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COURS N° 9 : DES ECONOMIES EN CRISE

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Ce document comprend :
I) Le cours
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L’objectif de ce cours est d’analyser les mutations que connaissent les économies du monde arabe à l’heure de la
mondialisation .
La mondialisation renvoie à un phénomène économique et à la généralisation du capitalisme à l’échelle de la
planète, et au fait que les économies nationales sont de plus en plus interdépendantes les unes des autres, avec
des types de production nouveaux,
• délocalisation des firmes,
• firmes globales multinationales,
• développement des services aux entreprises qui deviennent les nouveaux secteurs productifs.

Du point de vue politique la conséquence pourrait être la remise en cause de l’état nation, dépassé par des
ensembles régionaux plus vastes ( exemples de la C.E.E. , de l’A.L.E.N.A. avec Mexique + Canada + USA, ou
le MERCOSUR , ou créations de zones de libre échange…), les frontières des pouvoirs de décision sont
déplacées du point de vue supra national. On peut citer aussi les développements des échanges , d’Internet…

Du point de vue culturel on assiste à une généralisation du modèle des modes de vie.
Comment le monde arabe , politique et économique, s’intègre à ce monde, et quelles en sont les conséquences ?

I ) LES ECONOMIES DU MONDE ARABE EN CRISE

Au moment de la première remise en cause des systèmes bâtis sur le modèle socialiste après les indépendances ,
les réformes se faisaient à l’initiative des états. Mais à partir des années 1980/1990 les interventions d’acteurs
extérieurs, Banque Mondiale , et Fonds Monétaire International contraignent les pays du monde arabe à se
soumettre à des P.A.S. = Plans d’ Aménagement Structurel.

• A) L’INFATAH ou LES POLITIQUES D’OUVERTURE

Infatah est donc le masdar d’un verbe de VIIème forme = s’ouvrir

*1) Les premières tentatives de libéralisation économique

Ces politiques ont débuté au début des années 1970, mais n’ont pas été suivies de la libéralisation politique :
leur but était de réduire la part de l’état dans la vie économique, vers un modèle auto-centré, plus libéral, avec
promotion du secteur privé pour la création de nouveaux emplois et le développement des exportations.
L’idée était d’insérer le marché national dans le marché mondial avec l’attrait de capitaux étrangers et ces
politiques de libéralisation ont suivi plusieurs systèmes de mesure :

• exonération temporaire des impôts sur les bénéfices des sociétés,


• crédits sur investissements,
• prise en charge par l’ état de l’infrastructure dans les zones industrielles,
• exonération des droits de douane , pour exporter ( par exemple on attire pour la délocalisation
l’industrie du textile , on permet l’importation du tissu sans droit de douane et on exporte
obligatoirement l’essentiel de la production , comme en Tunisie ou seulement 20% de la production
peut être écoulée sur le territoire national…). De fait les investisseurs jouent sur le coût assez faible
de la main d’œuvre.
• création de zones franches avec protection du marché national

Mais, partout, le rôle de l’état reste prédominant, et cette période la libéralisation touche l’agriculture, le
commerce, le transport mais pas l’industrie où l’état reste l’acteur majeur de la vie économique.
*2) Les cas tunisiens et égyptien

Exemple tunisien = très tôt, orientation vers ce type de politique et dès 1970 la Tunisie libéralise l’agriculture,
puis le commerce, avec de nouvelles lois, « favorisation » du secteur privé, attrait des capitaux étrangers,
développement du tourisme de masse….Dans un premier temps les lois ne sont pas assez libérales, de nouvelles
lois sont décidées à partir de 1981 et c’est l’essor d’entreprises à capitaux mixtes, tunisiens et étrangers.

Exemple égyptien = ouverture par Sadate en 1974, avec attrait d’investisseurs arabes, création de zones
franches, assouplissement de la réglementation douanière car l’ Egypte a besoin de devises pour importer des
denrées alimentaires…et à partir de cette date, forte croissance des investissements et augmentation de la
consommation des biens importés.

*3) Un bilan contrasté

Au niveau global , pour la Tunisie il y a création de nouvelles industries et augmentation des exportations , mais
on n’atteint pas les réussites du Sud Est asiatique

On constate 3 types de déséquilibres :


• sectoriel  les investissements se concentrent sur certains secteurs, en Tunisie sur textile et
industrie dite légère…, en Egypte vers B.T.P. , tourisme ou industrie du luxe… et ne se dirigent pas
vers l’industrie manufacturière,
• spatial  pour l’ensemble du Maghreb, installations concentrées dans certains endroits, grands
pôles littoraux, grandes villes…
• sociaux  les politiques sur les prix , entre autres, déclenchent des manifestations violentes,
émeutes de la faim quand volonté de réduire les subventions sur la farine….mais d’un autre coté
enrichissement et élargissement des classes moyennes.

• B) LES POLITIQUES D’AJUSTEMENT STRUCTUREL

De plus en plus de pays , Egypte, Jordanie, Tunisie, devront opérer des réformes structurelles sous la pression de
la Banque Mondiale ou du F.M.I., dans un contexte de crise

*1) La crise économique des années 1980

Au cous des années 1980, c’est le contre choc pétrolier, baisse des cours du pétrole et des produits primaires
( comme le phosphate, ce qui affecte le Maroc 3ème exportateur mondial….), donc il y a baisse des valeurs des
exportations alors que les importations continuent à croître : donc les exportations ne peuvent plus financer les
importations, il y a un manque à gagner, d’où une récession, qui touche d’abord les pays du Golfe , puis
l’ensemble du monde arabe.

En effet l’ Arabie Saoudite qui finançait une aide à certains pays a réduit ses dépenses et ses échanges avec
d’autres pays du monde arabe. Aussi, réduction du transfert d’épargne et explosion de la dette , d’autant que
certains états, au début de l’ère du pétrole, s’étaient endettés par d’importants crédits et se trouvent alors gênés
pour rembourser , même rembourser seulement les intérêts de la dette ( c’est ce que l’on nomme le service de
la dette) et cela alors que la croissance démographique demande des investissements lourds à
réaliser !!!…ainsi en 1991 le service de la dette représente 74% des recettes des exportations de l’ Algérie et le
volume total de la dette représente 70% du P.N.B. algérien.

On peut dire que c’est un contexte global même s’il existe des cas particuliers après la guerre du Golfe ( Koweït,
Arabie Saoudite et Yémen) . D’où la nécessité d’assainir les économies

*2) Les recettes du FMI pour la croissance économique

La vision du F.M.I , très libérale, repose sur des données macro-économiques,


• les états doivent limiter les dépenses publiques,
• on doit ouvrir les économies nationales pour les insérer dans l’économie mondiale avec une priorité
aux exportations,
• on doit augmenter l’appareil productif,
• on doit démanteler les barrières douanières ( ce qui entraîne, en recette, la perte des droits de
douane à l’entrée , et la nécessité de créer des taxes comme la T.V.A qui pèsent sur la
consommation intérieure…).
Donc une idée de désengagement massif de l’état : tous les pays suivent ce parcours, de façon différente:
• accords formels au Maroc en 1983, en Tunisie en 1986
• ou bien des consultations sans accord formel comme pour le Yémen et la Syrie,
• ou encore le même type de décisions appliquées, mais librement, comme en Libye ou par le Conseil
de Coopération du Golfe.

L’Egypte représente un cas particulier : elle a obtenu en 1991 un effacement de sa dette extérieure qui a été
négociée en contre partie de son engagement à poursuivre les réformes ( il y avait trois tranches de réformes , et
après la première tranche on a demandé plus à l ’Egypte, c’est un résultat de rapports de force….)

3) Le désengagement de l’ Etat ?

Pour rester dans l’exemple de l’ Egypte , son intérêt est de ne pas privatiser trop vite pour éviter les troubles
sociaux. Mais si la dette est colossale les dirigeants ont en mémoire la menace d’une nouvelle colonisation ,
donc des mesures seront menées pour limiter les dépenses publiques,
• limitation du recrutement dans la fonction publique,
• gel des salaires des fonctionnaires,
• plafonnement des dépenses d’investissement et réduction des subventions sur les produits
alimentaires de base,
• baisse des tarifs douaniers et autres protections, ( par exemple interdiction d’importer du tissu ou
taxe de 40% sur le fil du coton , tout cela est supprimé….)
• privatisations d’industries ou autres secteurs : généralement, avant la privatisation on restructure les
entreprises et on démantèle les combinats, exemple la SONATRACH est divisée en 14 entreprises,
…et parfois on touche à l’emploi avec des licenciements. On fait des privatisations par étapes

L’Egypte commence à privatiser en 1996  cimenteries, secteur pharmaceutique,


1998  services publics de construction d’infrastructures
( construction d’autoroutes ou d’aéroports à l’initiative du secteur
privé), production d’électricité ( autorisation de centrales
électriques privées), des télécoms ( privatisation partielle) .

Mais on constate un recul manifeste dans deux domaines ;

• l’éducation , depuis 1996 création d’universités privées, scolarité chère - 50.000 FF par an- attirent
les meilleurs enseignants et en privent le secteur privé….

• La santé, réduction des dépenses publiques, dégradation des services offerts en milieu
hospitalier….

Il y a donc aussi des impacts négatifs.

• C) CONSEQUENCES SOCIALES ET SPATIALES DES POLITIQUES DE


RIGUEUR

D’abord, il faut dire que les conséquences sont difficiles à mesurer parce qu’il n’existe pas d’instrument de
mesure fin , et on ne sait pas ce qui est conséquence directe ou pas…

*1) L’aggravation du chômage et la progression du secteur informel

Difficile à aborder du point de vue statistique : le chômage structurel est important dans les pays arabes . Il avait
épargné les pays pétroliers , mais aujourd’hui les monarchies pétrolières ont des taux de 15 à 25% de chômeurs,
comme en Arabie Saoudite.
Le chômage ne touche pas tout le monde de la même façon :
• surtout les jeunes, la moitié des jeunes de moins de 25 ans est au chômage en Tunisie. ,
• les femmes sont plus touchées que les hommes,
• le chômage est plus répandu dans les villes que dans les campagnes,
• et il touche aussi les diplômés .
L’impact des politiques d’aménagements structurels ne peut être que fort avec un ralentissement des embauches
dans la fonction publique et la privatisation , donc des licenciements.
Autre conséquence , le développement d’un secteur informel ( on a vu l’exemple de l’habitat….) et en matière
d’emploi cela se manifeste par des « petits métiers », statistiques qui n’entrent pas dans les chiffres officiels au
niveau de l’individu mais aussi de petites structures ( comme le bâtiment) il y a donc une hausse importante
de ce secteur informel dans l’économie et on estime qu’il représente,
• 59% de la production manufacturière de l’ Egypte ,
• 57 % de la production manufacturière au Maroc,
• 36% de la production manufacturière en Tunisie…

Plus grave , ce qui était vécu comme un symbole précaire devient un secteur privé actif et absorbe de fait une
partie importante de la main d’œuvre , qui serait sinon , au chômage.

*2) Le renforcement des inégalités sociales

Les inégalités existaient avant, étaient marquées, avec des contrastes selon les pays , exemple du Liban où 10%
des libanais possédaient 85% de la richesse nationale….Mais face à ces inégalités les plans d’austérité ont
aggravé la paupérisation et les inégalités sociales et les classes moyennes ont été touchées, surtout les
fonctionnaires par le gel de leurs salaires.
Exemple : en Egypte le revenu réel de l’égyptien a diminué de moitié de 1973 à 1992.

A coté de cette paupérisation, il y a eu enrichissement très rapide des personnes proches des pouvoirs. D’où un
malaise, les populations estimant que les gouvernants n’ont pas respecté le pacte social et les émeutes,
de 1977 au Caire,
de 1984 à Casablanca
de 1996 en Jordanie, entre autres.

Ceci explique aussi la montée en puissance des mouvements islamistes qui essaient de combler les insuffisances
des structures étatiques, et accroître ainsi leur influence

*3) L’accentuation des disparités régionales

Cet accroissement des inégalités se retrouve au niveau spatial. Il ne faut pas oublier que l’idée de la
mondialisation était de diffuser dans toutes les régions et le lieu perdait ainsi de son importance puisque
mondialisation équivalait à dispersion de l’activité économique. C’est vrai avec la délocalisation mais on ne
délocalise que des usines de montage et la conception et les sièges sociaux restent en occident ou dans les
grandes métropoles…A l’échelle des pays du monde arabe les clivages spatiaux existaient et se sont encore
renforcés accentuant les différences entre les grandes métropoles et les intérieurs de pays ,
 exemples,
• Egypte = les villes nouvelles restent dépendantes du Caire, les entreprises délocalisent les usines
mais les sièges sociaux restent au centre du Caire, il n’y a pas de nouveaux centres autonomes et
l’attraction de la capitale reste,
• Investissements étrangers = ils se font en Egypte sur Le Caire et Alexandrie avec deux exceptions ,
pour Suez ( le pétrole) et la Mer Rouge ( le tourisme),
• Tunisie = l’essentiel reste à Tunis avec un glissement sur la banlieue de Tunis soit un phénomène
de déconcentration car il y a saturation du centre. Investissements aussi dans la région de Sousse.

En conclusion de ce premier chapitre il faut noter la remise en cause de l’état providence et la nouvelle place de
l’état dans la vie économique. Phénomène d’autant plus fort qu’il n’y a pas d’ouverture politique, ce qui renforce
le problème de l’exclusion.
II ) UNE INSERTION FRAGILE DANS LE COMMERCE MONDIAL

A) L’INTEGRATION AU SYSTEME-MONDE

Le monde arabe reste assez marginal dans le système mondial mais ces pays sont très ouverts au niveau
international car plus de 90% des échanges se font en dehors du monde arabe mais la direction des échanges des
pays du monde arabe pose un sérieux problème. Les échanges se font de pays à pays, les pays pétroliers
parviennent à avoir une balance des paiements positive mais les pays du monde arabe sont dépendants des
productions alimentaires et manufacturées occidentales…

B) LES PRINCIPAUX PARTENAIRES COMMERCIAUX

L’Europe est le principal partenaire avec :


* 35% des ventes ( exportations du monde arabe vers Europe = surtout des hydrocarbures),
* et 42% des importations ( des biens d’équipements, des produits alimentaires et des armes….)

Au niveau du Maghreb ces chiffres sont encore plus élevés,  74% pour exportations
 65% pour importations

En deuxième rang les E.U. , avec 10 à 12% ,

En troisième position le Japon ( surtout dans les pays du Golfe) , et ensuite les pays du Sud Est asiatique

C) LA FAIBLESSE DES ECHANGES INTRA-REGIONAUX

Il y a peu d’échanges intra régionaux = moins de 10% , ce qui est étrange du fait de l’ancienne tradition
commerciale de la région, carrefour entre l’ Asie et L’ Europe. Il y a tout de même quelques exceptions ,
• Bahreïn = liens très forts avec Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis : raffinage du pétrole de ses
voisins et place financière,
• Jordanie = liens anciens avec l’ Irak , se sont intensifiés avec le blocus de l’ Irak avec un
développement de contrebandes….

Dans l’ensemble les échanges sont faibles, comme au Maghreb avec moins de 5% ! ce qui est paradoxal car il
peut y avoir complémentarité :
Exemple: pétrole algérien  vers l’ Europe
Pétrole du Golfe  vers Maroc
Et à noter que ces pays sont parfois concurrents , comme pour le textile.

III ) UNE FAIBLE INTEGRATION REGIONALE

En dépit de ses atouts , langue unique , héritage historique commun, communauté religieuse majoritaire le type
de regroupement ne débouche pas sur des réalisations économiques et encore moins dans le domaine politique.
Les difficultés qu’ont les pays arabes à faire une union se retrouvent à différentes échelles, et surtout existe un
problème de cohésion . En fait, on travaille plus sur de la coopération que sur de véritables politiques
d’intégration.

A) LES MYTHES DE L’ UNION ARABE

CF le cours N° 1  constat d’échec de la Ligue arabe car contrairement au but affiché il n’y a pas de zone de
libre échange , même si plusieurs tentatives ont été réalisées. Au sein de la Ligue arabe le Conseil de l’ Unité
Economique Arabe œuvre à la mise en place de la libre circulation des hommes et des biens dans le monde arabe
pour créer un modèle à l’image de l’ Europe….mais on parle et on reparle de zone de libre échange , et cela
n’avance pas , sauf accords d’ Agadir en Mai 2001 entre Maroc + Tunisie +Egypte + Jordanie….c’est à dire des
pays qui souhaitent adhérer à la C.E.E.!!!
Le mythe de l’unité arabe a vécu avec l’illusion du pétrole , l’économie pétrolière devait la réaliser grâce à ces
revenus et à la migration des hommes
Mais il n’y a pas eu de réduction des disparités entre les pays et à l’intérieur des pays.
Ce qui a bien fonctionné est la libre circulation des capitaux , à relativiser tout de même…(ainsi le F.A.D.E.S. a
octroyé entre 1962 et 1983 18 milliards de $ d’aides et prêts, …)

Devant l’échec de projets des tentatives seront réalisées au niveau sous régional vers 1980 , au Maghreb et dans
les pays du Golfe.

B) LES TENTATIVES DE REGROUPEMENT SOUS REGIONAUX

1) L’ Union du Maghreb Arabe ( U.M.A.)

L’idée de l’unité du Maghreb est ancienne : dès les années 1950 on souhaitait construire un grand Maghreb uni
et dès 1960 des institutions inter maghrébines sont mises en place comme la conférence des ministres des
économies des états membres (Maroc + Algérie + Tunisie + Libye). Mais là encore , échec,
• en 1970 la Libye abandonne car conflit avec la Tunisie,
• en 1974 conflit du Sahara occidental entre Maroc et Algérie.

On est donc revenu à une logique de coopération bi-latérale, puis à des déclarations de principe , et , dans les
années 1980 une ambition politique plus ambitieuse relance le projet par la création en 1989 de l’ U.M.A. à
Marrakech ( Union du Maghreb Arabe) avec les 5 pays du grand Maghreb = Maroc + Algérie + Tunisie + Libye
+ Mauritanie. Une mesure en 1990 avec la libre circulation des biens et des personnes mais sur le plan
économique les avancées sont lentes, et des conventions sectorielles sont signées , la volonté de créer une zone
de libre échanges est déclarée, mais comme aucune mesure n’est appliquée ou même ne paraît applicable les
pays ont décidé de faire une pause dans l’intégration en 1993.

Comme la situation politique est délicate , pour trois raisons au moins,


• conflit du Sahara,
• embargo contre la Libye accusée de terrorisme,
• intégrisme en Algérie,
et que la situation économique pose problème, peu d’échanges existent, la coopération est difficile car les
structures économiques sont rivales ( mêmes productions que ce soit textile ou agriculture…..et même attraction
des capitaux étrangers) la situation d’aujourd’hui est celle de négociations séparées en vue d’une éventuelle
adhésion à la communauté économique européenne ….

2) Le Conseil de Coopération du Golfe

De création plus ancienne , 1981, il réunit 6 pays: Arabie Saoudite + Koweït + Emirats Arabes Unis + Bahreïn +
Sultanat d’ Oman + Qatar, qui représentent un poids économique et financier important et dont les structures
politiques ( monarchies) et sociales sont très proches.

L’objectif de cette création est politique : conflit entre Irak et Iran en 1981 et menace de la révolution iranienne
 l’idée est donc de préserver la sécurité par des moyens militaires et de se concerter en matière économique
( mise en place d’une politique pétrolière commune ). Ceci explique le rôle important joué par les instances
politiques de ce conseil :
• le conseil suprême des chefs d’état,
• le conseil des ministres des affaires étrangères, dont l’objectif économique affiché est la création
d’une zone de libre échange,
Un début d’harmonisation , dans l’éducation , mais la guerre du Golfe en 1991 fait revenir la sécurité en premier
plan.
Ce regroupement a tout de même une incidence économique , puisque pendant les années 1990 les échanges
entre ces pays augment de 130%.

Mais il faut bien dire que ce qui se passe de plus concret l’est avec la C.E.E.
C) LES ILLUSIONS D’ UNE ECONOMIE DE LA PAIX

Depuis les accords de paix de 1990 était affichée une volonté claire de développement économique conjoint, le
processus de paix devant favoriser les dynamiques d’intégration régionales et ce qu’on a appelé les grands
chantiers de la paix,
• l’eau,
• les infrastructures de transport,
• les institutions financières communes,
devaient constituer les « dividendes de la paix »

On pensait aussi que la paix signée, les dépenses militaires baisseraient , ce qui s’est avéré faux: les dirigeants
sont issus de l’armée ou ont besoin de l’armée pour la pérennité de leur pouvoir, il y a des tensions internes et
régionales..
On pensait aussi que la continuité territoriale palestinienne mettrait un frein à l’étanchéité des frontières….mais
Israël les boucle de façon quasi permanente et détruit les infrastructures, ports et aéroports construits par la
C.E.E. !!!
Le tourisme se développe , la région a un fort potentiel , des complexes touristiques en Mer Rouge ( où les
israéliens peuvent se rendre sans visa) mais ce tourisme est soumis à la contrainte géo-politique.
Il existe un projet d’accord entre Israël +Egypte +Jordanie , mais personne ne se fait d’illusions….et les
échanges se font avec la C.E.E……

On note quelques initiatives pour la promotion d’actions économiques des entrepreneurs , mais sans création
d’organisme adéquats: conférences de Casablanca en 1994, d’Amman en 1995 marquent des intentions , .

D) LE PARTENAIRE EUROPEEN

1) La Conférence de Barcelone

Le 28/11/1995 est approuvée l’idée d’un partenariat euro méditerranéen avec les pays que l’on appelle les pays
tiers méditerranéens ( = P.T.M. dans le jargon poétique de la langue communautaire de Bruxelles….) ,
• au Maghreb = Maroc + Tunisie +Algérie,
• au Machrek = Egypte + Liban + Syrie + Palestine + Jordanie ( qui n’a pas de côte
méditerranéenne !!!)
• et pays non arabes = Israël + Turquie + Chypre + Malte

2) Le programme de partenariat euro méditerranéen

Ce programme se veut une aide à la transition économique de ces pays pour réaliser une zone de libre échange
euro méditerranéenne qui ne concernerait que les produits industriels d’ici 2010 , avec suppression des barrières
douanières vis à vis des importations européennes et un volet social avec des programmes d’accompagnement et
d’appui du développement de la société civile ( l’idée étant de faire avancer la libéralisation politique).

Ce programme souhaite développer l’intégration régionale et rendre plus attractifs les pays tiers méditerranéens
( P.T.M.) vis à vis des investisseurs. On espère accélérer l’émergence de petites et moyennes entreprises au Sud
de la Méditerranée pour exporter : les initiatives viennent de l’union européenne et le rapprochement se fait de
pays à pays, les pays négociant seuls face à l’Europe.

Il faut remarquer que les échanges commerciaux entre les P.T.M. et l’U.E. symbolisent le déséquilibre en faveur
de l’ U.E.  les P.T.M. représentent 7% des importations de l’U.E., et 10% des exportations.

Exemple :Tunisie  considéré comme le meilleur élève de la région, est le premier à libéraliser ses échanges
avec l’ U.E. en 1995, a fait les réformes préconisées par le F.M.I. , veut attirer les investisseurs étrangers avec
transfert de technologies sans endettement de l’état, favoriser l’accès à de nouveaux marchés pour les produits
tunisiens…..L’accord signé prévoit le démantèlement successif des barrières douanières sur 12 ans avec des
compensations financières européennes. Le but était,
• augmenter la compétitivité externe,
• développer le secteur privé
Mais une telle politique impose une réforme de la T.V.A. , une flexibilité du travail, la réduction des coûts de
transports ( exemple d’un container qui est livré en 24 H en Europe , mais du fait de contraintes bureaucratiques
le délai est de plusieurs semaines en Tunisie….) et on estime qu’un tiers des entreprises tunisiennes va fermer ,
prix à payer pour moderniser des entreprises qui avaient évolué dans des marchés protégés et qui se retrouvent
en concurrence avec des entreprises européennes  donc il faut prendre garde à ces chocs brutaux.

EN CONCLUSION,

Le monde arabe constitue un ensemble régional qui , en dépit de la place importante du pétrole, reste
marginal au sein du système monde.

Le désengagement progressif de l’état dans les domaines économiques et sociaux ne conduit pas à un
développement qui parviendrait à intégrer l’ensemble du monde arabe : ce qui se fait l’est en direction de l’
Europe, et à son initiative.

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