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La motivation du personnel est une activité indispensable, quoi que de plus en plus délicate à manier.
L’individualisme grandissant et la mobilité poussent les salariés à viser leurs propres objectifs avant de
satisfaire à leurs obligations de fidélité envers leur employeur. Comment trouver un équilibre entre les
objectifs des deux parties prenantes?
L’argent et sa place dans la motivation du personnel
Le débat usuel, pas nécessairement interne au département RH, tourne autour du facteur de motivation
de l’argent.
Il est clair que la relation employeur-employé peut paraître à certains comme une forme de jeu à
somme nulle: ce que l’employé obtiendra se fera au détriment de l’organisation, et réciproquement.
Autrement dit, à la place d’une situation Win-Win, on débouche sur une situation Win-Lose.
L’employeur, lui, a la responsabilité pleine et entière du reste, du risque, de l’avance de fonds, des
autres facteurs de production, de la gestion quotidienne et stratégique de l’entreprise, il est donc
logique qu’il dispose d’une marge de manœuvre, au sens propre comme sur le plan financier, pour
couvrir l’intégralité des autres coûts qu’il finance, parfois à un tarif élevé.
Cette position diamétralement opposée est source de nombreux conflits. Prenons l’exemple de la Poste
Suisse qui a annoncé l’abandon des objectifs individuels du personnel de vente et donc de la
rétribution individuelle au mérite. Motif: ce type de personnel serait rétribué à plus de 30% au-dessus
la valeur moyenne considérée de salariés similaires dans le secteur de la vente au détail.
En échange, des objectifs d’équipe seront définis et appliqués. En tentant de réduire sa masse salariale
de la sorte, le géant jaune souhaite éviter des licenciements secs et des départs anticipés à la retraite.
Autrement dit, les différences de génération au sein de son personnel vont constituer l’un des moyens
de rééquilibrer le couple délicat constitué par les charges et les produits.
Les réponses théoriques sont faciles à apporter, les résultats concrets seront plus difficiles à faire
avaler. Le CO fait référence à la prestation pour déterminer que celui-ci fait l’objet d’un salaire. Mais
qu’en est-il du temps de travail? C’est tout le problème de la société moderne: tout est mesuré au
temps, avec un tarif horaire (le parking, les honoraires des professions libérales, toutes les relations de
salariat, etc.). Tout le monde sait que le temps, c’est de l’argent. Mais celui de qui? Qui compte le
temps passé au téléphone pour des appels privés pendant les heures de travail ou celui utilisé sur
l’ordinateur de bureau pour réserver les prochaines vacances de la famille?
Le temps de travail qui doit être enregistré pour «protéger la santé des employés concernés»
La circulaire du seco du 19 décembre 2013 a jeté un vent de panique dans beaucoup d’entreprises en
termes d’enregistrement du temps de travail.
Rappelons que l’article 46 de la loi sur le travail (LTr) impose à l’employeur de tenir à la disposition
des autorités d’exécution et de surveillance les registres ou autre pièces contenant les informations
nécessaires à l’exécution de la loi et de ses ordonnances. L’article 73 de l’ordonnance 1 relative à la
loi sur le travail (OLT1) prévoit que les registres doivent comporter les durées (quotidienne et
hebdomadaire) du travail effectivement fourni, travail compensatoire et travail supplémentaire inclus
ainsi que ses coordonnées temporelles. Ils doivent également indiquer l’horaire et la durée des pauses
d’une durée égale ou supérieure à une demi-heure. A l’aide de ces indications, l’autorité d’exécution
peut vérifier si l’employeur a respecté, pour tous ses collaborateurs, les dispositions sur la durée du
travail et du repos figurant dans la loi sur le travail.
La circulaire du seco sur l’enregistrement de la durée du travail qui contient les modalités selon les
instructions du seco aux autorités d’exécution continue en mentionnant une classification en trois
catégories.
Bref, de nouveau, seul le temps est pris en considération, pas le résultat ni le coût du travail. Dieu
merci, les cadres dirigeants (et par extension les indépendants) ne sont pas soumis (l’obligation
d’enregistrer la durée du travail ne vaut que pour les employés auxquels la durée du travail et du repos
prévue par la loi sur le travail est applicable). Ils pourront donc continuer à faire des heures
supplémentaires sans être rétribués. Ce que les salariés «ordinaires», eux, ne voient simplement pas.
Et pourtant, leur avenir dépend aussi et fortement de la compétence économique, mais aussi technique
et sociale, de leurs supérieurs. Qui gagnent plus qu’eux. Mais, ces derniers sont-ils motivés par leur
seul revenu?