dans la lutte contre la fraude. Les entreprises de
petite taille, qui déclarent, elles, une nette progression du nombre de fraudes, sont en retard dans la mise en place
de dispositifs de prévention et de détection.
Quant à la fraude comptable, elle tend dorénavant à se stabiliser, avec 22 % des entreprises qui nous disent en
avoir été victimes au cours des 24 derniers mois, après une forte hausse issue de la crise de 2008, qui avait amené
les entreprises à passer leurs comptes au crible et à découvrir, à cette occasion, des fraudes de ce type.
Enfin, nous avons constaté cette année l'émergence d'une spécificité bien française. Depuis quelques années, les
entreprises de notre pays sont victimes d'une fraude externe communément appelée la fraude « au président ».
Cette fraude consiste, pour le fraudeur, à se faire passer pour le président de la société et à téléphoner à un
comptable habilité à effectuer des paiements pour lui demander d'effectuer un virement bancaire à l'étranger afin
de financer, par exemple, une acquisition confidentielle.
Selon notre étude, près de 10 % des entreprises françaises interrogées ont été victimes de cette fraude. Les
préjudices peuvent être conséquents. Le coût de cette fraude a été récemment évalué par l'Office central de
répression de la grande délinquance financière à plus de 250 millions d'euros au titre des trois dernières années,
ce qui nous semble être un minimum au regard de notre propre expérience. Il a été confirmé par ce même
organisme que ce type de fraude correspondait exclusivement à de la fraude externe sans complicité interne.
Fraude : acte intentionnel réalisé par un salarié (fraude interne) ou un tiers (fraude externe) de
manière à retirer un avantage généralement financier selon un procédé illicite.
Détournement d’actifs : transfert illégal d’un bien du patrimoine de l’entreprise à celui d’un salarié,
d’un tiers ou d’une autre entreprise.
Fraude comptable : manipulation intentionnelle des comptes de l’entreprise dans le but d’en donner
une image plus flatteuse. Ne procure pas nécessairement au fraudeur un gain financier personnel.
Corruption : acte d’offrir, donner, recevoir ou solliciter quelque chose de valeur pour influencer une
décision ou obtenir un avantage généralement financier.
Cybercriminalité : fraude commise en utilisant des systèmes informatiques, notamment sur Internet.
Parmi les cas classiques de cybercriminalité, on peut citer le vol d’informations personnelles telles que
les coordonnées bancaires.
Sepa. À cette occasion, le fraudeur manipule sa victime afin de prendre la main sur son ordinateur à l'aide d'un
programme informatique qui lui permet de voir tout ce qui se passe sur l'ordinateur et de guider le comptable
dans les opérations à effectuer. In fine, l'objectif pour le fraudeur est d'effectuer un virement d'un montant
significatif à l'étranger.
Pour crédibiliser sa demande, le fraudeur peut parfois envoyer un courriel qui semble provenir de la banque de
l'entreprise avertissant son destinataire de la réalisation d'un test. Sur ce courriel figurent les coordonnées
téléphoniques du fraudeur. Si le comptable utilise ce numéro, il peut tomber sur la musique d'attente de sa
banque avant que le fraudeur ne prenne son appel et le rassure sur le bien-fondé de l'opération.
Dans la mesure où une période de transition supplémentaire, jusqu'au 1er août 2014, a été accordée aux
entreprises par la Commission européenne pour se mettre en conformité avec cette nouvelle norme, il est très
probable que ce report d'échéance soit exploité par les fraudeurs. Pour lutter contre cette nouvelle catégorie de
délinquance, il est important pour les entreprises de relayer ce type d'alerte auprès de l'ensemble de la population
concernée au sein de l'entreprise, de prendre conscience que les banques ne réalisent pas, de leur propre initiative,
ce type de test, et qu'en dernier recours, si un test doit être réalisé, il doit être effectué avec un montant
symbolique.
Enfin, dernier type de fraude couramment mise en oeuvre, celle consistant à ce qu'un fraudeur, se faisant passer
pour un fournisseur, envoie un courrier à une entreprise pour lui indiquer son changement de relevé d'identité
bancaire afin de détourner le prochain règlement effectué au profit dudit fournisseur. Nous ne pouvons dans ces
circonstances que recommander à l'entreprise de confirmer un tel changement avec le fournisseur concerné, non
pas à partir des coordonnées figurant dans ledit courrier — car correspondant à celles du fraudeur — mais à
partir des coordonnées téléphoniques habituellement disponibles au sein de la base fournisseurs.